Résumé : 2030.
Les Terriens débarquent enfin sur Mars, pour y découvrir des habitants aux yeux d’or, qui lisent dans les pensées. Une société fascinante qui a dressé de superbes cités sur l’horizon et a aménagé les célèbres canaux de Mars. Et si le rêve martien prenait la suite logique du rêve américain ? Ne serait-ce pas là le début d’un terrible cauchemar ?
Edition : Audible
Mon Avis : Depuis quelques temps je profite de m’être lancé dans la découverte des Audiobooks pour soit, premièrement, découvrir des livres voir des classiques que je n’ai pas lu, soit aussi pour replonger dans des classiques que j’ai lu il y a des années et que j’ai envie de relire. Concernant ce Chroniques Martiennes, il s’agit surtout d’une redécouverte, puisque j’avais déjà lu ce recueil quand j’étais étudiant. Je me souviens à l’époque d’avoir passé un excellent moment de lecture, mais je voulais redécouvrir ces textes et aussi voir comment j’allais appréhender ce récit avec un bagage de lecture complètement différent aujourd’hui. Concernant la narration d’Hugo Becker, je l’ai trouvé très réussie et fluide, ne cherchant jamais à surjouer tout en reposant sur un rythme efficace.
Il faut savoir que Chroniques Martiennes est en fait un recueil de plusieurs nouvelles, plus ou moins courtes, plus ou moins indépendantes, mais qui suivent l’évolution de la colonisation de Mars par l’Homme. Chaque texte est construit pour être lu de façon indépendante, mais il vaut mieux lire le recueil qui forme un tout. Ainsi de la première nouvelle, qui nous fait découvrir les martiens avec les premières tentatives de contact de la terre, jusqu’à la dernière l’auteur va construire quelque-chose de vraiment prenant et qui m’a offert un excellent moment de lecture. On est ainsi, ici, plus dans le constat et la critique sociale, dans lequel vient se mélanger la Science-Fiction. L’auteur aurait pu situer ses textes dans n’importe quelle zone vierge, sauf que à part à travers les étoiles, ce genre de zone est quasiment impossible à trouver. Pour autant même si l’aspect science-fiction n’est pas le point le plus important du récit, il n’empêche qu’il ne manque pas d’imagination, mais j’y reviendrai. Par contre, point peut-être à savoir, on est ici dans la SF qui tend plus vers la fiction que vers la science, ainsi imaginer une Mars respirable, des villes, des habitants et autres aspects très peu cohérents d’un point de vue scientifique pourra peut-être en bloquer certains. La science n’est clairement pas ce que cherche l’auteur e premier lieux, mais plus à nous faire voyager et aussi, principalement, à nous faire réfléchir. En effet, on va très rapidement se rendre compte que ces chroniques tendent plus vers une sorte de « colonisation », avec tout ce que cela entraîne comme conséquences, ce qui finalement n’est pas sans offrir un parallèle intéressant avec notre Histoire.
La construction fluide, ainsi que la lente montée en tension font, je trouve, qu’on se retrouve rapidement emporté par ce livre. L’ensemble démarre de façon très « légère » avec beaucoup d’humour et d’ironie, mais aussi d’une pointe de tragique, avant de se révéler plus sérieux, parfois plus sombre, mais toujours très captivant. La grande force, je trouve, du récit vient qu’en laissant clairement de côté l’aspect science, Ray Bradbury vient plutôt offrir à ses textes une poésie, un sentiment de dépaysement, d’évasion qui, d’une certaine façon selon moi, emporte le lecteur. La technologie parfois « facile », ainsi que les « évolutions » des martiens offrent aussi un sentiment de magie moderne, d’éblouissement, ne cherchant pas à reposer sur des explications ou des faits, mais venant offrir finalement une dose supplémentaire de mystère, d’illusion voir d’émerveillement. Je me suis ainsi retrouvé happé par les différents lieux visités, les différents paysages rencontrés qui ne m’ont pas laissé indifférent. Ils ne sont pas non plus sans rappeler par moments une virée dans l’Ouest Américain avec son immensité, qui d’une certaine façon fait rêver et nous fait sentir insignifiant, entrecoupé de villes avec leurs interactions. Là-dessus l’auteur démontre une imagination soignée et maîtrisée, que ce soit dans la notion de colonisation, dans le développement de cette humanité et sa rencontre avec les martiens, dans son aspect social et humain ou bien encore dans son travail poétique qui m’a fait oublié justement les facilités prisent par l’auteur scientifiquement. On se retrouve aussi à se poser de nombreuses questions au fil des textes.
