Catégorie : Science-Fiction Page 34 of 56

Mémoire des Terres Mortes – Claire & Robert Belmas

memoire des terres mortesRésumé : À quoi peut-on songer par une nuit d’éclipse, quand la lune est de sang et que la neige rouge crisse sous le pas ?
Jordan Kernel avance fermement sur le sol glacé. Ses implants rétiniens transforment la solitude noire de la forêt en un flamboiement écarlate. Dans la poche de sa tunique isolante, sa main s’appuie sur la crosse de son STS. Au-dessus de lui, le disque éclatant rutile du fond de l’abîme, tandis que scintille la flotte d’acier des stations solaires.
Oui, à quoi peut-on songer ?
Pas aux décombres inutiles d’une vie de cent dix ans béquillée par les traitements génétiques. Pas à l’histoire dont les vagues cycliques ont emporté les rêves de ceux qui ont vécu ici. Pas à ceux qui sont partis. Pas à ceux qui sont morts. Pas aux salauds. Pas aux saints.
On ne pense à rien, sauf peut-être à la rencontre toute proche qui comblera le vide de cette nuit glacée.
« Les terres dites mortes n’ont jamais été aussi pleines de vie. » Les Régulateurs le savent bien, eux qui ont tout sacrifié pour préserver l’intégrité de cet univers et la liberté de ses derniers habitants. Mais la Vague a déferlé, et la Mémoire du monde a basculé. Ceux qui se souvenaient encore des temps anciens ont vu la Mort fondre sur eux. Et l’Enfer était à ses côtés.

Edition : Rivière Blanche

 

Mon Avis : Je dois bien avouer que ce roman à un peu terminé sa course dans ma PAL par hasard. Ce fut lors d’une de mes nombreuses promenades dans la bulle des livres de la dernière édition des Imaginales que je suis tombé sur ce livre dont la couverture, illustrée par Jean-Félix Lyon, m’a immédiatement attiré et donner envie de me pencher dessus pour en apprendre plus. Après une discussion avec l’un des auteurs, qui m’a permis de mieux comprendre et définir l’univers développé ici, je me suis alors rapidement laissé tenter et fait rentrer ce livre dans ma PAL. À noter qu’il comporte neuf textes, qui suivent une ligne temporelle linéaire partant du 21ème siècle et sur plus de cent ans.

Ce livre est, certes, un recueil de nouvelles, mais un recueil de nouvelles imbriqués les unes dans les autres pour tisser une toile. On y retrouve ainsi régulièrement des personnages qui se croisent et nous dévoilent ainsi un peu plus à chaque fois les évolutions qui vont modifier leurs univers. Chacun des textes va alors nous faire découvrir ce fameux espace qui est appelé les Terres Mortes. Qu’est-ce que les Terres Mortes ? C’est bien simple les auteurs se sont basés sur un phénomène qui est de plus en plus constaté, la désertification de la campagne pour les grandes villes, et ont ainsi imaginé un futur clivé entre des hypers-villes et des zones où la nature a reprit ses droits et où seuls vivent des autochtones et des rejetés. À partir de là ils vont alors nous offrir de nombreux axes de réflexions intéressants que ce soit sur l’utilité qu’on fait de notre planète et de la place qu’on possède, sur l’exode de masse qui pousse les gens à s’agglutiner parfois dans de petits espaces souvent pour pas grand-chose, ou encore un vrai travail de fond sur l’Homme et sa capacité à tout faire pour retarder au plus tard le jour de sa mort, la technologie qui devient de plus en plus pointu mais qui n’est pas toujours maîtrisé ou bien aussi sur les aspects génétiques. Le point fort vient surtout qu’ils ne tombent jamais dans le côté binaire, aucune des réflexions proposés n’offre de véritables réponses, offrant ainsi des aspects positifs comme négatifs.

À partir de là on va se retrouver alors avec neuf textes différents qui vont aller du fantastique, à la science-fiction en passant par le polar, oscillant même quelquefois avec le frisson. Neufs récits qui, dans l’ensemble, se révèlent efficaces et entrainant, le tout à un rythme assez bien soutenu et sans temps morts. On découvre aussi ainsi des Terres Mortes qui, contrairement à leur nom, se révèlent luxuriantes, vivantes, sauvages, possédant beauté et violence, ainsi que des hyper-cités où le phénomène de classe s’est encore accentué, où une violence sourde et une haine se révèle toujours aussi présent dans les quartiers les plus bas, mais où, pourtant, un aspect assez fascinant se dégage quand même et donne envie d’en apprendre plus. C’est d’ailleurs une bonne idée de ne pas transformer la campagne en paradis et faire des villes des monstres, je trouve que cela offre une nuance supplémentaire. On se retrouve alors avec des récits qui se révèlent un minimum complexe et qui ne devraient pas laisser le lecteur indifférent, offrant finalement une humanité déconnecté, parfois futile, qui tourne aussi facilement en rond.

Alors après tout n’est pas non plus parfait, tous les textes ne sont clairement pas au même niveau et certaines se révèlent parfois un peu linéaire ce qui rend la conclusion moins percutante. Rien de bien bloquant non plus tant l’ensemble se révèle cohérent et entrainant. Autre point qui peut surprendre vient que les auteurs nous offrent un peu une SF qui possède un aspect légèrement surannée, un peu comme si ces récit avaient été écrit dans les années 80-90, rien de bien méchant, mais on y retrouve certains archétypes de l’époque principalement au niveau de certains personnages, comme cette dualité entre Kernel et Klapmann, ou encore sur les aspects génétiques. C’est parfois légèrement dérangeant, mais ne dérange en rien finalement la lecture.

Concernant les personnages, l’aspect intéressant de ces nouvelles c’est de faire revenir régulièrement certains des protagonistes et les faire se croiser au fur et à mesure des textes et des années. On les voit ainsi changer, évoluer et apporter alors des détails et réflexions intéressants sur leurs visions du monde qui change au fil du temps et des technologies. Après tous les personnages ne sont pas aussi fascinants à suivre au fil des pages, certains se révèlent vraiment entrainants et efficaces, là où d’autres, sans non plus se révéler complètement mauvais ou ennuyeux, tombent parfois un peu dans une légère caricature ce qui fait qu’on a un peu plus de mal à s’accrocher à eux.

La plume des auteurs se révèle entrainante, efficace et surtout s’adapte parfaitement aux différents récits qui oscillent dans les différents genres. Je regrette juste, peut-être, un certain détachement du style vis-à-vis des protagonistes ce qui donne parfois une impression de froid, comme un voile sur les émotions qui cherchent à être mis en avant, c’est parfois frustrant même si en rien gênant non plus. Au final j’ai passé un sympathique moment de lecture avec ce recueil de neuf nouvelles, dont le dernier texte ouvre d’ailleurs sur de nombreuses possibilités qui appellent une suite. Je lirai donc avec plaisir d’autres écrits des auteurs.

