Résumé : On ne choisit pas sa famille mais le diable a choisi son clan. Alors que Grégoire et Erwan traquent la vérité jusqu’à Lontano, au cœur des ténèbres africaines, Loïc et Gaëlle affrontent un nouveau tueur à Florence et à Paris. Sans le savoir, ils ont tous rendez-vous avec le même ennemi. L’Homme-Clou. Chez les Morvan, tous les chemins mènent en enfer.
Edition : Albin Michel
Poche : Le Livre de Poche
Mon Avis : J’avoue, de temps en temps, je me laisse facilement tenter par un Thriller qui, a une époque pas obligatoirement si lointaine (on se rassure comme on peut sur son grand âge ^^) était mon type de lecture de prédilection. Dans les auteurs que je suivais régulièrement, et que je suis toujours, vient Jean-Christophe Grangé qui s’est imposé avec ses Thriller sombre. Alors, c’est vrai, depuis quelques années sa production me parait en dent de scie, alternant le bon avec le moyen, mais son dernier Roman, Lontano, s’était révélé très sympathique (ma chronique ici). Il est d’ailleurs à noter que Congo Requiem est la suite directe de Lontano et, même si ce dernier peut se lire indépendamment, il serait dommage de passer à côté du premier. Il était donc logique que je lise cette suite, même si pour des raisons d’abord logistique, puis de manque de temps cela a quand même pris un bon moment.
On se retrouve ainsi quelques mois après la fin de Lontano, Erwan et Grégoire Morvan sont au Congo, le premier pour faire la lumière sur le secret qui mine sa famille et qui l’a éloigné de son père, le second pour pouvoir faire du profit sur des mines. Les deux autres enfants Morvan, Loïc et Gaëlle, son restés à Paris, le premier tentant de se désintoxiquer, la seconde essayant de retrouver une normalité après les évènements de Lontano. Sauf que bien entendu rien ne va se passer comme prévu, la légende de l’Homme Clou planant encore. Quelle déception j’ai ressenti en tournant la dernière page de ce Congo Requiem, alors je ne vais pas dire que tout est mauvais, mais voilà j’ai envie de dire que cette suite ne m’a pas paru au niveau de Lontano. Pire, quand on sait que Lontano a, d’une certaine façon sa propre conclusion, cette suite m’a paru dispensable. Mais commençons déjà par la grosse et principale qualité du roman, Jean-Christophe Grangé écrit des romans depuis assez longtemps pour savoir comment écrire un récit percutant et sans temps morts. Il faut dire que les chapitres courts, le changement de narrateur régulier et les nombreuses sous-intrigues jouent beaucoup à ce sentiment. Ajouter à cela une impression très « explosive », amenant de nombreux rebondissements, de nombreuses scènes pleine de poudre et de violence, de nombreuses révélations et vérités alors, oui, il y a un léger côté page turner qui se met tout de même en place avec ce bouquin.
Sauf que voilà, même s’il se dégage une certaine frénésie, une certaine fougue de ce récit, l’auteur se perd dans une envie (un besoin) d’en faire trop. Là on est clairement dans l’adage qui veut que trop de rebondissements tuent le rebondissement. Entre remettre en cause la majorité de ce qui s’est passé et des révélations de Lontano, faire que des morts ne soient pas si morts, que des disparus ne le soient pas tant que cela, tout est remis en cause et cela en devient invraisemblable. On a surtout l’impression que l’auteur essaie de noyer une intrigue un peu vide en détournant le regard du lecteur sur des surprises de plus en plus grosses et, disons le, improbables voir aberrantes. Alors je ne doute pas que certains arriveront à se laisser entrainer par ce côté explosif, par cette surenchère de sang, de mort et de péripéties, j’aurai pu l’être si seulement ce n’était pas si capillotracté. J’ai eu l’impression avec ce roman que l’auteur donnait l’impression d’avoir fait le tour du thriller noir et que, pour offrir autre chose, il plongeait dans la surenchère gratuite et inutile. C’est un peu dommage je trouve, car au final il m’a rapidement perdu. Je ne parlerai pas de cette conclusion qui, quasiment à chaque chapitre, vient apporter une révélation explosive ou en fait le tueur ce n’est pas lui il était manipulé par lui, ah mais en fait le manipulateur il était manipulé par bidule tu ne l’avais pas vu venir, mais attends le manipulateur du manipulateur … Stop, c’est bon, non je ne les ai pas vus venir, tout simplement parce que là ça en devient grandiloquent et ridicule.
