Drood – Dan Simmons

droodRésumé : 9 juin 1865. Charles Dickens, alors âgé de 53 ans et au faîte de son art et de sa gloire, regagne Londres en secret en compagnie de sa maîtresse à bord du train de marée.
Soudain, à Staplehurst, l’Express déraille. Tous les wagons de première classe s’écrasent en contrebas du pont, à l’exception de celui de Dickens. Indemne, « l’écrivain le plus célèbre du monde », comme on le surnomme, tente de se porter au secours des survivants. Au fond du ravin, sa route croise celle d’un personnage à l’allure spectrale qui va désormais l’obséder : Drood.
De retour à Londres, Dickens confie le secret de son étrange rencontre à son ami Wilkie Collins, écrivain lui aussi, à qui il reviendra de relater les dernières années de la vie de celui qu’il appelle, avec autant d’admiration que d’ironie, l’Inimitable. À la poursuite de Dickens, qui a cessé d’écrire pour hanter les bas-fonds – cryptes, cimetières et catacombes – de Londres, Collins cherche à comprendre quels rapports unissent désormais l’Inimitable et l’inquiétant Drood. Mais peut-on vraiment porter foi au récit halluciné de Collins, opiomane en proie à la paranoïa ?

Edition : Robert Laffont

 

Mon Avis : Comme vous le savez si vous suivez mon blog depuis le début, je suis un grand admirateur des livres de Dan Simmons qui m’ont toujours fascinés et surtout m’ont fait passer un excellent moment de lecture. Donc quand un nouveau livre de l’auteur sort en librairie je n’allais pas manquer la possibilité de le découvrir. Je trouve l’illustration de la  couverture assez simpliste mais terriblement efficace et prenante.

On plonge dans l’Angleterre victorienne de Dickens ou Wilkie Collins va retracer les cinq dernières années de la vie de Charles Dickens, principalement à la suite de l’accident de train qui a failli lui couter la vie. Dan Simmons part du dernier livre, incomplet et intitulé Le Mystère d’Edwin Drood, de Dickens pour tisser la trame de son livre. Qui est ce Drood qui a tant marqué Dickens au point d’en écrire un livre et quel rapport avec son accident de train? L’auteur nous plonge dans un Londres vraiment sombre et gothique et joue avec le lecteur du début à la fin. Le Londres nocturne présenté par l’auteur est vraiment crasseux, noir, gothique, sans espoir mais se révèlera vraiment intriguant et passionnant. L’auteur distille les informations lentement poussant le lecteur a tourner les pages pour découvrir le fin mot de l’histoire sur Drood.

Mais voilà peut-on réellement croire ce que raconte Wilkie Collins dans ce roman? C’est l’un des points fort de l’histoire de nous faire douter à chaque instant de ce que raconte le narrateur. En effet Collins est un ami proche de Dickens mais aussi écrivain qui vit dans son ombre et, malgré sa réussite littéraire, n’est jamais considéré au même niveau que le Maitre. On ressent chez Collins un mélange d’adulation mais aussi une certaine aigreur, une haine envers Dickens qui lui fait de l’ombre dans tout ce qu’il entreprend. Tout au long du roman il va remettre en cause Dickens, ce qu’il écrit mais aussi le personnage. De plus la goutte lui fait horriblement souffrir et doit donc consommer des quantités de drogues de plus en plus fortes pour oublier la douleur mais lui provoque aussi paranoïa et hallucinations. Et pourtant on ressent une certaine vérité dans ce texte, on sent que le narrateur ne nous ment pas, ou en tout cas pas toujours et pas complètement.

Les personnages sont vraiment travaillés jusque dans les moindres détails, ils sont denses et soignés. Wilkie Colins n’est pas une des personnages les plus appréciable, il est misogyne, égoïste et assez proche de ses sous de plus son ressenti envers Dickens est flagrant, et pourtant il reste un personnage prenant et charismatique offrant un pont de vue critique et souvent honnête de l’Angleterre de l’époque. Charles Dickens lui, parait plus apprécié et appréciable, un être d’un grand charisme et d’une grande bonté et pourtant on se rend compte au fil des pages que, lui aussi, est loin d’être parfait. Au finale des personnages vraiment humains qui font qu’on les comprend.