En Résumé : J’ai passé un moment de lecture très sympathique avec ce recueil de neuf textes, liés dans le temps, qui nous propose de découvrir les Terres Mortes, ces campagnes abandonnées à la nature suite à l’exode des populations vers les hyper-villes. Chaque texte possède sa propre histoire, son propre genre et peut se lire indépendamment des autres, même si l’ensemble forme un tout. Les auteurs nous offrent alors une réflexion intéressante sur de nombreux sujets sans tomber dans le binaire tout en nous proposant des récits entrainants et efficaces. Les personnages se révèlent intéressants avec des aventures entrainantes, même si tous ne sont pas toujours attachants. Alors après tous les textes ne sont pas au même niveau, certains se révélant aussi linéaires mais rien de non plus bloquant. La plume se révèle un minimum soignée et rythmée, s’adaptant à chacun des récits même si je l’ai trouvé un peu détaché concernant les personnages. En tout cas je lirai sans soucis d’autres textes des auteurs.

 

Ma Note : 7/10

Nexus – Ramez Naam

nexusRésumé : 2040. Le monde est plus que jamais en proie aux dérives technologiques. Les agences gouvernementales sont déterminées à éradiquer toutes les recherches scientifiques pouvant constituer un danger pour l’humanité. Parmi ces menaces : NEXUS, une nano-drogue qui permet à ses consommateurs de connecter leurs cerveaux.
Kade, un jeune et brillant biologiste, considère cette drogue comme un immense progrès pour la société, offrant des possibilités de communication illimitées. À l’aide d’une poignée d’amis, et malgré l’illégalité d’une telle entreprise, il parvient à l’améliorer. Mais ses recherches attisent bientôt les convoitises…

Edition : Presses de la Cité

 

Mon Avis : Ce roman n’a pas fini sa course par hasard dans ma bibliothèque. Il avait de quoi me plaire avec un résumé de Science-Fiction très cyberpunk, accès sur la technologie et l’Homme. Le genre d’histoire qui m’accroche assez facilement. Ajouter à cela une couverture qui se révèle intrigante avec son aspect tablette de médicaments qui offre son lot de questions, j’avais donc hâte de voir ce que pouvait proposer ce récit. Par conséquent quand Babelio a proposé de le découvrir j’ai décidé de tenter ma chance. Je remercie donc Presse de la Cité et Babelio pour m’avoir permis de lire ce livre. À noter qu’il a aussi gagné le Prometheus Award 2014.

Nexus nous propose donc de plonger dans un monde futuriste où les technologies ont continué à se développer rapidement au point qu’il est maintenant possible de connecter les cerveaux ensemble. Elle a d’ailleurs tellement évolué que les gouvernements ont été obligés de mettre en place des lois très stricte face aux dérives qui sont apparus. On se retrouve alors à suivre Kade, petit génie du Nexus, cette drogue qui permet de connecter les hommes, qui va devoir tout faire pour survivre et avancer au milieu de complots qui le dépasse complètement. S’il y a bien une chose qu’offre ce roman c’est un rythme soutenu, sans temps-morts et terriblement efficace, qui fait que le lecteur est rapidement emporté par le récit. Une histoire qui se révèle entrainante avec son lot d’actions, d’explosions, de rebondissements et de surprises, dont l’auteur maitrise assez efficacement l’ensemble pour ne jamais tomber dans l’ennui ou dans un aspect attentiste qui pourrait casser cette tension. Kade se retrouve, certes grâce à une petite facilité scénaristique au départ, emporté dans un univers qu’il ne maitrise pas rempli de violence, de haine, de trahison et où chacun ne voit au final que son propre intérêt.

J’avais, j’avoue, une certaine attente concernant l’univers de ce livre. La présentation très cyberpunk, ajouté au fait que l’auteur soit aussi ingénieur informaticien, laissait présager quelque-chose que j’espérais efficace, et je n’ai pas été déçu. L’auteur nous offre ainsi un futur qui ne manque pas d’attrait, principalement du point de vue technologique, qui se révèle soigné, solide et intéressant tout en restant compréhensible. Entre drogue, nanotechnologie, biotechnologie, armes améliorés, camouflages et tout ce qui peut apporte des évolutions, en bien et en mal, que ce soit pour la société comme pour l’homme on sent que l’auteur a un minimum réfléchi au sujet. En plus l’ensemble reste cohérent vis-à-vis de l’actualité dans la société et aux dernières innovations et études qui sont en cours. D’ailleurs l’auteur nous offre des explications à la fin du roman sur ces sources d’inspiration ce qui, je trouve, apporte un plus. Un futur qui est donc plus que plausible et qui ne manque pas d’attrait. J’ai par contre légèrement moins accroché aux aspects géopolitiques qui nous sont offerts. Déjà l’auteur a décidé de réinventer un semblant de « guerre froide » entre les USA et la Chine, ce qui m’a paru simpliste, mais surtout tombe un peu facilement dans la théorie du complot ou tous les États sont pourris et ne cherchent qu’à s’approprier ces technologies pour son propre avantage tactique. Alors je ne dis pas qu’un gouvernement c’est bisounours-land, ne me faite pas dire ce que je n’ai pas dit, juste que cela manque un peu de finesse et donne un peu trop l’impression de tomber parfois dans la caricature. Rien de non plus trop bloquant, mais parfois frustrant, surtout que l’auteur utilise en plus un peu trop les briefings pour poser sa politique.

Concernant les personnages ils sont un minimum soignés et font un peu plus que nous entrainer dans leurs aventures. Que ce soit Kade, le héros principal, scientifique de génie, qui a pour but d’améliorer la vie des gens, essayer de les rendre plus heureux, mais à l’éthique parfois un peu trop gentillette surtout dans le monde où il vite, mais aussi Sam l’agent du gouvernement qui possède ses convictions, ses propres expériences et qui, comme souvent, possède un lourd secret que le lecteur voit arriver quasiment dès le début du roman et comprend donc comment elle va évoluer dans les grandes lignes ce qui ne l’empêche pas de se révéler intéressante, ou bien encore Becker qui lui par contre tombe dans la caricature du patron d’une agence gouvernementale mégalo, paranoïaque et sans finesse chacun apporte sa contribution à l’évolution de l’intrigue. Franchement on pourrait avoir l’impression que je n’ai pas apprécié les personnages, ce qui est faux, ils remplissent parfaitement leurs rôles et certains passages nous les rendent vraiment attachants, les méchants offrent de quoi s’inquiéter concernant les héros ainsi que des scènes pleines de tensions, mais voilà ils ne révolutionnent pas non plus le genre et se révèlent parfois un peu trop linéaires.

