Catégorie : Science-Fiction Page 33 of 56

Le Demi-Monde Tome 1, Hiver – Rod Rees

le demi-monde 1 hiverRésumé : Le Demi-Monde est la simulation informatique la plus avancée jamais conçue. Créé pour entraîner les soldats à la guérilla urbaine, ce monde virtuel est volontairement bloqué dans une guerre civile permanente. Ses trente millions d’habitants numériques sont gouvernés par les avatars des plus cruels tyrans de l’Histoire : Heydrich, l’architecte de l’Holocauste ; Beria, le bourreau de Staline ; Torquemada, l’Inquisiteur sans pitié ; Robespierre, le visage de la Terreur…
Mais quelque chose s’est détraqué à l’intérieur même du Demi-Monde, et la fille du Président des États-Unis y est restée coincée. Il incombe à l’agent Ella Thomas d’aller la récupérer, mais, une fois sur place, la jeune femme se rend compte que les règles du jeu sont faussées…
Le monde réel pourrait bien courir un danger que nul n’a encore osé imaginer !

Edition : Nouveaux Millénaires (J’ai Lu)

 

Mon Avis : J’avoue m’être assez facilement laissé tenter par ce livre, plus précisément par sa couverture que je trouve vraiment superbes par ses effets de couleur et par sa carte qui ne manque pas d’intriguer. Ajouter à cela un quatrième de couverture accrocheur, avec ce mélange de simulation informatique et de monde réel, ainsi que plusieurs avis croisés sur internet qui se révélaient positif, il a donc très rapidement rejoint ma PAL. Puis comme souvent avec une PAL exponentielle, il a stagné. J’ai donc décidé il y a quelques jours de lui laisser une chance et de me lancer dans la découverte de ce Demi-Monde.

L’histoire se révèle finalement assez simple, la fille du président des États-Unis se retrouve coincé dans une simulation informatique crée par les militaires pour s’entrainer à la guerre urbaine. Impossible d’envoyer un détachement, seule Ella, une civile, a la possibilité de rentrer dans le Demi-Monde et d’accomplir cette mission. Le roman, en soit, ne va pas révolutionner grand-chose, le pitch ayant même une forte ressemblance avec les films de John Carpenter sur Snake Plissken, mais a le mérite de se révéler divertissant, possédant son lot de rebondissement, de tension et d’action. On se retrouve ainsi à tourner les pages facilement, histoire d’en apprendre plus sur ce Demi-Monde et ce qui a bien pu amener à une telle situation. La première partie est peut-être un peu lente, malgré une introduction soutenue, mais sert clairement à poser la simulation et ainsi d’éviter de nous envoyer dans un univers dont on ne comprendrait rien. La suite se révèle alors plus fluide, se lit plus facilement et sans trop de prise de tête, l’auteur alternant de façon assez maîtrisée les scènes plus nerveuses avec les scènes plus explicatives et surtout cherchant à jouer avec le lecteur tout du long, même si la manipulation reste un minimum prévisible. Mais voilà ce roman ne s’élèvera jamais au-dessus du divertissement. Grave? Non, je ne m’attendais pas vraiment à plus, mais il y avait sûrement du potentiel pour faire plus je pense.

Prenons déjà par exemple l’univers qui est construit tout au long du récit, ce Demi-Monde mélange de cyberpunk et de léger steampunk. On commence par découvrir une simulation informatique qui ne manque pas d’attrait, solide et complexe, avec ses règles, ses découpages, ses limites ainsi que ses différents aspects sociaux, géographiques et religieux qui maintiennent ainsi un étant de violence constante et de guerre, permettant ainsi aux soldats US de s’entraîner. C’est aussi un monde où vivent les « singularités » les plus sociopathes et les plus meurtrières de notre histoire, chaque quartier étant aux mains de plusieurs d’entre elles, chaque quartier devient donc ainsi limite une dictature. D’ailleurs chaque personnage virtuel qui habite à Demi-Monde est tiré d’une banque ADN ; il peut donc exister un double de chacun dans la simulation. Et pourtant une fois plongée dans ce monde virtuel on se rend rapidement compte qu’il se révèle parfois bancal, que l’auteur ne respecte pas toujours ses propres règles pour éviter de se retrouver coincer dans son intrigue, et surtout d’un lieu qui se révélait très cartésien on se retrouve à plonger dans des phénomènes inexpliqués, surtout dans la transition entre les deux mondes. Peut-être qu’on obtiendra plus d’explications par la suite, car l’auteur a l’air d’y laisser quelques indices, mais c’est parfois frustrant et parait improbable. On évitera aussi la facilité que s’offre l’auteur sur la fin, le Deus Ex Machina bien pratique qui permet de se décoincer une belle épine du pied.

Concernant les personnages il y a là aussi du bon et du moins bon. L’héroïne principale, Ella, n’est pas mauvaise, elle nous fait voyager à travers le récit assez facilement et son ignorance de l’univers nous permet ainsi de le découvrir à travers ses yeux, mais voilà elle manque quand même un peu de charisme, parait subir de trop les évènements, et surtout dans un univers aussi pourri tout parait un peu trop facile pour elle, le seul véritable soucis qui lui arrive étant de devoir plusieurs fois plonger dans les égouts. Trixie, aux premiers abords, ne manquait pas non plus d’intérêt, se révélant à la fois conditionnée en partie par ce monde raciste et misogyne et qui pourtant cherche à s’en libérer, mais voilà son évolution va rapidement plonger dans l’extrême et surtout paraitre assez inexplicable, ce qui est parfois frustrant. À côté de cela des personnages comme l’énigmatique Vanka ou encore le comte Dashwood se révèle plus réussis, plus nuancés, que ce soit dans leurs visions du monde comme dans leurs évolutions. La fille du président remplit, elle, parfaitement son rôle de peste ignorante et inconsciente, même si j’espère qu’elle va évoluer par la suite. Du côté des ennemis, les personnages se révèlent solides pour un premier tome, en espérant quand même un peu plus de nuances dans les suivants. Cependant,  j’avoue que j’ai eu du mal avec Aleister Crowley dont l’auteur a simplement décider d’en faire un sorcier maléfique, ne respectant pas vraiment le côté historique. Tous manquent par contre d’un peu de folie, leurs actions étant souvent logiques, tracées et sans surprises.

