Catégorie : Science-Fiction Page 41 of 56

La Petite Déesse – Ian McDonald

la petite deesseRésumé : En 2004, Ian McDonald publiait en Angleterre un roman d’une ambition peu commune dans le paysage de la science-fiction contemporaine, Le Fleuve des dieux, un livre monstre de plus de 600 pages, aux multiples intrigues situées dans une Inde de 2047 balkanisée et en proie à une sécheresse sans précédent. Le prix de la British Science Fiction Association a récompensé ce roman qui s’est aussitôt imposé comme le Blade Runner du début de XXIe siècle. Son édition française a reçu le Grand Prix de l’Imaginaire.
En 2009, Ian McDonald a rassemblé sous le titre La Petite Déesse les sept nouvelles et courts romans qu’il avait écrits sur cette même Inde du futur. On y découvre, souvent par le biais du regard d’enfants, un sous-continent où les hommes sont quatre fois plus nombreux que les femmes, où se côtoient puissants, gens d’une extrême pauvreté, intelligences artificielles et stars virtuelles, tous confrontés à des menaces d’un genre nouveau.

Edition : Denoël Lunes D’Encre

 

Mon Avis : Ian McDonald fait partie des auteurs dont je ressors toujours fasciné et conquis par ma lecture de ses différents écrits. Le Fleuve des Dieux est pour moi, à l’heure actuelle, le plus grand roman de l’auteur nous offrant une magnifique fresque d’une Inde en perdition devant lutter contre son histoire, mais aussi contre son avenir. Ce recueil nous propose justement de replonger dans l’univers fascinant de ce roman à travers sept nouvelles. Ce livre n’a donc pas mis longtemps pour rentrer dans ma PAL, puis il faut aussi ajouter la magnifique couverture, illustrée par Machu, qui donne clairement envie de le découvrir.

Sanjiv et Robot-Wallah : On suit à travers cette nouvelle Sanjiv, jeune garçon fasciné par les robots et qui va trouver son heure de gloire en devenant l’aide de camp d’un groupe d’adolescent conducteur de mecha en pleine guerre. Un texte qui traite de façon efficace et pertinente les rêves et les envies de chacun, tout en ramenant tout le monde sur terre une fois la campagne terminée. Comment continuer à avancer quand on a été un adolescent adulé et fasciné par les autres, quand on a connu une vie pleine de frénésie due à la manipulation de ces machines et à la guerre? Un texte qui traite, aussi d’une certaine façon, des enfants guerrier, surtout dans une époque où on manipule les robots de chez soi et où, le plus souvent, ce sont les jeunes qui maîtrisent ce genre de technologie. La grande force du récit est de traiter de la guerre de façon différente, à travers Sanjiv qui n’en voit jamais l’horreur, mais que le côté glamour et classieux, ce qui le pousse limite à tout abandonner en espérant y profiter et sortir grandi et adulé. Le réveil est parfois difficile. L’auteur traite aussi ici de l’Inde, de son impossibilité à se construire ensemble qui amène la guerre, mais aussi de ce mélange de tradition obsolète et de nouvelles technologies qui fausse la vision des jeunes.

Kyle Fait la Connaissance du Fleuve : Cette nouvelle traite de ce qu’on peut considérer comme un choc des cultures, Kyle étant un enfant occidental qui accompagne son père pour la reconstruction du pays et il va rencontrer Salim un enfant local. L’auteur arrive dans ce texte à vraiment bien retranscrire, à travers les yeux d’enfant, cette haine et cette violence qui retombe sur ses étrangers, mais aussi l’impossibilité à eux de s’intégrer vivant dans une zone de cantonnement pour raison de sécurité et aussi par fierté. C’est d’ailleurs ce qui va pousser Kyle à sortir pour découvrir le monde que propose Salim. Il va alors découvrir une Inde exotique et fascinante avec ses traditions, ses cultures, ses façons de vivre et le tout avec en point d’orgue la découverte du fleuve. J’avoue, ce texte m’a paru un peu en dessous des autres, l’auteur me donnant l’impression de se focaliser sur la beauté d’une Inde qu’il construit et oubliant légèrement, sur la fin, ses personnages et ses intrigues. C’est certes magnifique, mais je suis ressorti de ma lecture légèrement frustré de ne pas avoir eu plus.

L’Assassin-Poussière : On retrouve avec ce texte une nouvelle réussie et vraiment efficace qui nous plonge dans les jeux d’intrigues de deux grandes familles indiennes qui contrôlent le commerce de l’eau et qui cherchent à en prendre le pouvoir. La construction du récit est vraiment intéressante, un peu construite comme un mythe, un conte où l’héroïne, façonnée comme une arme par sa famille, va se retrouver à tout perdre puis trouver un nouvel espoir. La relation entre l’héroïne et son ennemi se révèle vraiment ambigu et bien amenée et m’a fait penser un peu au mille et une nuits. Un conte qui va se révéler tragique et cruel dans sa conclusion, certes qu’on devine rapidement, mais qui n’empêche pas d’être fascinante, haletante et qui possède aussi son lot de surprises. Un récit qui se révèle aussi plein d’émotions et de sentiments et qui permet aussi d’en apprendre plus au lecteur sur les neutres, ces personnages qui ne sont ni homme ni femme. De plus l’auteur, à travers ce texte, nous fait réfléchir, d’une certaine façon sur l’environnement, rappelant ainsi que l’eau est une denrée primordiale.

Un Beau Parti : J’avoue, j’ai eu un peu peur en me lançant dans les premières pages de cette nouvelle, le héros se révélant être un playboy assez arrogant et un peu caricatural, je me demandais bien où aller nous plonger l’auteur. Puis finalement, au fil des pages, je me suis laissé emporter par cette critique acerbe sur la recherche de l’amour du personnage principal dans une Inde où, avec les dernières technologies et leurs traditions de privilégier les garçons aux filles, il y a quatre fois plus d’hommes que de femmes. L’auteur nous offre ici ainsi une nouvelle cynique sur le monde de l’amour qui passe par des agences ou encore des conseils qui viennent par exemple d’IA, soit disant mieux au fait des choses de l’amour. D’ailleurs que se passe-t-il quand des IA viennent conseiller des gens? Je vous laisse le découvrir mais, la fin, d’une certaine façon tragique et mélancolique, se révèle vraiment réaliste, passionnante et nous renvoie finalement à nous-même.