Là où par contre je ressors un peu déçu une fois la dernière page tournée c’est concernant les aspects philosophiques qu’essaye de développer l’auteur au fil des pages. Il y a clairement de quoi travailler, que ce soit sur la différence entre post-humain, humain et trans-humain pou encore sur la liberté de chacun et la définition même d’humain ce livre ne manque pas de questions. Et pourtant à chaque fois qu’il essaie d’entrer dans le débat ou d’amener des personnages à discuter de ces questions on a vraiment l’impression de tomber dans la philosophie de comptoir avec même les partisans du blanc d’un côté et les partisans du noir de l’autre. L’auteur cherchant plus, finalement, à offrir un techno-thriller haletant qu’à vraiment travailler ses réflexions. Rien de non plus bloquant, mais quand je vois que le quatrième de couverture offre une citation d’Alastair Reynolds qui annonce un roman qui ose regarder le futur droit dans les yeux, je me demande quelles sont les dernières lectures de cet auteur. Donc si vous cherchez une lecture plus profonde sur l’influence des évolutions sur l’homme passez votre chemin. D’ailleurs ce n’est pas pour rien que ce roman va être adapté au cinéma.

La plume de l’auteur se révèle simple, efficace et entrainante avec surtout une capacité à rendre toutes les innovations palpables. Finalement j’ai passé un bon moment avec ce roman, malgré le fait qu’il se révèle moins profond que mes attentes initiales. En tout cas je lirai la suite sans soucis histoire de savoir ce qui va nous être offert par la suite.

En Résumé : J’ai passé un moment de lecture très sympathique avec ce livre qui nous offre une histoire efficace, sans temps-morts, pleine d’adrénaline et le tout sous un rythme soutenu, offrant de nombreux rebondissements et de nombreuses surprises. L’univers développé est efficace, principalement d’un point de vue technologique bien porté par toutes ces évolutions, même si je l’ai trouvé un peu simpliste concernant ses aspects géopolitiques. Les personnages remplissent parfaitement leurs rôles, faisant avancer l’histoire de façon fluide et se révélant un minimum attachant, même si parfois il faut bien l’avouer ils tombent un peu dans la caricature. Mon soucis vient finalement de l’aspect philosophique de ce roman qui pose pas mal de questions, mais l’ensemble parait toujours traiter qu’en surface, n’évitant pas parfois la philosophie de comptoir manichéenne. On sent que l’auteur préfère mettre en avant l’aspect techno-thriller haletant, c’est un choix, mais si vous cherchez quelque chose de plus profond il vaudrait peut-être mieux éviter ce livre. Par contre, si vous cherchez plus le côté explosif et futuriste alors tenter votre chance. La plume se révèle simple, entrainante et efficace et m’a donné envie de lire la suite, qui devrait d’ailleurs prochainement sortir en VO, pour en apprendre plus.

 

Ma Note : 7/10

La Grande Route du Nord, Tome 1 – Peter F. Hamilton

la grande route du nord 1Résumé : Newcastle-upon-Tyne, 2143. Ville rendue florissante par le portail transspatial donnant accès à la planète St Libra et à son précieux biocarburant, elle devient le lieu d’un meurtre brutal. La victime est un clone appartenant à la richissime famille North et la méthode employée ressemble étrangement à celle d’un massacre commis sur St Libra vingt ans plus tôt. Tandis que l’inspecteur Hurst mène son enquête, les autorités rouvrent le dossier Angela Tramelo, condamnée à perpétuité pour le premier crime. Selon elle, le véritable coupable serait d’origine extraterrestre. L’ Alliance pour la défense de l’humanité décide d’envoyer une mission scientifico-militaire à travers le portail.
Mais alors que l’expédition s’isole dans la jungle hostile, ses membres meurent les uns après les autres…

Edition : Bragelonne
Poche : Milady

 

Mon Avis : Peter F. Hamilton fait partie de ces auteurs dont je découvre doucement la bibliographie. Certes cela n’a pas toujours été couronné de succès, les Greg Mandel 2 et 3 m’ayant laissé plus que perplexe, mais je dois bien admettre que l’auteur possède une sacrée imagination et offre des aventures qui se révèlent régulièrement efficaces. Pour le moment je ne me suis pas encore lancé dans un de ses grands cycles dont j’ai entendu beaucoup de bien, me contentant de one-shot, nouvelles, ou de « petites » séries. C’est donc sans surprise que j’ai sorti le premier tome de ce diptyque de ma PAL. D’ailleurs pour la petite histoire, ce roman est sorti en VO en un seul tome, mais une fois traduit, devant plus de mille pages, l’éditeur à décidé de le couper en deux tomes. Je ne commenterai pas cette décision, elle a ses raisons et ses défauts, mais j’y reviendrai plus tard, car elle va avoir une influence selon moi. La couverture, illustrée par Fred Augis, se révèle très sympathique.

Ce roman nous plonge donc en 2143, à Newcastle-upon-Tyne, où l’assassinat d’un des clones North, l’une des familles les plus puissantes, va bouleverser ce qui devait n’être qu’une simple enquête de police. En effet le mode opératoire et l’arme utilisée n’est pas sans rappeler un autre massacre chez les North, vingt ans plus tôt sur la planète St Libra,  et qui a amené à la condamnation d’Angela Tramelo, qui a pourtant toujours clamé son innocence, accusant un coupable d’origine extra-terrestre. Le tout se situant sur fond d’invasion des Zanth, une race alien, sur différentes planètes colonisées par les humains. L’auteur nous propose alors une intrigue qui va se révéler complexe, mélange de différentes sous-intrigues qui ne paraissent pas toujours s’imbriquer au premier coup d’œil dans le puzzle qui se construit, mais qui, petit à petit au fil des pages, commence à dessiner une image beaucoup plus dense et sophistiqué qu’imaginé au départ. L’ensemble ne manque pas de jouer avec le lecteur, entre fausses pistes et révélations, on se retrouve un minimum emporté par cette histoire, espérant en apprendre plus sur les nombreux mystères qu’elle cache. De nombreuses questions sont posées qui viennent chatouiller le lecteur et lui donner envie d’en découvrir plus.

Une des grandes forces du récit vient principalement de l’univers que construit l’auteur. Il fait clairement penser à l’univers du Commonwealth développé dans d’autres récits, mais pourtant se révèle différent et parallèle par de nombreux aspects et de nombreuses évolutions. L’imagination de l’auteur se révèle débordante, voir même sans limite, que ce soit d’un point de vue des nombreuses technologies qu’il propose, comme par exemple le maillage qui permet de surveiller toute la ville par vidéo interfacée et qui n’est pas sans rappeler la folie de Londres à tout vouloir contrôler par caméra, mais aussi ses ie qui permettent de toujours rester connecter ou ses portails pour traverser les mondes ; ou bien encore à travers les descriptions qu’il nous offre et qui se révèlent toujours assez fascinantes et même souvent magnifiques, que ce soit devant les villes imposantes ou encore à travers les nouvelles planètes intrigantes avec leurs faunes et leurs flores qui sont uniques. Surtout l’ensemble reste facile d’accès et compréhensible pour toucher un maximum de lecteur. La vision du futur qui nous est offerte se révèle clairement intéressante et cohérente, exacerbant certains aspects politiques et financiers bien présents de nos jours avec ce côté très libéral, où les riches font tourner le monde en donnant l’impression d’avoir une conscience alors qu’ils pensent surtout à leurs fortunes. Pareil pour tout ce qui concerne la politique, l’ensemble est toujours aussi vicié par les pots de vin et l’incapacité à se mettre d’accord. Un avenir qui possède ses défauts et ses qualités, même si parfois, c’est vrai, l’auteur tombe un peu dans la caricature. Par contre je regrette que l’auteur se répète régulièrement au niveau des descriptions, on a l’impression d’avoir toujours le même ciel par exemple, mais bon rien de dérangeant.

