Catégorie : Science-Fiction Page 30 of 56

Juste À Temps – Philippe Curval

juste a tempsRésumé : Parvenu à l’âge des choix et des bilans, cet âge où l’on ne peut plus mentir à la vie, le réalisateur Simon Cadique entrevoit un sujet qui pourrait devenir son œuvre. Un film vérité sur deux figures injustement oubliées de l’histoire, deux fils de la paysannerie picarde qui dans les années 1900 se transformèrent en arpenteurs des airs et en industriels de la modernité, deux frères, les frères Caudron, dont les avions qu’ils fabriquaient à mesure qu’ils les inventaient, et qui portaient leur nom, s’envolèrent à l’assaut du XXe siècle sur les plages de la baie de Somme.
Mais comment être certain d’apprécier sans la trahir l’atmosphère faite de neuf et d’ancien qui régnait en baie de Somme un siècle plus tôt ? À quoi pensaient les frères Caudron en bricolant leurs machines ? À quoi pensaient les badauds endimanchés qui regardaient s’élever du sable biplans, biplaces et autres aéroplanes ?
Simon sait combien le temps rend chaque époque irrémédiable à l’autre. Mais le temps a sa propre histoire et cette fois, il en a décidé autrement. Amitiés, richesses, souvenirs, amours : toutes les cartes sont en passe d’être rebattues. Car, dans un ressac digne des plus grandes marées, ce sont les époques elles-mêmes qui viennent se percuter à l’embouchure de la Somme.

Edition : La Volte

 

Mon Avis : Philippe Curval fait partie de ces auteurs qui ont fortement influencé la science-fiction française, en devenant même une référence récompensée de nombreux prix, et dont pourtant je n’avais encore quasiment rien lu. Je fais un peu mon Mea Culpa, je me disais depuis un long moment que je devais découvrir les livres de cet auteur et, pourtant ils ont mis du temps à rejoindre ma PAL. Il a fallu attendre les dernières Utopiales et la nomination de ce roman pour le prix du festival, ainsi que ma rencontre avec l’auteur, pour que je décide de faire entrer ce livre dans ma bibliothèque. À noter l’illustration de couverture que je trouve très sympathique. Par contre petite critique concernant l’édition, une relecture supplémentaire aurait pu apporter un plus concernant certains mots auxquels il manquait parfois des lettres.

On plonge  dans le quotidien de Simon Cadique dont la vie n’a pas pris le chemin qu’il espérait. En colère face à de trop nombreux échecs, révolté devant ce que devient sa vie, il décide de revenir dans son village d’enfance pour réaliser un film sur les frères Caudron, héros de l’aviation française, et eux aussi originaires de la région. Sauf que tout va être bouleversé par l’apparition de marées temporelles qui vont mélanger passé, présent et futur. J’ai eu un peu peur en me lançant dans ce récit, plongeant directement dans un premier chapitre plein de fureur, au style haché avec des phrases courtes qui a eu un peu de mal à me convaincre, mais voilà ce fut de courte durée puisqu’au fil des pages je me suis finalement laissé facilement entrainer par ce récit, mélange d’aventures, d’enquêtes et de science-fiction. L’intrigue va ainsi osciller entre ce besoin de comprendre ces changements, le héros qui cherche à se retrouve, critique sociale et réflexion sur le passé et l’avenir qui a vraiment réussi à me happer tant par sa profondeur et sa poésie que par son travail de fond et, à la limite, sa « photographie » qui ont fait que je tournais les pages facilement avec plaisir et envie d’en apprendre plus. On sent que l’auteur maîtrise parfaitement son récit, entre révélations, surprises et introspection pour ne jamais perdre ou ennuyer le lecteur.

J’ai d’ailleurs été surpris, je ne sais pas pourquoi je m’étais mis en tête de me lancer dans un roman d’une grande densité et complexité, alors que finalement il se révèle beaucoup plus fluide et divertissant. Alors attention, je n’essaie pas de dire qu’un roman complexe ne peut être fluide et inversement, mais voilà là je m’attendais à un récit complètement différent et pourtant l’auteur a réussi à me surprendre sur un attente certes « différente » (et encore je n’aime pas ce mot) mais qui pourtant a réussi à m’accrocher et a me passionner que ce soit dans sa construction comme dans les messages qu’il véhicule.

Déjà l’un des gros point forts du récit vient clairement de la présentation qui nous est faite de la Baie de Somme, que ce soit à travers ses descriptions, sa culture, son histoire ou encore sa gastronomie et qui se révèle fascinante. On sent toute la passion que cherche à faire passer l’auteur de cette région et ça marche, j’avoue que je ne la connaissais pas trop, mais maintenant j’ai bien envie de la découvrir et me faire un avis malgré cette nostalgie qui se dégage de ce que met en avant l’auteur au fil des pages. Car oui, certes, il rend la Baie de Somme magique, mais surtout il partage une certaine tristesse de la voir perdre sa splendeur d’antan ; splendeur qu’il peut parfaitement rendre justement avec tous ses voyages dans le temps, rendant ainsi aux lieux une certaine « vie », une certaine « couleur », qui offre une beauté mais aussi une certaine nostalgie sans non plus tomber dans l’idée que « c’était mieux avant ». Le tout est aussi clairement porté par des descriptions très visuelles, on a vraiment l’impression de visualiser les différents lieux explorés au fil des pages.

Mais voilà l’auteur ne s’arrête pas qu’à nous faire découvrir, ce qui parait être, sa région, ou à nous divertir en nous offrant une histoire efficace qui oscille entre passé et futur, le tout sur un rythme posé et calme avec son lot de surprises, il se sert aussi du roman pour essayer, de nous rappeler ce qu’est, d’une certaine façon la « magie » liée à la science et aussi à nous faire réfléchir. L’un des gros point qui ressort du livre c’est vraiment cette impression qu’aujourd’hui on regarde la technologie comme quelque chose de banale, là où il y a à peine 100 ans une telle expérience amassait des foules de curieux et faisait rêver petits et grands, comme si on avait perdu cette capacité de s’émerveiller de l’évolution technologique, entrant dans une certaine routine. Ensuite l’auteur offre aussi quelques points de réflexion que ce soit d’un point de vue historique comme sur l’Europe et la guerre, mais aussi d’un point de vue social, qui ne m’ont pas laissé indifférent même si je n’était pas toujours d’accord avec les avis du narrateur.

