Catégorie : Science-Fiction Page 37 of 56

Drift – Thierry Di Rollo

driftRésumé : Le Drift est un titan. Un monument sans pareil, le condensé d’un million de volontés tendues vers un but non négociable : quitter une Terre à bout de souffle. Le Drift est une cathédrale, le temple des vanités humaines, l’iniquité usinée en matériaux composites. Le Drift est la porte ouverte aux étoiles, mais une porte que bien peu prendront. Car pour gigantesque que soit le Drift, les places à son bord sont limitées. Aux seuls Justes, aux puissants, aux privilégiés des cités-dômes. Le Drift est le dernier espoir pour l’humanité. Mais une humanité qui n’est plus celle de tout le monde, une humanité aux franges de l’immortalité, orientée, assistée, nano-contrôlée, au-delà de sa propre condition, résolue à abandonner son berceau sans retour possible, déterminée à embrasser l’espace…

Edition : Le Bélial’

 

Mon Avis : Thierry Di Rollo fait partie de ces auteurs dont j’entends énormément parler et souvent de façon plus que positive. Pour le moment je n’ai lu de lui que quelques nouvelles que j’ai toujours apprécié et qui m’ont clairement données envie de faire entrer certains de ses romans dans ma bibliothèque. J’ai d’ailleurs Bankgreen qui m’attend dans ma PAL.  Mais voilà pour une première lecture j’ai finalement décidé de commencer par Drift, déjà car il s’agit d’un one-shot, ensuite parce qu’il s’agit d’un Space-Opera et que dernièrement j’en lis facilement, mais aussi, il faut bien l’avouer, pour la magnifique couverture illustrée par Manchu qui donne très envie de le lire et de le découvrir.

Et finalement une fois la dernière page tournée il est quand même un peu trop simple de définir ce roman comme un simple Space-Opera, il se révèle bien plus que cela. C’est déjà un mélange des genres réussi entre SF, Space-Op’, Planet-Op’, Cyberpunk, western et autres courants qui nous offre ainsi, au final, une histoire qui se révèle clairement rythmé, entrainante et haletante avec son lot de rebondissements et de retournements de situations. On se retrouve ainsi à suivre Darker lors d’une mission pour un Juste (membre de la haute société) qui va finalement l’emmener beaucoup plus loin que ce qu’il pouvait imaginer, jusqu’au Drift et au-delà. Mais voilà l’auteur ne fait pas que nous construire un récit sombre, violent et terriblement efficace, non, il nous offre aussi une histoire intelligente qui cherche à nous faire réfléchir sur notre avenir, sur la condition humaine, nos envies et notre vision du monde.

Le récit peut ainsi être séparé en deux, voir en trois parties, la première se situe sur notre planète bleue où l’auteur nous présente une Terre a bout de souffle, complètement vidée, sucée par les humains de sa substance, qui survit comme elle peut et où les nouvelles technologies ont permis un clivage encore plus important de la population. Il y a donc les Justes, quasi-immortels grâce au traitement de jeunesse, qui vivent dans des villes-dômes et il y a les habitants des villes poubelles qui servent finalement de terrain de chasses la journée, limitant ainsi une population sur le bord d’exploser. Comment ne pas se sentir marqué à travers ce paysage finalement sombre, déprimant et pourtant tellement réaliste et humain d’un avenir possible où l’Homme ne se révèle n’être qu’égoïste, consumériste et qui se détruit à petit feu. La lutte des classes est ainsi devenue une chasse sanglante et les pauvres survivent comme ils peuvent, maintenus par les riches dans une dépendance liée à la drogue qu’ils fournissent en sous-main. La faune et la flore a été détruite pour ainsi être mieux remodélisé et correspondre parfaitement au plaisir des hommes. Au final une terre fascinante par son aspect sombre et destructeur, que l’on ne voudrait pas connaitre, mais qui est plus que plausible. Une première partie qui se révèle rythmé, pleine d’action et d’aventures et le tout rempli de technologies passionnantes à découvrir.

La seconde partie plonge elle dans le style Space-Opera, c’est la partie de l’espoir, certes monstrueux, mais de l’espoir d’une survie à travers le Drift, ce vaisseau qui propose d’emmener une partie seulement de l’humanité, bien entendu les Justes, vers une nouvelle planète, un nouvel horizon. On se retrouve alors embarqué dans une partie de changement qui se révèle peut-être plus émotive, introspective où chaque personne va tenter de changer de vie, où l’on découvre alors la peur des uns et des autres vis-à-vis du passé ou encore de l’avenir, des changements qui arrivent ou bien encore concernant la technologie à la fois parfaite et avec ses erreurs, ses approximations. Mais cet espoir se révèle vite teinté, les castes se révèlent toujours présentes, les clivages continuent à régenter l’ensemble. On dévoile ainsi des Justes indolents pour les basses besognes et remplis de préjugés. Mais le roman trouve son apothéose dans la troisième partie, plus Planet-Opera, que je vous laisse découvrir, mais qui nous rappelle de façon marquante que, finalement, l’humanité est, et restera, toujours fidèle à elle-même et qu’il va falloir énormément de temps avant qu’elle puisse évoluer.

Une des grandes réussites de ce roman vient aussi justement du fait qu’on change de monde, d’univers, de lieu, au fil des différentes parties du texte, cela permet à l’auteur ainsi de varier les cadres et les descriptions allant du très sombre, mais aussi le plus poétique et magnifique avec cette nouvelle planète à la fois sauvage et lumineuse. L’aspect technologique se révèle aussi soigné, extrêmement riche et envoutant, que ce soit dans les nanotechnologies, la possibilité de voyager dans l’espace, les modifications génétiques. Rien n’est jamais vraiment laissé au hasard par l’auteur, mais surtout l’ensemble se révèle finalement plausible et cohérent. Rien ne parait improbable, la preuve en est l’auteur ayant pris le postulat d’un vaisseau qui navigue à une vitesse lente au vu de l’univers, préférant prendre le postulat d’une jeunesse qui peut tendre vers le mutli-centenaire ce qui parait plus probable que de dépasser les lois de la physique et la vitesse de la lumière.