La plume de l’auteur se révèle simple, assez entrainante, vivante, efficace et, malgré parfois un besoin de trop en faire, il arrive finalement assez facilement à nous faire suivre son intrigue et à nous donner envie d’en apprendre plus. Comme je l’ai dit on a là un divertissement agréable et sympathique, si vous cherchez plus passez votre chemin, si vous cherchez à vous détendre sans trop vous prendre la tête pourquoi ne pas vous laisser tenter, surtout si ce genre d’histoires vous intéresse. Je lirai sûrement la suite, pour en apprendre plus, la fin offrant un cliffangher qui demande un minimum à être répondu, même si je ne pense pas obligatoirement en faire une priorité.

En Résumé : Une fois la dernière page tournée de ce premier tome, je dois bien avouer que j’ai passé un agréable moment de divertissement, proposant une histoire vivante, enlevée et sans véritable temps morts, malgré peut-être une première partie un peu lente le temps de poser l’univers. L’auteur maîtrise bien son histoire pour ne jamais nous ennuyer et faire qu’on tourne les pages avec un minimum d’envie. Sauf que voilà, à chacun de voir ce qu’il recherche, mais ce récit n’est jamais plus qu’un passe-temps sympathique. L’univers se révèle pourtant intéressant, solide et complexe mais très vite, une fois plongé dedans, il devient bancale et l’auteur s’offre des facilité voir un deux ex machina un peu trop facile. Concernant les personnages, ils ne sont, dans l’ensemble, pas mauvais, mais certains ont du mal à vraiment accrocher par manque de charisme, voir même subissent une évolution plutôt improbable et extrême. De plus j’ai trouvé qu’ils manquaient de folie, se révélant par moment trop linéaires. La plume de l’auteur se révèle simple, efficace et entrainante, même si parfois j’ai trouvé qu’il en faisait un peu trop. Le cliffangher de fin me donne un minimum envie de lire la suite, même si ce ne sera sûrement pas non plus une priorité.

 

Ma Note : 6,5/10

 

Autres avis : Zina, Phooka, Paikanne, karline05, nymeria, Lune, …

Le Chaos en Marche Tome 1, La Voix du Couteau – Patrick Ness

la voix du couteauRésumé : C’est l’année de ses treize ans et, dans un mois, Todd Hewitt va devenir un homme. Il est le dernier garçon de Prentissville. Cette ville de Nouveau Monde est uniquement peuplée d’hommes. Depuis longtemps, toutes les femmes et les enfants ont disparu. A Nouveau Monde, chacun peut entendre les pensées des autres, qui circulent en un brouhaha incessant, le Bruit. Nul ne peut échapper au Bruit, nulle part, jamais…

Edition : Gallimard
Poche : Pôle Fiction / Folio SF

 

Mon Avis : Ce livre, j’avoue, je n’en ai pas entendu parler avant de le voir sortir en poche. Il faut aussi dire que pour les romans jeunesse soit je connais déjà l’auteur, soit je marche sur un coup de tête. Vu que j’ai dû passer à côté de sa sortie en grand formant, que je n’accroche pas du tout à la couverture de Pôle Fiction et que je ne connaissais pas l’auteur, il a fallu attendre sa sortie chez Folio SF avec cette illustration accrocheuse pour que ce roman commence à me donner envie de le découvrir. Par conséquent quand j’ai vu que Livraddict le proposait en partenariat, j’ai décidé de tenter ma chance et j’ai été sélectionné. Je remercie donc Livraddict et Folio SF pour m’avoir permis de découvrir ce premier tome.

On se retrouve donc, ici, à suivre Todd, un jeune garçon qui dans un mois, selon la loi de sa ville, va devenir un homme. Todd n’habite pas n’importe où, il est l’un des colons du Nouveau-Monde, et le dernier enfant de Prentissville. Surtout Nouveau-Monde possède une particularité, un virus lâché durant la Guerre qui fait que l’on peut entendre tout le monde penser : le Bruit. Sa vie va complètement basculer le jour où, en se rendant dans le marais il va croiser une poche de silence. Il va alors se retrouver à fuir et découvrir la vérité. Dès les premières pages, j’avoue j’ai été captivé par ce roman. Déjà par l’aspect stylistique, le narrateur étant un enfant d’environ 13-14 ans, dans un monde où la langue passe au second plan, devenant moins maîtrisé, l’auteur a donc décidé de complètement s’adapter offrant ainsi un langage simple et d’une certaine façon « appauvri », mais pourtant il s’agit un vrai travail de forme qui met clairement dans l’ambiance et colle parfaitement à ce garçon de ferme innocent. Cela pourrait par contre en surprendre plus d’un et peut-être se révéler bloquant pour certains, mais ce serait passer à côté d’un roman réussi je pense.

L’histoire qui nous est alors proposée se révèle elle aussi terriblement efficace et entrainante, bien porté par un rythme tendu et haletant de la première à la dernière page. L’auteur maîtrise clairement son récit, apportant ainsi de nombreux rebondissements et de nombreuses surprises sans jamais non plus tomber dans la surenchère ou se perdre. C’est d’ailleurs cette intensité, cette fuite en avant sans retour, qui fait que le lecteur tourne les pages avec plaisir et l’envie d’en apprendre plus. Alors certes sur le fond on reste tout de même dans un récit initiatique, avec ce jeune Todd qui va rapidement se retrouver confronter au monde des adultes, un monde souvent empli de duplicité et de mensonges, mais qui possède aussi ses zones de joie et de bonheur. Il va donc ainsi devoir, peu à peu, quitter le monde de l’enfance et parfois pas toujours de façon plaisante. Pourtant, malgré ce côté classique, l’auteur arrive vraiment à construire une intrigue dense, complexe qui possède de nombreux secrets et de nombreuses trahisons, mais aussi de belles rencontres. Je regrette par contre certaines répétitions dans les réflexions de Todd qui a besoin de remâcher les informations avant de bien les assimiler, peut-être même un peu trop parfois, ainsi que certains retournements de situations un peu simplistes, mais dans l’ensemble rien de bien non plus dérangeant.

