Catégorie : Science-Fiction Page 26 of 56

Une Demi-Couronne – Jo Walton

une demi couronneRésumé : Londres. 1960. Dix ans ont passé depuis l’attentat contre Hitler déjoué par Peter Carmichael. L’homme qui fut un brillant inspecteur de Scotland Yard dirige maintenant le Guet, la redoutable police secrète créée par Mark Normanby pour juguler l’opposition et traquer les Juifs. Il a adopté Elvira Royston, la fille de son ancien adjoint.
Alors que la jeune Elvira se forge lentement mais sûrement une conscience politique et découvre avec effroi les coulisses d’une Angleterre vendue au fascisme, de nouveaux mouvements sur l’échiquier politique secouent le pays. Le retour du duc de Windsor, fasciné par Hitler, n’étant pas le moindre.
En danger, plus que jamais, Carmichael va être confronté au plus grand défi de son existence.

Edition : Denoël Lunes d’Encre

 

Mon Avis : Il y a un peu plus d’un an, les éditions Denoël ont eu la bonne idée de se lancer dans la publication de cette trilogie de Jo Walton, qui m’avait déjà fasciné avec son roman Morwenna (chronique ici), traitant de façon uchronique de la seconde guerre mondiale. Le Cercle de Farthing (chronique ) et Hamlet au Paradis (chronique ) m’avaient  ainsi chacun offert un très bon moment de lecture et c’est donc sans surprise que ce dernier tome a rejoint ma PAL. Chaque tome peut, selon moi, être lu de façon indépendante, mais ce serait dommage, car le lecteur pourrait passer sur l’évolution de certains personnages ainsi que de l’univers. La couverture reste dans le même style que les précédentes, nous mettant clairement dans l’ambiance.

Près de 11 ans après la fin du tome précédent, on retrouve l’inspecteur Carmichael, devenu depuis le patron du Guet, l’équivalent de la Gestapo allemande. L’Angleterre est en paix et pas mal de notions pas très morales et fascistes sont entrées dans les mœurs et acceptées par le peuple. Sauf que de nouveaux mouvements politiques violents vont réveiller le pays et sa population. Au vu de la construction des précédents romans qui dit nouveau tome, dit nouvelle héroïne et on découvre Elvira, pupille de Carmichael, qui est devenue un peu comme sa nièce, qui va ainsi ici représenter cette jeunesse insouciante et qui accepte de nombreuses lois discutables, bien coincé dans leurs conforts et leurs potins. Ce tome oublie ainsi un peu le côté policier des tomes précédents pour clairement se consacrer à l’uchronie développé par l’auteur. Cette idée de départ qui veut que l’Angleterre ait négocié une pais avec l’Allemagne Nazi, amenant ainsi une nouvelle vision de cette guerre.

Pour ce troisième tome on se retrouve ainsi dans l’après-guerre, avec toutes les réflexions que cela soulève sur la valeur de cette paix, la capacité des peuples à accepter certaines « horreurs » pour garder leurs conforts et cette tranquillité acquise. Cet univers devient ainsi la grande force du récit, le lecteur ne reste pas indifférent devant les nombreuses réflexions offertes qui font d’ailleurs parfois encore écho à notre société qui serait parfois prête à certaines extrémités pour leur bien-être. Mais comme toujours il suffit d’un élément déclencheur, un peu trop explosif et marquant pour mettre le feu aux poudres et réveiller le peuple. C’est ce que vont découvrir ici nos héros face à l’apparition de nouvelles voix, parfois violentes, qui vont mettre à mal le gouvernement et le pousser à la répression. Le monde n’est pas non plus en reste, la Russie en a subi les conséquences, mais je vous laisse découvrir sous peine de trop spoiler. Entre les réflexions sur la guerre, le peuple ou encore sur des sujets tels que la position de la femme l’auteur offre ainsi un récit dense. Alors parfois l’auteur développe ses notions de façon un peu simpliste, comme la rencontre d’un des personnages avec une famille juive qui va lui faire ouvrir les yeux qui m’a paru un peu facile, mais dans l’ensemble un univers intelligent, solide et plus qu’efficace qui donne envie d’en apprendre plus.