Le personnage de Darker joue aussi énormément dans le fait que je me suis retrouvé à tourner les pages. Il porte d’ailleurs bien son nom, se révélant être un héros sombre, sauvage, limite nihiliste, qui fait tout pour survivre et qui pourtant n’espère plus rien de la vie, encore plus depuis qu’il a perdu l’amour de sa vie. Un personnage que j’ai trouvé, malgré sa vision sombre et cynique de l’humanité, attachant à travers ses forces et ses failles, qui va évoluer de façon franchement intéressante et palpitante au fil des pages, cherchant à se construire une nouvelle vie, à se reconstruire au point d’en tomber dans la crédulité. Un personnage qui se révèle finalement humain avec ses périodes de doutes, ses réflexions et ses sentiments contradictoires. Le personnage se retrouve aussi clairement sublimé par sa quête pour ne plus être seul, une quêté d’un amour qu’il pensait avoir trouvé avec Kenny, qui lui a été enlevé et l’a rendu encore plus renfermé. C’est cette relation disparue, dévoilée par flashback qui fait qu’il nous touche encore plus, mais qui montre aussi a quel point on idéalise certaines choses, qu’on épure de ce qu’on ne veut pas se souvenir ce qui nous bloque dans les relations futures. La preuve en est ses différentes relations ensuite, entre le fait qu’il soit hanté par son ancienne compagne qu’il considère comme parfaite et aussi l’évolution de l’humanité sur le vieillissement, fait que rien n’est simple. Les autres personnages se révèlent eux aussi très attryants avec leurs forces, leurs faiblesses, leurs envies et leurs peurs et qui offre un panel large d’un point de vue psychologique.

La conclusion se révèle marquante et pourtant tellement logique nous proposant un message à la fois sombre, mais terriblement réaliste et qui ne peut que nous faire réfléchir et nous frapper. Le tout est porté par la plume de l’auteur qui se révèle sobre et terriblement efficace, sachant happer le lecteur dès les premières pages. Mon seul petit regret vient de la sous-intrigue concernant le vol d’ADN qui parait pourtant intéressante au début, mais qui finalement s’étiole au fil des pages, reposant je trouve sur une légère facilitée et qui se termine de façon trop convenue pour finalement me captiver. Mais franchement ce n’est que broutille tant ce roman a réussi à me marquer que ce soit par son message, ses aventures parfaitement rythmés, son aspect SF fascinant ou encore ses personnages touchants. Un excellent moment de lecture à découvrir selon moi. Je n’ai plus qu’à me pencher sur les autres livres de l’auteur.

En Résumé : J’ai passé un excellent moment de lecture avec ce roman qui, au final, propose bien plus qu’un simple Space-Opera. En effet l’histoire nous offre un mélange des genres fascinant qui nous plonge dans un avenir ou l’humanité touche à sa fin et va se retrouver à fuir à travers l’espace. L’histoire se révèle bien rythmé et les aventures du héros sont très entrainantes, maniant parfaitement les rebondissements et les retournements de situations. Mais ce roman en plus de nous happer et de nous faire voyager, propose aussi plusieurs réflexions passionnantes et posées de façon intelligente sur l’Homme, notre vie, notre avenir. L’univers construit est dense, foisonnant de lieu et de technologie qui donnent envie d’en apprendre plus. Concernant les personnages ils se révèlent soignés et riches, tous en quête de quelque-chose, avec leurs forces, leurs faiblesses, leurs envies et leurs peurs. Darker, le héros principal, se révèle clairement attachant et on suit son parcours avec grand plaisir. La plume de l’auteur est sobre et efficace. Je regrette peut-être juste une des petite sous-intrigue concernant le vol d’ADN qui démarrait bien mais c’est trop dilué au fil des pages pour complètement m’accrocher. Mais franchement rien de bien grave tant ce livre m’a offert une excellente lecture à la fois pleine d’aventures, marquante, réfléchie et poignante. Je lirai d’autres récits de l’auteur sans soucis.

 

Ma Note : 9/10

 

Autres avis : Hari, Plume, …

Blind Lake – Robert Charles Wilson

blind lakeRésumé : Utilisant une technologie quantique qu’ils ne comprennent pas totalement, les scientifiques des complexes de Crossbank et Blind Lake observent des planètes extraterrestres distantes de la Terre de plusieurs dizaines d’années-lumière. À Blind Lake, Minnesota, Marguerite Hauser s’intéresse tout particulièrement à un extraterrestre qu’elle appelle « le Sujet », mais que tout le monde surnomme « le homard », à cause de sa morphologie. Et voilà qu’un jour, personne ne sait pourquoi, le Sujet entreprend un pèlerinage qui pourrait bien lui être fatal. Au même moment, l’armée américaine boucle Blind Lake et instaure une quarantaine qui tourne à la tragédie quand un couple qui tentait de s’échapper en voiture est massacré par des drones de combat. Que se passe-t-il à Blind Lake ?

Edition : Denoël Lunes d’Encre
Poche : Folio SF

 

Mon Avis : Je me suis dernièrement rendu compte que cela faisait un petit moment déjà que je n’avais pas lu de livres de Robert Charles Wilson, auteur de Science-Fiction que j’apprécie énormément, proposant régulièrement des histoires soignées et efficaces avec des personnages qui se révèlent denses, riches et profondément humains ; ce qui fait la grande force de ses récits. Sachant que j’avais encore des romans de l’auteur qui trainait dans ma PAL je suis allé fouiller un peu et j’ai décidé d’en sortir ce Blind Lake, au quatrième de couverture accrocheur et à la magnifique couverture illustrée par Manchu.

Je dois dire que, une fois la dernière page tournée, je ressors avec un sentiment ambigu concernant ma lecture. Alors rien à dire, le roman se révèle intéressant et m’a offert un bon moment de lecture, mais plusieurs points me laissent perplexe, j’avoue. Concernant le récit l’auteur nous offre deux lignes de conduites principales celle liée à cette technologie quantique inexplicable qui permet l’observation de planètes alien et, plus précisément, un de ses membres appelé « le sujet », et une seconde à propos de cette quarantaine où on se retrouve à suivre différents personnages face à cet enfermement, cet isolement ainsi que leurs façons de réagir principalement devant l’absence d’information et l’incapacité de sortir sous peine de mort.