Le principal soucis de ce récit vient finalement du fait qu’il prenne son temps pour installer son histoire. Franchement les 260 premières pages, sans se révéler non plus totalement mauvaises, auraient pu être facilement tronqués d’une partie rendant l’ensemble plus vivant. Il faut dire aussi qu’on se concentre principalement sur cette fameuse enquête de police, la partie sur Saint Libra à la recherche de ce possible alien ne débutant vraiment qu’en seconde partie. Pas que l’enquête soit désagréable, juste qu’on cherche à montrer que ce genre de travail ne se fait pas facilement, que ça prend du temps, relever tous les indices, les lier entre eux, respecter la procédure au maximum ou encore éliminer toutes les fausses pistes ; mais voilà il n’y avait pas que les héros qui se sentaient frustrés de ne pas avancer, le lecteur aussi le ressent parfois. Ensuite, l’auteur se laisse un peu aller aux répétitions et surtout au flashback. Dès que la tension grimpe, qu’une révélation va se faire, pour gagner du temps on nous offre un flashback, autant parfois cela apporte un plus, autant à d’autres moments j’ai eu du mal à accrocher. Justement, je reviens sur le découpage du livre, car un début trop lent et parfois long de 260 pages sur 1000 pages ça peut ne pas se ressentir une fois la dernière page tournée, la même chose sur un tome de 520 pages, soit près de la moitié du roman, ça peut amener certains lecteurs à ne pas se laisser tenter par la suite, malgré le fait que l’ensemble se laisse lire, se révèle divertissant et surtout annonce une suite qui parait plus soutenue. C’est dommage.

Concernant les personnages ils ne manquent pas d’intérêts et d’attraits et se révèlent intéressants à suivre et à découvrir même si je trouve que dans ce premier tome il manque un minimum de personnages charismatiques ; un personnage qui pourrait nous happer, nous fasciner. L’auteur essaie bien de nous offrir Angela Tramelo, héroïne qui a passé vingt ans en prison pour un crime qu’elle n’aurait pas commis, libéré pour traquer le véritable assassin et qui a la vengeance cramponné au corps. Une sorte de femme fatale. Mais voilà pour une fille qui sort d’enfermement depuis vingt ans, je l’ai trouvé un peu trop gentillette, même si elle a le potentiel pour offrir plus par la suite et un background qui annonce un personnage plus complexe qu’on peut le croire. Le Policier Sid Hurst se révèle assez classique dans sa présentation et sa façon de voir les choses, mais offre un point de vue intéressant sur la façon de survivre dans ce futur qui n’est pas toujours si glorieux, où chacun cherche à se couvrir, où l’argent se révèle toujours le nerf de la guerre et où une telle enquête peut amener autant la gloire que la fin d’une carrière. Concernant les autres protagonistes, ils ne sont pas mauvais, mais certains tombent clairement dans la caricature. Je pense principalement à certains membres de l’ADH, organisation militaire.

La plume de l’auteur se révèle toujours aussi simple, efficace et entrainante, nous plongeant efficacement, comme souvent, dans des univers chatoyants et offrant des idées efficaces. Alors, c’est vrai que la moitié de ce tome aurait mérité un travail éditorial différent, dont quelques coupes, mais dans l’ensemble ce premier volume se révèle tout de même sympathique, divertissant et se lit assez facilement pour me donner envie de lire la suite pour savoir ce que peut bien nous cacher l’auteur.

En Résumé : J’ai passé un sympathique moment de lecture avec ce premier tome qui nous propose une histoire aux multiples lignes d’intrigues qui, au fil des pages, dessinent une image complexe et efficace. On se laisse porter assez facilement par ce récit, mélange de policier et de Science-Fiction, qui nous plonge dans un univers efficace et bien porté par l’imagination fertile de l’auteur, que ce soit d’un point de vue technologique comme des descriptions des lieux et des planètes visitées. Je regrette par contre un démarrage un peu lent, et parfois un peu long, qui prend clairement son temps et aurait peut-être mérité un travail éditorial différent. Surtout que, selon moi, ces longueurs se font plus ressentir encore du fait que le livre ait été coupé en deux pour sa sortie en France ; à voir avec la lecture du tome 2. Concernant les personnages ils se révèlent agréables à suivre et à découvrir, mais il manque, je trouve, des personnages vraiment charismatiques, mais dont certains possèdent le potentiel pour le devenir. Concernant les personnages secondaires ils sont plutôt efficaces même si certains, principalement chez les militaires, tombent dans la caricature. La plume de l’auteur se révèle toujours aussi simple, efficace et entrainante malgré, c’est vrai, quelques répétitions et quelques longueurs. Au final un premier tome sympathique, sans non plus se révéler exceptionnel, mais qui me donne envie de lire la suite, malgré ce léger accroc au démarrage.

 

Ma Note : 7/10

La Longue Terre, Tome 1 – Terry Pratchett & Stephen Baxter

la longue terreRésumé : Dans les vestiges calcinés du domicile d’un scientifique discret, l’agent Monica Jansson découvre un curieux gadget : un boîtier abritant du fil de cuivre, un commutateur et… une pomme de terre. Ce « Passeur » est la porte d’entrée universelle que tout un chacun peut fabriquer pour accéder à une infinité de Terres parallèles sans présence humaine : il suffit d’un pas, un seul pas, vers l’est ou vers l’ouest.
La découverte de cette « Longue Terre » sans limites va bouleverser à jamais l’humanité. Si une ère nouvelle s’ouvre aux pionniers, les gouvernements sont moins enthousiastes à la perspective de tous ces mondes incontrôlables. Et que de questions sans réponse !
Auxquelles certains vont s’atteler. La plus improbable des missions d’exploration se prépare. À bord d’un dirigeable prennent place Josué Valienté, un jeune homme doué du talent de passer d’un monde à l’autre sans assistance mécanique, et Lobsang, une intelligence artificielle extravagante qui fut un réparateur de motocyclettes tibétain dans une vie antérieure. Un voyage aux confins de la Longue Terre les attend…

Edition : L’Atalante

 

Mon Avis : Ce livre n’a pas fini dans ma PAL par hasard. Quand deux grands noms de l’Imaginaire anglais tels que Terry Pratchett et Stephen Baxter s’associent pour écrire un roman, il y a de quoi me donner envie de le découvrir, même si c’est vrai avec tout de même une légère crainte, tant les deux auteurs n’ont pas obligatoirement le même registre. Puis pour des raisons obscures il s’est mis à trainer dans ma PAL, à se cacher et il a fallu attendre l’annonce des nominés pour le prix Julia Verlanger pour que je me décide à le découvrir. À noter une couverture, illustrée par Raphaël Defossez, que je trouve plutôt sympathique et intrigante.