Le panel de personnages que nous offre l’auteur se révèle véritablement hétéroclite et soigné, même si parfois la multitude de protagonistes qui se dévoilent au fil des pages fait que certains, pour moi, se trouvent un peu « légers » et auraient pu mériter d’être plus développés, mais rien de non plus bloquant ou frustrant. On s’attache assez rapidement à son héros, Simon, personnage en pleine crise d’identité qui cherche, d’une certaine façon, à se reconstruire à travers le travail ; à la fois héros du passé comme homme du futur il colle parfaitement à cette oscillation temporelle.

Mon seul regret finalement concernant ce roman vient parfois d’une certaine facilité scénaristique qui se dégage dans certaines scènes, principalement dans les échanges temporels comme par exemple notre héros qui revient dans le passé avec une caméra numérique et c’est à peine si ça hausse un sourcil.  Mais bon rien de non plus dramatique tant je me suis retrouvé porté par cette histoire, à la fois intime et d’aventures, qui m’a offert un très bon moment de lecture, le tout dans un style poétique, simple et entrainant et je lirai sans problèmes d’autres écrits de l’auteur..

En Résumé : J’ai passé un excellent moment de lecture avec ce roman qui m’a offert une intrigue mélange d’aventures, d’Histoire, d’enquêtes et de science-fiction qui m’a surpris en offrant finalement une histoire différente de mes attentes, mais qui m’a passionné que ce soit dans son récit comme dans ce qu’il cherche à faire passer. L’auteur nous fait ainsi découvrir la Baie de Somme qui est magnifié par les descriptions très visuelles qui donne vraiment envie de la découvrir malgré une certaine nostalgie qui se dégage. Mais voilà ce livre ne nous offre pas qu’une visite passionnante de la région et un récit maîtrisé entre rebondissements, surprisse et introspections, il nous offre aussi de nombreuses réflexions que ce soit aussi bien sociales, comme sur la « magie » scientifique qui est perdue. Le panel de personnages que nous fait découvrir l’auteur se révèle soigné et hétéroclite, même si les nombreux protagonistes font que certains auraient, selon moi mérité d’être plus développés. Rien de bloquant non plus. On s’attache assez facilement au héros, Simon, en pleine crise d’identité qui cherche à se retrouver. Mon seul regret vient finalement de certaines facilités, principalement dans l’aspect temporel, mais bon rien de non plus dérangeant. La plume de l’auteur se révèle simple, poétique et entrainante et je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.

 

Ma Note : 8/10

Retis Galactica Intégrale 1, Le Monolithe Noir – Bertrand Passegué

retis galactica 1 le monolithe noirRésumé : C’est au coeur de l’Australie, au fin fond du Queensland, qu’apparaît une mystérieuse colonne noire entourée de brume. Un artéfact. mais d’où vient-il? Que dissimule-t-il? La Terre va-t-elle connaître un premier contact avec des aliens? Le monde entier se passionne pour cette apparition hors du commun, et les hordes de curieux débarquent sur le site de l’apparition. Mais quelles sont les motivations des constructeurs du Monolithe? Tandis que l’inquiétude générale monte, la journaliste Jill Lowell et le photographe Ross Fergusson tentent de s’approcher de l’immense objet extraterrestre afin d’en percer les secrets.
Bien vite, prisonniers des murs translucides et indestructibles de l’artefact, ils oublient leur rêve de scoop pour se concentrer sur l’essentiel: la survie.

Edition : Critic

 

Mon Avis : Je me suis laissé tenter par ce livre, premièrement, parce qu’on me l’a très bien vendu comme de la science-fiction de pur divertissement, sans temps morts, qui se lit facilement et se révèle bien fun. De plus, il faut bien l’avouer je trouve la couverture, illustrée par François Baranger, vraiment magnifique. Il a donc rejoint très rapidement ma PAL. Il est à noter concernant ce cycle de quatre tomes, que les deux premiers tomes ont été publiés dans les années 90 chez feu Fleuve Noir Anticipation, mais que la suite n’a jamais été éditée. Cette intégrale propose donc de redécouvrir les deux premiers tomes, et la seconde intégrale, qui est sorti il y a quelques semaines toujours chez Critic, les deux derniers tomes.

On plonge ainsi dès la première page à la découverte d’un ovni qui vient se poser sur terre et qui se déforme pour devenir un monolithe immense en pleine Australie. Cet incident va alors très rapidement apporter son lot de militaires, visiteurs et journaliste, dont une partie d’entre eux va se retrouver prisonnier de cet étrange édifice. Je dois bien avouer qu’on ne m’avait pas menti en m’annonçant une lecture divertissante, puisqu’elle se révèle vraiment entrainante, sans temps morts, bien porté par de nombreux rebondissements et de nombreuses surprises qui font qu’on se laisse facilement emporter par la lecture. On se retrouve ainsi rapidement happé par cette fuite en avant, ce besoin de survivre par-dessus tout des protagonistes et malgré les nombreuses épreuves qu’ils vont rencontrer, obligeant les héros à se lancer dans le pire comme dans le meilleur. Alors certes ce genre de récit n’a rien de révolutionnaire, l’artefact alien qui vient remettre en cause notre vernis de civilisation,  mais voilà cela n’empêche pas l’auteur de nous offrir un récit solide, efficace, à la tension qui monte au fil des pages et des péripéties rencontrées, le tout mâtiné d’un soupçon d’angoisse bienvenue dans ce genre de récit, malgré c’est vrai, il ne faut pas le nier, une certaine linéarité.

L’univers développé par l’auteur se révèle assez solide et surtout efficace, que ce soit dans la première partie avec cet artefact aux nombreux secrets dangereux et mortels, mais qui va finalement se révéler un peu plus complexe que cela, ou bien encore dans la seconde partie qui nous emmène dans un tout autre endroit, où l’humanité va découvrir qu’elle n’est pas seule. J’ai d’ailleurs eu une petite préférence pour cette seconde partie qui permet à l’auteur de travailler pleinement sur l’imagination, lui offrant de nouvelles races avec leurs forces et leurs faiblesses, même si un peu trop anthropomorphique, qui vont devoir apprendre et évoluer, là où finalement la première partie joue simplement sur l’angoisse et la fuite en avant. L’univers continue à se développer aussi de façon entrainante au fil des pages, jouant sur les questions soulevées, comme savoir d’où vient cet artefact? Qui le commande et que cherche-t-il? Ami ou ennemi? Alors certes du déjà-vu, mais ça marche bien.