En soi l’histoire se révèle efficace et entrainante, jouant justement sur le mystère, le lecteur se posant alors énormément de questions, amenées de façon intelligente par l’auteur, et cherchant le lien qu’il peut y avoir entre le sujet, son observation, l’isolation de Blind Lake et le fait que les militaires abattent sans sommation toute personne qui cherche à sortir. La grande force du roman est justement qu’on ne sait pas vraiment où on va aller, mais le chemin pour y aller se révèle tellement malin et entrainant qu’on se laisse porter. La tension monte graduellement au fil des pages de façon réussie, ayant pour effet que le lecteur tourne les pages assez facilement pour essayer alors d’en apprendre et d’en découvrir plus. L’auteur sait garder son lectorat en alerte lâchant rebondissements et informations au bon moment et parfois de façon surprenante. L’ambiance se révèle, elle aussi, assez prenante avec ce sentiment d’enfermement, loin de toute communication, dans ce complexe, sans rien savoir, ce qui pousse les habitants cloisonnés à spéculer et à ne pas toujours dévoiler le meilleur d’eux-même.

Mais voilà deux points m’ont quand même dérangé. On se retrouve ici dans un univers futuriste, où les technologies ont fortement évolué et l’auteur chercher à nous livrer un récit tout de même un minimum scientifique, pourtant le principe de base de ce télescope quantique, qui se révèlent auto-évolutifs, d’une ne repose donc sur aucune véritable logique (mais cet aspect est encore négligeable) et de deux le fait que personne ne comprenne comment il marche me laisse terriblement perplexe sur le fait qu’ils soient donc si facilement acceptés utilisés. Je côtoie un peu le monde scientifique, il a l’habitude de chercher justement  le maximum possible pour en connaitre le fonctionnement évitant justement ainsi toute mauvaise surprise. J’avoue cela m’a rendu le postulat de départ un peu frustrant. Autre point qui m’a un peu surpris c’est l’aspect vase clos que met en place l’auteur, certes je l’ai dit, cela offre une ambiance assez stressante et prenante, mais l’ensemble n’explose jamais complètement non plus. On laisse plus d’une centaine d’hommes enfermé sans communication, loin de leurs familles et pourtant ils restent quasiment tous civilisés. Que personne ne tente de sortir je le comprends, vu que la mort parait inévitable, mais que personne ne craque psychologiquement ou autre à l’intérieur me paraît un peu trop gentil.

Concernant les personnages je dois bien avouer qu’il s’agit de nouveau d’une des grande réussites du roman, comme c’est souvent le cas avec l’auteur, même si je les ai trouvés légèrement moins bons que dans certains de ces autres romans. Pourtant les personnage présenté (mis à part un dont je reparlerai après) se révèlent profondément humains, avec une psychologie riche et soignée, que ce soit par exemple Chris le journaliste désabusé qui, suite à un livre polémique, se rend compte que le monde est beaucoup plus complexe qu’il le croyait ; Marguerite jeune divorcée qui cherche à reconstruire sa vie à Blind Lake, fascinée par le sujet, mais qui se retrouve à devoir lutter contre son ex-mari ou encore Tess la jeune fille renfermée, au bord de la folie face aux visions qu’elle a de son double appelé la « fille miroir ». Mais voilà malgré les héros fascinants que l’auteur dessine au fil des pages, j’ai quand même trouvé qu’il avait parfois un peu de mal à les caractériser, cherchant à trop en faire là où l’imagination devrait prendre la place, à trop les caractériser, ce qui les rend parfois un peu trop rigide. De plus je n’ai pas réussi à accrocher à l’un des personnage, Ray, l’ex-mari de Marguerite et le père de Tess. L’auteur cherche clairement à en faire le personnage ambigu, qui va sombrer au fil des pages, le soucis c’est que finalement il l’a rendu trop détestable. On se rend rapidement compte qu’il n’a que des défauts et les qualités qu’on nous présente, voir les motivations qui expliqueraient ce qu’il est manquent de force où sont retournés contre lui dans la foulée. Je n’ai jamais réussi à clairement le comprendre donc à m’intéresser à lui.

L’auteur n’oublie pas non plus d’essayer de nous faire réfléchir, de nous faire voir les choses de façon différente, comme par exemple cette idée sur la science sans réflexion qui se laissent dépasser par leurs inventions, car même si j’ai dis que le postulat me paraissait trop bancal présenté ici il n’empêche certaines observations et certaines remarques pertinentes et intelligentes. On trouve aussi des axes intéressants sur le côté froid de la science. Autre point, qu’on retrouve souvent chez l’auteur, c’est la découverte de cette vie alien à travers le sujet observé qui offre aussi son lot de révélations avec cette idée pertinente d’un quotidien répétitif et des modifications que peuvent apporter de ne plus se savoir seul dans l’univers. À noter d’ailleurs aussi l’aspect poétique de cette planète extraterrestre porté par des descriptions sobres et magnifiques d’un monde à la fois civilisé et sauvage qui m’a clairement donné envie d’en savoir plus.

Puis arrive cette conclusion et, j’avoue, je m’attendais à quelque chose de plus grandiose, je ne sais pas trop pourquoi, mais vu tout ce que mettait l’auteur en place je prévoyais une fin de haut vol. Alors attention, la fin est toute de même réussie et intéressante, mais voilà elle parait quand même légèrement convenue et surtout se résout un peu facilement. Une belle fin, ouverte, mais qui aurait pu être mieux je pense. Finalement cela résume bien aussi le livre, un bon livre, sympathique, mais qui aurait pu être supérieur, avec des défauts qui font que c’est loin d’être le meilleur Robert Charles Wilson. La plume de l’auteur se révèle par contre toujours aussi entrainante, fluide et subtile, sachant jongler entre thriller et SF et surtout entrainant finalement assez facilement le lecteur dans son histoire. Dans tous les cas je continuerai à me plonger dans les œuvres de l’auteur sans soucis.

En Résumé : Je ressors de ma lecture de ce roman avec un sentiment légèrement ambigu, j’ai passé un bon moment de lecture mais certains aspects m’ont laissé perplexe. L’histoire se révèle intéressante, efficace et entrainante jouant de façon réussie au fil des pages sur l’ambiance et la tension ce qui fait que le lecteur se retrouve rapidement happer. Le monde futuriste, les technologies ainsi que le monde alien se révèlent eux aussi de qualité avec même des aspects et des descriptions poétiques. Les personnages sont, comme souvent avec l’auteur, profondément humains et travaillés, même si par moment je les ai trouvés un peu trop figé. Par contre je n’ai jamais complètement accroché à Ray, trop désagréable. Mais voilà j’avoue avoir bloqué sur le postulat de base qui veut qu’on se serve d’une technologie quantique que personne ne comprend ni ne maitrise clairement, ce qui m’a paru un peu gros, et aussi le fait que les gens restent civilisé malgré près de six mois d’enfermement sans communications et loin de leurs familles. J’attendais aussi peut-être aussi un peu plus de la conclusion même si elle se révèle tout de même plutôt réussie et intéressante. La plume de l’auteur se révèle toujours aussi soignée, entrainante et fluide. Blind Lake est au final un bon roman de Robert Charles Wilson, mais loin d’être le meilleur. Je lirai sans soucis d’autres récits de lui.