La Petite Déesse : Cette nouvelle à gagner le Grand Prix de L’Imaginaire 2013 et je dois dire qu’elle le mérite amplement. Sûrement pour moi la meilleur nouvelle du récit, et rien que pour elle ce recueil mérite d’être lu. On va se retrouver plonger dans le quotidien d’une jeune fille qui respecte les 32 critères de perfection et qui va, après une épreuve sanglante, être considérée comme la réincarnation de la déesse. Jusqu’au jour ou tout bascule et elle doit replonger dans l’anonymat. Un texte vraiment poignant qui nous dévoile la gloire, la chute et la rédemption de cette héroïne qui n’a jamais rien demandé, mais aussi de sa folie, entretenue par toutes les traditions qui ont fait d’elle un être unique, seul et adulé et qui une fois libérée la force à ne devenir qu’un fardeau pour ses parents. Un personnage fort, charismatique, perdue dans la multitude de personnage qu’on la force à être et qui accroche le lecteur à travers sa vie compliquée. Un texte qui vaut aussi beaucoup pour tout le travail que met en avant l’auteur sur cette culture, toujours d’actualité vis-à-vis de cette enfant déesse, tout en y apportant ces éléments technologiques comme les IA. Toujours ce mélange entre tradition et avenir qui ne fait pas toujours bon ménage. On en apprend aussi un peu plus sur les interdictions des aei de niveau 3 et la bataille qui s’en suivra, qu’on retrouve au cœur du Fleuve des Dieux, et qui se révèle vraiment intéressant. Une conclusion réussie et pleine d’espoir vient parfaitement clôturer cette histoire.

L’Épouse du Djinn : Avec ce texte l’auteur nous plonge dans une histoire d’amour un peu particulière entre une humaine, danseuse, et une intelligence artificielle acteur principal des négociations sur l’eau qui ravage le pays. Mais voilà comment un tel amour peut survivre entre un être de chair et un être virtuel et surtout quand les lois font que les aei supérieure à un certain niveau sont considérées comme hors la loi. Ajoutez à cela tous les aspects humains d’une relation dont la jalousie et vous obtenez une nouvelle vraiment vivante, pleine d’énergie et de frustration sur un couple et un amour impossible. L’univers développé par l’auteur se révèle toujours aussi magnifique et dense. Mais voilà je regrette que finalement, devant tout ce que met en avant l’auteur dans ce texte, il se soit simplement consacré à cette histoire d’amour sans jamais vraiment développer les aspects politiques de cette lutte pour l’eau et les conséquences que cela amène. Dommage même si le texte reste vraiment sympathique.

Vishnu au Cirque des Chats : On suit dans cette nouvelle Vishnu, qui propose de découvrir aux gens dans la rue son cirque des chats, ce qui lui sert de prétexte pour ainsi raconter sa vie. Le lecteur va alors plonger dans la vie d’un brahmane, être modifié génétiquement à la longévité exceptionnel, mais dont le corps évolue plus lentement. Cette nouvelle se tient au final sur deux niveaux, le premier plus personnel se basant sur la vie du héros qui a été façonné sans son consentement par des généticiens et qui se révèle être incompris et considéré soit comme un dieu soit comme un démon. On se retrouve d’une certaine façon à la fois fasciné et horrifié par la vie de cet homme dont l’esprit vieillit deux fois plus vite que son corps ce qui l’empêche pleinement de se découvrir. Le second niveau de lecture correspond au 50 années de l’évolution de l’Inde que l’auteur retrace au fur et à mesure de l’histoire du héros. Une histoire, une culture et une technologie toujours aussi profondément lié, mais toujours aussi antagoniste qui offre, d’une certaine façon, un point de vue beaucoup plus large des tenants et des aboutissant du roman le Fleuve des Dieux. Un texte vraiment réussi, mais qui aurait mérité d’être plus longuement développé à mon goût, surtout vis-à-vis de certains choix du héros et de certains rebondissements ne servant qu’à faire avancer l’intrigue.

 

Ce qui me fascine toujours dans les textes de l’auteur c’est le travail effectué pour créer son univer que ce soit sur l’environnement, le mystique, la technologie, les luttes de pouvoir etc… on sent bien que l’auteur ne laisse rien au hasard, mais surtout rend le tout cohérent et, d’une certaine façon, fascinant. On se laisse vraiment plonger dans cette Inde futuriste en plein essor, un pays qui, à travers ses luttes de caste, s’est morcelé et cherche à se reconstruire. L’auteur possède une grande connaissance de cette région et, oui, il faut parfois s’accrocher un peu, mais au final quelle réussite. Chaque texte nous propose de découvrir des personnages vraiment intéressants, travaillés et soignés avec régulièrement des enfants mis en avant, montrant ainsi l’adaptation de générations entre passé et avenir. Par contre, comme Le Fleuve des Dieux, des expressions indiennes parsèment les écrits de l’auteur, moi je trouve cela accrocheur et permet ainsi une immersion totale dans le texte, mais peut en rebuter certains. En tout cas un excellent recueil qui permet de prolonger le plaisir et de replonger dans l’univers du roman, mais qui peut aussi permettre à ceux qui ne connaissent pas l’auteur de le découvrir.

En Résumé : J’ai passé un excellent moment avec ce livre qui nous propose à travers sept nouvelles de replonger dans l’univers du Fleuve des Dieux et de cette Inde futuriste. On plonge avec plaisir dans des textes toujours aussi denses, soignés et palpitants qui se suivent chronologiquement et permettent ainsi de découvrir, à travers des personnages travaillés et accrocheurs, l’histoire d’une Inde qui a du mal à vivre son statu de puissance. Entre castes, environnement, tradition et technologie on se retrouve dans un univers qui mélange les genres de façon cohérente et surtout fascinante, nous offrant une peinture de ce pays à la fois tragique et magnifique. Ces textes viennent surtout compléter tout le travail qui a été effectué par Le Fleuve des Dieux et permet aussi, parfois, de mieux le comprendre, de mieux en discerner les tenants et les aboutissants, d’y apporter de nouveaux éléments dans cette fresque. Alors certes, un ou deux textes m’ont paru légèrement en dessous des autres, mais franchement rien de gênant tant l’ensemble me confirme que Ian McDonald fait partie des grands de la SF.