Pour ce qu’il s’agit des personnages , je suis plutôt mitigé, certains sortent vraiment du lot je pense principalement à Ferguson qui prend de plus en plus d’ampleur au fil du récit et va devoir lutter face aux épreuves mais aussi, à certains moments, face à lui-même, ou bien encore l’énigmatique Sarah ainsi que Gouwoumba le sorcier. Concernant les autres personnages, ils ne sont pas mauvais, mais un peu trop caricaturaux, que ce soit Jill la jeune femme prête à tout pour réussir, Joe le bad-boy ou Driscoll le militaire ils restent un peu trop coincé dans leurs stéréotypes ce qui est légèrement dommage. Mais voilà pour moi le point faible du récit vient clairement de la représentation de la femme que j’ai considéré quand même très « machiste ». C’est bien simple elle est soit mère, soit amante, soit abusée, j’ai trouvé cela trop simpliste et dommage. Alors cela n’enlève en rien à l’aspect divertissant du récit, mais j’ai trouvé cela frustrant et je pense que ça pourrait bloquer certains lecteurs.

Concernant la plume de l’auteur elle se révèle simple, percutante et entrainante, plongeant rapidement le lecteur dans son récit pleine de surprises et de rebondissements. Alors c’est vrai, certains passages se révèlent un peu trop faciles dans leurs résolutions, mais franchement c’est un page-turner fun et il remplit bien son rôle de ce point de vue là, avec juste en fausse note le point que j’ai soulevé sur les personnages féminins. En tout cas je lirai sûrement la seconde intégrale pour savoir comment vont s’en sortir nos héros.

En Résumé : On m’a fait découvrir ce livre en m’annonçant un récit fun et divertissant et je dois bien avouer que de ce côté là je ne suis pas trop déçu, tant j’ai facilement tourné le pages pour en apprendre plus avec cette histoire qui se révèle sans temps morts, efficace et entrainante, avec son lot de surprises et de rebondissements le tout sur un rythme soutenu et légèrement angoissant. L’univers se révèle solide et intéressant à découvrir que ce soit dans la première partie avec le Monolithe mais aussi la seconde partie qui nous fait découvrir quelque chose de plus large malgré quelques facilités et une certaine linéarité. Concernant les personnages je suis plutôt mitigé entre les héros sympathiques et efficaces à découvrir et ceux un peu trop caricaturaux, mais là où je reste perplexe, voir déçu, c’est dans la position de la femme trop « machiste » à mon gout je trouve. La plume de l’auteur se révèle simple, efficace et entrainante. Au final un page-turner, plutôt sympathique avec ses défauts et ses qualités, mais dont je lirai sûrement la suite pour savoir comment vont s’en sortir les héros face à ce qui leur arrive.

Ma Note : 6,5/10

Fortune Cookies – Silène Edgar

fortune cookiesRésumé : Bretagne, demain :
Une coupure d’électricité plonge la petite vie de Blanche et Hadrien dans le noir, ainsi que toute l’Europe. Un mystérieux appel résonne sur les ondes : le gouvernement cache qu’il se passe quelque chose au Sud… la guerre ? Leur fille est loin, en vacances au-delà des Pyrénées. Hadrien décide de partir immédiatement à sa recherche, mais Blanche a peur.
Paris, après-demain :
État d’urgence, peuple bâillonné. Blanche est devenue Bianca, résistante. Les opposants à la dictature médiatique utilisent les réseaux de consommation pour faire passer leurs messages, sur les barquettes de poulet, les barils de lessive ou dans les fortune cookies, mais, bientôt, il faudra aller plus loin. Bianca trouve de la force entre les bras de Joshua, et jamais elle ne parle ni d’Hadrien, ni d’Élisabeth.
Quelque chose a basculé sur la route.

Edition : Snark

 

Mon Avis : Après deux essais qui se sont révélés mitigés, voir infructueux, je tente à nouveau ma chance avec les éditions Snark puisque j’ai profité, il y a plusieurs mois de cela, d’une opération à 99cts l’ebook pour offrir une chance à des romans dont j’ai entendu beaucoup de bien et qui offraient un résumé accrocheur. Silène Edgar faisant partie des auteurs dont on me conseille la lecture depuis un petit moment maintenant, j’ai donc décidé de me laisser tenter par ce Fortune Cookies.

On plonge ainsi dans le quotidien de Blanche dont la vie va basculer le jour où une coupure d’électricité de plusieurs jours va plonger le pays dans le noir. Surtout que sa fille est en Espagne avec ses parents et que des émissions de radio pirate parlent de complots et de mensonges du gouvernement à la frontière. L’état d’urgence est alors voté en France. On se retrouve ainsi à osciller entre deux époques, une narration avec Blanche qui nous raconte sa vision de cet incident et surtout sa réaction, sa façon de le gérer, le tout de son point de vue de citoyenne intégrée et une autre narration avec Blanche, devenue Bianca, est devenue résistante face à cette France devenue un état policier et je dois bien avouer qu’on se retrouve très vite happé par ce récit intense, tendu, avec son lot de rebondissements, bien porté par les personnages et leurs attentes, qui font qu’on tourne les pages assez facilement de ce court roman. Concernant l’intrigue l’auteur a décidé de ne pas se concentrer sur cette fameuse crise, mais plus sur la réaction des gens, et plus principalement de son héroïne, face aux bouleversements qui vont se dessiner aussi bien d’un point de vue politique, social ou encore personnel. Entre fuite en avant et résistance on est facilement entrainé par les aventures des personnages. Alors certes l’auteur ne révolutionne pas non plus le genre de l’anticipation, mais cela ne l’empêche pas d’offrir un récit efficace, percutant et intelligent, offrant de nombreuses réflexions même si  certains parti-pris se révèlent parfois légèrement frustrants pour le lecteur que je suis.