 

Ma Note : 7/10

 

Autres avis : julien le naufragé, Nefertari, etc…

L’Opéra de Shaya – Sylvie Lainé

l'opera de shayaRésumé : So-Ann, née dans un vaisseau spatial, a du mal à s’habituer aux coutumes étranges et contraignantes des mondes où se sont établis les humains. Alors quand elle entend parler de Shaya, cette planète où la faune et la flore sont en totale empathie avec ses visiteurs, elle n’hésite pas une seule seconde. Mais en vérité, qui s’adapte à qui ? Quels mystères se cachent dans ce monde qui semble idéal ?
L’Opéra de Shaya est un space opera envoûtant et magique, accompagné de trois autres nouvelles tout aussi fortes et sensibles.

Edition : ActuSF

Mon Avis : Sortant tout juste de ma lecture de Marouflages, autre recueil de nouvelles de Sylvie Lainé, qui m’a fait passer un bon moment de lecture offrant des textes souvent humains, poignants et remplis d’émotions (chronique ici), je me suis rapidement décidé de découvrir le dernier recueil en date de l’auteur. Il faut aussi dire que la couverture, illustrée par Gilles Francescano, est vraiment superbe et donne envie de lire ce livre. À noter que ce recueil comporte une préface de Jean-Marc Ligny, quatre nouvelles ainsi qu’une interview de l’auteur.

L’Opéra de Shaya : Cette nouvelle, qui tend finalement plus vers la novella, nous plonge dans le quotidien So-ann qui est née dans l’espace et qui est à la recherche de la planète qui lui correspond, mais elle a du mal à s’intégrer face aux différentes lois et normes qui s’imposent à elle à chaque fois. Un jour elle va entendre parler de Shaya, planète qui s’adapte à l’arrivant et non l’inverse. Ce texte démarre de façon conventionnelle sur le thème du space-opéra avec des réflexions classiques mais solides sur le rapport à l’autre, mais c’est une fois sur Shaya qu’il prend clairement son envol. En effet le texte va se révéler alors passionnant à travers cette planète, que ce soit aussi-bien au niveau de cette flore et de cette faune qui s’adapte à l’ADN de l’héroïne, mais aussi à travers les habitants de la planète, leurs cultures, leurs traditions et leurs visions de la vie. Shaya se révèle tout d’abord, à travers les yeux de So-ann, fascinante et merveilleuse, un paradis, mais petit à petit l’auteur  va agrandir le spectre de sa vision et très vite on va se rendre d’un décalage, que quelque chose n’est pas tout à fait normal. La tension et le doute vont alors se glisser insidieusement au fil des pages et faire monter la tension pour offrir un final surprenant (et pourtant si logique), émouvant et poignant que je vous laisse découvrir. L’auteur nous offre ici des axes de réflexions captivants et réfléchis sur la possibilité ou non à deux cultures différentes, d’une de se comprendre, de deux de s’accepter et comme à son habitude elle le fait à travers des personnages attachants et touchants, mais qui ne possèdent pas obligatoirement le même prisme, ni la même vision de la vie venant d’idéologies différentes. Un texte magnifique, qui vaut à lui seul, selon moi, la lecture de ce recueil.

Grenade au Bord du Ciel : J’ai déjà lu ce texte, qui était initialement publié dans le recueil Utopiales 2013. Cette nouvelle lecture n’a modifié en rien mon appréciation de l’époque que vous pouvez retrouver ici.

Petits Arrangements Intra-galactiques : Cette nouvelle nous fait suivre un convoyeur spatial qui, lors d’une livraison de myrtille, tombe en panne ce qui l’oblige à rejoindre la planète la plus proche en attendant les secours. L’auteur décide de traiter cette découverte d’une nouvelle planète par l’humour, nous plongeant dans un univers chatoyant et absurde avec une faune et une flore complètement décalée. Notre héros va alors devoir donner le maximum de lui-même pour survivre. J’avoue cette nouvelle m’a fait sourire, mais c’est un récit que j’ai trouvé gentillet et qui sur l’ensemble du recueil me parait juste anecdotique et très courte. Elle reste plutôt sympathique à lire.

Un Amour de Sable : Cette nouvelle revient aussi sur la rencontre avec l’autre, mais de nouveau sur un angle complètement différent, en effet cette fois l’autre c’est un sable multicolore tout ce qu’il y a de plus basique. Ici la grande force du récit et de clairement jouer sur deux cultures, deux êtres différents qui sont totalement opposés et n’ont pas la compréhension ni le niveau nécessaire pour voir l’existence de l’autre, mais aussi le fait que l’auteur arrive à donner une voix différente à chaque entité, les hommes et le sable, le tout avec de l’humour et qui aboutit peu à peu à une conclusion glaçante, qui repose justement sur cette absence de capacité à communiquer et à se comprendre. Un très joli texte, réfléchi et efficace qui montre aussi que l’analyse scientifique ne fait pas toujours tout dans la découverte.

 

J’ai de nouveau trouvé la plume de l’auteur très poétique et surtout terriblement efficace pour attacher le lecteur à ses personnages ou pour lui offrir de nombreux axes de réflexions. J’ai aussi trouvé que ce recueil était plus scientifique que le précédent, les personnages restent très présents et importants, mais ne sont ici pas toujours le moteur du texte malgré qu’ils soient toujours attachants. Au final un excellent recueil qui mérite d’être découvert, il ne me reste plus qu’à me procurer les autres recueils qui me manquent.

En Résumé : J’ai passé de nouveau un très bon moment de lecture avec ce recueil de quatre nouvelles qui nous font réfléchir de façon passionnante sur le regard sur l’autre, les différences de cultures et leurs acceptations, mais aussi sur la communication et le langage. L’Opéra de Shaya est le gros morceau de ce livre, mais, rien que pour ce texte il mérite vraiment d’être découvert tant, malgré un démarrage assez classique, j’ai été touché par cette histoire, ses idées et ses personnages. Concernant les autres textes même si un m’a paru anecdotique les deux autres se révèlent efficaces et intelligents. Le style de l’auteur est toujours aussi poétique, soigné et brillante,  proposant des personnages attachants. Un recueil à découvrir selon moi. Il ne me reste plus qu’à faire entrer dans ma bibliothèque les autres recueils de l’auteur.