Les personnages ne sont pas non plus en reste et se révèlent réussis, entraînants et captivants. L’inspecteur Carmichael se dévoile clairement dans ce tome, démontrant un personnage troublé entre son rôle de « monstre » qui doit faire la traque aux juifs et aux ennemis du pouvoir, ainsi que son rôle de sauveur tentant de sauver le maximum de personnes possibles à travers une organisation secrète qui pourrait lui coûter très cher. Il est aussi toujours autant torturé par son amour interdit et secret envers Jack, son domestique, son incapacité à lui offrir la vie qu’il rêve, et aussi la pression que lui met le pouvoir, au courant de ce secret, et qui se sert de lui comme d’un pantin. Elvira elle représente la jeunesse de ce pays, l’avenir et montre à quel point on peut être aveuglé devant certaines horreurs et qu’il faut parfois des situations explosives pour remettre complètement en question son histoire et sa vie. 3Elle représente pourtant un changement, loin de la femme qui voit son avenir dans le rôle de femme au foyer. C’est son évolution qui happe le lecteur, selon moi, la façon dont elle va ouvrir les yeux parfois de façon percutante. Je regretterai par contre que certains personnages secondaires manquent parfois de profondeurs ceux qui influe sur l’impact de certains évènements. Mais bon rien de non plus bloquant au niveau du récit.

J’ai aussi trouvé ce troisième tome mieux maîtrisé dans son intensité, dans son côté prenant qui nous happe dès les premières pages pour ne plus nous relâcher. L’auteur manie ainsi de façon maîtrisée rebondissements et révélations pour offrir un rythme efficace qui nous fait tourner les pages, tout en nous proposant de nombreuses scènes intelligentes et réfléchies qui ne laissent pas le lecteur indifférent. Pourtant deux points ont fait que, malgré que le récit soit très bon, il me manquait un petit quelque chose pour qu’il soit encore meilleur. Le premier vient de certaines facilités qui apparaissent pour faire avancer l’intrigue, mais qui manquent de profondeur comme certains informateurs cru un peu trop facilement. La seconde vient de la conclusion, elle a un côté un peu facile dans sa résolution et surtout beaucoup trop rapide, ce qui fait qu’on tourne la dernière page en se demandant si je n’ai pas loupé un chapitre. Comme si l’auteur se sentait bloqué en nombres de pages.

Alors après comme je l’ai dit cela n’enlève en rien les qualités qui sont présentes dans ce livre, et au final j’ai passé un très bon moment de lecture, mais je suis légèrement frustré car il aurait pu être tellement plus. La plume de l’auteur se révèle efficace, entraînante et soignée, nous plongeant assez facilement dans sa façon de revisiter l’histoire. Il y a toujours ce parallèle que je trouve efficace dans le récit entre ce côté un peu sombre et dérangeant d’un monde fasciste et le côté un peu plus léger. Je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.

En Résumé : J’ai de nouveau passé un très bon moment de lecture avec ce troisième qui vient conclure cette trilogie uchronique sur la seconde guerre mondiale. L’histoire nous plonge 11 ans après le tome précédent et nous offre une histoire que j’ai trouvé mieux maîtrisé encore que les tomes précédents que ce soit dans la tension comme dans l’intelligence du récit. En effet c’est le gros point fort du récit, l’univers uchronique de l’auteur prend beaucoup plus d’ampleur et offre ainsi de nombreuses réflexions intelligentes et qui font parfois encore écho à notre société comme la capacité des peuples à accepter certaines lois au prix de la liberté ou de la morale ou encore sur la position de la femme. Les personnages ne sont pas non plus en reste avec un Carmichael tout en ambiguïté, à la fois pantin du pouvoir et rouage d’une section révolutionnaire ou bien encore Elvira qui nous offre un personnage féminin qui va évoluer de façon très intéressante. Je regretterai par contre que certaines évolutions soient simplistes ou que certains personnages secondaires auraient mérité plus de profondeur, mais rien de non plus gênant. La plume de l’auteur se révèle toujours aussi fluide, entrainante et efficace mais voilà deux points ont fait, je trouve, que ce roman manque d’un petit quelque-chose pour se révéler excellent. Le premier vient de certaines simplicités dans la façon de faire avancer l’intrigue, la seconde vient de la conclusion que j’ai trouvé trop rapide et trop facile. Le roman reste très bon, mais il y a un côté frustrant, car il aurait pu être tellement plus. Je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.

 

Ma Note : 8/10

 

Autres avis : Acr0, Lune, Mariejuliet, Cyrille, julien, …

Sitrinjêta – Christian Léourier

sitrinjetaRésumé : Loin dans le futur, dans le fourmillement d’étoiles, les humains ne sont plus que des créatures parmi d’autres, pas les plus appréciées, ni les plus importantes. Bien au contraire.
Quand Hénar Log Korson, capitaine Terrien sans vaisseau, rencontre le terrifiant Skāatlin pour lui soutirer une astronef, nul ne se doute réellement de ses motivations… à moins que les enjeux de son périple ne soient déjà connus en coulisse !
Pourvu d’un équipage hétéroclite où se greffe une jeune femme imposée par Skāatlin, le Snekkja entreprend alors un long voyage semé d’embûches vers une destination mystérieuse : Sitrinjêta.