L’intérêt principal vient donc clairement de l’univers construit par l’auteur, cette politique fiction se reposant sur le principe d »Etat d’Urgence avec toutes les « contraintes » qu’elle entraine avec elle et qui sont souvent liberticide. Mais la réflexion principale vient finalement de Blanche, cette héroïne lambda, vivant dans son confort et ses certitudes, qui va devoir revoir énormément de ses certitudes et de ses acquis, ouvrir les yeux. Voilà finalement le message que cherche à faire passer l’auteur, il faut ouvrir les yeux, ne pas se laisser endormir devant notre bien-être, la désinformation, mais surtout le récit nous pose la question de savoir quelle serait notre réaction si jamais ça devait nous arriver? Un message qui se révèle vraiment efficace, qui reste d’actualité. Mais voilà là ou le récit, pour moi, pêche un peu c’est justement dans cet aspect politique qui ne reste que trop survolé. On ne sait finalement que peu de choses des conflits et surtout tout ce qui entoure cet état d’urgence, car oui il a clairement des contraintes énormes, que ce soit dans la mise en place de couvre-feu ou  de permis de circulation, mais il a normalement aussi ses limites, hors rien n’est clairement défini dans le récit. Attention cela n’enlève en rien la portée du message et son côté percutant, loin de là, mais se révèle parfois légèrement frustrant tant j’aurai aimé en savoir plus et que l’univers mis en place est dense.

Concernant les personnages celui qui marque le plus est, bien entendu, Blanche l’héroïne principale du récit. Ses émotions et ses sentiments transparaissent vraiment au fil des pages et font qu’on se passionne pour elle, qu’on s’inquiète face aux nombreuses épreuves qu’elle rencontre et l’amour qu’elle porte à sa fille, coincée en Espagne sans aucune possibilité d’avoir de nouvelles. On découvre aussi au fil du récit une héroïne ambiguë, complexe, qui nous touche et nous questionne, qui doit faire face à une vérité qui la dépasse et doit faire des choix pas toujours faciles, même si par moment j’ai ressenti un léger manque de sentiments dans certains passages, mais rien de trop dérangeant. Concernant les autres personnages ils se révèlent, eux-aussi intéressants à découvrir, apportant leurs propres points de vues, que ce soit sur cette crise comme sur l’héroïne, ce qui permet finalement de la rendre encore plus humaine avec ses failles et ses forces. Le côté court du roman fait, par contre, qu’on a un peu de mal à s’attacher aux personnages secondaires, mais rien de bloquant non plus.

La plume de l’auteur se révèle entrainante, vivante et fluide, accrochant rapidement le lecteur dans une histoire percutante et efficace qui ne laisse pas indifférent et offre une conclusion, certes peut-être un chouïa trop dans le côté explosif à mon goût, mais qui ne manque pas de faire réfléchir et cherche à amener le lecteur à se poser des questions. En tout cas ce Fortune Cookies fût pour moi une belle découverte et je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.

En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec ce court roman qui nous offre une histoire d’anticipation percutante, haletante avec de nombreux rebondissements et qui nous fait réfléchir. L’univers développé par l’auteur se révèle dense, efficace et soulève de nombreuses questions, principalement sur notre possible réaction si jamais ce genre d’évènements devaient arriver. Je regretterai juste que l’auteur reste un peu trop en surface de certains éléments, mais rien de non plus bloquant. Concernant les personnages, l’héroïne Blanche de révèle être complexe, humaine, avec ses force et ses faiblesses, qui doit faire face à de nombreuses épreuves et de nombreux choix pas toujours aisés. Les personnages secondaires qui gravitent autour d’elle sont efficaces et intéressant à découvrir même si le format de court roman fait qu’on a un peu de mal à s’attacher à eux, mais rien de non plus bloquant. La plume de l’auteur est fluide, entrainante, percutante et nous happe rapidement dans son récit. Je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.

 

Ma Note : 7,5/ 10

 

Autres avis : Lelf, julien le naufragé, etc…

Une Pluie sans Fin – Michael Farris Smith

une pluie sans finRésumé : Après des années de catastrophes écologiques, le sud des États-Unis, de la Louisiane à la Floride, est devenu un véritable no man’s land. Plutôt que de reconstruire sans cesse, le gouvernement a tracé une frontière et ordonné l’évacuation de la zone. Au sud de la Ligne se trouve désormais une zone de non-droit ravagée par les tempêtes et les intempéries incessantes – sans électricité, sans ressources et sans lois.
Cohen fait partie des rares hommes qui ont choisi de rester. Incapable de surmonter la mort de sa femme et de l’enfant qu’elle portait, il tente tant bien que mal de redonner un sens à sa vie, errant sous une pluie sans fin. Des circonstances imprévues vont le mettre en présence d’une colonie de survivants, menée par Aggie, un prêcheur fanatique hanté par des visions mystiques. Celui-ci retenant contre leur gré des femmes et des enfants, Cohen va les libérer et tenter de leur faire franchir la Ligne. Commence alors un dangereux périple à travers un paysage désolé, avec pour fin l’espoir d’une humanité peut-être retrouvée.

Edition : Super 8

 

Mon Avis : Je dois bien avouer que ce livre me tentait depuis sa sortie avec son résumé très post-apocalyptique (genre qui me tente toujours) offrant comme idée originale d’imaginer une « fin du monde » liée à la nature, la pluie et les tempêtes. De plus les premiers retours que je découvrais à droite et à gauche se révélaient, globalement, positifs. Par conséquent quand j’ai vu que Babelio proposait de découvrir ce livre lors de son dernier Masse Critique, j’ai décidé de tenter ma chance et j’ai eu la chance d’être sélectionné. Je remercie donc Babelio et les éditions Super 8 de m’avoir permis de découvrir ce roman. Concernant l’illustration de couverte elle révèle assez simple, mais plonge directement dans l’ambiance humide du récit.

Comme certains l’ont déjà fait, je vais moi aussi enfoncer le clou concernant l’aspect marketing (aussi bien Anglais que Français), qui compare ce livre à La Route de McCarthy, ce qui n’est pas le cas. Si vous vous lancez dans cette lecture en pensant y retrouver La Route, vous risquez d’être frustré, certes c’est du post-apo et on y retrouve aussi une  certaine tentative de profondeur et de réflexions, mais on se rend très vite compte que les deux histoires sont complètement différentes et surtout ne cherchent pas du tout la même chose.

On se retrouve ainsi ici à suivre Cohen qui, depuis la mort de sa femme, vivote dans cette zone sauvage et de non droit qu’est devenue le sud des Etats-Unis, ravagée par les pluies incessantes et les tempêtes dévastatrices. Sa vie va alors changer après avoir été volé un peu naïvement par un couple de jeunes gens. Mais voilà, une fois la dernière page tournée je n’ai jamais vraiment réussi à entrer dans l’histoire et je sors légèrement déçu de ma lecture. Pourtant ça démarrait bien, certes le héros est naïf (voir un peu concon disons le clairement), mais on sentait bien cette solitude, cette souffrance, cette abandon et ce besoin de survivre, sauf que voilà la suite m’a rapidement fait déchanter. Attention il y a de gros risques de SPOILER dans ma chronique.