 

Ma Note : 8/10

 

Autres avis : Mariejuliet, Vert, Lorkhan, Tiger Lilly, Jeanne-A Debats, …

Marouflages – Sylvie Lainé

marouflagesRésumé : Sylvie Lainé se sert de la science-fiction pour décrire comment, avec brutalité ou avec bonheur, en jouant avec le mensonge ou avec notre propre vérité, nous inventons notre rapport à l’autre et notre propre vie.
À travers les trois nouvelles de ce recueil, elle nous rappelle que le chemin importe parfois plus que le but, qu’on peut vivre avec un amour perdu en apprenant simplement à marcher à la bonne cadence. Ses personnages nous enseignent de l’intérieur comment on construit ses vérités, couche après couche, comment s’enchaînent les conséquences… et à quoi peuvent conduire les meilleures résolutions.

Edition : Actu SF

 

Mon Avis : Je dois bien avouer que j’ai découvert la plume de Sylvie Lainé sur le tard, puisque le premier texte que j’ai lu de l’auteur fut la nouvelle publiée dans le recueil des Utopiales de l’année 2013 que j’avais considéré comme l’un des meilleurs du recueil. Au départ j’avais décidé de me lancer dans la découverte de nouveaux textes de l’auteur par ma lecture de L’Opéra de Shaya qui est entré dans ma PAL il y a quelques semaines, mais mon passage sur le stand ActuSF lors des dernières Imaginales a fait que je suis aussi repart avec ce recueil. Vu que j’ai un esprit cartésien et tordu qui aime faire les choses de façon chronologique j’ai donc décidé finalement de lire Marouflages. Ce court recueil comporte trois nouvelles.

Les Yeux d’Elsa : Cette histoire nous propose de plonger dans un monde futuriste ou les dauphins ont été modifiés génétiquement. Un échange apparait alors, si les dauphins ont besoin de l’aide des hommes ils devront alors en contrepartie travailler pendant une durée déterminée sur des chantiers qui se situent sur ou sous l’eau. Mais le contrat est bien entendu vicié. Charlie fait partie d’une équipe de secours de dauphins et sa vie va changer quand il va rencontrer Elsa. Sûrement la plus belle nouvelle de ce recueil, elle nous fait découvrir un amour impossible et obligatoirement tragique entre un homme et un dauphin, magnifiquement porté par la plume de l’auteur qui arrive à rendre cette relation étrange en quelque chose de touchant, fascinant et de poignant. Mais surtout on y retrouve une réflexion très intéressante sur la vision que chacun a de l’amour, de sa complexité et des concessions qu’il faut parfois faire pour réussir, Charlie fantasmant par exemple ici une relation parfaite se mettant des œillères dès les premières contrariétés et préférant fuir la réalité. Un amour doit être vécu dans les deux sens pour exister sous peine de s’étioler. Autre point que j’ai trouvé captivant c’est l’univers que construit l’auteur en toile de fond, un monde impitoyable qui nous fait réfléchir sur les conditions de travail et sur ce qu’est parfois prêt à faire l’Homme pour sa survie et son bien être, voir même pour conserver son travail. Au final une nouvelle clairement réussie et fascinante.

Le Prix du billet : Cette nouvelle nous fait découvrir Hera, prête à tout quitter pour rejoindre une communauté, qui va voir sa vision de l’avenir bouleverser par sa rencontre avec une jeune fille. Ce texte nous amène à réfléchir sur la position de chacun et surtout sur le besoin des autres pour exister et vivre, mais doit-on pour cela tout rejeter pour espérer une vie meilleure ? Nouvelle initialement publié dans le calendrier de l’avent de Reims, elle colle bien à la thématique de noël, avec cette remise en cause de soi, l’héroïne va alors se retrouver complètement chamboulée par une rencontre limite « magique » d’une personne aux visions complètement différentes. Hera se retrouve alors entre colère et soulagement et va se rendre compte que parfois le bonheur n’est pas là où on le croit. Mais voilà j’ai trouvé ce texte peut-être un peu court et surtout anecdotique, encore plus vu son positionnement dans le recueil après l’excellent Les Yeux d’Elsa, ce qui fait qu’il a eu un peu de mal à me marquer, même si je l’ai trouvé sympathique. Un texte vite lu, apprécié et tout de même vite oublié selon moi.

Fidèle à ton pas Balancé : Cette nouvelle nous plonge dans le quotidien d’un homme qui vient de rompe avec sa copine, Lou, et qui a du mal à s’en remettre se mettant alors à vivre la vie de son ex par procuration à travers des enregistrements de mouvements et de perceptions qu’elle a publiée sur le réseau. On se retrouve ici plongé dans une histoire de reconstruction, d’un homme qui a du mal à avancer, à évoluer, recherchant à ne retrouver que son ex sans se rendre compte de ce qui gravite autour de lui. C’est finalement à travers sa quête, condamnée d’avance, son besoin de changer pour retrouver ce qu’il a perdu, qu’il va finalement évoluer et se reconstruire effectuant des rencontres et des choix qui vont l’amener à retrouver la vie et le sourire, sans non plus oublier le passé. Un texte bien construit, que j’ai trouvé poétique et prenant, le tout magnifiquement porté par la plume superbe de l’auteur tout en nuance et en finesse. L’aspect technologique se révèle aussi intéressant par la réflexion qu’il apporte, montrant un besoin de s’identifier à d’autres, que ce soit humains ou animaux, à travers ses enregistrements qui permettent de ressentir au plus profond les mouvements. Un fort joli texte agréable, mais légèrement court peut-être.

 

Ce qui m’a marqué une fois la dernière page de ce recueil tourné, c’est la plume de l’auteur qui se révèle touchante et remplie d’émotion qu’elle arrive à partager au lecteur. En plus de nous proposer des textes où la technologie et l’imaginaire sont présents, elle nous offre aussi clairement des personnages qui se révèlent profondément humains et attachants que ce soit aussi bien dans leurs forces que dans leurs failles et leurs faiblesses, ce qui les rend attendrissant et fascinant ; on s’accroche à eux. Je trouve par contre dommage que la préface ne soit pas finalement une postface tant elle développe trop les textes qu’elle présente, ce qui peut légèrement gâcher le plaisir de la lecture et de la découverte. En tout cas je m’en vais de ce pas lire L’Opéra de Shaya qui m’attend dans ma PAL.