L’histoire démarre sur une idée de base assez simple, loufoque et pourtant terriblement efficace. En effet on découvre qu’il est possible de voyager dans les univers parallèles, et cela avec un simple boitier électronique qu’on fabrique soi-même et qui utilise comme pile une pomme de terre. Bien des années après cette découverte, la Terre se retrouve en pleine mutation. Josué, passeur-né, est alors contacté par une Intelligence Artificielle, Lobsang, pour entreprendre un voyage aux confins des univers parallèles et ainsi essayer d’en apprendre plus d’un point de vue scientifique sur l’histoire de la Terre, son évolution, sa faune et sa flore. Sur le papier il y a donc de quoi me faire rêver, en effet on y retrouve la capacité de faire voyager le lecteur de Baxter, avec l’humour de Pratchett et cette idée de patate comme vecteur pour voyager. Pourtant, une fois la dernière page tournée, je dois bien avouer que, même si je ne me suis pas ennuyé et trouvé l’ensemble plaisant, j’ai eu l’impression d’avoir entre les mains un tome d’introduction assez contemplatif.

Pour faire simple j’ai trouvé que ce premier tome manquait d’un peu de rythme et de surprises. Déjà le démarrage de l’histoire m’a paru un peu confus, donnant l’impression de partir dans tous les sens. Pour expliquer les avantages et les conséquences de ce voyage dans les univers parallèles les auteurs se sont mis à multiplier les points de vue, ce qui, je trouve, n’est jamais une bonne chose, surtout quand ces protagonistes n’apportent rien par la suite, tout du moins dans ce premier tome. Cela donne plutôt l’impression au récit de prendre son temps, voir aussi de se révéler un peu répétitif, même si c’est vrai, cela permet aussi de dévoiler une partie des nombreuses possibilités qui s’ouvre à l’humanité. Que ce soit pour son enrichissement personnel ou le développement à travers une communauté, l’Homme peut dévoiler le pire comme le meilleur. La suite se révèle plus intéressante, une fois le départ du voyage que vont effectuer nos héros aux travers des nombreuses Terres, l’ensemble gagne en intérêt et surtout permet aux auteurs de développer de nombreuses idées, que ce soit aussi sur les différentes transformations qu’a pu connaitre notre planète devant ces multiples possibilités, comme sur les nombreuses conséquences que cela va avoir sur notre société que ce soit à travers l’exode massif, la dévaluation des différents cours boursiers, ou bien encore la grogne et la dissension qui va apparaitre.

Ce qui rend d’ailleurs ce voyage un peu plus fascinant c’est justement l’aspect aventure et découverte qui s’en dégage. On a l’impression de visiter des centaines de mondes qui possèdent tous leurs propres faunes et leurs propres flores. L’imagination des auteurs parait alors sans limite devant les yeux et l’imagination du lecteur, le tout bien porté par des descriptions efficaces de monde sauvages et magnifiques. L’aspect technologique est aussi intéressant à découvrir et apporte un plus. C’est fluide, on tourne les pages avec un minimum de plaisir se mettant un peu dans la peau d’un explorateur qui se retrouve plonger à chaque fois dans nouveau monde. C’est d’ailleurs cette capacité de création et de foisonnement qui rend cette seconde partie du roman plaisante, plus en tout cas que la menace qui essaie de s’imposer alors, mais qui manque quand même de force. Le lecteur n’ayant jamais le sentiment d’être intimidé, dérangé, ce qui est quand même dommage. Mais voilà malgré ce côté plaisant et passionnant à découvrir je n’ai jamais été non plus emporté par le récit. Cela se lit facilement, c’est divertissant et sympathique, on retrouve quelques réflexions intéressantes et une fois dedans on tournes les pages avec plaisir, mais voilà j’aurai pu arrêter de lire ce livre pendant un moment que cela ne m’aurait pas dérangé plus que cela, ne ressentant jamais ce besoin de me replonger dedans pour en apprendre plus, d’être happé. Il y a bien une envie de complexifier le tout avec une sous-intrigue plus prenante sur des clivages politiques et sociologiques qui aboutissent à une conclusion explosive et surprenante, mais elle arrive sur le tard et manque encore un peu de mordant. On a l’impression que ce roman est plus un tome d’introduction, il vient simplement poser les éléments pour la suite. Par conséquent, sans être mauvais j’ai eu du mal à me sentir fasciné.

Concernant les personnages ils ne manquent pas d’intérêt et remplissent parfaitement leurs rôles d’aventuriers, rendant vivant leurs expéditions. On les suit avec plaisir et un minimum d’envie d’en apprendre plus, que ce soit Josué héros taciturne et solitaire qu’on découvre au fil des pages et qui a l’air d’être la clé du voyage, ou encore Lobsang Intelligence Artificielle, qui se prend pour un homme ou bien qui est homme coincé dans un IA, et qui apporte une certaine dose de folie et de cynisme devant sa capacité à régir à certaines situations. Certains des personnages secondaires se révèlent aussi très intéressants, même s’il est encore un peu tôt pour en dire plus tant ils restent mystérieux et peu caractérisés dans ce tome. Mais voilà, tout comme l’intrigue, j’ai accroché aux personnages et à leurs façons d’avancer, d’évoluer, mais je n’ai jamais réussi à m’attacher complètement à eux. Il manquait toujours un petit quelque chose au niveau de l’émotion ou des différentes relations pour me les rendre touchants.

Le style du récit n’est pas mauvais, comme je l’ai déjà dit il se révèle fluide, entrainant et joue sur le fait qu’une fois dans le livre on tourne les pages assez facilement. Pourtant je suis quand même légèrement déçu. Je sais bien que quand on écrit un livre à quatre mains, ça modifie la façon d’écrire. Je ne m’attendais donc pas à retrouver totalement le côté poussé d’un point de vue scientifique que j’apprécie chez Baxter et l’humour décapant et mordant de Pratchett, mais j’espérais au moins un mariage des deux. Hors ici,  là où l’aspect scientifique reste agréable et bien amené, j’ai trouvé que l’humour était justement peu présent. Mis à part une ou deux scènes qui poussent à sourire et cette idée globale de pomme de terre, j’ai trouvé que ce qui faisait les qualités de Pratchett étaient étouffés. Dommage. Peut-être que ça changera par la suite. Au final donc ce roman n’a pas complètement rempli les attentes que j’en avais, mais se révèle tout de même sympathique à découvrir, laissant assez de réponses en suspens et un minimum d’intérêt pour que je me laisse tout de même tenter par la suite.