Déjà le premier point qui m’a un peu bloqué vient de l’ambiance que cherche à mettre en place le récit, cette pluie qui tombe sans arrêt, qui doit rendre l’ensemble humide aux nombreuses conséquences et péripétie que cela occasionne. Sauf que voilà de conséquences, il n’y en a pas, ou si peu et seulement quand ça arrange l’auteur. Car oui, quand je vois des gars allumer un feu ou s’allumer des clopes à l’extérieur, tranquillement, alors que l’air doit être saturé d’humidité et qu’il pleut sans arrête c’est aberrant. Pareil niveau inondation, coulées de boues, apparition de zones traitres et de marais on oublie, nos héros marchent toujours sur un sol bien dur, juste de quoi se salir les pompes et râlé car on a les vêtements trempé. Niveau post-apo, franchement on repassera et niveau prophétique ou éveil d’une conscience écologique vu que l’auteur n’en parle jamais il n’y en a pas. Ensuite, j’aimerais comprendre comment, dans une région abandonnée et sans plus aucune loi depuis 3 à 5 ans on peut encore penser à se servir de billets de banque comme monnaie pour faire ses courses. Dans la partie civilisée c’est logique, mais bon sang celle qui est abandonnée, surtout depuis si longtemps, j’ai du mal à y croire. D’ailleurs en parlant de « civilisé », pour des mecs qui ont été abandonnés par leur pays à leurs sorts, oubliés et ne possédant plus que ce qu’ils peuvent sauver, ils m’ont paru bien gentillet, c’est limite s’ils ne se disent pas bonjour et ne vous tiennent pas la porte en vous souriant en se retrouvant tous chez le receleur du coin. Après j’exagère un peu, il y a bien une ou deux personnes qui tentent de jouer les vilains pas beau, mais bon pas de quoi faire frémir mon petit coeur de lecteur.

Autre point qui m’a dérangé vient de la façon dont l’auteur chercher à construire ses rebondissements, ses épreuves, que vont rencontrer nos héros, car entre celles qui sont traitées beaucoup trop rapidement (comme toute la partie Aggie qui aurait sûrement mérité plus) et celles qui sont très très mal amenées et limites aberrantes, très peu ont réussies à me happer, surtout que l’auteur les gère aussi sans aucune véritable intelligence. Pour vous donner un exemple de certaines incohérences je vais vous conter la vie de Bébé, personnage du livre. Nos héros se retrouvent un moment à se poser dans une maison, tranquillement, sauf que voilà Bébé hurle, il est brulant de fièvre (telle que c’est limite si l’auteur ne compare sa température corporelle à l’enfer), sauf que voilà pas de bol la faute à un autre personnage un peu concon (c’est bon les gars vous pouvez monter un club) ils doivent fuir la maison avec Bébé hurlant à la mort. Coup de chance, ils trouvent une fermette un peu plus loin et, énorme second coup de chance, elle a l’eau courante. Cool, c’est bon ils vont pouvoir s’occuper de Bébé, le soigner, le panser, le laver …. Euh. En fait non, on se retrouve plutôt devant une bande d’ado qui se foutent mais comme de leur dernière chaussette sale de Bébé et qui braillent à tout va qu’ils vont enfin pouvoir prendre un bain se battant pour savoir qui va passer le premier. Vraiment? Oui vraiment car pendant 50 pages on ne parlera plus de Bébé, le temps que tout le monde prenne son bain et sortent tout propres, on le retrouvera alors avec deux personnages féminins au QI de bulot qui tentent de philosopher pour savoir si finalement il ne pleure pas parce qu’il est aussi malheureux. Il. Est. Malade. bon sang. Enfin cela a permis à l’auteur de grappiller 70 pages et de s’offrir un rebondissement. D’ailleurs Bébé prouvera son utilité un peu plus tard en disparaissant avec ses deux bulots, emmenés par les militaires vers un hôpital loin, très loin pour ne plus jamais réapparaitre.
Pourquoi les militaires n’ont pas emmené nos héros aussi et ainsi les sauver? Ne pose pas de question malheureux. NON, ne la pose pas on te dit. Je suis un peu méchant, j’avoue, mais franchement qu’on soit clair c’est aberrant.

Concernant les personnages Cohen n’est pas en soit un mauvais héros, avec son côté fragile, brisé par la mort de sa femme, qui vit avec ses fantômes, il arrive à nous intéresser, limite à se révéler attachant au point qu’on est prêt à lui pardonner sa naïveté et son côté sauveur biblique qui vient libérer son peuple des eaux. Le soucis vient par contre des autres protagonistes qui eux se révèlent plats, fade et ennuyeux. Franchement il n’y a pas un seul autre protagoniste qui a réussi à ce que je m’intéresse à lui. Seul Aggie aurait pu être intéressant, même si très archétypé, sauf qu’il disparait trop vite pour commencer à s’affirmer. On évitera de parler des personnages féminins, tant aucune n’arrive à se révéler plus qu’une caricature ou se révèlent inutiles et ennuyeuses. Seule Mariposa aurait pu apporter quelque-chose, mais elle perd de son charisme au fil des pages et de sa liaison avec le héros pour devenir une simple petite chose fragile qu’il faut protéger.

Concernant le style de l’auteur je dois bien avouer que je l’ai trouvé long, mais long. Là où justement La Route épurait au maximum son texte pour se révéler percutant et prenant dans son intrigue comme dans le travail des personnages, Michael Farris Smith, lui se lance dans de longues logorrhées, limite soporifiques, qui plus est n’arrêtant pas de se répéter dans ce qu’il cherche à faire passer et tombant dans des descriptions lourdes à mon goût. La scène de flashback à Venise m’a aussi paru complètement inutile, l’auteur cherchant, je pense, à faire un parallèle entre deux mondes couverts d’eau mais qui traine et n’apporte rien, et le rebondissement du dernier tiers m’a paru trop gros. Pourtant, et c’est ce qui sauve le récit de la noyade, je dois bien avouer que ce dernier tiers a réussi à me sortir légèrement de ma torpeur, offrant enfin un peu de tension dans son intrigue, une fuite en avant qui se révélait enfin efficace et entrainante malgré ses défauts. Dommage que j’ai du attendre si longtemps. Certains me diront que ce roman est plus philosophique que post-apo dans son approche, sauf que je suis désolé mais même de ce point de vue là l’auteur n’a pas réussi à me toucher.