 

Ma Note : 8,5/10

 

chalengeChallenge JLNN 24ème lecture

Manhattan à L’Envers – Peter F. Hamilton

Manhattan à l'enversRésumé : Pourquoi une espèce extraterrestre supposée non intelligente s’est-elle attaquée aux colons humains sur Menard, l’un des mondes accueillant les citoyens du Commonwealth intersolaire ? Comment expliquer un acte de terrorisme futuriste, dont l’auteur possède un alibi insoupçonnable et qui cache des manipulations aussi bien politiques que philosophiques à l’échelle planétaire ? Peut-on gagner l’immortalité en voyageant dans le temps ?
Voici certaines des énigmes que devra résoudre Paula Myo, la célèbre enquêtrice génétiquement modifiée du Conseil intersolaire des crimes graves…

Edition : Bragelonne
Poche : Milady

 

Mon Avis : Peter F. Hamilton fait partie des auteurs connus et reconnus dans le milieu de la SF pour ses histoires souvent remplies d’imaginations, reposants principalement sur le Space-Opera et son espace immense offrant des perspectives sans fins. Je n’ai donc pas mis longtemps à me laisser tenter par ce recueil de sept nouvelles qui devrait permettre de se lancer dans la découverte des univers de l’auteur avant de se lancer, qui sait, dans un de ses différents cycles. En tout cas la couverture, illustrée par Manchu, est, comme souvent avec cet illustrateur, magnifique.

En Regardant Pousser les Arbres : Cette nouvelle nous propose une histoire vraiment intéressante et surprenante qui m’a passionné. En effet notre héros va démarrer son enquête de meurtre en 1832 pour finalement ne trouver le coupable qu’en 2038. Un monde parallèle, mélange de passé et d’avenir, avec par exemple la possibilité de vivre éternellement, mais où la science continue à évoluer. C’est d’ailleurs cette évolution de la science qui va révéler des indices et faire avancer notre héros au cours des siècles. L’auteur nous offre par ce biais une réflexion vraiment intéressante sur l’Homme qui se repose un peu trop sur cette science froide sans prendre en compte les sentiments. Le seul problème est que dès le début le lecteur à deviner le coupable, ce qui rend certains passages d’interrogatoires et de face à face sans surprises.

Un Électorat qui Marche : Cette nouvelle nous dévoile une Angleterre au bord du gouffre, un pays qui a du mal à survivre économiquement et politiquement, jusqu’au jour ou un trou de vers pour un autre univers est ouvert offrant la possibilité de quitter ce monde pour reconstruire. On suit les aventures d’un couple divorcé, avec enfants, qui a une vision radicalement différente de l’avenir. Entre l’espoir d’un monde meilleur ou le combat pour améliorer notre planète, cette histoire ne manque pas de charme. Mais voilà j’ai trouvé que l’auteur restait trop en surface de sa réflexion et la conclusion m’a parue clairement trop facile.

Si du Premier Coup … : L’auteur décide de développer dans ce texte le paradoxe temporel. Je ne peux pas trop parler de l’intrigue sans dévoiler des éléments, ce qui serait dommage, mais elle se révèle vraiment intéressante, surprenante, juste beaucoup trop courte à mon goût. En effet l’histoire se révèle beaucoup trop dense et beaucoup de points auraient mérités d’être vraiment plus détaillés pour vraiment mieux apprécier ce texte et complètement accrocher le lecteur. On reste un peu sur notre fin avec beaucoup de questions en tête. Au final un récit agréable, certes trop court, mais efficace, sans temps morts et bien écrit avec son lot de surprises et de rebondissements.

Le Chaton Éternel : La plus courte des nouvelles du récit, mais une de celle qui se révèle la plus touchante et la plus marquante à mon goût. L’auteur nous offre ici une réflexion efficace et percutante sur l’évolution de l’enfance à l’âge adulte, avec le dur passage de l’adolescence, mais aussi des attentes des parents vis-à-vis des leurs enfants, de leurs envies. Une nouvelle courte, forte et efficace.

Le Piège à Démons : On retrouve à travers cette nouvelle un des personnages récurrent de l’auteur, Paula Mayo, être génétiquement modifié pour chercher toujours la vérité. Elle va se retrouver a enquêter sur un groupe nationaliste qui s’attaque à la plus jeune génération des grandes familles pour faire entendre ses revendications. Un texte enlevé, soutenu et sans temps mort qui nous entraine dans une enquête vraiment efficace et prenante, où tout n’est pas toujours ce que l’on croit. Surtout l’auteur nous propose une réflexion vraiment intéressante sur la personnalité, ce qui fait qu’on est Nous, entre le corps et l’esprit, mais aussi sur l’immortalité à travers le partage de l’esprit. Dommage que la présentation éclatée récit gâche un peu la force de la conclusion. De plus ce texte aurait mérité d’être plus long, par moment les indices donnant l’impression de se présenter trop facilement pour faire avancer l’histoire rapidement, ce qui frustre un peu.

Manhattan à l’Envers : Cette nouvelle nous propose de retrouver une nouvelle histoire de Paula Mayo. L’idée de départ se révèle intéressante, essayant de traiter de l’invasion de l’Homme, son intelligence et sa force, sur une planète où se trouve une espèce en développement intellectuel, essayant d’offrir ainsi par certains aspects une critique sur la colonisation, d’où le titre. Mais voilà j’ai trouvé le tout vraiment mal amené et m’a donné l’impression de voir le message complètement gâché. On retrouve la puissance de l’envahisseur, son intelligence qui la pousse à pomper les ressources de la planète sans se soucier de la faune et la flore puis … rien. Aucune véritable critique, tout le monde accepte ce fait comme si c’était presque logique. La conclusion cherche bien à prouver le contraire, mais démontre surtout la stupidité de cette faune en voie de développement plutôt qu’autre chose. Texte complètement manqué pour ma part, dommage.

Béni par un Ange : Une nouvelle surprenante et dérangeante qui nous raconte l’histoire d’un homme se prenant pour un ange, car ayant accepté certaines évolutions, qui cherche à convertir une région, qui continue à refuser ces changements, par la procréation. Au final j’ai trouvé ce texte sympathique, agréable à lire avec ses rebondissements et ses retournements de situations, mais qui m’a tout de même paru manquer d’émotion. De plus, sur certains aspects j’avais l’impression qu’il me manquait certaines clés.

 

La plume de l’auteur se révèle, tout au long des nouvelles, simple, efficace et surtout on sent bien que l’imagination de l’auteur se révèle débordante et intéressante. Mais surtout, ce que je me suis rendu compte au fil de ma lecture c’est que l’auteur, à mon goût, n’est pas adapté au format court. En effet on sent bien que la majorité des nouvelles manquent de développement et auraient sûrement mérité un développement plus long, parfois même un roman. On n’écrit pas une nouvelle comme un récit et là l’auteur, par moment, cherche tellement à faire concis qu’il limite parfois la complexité et le travail de certains points, ou fait avancer trop rapidement certaines enquêtes pour tenir le format court, ce qui est vraiment dommage. Au final un recueil plutôt moyen avec deux textes qui m’ont captivé, le reste se révélant juste sympathique voir oubliable. Cela n’enlève en rien les qualités de l’auteur à écrire des histoires pleines de créativité et de rythme, juste que ses qualités se ressentent plus à travers des romans ou des cycles.