L’univers se révèle vraiment solide, efficace et captivant pour, d’une, ce qu’il propose, mais aussi pour ce qu’il laisse en suspend poussant ainsi à vouloir en apprendre plus. On se retrouve dans un lointain futur, Nouveau-Monde étant finalement une colonie pour une fraction humaine cherchant un nouvel Eden et fuyant une Terre de plus en plus violente et sombre. On découvre au fil du récit un monde luxuriant, avec des animaux qu’on connait, mais aussi une faune et une flore indigène, propre à cette planète. Alors certes on reste dans des descriptions simples, mais elles se révèlent efficaces et offrent un dépaysement des plus intéressant dévoilant un monde sauvage, qui garde encore de nombreuses surprises par devers lui pour sûrement mieux nous surprendre par la suite. Il soulève aussi de nombreuses questions au fil des pages, comme par exemple sur les Spackles, et offre aussi de nombreuses réflexions comme sur la définition d’un Homme ou encore sur les relations entre les hommes et les femmes ou même nos relations avec les autres, mais aussi sur le besoin des peuples parfois de fuir, de s’enfermer, et pousse ainsi le lecteur à se réfléchir. Le principal intérêt ici vient quand même du Bruit, cette capacité à pouvoir lire dans la pensée des autres, ce qui amène un sacré bouleversement dans la façon de vivre de chacun. Un univers sombre, violent, mais qui ne manque pas d’attrait et donne envie d’en apprendre plus.

La narration du récit se fait à la première personne ce qui fait qu’on se retrouve au plus près de Todd, on découvre ainsi un héros qui est complètement perdu dans un monde qu’il croyait connaitre, mais ne comprend finalement pas. On s’attache ainsi petit à petit à lui au fil de la lecture malgré son côté parfois un peu « idiot » et sa capacité à jurer trop facilement. On se prend clairement d’affection pour ce petit homme qui va devoir traverser de nombreuses épreuves et surtout découvrir des émotions tels que l’amitié, la joie, mais aussi la peur ou encore la haine. Todd ne fait pas non plus son voyage seul, il avance ainsi avec Viola qui se révèle elle aussi intéressante, jeune fille arrachée à son milieu qui est abandonnée dans un monde inconnu qui va devoir apprendre à avancer malgré les pertes qu’elle a connu. Autour de nos héros, gravitent de nombreux personnages qui ne manquent pas d’attrait, servant soit d’aide soit de point de réflexions aux voyageurs mais qui, parfois, manquent clairement de profondeur. Rien de bien gênant non plus. Par contre j’ai parfois eu un peu de mal avec Todd qui tombe parfois légèrement dans une certaine caricature, rien de bloquant, mais parfois frustrant.

Puis arrive cette conclusion, nerveuse, terriblement efficace, pleine de surprises et de retournements de situations, dévoilant certaines vérités, et qui appelle aussi clairement à lire la suite. C’est d’ailleurs légèrement frustrant de ne pas avoir le second tome à portée de main, j’aurai pu facilement me laisser tenter. Il ne me reste plus qu’à me dépêcher à la faire renter dans ma PAL tant le premier tome se révèle passionnant, rempli d’aventures et intense.

En Résumé : J’ai finalement passé un très bon moment de lecture avec ce premier tome qui nous propose une histoire pleine d’aventure et qui se révèle intense, certes basé sur un voyage initiatique, mais offrant une intrigue solide, dense et complexe avec son lot de rebondissements, de trahisons et de révélations. L’univers qui nous est proposé se révèle intéressant, amenant de questions et réflexions efficaces, et surtout offrant des découvertes intéressantes. Les personnages ne manquent pas d’attrait et on s’attache assez facilement au fil des pages à Todd et Viola, je regrette juste certains protagonistes secondaires qui manquent de profondeur. La plume est, pour moi, une des grandes forces de ce récit, s’adaptant à un monde en régression et à la narration d’une jeune de 13-14 ans ce qui peut, certes en bloquer, certains, mais m’a permis de mieux m’immerger. Je regrette par contre certaines répétitions, principalement dans les réflexions de Todd, et aussi certains retournement un peu simplistes, mais franchement rien de bloquant tant le récit se révèle haletant et aboutit à une conclusion qui donne clairement envie de lire la suite.

 

Ma Note : 8/10

 

Autres avis : Zina, Gruz, Nanet, Ptitetrolle, Radicale, Lynnae, …

Burndive – Karin Lowachee

burndiveRésumé : Ryan Azarcon a dix-neuf ans. Fils de l’un des plus célèbres combattants humains, le commandant du transporteur hyperspatial Macédoine Cairo Azarcon, et de la richissime Songlian Lau, il est considéré par les médias de la Jante et des Dragons comme « le célibataire le plus sexy » de la station Austro… Riche, jeune et célèbre, donc. Mais surtout traumatisé par un attentat vécu sur Terre et suite auquel il a interrompu ses études pour revenir se calfeutrer sur Austro et se défoncer à l’Argent au sein d’une jet set aussi désabusée que désœuvrée. Jusqu’à ce qu’une jeune femme s’effondre dans ses bras, morte de s’être trouvée entre lui et un assassin payé pour l’abattre. Qui peut bien vouloir le tuer ? Beaucoup de gens, en fait, humains ou aliens, tant le jeune homme est au centre d’enjeux qui le dépassent. Alors que tout s’écroule autour de lui, que la guerre s’invite dans sa vie dorée, Ryan comprend que le temps des illusions est désormais révolu…

Edition : Le Bélial’
Poche : Pocket

 

Mon Avis : Il y a deux ans maintenant je me lançais, un peu par hasard, dans la lecture de Cagebird, troisième tome publié de ce cycle. Heureusement pour moi chaque volume de ce cycle peut se lire indépendamment les uns des autres, j’ai donc pu profiter d’un roman efficace, complexe et entrainant (ma chronique ici). Je me suis donc rapidement lancé dans la lecture du premier tome, Warchild, qui confirmait tout le bien que je pensais de ce Space-Opera, m’offrant un récit que je trouvais même légèrement supérieur à Cagebird (ma chronique ). J’ai par conséquent fait rapidement rentrer le tome manquant dans ma PAL. Par contre je reste toujours sceptique concernant la couverture, illustrée par Nicolas Fructus, qui a du mal à totalement me convaincre.