En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec ce recueil de nouvelle qui nous fait découvrir trois textes, pas tous au même niveaux, mais se révèlent tous profondément humains et touchants. Ce recueil mérite d’être découvert, selon moi, rien que pour Les Yeux d’Elsa qui se révèle être un texte magnifique et émouvant sur une relation impossible, tragique et improbable, même si au final il fait un peu d’ombre justement aux deux autres nouvelles. Au final ce recueil m’a aussi permis de découvrir la plume de Sylvie Lainé que j’ai trouvé clairement poétique et pleine de sentiments, mélangeant à la fois les aspects personnels avec des aspects technologiques et futuristes qui offrent aux lecteurs, premièrement, des réflexions vraiment intéressantes et passionnantes et deuxièmement des personnages terriblement attachants et poignants. Je m’en vais donc me lancer dans la lecture de L’Opéra de Shaya qui est dans ma PAL.

 

Ma Note : 7,5/10

 

Autres avis : Vert, Julien le Naufragé, Efelle, Shaya, …

Notre Ile Sombre – Christopher Priest

notre ile sombreRésumé : Je suis sale. J’ai les cheveux desséchés, pleins de sel, des démangeaisons au cuir chevelu. J’ai les yeux bleus. Je suis grand. Je porte les vêtements que je portais il y a six mois et je pue. J’ai perdu mes lunettes et appris à vivre sans. Je ne fume pas, sauf si j’ai des cigarettes sous la main. Je me saoule une fois par mois, quelque chose comme ça. La dernière fois que j’ai vu ma femme, je l’ai envoyée au diable mais j’ai fini parle regretter. J’adore ma fille, Sally.
Je m’appelle Alan Whitman… Et je survis dans une Angleterre en ruine, envahie par des populations africaines obligées de fuir leur continent devenu inhabitable.

Editeur : Denoël Lunes d’Encre (Paru le 13/05/2014)
Traduction : Michelle Charrier

 

Mon Avis : Christopher Priest fait partie des auteurs connus et reconnus dans le monde de la SF, ayant même eu la chance de voir une de ces œuvre adapté au cinéma : Le Prestige. Et pourtant, honte à moi, je n’avais encore jamais lu un seul de ces romans, malgré que certains m’attendent pourtant dans ma PAL. Donc quand on m’a proposé de découvrir le dernier roman publier de l’auteur, qui est en fait une réécriture du premier roman de l’auteur paru dans les années 70 : Le Rat Blanc, j’avoue que je me suis laissé tenter, surtout que le résumé annonçait un roman apocalyptique et que la couverture, illustrée par Aurélien Police, est, je trouve, vraiment magnifique.

J’avoue que dès les premières lignes je me suis retrouvé emporter par ce roman, en effet le récit ouvre sur une double présentation du héros, une avant la catastrophe et une après, la première le montrant comme un cadre moyen là où la seconde comme un sans-abri qui a tout perdu. Qu’est-ce qui a bien pu lui arriver pour qu’il tombe aussi bas? C’est là-dessus que l’auteur capte son lecteur, lui faisant tourner les pages de ce court roman pour savoir ce qui a dérapé, déraillé dans sa vie et à travers le monde. Surtout que l’auteur sait garder son lecteur en haleine, cassant son récit, mélangeant trois lignes temporels pour bien construire son personnage, découvrir son évolution au fil des périodes et surtout sa façon de voir le monde changer entre sa jeunesse, l’époque plus « adulte » où il est marié et père de famille et l’époque après cette grande catastrophe qui a obligé des millions d’émigrant à envahir l’Angleterre fuyant un pays complètement en ruine.

C’est finalement ce point qui fascine le plus dans le roman, cette lente plongée en abyme du héros principal, cette évolution qui va l’amener à rejeter le vernis qui faisait de lui un homme civilisé pour revenir vers ses plus bas instincts pour survivre. On sent ainsi au fil des pages monter la tension, ainsi qu’une ambiance, qui devient de plus en plus sombre et de plus en plus tragique d’un homme qui perd tout au fil des pages. Ce que j’ai trouvé aussi intéressant c’est que, pour un roman des années 70, il possède des aspects toujours aussi contemporains, nous présentant un protagoniste principal qui finalement ne s’intéresse que très peu et de très loin à la politique et considère que tout ne peut que s’arranger avec le temps ; le tout dans un pays où le nationalisme prend de plus en plus d’ampleur à travers une communication  efficace et agressive. Comment ne pas penser à ce qu’on voit parfois aujourd’hui. Cela amène donc obligatoirement à la réflexion sur notre façon de réagir face à une telle catastrophe, que ferions-nous?

Concernant les personnages, Alan Whitman ne manque pas d’intérêt et se révèle très intéressant à découvrir, se révélant le reflet global de la société aveugle et manipulé et dont on découvre au fil des pages son aspect humain, rempli d’émotions contradictoires. Pourtant il n’est pas non plus le personnage qu’on aurait pensé s’attacher, se révélant un adepte de l’adultère et limite obsédé par le sexe, il parait aux premiers abords légèrement antipathique, mais c’est la façon dont il avance le long du récit qui le rend captivant, sa façon de se rendre compte de ce qu’il gagne et qu’il perd, mais aussi des liens qu’il a lié et parfois perdu. Il se remet continuellement en question au fil de sa descente en enfer, sans prendre toujours les bonnes décisions. Le problème vient par contre des autres personnages qui ne sont là que pour faire évoluer le héros et rien d’autre, on ne sait quasiment rien d’eux et de ce qui les anime, que ce soit sa femme, sa fille ou encore Rafiq l’auteur reste toujours en surface, ne se servant d’eux que pour amener le changement d’Alan et c’est dommage je trouve, car certains auraient pu avoir du potentiel.

Concernant l’univers et tout le background que cherche à mettre en avant j’avoue qu’il reste assez classique, mais surtout reste ancré peut-être un peu trop dans les années 70. Il parle de pays africains qui se doteraient de l’arme nucléaire ce qui occasionnerait un conflit qui rendrait la vie sur le continent impossible, hypothèse qui parait peu plausible de nos jours. Alors bien entendu l’aspect intéressant n’est pas tant la cause que les conséquences, mais tout de même c’est un peu frustrant. L’auteur le dit lui-même dans la préface sa révision du texte ne portait pas sur le fond, mais sur la forme, donc pareil tout ce qui est aspect technologique se révèle aussi vieilli. Il est plus difficile d’imaginer de nos jours qu’une fois sorti de chez soi on se retrouve sans communication avec pour seul élément d’information une radio à piles, tout comme il est compliqué d’imaginer que certaines propagandes, mené par des groupuscules, que dévoile l’auteur puisse fonctionner avec les outils qu’on possède aujourd’hui. Cela ne dérange certes en rien et n’enlève pas la façon de réagir des hommes ainsi que les réflexions qu’il y a avec, mais le point de départ reste clairement d’époque. Concernant tout l’aspect politique et social, par contre, il se révèle intéressant et surtout permet à l’auteur de construire une ambiance de plus en plus angoissante et triste au fil des pages.