En résumé : Je ressors de ma lecture de ce recueil de nouvelles de l’auteur avec un avis plutôt mitigé. On sent bien que l’auteur sait construire des histoires efficaces, rythmées et pleines de surprises, le tout porté par des univers futuristes à l’imagination débordante, mais le format court ne lui est pas favorable. En effet la majorité des textes de ce recueil mériteraient plus de développements et plus de surprises, certaines révélations ou découvertes étant beaucoup trop rapides pour éviter de trop rallonger l’histoire, ce qui frustre. Sur les sept nouvelles, En Regardant Pousser les Arbres et Le Chaton Éternel m’ont captivés, Manhattan à L’Envers ne m’a pas accroché du tout, l’auteur ayant selon moi mal fait passé son message et les autres se révèlent sympathiques, sans plus, tant elles méritent un traitement plus long. Cela n’enlève en rien les qualités de l’auteur, il est juste meilleur dans le format long genre roman et cycle.

 

Ma Note : 5,5/10

 

chalengeChallenge JLNN 16ème lecture

Le Cycle des Xeelees Tome 1, Gravité – Stephen Baxter

cycle de xeelees 1 graviteRésumé : La Ceinture.
Un agrégat de matériaux archaïques peuplé de mineurs.
Rees est l’un d’eux, un rat de mine passant le plus clair de son temps sous cinq g à creuser le cœur de fer de l’étoile morte autour de laquelle la Ceinture gravite. Un travail harassant. Dangereux. Au bénéfice du Radeau, sorte de cité spatiale, siège du savoir scientifique dont tous dépendent pour leur approvisionnement. Il en va ainsi : la Ceinture est sous le joug du Radeau. Depuis des générations… Et la Ceinture gronde. Mais Rees se pose des questions qu’aucun autre ne se pose. D’où viennent les hommes ? Comment sont ils arrivés ici, dans la Nébuleuse ? Il existe des légendes. Qui parlent d’un Vaisseau. De son Équipage… De baleines volantes et des mythiques Osseux.
Rees ne sait pas grand-chose mais il a une certitude : la Nébuleuse se meurt…

Edition : Le Bélial’
Poche : Pocket

Mon Avis : De Stephen Baxter je n’ai pas lu grand-chose mis à part quelques nouvelles ici ou là, et pourtant c’est un auteur de Science-Fiction que j’ai envie de découvrir depuis un long moment et dont j’entends beaucoup parler. La preuve, certains de ses romans parsèment ma PAL et ne demandent qu’à sortir. J’ai donc décidé de me lancer avec ce livre qui se révèle être le tout premier roman écrit de l’auteur (même si publié en France 17 ans après sa sortie en VO). Il faut dire aussi que la couverture, illustrée par Manchu, donne vraiment envie de lire ce livre.

Ce roman va nous plonger dans un anneau monde où les hommes, naufragés depuis des générations, survivent tant bien que mal en forant le cœur de l’étoile. On va suivre au travers de ce récit les aventures de Rees, héros qui se pose beaucoup de questions et se rend compte que son monde meurt. Un roman initiatique qui va se révéler très classique sur la forme avec ce personnage, sans aucune connaissance au début, et qui va au fil des ses voyages s’instruire et percer à jour le secret de son univers. En soit je dois bien avouer que l’histoire manque quand même, sur la forme, d’originalité, mais aussi de rebondissements. Elle n’est pas mauvaise en soi, mais m’a plus fait penser à un roman pour adolescent assez simple qui cherche à lui faire découvrir le Space Opera avec une assise scientifique efficace et non négligeable. On sent bien aussi, au fil des pages, qu’il s’agit ici du premier roman de l’auteur dévoilant un certain manque de maîtrise dans l’enchainement des évènements et même dans certains dialogues.

L’intrigue se révèle pourtant entrainante, principalement à travers les différentes rencontres et découvertes que va faire le personnage principal ainsi que les différentes zones de l’anneau qu’il va découvrir. Le rythme se révèle enlevé et efficace, même si je reproche à l’auteur de vouloir par moment trop en faire dans le sensationnel. Au final une certaine simplicité se dégage de la façon dont est écrite l’histoire et c’est peut-être ça qui m’a dérangé, surtout après avoir tant entendu sur l’auteur et son côté hard science.  Mes attentes étaient peut être un peu trop élevé. De plus certaines scènes m’ont parues un peu trop irréalistes, je pense par exemple à la scène de sauvetage par la baleine. Pourtant, je suis loin d’avoir été complètement déçu par ce roman qui possède tout de même ses qualités et, une fois la dernière page tournée, s’est révélée plutôt sympathique malgré tout.

Car, ce qui fascine dans ce roman, c’est principalement son univers, cet anneau monde ou la gravité va se révéler être un élément primordial du décor. En effet elle va être le centre de l’histoire et va même déstabiliser par moment le lecteur de façon intéressante, tant les le tout parait différent tout en offrant une vision passionnante sur cette force naturelle. Imaginez-vous aussi voyager dans la nébuleuse sans appareil respiratoire, magnifique. De plus Baxter développe quelque chose qui se révèle vraiment fascinant à travers des idées originales, comme ces arbres permettant de naviguer ou encore certaines races extraterrestres, mais le tout possède une véritable cohérence et une certaine logique grâce aux explications avancées.

Il nous offre aussi un travail vraiment intéressant et toujours d’actualité sur les inégalités avec les mineurs qui s’acharnent à récupérer les métaux pour les habitants du radeau en échange de nourriture, même si parfois présenté de façon manichéenne. Au final on sent bien qu’il maîtrise complètement son univers arrivant à plonger le lecteur avec facilité à travers des explications scientifiques accessibles et loin d’être ardues.

Concernant les personnages ils se révèlent vraiment entrainants, nous emportant dans leurs aventures, mais j’ai trouvé qu’ils manquaient clairement de profondeur, parfois même de charisme et donnent une impression de déjà-vu par moment. Surtout ils se révèlent plus ballottés par les évènements que maître de ce qui leurs arrivent, comme s’ils avançaient par moment en attendant que la solution finale leur apparaisse comme par enchantement. Malgré tout certain plaisir nait à suivre l’interaction et l’avancée des ces protagonistes dans cet univers totalement nouveau, en effet c’est grâce à eux, et principalement Rees, qu’on va découvrir toute la grandeur et la magie de ce monde et tout comme lui on va se retrouver embarqué et émerveillé, même si par moment Rees parait quand même un peu naïf.