Un autre point important dans ce roman est justement cette confrontation entre Collins et Dickens passant par des  rencontres vraiment efficaces et des dialogues percutants. Mais c’est surtout les aspirations de chacun en tant qu’écrivain qui se révèlent vraiment intéressantes à suivre, nous plongeant dans le monde littéraire. Là où Dickens aime aller au contact de ses lecteurs avec ces lectures publiques Collins pense que les livres doivent être suffisants pour les lecteurs et qu’il n’a pas vraiment d’obligation de se mélanger à la masse du peuple. Au final deux personnages complexes, vraiment différents et pourtant si proches a en être devenus amis.

Ce qui me frappe toujours dans un roman de Simmons c’est son côté perfectionniste, rien n’est laissé au hasard. La preuve en est la longe liste bibliographique que l’auteur cite toujours à la fin de son livre. Si l’auteur a écrit 880 pages c’est qu’il fallait 880 pages pour son histoire. Il s’agit d’un roman vraiment imposant et au ton très sombre et lugubre mais l’auteur le rend vraiment énergique et captivant et se permet même quelques traits d’humour pour adoucir le tout. Mais si vous cherchez une lecture facile d’accès et simple alors ne vous lancer pas dans ce livre car il s’agit véritablement d’une oeuvre complexe écrit avec une plume dense et riche et il faut un minimum de concentration.

Oui car la plume de l’auteur est une nouvelle fois au rendez-vous, complexe, dense, soignée et vraiment efficace pour peu qu’on se laisse entrainer. L’auteur travaille jusqu’au détail près ses descriptions, ses dialogues, ses portraits ou encore les rapports entre les personnages et leurs histoires. La conclusion du roman est vraiment bluffante et surprenante. Rien n’est laissé de côté et pourtant on a jamais l’impression de s’ennuyer. J’ai encore une fois passé un excellent moment avec ce livre et je ne pourrai que vous conseiller de le lire mais pour cela il faut avoir envie de plonger dans l’univers de Dan Simmons et dans sa plume qui n’est pas toujours facile à lire par sa densité et sa complexité mais aussi par son rythme assez lent mais tout de même prenant.

En Résumé : Dan Simmons m’a encore bluffé avec ce livre qui m’a offert un excellent moment de lecture. L’auteur nous offre ne nouvelle fois une histoire, mélange des gens entre historique, policier et fantastique, vraiment maîtrisée du début à la fin et surprenante. Rien n’est laissé au hasard dans ce livre et les personnages sont vraiment cohérents, humains et vraiment complexes et denses. La plume de l’auteur est complexe et soignée et le rythme est lent et pourtant j’ai savouré chacune des 880 pages de ce livre.

 

Ma Note : 9,5/10

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  1. Je suis très fan de Dan Simmons mais surtout d’Hyperion/Endymion et L’échiquier du mal. J’ai eu plus de mal avec ses autres livres. Celui-là ne m’attire pas plus que ça malgré tout le bien que tu
    en dis.

  2. Oui mais alors c’est un thriller ou pas ? XD

    Très belle chronique, Blacky ! Mais pour une fois ça me tente pas vraiment, pis je connais pas Simmons… Alors peut être que ce livre ne serait pas le bon pour commencer ^^

    Bonne soirée ! 🙂

  3. Intéressant, mais c’est vrai que la taille fait un peu peur… Je n’ai déjà pas réussi à finir Illium (qu’il faudra que je reprenne un jour…) alors là je doute…

  4. J’adore dan Simmons depuis la sortie d’Hypérion!! Et ce que tu dis de ce Drood ne peut que m’inciter un peu plus à l’acheter!

  5. Ton article m’a donné très envie de lire ce roman ! Je ne connaissais ni l’auteur, ni le livre (j’avais seulement aperçut la couverture quelques part, qui me fait d’ailleurs penser à celle d’un
    Dracula ^^) ton avis à suffit à me convaincre ! Allez hop ! Directement dans ma wishlist ! :p

  6. SBM

    Je suis fan de Dan Simmons qui m’a rarement déçue quel que soit le genre qu’il pratique. Ce « Drood » est sur le haut de la pile, je ne m’étais pas rendu compte qu’il faisait plus de 800 pages…

  7. Je n’avais pas beaucoup aimé « Terreur » que j’avais même abandonné en cours de route. Je lui laisserai bien une nouvelle fois sa chance, mais les 800 et quelques pages me freinent un peu ^^’

  8. La note que vous attribuez à Drood est amplement méritée. Au moins, vous n’avez pas peur des pavés quand ils sont géniaux. Savez-vous qu’il existe un roman écrit à la manière de Wilkie Collins, « La
    nuit de l’infamie », de Michael Cox ? Ce dernier, décédé en 2009, estimait que Collins était le grand écrivain victorien père du roman policier, et non pas Dickens.

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