Ce qu’il y a de très intéressant avec cette série, c’est que le personnage principal change à chaque tome. Dans Burndive on va ainsi se retrouver à suivre Ryan Azarcon, fils du célèbre capitaine spatial Cairo Azrarcon et de Songliau Lau tout aussi célèbre dans la diplomatie. Il n’a jamais connu que fortune et bonheur, mais dont la vie a changer depuis sa visite sur Terre et il va rapidement se rendre compte que la guerre, dont il ne sait rien, va très vite le rattraper. Ce tome prend clairement le contre-pied des autres, pour le meilleur et aussi pour le moins bon, n’offrant pas ainsi une plongée direct dans ces conflits, que je commençais à connaitre, mais plutôt de développer la vision du peuple. On la découvre ainsi à travers les yeux d’un habitant d’une station, complètement déformé par les actualité médiatiques reçues, dont la majorité ne voit la guerre que comme une information comme une autre, sans en connaitre le véritable coût, ni même toute la souffrance qu’elle peut occasionner. Une travail de fond efficace sur l’influence des médias, des communications qui circulent et la vision que peut avoir une personne, loin de tout, sur des sujets qui ont de mal à véritablement le toucher, à le concerner. Une critique aussi acerbe sur ce milieu, assez jet-set, où tout est surveillé, contrôle, vérifié et diffusé, où les mots « vie privée » et « solitude » sont bannis et où il faut savoir jongler avec les déclarations.

L’auteur n’oublie pas pour autant de nous offrir quelques petits coups d’éclats qui font que la tension monte lentement au fil des pages. Entre surprises, manipulations, trahisons et escarmouches, rien ne va se révéler simple pour notre héros, un peu perdu ; lui qui n’a toujours connu que les strass et les paillettes, va découvrir que la vie n’est pas comme à l’écran. Surtout que l’auteur nous en apprend plus sur le conflit entre les pirates, les humains et les striviirc-na, l’auteur continuant à développer son univers au fil des tomes. Certes l’ensemble reste assez classique, pour un roman de space-opera, mais ne manque pas d’être solide et surtout intéressant. Cette lutte perpétuelle qui est plus poussée par un profit ou un besoin, que par une véritable envie de défense ou de conquête ne manque pas d’intérêt. Pareil concernant les aspects technologiques qui ne manquent pas d’attraits avec toujours aussi cette légère touche de cyberpunk. Par contre je reste toujours bloqué devant les contractions de mots qu’invente l’auteur pour parler du futur ; on ne parle plus de cigarettes mais de cigrettes, les médias deviennent les mêêdia, chois linguistique pour montrer l’évolution d’une langue, mais qui me laisse perplexe.

Et pourtant malgré les qualités que possède ce roman, je trouve finalement qu’il s’agit du moins bon des trois. La faute premièrement à cet éloignement de la guerre, certes l’action reste un minimum présent, mais tous l’aspect bataille reste loin et, qui plus est, tout l’aspect géopolitique reste un long moment en surface la faute au héros principal. Car en effet le deuxième point qui a eu du mal à me convaincre c’est Ryan, gosse de riche dans toute sa splendeur, d’une vacuité abyssale dans le premier tiers du roman, certes justifié par ce qu’il a vécu qui le rend amorphe, mais il passe toute de même une grande partie du récit à se regarder le nombril, ce qui fait qu’on a du mal dans le récit à quitter la bulle qu’est la sienne. D’ailleurs je ne peux pas enlever cette performance à l’auteur d’avoir poussé ce personnage dans ses pires limite tout en le rendant cohérent et humain, sauf que j’ai eu du mal à ne pas avoir envie de le secouer et de le baffer, de lui dire d’arrêter de se prendre pour le centre du monde.

Surtout que les personnages qui gravitent autour de lui, eux, ne manquent pas de nous intéresser. On y retrouve des héros déjà croisés dans les deux autres tomes, que ce soit Yuri, Cairo Jos et d’autres encore, on en découvre ainsi plus sur eux et sur certaines de leurs parts d’ombres. De nouveaux personnages viennent aussi apparaître au fil des pages, certains qui apportent un vrai plus, principalement dans les aspects politiques, ou de société et d’autres, c’est vrai, qui tombent un peu dans la caricature, même si rien de très gênant non plus. D’où ma frustration aussi de ne pas voir notre héros approfondir parfois certaines connaissances, certains développements, préférant pleurer sur son sort. Heureusement une fois le premier tiers ça se calme un peu, il va apprendre, évoluer pour offrir ainsi un final qui se révèle efficace, même si je l’ai trouvé un peu court avec parfois un ou deux passages un peu simple.

La plume de l’auteur se révèle toujours aussi entraînante, efficace et surtout toujours aussi humaine, arrivant à nous offrir des personnages, qu’on les aime ou pas, juste, denses et cohérents. Elle continue aussi à traiter, à travers ces différents textes, d’un sujet qui a son importance que sont les enfants et adolescents en plein milieu d’un conflit. La place des plus jeunes qui se retrouvent dans des guerres qu’ils n’ont pas choisi. Alors certes ce tome m’a un moins accroché que les deux autres que j’ai lu, par un côté bancal, mais il se révèle tout de même sympathique et apporte aussi des éclaircissements. En tout cas si jamais l’auteur décide de revenir dans l’univers, ou de proposer une nouvelle histoire tout simplement je la lirai avec plaisir.

En Résumé : J’ai passé un sympathique moment de lecture avec ce nouveau tome qui nous plonge de nouveau avec intérêt et plaisir dans cet univers solide et efficace de space-opera , avec ses conflits et ses batailles. On découvre ici Ryan Azarcon, enfant célèbre pour qui la guerre n’est qu’une information lointaine et qu’il ne la vit que par les médias. Cela amène un certain nombre de réflexions intéressantes que ce soit sur l’influence des médias, ou l’assimilation qu’on se fait des actualités. Pourtant l’ensemble est loin d’être parfait, la faute principalement au côté égoïste et bourgeois du héros qui ne pense qu’à lui et a pour effet de brouiller une partie des informations qui gravite autour de lui, principalement dans le premier tiers du roman. Dommage, car les personnages secondaires ne manquent pas d’attraits et certaines zones d’ombres se dévoilent. La plume de l’auteur est vraiment fluide, efficace, entrainante et humaine, nous offrant une réflexion efficace sur la position des plus jeunes en plein milieu d’une guerre. Finalement un tome un peu moins bon que les deux autres que j’ai lu, mais qui ne manque pas de se révéler sympathique, je lirai sans soucis d’autres textes de l’auteur.

 

Ma Note : 7/10

Après La Chute – Nancy Kress

apres la chuteRésumé : L’Apocalypse a eu lieu. Ils ne sont plus qu’une poignée et leur survie ne tient qu’à une machine. Remontant dans le temps, avant la Chute, ils volent nourriture, vêtements… enfants. Mais ces kidnappings ne passent pas inaperçus. Le FBI est sur les dents. Au même moment, une mutation bactérienne affole les scientifiques.
Le compte à rebours a commencé.