En Résumé : Au final j’ai passé un sympathique moment de lecture avec ce roman qui offre une histoire fluide et un minimum entrainante, mais qui n’a pas non plus complètement répondu à mes attentes. L’histoire ne manque pourtant pas d’intérêt, malgré un début qui part un peu dans tous les sens ; principalement dans la phase d’exploration des différentes terres parallèles qui offre une imagination débordante. Mais l’ensemble fait un peu trop tome d’introduction, posant simplement les bases. Ça se lit facilement, mais il faut attendre la fin, et le début des dissensions, pour vraiment, je trouve, être happé. L’univers présenté est par contre un des gros points forts du récit, donnant au lecteur l’impression d’être un explorateur et permettant aux écrivains de développer des mondes chatoyants et captivants. Les personnages ne sont pas mauvais, se révèlent cohérents et logiques, mais il manque encore un je ne sais quoi du point de vue émotionnel pour complètement les rendre attachants. Certains des personnages secondaires offrent des potentialités que j’espère voir développer par la suite. La plume se révèle fluide, entrainant et assez efficace, mais voilà autant l’aspect aventure de Stephen Baxter est présent, autant le côté humoristique de Terry Pratchett ne se retrouve pas. C’est dommage, car quand j’ai vu le nom de l’auteur je pensais rigoler, hors j’ai à peine souri deux ou trois fois. En tout cas la conclusion ouvre assez de possibilité pour me donner envie de lire la suite.

 

Ma Note : 6,5/10

 

Autres avis : Lune, Lorhkan, Nelfe, Phooka, radicale, Hari Seldon, …

Le Cycle de Lanmeur Intégrale 2, Les Enfants du Léthé – Christian Léourier

le cycle de lanmeur 2 les enfants du letheRésumé : Lanmeur, planète-mère du Rassemblement, poursuit son grand dessein de colonisation…
Sur ces deux planètes que sont Borgœt et Ti-Grid, sa domination est totale. Borgœt, la planète bagne, et Ti-Grid, la pacifique, en sont les exemples frappants. Tandis que depuis  sa prison à ciel ouvert, le Camp 23, Garth survit aux côtés de l’étrange Iwerno et tente d’échapper aux effets du Léthé, la drogue de l’oubli, Skiath part en quête de son nom véritable, celui qui lui dictera sa propre loi, sur son monde où le Lagad, l’épice rituelle, apporte perception et vérité… Mais la seule issue possible, pour ces deux hommes, n’est-elle pas dans la révolte ?

Edition : Ad Astra

 

Mon Avis : Il y a environ un an, je me lançais dans la lecture de la première intégrale du cycle de Lanmeur, qui m’avait offert un bon moment de lecture avec trois textes, différents dans la construction, mais pourtant tous lié par cette idée de rassemblement sous la bannière du peuple de Lanmeur. C’était donc sans surprise que j’ai fais rentrer rapidement cette seconde intégrale dans ma PAL qui, j’avoue, y a trainer un petit moment. La quatrième intégrale devant être publiée prochainement, j’ai enfin pris le temps de sortir ce livre de ma bibliothèque dont la couverture, illustrée par Eric Scala, se révèle toujours aussi accrocheuse. À noter que cette intégrale est composée de deux courts romans et d’une nouvelle.

Les Racines de L’Oubli :  Ce récit nous plonge au cœur de la planète-bagne Borgoet qui use de prisonniers, sans aucun scrupule, pour lutter tous les jours contre la forêt qui cherche à reprendre ses droits et tenter ainsi de coloniser et rendre viable cette terre. Les détenus prennent régulièrement une drogue pour éviter de se souvenir de leur passé et de devenir fous sous la vérité. La révolte gronde pourtant et Garth, le narrateur, va s’y retrouver entraine bien malgré lui.

Ce texte diffère de ceux de l’intégrale précédente, ici pas de Lanmeurien qui viennent intégrer de nouvelles planètes au rassemblement, mais une planète hostile où sont envoyés des prisonniers dont on ne se connait rien vu que la drogue efface leurs mémoires. On se retrouve donc ici plongé dans une ambiance plus sombre, plus angoissante, plus étouffante où la mort rôde à chaque instant que ce soit pour le plaisir des gardiens, par le danger de ce nouvel environnement avec cette jungle qui se défend ou encore par le travail de forçat. J’ai été rapidement happé par ce récit qui se révèle être vraiment réussi, passionnant et efficace, qui nous offre aussi pas mal de réflexions intéressantes. Que ce soit sur l’environnement, avec le traitement de la forêt, du contrôle de population de masse à travers la drogue et l’absence d’identité des prisonnier ce qui les rend malléable. Mais aussi un travail sur la liberté, face à cette révolution qui va amener de nombreux changements sur Borgoet, mais qui va aussi démontrer que quoi qu’on fasse, quoi qu’on souhaite, la liberté possède toujours ces limites.

Les personnages sont aussi un des points forts de ce récit, principalement le narrateur Garth qui est loin d’être un saint et possède de nombreuses failles. S’il a survécu aussi longtemps ce n’est pas par hasard. Entre noblesse et pourriture il se révèle vraiment humain, forcé de faire des choix et de vivre avec, mais qui vont aussi parfois le ronger. Les autres protagonistes qui gravitent autour de lui sont tous intéressants à découvrir, avec une mention spéciale pour Iwerno, idéaliste, mystérieux, fougueux, mais qui aime avoir raison et n’aime pas être contredit ; à la fois sauveur et tyran. Ce texte permet aussi d’offrir un regard nouveau sur Lanmeur avec cette idée de rassemblement, dont on découvre ici qu’elle est loin d’être aussi honorable et lumineuse qu’on le prétend ; elle possède aussi ses zones d’ombres et de manipulations. Ce texte est d’ailleurs mon préféré de cette intégrale.

La Loi du Monde : Ce texte nous fait découvrir la planète de Tri-Grid où l’identité joue un rôle primordial pour chacun, en effet c’est le nom que porte chaque personne qui définit sa loi et donc, par conséquent, sa façon de vivre. On va suivre alors le destin de Skaith, né sur cette planète, qui a été abandonné par sa mère à un Lanmeurien pour le sauver d’une terrible maladie et qui, une fois devenu adulte, part en quête de son nom.