En Résumé : Je dois bien avouer que je ressors de cette lecture avec un sentiment de déception et d’être passé complètement à côté du livre. Entre l’ambiance qui doit se révéler humide poisseuse et pluvieuse, mais dont l’auteur ne respecte aucune logique, l’intrigue qui repose sur des rebondissements peu efficaces, souvent mal amenés et surtout souvent mal traités, et un style que j’ai trouvé long, très long, trop long où l’auteur se perd dans de longues logorrhées verbales, qui auraient mérité qu’on coupe dedans, et des flashbacks inutiles, j’ai vraiment eu du mal à accrocher à cette histoire. Concernant les personnages, seul Cohen surnage dans la platitude ambiance, offrant un héros brisé intéressant à suivre. Dommage, car certains autres protagonistes, comme Aggie ou Mariposa, avaient du potentiel, mais soit ils disparaissent trop vite, soit ils tombent dans une mauvaise caricature. Il faudra attendre le dernier tiers pour que je commence à m’intéresser au récit, devenant enfin entrainant et un peu plus percutant, dommage que j’ai du attendre si longtemps.

 

Ma Note : 4/10

 

Autres avis : Xapur, Cornwall, Lune, Gruz, Louve, …

Kirinyaga suivi de Kilimandjaro – Mike Resnick

kirinyagaRésumé : Kirinyaga est le nom que portait le mont Kenya à l’époque où y siégaient encore Ngai, le dieu des Kikuyus. C’est aussi, en ce début du XXIIe siècle, l’une des colonies utopiques qui se sont créees sur des planétoïdes terraformés dépendant de l’Administration.
Pour Koriba, son fondateur – un intellectuel d’origine kikuyu qui ne se reconnaît plus dans un Kenya profondément occidentalisé –, il s’agit d’y faire revivre les traditions ancestrales de son peuple, en refusant coûte que coûte ce qui pourrait menacer la permanence de cette utopie africaine. Mais que pourra-t-il bien faire quand une petite fille surdouée voudra apprendre à lire et à écrire alors que la tradition l’interdit? Ou lorsque la tribu découvrira la médecine occidentale et cessera de croire en son dieu, et donc en son sorcier?

Edition : Denoël Lunes d’Encre

 

Mon Avis : Kirinyaga fait partie des livres considérés comme des lectures importantes de la Science-Fiction et à découvrir. Construit sur près de 10 ans, l’histoire est ainsi assemblée sur près de 10 nouvelles pouvant être lues de façon indépendantes, mais qui dans l’ordre forment un roman. Je ne m’étais encore jamais plongé dans cette histoire, mais quand j’ai vu que les éditions Denoël la rééditait, agrémenté d’un autre récit dans le même univers, j’ai décidé rapidement de le lire. Concernant la couverture, illustrée par François Baranger, je la trouve vraiment magnifique. A noter que les textes qui composent ce récit sont présentés comme la série de nouvelles la plus récompensée de l’histoire de la science-fiction, ce qui est à double tranchant, car cela pose certaines attentes. Contrairement à d’habitude je ne vais pas traiter de chaque texte, mais de l’ensemble vu qu’il forme un tout.

Nous nous retrouvons ainsi plongé en plein futur, dans une Afrique qui a rejeté les Européens, mais qui est devenue complètement occidentalisé dans sa façon d’évoluer, rejetant leurs traditions pour le progrès. De nombreux animaux ont disparus, tel que les rhinocéros, les éléphants, etc… C’est dans ce monde que de nombreux kenyans décident de bâtir une Utopie Kikuyu, retrouver leurs racines, sur une planète terraformé selon leurs besoins. On suit ainsi Koriba, intellectuel qui devient mundumugu, le grand sorcier et surtout le sage de ce monde. Une fois la dernière page tournée, je dois bien avouer que j’ai été assez fasciné par ce roman, à travers dix histoires différentes l’auteur nous propose de découvrir un récit qui se révèle intelligent, et offre de nombreuses réflexions qui ne laissent pas indifférents. Mais surtout la grande force, pour moi des textes, vient du fait que l’auteur ne prend jamais parti, certes son narrateur possède ses convictions, mais chaque récit offre plusieurs facettes, plusieurs points de vue permettant au lecteur de se faire son propre avis sur chaque question soulevée et de construire ainsi sa propre conclusion.

Et pourtant il faut dire qu’on plonge tout de suite dans une ambiance, un peu dérangeante, car dès le second texte (qui est le premier sur Kirinyaga la planète) on se trouve percuté par ce retour aux traditions, par ce questionnement entre coutumes ancestrales et modernité face à cette nouvelle qui nous explique que dans le folklore Kikuyu, quand un enfant né par le siège il doit être sacrifié car il possède en lui un démon, ou que les anciens et les infirmes sont sacrifiés aux hyènes. Et c’est l’une des pierres angulaires des récits, cette différence entre tradition et modernité, qui fait qu’on se retrouve à se poser de nombreuses questions, chacun possédant des intérêts, mais aussi ses failles voir ses horreurs. L’auteur n’en reste pas là, sinon les récits tourneraient vite en rond, il offre aussi des réflexions soignées que ce soit sur l’identité culturelle, l’accès à la connaissance et son influence sur l’évolution, la position de la femme, l’acceptation des autres et la jalousie, la quête de la perfection et du bonheur, sur la notion ambigu de vérité, ou encore sur les coutumes considérés comme barbares, comme la circoncision ou encore l’excision qui socialement pour les kikuyu signifie le passage à l’âge adulte, mais qui pour le lecteur paraissent choquantes. Un roman qui ne laisse pas indifférent, où chacun se fera ses propres observations et ses propres conclusions grâce à un travail de fond psychologique et sociologique efficace. Il n’y a ici ni bien, ni mal, juste des choix de vie et la façon dont chacun voit son avenir.