Edition : Critic

 

Mon Avis : Si vous suivez ce blog régulièrement, vous devez donc savoir que Christian Léourier fait parti des auteurs qui ont réussi à me marquer avec son cycle Lanmeur, dont j’ai d’ailleurs le quatrième tome qui m’attend dans ma PAL, et que je suis régulièrement. J’ai d’ailleurs préféré plutôt me lancer dans la lecture de Sitrinjêta, car il m’a été présenté comme une lecture plus fun et vu que mon cerveau comate depuis plusieurs semaines je me suis donc plus facilement laisser tenter. On notera aussi la couverture, illustrée par François Baranger, que je trouve soignée et réussie.

On se retrouve ainsi à suivre les aventures de Hénar Log Korson, capitaine du vaisseau le Snekkja, qui se lance une quête qui va rapidement le dépasser. Cette quête c’est le Sitrinjêta. J’évite de trop en raconter, pour la simple et bonne raison que l’ensemble du récit joue, de façon efficace, sur le faux-semblant. L’auteur s’amuse ainsi d’une certaine façon avec le lecteur pour mieux tenter de le surprendre au fil des pages devant les révélations qu’il dévoile, cherchant à le dérouter jusqu’à la conclusion. Alors comme je l’ai dit l’auteur ne cherche pas ici à faire du Lanmeur, mais plutôt un roman de Space-opera percutant, divertissant et vivant. Donc si vous cherchez quelque chose de plus dense, passez votre chemin, pour les autres laissez-vous tenter tant je trouve que l’auteur réussi plutôt bien son pari. Clairement on est dans le récit d’aventure, où le héros va rencontrer de nombreuses péripéties pour aboutir à son but. Entre trahisons, tensions et manipulations j’ai été assez rapidement happé par le récit et cette intrigue complexe, où la vérité n’est pas obligatoirement ce que l’on croit. Entre rebondissements et révélations, on se retrouve à tourner les pages facilement avec l’envie d’en apprendre plus. Attention, certes, il s’agit d’un roman de divertissement, mais on est loin du récit qui ne repose que sur l’action, cherchant à offrir quelque chose de plus profond. La conclusion se révèle ainsi franchement surprenante, l’auteur y ajoutant alors une bonne dose de réflexion et de philosophie avec une pointe d’onirisme à la tension présente pour offrir, selon moi, quelque chose de terriblement efficace.

Concernant l’univers il se révèle intéressant, tout en possédant je trouve un côté frustrant. On est plongé dans un avenir lointain, un univers où de nombreuses races cohabitent, pas toujours dans la paix. L’auteur nous offre ainsi une vraie diversité et, sans non plus se révéler le monde le plus original qui soit, il s’avère plus que solide et efficace. L’aspect politique ne manque pas non plus d’attrait, prenant un peu plus d’ampleur au fil des pages, dévoilant ainsi jeux de pouvoirs et turbulences efficaces dans les forces en présence. Pareil concernant l’aspect plus social, loin d’être révolutionnaire, il ne manque pas non plus de se révéler attrayant, avec surtout cette idée prenante de la position de l’Homme qui est loin d’être dominante, mais plutôt vu par les autres comme de jeune chiens fous incontrôlables, limite à éviter. Pareil concernant tout l’aspect religion qui va s’avérer bien plus complexe qu’on peut le croire. Sauf que voilà, certes je l’ai dit et je me répète je ne m’attendais pas à du Lanmeur, mais j’ai quand même été légèrement frustré tant certaines idées m’ont paru être traitées rapidement, voir à peine qu’effleuré et que j’aurai aimé en apprendre plus. Cela n’empêche pas cet univers d’offrir une toile de fond plus que tangible au récit et à l’intrigue, j’espère juste le retrouver dans d’autres récit tant il possède du potentiel qui mérite d’être encore exploité.