On découvre ici un récit qui se révèle humain, avec ce personnage qui n’est ni accepté par Lanmeur, ni par son peuple et dont sa quête va l’amener à découvrir des choses qu’il n’imaginait pas et à découvrir la folie qui s’empare de son pays. Sans véritable nom il n’était rien, mais une fois qu’il aura un nom que fera-t-il ? Sera-t-il apte à être ce qui a été défini pour lui à la naissance et dont il n’a jamais eu conscience ? Une véritable réflexion intelligente et bien mené sur ce qui définit un homme, sur l’importance de son identité dans sa construction, mais aussi finalement de son environnement et de sa formation. Un simple nom suffit-il à définir une personne ? Voilà ce que propose de nous faire découvrir l’auteur à travers le voyage que va mener Skaith sur cette planète, hostile, où les montagnes et le froid règnent en maître.

Ce texte traite aussi en image fond de l’influence de Lanmeur avec ici un aspect très colonisateur, dont l’incidence est présentée comme une maladie qui se diffuse lentement, au fil des générations, attirant les plus jeunes vers des merveilles inconnues, les éloignant ainsi de leurs racines, de leurs vies, de leurs origines sans aucune possibilité de retour. De nouveau cette idée de rassemblement possède ce double visage; cet intérêt de vouloir mettre les hommes sous la même bannière, égalitaire, vers le même chemin, mais au sacrifice de nombreuses cultures, de nombreuses façons de vivre. Cette influence de Lanmeur va même pousser à la folie et corrompre cette fameuse loi, la vicier au point de pousser certains à perdre complètement la raison. Où est donc la beauté du rassemblement ? Un texte percutant, soigné, réfléchi, mais qui j’avoue possède tout de même quelques longueurs, j’ai parfois eu l’impression que l’auteur multipliait un peu les points de vue pour gagner du temps et garder le lecteur un peu plus longtemps.

Le Secret : Cette nouvelle nous propose de découvrir une nouvelle facette de l’influence de Lanmeur sur les planètes, liée aux générations futures. On suit donc les pas d’un grand-père qui présente son métier à sa petite-fille métissée avec un Lanmeurien. Un texte philosophique, qui se révèle intéressant, offre aussi son lot de réflexions que je vous laisse découvrir pour ne pas trop en dévoiler. J’ai juste été un tout petit peu dérangé par la chute qui m’a paru légèrement improbable. Mais rien de bien gênant.

 

Ce qui me touche encore une fois avec cette nouvelle intégrale ce sont les différents mondes que nous fait découvrir l’auteur. Ils possèdent tous leurs propres réalités, leurs richesses, leurs propres règles, leurs propres sauvageries et leurs propres beautés. Chaque monde se révèle complètement différent et pourtant donne envie d’en apprendre tant il se dégage quelque-chose de magique, de palpable. Là-dessus, on pourrait croire que cette idée de rassemblement commencerait à s’étouffer, à se répéter, mais il n’en est rien tant les intrigues et surtout les réflexions proposées arrivent à se renouveler, à apporter de nouvelles réponses, mais aussi de nouvelles questions sur des discussions de société ; de l’influence des uns sur les autres. Avec dans cette seconde intégrale un point se dégage tout particulièrement, celui de l’identité et de la mémoire. Concernant la plume de l’auteur elle se révèle toujours aussi soignée, fluide, dense et poétique ce qui fait qu’on est rapidement emporté à travers les différentes histoires. Je ne peux que conseiller la découverte de Lanmeur. Il ne me reste plus qu’à faire entrer la troisième intégrale dans ma PAL.

En Résumé : J’ai passé un excellent moment de lecture avec cette seconde intégrale du cycle de Lanmeur, qui nous propose de découvrir des textes vraiment passionnants, touchants et intelligents. Chaque intrigue se révèle différente de la précédente, faisant réfléchir le lecteur sur de nombreuses questions, que ce soit d’un point de vue sociologique ou personnel, et se révèlent fluides et entrainantes. L’auteur n’oublie pas non plus de traiter de cette fameuse idée de rassemblement de l’humanité, qui continue à se révéler à deux visages. Les différents univers qu’on découvre au fil des pages sont magnifiques et donnent envie à chaque fois d’en apprendre plus, que ce soit d’un point de vue culturel, ou bien encore dans la découverte de leurs écosystèmes. La plume se révèle toujours aussi soignée, poétique et entrainante, nous plongeant facilement dans chacun de ses récits. Je ne peux qu’encourager la découverte de Lanmeur. Il ne me reste plus qu’à faire rentrer les prochaines intégrales dans ma PAL.

 

Ma Note : 8,5/10

 

Autres avis : Mariejuliet, Lune, Phooka, Xapur, J.a.e_Lou, Lauryn, …

Métro 2033 – Dmitry Glukhovsky

metro 2033Résumé : 2033. Une guerre a décimé la planète. La surface, inha­bitable, est désor­mais livrée à des monstruo­sités mutantes. Moscou est une ville aban­don­née. Les survi­vants se sont réfu­giés dans les pro­fon­deurs du métro­politain, où ils ont tant bien que mal orga­nisé des micro­sociétés de la pénurie.Dans ce monde réduit à des stations en déli­quescence reliées par des tunnels où rôdent les dan­gers les plus insolites, le jeune Artyom entre­prend une mission qui pour­rait le conduire à sauver les derniers hommes d’une menace obscure… mais aussi à se découvrir lui-même à travers les rencontres improbables qui l’attendent.

Edition : L’Atalante

 

Mon Avis : Métro 2033 fait partie des livres qui traînent dans ma bibliothèque depuis un long moment maintenant et dont j’en annonce régulièrement la lecture sans jamais me lancer. Lelf pourra d’ailleurs confirmer, déjà en avril 2013 je postais sur son blog qu’il fallait que je le fasse sortir de ma PAL c’est dire si j’ai pris mon temps, vu qu’on est quand même en octobre 2014. Comme je l’ai déjà dit ce genre de livre, à force de trainer, commencent à rentrer au fil du temps dans la catégorie « monstres de bibliothèque », ces livres qu’on a achetés avec une envie et un état d’esprit particulier, mais qu’on n’est pas sûr de retrouver au moment de la lecture. Cette peur d’être déçu du livre qu’on aurait pas lu au bon moment. En tout cas la couverture, à travers son illustration assez simple et efficace et cette carte du métro qu’on retrouve dans les rabats, donne envie de lui laisser une chance.

On plonge avec ce roman dans un univers post-apocalyptique où, suite à une grande guerre nucléaire qui empêche toute vie à la surface, l’humanité est obligée d’aller se terrer sous terre et plus précisément dans le métro. On va donc se retrouver à suivre le voyage de Artyom, qui est choisi un peu contre son gré, à travers une quête pour sauver sa station de métro, voir même toutes les stations, de l’invasion de mutants. À partir de là l’auteur se met à construire une intrigue, certes assez classique dans sa construction, avec ce héros qui avance au fil des péripéties pour trouver comment lutter contre une invasion de mutant, mais qui se révèle très efficace. Le rythme, qui se révèle posé, offrant tout à tout de façon réussi des scènes d’action, de tension, d’adrénaline et de frissons, avec des passages plus calmes alternant entre une description dense de son univers ou bien encore les introspections du héros face à ce qu’il découvre, son évolution et aux nombreuses aventures qu’il va vivre. L’ensemble se laisse lire avec plaisir et on tourne les pages assez facilement pour en apprendre plus sur cette histoire sombre et parfois déroutante, remplie de rebondissements et de surprises.