Ce roman offre surtout la possibilité de réfléchir au terme Utopie et à quoi cela correspond, car au fil des textes on se rend très vite compte que la perfection recherchée par Koriba n’est pas obligatoirement celle voulu par tout le monde sur la planète. Certes, chacun peut repartir sur terre à tout moment, mais comment quitter un monde qui est finalement le leur et à qui ils ont tout donné. Finalement une utopie est-elle possible pour un peuple entier? Doit-elle passer par l’absence de réflexion de chacun et la centralisation du savoir en une seule personne ? On ne tombe pas ainsi dans l’utopie d’un seul homme ? Chaque texte va ainsi amener sa problématique, qui vont ainsi s’ajouter et changer complètement la vision de ce monde. Le tout reposant aussi sur les paraboles misent en avant par les petites histoires que raconte le mundumugu qui, je trouve, apporte un aspect plus imagé et conte à l’ensemble, même si on est loin des contes qui terminent bien. Après l’aspect à double tranchant du récit vient de Koriba, le narrateur, qui croit profondément en son utopie, qui en est limite fanatique, défendant becs et ongles ses toutes ses traditions, même les plus horribles, même si cela doit passer par l’abrutissement du peuple, car il sait que si on touche à l’une d’entre elle les autre vont s’effondrer. Cela le rend donc parfois antipathique dans son argumentation et dans sa vision de ce monde. Surtout qu’il est ambigu, il veut revenir aux traditions, mais gère la météo de la planète par ordinateur, faisant de lui, d’une certaine, façon, une figure divine. Il en devient limite le Dieu sur la Montagne, l’être suprême remis en cause. Mais voilà, certes je ne l’ai pas apprécié sur certains points, je l’ai rejeté sur d’autres, mais clairement le but du récit n’est pas de nous faire aimer son héros, mais de nous montrer une vison de son monde et de tous ses aspects.

Pour le moment ma chronique se consacrait à Kirinyaga, je vais maintenant m’attarder sur Kilimandjaro, dont mon avis sera plus court, pas qu’il soit mauvais, juste que l’ensemble m’a paru un ton en dessous et moins percutant. Le récit est construit de la même façon, plusieurs textes qui peuvent être lus indépendamment mais, qui, ensemble, forment un tout. Il nous propose de suivre une nouvelle utopie, cette fois Massaï, qui pour éviter de faire les mêmes erreurs que celle des Kikuyus a décidé de ne pas figer ses traditions, mais d’offrir un monde où tout le monde s’exprime et où chacun est accepté, traditionaliste ou moderne. Le narrateur est cette fois un historien, on évite ainsi le fanatique pour une vision plus neutre, plus aseptisé, même s’il va régulièrement se retrouver au milieu de choix cruciaux. Clairement les réflexions sont là, cette fois sur des aspects plus modernes et plus sociaux, les récit se révèlent efficaces ne laissant pas le lecteur indifférent, mais voilà chacun des textes, pour moi, est trop court et à la résolution trop rapide, simple et parfois facile. C’est un roman sympathique à découvrir, qui nous offre une autre vision que son prédécesseur dans le livre, mais voilà, à côté de Kirinyaga la différence de niveau entre les deux récits se ressent obligatoirement et, surtout, Kilimandjaro perd cette notion de conte et de parabole qui m’avait accroché, ce qui est dommage. Concernant la plume de l’auteur elle se révèle soignée, d’une grande perspicacité, arrivant rapidement à happer le lecteur et à le plonger dans un récit intelligent et efficace. Pour moi voilà un roman à découvrir.

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce livre qui regroupe deux histoires, deux tentatives de construction d’une Utopie. Chaque récit est ainsi composé de plusieurs nouvelles qui peuvent être lus indépendamment, mais qui ensemble forment un tout. La grande force du livre vient des nombreuses réflexions qu’il soulève face aux différents aléas que vont rencontrer les différentes utopies que ce soit d’un point de vue culturelle, identitaire, etc… mais qui surtout soulève le point même de l’utopie et de ses nombreuses failles, le tout en restant assez neutre dans sa façon de présenter les choses pour permettre à chacun de se faire son avis. Des textes intelligents et soignés. Alors après, c’est vrai, il est difficile de s’attacher au personnage principal de Kirinyaga, plongeant dans le fanatisme malgré une certaine ambiguité, mais ce n’est pas le but du récit de nous faire aimer son héros, simplement de nous montrer l’évolution de son monde. Concernant Kilimandjaro j’ai un peu moins accroché, l’ensemble n’est pas mauvais, loin de là, mais parait franchement un ton en-dessous face à Kirinyaga, ce qui est légèrement dommage. Au final un roman qui mérite d’être découvert, au moins pour se faire un avis sur les différentes réflexions qu’il propose.

 

Ma Note : 8/10

Le Fossoyeur – Adam Sternbergh

le fossoyeurRésumé : Il se fait appeler Spademan, le Fossoyeur, presque un nom de super-héros. Vous ne saurez jamais son vrai nom. Il a été éboueur. Un jour, il a trouvé un bébé dans un sac-poubelle. Quelques années plus tard, sa femme est morte dans la série d’attentats radioactifs qui a vidé New York de ses habitants.
C’était il y a longtemps : une autre vie.
Maintenant, Spademan est tueur à gages. Il est resté dans les ordures, mais son salaire a considérablement augmenté. Il n’est pas sexiste : homme, femme, il s’en fout. Vos raisons, il s’en fout. D’ailleurs, le fric aussi il s’en fout.
Et quand on lui demande de tuer la fille du richissime prédicateur T.K. Harrow, une gamine qui vient tout juste d’avoir dix-huit ans, il n’y voit aucun problème. Mais dans la toile de Harrow, pour la première fois de sa sinistre carrière, Spademan n’est pas la plus grosse araignée.

Edition : Denoël Lunes d’Encre (paru le 13/05/2015)
Traduction : Florence Dolisi

 

Mon Avis : Je sens que je vais me répéter, mais la première fois que j’ai entendu parler de ce livre, la première chose qui m’a attiré c’est sa couverture, de nouveau illustrée par Aurélien Police, que je trouve magnifique. Alors bien entendu je ne m’arrête pas qu’à la couverture, le résumé annonçant un thriller noir et violent dans un univers futuriste intriguant a terminé de me convaincre. Par conséquent quand on m’a proposé de découvrir ce livre, je me suis rapidement laissé tenter.