Le héros, Hénar Log Korson, se révèle intriguant à suivre à travers ses péripéties et ne manque pas, au fil du récit, de s’avérer attachant devant son histoire. Il a un petit côté héros cassé, idéaliste, qui traine sa bosse dans un monde qu’il souhaite différent et qui cherche la gloire, qui, je trouve le rend touchant. Il se dévoile au fur et à mesure de l’intrigue et on se rend compte qu’il cache quelque-chose, un mystère, même si cet aspect m’a paru manquer un peu de finesse par moment. Il possède un vrai rêve. Ensuite sort du lot son second et pilote Svaun ainsi que Ullinn, que ce soit à travers leurs différences, mais aussi dans leurs interactions avec notre héros. Le soucis c’est que le roman est plutôt court, certes cela rend l’histoire acéré, mais fait que les personnages plus secondaires m’ont paru manquer de profondeur. Sans nier leur intérêt, ils paraissent parfois plus là pour faire avancer l’intrigue, ou retarder certaines révélations, qu’autre chose. Rien de non plus trop bloquant.

Je regretterai par contre que, parfois, l’auteur cherche à trop en faire, principalement au niveau de certaines manipulations, ce qui enlève un peu l’effet de surprise. J’ai trouvé aussi que certains aspect de l’intrigue m’ont paru un peu simpliste., mais rien de très dérangeant tant l’ensemble réussi son pari d’offrir un récit divertissant, qui se lit avec un minimum de plaisir et d’envie. Ce qui fait aussi la différence c’est la plume de l’auteur qui ne perd rien de son intérêt, se révélant captivante, efficace, avec une pointe de poésie qui offre un véritable plus, je trouve, au récit. Alors certes on n’est pas au niveau de Lanmeur, mais un roman qui mérite tout de même d’être découvert et qui offrira pourquoi pas, un très bon moment de détente entre deux romans plus dense.

En Résumé : J’ai passé un agréable moment de lecture avec ce roman qui nous propose de découvrir un récit divertissant et entrainant à travers la quête de Hénar Log Korson. L’auteur joue ainsi au fil des pages avec le lecteur de façon efficace, dévoilant ses révélations au compte goutte pour mieux surprendre, aboutissant à une conclusion percutante, entrainante avec une pointe d’onirisme et de poésie. Alors certes son est loin de la densité de Lanmeur, l’auteur cherchant plus le fun, ce qui pourrait en surprendre certains, mais pour autant l’auteur ne tombe pas dans la facilité de l’action à tout va non plus. L’univers, sans s’avérer révolutionnaire, se révèle plus que solide et aurait d’ailleurs, selon moi, mérité plus de développement sur certains points tant il a du potentiel. Concernant les personnages, le héros nous happe assez facilement dans ses aventures, personnages bancal avec ses forces et ses faiblesses, qui devient rapidement attachant. Les deux autres personnages principaux qui gravitent autour de lui ne manquent pas non plus d’attrait, par contre les personnages secondaires m’ont parfois paru manquer de profondeur et d’intérêt. Alors certes parfois l’auteur en fait un peu trop enlevant certains effets de surprise, et parfois certains aspects paraissent un peu simpliste, mais l’ensemble se révèle efficace, bien porté par une plume qui se révèle un véritable plus étant captivante, efficace avec une légère pointe poétique.

 

Ma Note : 7,5/10

 

Autres avis : Lorhkan, joyeux-drille, …

Les Affinités – Robert Charles Wilson

les affinitesRésumé : Adam Fisk s’est installé à Toronto pour suivre des études de graphisme que lui finance sa grand-mère. Là, il s’est inscrit à un programme payant pour déterminer à laquelle des vingt-deux Affinités il appartient. Adam est un Tau, une des cinq plus importantes de ces nouvelles familles sociales théorisées par le chercheur Meir Klein. Quand la grand-mère d’Adam, diminuée par une attaque, est placée dans une maison de retraite, le jeune homme n’a plus les moyens de suivre ses études. Mais être un Tau confère des avantages qu’il va vite découvrir : travail rémunérateur, opportunités sexuelles, vie sociale pleine et satisfaisante. Tout est trop beau, trop facile. Tout va très vite pour Adam… et il en est de même pour le reste du monde, car le modèle social des Affinités est en train de s’imposer. Malheureusement, dans l’histoire de l’Humanité, aucun changement radical ne s’est fait sans violence.

Edition : Denoël Lunes d’Encre

 

Mon Avis : Pour ceux qui suivent mon blog depuis un long moment maintenant, vous devez avoir remarque que Robert Charles Wilson fait partie de ces auteurs que je suis avec grand plaisir, offrant régulièrement des récits de Science-Fiction humains avec des personnages régulièrement attachants. C’est donc sans surprise que, quand j’ai vu qu’un nouveau roman de l’auteur était publié, il a rapidement rejoint ma PAL. Surtout que le résumé accrocheur se révélait différent de ce que pouvait proposer habituellement l’auteur. J’avais donc hâte de découvrir ce récit. A noter aussi la magnifique couverture, illustrée par Aurélien Police.