La plume de l’auteur n’est, certes, pas une des plus soignées que je connaisse, mais elle se révèle vraiment simple, entrainante et efficace. Surtout elle sert de façon réussie et compréhensible, par tous les différentes explications scientifiques, la construction de cet univers porté par la gravité. Au final je ressors tout de même avec un sentiment mitigé de ma lecture, j’avoue que j’en attendais plus dans la construction et la forme. Pourtant, pas mal d’éléments font que j’ai trouvé cette lecture et cette découverte sympathique me donnant envie de lire la suite du cycle voir, pourquoi pas aussi, d’autres romans de l’auteur. À voir si le second tome du cycle confirme les bonnes impressions que j’ai tout en gommant les imperfections.

En Résumé : Je ressors de ma lecture avec, j’avoue, un sentiment mitigé, mais plutôt positif, malgré certains points qui m’ont dérangé et dont j’attendais plus. L’intrigue se révèle vraiment entrainante et plutôt bien rythmée, mais la forme manque clairement d’originalité et de complexité. De plus on sent bien, dans la construction du récit et à travers les dialogues, qu’il s’agit ici du premier roman de l’auteur, se révélant souvent assez simpliste. Et pourtant le roman m’a fasciné, principalement grâce à son univers, cet anneau monde à la gravité primordiale, qui se révèle fascinant à travers ses découvertes et ses rencontres. Les personnages nous happent dans leurs aventures, mais manquent parfois de profondeur et de charisme, se révélant même plus passifs qu’actifs. Je reproche aussi certaines scènes qui m’ont paru trop irréalistes, je pense principalement au sauvetage par la baleine. La plume de l’auteur se révèle simple, entrainante et porte parfaitement et de façon efficace le message scientifique mis en avant. Alors, certes je ne suis pas totalement convaincu, mais une lecture tout de même sympathique qui me donne envie de lire la suite pour me faire un avis plus complet.

 

Ma Note : 6,5/10

L’Esprit du Melkine – Olivier Paquet

l'esprit du melkineRésumé : Il a quinze ans et s’appelle Prodige. Encore enfant dans sa tête, il passe son temps les yeux levés vers le ciel. Le fils d’Ismaël est le dernier porteur d’un rêve qui appartient désormais au passé. Alors que le conflit des Fréquences entame sa dernière phase, alors que la Technoprophète savoure son triomphe imminent sur le Cheik noir et les conditionnements, un adolescent n’aspire qu’à rejoindre les étoiles.
Pour y réussir, il aura besoin du Melkine et de ses professeurs. Le navire a disparu mais, malgré le chaos général, il reste capable de miracles.

Edition : L’Atalante

 

Mon Avis : Il y a à peu près un an je me lançais dans ce cycle de Space-Opera qui me tentait vraiment. Après un premier tome intéressant, mais un peu introductif (ma chronique ici) et un second tome que j’ai trouvé vraiment efficace avec son univers fascinant et ses réflexions intéressantes (ma chronique ), j’avais hâte de voir ce qu’allait proposer l’auteur avec ce dernier tome. Vu que les Utopiales proposait ce livre en avant-première, je me suis dépêché de le faire entrer dans ma PAL. À noter la magnifique couverture, toujours illustrée par Manchu, qui reste dans le même esprit que les deux premiers tomes.

Quinze ans ont passés depuis la fin du second tome et donc trente ans depuis la fin du premier. La guerre des fréquences touche à sa conclusion, la technoprophète dominant le cheik noir et la dernière bataille approchant. Les lignes d’intrigues développées dans les tomes précédents commencent donc à dévoiler leurs conclusions, proposant toujours autant de machinations, de rebondissements et de complots. Un développement de l’histoire qui se révèle vraiment efficace même si assez linéaire dans sa construction et ses surprises.

Car voilà, ce qui marque dans ce récit n’est pas totalement l’histoire, même si elle sert de support et se révèle cohérente et intéressante, non ce qui happe le lecteur c’est la véritable fresque humaine que l’auteur nous dévoile au fil des pages, nous plongeant dans ce Space-Opera avec fascination et passion. Le rythme du récit se révèle posé et attentif, ce qui permet ici clairement de poser et développer les différents points importants ainsi que travailler l’émotion et dévoiler l’univers, mais pourrait peut-être en rebuter certains, donnant l’impression de stagner. Ce qui est dommage, car ce récit ouvre tellement de possibilités.

Rien que les personnages se révèlent vraiment fascinants, on les retrouve tous changés après tant d’années, ils ont évolué. La vie ne leur a pas toujours fait de cadeaux. Ils se révèlent toujours aussi complexes, denses et ambigus et reposent dans ce tome clairement sur les émotions, les sentiments et l’espoir qu’ils arrivent à partager et surtout à transmettre au lecteur. On retrouve aussi avec plaisir des anciens personnages du premier tome, même si parfois on aurait aimé en savoir plus sur ces années perdues. En tout cas les personnages ont un rôle prépondérant dans l’histoire, le lecteur s’attachant clairement à eux, à leurs réflexions, leurs besoins, leurs envies, leurs souffrances et surtout à leurs rêves. J’aurai juste un léger reproche concernant la technoprophète, elle tombe un peu dans le manichéisme dans ce tome ne servant que comme symbole de l’ennemi dans l’histoire, là où elle a toujours été au final un rêve brisé, mais rien de bien dérangeant.

Autre point vraiment intéressant, efficace et soigné dans ce roman ce sont les réflexions misent en avant par l’auteur concernant l’influence de la communication instantanée, principalement celle de banquise, sur la vie des peuples, sur leurs conditionnements. Elle cherche à les abrutir, en reniant leurs passés, détruisant tout aspect de pensée, de diversité, les forçant à tous rentrer dans un seul et unique moule creux et sans âme. Mais aussi la mise en avant de l’influence du passé dans la construction de soi et de son avenir, ou bien encore l’apprentissage et la découverte par soi-même. Des réflexions vraiment marquantes, mais surtout misent en avant et développées de façon intelligentes poussant le lecteur à se poser des questions sans jamais non plus trop le forcer.

Mais surtout là où l’œuvre a réussi à me toucher c’est, d’une certaine façon, en me faisant rêver d’étoiles. En me rappelant l’importance de simplement lever la tête et les admirer, se rendre compte de leurs beautés, de notre insignifiance. Le roman nous rappelle à travers un être simple tel que Prodige que notre vie finalement dépend de nos rêves, de nos véritables liens et pas simplement d’une reconnaissance virtuelle ou d’une liberté vide de sens et de compréhension. La conclusion pleine d’espoir se révèle vraiment accrocheuse, même si peut-être légèrement trop happy-end par certains aspects.