On se retrouve donc à suivre, ici, Spademan tueur à gages dans un New-York futuriste, ville qui se meurt après de nombreux attentats et qui a vu les touristes fuirent. Il va ainsi accepter un contrat qui va lui faire voir les choses différemment. Une chose est sûre, dès la première page on se retrouve rapidement entraîné par cette histoire qui se révèle percutante, à travers des chapitres courts et des dialogues épurés au maximum pour n’en garder que le strict nécessaire. L’histoire est ainsi conçue pour se révéler intense et vive. L’intrigue se révèle ainsi sans temps mort et surtout bourré d’action et d’adrénaline qui font que, pour peu qu’on se laisse happer par ce genre de récit très page-turner, on se retrouve à plonger dans le récit pour en apprendre plus. C’est noir, c’est efficace, c’est incisif et la personnalité du héros fait qu’on va droit au but. Comme il le dit lui-même il est une balle, ne pose aucune question, et il emporte ainsi le lecteur dans son sillage offrant ainsi une course poursuite, une traque, avec de nombreux rebondissements.

Sauf que voilà malgré l’avantage que possède ce genre de récit, il en montre aussi très vite ses contraintes et ses faiblesses. C’est bien simple, l’auteur va tellement à l’essentiel que parfois ça manque un peu de développement autour sur certains points qui me paraissent importants. Le second problème vient, pour moi, que vers le milieu du livre l’auteur se perd un peu dans des scènes pas toujours intéressantes, mélange de flashbacks et de passages qui paraissent superflus, de plus j’ai aussi eu l’impression qu’il cherchait plus, pour une ou deux scènes, à nous secouer de façon gratuite. Un peu comme si l’auteur, voyant que son livre manquait de pages a décidé d’en rajouter pour rentrer dans les normes. Enfin le dernier soucis vient, pour moi qu’à peu près 90% des soucis rencontrés se résolvent limite par Deus Ex Machina ou coup de bol. J’ai entendu dire que les droits du livre avaient été vendus pour en faire un film, ça ne m’étonne pas tant l’ensemble parait clairement visuel et très cinématographique du début à la fin, mais voilà de mon côté j’attendais peut-être un peu plus. Est-ce mauvais pour autant ? non loin de là c’est sympathique à lire, de plus ça se lit vite et offre un divertissement agréable, mais rien de non plus très marquant.

Concernant l’univers, l’auteur s’en sort assez bien offrant ainsi quelque chose de plutôt solide, d’efficace et de sombre qui colle parfaitement au récit. On découvre ainsi un New-York en ruine et en pleine désolation, où les plus riches ont, soit fui la ville, soit se sont plongés dans un monde virtuel pour y vivre une vie meilleure. Seul les plus pauvres survivent encore dans une cité où le crime est devenu monnaie courante. L’ensemble se révèle limite palpable, dont on en ressent toute la décrépitude et la désolation, où chacun vit sa vie dans son coin. Le côté cyberpunk avec tout l’aspect simulation ne manque pas d’attrait mais reste un peu trop en surface, manquant d’explications à mon goût. Un univers qui soulève aussi de nombreuses questions, que ce soit sur les causes de cette catastrophe, sur les conséquences et le clivage que cela engendre, mais aussi d’une certaine façon sur l’importance de la technologie et de la vie virtuelle sur notre existence ; ce besoin de s’y enfermer à la recherche de quelque chose de meilleur. Après il ne faut pas non plus se poser trop de questions, car comme l’intrigue le monde manque sur certains points d’un peu de développement comme par exemple quand on apprend que seul New York a été finalement ciblé, le reste des USA se porte magnifiquement bien, on se demande donc pourquoi, quand on a le choix, rester dans une ville agonisante et contaminée.

Concernant les personnages, Spademan étant le narrateur, il sort clairement du lot se révélant être un héros sombre, torturé, percutant, mais voilà il est quand même difficile de complètement s’attacher à lui, tombant un peu trop dans l’archétype et l’auteur cherchant par moment à trop vouloir l’humaniser. Cela ne l’empêche pas d’arriver à nous entraîner dans ses aventures, mais voilà il lui manque un petit quelque-chose. Autre point qui me laisse perplexe, mais là c’est beaucoup plus personnel et ne se limite pas à ce livre, c’est la norme morale que se fixe le héros : il ne tue pas les enfants. Cela peut se comprendre parfaitement, mais il a décidé de fixer un âge qui est 18 ans, donc si tu as 17 ans et 364 jours il ne te fera rien, mais si tu as 18 ans et 1s, bah pas de chance pour toi. Après j’avoue là je chipote un peu. Concernant les personnages qui gravitent autour de lui, j’ai trouvé Perséphone intéressante, offrant une héroïne forte et charismatique qui sait clairement ce qu’elle veut, tandis que les autres protagonistes oscillent entre intérêt et manque de profondeur.

La plume de l’auteur se révèle terriblement efficace, se révélant incisive, simple, percutante et entrainante, c’est d’ailleurs un peu le point fort qui fait qu’on tourne les pages avec un minimum d’intérêt et de plaisir. A noter qu’il n’y a pas de différenciation du point de vue des dialogue ; ni tiret, ni guillemets, simplement des renvois à la ligne, le tout s’intégrant dans le récit. Cela peut surprendre, mais j’ai trouvé que marchait bien et collait de façon efficace à l’aspect un peu journal. Au final ce livre se révèle divertissant et pleine d’adrénaline, mais a du mal à se révéler plus que cela tant l’ensemble m’a paru manquer d’un peu de consistance. Ca reste une lecture sympathique entre deux romans plus consistants, mais pas sûr que je me laisse tenter non plus par al suite si un jour elle est publiée en VF, tout dépendra de ma PAL.

En Résumé : J’ai passé un moment de lecture assez sympathique avec ce livre, même s’il n’a pas complètement répondu à mes attentes initiales. L’histoire se révèle efficace et offre un page-turner preant, même si j’ai trouvé qu’il manquait de profondeur et que l’auteur se perdait vers le milieu dans des flashbacks et des répétitions. Je trouve dommage par contre que l’intrigue se repose un peu trop aussi sur les Deus Ex Machina ou la chance. L’univers se révèle solide, palpable, mélange de monde futuriste en ruine et de cyberpunk, offrant aussi quelques réflexions intéressantes sur l’importance de la technologie dans notre vie, même si certains aspects de cet univers paraissent bancals. Le personnage de Spademan est sombre, torturé, entraînant, percutant et plein de cynisme, celui de Perséphone est charismatique et fort, mais les autres protagonistes oscillent entre intérêt et manque de profondeur. La plume de l’auteur se révèle simple, incisive et percutante, offrant un condensé d’adrénaline, mais qui a du mal à se révéler au final plus que cela. Pas sûr que je me laisse tenter par la suite, ou en tout cas ce n’est pas une de mes priorités.

 

Ma Note : 6,5/10

 

Autres avis : MarieJuliet, …

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