Ce roman se construit ainsi de façon un peu habituelle avec l’auteur avec l’auteur, proposant de découvrir un personnage tout ce qu’il y a de plus ordinaire qui va se retrouver plonger dans des évènements qui vont, souvent, bouleverser l’ensemble de la planète. Ici le basculement va se faire au moment où le héros va passer un test d’affinité qui va le classer dans une des 22 affinités existantes (enfin 23 si on compte les rejetés) : les Tau. Attention ce n’est en rien un reproche, cette construction offrant de nombreuses possibilités. L’auteur a ainsi décidé avec Les Affinités de nous offrir une réflexion sur les réseaux sociaux, les sites de rencontre, le fait de tenter de lier les gens à travers des algorithmes, de vouloir définir qui s’associe avec qui d’un point de vue social et une chose est sure l’auteur réussi son pari, offrant un récit que j’ai trouvé réussi, affuté et qui ne laisse pas, selon moi, indifférent, même si certains aspects m’ont tout de même légèrement frustrés. Mais j’y reviendrai plus tard.

Robert Charles Wilson évite par contre de se lancer dans le sensationnel et nous propose ainsi un récit plus, on va dire, intimiste, autour d’Adam Fisk qui va ainsi voir sa vie chambouler, d’avoir l’impression de trouver enfin une vraie famille, remettant ainsi en cause la force du lien biologique par un lien « affinitaire » de ressemblance. Ainsi comme on peut le voir ce qui ressort surtout de ce récit ce sont les nombreuses réflexions sociales que soulève l’auteur, que ce soit sur le bien fondé des algorithmes, sur les groupes sociologiques crées « artificiellement », sur ce que deviennent les libertés face, finalement, à ces affinités, et surtout les nombreuses conséquences que vont entraîner l’existence de ces groupes, principalement dans une certaine violence qui va obligatoirement apparaître dès qu’il y a cloisonnement. L’auteur n’oublie pas non plus de parler, en image de fond, des soucis plus généraux que doit faire face la planète, mais aussi de l’influence ainsi que les ouvertures que peuvent apporter ces groupes. Ces affinités deviennent ainsi au fil des pages, au choix, de nouveaux états, de nouvelles religions, des groupes qui montrent leurs limites, se refermant sur elles-mêmes, préférant ne pas vraiment se consacrer à ceux qui ne les correspondent pas. On se retrouve ainsi en tant que lecteur à se poser des questions sur finalement nos propres cloisonnements, nos propres rejets et nos cloisonnements face à des gens qu’on considère comme « différents ». Des réflexions qui résonnent pleinement avec notre société. Alors certes, parfois ce n’est qu’esquivé, parfois les idées m’ont paru un peu brouillonnes, voir simplistes, mais dans l’ensemble c’est le gros point fort du roman, surtout que l’auteur sait jouer avec le lecteur et lui offrir un récit qui va se révéler entraînant et clairement efficace.

Concernant les personnages on ne peut pas nier que l’auteur sait, de façon plus que réussi, nous offrir des personnages captivants, percutants et prenants. On s’attache ainsi assez facilement à Adam, héros tout en ambiguïté, qui au fil des pages ne sait pas trop ou se situer, possédant une empathie forte. Sa « fusion » avec la fratrie Tau va le stabiliser, mais va aussi le faire réfléchir, le faire évoluer, l’amener à changer sa vision envers lui-même et les autres, le tout de façon cohérente, logique et captivante. Concernant les personnages qui gravitent autour de lui, on ne peut le nier, ils sont un peu moins travaillés, mais cela ne les empêche pas de se révéler efficaces , entraînants et un minimum soignés pour les rendre intéressant à découvrir. Même des personnages qui n’apparaissent que quelques pages donnent envie d’en apprendre plus sur eux je trouve. Il faut dire qu’il s’agit d’une des grandes forces de l’auteur de savoir poser des personnages plus que crédibles, humains et attrayants je trouve.

