Seconde édition de ce « Coup de Griffe sur le cinéma » où je continue à vous proposer mes retours sur les différents films que je vais voir au ciné. Je vais essayer de tenir cette rubrique à jour régulièrement, mais on verra bien ma motivation. Je vous propose de découvrir mon avis sur trois films : La Forme de l’Eau, Phantom Thread et Black Panther.
La Forme de l’Eau est le nouveau film de Guillermo Del Toro qui a, depuis ma séance de cinéma, gagné un oscar et pas n’importe lequel : celui du meilleur film. Pour ma part, je suis un grand fan du réalisateur (oui même Pacific Rim qui est très très loin d’être un chef-d’œuvre, mais offre un trip, certes avec de nombreux défauts, mais que j’ai d’une certaine façon apprécié), mais il ne faut jamais oublier qu’il y a deux Guillermo Del Toro, celui qui travaille avec de grands studios et celui qui bosse avec des studios plus indépendants, ce qui amène à chaque fois différentes contraintes. Concernant La Forme de L’eau, il entre dans la première catégorie. Alors oui, autant le dire tout de suite, ce film est imparfait, il est finalement très prévisible, il se dégage un certain manichéisme des personnages (principalement Strickland), mais ce serait en oublier la richesse qu’il propose et aussi le fait que, je trouve, ces défauts accentuent en partie le message que cherche à faire passer l’auteur. Le drame amoureux que transcrit le réalisateur gagne ainsi en puissance, je trouve, grâce à ces défauts qui viennent parsemer le film. L’amour du différent, du monstre, qu’a toujours voulu représenter Guillermo Del Toro trouve ici d’une certaine façon son paroxysme et son état de grâce.
Alors attention je ne dis pas pour autant que ses défauts disparaissent complètement, certains passages en font clairement trop, mais dans l’ensemble ils s’effacent devant les qualités du film pour moi. Il faut dire que, déjà, la réalisation de Guillermo Del Toro est quand très bonne, voir fascinante par moment, que ce soit dans son travail sur l’image, sur le mouvement, mais aussi de son et de lumières qui vient porter à merveille le message qu’il fait passer. Parce-qu’il n’y a pas qu’un message de tolérance et d’amour que nous fait passer l’auteur, il y a aussi un vrai travail tout du long sur les sens. Avec une héroïne muette, le réalisateur joue ainsi énormément sur les autres sens pour accentuer finalement le silence qui en devient un élément clé du récit et des sensations. L’héroïne est ainsi obligé de trouver d’autres moyens de communications. Mais d’autres silences se dégagent, certains voulus, certains choisis, certains forcés, chaque protagoniste possède ainsi ses silences et même Zelda dans son envie de toujours parler cache aussi des silences. Il y a aussi un traitement sur la solitude, l’enferment dans une vie répétitive. Au final ce film offre plusieurs lignes de lectures, où le « monstre » va finalement finir comme un catalyseur et d’une certaine façon un libérateur de chacun, que ce soit dans les instincts et les envies les plus pures comme les plus sombres le tout porté par un casting excellent qui donne vraiment vie au film. Alors après oui tout n’est pas parfait, la fin est même un peu convenue, mais reste, je trouve un très beau film, poétique et enchanteur, que je suis très content d’avoir vu.
Ma Note : 8/10
Phantom Thread est le dernier film de Paul Thomas Anderson, mais aussi une nouvelle association entre le réalisateur et Daniel Day Lewis qui avait déjà offert, selon moi, l’excellent There Will Be Blood. J’avoue je partais avec certaines attentes concernant ce film qui ont en grande partie été récompensées, même s’il n’atteint pas la puissance de There Will Be Blood. Phantom Thread nous fait ainsi suivre Reynolds Woodcock un génie de la couture, tellement passionnée par son travail, tellement pointilleux qu’il n’a pas le temps de s’attacher, même s’il ne reste pas insensible aux femmes dont il s’approprie le « corps » pour les transformer en muse pour ses créations. C’est lors d’une de ses dernières virées pour se reposer qu’il va rencontrer Alma. Le réalisateur nous présente ainsi un personnage principal à la fois humain et totalitaire, à la fois Homme et Enfant, qui s’est enfermé dans une routine qu’il maîtrise à la seconde près et qu’il ne faut jamais brusquer quoi qu’il arrive. Un génie dont la folie n’admet pas non plus la défaite ou d’être surpassé. Alma, elle, est une jeune fille qui veut encore profiter de la vie, à des envies de folies, de sorties. Deux personnages antagonistes qui vont pourtant se trouver, s’aimer.