Autre point dérangent du récit la capacité des informations à tomber au bon moment, ou aux Deux Ex Machina à apparaitre pile poil pour sauver notre héros. Cela se ressent dans les différentes lignes d’intrigues, que ce soit la façon dont Erwan va mener son voyage au Congo, la façon dont va évoluer Loïc, avec même une scène complètement surréaliste et dont on se demande bien à qui elle sert de son voyage à Florence, ou encore Gaëlle avec son histoire de psy, ou bien aussi cette idée de vengeance. Tout parait tellement surréaliste, et surtout chaque personnage n’en devient finalement qu’un outil au profit de la façon dont l’auteur a envie de voir avancer son histoire. Chaque personnages est ainsi béni par la grâce de l’auteur jusqu’à ce qu’il ait joué son rôle, après c’est à la roulette russe. On a jamais l’impression qu’ils soient « réels » tant ils n’arrivent pas à s’imposer. Sauf que voilà cela a le don de finalement rendre la majorité des protagonistes inintéressants au possible, premièrement parce qu’on sait qu’ils vont s’en sortir où la réponse leur tombera dans les mains, mais aussi, disons le clairement, parce qu’ils ne sont pas très futé. Oui personnage A, quand le personnage B te demande qui a tué le membre de sa famille et si on va bientôt le voir en ville ce n’est pas pour lui offrir des chocolats. Donc évite de faire ta vierge effarouchée quand tu apprends que la personne a voulu se venger. A force de me frapper la tête contre les murs un raton a bien tenté de m’aider, mais il a du se rendre compte qu’il ne pouvait rien faire il est donc retourné à sa sieste de 23h par jour. Comme je le comprenais à ce moment-là. Je ne parlerai pas de Loïc qui, bien sûr, une fois qu’on lui met un flingue dans la main, lui qui n’a jamais tiré, ne va jamais rater sa cible, ni même des trauma de chacun tant on se demande si, parfois, ils ne sont pas maudits.
L’autre point frustrant de ce récit vient des longueurs qu’on y retrouve. Comme je l’ai dit il est possible de lire ce tome sans avoir lu Lontano et si, comme moi, vous lisez cette suite des années après le premier tome il n’y aura pas de soucis pour se souvenir tant le récit nous offre une palanquée de rappel, trop même. À croire que l’auteur avait franchement peur qu’on ne se souvienne plus de rien. Ou alors il avait peut-être besoin de remplir les pages. Ajouter a cela parfois des passages qui traînent en longueur ou qui paraissent inutiles (comme 90% de la sous-intrigue de Loïc et celle de Gaëlle, mais ce n’est que mon avis personnel), franchement le roman aurait gagner à se voir alléger de plus d’une centaine de pages. Alors il y a bien une bonne idée dans ce roman, celle de vouloir offrir une vision du Congo, un pays en perpétuel révolution, un pays qui s’autodétruit pour pouvoir vendre ses ressources et au groupe le plus fort du moment s’enrichir. J’espérais y trouver un travail un minimum soigné, Grangé étant un ancien journaliste, sauf que là aussi très vite on tombe dans la caricature. Oui l’image politique n’est pas mauvaise, mais la majorité des personnages rencontrés sur ce fil rouge est tellement poussé à son paroxysme qu’il en devient ubuesque. Concernant la plume de l’auteur elle est fluide, vivante, un minimum entraînante dommage qu’elle tombe parfois trop dans le trash gratuit et inutile. Au final je ressors déçu de ma lecture de cette suite à Lontano, cela ne m’empêchera pas, je pense, de lire le prochain roman de l’auteur, il peut toujours offrir de bonnes surprises et en espérant qu’ils soit meilleur, car à force je risque d’arrêter.
En Résumé : J’avoue je ressors de ma lecture de ce roman tout de même déçu, le récit n’ayant jamais réussi à retrouver l’attrait de Lontano dont il est la suite. On suit toujours la famille Morvan dans sa quête de vérité sur le secret de famille avec toujours en fond la légende de l’Homme Clou. Sauf que voilà l’auteur ici en fait beaucoup trop et répond à l’adage que trop de surprises tue les surprises. J’ai eu l’impression qu’il voulait cacher avec ces trop nombreux rebondissements une intrigue un peu vide et qui tourne en rond. Surtout que cela en devenait surréaliste, à vouloir remettre en cause l’ensemble des intrigues de Lontano, à faire que les morts ne soient pas si morts, les disparus plus trop disparus, franchement stop. Ajouter à cela des personnages qui n’arrivent pas à « prendre vie » tant ils paraissent ne servir que l’intrigue et sont donc « protégés » par l’auteur jusqu’à ce qu’ils jouent leurs rôles, et le fait qu’ils ne soient pas non plus très futé font que voilà je n’ai jamais complètement réussi à entrer dans le récit. J’ai aussi trouvé qu’il y avait quand même des longueurs et une centaine de pages en moins minimum n’auraient pas dérangé la lecture. Alors oui reste cette capacité à construire un récit percutant, bien porté par un chapitrage court et des nombreuses révélations, mais voilà ça ne sauve pas l’ensemble. La plume de l’auteur elle est fluide, vivante, un minimum entraînante dommage qu’elle tombe parfois trop dans le trash gratuit et inutile. Je lirai quand même le prochain roman de l’auteur, car il peut toujours me surprendre, mais cela risque de ne pas durer s’ils sont toujours de ce niveau.
Ma Note : 4/10
Mécanique Nocturne
Merci pour ton avis, j’ai bien fait de lire ton article. J’avais placé « Congo requiem » dans ma wishlist il y a déjà quelques mois, sans savoir qu’il découlait d’un premier tome … Au vue de ta critique , je pense que je vais d’abord me diriger sur « Lontano » pour découvrir l’écriture de Jean-Christophe Grange du coup.
BlackWolf
Oui, il vaut mieux lire Lontano en premier sous peine de se faire Spoiler et après, aussi, parce-que pour ma part je trouve Lontano plus intéressant, mais après c’est à chacun de se faire son avis. Bonne lecture en tout cas.