Sauf que comme je l’ai dis plus tôt, certains aspects de ce roman m’ont laissé légèrement perplexes, voir frustrés. Une impression que l’auteur n’a voulu aller qu’à l’essentiel, ne se concentrant que sur tous les péripéties et les réflexions qui tournent autour du héros, alors qu’il y avait plus à développer à côté selon moi tant les réflexions sont denses. J’ai trouvé ainsi dommage que l’auteur n’ait pas décidé de développer plus la montée des « affinités » sur la planète entière, les différentes affinités, ce qui les caractérise, les font se détester, le récit préférant se concentre sur Tau et un peu Het ainsi que  les tensions que cela crée entre ses affinités et aussi avec les différents pouvoirs classiques qui vont se sentir menacé. L’exemple le plus marquant selon moi vient d’une loi, élément primordial de la troisième partie, qui est citée sans jamais être développée et dont j’ai du mal à en comprendre l’argumentation légale qui la fait exister. Alors ce n’est en rien bloquant pour savourer ce récit qui s’avère original, efficace et intelligent, sauf que voilà il y avait la possibilité pour tellement plus selon moi. Attention cela ne m’a pas empêché de passer un bon moment de lecture avec ce roman, bien porté par une plume efficace, percutante et entrainante et si jamais l’auteur veut revenir sur le sujet ce sera avec plaisir.

En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec ce dernier roman de Robert Charles Wilson, même si certains points m’ont légèrement frustrés. Cette idée des Affinités, dans un monde où les réseaux sociaux et les sites de rencontres prennent de plus en plus d’importance, se révèle vraiment intéressant et permet de soulever de nombreux points de réflexions intéressants que ce soit dans notre comportement, comme dans nos libertés ou encore au niveau de nos envies et de nos besoins. C’est vraiment le gros point fort du roman, surtout qu’à côté l’auteur offre un récit entraînant et tendu. Les personnages ne sont pas non plus en reste, se révélant clairement humains, attachants et captivants, même si c’est vrai que certains protagonistes secondaires auraient peut-être mérité plus de développement mais ne dérange en rien. Sauf que voilà mon regret vient, finalement, plus d’une attente que d’une vraie critique, mais au vu de la densité qui était soulevé je trouvais que l’auteur survolait trop certains aspects pour ne se consacrer que sur quelques-uns, ce que j’ai trouvé légèrement dommage. Rien de non plus bloquant. Le style de l’auteur se révèle toujours aussi fluide, percutant et captivant et je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.

 

Ma Note : 7,5/10

 

Autres avis : Gruz, Lorhkan, Cornwall, …

Vostok – Laurent Kloetzer

vostokRésumé : Vostok, Antarctique. L’endroit le plus inhospitalier sur Terre. Des températures qui plongent jusqu’à – 90 °C. En 1957, les Russes y ont installé une base permanente, posée sur un glacier de 3 500 mètres d’épaisseur, ignorant alors qu’à cet endroit, sous la glace, se cache un lac immense, scellé depuis l’ère tertiaire. Pendant des décennies, équipe après équipe, puits après puits, ils ont foré la glace. Pour trouver, peut-être, des formes de vie jusque-là inconnues.
Vingt ans après la fermeture de la base, un groupe d’hommes et de femmes y atterrit, en toute illégalité. Ils vont réchauffer le corps gelé de Vostok, réveiller ses fantômes. Ils sont là pour s’emparer du secret du lac. S’ils échouent, il ne leur sera pas permis de rentrer vivants chez eux.

Editions : Denoël Lunes d’Encre (paru le 17-03-2016)

 

Mon Avis : Ce roman me fait de l’oeil depuis que j’en ai entendu parler il y a quelques mois au moment de la présentation de l’éditeur. Outre le fait que je n’ai jamais, pour le moment, été déçu par les écrits de l’auteur, qu’ils soient écrit avec sa femme ou en solitaire, j’ai été rapidement attiré par le résumé qui se révélait accrocheur. Puis bon, un roman dans le même univers qu’Anamnèse de Lady Star qui m’avait fasciné, ça ne se refuse pas. Attention, même s’ils se situent dans le même futur, ils peuvent être lus indépendamment sans aucun soucis. Il faut aussi noter la couverture, illustrée par Aurélien Police, qui se révèle vraiment magnifique. Concernant Vosotok il faut savoir que la base a vraiment existé, que les informations concernant les carottes glaciaires et leurs données comme par exemple sur le climat sont aussi véridiques.