L’univers développé dans le livre montre justement bien ces dégradations misent en avant par ce travail des fréquences, remplaçant des mondes qu’on avait connus flamboyants et fascinants par des mondes en plein abrutissement, qui ne vivent que par procuration de leurs écrans, cherchant le regard et l’amour de gens qui ne sont que virtuels ou ne les regardent pas. Des planètes qui se croient libres, mais se révèlent en fait manipulés, où les différents peuples se révèlent perdus, se croyant aimés par une technoprophète qui ne cherche en fait qu’à imposer son point de vue. Les différents conditionnements et leurs effets néfastes, mais prônant une diversité, ont explosés, laissant place à quelque chose sans âme, sans esprit, des mondes où l’Histoire, les cultures et les mythes disparaissent au profit d’un message de rêve et de liberté factice, vide de sens et de racines. Parfois l’auteur va peut-être un peu trop loin, c’est vrai, dans sa façon de présenter cette évolution.

Alors, bien sûr, quelques points paraissent de temps en temps traités trop rapidement, des personnages évoluent parfois trop vite, des situations auraient pu mériter d’être un peu plus développés, ou encore certains retournements de situations se révèlent sans surprises. Mais voilà le tout est vraiment balayé par l’ambiance et le fait que l’auteur arrive à faire rêver, à nous emporter dans son univers plein d’étoiles et de mystères. Comme je l’ai dit ce cycle est une fresque, un roman choral à la fois fascinant, empli de rêve et d’étoiles, le tout porté pas une plume toujours aussi soignée, poétique et efficace qui nous happe vraiment dès les premières phrases. Le message portera sûrement différemment selon le lecteur, en tout cas pour moi il m’a touché.

Ma seule véritablement critique, plus globales, concerne le fait d’avoir découpé le livre en trois, car mis à part trois couvertures de Manchu l’intensité de l’histoire aurait gagné à ne pas être séparée. Mais bon simple avis personnel. En tout cas je sors ravi de ma lecture de ce troisième tome et de ce cycle qui a vraiment réussi au final à m’emporter.

En résumé : J’ai passé un excellent moment de lecture avec le troisième tome de ce cycle, qui vient ainsi clôturer les différentes intrigues misent en avant depuis le premier tome. Une intrigue au rythme posé et parfois un peu linéaire, mais qui m’a vraiment emporté par son message d’étoiles et de rêves ainsi que par ses réflexions vraiment soignées et intelligentes sur l’influence de la technologie et de la communication dans nos vies, sur notre passé et notre avenir. Il est parfois bon de simplement lever la tête et admirer le ciel. On retrouve un univers en pleine décadence qui colle parfaitement au message que cherche à faire passer le roman, même si parfois il pousse un peu loin. Les personnages sont toujours aussi fascinant, complexes et attachants, même si j’ai trouvé que la technoprophète tombait parfois un peu dans la caricature de la méchante. Quelques petits points m’ont dérangés comme certains aspects traités trop rapidement ou encore un ou deux retournements de situations qui manquent de surprises, mais rien de bien gênant tant au final j’ai été emporté par le message véhiculé par ce cycle. Le seul commentaire que je ferai, c’est que je trouve dommage d’avoir coupé cette histoire en trois livres.

Ma Note : 8,5/10

Le Diable est au Piano – Léo Henry

le diable est au pianoRésumé : 1844 : le sorcier Aleister Crowley, revenu dans le temps, offre à Edgar Poe son plus fameux poème. 1927 : Blaise Cendrars et Corto Maltese passent les fêtes à Rio sur la piste d’un serial killer. 1936 : George Orwell et Indiana Jones s’allient contre le fascisme espagnol. En des temps plus incertains, on exhume des textes inédits du cerveau d’écrivains comateux, on se rend à Prague pour surmonter ses phobies littéraires ou on échange, avec le Diable, son talent contre une âme (et non l’inverse). On trouvera aussi, dans ce recueil de nouvelles fantastiques, fantasques, borderlines ou pleinement réalistes (souvent les plus étranges) : une machine à piéger les paroles, un pionnier de l’aviation, des pirates surinamiens, des dieux égyptiens et hindous, des filles peu vêtues (dont une est un robot), des explorateurs de terres lointaines, des fous de toutes sortes et quelques vrais fantômes.

Edition : La Volte

 

Mon Avis : De Léo Henry je ne connaissais finalement que peu de chose, seulement deux nouvelles que j’avais lues et qui m’avaient bien accrochées. Une dans le Bifrost sur G.R.R Martin et une autre dans le recueil sur La Guerre (ma chronique du recueil ici). Puis un jour je suis tombé sur cette couverture, illustrée par Stéphane Perger, qui m’a vraiment accroché et je suis reparti avec ce recueil qui me permettait aussi de découvrir un peu plus l’auteur. À noter que ce recueil comporte vingt nouvelles.

Révélations du Prince de Feu : Cette nouvelle nous plonge dans une histoire policière sur fond de mysticisme brésilien et le tout est porté par Blaise Cendrars et Corto Maltese. Une histoire vraiment noire, dense et complexe mais que j’ai trouvé par moment un peu lourde. De plus le mélange de réalité et fiction avec les différents personnages ne m’a pas accroché.

Quand j’ai voulu ôter le masque, il collait à mon visage : Un texte qui plonge dans le fantastique et vient nous présenter la vérité sur Poe. Un texte court, agréable, mais qui selon moi est vite lu, vite oublié, malgré toutes les qualités de l’écriture.

Je suis de mon enfance comme d’un pays : Une nouvelle qui va nous plonger dans la vie de Saint-Exupéry, un très beau texte, efficace, captivant, poignant et émouvant. Un des seuls qui a réussi à m’émouvoir et m’accrocher dans ces textes « hommages ».

L’Invention de Guthmann : J’avoue être resté plutôt de marbre face à ce texte qui est pourtant écrit de façon fascinante et passionnante, mais qui n’a jamais  réussi à vraiment me happer. Comme s’il me manquait des clés de compréhension.

Indiana Jones et la phalange du troisième secret : Un texte hommage à l’aventurier, où l’auteur mélange fiction et réalité (Jones rencontrant Orwell par exemple) et surtout offre une critique froide sur l’absence de conviction politique de l’archéologue. C’est plein d’aventures mais j’avoue j’accroche jamais à ce genre particulier de textes.