Phantom Thread est ainsi, d’une certaine façon une histoire d’amour, mais pas dans le ton le plus mièvre qui soit, non plus dans un travail complexe où les failles de chacun offrent une proximité supplémentaire au couple. Non on est ici dans une histoire où deux êtres flamboyants vont se télescoper et s’aimer, fusionner autant que se détester et s’entredéchirer. Une relation extrêmement ambiguë, qui va parfois très loi, une sorte de domination/soumission ou les rôles s’alternent, où la faiblesse de l’un permet à l’autre d’exister et inversement. Un peu comme si leur amour ne pouvait jamais connaitre d’équilibre, comme s’il ne pouvait qu’exister dans ce mélange d’émotion à la fois sombres et lumineuses. Une relation finalement étrange, mais aussi un sentiment d’évolution, de rédemption, où chaque personnage va devoir apprendre à vivre avec l’autre, à apprendre à s’émanciper de leurs routines, à briser son ancienne vie pour admettre la nouvelle mais tout en restant finalement soi-même. Deux êtres finalement ardents qui ne fusionneront jamais vraiment, mais qui ont besoin l’un de l’autre pour d’une certaine façon exister. Alors, autant le dire clairement, c’est le genre de film qui fascine ou ennuie, pour ma part j’ai été emporté. Il faut dire que la réalisation, tout en souplesse et en intimité vient porter de façon magnifique les personnages. Ajouter à cela un Daniel Day-Lewis toujours aussi excellent, saisissant, qui se fond dans le personnage jusqu’à lui donner pleinement vie à l’écran, une Vicly Krieps qui lui répond parfaitement, ainsi que des seconds rôles passionnants comme Cyril, la soeur de Reynold, qui gagne en intensité et en intérêt et je dois dire que j’ai passé un excellent moment.
Ma Note : 8,5/10
Black Panther est le dernier Marvel au cinéma. Bon, je dois bien admettre autant au début je suivais les sorties Marvel avec intérêt, autant depuis quelques temps je choisis mes films, certains super-héros ne me tentant pas du tout que ce soit dans leurs particularités, comme dans les histoires qu’ils proposent. Je ne reviendrai pas sur la polémique qui a longtemps tourné autour de ce film qui propose un casting d’acteur majoritairement noir, un réalisateur noir et un film qui se situe majoritairement en Afrique avec un aspect culturel très typé africain, ce qui a fait pas mal de bruit, mais qui, j’espère, permettra de faire bouger certaines choses. Au final, je dois bien admettre que cela faisait longtemps que je n’étais pas autant amusé avec un film Marvel. Alors attention, tout n’est pas encore parfait, mais bon sang le film est quand même plutôt bon et percutant. Il faut dire que pour une fois on évite quand même le gros méchant badass qui veut dominer le monde parceque, bon, il a une paire de balls grosse comme pas possible et qu’il doit bien les étaler et écraser tout le monde dans les pires souffrances qui soient, sans que le spectateur comprenne franchement pourquoi, excepté qu’il est très, très, très méchant.
Car oui, finalement, le gros point fort de ce Black Panther vient finalement que son intrigue est à taille humaine, le méchant a ainsi des raisons de vouloir se battre et les héros sont loin d’être des parangons de pureté. Le travail aussi sur Black Panther est aussi intéressant, lui qui se retrouve propulsé à ce rôle un peu par obligation suite à la mort de son père, qui endosse un costume porté depuis des générations et qui lui fait finalement un peu peur, ne sachant pas toujours quoi faire, quelle décision prendre, et qui va devoir apprendre sur le tas et rapidement. On évite le côté un peu trop initiatique tout en offrant un aspect efficace sur les choix. Si on ajoute à cela un casting féminin de haut vol, que ce soit à travers Shuri la soeur un peu geek du héros qui évite de tomber dans le rôle de Q de James Bond en offrant d’autres cordes à son arc, Okoye la générale, héroïne complexe qui va devoir faire face à des choix compliqués ou encore Nakai qui évite de tomber dans l’amoureuse transi un peu inutile, ainsi qu’un scénario qui nous offre des réflexions percutante alors on obtient un film fluide et prenant. L’esthétique du film est aussi magnifique, que ce soit dans les décors, dans les costumes ou encore dans le travail sur l’image des lieux visités, même si là on entre dans le premier point frustrant du roman. Aujourd’hui, rien qu’à travers l’image on sait reconnaitre un Marvel, à croire que le réalisateur est obligé d’utiliser ce côté très clair, très formaté qu’on retrouve dans tous les Marvel. Je ne dis pas que le réalisateur n’a pas de liberté, j’y reviendrai plus tard, mais il a énormément de contraintes à mon goût pour faire qu’on reconnaisse bien tout film Marvel. Tout comme DC fait la même chose dans son envie de proposer des filtres et une image plus sombre.
Pour autant comme je l’ai dit le réalisateur ne fait pas non plus de la figuration et ça se sent ici principalement dans le travail d’action qui ne tombe jamais dans le numérique à outrance et psychédélique où tu ne comprends pas grand chose. Il y a ainsi une vraie immersion du spectateur dans les scènes, et plus principalement celle d’action, comme par exemple cette scène excellent en Corée ou tout repose sur le travelling à l’épaule qui est juste fascinante, percutante et entraînante. Killmonger (qui a abandonné sa torche des 4 fantastique ^^) est vraiment prenant et intéressant à suivre, à le voir monter en puissance, à gagner peu à peu en charisme et s’imposer. Ce qui est dommage c’est que finalement devant un tel casting le héros le plus « fade » est T’Challa. Après je regretterai aussi d’autre éléments très Disney/Marvel qui veut que l’humour soit obligatoirement présent (parfois trop), un besoin d’éliminer 90% du sang auquel j’ajoute aussi un twist très mal amené dans la scène de la cascade qui m’a frustré, et certaines réflexions un peu simplistes et voilà ce qui empêche le film de s’avérer, pour ma part, encore plus marquant et réussi. A noter qu’il s’agit aussi du film Marvel qui a le mieux marché au box office mondial à ce jour.
Ma Note : 7/10
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