Sauf que voilà, contrairement à ce que j’attendais, on ne plonge pas directement dans cet enfer de froid et de glace, en effet on se retrouve dans une première partie à suivre Leo, diminutif de Leonora, soeur d’un jeune caïd du Cartel en pleine ascension, le tout à Valparaiso au chili. Une première partie qui servira principalement d’introduction que ce soit aussi bien sur les personnages, sur l’univers futuriste à la fois technologique et la proie du climat, mais aussi sur l’intrigue. Elle permet ainsi de préparer l’arrivée de nos héros à Vostok, leurs quêtes. Sauf que voilà, une fois la dernière page tournée je dois bien avouer que j’ai du mal à pleinement apprécier cette première partie. Attention elle est loin d’être mauvaise, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dis, juste que comparer au huis clos que construit l’auteur à Vostok, son intensité, elle parait légèrement moins puissante justement, peut-être un peu trop introductive. Cela ne l’empêche pas pour autant d’avoir des qualités et un intérêt dans la construction du récit, principalement de son héroïne et de son voyage initiatique. Puis il faut aussi dire que la fluidité du récit, sa construction, font qu’on se retrouve rapidement happé par l’histoire ce qui fait que ce détail se révèle finalement minime et ne dérange en rien, selon moi, la lecture.

La seconde partie, celle de nos héros qui se retrouvent à Vostok sur une station de recherche, va ainsi nous offrir un huis clos angoissant, prenant, dans un monde blanc, austère, en plein Antarctique dans une, voir la région la plus froide du monde. On plonge ainsi dans une sorte de Thriller fantastique et angoissant, où la moindre erreur peut se révéler fatale et où de nombreux secrets et de nombreuses vérités vont se révéler ; chaque personnage se dévoilant au fil des pages ainsi que la base elle-même. On se retrouve ainsi à suivre leurs aventures pour en découvrir plus sur leurs besoins, leurs envies, tout en étant tendu tout du long face à leur survie dans cet enfer blanc où les températures peuvent descendre en-dessous de -60°C. J’ai été réellement captivé par cette partie, au point d’avoir eu du mal à reposer ce livre, surtout que l’auteur n’oublie pas pour autant de parsemer son récit de réflexions intelligentes sur le climat, sur la beauté ou encore sur l’humanité, mais le tout de façon légère, sans s’imposer ni trop en faire. Une intrigue qui oscille ainsi entre aventure efficace, survie stressante et fascination face à cet enfer blanc qui offre de nombreux secrets. La science, ainsi que les scientifiques sont aussi mis en avant, entre passion et découverte, l’auteur réussit à nous les faire découvrir de façon efficace, évitant toute caricature et tout stéréotype.

Mais surtout ce qui m’a fasciné avec Vostok, tout du moins dans la présentation de l’auteur, c’est ce côté à la fois austère, meurtrier du lieu et pourtant cette beauté, cette poésie, cet envoutement qui s’en dégage. En effet malgré toute la tension, l’hostilité et la peur que peut provoquer cette base, ainsi que les différents maux qu’elle crée, elle possède aussi cette magnificence d’une zone encore « pure », avec son ciel étoilé qui appelle au voyage et à la découverte, cette nuit sans fin, ce lac mystérieux et d’une grande importance scientifique et plein d’autres petits passages qui viennent ainsi rendre le lieu encore plus fascinant. Vostok devient ainsi, d’une certaine façon, un personnage à part entière du récit qui passionne. Mais on sent surtout que l’auteur s’est fortement renseigné pour rendre l’ensemble palpable, que ce soit aussi bien dans les descriptions, dans les technologies, dans l’environnement que dans l’aspect historique. En effet l’alternance du récit entre présent et écrits du passé de la grande URSS apporte aussi, selon moi, un aspect intéressant. On y retrouve ainsi l’époque des grandes puissances, une époque où la science servait aussi de compétition entre les différents pays tout en gardant bien entendu une certaine moralité scientifique. Cette époque contraste d’ailleurs grandement avec le futur présenté par l’auteur, dominé par les cartels, les réseaux, les technologies futuristes qui se révèlent d’ailleurs crédibles, sans non plus se révéler trop révolutionnaires ou chercher à impressionner. Autre point important qui m’a fasciné tout du long dans cet univers, ce sont les ghosts, ces fantômes étranges dont on n’apprendra finalement que peu de choses, mais qui offre un potentiel énorme dans leurs facultés et leurs utilités ou bien dans sa visibilité par les autres. Cet aspect « magique » colle aussi parfaitement au récit, lui offrant un aspect étrange et fascinant. Dans tous les cas un univers qui donne envie d’en apprendre plus et d’y retourner.