Edition : Actu SF

 

Mon Avis : De Nancy Kress je n’ai finalement quasiment rien lu mis à part une de ses nouvelles qui a été publiée dans l’anthologie des Utopiales 2012 qui m’avait bien plu par son sujet et qui offrait des réflexions efficaces et intéressantes. Par conséquent quand j’ai vu en librairie ce court roman, proposant une histoire  post-apocalyptique au résumé alléchant, je n’ai pas mis longtemps à le faire rentrer dans ma PAL. Il faut aussi bien avouer que la couverture, illustrée par Diego Tripodi, malgré son côté très sobre possède un petit quelque chose d’accrocheur dans sa simplicité.

Ce livre nous propose alors trois lignes de narrations différentes, celle du présent ou de nombreux kidnappings d’enfants paraissent liés les uns les autres dans leur mode opératoire, mais sans en posséder ni logique, ni cohérence, mais qui pourtant a attiré le regard du FBI, celle du futur ou l’apocalypse a eu lieu et une poignée de survivants tentent de continuer à vivre sous le joug de « geôliers » inconnus et une troisième plus biologique qui nous montre l’évolution d’une nouvelle bactérie. On se retrouve ainsi avec un roman clairement de Science-Fiction, mais qui nous propose aussi une bonne dose de policier, car en effet tout tourne principalement autour de ces kidnappings d’enfants. L’ensemble se révèle efficace, l’auteur maîtrisant parfaitement son sujet pour nous proposer un récit qui va se révéler haletant, montant en tension de façon crescendo au fil des pages, happant le lecteur jusqu’à ce que les lignes d’intrigues commencent à se croiser de plus en plus, et les réponse se révéler. La séparation claire  des trois parties, chacune possédant sa propre voix, apporte un véritable plus à l’ensemble, chaque partie apportant ainsi son lot d’indices et de rebondissements et amenant aussi de nombreuses questions, jouant efficacement sur de nombreux aspects mystérieux.

On découvre une petite dizaine de personnages qui ne manquent pas d’intérêt et de potentiel, mais dont on se rend très vite compte que le format court ne permet pas de vraiment les développer. On a vraiment l’impression d’avoir des héros à fort potentiel, mais qui paraissent à peine esquissés, ce qui frustre un peu. Un peu moins de personnages, ou bien un développement plus long, aurait sûrement permis d’obtenir des protagonistes plus charismatiques et attachants je pense. C’est dommage car il y avait vraiment de quoi offrir quelque chose de vraiment passionnant, que ce soit Julie la jeune mathématicienne travaillant pour le FBI qui fait un peu penser à un des héros de Numbers, ou bien encore le groupe de survivants qui nous font découvrir leurs façons de survivre, de continuer à avancer dans cet abri. Surtout elle arrive clairement à les rendre humains, ils possèdent un minimum de profondeur émotionnel qui nous touche un minimum, ce qui est encore plus frustrant d’en découvrir si peu. Par contre l’auteur met clairement en avant les enfants, moteur important des révélations, ce qui, je trouve, se révèle plutôt intéressant.

L’univers développé par l’auteur se révèle assez simple, mais efficace. L’après apocalypse décrit par l’auteur ne manque pas d’attrait et de tension avec ces survivants, enfermés dans l’abri, sous le joug d’êtres dont on ne sait rien d’eux, qui sont obligé de vivre au plus juste, travailler en communauté et survivre malgré toutes les tensions qui peuvent apparaître entre les différents membres. On découvre aussi un abri qui possède limite un aspect « arche », où habitent les derniers Hommes sur terre, la philosophie et les connaissances ont donc changés, ce sont perdus, ne gardant l’essentiel et pourtant l’homme reste fidèle à lui-même avec les émotions les plus primaires au fond de lui. Il offre aussi un parallèle, certes assez simple, mais intéressant entre le faste de l’époque actuel, l’aspect égoïste de notre société qui avançons sans réfléchir ni se poser parfois de questions. Après la Chute est aussi un texte qui cherche à nous faire réfléchir, offrant un discours écologique non dénué de bon sens, nous rappelant que la Terre est aussi vivante et nous offrant aussi des réflexions sur les enfants et ce qu’on leur laisse au fil des générations.

Une fois la dernière page tournée je dois pourtant bien avouer que ce récit ne répond pas complètement à mes attentes, que ce soit celle que j’avais en le faisant rentrer dans ma PAL, comme celle que l’auteur cherche à mettre en avant au cours du récit. On a ainsi l’impression tout du long d’avoir une histoire qui monte crescendo, devant aboutir à une conclusion qui s’annonce de plus en plus percutante, alors que finalement la fin est toute gentillette, certes qui fait passer un message, mais sans véritable force. Un peu comme si on rassurait un petit garçon, évitant de lui asséner une vérité trop violente, préférant l’enrober pour éviter de trop lui faire peur. De plus comme je l’ai dit l’auteur entretient de nombreux mystères tout du long du récit, mais une grande partie de ces interrogations restent aussi sans réponse, offrant une fin beaucoup trop ouverte, même pour moi qui apprécie ce genre d’épilogue. Enfin certains aspects sont trop simplistes, ce qui fait que je les avais devinés dès les premières pages et devraient être aussi facilement prévisibles pour un lecteur de SF aguerri. Alors attention ce n’est pas mauvais, ni catastrophique non plus, mais les trois quarts du récit m’offrait un bon moment de lecture dont la fin rend finalement l’ensemble plus mitigé, un peu comme me présenter la photo d’un objet magnifique et finalement une fois en main se rendre compte qu’il n’est finalement pas ce qui était attendu.

La plume de l’auteur se révèle vraiment efficace, entraînante et prenante arrivant à finalement capter très facilement le lecteur à travers les nombreuses questions qu’elle distille et par la pression qu’elle fait monter crescendo tout au long du récit qui donne envie d’en savoir plus. Au final je ressors donc de ma lecture pas complètement convaincu, même si l’ensemble reste sympathique. Malgré un démarrage fort et efficace, la fin ne répond pas complètement à mes attentes. Peut-être que dans un formant plus long, l’ensemble se serait révélé meilleur. Je lirai tout de même d’autres écrits de l’auteur tant le potentiel et la plume sont là.