C’est ainsi le second point fort, pour moi, de ce roman, toutes les réflexions qui sont soulevées dans ce roman, qui ne laissent pas indifférent et nous pousse à reconsidérer notre société, notre façon de vivre ou bien encore nous-même, mais qui, d’une certaine façon, vu l’âge du texte, restent encore d’actualité. Contrairement à Anatèm dont j’ai terminé le premier tome il y a peu, on n’est pas dans le travail de réflexion dense, complexe, demandant parfois une base de connaissance, pour autant même si Ray Bradbury offre un traitement des thématiques plus simple, elles ne manquent pas pour autant d’être efficace et percutant à travers une mise en situation qui ne laisse jamais indifférent. Ainsi que ce soit dans la vision que l’on a des autres, la notion de propriété, la conquête du plus faible, l’absence de réflexion parfois au profit du gain, l’aspect censure, la guerre et bien d’autres encore, de nombreux sujets sont discutés dans ces textes. Finalement l’auteur dresse un portrait cru et réaliste de la capacité de l’Homme à faire de très grandes choses, mais aussi sa capacité à tout détruire. Finalement Mars, sa civilisation, la planète, deviennent d’une certaine façon un miroir qui nous renvoie nos qualités et nos défauts. L’autre aspect qui rend ces réflexions touchant, c’est le travail sur les personnages réalisé à chaque nouvelle. L’auteur nous offre ainsi des protagonistes réalistes, complexes, humains et touchants, ce qui accentue encore un peu le message passé. On n’est ainsi pas dans des héros hors du commun, mais plutôt des personnages lambdas qui cherchent à avancer, à trouver une nouvelle vie, parfois à simplement fuir en espérant quelque-chose de meilleur.
Alors après, je ne vais pas le nier, certains textes m’ont moins touchés que d’autres, certains continuent à me faire réfléchir bien longtemps après les avoir lus, mais pour autant j’ai trouvé ce recueil dans l’ensemble excellent, bien construit et maîtrisé. On pourrait regretter certains aspects qui sont un peu d’époque, qui ont mal vieilli, mais franchement, là, je chipote un peu. Par contre, une ou deux facilités par-ci, par-là, m’ont quand même parfois un peu frustrés. Un point que j’ai par contre trouvé intéressant, c’est que l’auteur garde toujours un espoir dans ses écrits, qui se remarque principalement dans la dernière nouvelle où, sans spoiler, il veut croire à un changement, même si cela doit passer par un chemin laborieux et très compliqué. Au final Chroniques Martiennes, pour une relecture, m’a captivé et fasciné, bien porté par une plume simple mais poétique et je comprends parfaitement que ce livre soit devenue un classique, tant il continue à résonner dans notre société actuelle et s’avère, je trouve, prenant.
En Résumé : Ce Chroniques Martiennes, qui est un recueil de nouvelles en fix-up traitant de l’arrivée de l’humanité sur Mars, m’a offert un excellent moment de lecture. La construction des nouvelles se révélant fluide et prenant, montant en tension au fil des pages m’a vraiment captivé du début à la fin et m’a poussé à en apprendre plus. Le premier point fort de ce roman vient clairement de la construction de la toile de fond qui s’avère rapidement, je trouve, envoutante, poétique et dépaysante. Je me suis retrouvé emporté dans ces décors, qui ne sont parfois pas sans rappeler une virée dans l’ouest américain, qui dégage une certaine beauté. Alors après, il faut le savoir, Ray Bradbury a clairement laissé de côté l’aspect scientifique qui n’est finalement là que pour émerveiller, ainsi par exemple l’air de Mars est respirable, ce qui pourra en déranger certains. De mon côté le travail d’imagination captivant m’a fait passer outre ce point. Le second point fort de ce roman vient clairement des nombreuses réflexions, traités de façon certes qui peut paraître simple, mais ne manque pas de marquer, de pousser à se questionner dans son travail de mise en situation, dans la façon dont s’est amené. Ainsi les thématiques soulevées, selon moi, ne laissent pas indifférent et continuent à raisonner même une fois le livre terminé. Surtout d’une certaine façon elles continuent de raisonner dans notre société actuelle. Après certains textes m’ont paru moins intéressants que d’autres, le texte a, sur certains aspects, un peu vieilli même si là je chipote, et une ou deux facilités sont parfois un peu frustrantes, mais franchement rien qui soit venu gâcher ma lecture. La plume de l’auteur est simple, poétique et entraînante.
Ma Note : 8,5/10
valeriane
Mmm je me suis laissée tenter par une offre audible « 3 mois gratuits », je vais l’ajouter à la wish-list, au cas où.
Je n’ai jamais lu ce livre de Bradbury…. ça pourrait le faire en audio peut-être…
Un grand test! Je ne suis pas « pro SF », on va voir si ça tient dans mes oreilles 😉 héhéhé
Tu fais en tout cas une belle chronique de ce recueil.
BlackWolf
Merci.
Après c’est SF sans vraiment l’être je trouve, tu me diras ce que tu en as pensé si tu l’écoutes.
Mypianocanta
Belle chronique !
C’est vrai que le côté non scientifique peut surprendre mais les réflexions posées et la plume très poétique, avec son côté évasion fait que ce sont des textes très agréables à lire. Une façon particulière finalement d’aborder la SF.
J’ai accroché à chaque relecture de ce recueil et ton avis me donne envie de m’y replonger 🙂
BlackWolf
C’est vrai que ça fonctionne toujours aussi bien quel que soit le nombre de relecture, mais aussi malgré les années qui passent.
valeriane
Avec plaiz!
Vert
J’adore ce bouquin, je l’ai lu ado et déjà il m’avait bien marquée. Effectivement tous les textes ne se valent pas mais certains m’avaient fait un sacré effet.
BlackWolf
Je te rejoins totalemen, certains textes continuent à me trotter dans la tête bien des semaines après l’avoir terminé.