Kiss kiss, bang bang : De nouveau un texte hommage, mais cette fois à James Bond. J’ai un peu plus accroché à cette nouvelle, principalement parce que James Bond n’en est pas le héros, mais plus la victime qui se retrouve figé dans une sorte d’immortalité cinématographique qui le détruit.

Fragments retrouvés dans une poubelle de salle de bains, hôtel Venceslau, chambre 604 : On retrouve ici un texte sympathique, qui revisite en rendant hommage à sa façon la Métamorphose de Kafka. Agréable, surprenant qui offre un divertissement agréable sans non plus se révéler exceptionnel.

Je me permets de faire une digression pour essayer d’ajouter un élément de compréhension au fait que je n’ai pas vraiment accroché à ces premiers textes. En effet, je n’ai jamais été passionné par les écrits qui rendent hommage à tel personnage connu ou de fiction en le reprenant et lui offrant une nouvelle histoire, une nouvelle aventure.

Un festin de pierre : Une belle nouvelle, qui nous offre un axe de réflexion vraiment intéressant sur la ville et son absence de besoin des hommes pour vivre, évoluer et exister. Peut-être un peu court mais vraiment poétique et captivant.

Soixante-dix-huit pin-up : Un texte mineur du recueil, qui vient conter la vie et la nostalgie d’un condamné qui va vire ses relations à travers le papier glacé des pin-up. Frustrant, car trop court, j’en attendais plus.

À bord du Gergelim : Une attaque pirate bien écrite, efficace et nerveuse le tout accompagné de rebondissements mais dont la conclusion, je l’avoue, m’a échappé.

Nataraja : Un texte que j’ai trouvé très beau, qui sous ses airs d’un conte hindou nous présentent la lutte entre deux divinités, tout en élevant le problème à l’univers industriel, à l’environnement tout en montrant la problématique du cycle répétitif des actions. Un texte réussi et efficace.

L’Envers du Diable : Cette nouvelle se révèle être une variation vraiment réussie sur le thème de Faust et de l’âme avec la plongée en abime d’un rocker. Un texte plein de surprises, fascinant et très bien écrit, offrant une conclusion de renouveau vraiment surprenante.

Arbre sec, arbre seul : Une nouvelle qui propose de plonger le lecteur dans le thème de la folie et ses variations, le tout se révélant fascinant, déroutant et écrit de façon captivante.

Supplément au Bibliophage (1994 -2003) : Une nouvelle au style différent, qui nous présente la biographie de trois personnages différents, le tout dévoilant en toile de fond une histoire sur le Bibliophage. Un texte déroutant, surprenant dans sa façon de présenter l’histoire, mais frustrante, donnant envie d’en savoir plus.

Les trois livres qu’Absalon Nathan n’écrira jamais : Une nouvelle vraiment réussie dans un futur fascinant ou on peut mesurer le potentiel de créativité d’une personne ou plonger dans l’esprit d’une personne. Un texte passionnant sur l’écriture, le travail de création et la peur qui l’entoure. Une excellente nouvelle.

Goudron mouillé, prière dérisoire : On retrouve ici un texte vraiment poignant qui rend hommage à une personne chère à l’auteur et offre une belle réflexion sur le deuil et son acceptation.

Laisse couler, bonhomme : Un texte vraiment nébuleux dont j’avoue, je n’ai jamais vraiment réussi à rentrer dedans.

La  pelle et le pétrin : Une nouvelle nous plongeant dans un monde futuriste où l’obtention d’un enfant passe par une loterie. Une réflexion sur la difficulté d’avoir un enfant qui aurait pu se révéler intéressante, mais qui au final est frustrante tant l’auteur se laisse parfois trop porter par ses chemins cryptiques que par le récit.

Sur le chemin du retour : Texte déjà lu et chronique dans l’anthologie La Guerre, Anthologie d’une Belligérance. Une seconde lecture toujours aussi intéressante.

Au carrefour agenouillé : Une nouvelle intéressante dans un  univers SF western ou vivent robots et humains. Un texte qui ne manque pas de charme et d’attrait, mais qui, après la dernière page tournée, demande à en savoir plus ce qui est frustrant. L’auteur devrait d’ailleurs retourner dans cet univers.

 

Ce qui fascinant, une fois la dernière page de ce recueil tournée, c’est le travail d’écriture de l’auteur qui possède toujours ce côté, captivant, dense, poétique tout en étant déroutant et parfois même dérangeant. On sent bien que l’auteur aime la plume et l’écriture, mais que le tout n’est pas facile. Pourtant je ressors de ma lecture avec un avis je dirai mitigé. La faute peut-être a la grande diversité des textes qui offre ainsi une première partie de récits « hommages »,  chose dont je n’accroche pas, ce qui a pu m’influencer pour la suite. Il m’est aussi arrivé d’être dérouté ou frustré devant certains textes, ce qui est dommage. Et pourtant, ce recueil regorge aussi de quelques pépites qui, à elles seules, méritent d’être découvertes. En tout cas le style particulier de l’auteur m’a accroché et même si tous les textes ne m’ont pas captivé je lirai d’autres écrits de l’auteur.

En Résumé : J’avoue ressortir de ma lecture avec un sentiment mitigé concernant ce recueil de vingt nouvelles. Déjà, la première partie repose sur des textes hommages à des personnes ayant existé ou fictives, histoire dont je n’accroche jamais vraiment. Ajouter à cela un aspect parfois frustrant de certains textes dont on aurait aimé en savoir plus, ou d’autres dont le style est magnifique, mais qui se révèlent trop nébuleux pour vraiment rentrer dedans, vous comprendrez que je n’ai pas vraiment accroché à près d’un tiers des nouvelles. Et pourtant je ressors fasciner par le style de l’auteur dense, d’une grande complexité, réfléchi et qui se révèle fascinant. Ne vous trompez pas non plus, il y a aussi d’excellents textes dans ce recueil et qui valent d’être découverts. Peut-être que si je n’avais pas buté sur cette première partie mon avis aurait été différent. En tout cas je lirai d’autres écrits de l’auteur, car même si tous les textes ne m’ont pas convaincu, il y a un quelque chose qui m’a tout de même clairement accroché.

 

Ma Note : 6,5/10

 

chalengeChallenge JLNN 14ème lecture

Stalker – Arkadi & Boris Strougatski

stalkerRésumé : Des Visiteurs sont venus sur Terre. Sortis d’on ne sait où, ils sont repartis sans crier gare. Dans la Zone qu’ils ont occupée pendant des années sans jamais correspondre avec les hommes, ils ont laissé traîner des objets de toutes sortes. Objets-pièges. Objets-bombes. Objets-miracles. Objets que les stalkers viennent piller au risque de leur vie, comme une bande de fourmis coloniserait sans rien y comprendre les détritus abandonnés par des pique-niqueurs au bord d’un chemin.