J’ai lu aussi, que ce soit dans la préface ou sur certains sites, que ce roman était considéré comme raciste, mettant en avant l’invasion des noirs sur l’Angleterre, je ne suis pas d’accord. L’auteur reste clairement neutre dans sa façon de présenter les choses, il ne fait pas de politique, cherchant simplement à montrer les conséquences de choix politiques. Pour cela il a donc imaginé un exode massif et il a choisi le continent Africain, mais cela aurait pu être aussi bien un exode américain, européen ou chinois l’effet aurait été le même. Comme je l’ai dit, ce que cherche à montrer l’auteur c’est surtout les conséquences, l’aspect guerre civile, la profonde dégradation d’un pays considéré comme civilisé qui retombe vers ses plus bas instincts ; que ce soit des deux côtés tout le monde est capable du pire. Cette constatation montre par contre une chose c’est que l’auteur a oublié justement de caractériser ses immigrants, de leur offrir de la profondeur et de l’humanité, excepté parfois à travers le regard du héros, ce qui fait qu’on a parfois du mal à les voir autrement que comme des envahisseurs, une force sombre sans visage, monstrueuse, qui fera tout pour survivre. C’est ce point qui fait que ce roman perd un peu de sa force, se révélant simplement sympathique là où il aurait pu être très bon, c’est de ne pas donner voix aux immigrants. C’est dommage.

La plume de l’auteur se révèle épurée, simple et neutre apportant une impression clinique de l’ensemble et ajoute ainsi une touche d’angoisse au récit. Mais voilà, on sent aussi ici qu’il s’agit d’un premier roman, l’auteur cherche par moment à trop en faire, donnant l’impression de foisonner d’idées sur certains aspects sans jamais les amener au bout et décide même de ne pas répondre parfois aux questions que se pose le lecteur. Au final on obtient un roman avec ses qualités et ses défauts, qui aurait mérité plus de développement tant certains aspects sont sans réponses,  mais que j’ai trouvé tout de même sympathique bien porté par cette réflexion efficace sur la perte du lien social face à un drame.

En Résumé : Finalement, ce n’est peut-être pas le plus grand livre catastrophe que j’ai lu, mais cela reste une lecture sympathique à découvrir avec de très bonnes idées.  L’histoire se révèle intéressante et l’auteur fait monter la tension de façon efficace au fil des pages. On suit avec intérêt la vie du héros, qui est loin du mec parfait, et surtout sa façon de réagir face à cette crise d’ampleur mondiale qui va bouleverser sa vie. Dommage que les personnages secondaires manquent clairement de profondeur. L’univers que l’auteur trace autour de l’histoire se révèle classique, solide, mais peut-être un peu vieillot avec cette idée de conflit nucléaire entre pays africains, conflit qui me parait de plus en plus improbable au jour d’aujourd’hui, et cet aspect technologique un peu dépassé. En fait le gros point qui dérange le plus dans ce roman c’est que l’auteur n’est pas plus caractérisé cette vague d’immigration, on comprend bien, face aux choix du gouvernement, pourquoi on en arrive au conflit, mais ils sont représentés plus comme une ombre que comme des êtres humains. De plus j’ai trouvé que l’auteur a parfois du mal sur certaines idées qu’il cherche à mettre en place. La plume de l’auteur se révèle neutre, simple et colle parfaitement au récit, même si on sent parfois on sent le côté premier roman. Au final un livre sympathique et qui se lit plutôt bien, je lirai d’autres récits de l’auteur.

 

Ma Note : 7/10

Hysteresis – Loïc Le Borgne

hysteresisRésumé : Le temps a filé depuis la Panique, la grande, l’incommensurable débâcle qui a couru sur le monde, balayant jusqu’au dernier rêve d’une humanité autocentrée… Le temps a passé, oui, et il a fallu reconstruire comme on a pu. Essayer, en tout cas, et au prix fort : celui du savoir, bien sûr, mais aussi celui de l’espérance… Et quand Jason Marieke arrive à Rouperroux, misérable village accroché à sa survie précaire, lui, l’ancien, celui d’avant la Panique, homme en quête doté de connaissances mystérieuses et aux questions qui dérangent, alors semble sonner l’avènement d’une ère nouvelle, celle des réponses et du cortège d’horreurs qui les accompagne…

Edition : Le Bélial’

 

Mon Avis : Ce livre me faisait envie depuis que j’ai découvert sa superbe couverture, illustrée par Aurélien Police, qui se révèle sombre et sauvage. Le quatrième de couverture, annonçant un roman post-apocalyptique, ainsi que les différentes chroniques que j’ai vu apparaitre sur internet ont ajoutés à mon envie de faire entrer ce roman dans ma PAL et de le lire rapidement, même si j’ai eu une légère appréhension sur le fait qu’il s’agissait du premier roman « adulte » de l’auteur plus habitué à écrire pour la jeunesse.

Finalement cette appréhension a très vite disparu et j’ai été rapidement happé par cette histoire d’un homme qui a traversé le monde pour rentrer chez lui et découvrir que son ancien village à complètement changer. Une histoire certes post-apocalyptique, mais concentré sur la vie d’un village, sur leurs évolutions et leurs façons de survivre, malgré un retour en arrière. Cela n’empêche pas non plus l’histoire de se révéler terriblement efficace, bien rythmé et entrainante. Je me suis retrouvé à tourner les pages avec plaisir et envie d’en apprendre plus sur la mystérieuse quête de notre héros qui va aussi soulever de nombreuses interrogations, ainsi que sur ce village à l’ambiance à la fois sectaire, sauvage et rempli de douleurs. L’auteur maîtrise parfaitement son histoire qu’il construit en trois actes, faisant monter la tension et les révélations au fil du récit de façon efficace et passionnante, avec son lot de surprises et de rebondissements. Le tout est aussi porté par une narration que j’ai trouvée intéressante, mélangeant le récit classique avec des morceaux de journaux intimes, variant parfois les points de vue, le tout mâtiné de chants et de poèmes par moment touchants, marquants, qui collent parfaitement au récit.