En Résumé : J’ai finalement passé un moment de lecture plutôt mitigé avec ce court roman, qui possède ses qualités et ses défauts, même si dans l’ensemble elle reste positive. L’histoire nous propose de suivre trois lignes de narrations différentes, oscillant entre SF, policier et scientifique offrant un récit montant en tension au fil des pages et offrant de nombreux mystères qui viennent titiller l’esprit du lecteur. L’univers développé se révèle solide, offrant une opposition plutôt attrayante entre le monde post-apocalyptique et le présent, le tout porté par une dizaine personnages humains qui ne manquent pas de potentiel. Dommage que le format court empêche de vraiment les développer ce qui est parfois frustrant. Je suis par contre sorti légèrement déçu de la conclusion dont une partie est facilement prévisible, qui m’a parue manquer de force et reste ouvertes sur de nombreux sujets, même pour moi qui aime ce genre de fin. Peut-être que dans un format plus long l’ensemble aurait été mieux réussi et dosé. La plume se révèle entraînante, captivante et prenante sachant happer rapidement le lecteur. Je lirai tout de même d’autres écrits de l’auteur, le potentiel étant clairement là, bien porté par un style efficace.

 

Ma Note : 6/10

Autres avis : joyeux-drille, Lune, Cachou, …

Etoiles Mourantes – Ayerdhal & Jean-Claude Dunyach

etoiles mourantesRésumé : Les AnimauxVilles, gigantesque cités biologiques et conscientes, capables de défier les lois de l’Espace-Temps, ont permis à l’humanité de coloniser l’espace. Mais celle-ci s’est divisée en quatre rameaux, les Mécanistes, les Connectés, les Organiques et les Originels. Entre ces factions que trop de choses séparent, la guerre menace d’éclater.
Face à ce danger, un AnimalVille tente de tracer une autre voie. Les rameaux sont invités à assister ensemble à un spectacle unique : la mort par supernova d’une étoile binaire. Leurs représentants seront-ils à la hauteur de cet événement cosmique ? Et quelles seront les conséquences de ces retrouvailles ?
À la fois porté par un souffle tragique et une réflexion intimiste, hanté par la passion de l’art, le pouvoir mortifère de la technologie ou la quête sans fin de l’immortalité, Étoiles Mourantes dépeint la fresque d’une post-humanité en prise avec son plus grand défi : sa propre extinction.

Edition : Mnemos

 

Mon Avis : Étoiles Mourantes est un roman écrit à quatre mains entre deux très grands auteurs de la Science-Fiction française que sont Ayerdhal et Jean-Claude Dunyach. Dit comme ça, ce livre ne pouvait que me tenter fortement, surtout considérant le fait que je sois complètement passé à côté au moment de sa sortie. Initialement publié en 1999, il a rencontré un fort succès auprès des lecteurs et a même gagné deux prix. Cette période étant pour moi une année « pauvre » en lecture il n’a donc jamais transité entre mes mains. Par conséquent quand j’ai vu que les éditions Mnemos proposait une édition de luxe du livre, disponible aux dernières Utopiales, je n’ai pas mis longtemps a le faire rentrer dans ma PAL. Il est aussi à noter que la couverture ainsi que les illustrations sont réalisées par Gilles Francescano et se révèlent vraiment superbes, même si, j’avoue, j’attendais peut-être un peu plus d’illustrations intérieures.

Le récit démarre alors fort, nous proposant un prologue qui se révèle flamboyant, envoûtant et mystérieux posant les bases d’un profond bouleversement qui va profondément changer les bases de l’univers et happant le lecteur dès les premières pages. La suite se révèle ensuite plus posé, proposant un rythme assez lent permettant de présenter les héros et de mettre en place les bases de l’histoire et de l’univers. On découvre ainsi que l’humanité, au bord de l’explosion devant son incapacité à s’accepter et à s’harmoniser, s’est retrouvé scindé, il y a plusieurs siècles, aux quatre coins de l’univers grâce aux AnimauxVilles, êtres extraterrestres capables de voyager en utilisant les singularités. La première partie du roman va alors nous faire découvrir chaque rameaux que sont les Mécanistes puissants guerriers enfermé dans une armure et à la vision social étriquée, les Originels qui ont eux décidé de rester et qui sont, pour la plupart, des âmes sauvegardées, les Organiques modifiés grâce à un symbiote et qui vivent dans des AnimauxVilles, et les Connectés qui ne peuvent vivre longtemps sans être connecté au réseau, le tout à travers un récit choral nous dévoilant de nombreux personnages. La deuxième partie va se révéler alors plus intense, plus épique, amenant les retrouvailles des différents ambassadeurs choisis pour chaque peuple, ce qui va alors amener son lot de trahisons et de mensonges, jouant avec le lecteur et faisant monter la tension au fil des pages pour aboutir à une conclusion des plus fascinante et éclatante.

Ce livre propose clairement un récit qui cherche à faire réfléchir le lecteur offrant finalement une histoire qui se révèle profondément humaniste, montrant ainsi l’Homme sans artifices et sous son vrai visage, à la fois plein de qualités, mais aussi énormément de défauts et d’incompréhensions, le poussant à s’entre-déchirer, à vouloir dominer tout ce qu’il ne connait pas sans chercher à comprendre pour mieux l’avilir et le transformer en quelque chose d’utile voir une arme. Il cherche aussi à nous montrer l’importance de la communication, du mélange ; les clivages que peuvent entraîner l’absence de discussion, la découverte et le partage, ce qui fige alors obligatoirement les relations dans des « images », portant souvent son lot de haine et de différences, qui se retrouvent ainsi véhiculées à travers les générations. Il nous fait aussi réfléchir sur de nombreux autres points comme par exemple sur le fait de ne pas confondre société et individualité, tout un peuple n’est pas toujours coupables, mais aussi sur le pouvoir et les aspects générationnels qui bousculent les certitudes, la jeunesse se révélant finalement l’avenir, ou encore sur la peur de la mort et de l’extinction. Il s’agit d’un récit clairement dense, complexe, soigné et terriblement efficace, mais qui demande un minimum de concentration lors de la lecture, demandant à être assimilé  à la fois par les idées qu’il véhicule, mais aussi par les nombreuses manipulations qu’il propose.