Edition : Denoël Lunes d’encre
Poche : Folio SF

 

Mon Avis : Ce livre, j’en ai longtemps en tendu parler et j’ai vu aussi pas mal défiler d’avis sur différents sites et blogs, souvent positives, qui m’ont toujours donné envie de le lire. J’ai donc décidé de me lancer dans cette histoire, au quatrième de couverture qui se révélait vraiment intéressant. À noter la très belle couverture, illustrée par Lash, qui attire vraiment l’œil et qui met clairement en garde le lecteur.

Je dois bien avouer que je ressors convaincu de ma lecture de ce roman, mais je suis loin d’en ressortir totalement conquis comme certains. Les auteurs nous proposent pourtant une idée de base vraiment intéressante et originale, décidant de présenter leur récit de façon différente. En effet ici pas de contact avec les aliens, ils sont arrivés sur terre, sont restés quelques temps et son repartis tout aussi rapidement, ne laissant que des zones sinistrés et dangereuses et des objets alien. Ici pas de premier contact, de rencontre ou autre, simplement des hommes vivants près d’une Zone visitée qui tentent de survivre et d’avancer.

Tout va reposer justement sur l’influence que va avoir cette catastrophe, ce passage d’être venus d’ailleurs, sur la façon dont vont vivre les hommes et l’humanité en général. Un bouleversement infime qui va remettre en cause la vision ainsi que l’évolution de chacun. Les auteurs jouent aussi clairement avec ces zones d’ombres, utilisant les non-dits, limitant les explications, pour faire avancer et évoluer l’histoire, procédé que j’ai trouvé intéressant permettant ainsi au lecteur de se faire sa propre idée sur tout, mais qui risque peut être aussi d’en déranger certains.

Ce roman nous propose au final une histoire qui se révèle beaucoup plus sensible, qui va nous dévoiler une humanité vaine qui se cherche au fil des pages à travers les différents personnages croisés. Des hommes, chercheurs de trésors dans une zone complètement contaminée, mortelle où ils peuvent perdre la vie à chaque instant. Les auteurs nous montrent des morts ambulants qui font cela  pour tenter d’améliorer un minimum leur vie. Les auteurs arrivent à retranscrire de façon fidèle et prenante les angoisses qui rongent ses hommes, que ce soit celles liées aux dangers dans la zone, retranscrite de façon austère où le risque est totalement inconnu, ou encore celles plus philosophiques sur la place de l’homme dans l’univers. L’explication des auteurs se révèle d’ailleurs surprenante et vraiment fascinante sur cette histoire de pique-nique, nous ramenant au rang de simple présence infime dans quelque chose de beaucoup plus gigantesque et insondable.

Et pourtant, je ne sais pas pourquoi, malgré les qualités et l’originalité de l’intrigue, je n’ai pas non plus été transcendé, là où j’entendais parler de chef-d’œuvre. Déjà j’ai trouvé qu’il y avait un problème dans le rythme du récit, pas qu’il soit trop lent ou trop rapide, non du tout, on a juste l’impression qu’il a toujours le même, entre angoisse et avancée des personnages. Un peu comme si le conteur avait raconté son histoire du début à la fin avec toujours le même ton, au bout d’un moment ça lasse un peu. Ensuite, le récit ne possède aucune véritable ligne directrice dans son intrigue, on se retrouve avec quatre chapitres qui racontent l’évolution des personnages. Cette narration possède un côté fascinant, comme je l’ai déjà dit, mais possède aussi une certaine limite, l’impression de ne lire que quatre tranches de vies dans quelque chose de plus gros, ce qui m’a un peu frustré.

Concernant les personnages je dois dire qu’ils possèdent une certaine dualité, tout au long du roman ils se révèlent complexes, d’une certaine façon effrayés tentant de survivre, voir même de vivre par tous les moyens. On ressent leur quête, simple, du bonheur dans un monde complètement remis en question par cette « catastrophe », mais voilà malgré tout cela jamais je n’ai vraiment réussi à complètement m’attacher à eux. Comme si un voile se dressait entre eux et moi. Pourtant, on voit bien qu’ils ont des émotions, des sentiments, qu’ils ne sont pas indifférents à ce qui les entoure et cherchent des réponses. Pour moi ce ressentiment venait de l’écriture, qui nous présente les personnages de façon un peu trop clinique par moment. Cela n’empêche en rien non plus de ne pas se trouver captivé par les différentes aventures qu’ils rencontrent, cela crée juste un léger décalage.

La plume des auteurs se révèle vraiment intéressante, soignée et surtout possède cette sourde angoisse qui transforme les personnages au contact de la zone visitée. Alors je l’ai dit, je l’ai trouvé parfois un peu froide et distante dans la présentation des personnages, mais elle n’empêche en rien de se laisser porter par ce roman original sur la venu d’extra-terrestres sur terre et de l’influence, d’un point de vue évolution et philosophie sur l’homme. Au final j’ai passé un bon moment de lecture avec ce roman, mais j’avoue ne pas non plus crier au chef-d’œuvre. Voilà un bon roman de science-fiction, avec des réflexions intéressantes qui se lit avec plaisir malgré des défauts.

En Résumé : J’ai passé un moment agréable de lecture avec ce roman qui nous plonge dans une histoire de SF différente, où la vie va être bouleversée par la visite éclair avec une race alien. Aucun contact n’a eue lieu et pourtant tout va changer. Un récit qui offre pas mal de réflexions intéressantes sur la place de l’homme, son rôle et son évolution. La Zone se révèle angoissante, où la mort règne à chaque pas et seul l’instinct permet de survivre. Les personnages sont vraiment complexes et soignés, mais ils m’ont paru un peu froid, ce que je trouve dommage. Autre point qui m’a dérangé, le fait qu’il n’y ait pas de véritable fil conducteur et aussi l’impression d’un rythme et d’une tension toujours égale de la première à la dernière page. La plume des auteurs se révèle vraiment travaillée et efficace. Un roman qui, pour moi, n’est peut-être pas un chef-d’œuvre, mais qui se laisse lire avec grand plaisir.

 

Ma Note : 7,5/10

 

Autres avis : Guu, Spocky, Miss Spooky Muffin, Vepug, …

Page 41 of 56

© 2010 - 2024 Blog-o-Livre