L’univers présenté se révèle lui-aussi parfaitement réussi, préférant se consacrer pleinement à la façon dont la civilisation à évoluer suite à la grande catastrophe plutôt que de se consacrer à la catastrophe elle-même dont on ne sait finalement pas grand-chose voir un road-trip. On se retrouve alors plongé dans un petit village, vivant comme au moyen-âge, vouant un culte aux arbres et haïssant leurs ancêtres qui ont laissé la planète mourir sans rien faire, ni réagir. Un univers très sombre où la violence et le rejet sont très présents, principalement vis-à-vis justement de ces anciens mais aussi de ceux qui ne respectent pas les règles. Un monde qui s’est finalement refermé sur lui-même, retournant vers le passé, mais aussi vers l’obscurantisme, reniant tout ce qui peut amener l’homme à réfléchir à posséder son propre point de vue et sans réfléchir non plus à l’idée que certaines évolutions et technologies peuvent être bonnes, rejetant tout cela. Mais c’est aussi un monde un peu mystique, un peu troublant, avec ces fées, que seuls les enfants ont l’air de voir, ces êtres mystiques qui considèrent toute avancée comme mauvaise et pouvant les tuer. L’auteur arrive facilement, avec des mots simples, à créer un parallèle fascinant et inquiétant entre ceux qui sont nés après la catastrophe et ceux qui ont connu le monde d’avant qui ont l’ancienne connaissance, l’ont jugée et veulent en récupérer le meilleur pour reconstruire. L’auteur démontre aussi que finalement l’Homme reste fidèle lui-même et qu’il est toujours prêt à tout pour conserver le peu de pouvoir qu’il possède et que tout ce qui vient ébranler ce socle lui fait peur.

Les personnages sont une des grandes forces du récit, se révélant profonds, riches et soigné, mais surtout se révélant finalement humains que ce soit aussi bien dans le meilleur comme dans le pire. Chacun possède ses propres raisons d’être ce qu’ils sont devenus, chacun a été obligé d’évoluer face à la peur et à la violence qui a pris le monde lors de la grande catastrophe. Mais surtout l’auteur nous montre une humanité aux multiples visages avec des hommes qui préfèrent garder le silence devant certains qui crient plus forts que les autres, des hommes qui ont peur, des hommes qui rêvent aussi ou encore des hommes qui ont une vision d’avenir. On retrouve aussi l’amour, un amour impossible et improbable qui ne tombe jamais dans la mièvrerie et vient apporter un léger rayon de soleil au récit.

Chaque personnages possède sa propre facette avec ses doutes et ses forces entre Jason le conteur qui par son chant , ses histoires et ses poèmes paraît un doux rêveur mais qui au final cache une certaine violence en lui, Romain le jeune narrateur qui ne sait pas trop où se situer et qui va se retrouver chambouler dans ses conviction par l’étranger ou bien encore Aurore la guérisseuse qui considère que le monde d’avant mérite d’être complètement oublié et qui cache une sombre colère, mais aussi les jumelles, Mélusine et Mélopée, qui vouent un culte aux fées et qui se révèlent à la fois dérangeante, surréalistes et parfois à la limite de la folie et de la manipulation. On se reconnait en partie dans chacun de ces héros qui nous font réfléchir sur l’avenir et sur nous-même.

Au final un très bon roman de post-apo, un peu intimiste, réfléchi et se révèle même; limite; un dernier appel sur un monde qu’on laisse mourir, même si finalement certains points m’ont quand même dérangés. Je pense principalement aux dialogues, le héros revient des USA et utilise donc facilement des expressions anglaises comme par exemple « Shit » dès qu’il y a un problème, mais voilà quand, vers la fin, tout va mal, et qu’on retrouve l’expression parfois utilisé 3 à 4 fois par pages ça devient lassant ; de plus l’auteur a une façon bien à lui de présenter les dialogues qui doit sûrement représenter une évolution de la narration, mais qui m’a laissé perplexe tout du long. Autre point qui m’a un peu frustré c’est la conclusion, elle monte clairement en tension au fil des pages, s’approchant de plus en plus de la limite de rupture entre deux visions  concernant l’évolution du monde, c’est sombre et parfois pessimiste, j’ai été vraiment pris dedans et là arrive un deus ex machina qui vient inverser la tendance. La conclusion reste bonne, mais pourquoi ce retournement de situation qui offre une fin un peu plus heureuse. C’est un choix de l’auteur, à chaque lecteur de voir ce qu’il en pense.

La plume de l’auteur se révèle fluide, efficace et nous entraine avec facilité dans ce village paisible qui cache de terrible secrets. Surtout il nous plonge dans un univers grave et fascinant, nous posant la question de savoir ce qu’on laisse aux générations futures et ce qu’elles vont penser de nous. À noter aussi que le roman porte bien son nom, finalement, je vous laisse découvrir pourquoi. Au final j’ai passé un très bon moment de lecture avec ce livre et je lirai sans soucis d’autres romans de l’auteur.

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec cette histoire post-apocalyptique qui nous plonge dans un village, aux abords paisibles, mais qui cache de terribles secrets. L’intrigue se révèle efficace et bien mené avec son lot de surprises, faisant monter la tension au fil des pages et happant le lecteur. L’univers construit se révèle sombre, sauvage, où l’humanité a régressée suite à une grande catastrophe et qui nous fait réfléchir sur le devenir de notre monde ainsi que sur la force, parfois facile, de l’obscurantisme sur les populations. Les personnages se révèlent denses, humains et surtout intéressants, on peut ne pas tous les apprécier, mais on les comprend. L’auteur offre aussi un parallèle saisissant entre l’ancienne génération qui a laissé faire, là ou la génération d’après est obligée de subir. Je reproche juste que l’auteur utilise un peu trop par moment des expressions anglaises, genre retrouver 4 à 5 fois « shit » sur une page, mais aussi une façon de présenter les dialogues qui ne m’a pas accroché et enfin je trouve légèrement frustrant le deus ex machina de fin. Rien de bien méchant non plus. La plume de l’auteur se révèle simple, efficace et entrainante captant le lecteur rapidement. En tout cas je lirai sans soucis d’autres récits de l’auteur.

 

Ma Note : 8/10

 

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