L’univers développé tout du long se révèle vraiment soigné, captivant, travaillé et entraînant, le tout basé sur des aspects scientifiques pointu, mais pourtant compréhensible à travers des explications claires et accessibles. On sent bien aussi que les auteurs possèdent une belle imagination, nous dévoilant finalement deux univers séparés entre les organiques, avec les AnimauxVilles, les symbiotes et les évolutions génétiques, et les technologiques avec armures, intelligences artificielles ou encore vaisseaux spatiaux. Une dualité qui n’est pas sans conséquence. L’ensemble donne clairement envie d’en apprendre plus, d’en découvrir plus et surtout ne tombent jamais dans l’absurde ou même dans la caricature. Les différentes sociétés qui nous sont dévoilés ne manquent pas non plus d’attraits chacune possédant ses avantages et ses inconvénients, ses défenseurs et ses détracteurs. Comment ne pas se retrouver à avoir envie de naviguer sur ces immenses et magnifiques AnimauxVilles et découvrir leurs mœurs, revêtir ces armures qui deviennent indissociables de son propriétaire ou encore de pouvoir se connecter à une base de données aussi gigantesque que celle des Connectés. Chaque caste, chaque planète, chaque ville, tout se révèle détaillé et passionnant à imaginer. J’aurai aimé que le récit soit plus long rien que pour continuer à le visiter.

Concernant les personnages ils ne manquent pas non plus d’attraits, se révélant travaillés, complexes, efficaces et entraînants. Chaque personnage, de chaque société, possède ainsi sa propre individualité, sa propre vision des choses et sa propre façon de penser. C’est d’ailleurs sur cette différence que joue les auteurs pour nous faire comprendre qu’avancer est toujours plus facile et pratique ensemble, que séparément, apportant ainsi des émulsions. J’avoue avoir eu une préférence pour les protagonistes des Organiques ainsi que Tecamac des Mécanistes là où j’ai peut-être eu un peu plus de mal avec les Connectés qui, justement, m’ont paru trop s’enfermer sur eux-mêmes. C’est le but, je le sais bien, mais voilà l’héroïne Nadiane a parfois eu un peu de mal à me toucher. J’attendais peut-être aussi plus du Charon ou du frère de Nadiane. Mais bon rien de bloquant. Par contre je regrette certaines facilités au niveau de l’évolution des relations de certains d’entre eux, principalement quand on approche de la conclusion, ainsi que parfois un certain manque d’émotion qui se dégageaient d’eux, comme si les sentiments étaient voilés par l’écriture et la philosophie proposée. Rien de bloquant, mais parfois légèrement frustrant.

Alors après autant le dire tout de suite, si vous cherchez un roman plein de frénésie et d’action, passez votre chemin ce récit n’est sûrement pas fait pour vous, même s’il possède quelques scènes pleines d’adrénaline. Finalement, les seules reproches que je pourrai faire au roman sont : une première moitié de roman peut-être un chouïa trop verbeuse par moment, ainsi qu’une conclusion légèrement trop happy-end même si, c’est vrai, elle colle parfaitement à ce que veulent faire passer les auteurs. Peut-être mon côté un peu trop cynique. En tout cas des broutilles, tant je me suis retrouvé plongé dans ce récit qui nous fait réfléchir et nous offre une image cohérente et réaliste de l’Homme.

J’avais un peu peur, concernant le mariage du style des deux auteurs, que l’ensemble soit un peu haché, mais finalement il se révèle efficace, entraînant et riche où les points politiques, qui me paraissent venir d’Ayerdhal, se marient parfaitement bien avec le travail scientifique et détaillé de Jean-Claude Dunyach. J’ai passé un excellent moment avec ce livre dont j’aurai aimé, tout de même, qu’il dure plus longtemps. J’ai vu que le Roman Étoiles Mortes, se passait dans le même univers mais plusieurs siècles avant, je pense qu’il va prochainement finir dans ma PAL pour continuer à découvrir et voyager avec ces AnimauxVilles.

En Résumé : J’ai passé un excellent moment de lecture avec ce roman qui nous propose de découvrir une histoire dense, complexe, qui force le lecteur à réfléchir, proposant de nombreux axes de réflexion, principalement sur l’Homme, et qui et ne laisse pas indifférent. Un récit humaniste et efficace, bien porté par un univers pointu et des plus captivant, détaillé, qui se dévoile avec plaisir à l’imagination du lecteur sans jamais le perdre grâce à des explications abordables. Comment ne pas tomber sous le charme de ces AnimauxVilles, ces armures, ces vaisseaux etc… Les personnages ne manquent pas d’attraits et se révèlent soignés et entraînants même si j’ai trouvé que parfois l’aspect émotionnel était un peu voilé par le message que cherche à faire passer les auteurs. La plume des auteurs se révèle efficace, vivante, riche, faisant monter la tension au fil des pages pour un final explosif, immersif et flamboyant. Je regretterai juste peut-être une première partie légèrement verbeuse ainsi qu’une conclusion qui s’offre quelques facilités dans les relations des personnages et un petit peu trop happy-end par certains aspects, mais franchement des broutilles tant je me suis retrouvé happé par ce texte.

 

Ma Note : 8,5/10

Poupée aux Yeux Morts – Roland C. Wagner

poupée aux yeux mortsRésumé : Le temps est censé passer moins vite à bord des nefs voyageant à une vitesse proche de celle de la lumière. Pourtant, Kerl n’est plus qu’un vieillard à son retour de la planète Dzêta Bootis, tandis que Sue, demeurée sur Terre, n’a pas pris une ride en cinquante ans.
Ce paradoxe n’est que le premier d’une longue série d’événements en contradiction avec la théorie de la Rationalité. Qui est le fouinain, cet oracle extraterrestre improbable que l’on dirait tout droit sorti d’un dessin animé ? Pourquoi l’austère Merteuil Filvini poursuit Kerl de son impitoyable vindicte ? Que sont devenus les Programmeurs sauvages qui écumaient les supérettes durant la cruelle Ère néopure ?

Edition : Les Moutons Électriques

 

Mon Avis : Roland C Wagner fait partie de ces auteurs qui ont marqué la littérature de Science-Fiction française. Depuis que je tiens ce blog je n’ai pourtant chroniqué que son ultime roman, Rêves de Gloire, que j’avais adoré nous proposant une uchronie des plus fascinantes (ma chronique ici). Les Moutons Électriques ayant décidé de republier certaines de ses œuvres dans une magnifique édition reliée, il ne m’a donc pas fallu longtemps avant de faire rentrer ce livre dans ma PAL. À noter la couverture, illustrée par Caza, que je trouve superbe par son côté sobre et pourtant très SF.