L’un des points intéressant de ce récit vient, je trouve, de son univers. Alors certes, il demande un peu de temps pour être apprivoisé, principalement face aux nombreuses stations de métro russes aux noms imprononçables sans entrainement qui fait qu’il n’est pas toujours facile de s’y repérer, mais il offre un monde qui se révèle finalement complexe, angoissant, effrayant, oscillant entre rêve et réalité et dont il vaut mieux parfois ne pas trop explorer profondément pour éviter de mauvaises surprises. Il ne faut d’ailleurs pas trop être claustrophobe tant la représentation des voyages dans les tunnels du métro se révèlent parfois assez oppressante et visuelle. Je comprends d’ailleurs parfaitement que cet univers se soit retrouvé adapté en jeu vidéo tant l’aspect survival-horror y est très présent, offrant ainsi une ambiance qui devient de plus en plus dense et lugubre au fil des pages et qui devrait ravir les fans de frissons. Vient aussi s’y ajouter une couche d’aberrations suite aux radiations offrant ainsi quelques monstres des plus effrayants que je vous laisse découvrir. Mais voilà l’auteur ne cherche pas non plus qu’à nous faire peur, loin de là, il nous propose aussi un travail prenant et soigné sur cette humanité forcée d’aller vivre, ou plutôt survivre, sous terre et la façon dont elle a évolué pour essayer de continuer à avancer.

C’est d’ailleurs l’autre point que j’ai trouvé réussi, cette façon de présenter l’humanité qui, devant son besoin de continuer à avancer, finalement retombe dans tous ses travers. Notre héros va ainsi découvrir tout le long de son voyage des stations communistes, capitalistes, néo-nazis voir encore scientifiques. Lui qui ne connaissait rien d’autre que sa station va alors se rendre compte de la diversité qui compose l’Humanité, que ce soit en bien ou en mal, et l’impossibilité pour elle d’arriver à s’entendre, source de conflits réguliers. L’auteur balaie ainsi une belle partie de l’Histoire, cherchant aussi à faire réfléchir le lecteur sur les différentes idéologies, religions et autres aspects mystiques qui ont ainsi amenés les peuples à se déchirer et l’Homme vers l’apocalypse ; tout en restant  neutre dans la présentation. C’est à chacun de se faire son propre avis sur cette population hétérogène, où chacune possède ses qualités et ses défauts, où parfois comprendre les différences de l’autre et de les lui dévoiler est plus difficile que de le juger. On y retrouve aussi, comme souvent avec des romans post-apo, une réflexion simple mais efficace sur la technologie, ce besoin d’aller toujours plus loin. Il n’oublie pas pour autant d’y insérer une certaine dose d’espoir, principalement à travers Artyom, ses rêves et ses découvertes.

Concernant les personnages, Artyom se révèle vraiment intéressant à découvrir à travers son voyage initiatique. Au départ il est un peu « vierge » de tout idéologie, mais il va devoir évoluer devant les différentes personnes qu’il va croiser et les différentes aventures qui vont parfois le mener très loin, voir même très près de la mort. D’ailleurs son aspect assez innocent joue beaucoup sur le fait qu’on s’accroche à ce personnage, car tout comme lui on découvre ce monde, à travers ses yeux, sans les interférences qui pourraient parasiter ses réflexions. Je lui reproche juste par moment d’être un peu trop passif, il donne clairement l’impression de subir éternellement sans jamais ne rien faire pour changer cela, mais rien de vraiment dérangeant non plus. Les personnages secondaires se révèlent eux aussi intéressants et surtout vraiment hétéroclites, chacun ayant un point de vue complètement différent que ce soir sur la guerre, l’humanité ou encore la survie. Ce sont justement ses différentes rencontres qui portent aussi le récit, amenant une certaine diversité de point de vue. Par contre je suis déçu de l’absence de personnage féminin un minimum construit, les femmes sont à peine présentes sur 10 pages et tombent facilement dans la caricature.

Mais voilà pourtant certains points m’ont quand même dérangé dans ce roman. Déjà j’ai trouvé qu’en avançant dans le récit, l’auteur tournait un peu trop en rond dans sa construction. C’est bien simple c’est un peu toujours la même chose, j’avance, je découvre une station, un problème apparait, problème réglé, j’avance. C’est dommage je trouve surtout que vers la fin l’histoire donne en plus l’impression de tirer un peu en longueur. Rien de non plus très méchant, tant l’ensemble se révèle au final efficace, mais qui se ressent tout de même légèrement. Concernant la conclusion, en soit elle n’est pas mauvaise, mais je l’avais deviné quasiment dès le premier quart du roman ce qui gâche finalement l’effet de surprise. Dommage.

Le style de l’auteur m’a un peu dérouté au début, il se révèle certes efficace, entrainant et soigné, mais il me paraissait assez froid. C’est principalement dans les dialogues entre les personnage que j’ai remarqué une certaine distance, je sais que cela vient, selon moi, du fait que l’auteur soit Russe ou la familiarité est sûrement moins présente, mais il m’a fallu un petit moment d’adaptation. Rien de bien méchant tant une fois dans le roman l’ensemble se révèle fluide. Au final j’ai passé un bon moment de lecture avec ce livre et je lirai la suite sans souci qui d’ailleurs m’attends justement dans ma PAL.

En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec ce roman qui nous plonge dans les profondeurs du métro Russe. L’histoire se révèle, certes classique dans sa construction mais efficace et bien mené, suivant le voyage du héros dans sa quête pour sauver sa station d’une grande menace. L’univers qui est développé au fil des pages est vraiment réussi, à la fois sombre, angoissant, troublant, cachant de nombreux secrets dans les ombres. Ce n’est d’ailleurs pas sans raison qu’il a été adapté en jeux-vidéos. Mais surtout l’auteur se sert de ses lignes de métro pour nous faire réfléchir sur l’Homme sa diversité, son impossibilité à s’entendre complètement, à toujours croire avoir raison ce qui a amené l’apocalypse. Les personnages se révèlent intéressant, soigné et efficace et on s’attache rapidement à Artyom. Je regrette par contre l’absence de personnages féminins, les seuls femmes qu’on croise tombant rapidement dans la caricature. La plume de l’auteur, malgré un côté un peu distant et froid, se révèle soignée et entrainante. Je regrette par contre certaines longueurs vers la fin ainsi qu’une conclusion que j’avais devinée dès le début et qui gâche un peu la surprise. Rien de non plus bloquant, tant l’ensemble a été efficace et je lirai la suite sans souci.

 

Ma Note : 7,5/10

 

Autres avis : Herbefol, Lelf, Tesrathilde, Livre-un-jour, etc…

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