Ce roman nous fait découvrir Kerl, naute, qui a voyagé dans l’espace mais qui, suite à un incident, n’a pas bénéficié du ralentissement du temps lors de son voyage proche de la lumière. Il décide, chose insensée, de retrouver la femme qu’il aime. Il apprend alors qu’elle est toujours en vie, qu’elle n’a pas vieillie et que surtout elle a été conditionnée et se retrouve prostituer. Il va alors tout faire pour la récupérer. On pourrait considérer ce récit comme une simple histoire sentimentale d’un amour perdu, mais il va finalement se révéler bien plus que cela, oscillant alors entre roman d’aventures, roman politique et science-fiction flamboyante. On se retrouve avec un roman dense et plus complexe qu’on pourrait le croire. Malgré un démarrage peut-être un peu lent, on est assez rapidement happé tant l’ensemble se révèle énergique, sans temps morts, explosif, avec son lot de surprises, d’humour et de rebondissements, nous plongeant en plein milieu d’une menace qui devrait complètement bouleverser l’univers tel qu’on le connait. Plus on avance dans le récit et plus on a l’impression que cela part dans tous les sens, mais le tout de façon maîtrisé, sans jamais nous perdre. Certes il y a un côté barré, mais il se révèle cohérent et colle finalement parfaitement à l’univers que nous propose l’auteur.

L’univers qui est développé tout au long du récit ne manque pas d’interpeller et de surprendre. Certes tout n’est pas non plus parfait, tant l’auteur cherche à nous offrir de nombreuses références et à nous faire découvrir de nombreux personnages, mais dans l’ensemble il se révèle abouti et ne manque pas d’attrait. Un univers futuriste qui n’a surtout pas l’air d’avoir perdu sa cohérence tant certains aspects politiques restent encore plausibles comme cette montée au pouvoir des néopurs ou bien encore ce besoin de se replonger dans un passé souvent magnifié et fantasmé. Cette société qui donne l’impression de ne plus avancer tant elle se fige dans des règles. Une histoire qui ne nous laisse donc pas indifférent et qui nous fait réfléchir comme par exemple sur la violence, même si parfois de façon un peu trop facile. D’ailleurs c’est la grande force du récit, nous présenter cette perturbation qui va redistribuer les cartes, tout en restant cohérent et efficace, relançant ainsi complètement l’intrigue. Alors après, j’avoue, j’aurai aimé en savoir plus sur certains aspects comme par exemple les matraqueurs dont on ne sait que peu de choses. Au final un univers qui donne envie d’être découvert et d’en apprendre plus, avec un bon son rock qui offre un plus à l’ensemble.

Mais finalement ce livre s’avère être aussi une ode à la science-fiction, une définition de  genre passant par plusieurs de sess états. La postface est d’ailleurs là pour nous permettre de mieux comprendre, car oui ce roman finalement offre de nombreuses variations de ce que peut bien composer la SF, allant d’un univers normé et scientifique pour plonger peu à peu dans l’improbable voir l’impossible redéfinissant les règles du jeu, tout en nous offrant une dystopie et le tout mâtiné légèrement de Space-Opera. L’auteur s’amuse clairement avec les différents genres sans jamais s’embrouiller ni tomber dans l’absurde et cela pour le plus grand plaisir du lecteur.

La palette de personnages qui nous sont présentés se révèle vraiment vivante, entrainante et surtout, je trouve, attachante. Comment ne pas s’accrocher à Kerl dans sa quête impossible d’un amour qu’il a fui par peur d’un futur et par idéologie, se retrouvant coincé dans un schéma qu’il ne comprend pas et qui pourtant va tout faire pour s’en sortir, ou bien encore Sue coincé dans son conditionnement, qui a tout oublié ou encore le Fouinin personnage excentrique, type héros de dessin animé, oracle obscur qui offre ses indices goutte à goutte. Même les protagonistes plus sombres possèdent une certaine ambiguïté et une certaine profondeur qui les rend intéressants. Mon seul regret vient finalement du héros principal, Kerl, ou plutôt de son âge. Il est présenté comme ayant plus de 70  ans et franchement c’est difficile à croire devant tout ce qu’il arrive à faire, même aidé par des implants. Mais rien de non plus gênant ou bloquant.

Après tout n’est pas non plus parfait dans ce roman, il s’agit d’un des premiers roman de l’auteur et parfois ça se sent un peu dans certains artifices pour garder accroché le lecteur qui manquent un peu de finesse. Ensuite vers les deux tiers du récit un certain essoufflement se fait ressentir, multipliant les rebondissements pour garder le plus tard possible cette dernière surprise qui, certes, est rattrapé par un final des plus cosmique, flamboyant et fascinant, mais frustre légèrement. Enfin j’avoue ne pas avoir complètement accroché à l’humour, principalement des Salvoïdes, à base de jeux de mots, mais là ça dépendra clairement de chacun, je pense simplement ne pas avoir le même humour. Cela ne gâche en rien le récit, juste une petite impression de passer à côté de quelque-chose.

La plume de l’auteur se révèle vivante, entrainante, efficace nous plongeant facilement dans son récit rempli d’aventures tout en oubliant pas de nous faire réfléchir. Un récit globalement enlevé qui, je pense, mérite d’être découvert et qui en plus permet de se faire une idée sur un panel assez large du genre de la science-fiction. Au final j’ai passé un très bon moment de lecture avec ce roman et je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce roman qui nous propose de suivre Kerl dans sa quête d’un amour impossible, qui va se révéler être un récit bien plus complexe et fascinant que cela. Entre aventure, amour, satire politique et humour on obtient une histoire dense et terriblement efficace malgré un démarrage peut-être un peu lent. L’univers qui nous est présenté se révèle solide et offre de nombreuses réflexions, même si j’aurai aimé en savoir plus sur certains aspects. Surtout avec ce roman l’auteur nous offre une définition large de la science fiction, allant du raisonné vers l’improbable en passant par d’autres genres et surtout sans jamais se perdre ni rendre l’ensemble absurde ou ennuyeux. Les personnages se révèlent complexes, attachants et entrainants, j’ai juste eu du mal à accepter le fait que le héros ait plus de 70 ans au vu de toutes les péripéties qu’il rencontre. Je regrette par contre une certaine longueur qui apparait dans le dernier tiers du récit, un humour à base de jeux de mots dont j’ai eu du mal à accrocher et certains artifices facilement devinables, mais bon rien de bloquant ou de complètement dérangeant. La plume se révèle entrainante, efficace et soignée et je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.

 

Ma Note : 8/10

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