Concernant les personnages je ne peux pas vous parler de ce livre sans vous parler de Léonora qu’on découvre au début comme une jeune fille un peu pirate, insouciante, mais intelligente, coincée dans une sorte de prison dorée auprès de son frère membre important du cartel qui cherche à la protéger, voir la surprotéger. On découvre ainsi une héroïne qui va se révéler vraiment attachante, poignante, déroutante, charismatique, qui va devoir quitter, parfois de façon brutale, le monde de l’enfance pour rejoindre le monde adulte. Parfois cela va demander des choix pas toujours faciles. Une héroïne charismatique qui fascine, qui cherche à s’évader, à rêver, à voyager. Mais il faut dire que son frère n’est pas non plus en reste, certes un peu l’archétype du mafieux intelligent et brutal, toujours bien sur soi, mais il arrive à s’en affranchir pour finalement offrir un personnage intéressant, attaché à sa famille, complexe, sombre, avec une colère et une violence qui gronde en lui, prêt à tuer si c’est nécessaire et un aspect mystique intéressant. Les autres personnages qui gravitent autour d’eux ne sont pas en reste entre scientifiques, gamins perdus et membres du Cartel on découvre une palette de protagonistes intéressante même si je suis un peu déçu concernant le traitement d’un ou deux d’entre eux. Je pense par exemple à Oscar, l’homme de main, dont l’évolution m’a paru un peu trop brusque ce qui l’a rendu légèrement mal amené, même si rien de non plus trop dérangeant.

La plume de l’auteur se révèle soignée, fluide, entrainante, captivant ainsi facilement le lecteur dans son histoire complexe et prenante. La conclusion proposé va se révéler par contre ouverte, je sais que tout le monde n’apprécie pas ce genre de fin, mais je trouve qu’elle colle parfaitement au récit, laissant ainsi au lecteur la possibilité de faire ses propres choix, ses propres visions sur la suite et l’avenir des héros après ces changements. Dans tous les cas Vostok s’est révélé être une très bonne lecture, et je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce roman qui nous propose de découvre Leo qui va se retrouver à quitter son Chili pour suivre son frère à Vostok et va devoir ainsi changer, évoluer, passer de l’enfance à l’âge adulte. Présenté comme cela, ça peut paraitre simpliste, mais au fil des pages ce roman se révèle bien plus. L’intrigue oscille ainsi entre huis clos angoissant, thriller et secrets pour mieux surprendre le lecteur. Vostok se révèle ainsi être un lieu à la fois effrayant mais aussi magique et poétique dans de nombreux aspects. On sent que l’auteur s’est fortement renseigné sur la base et son histoire. L’univers futuriste présenté par l’auteur s’avère plausible, cohérent et soigné, proposant ainsi un univers qui donne envie d’en apprendre plus. Leo, l’héroïne du récit est un personnage fascinant, attachant, complexe, humaine, charismatique qui va devoir évoluer, parfois de façon brutale et se découvrir. Les autres personnages qui gravitent autour d’elles sont aussi intéressants à découvrir, même si certains auraient, selon moi, mérité plus de développement, je pense principalement à Oscar. Je trouve par contre légèrement dommage que la première partie soit un peu moins « puissante » que celle de Vostok, jouant un peu trop le rôle d’introduction mais rien de non plus trop gênant. La plume de l’auteur est fluide, entrainante soignée, et happe assez rapidement le lecteur aboutissant à une conclusion ouverte que j’ai trouvé accrocheuse.

 

Ma Note : 8/10

 

Autres avis : Lune, …

Techno Faerie – Sara Doke

techno faerieRésumé : Les fées existent, bien sûr, et elles sont de retour !
Les fées ont cessé de se cacher des hommes : elles sont revenues et bon an mal an l’univers de la Faerie s’est intégré à la société technologique. Depuis les premiers contacts d’enfants-fae avec la civilisation de l’automobile jusqu’aux premiers voyages spatiaux, ce livre conte l’histoire d’une évolution différente de notre monde.

Edition : Les Moutons Electriques

 

Mon Avis : J’avoue, la première fois que j’ai entendu parler de ce livre j’ai su qu’il terminerait rapidement sa course dans ma PAL. Outre l’illustration de couverture, réalisée par Melchior Ascaride, que je trouve très réussie, j’ai été rapidement tenté par le résumé qui se révélait accrocheur. De l’auteur Sara Doke je n’ai finalement lu que deux nouvelles, dont une déjà sur les faes publiée initialement dans l’anthologie Utopiales 2012 et qu’on retrouve justement ici. Car oui, il s’agit ici d’un recueil de 10 nouvelles, qui vont ainsi s’imbriquer pour former une histoire cohérente. Il est aussi à noter qu’un peu plus de la moitié du livre concerne les récits, tandis que le reste propose une encyclopédie des différentes faes existantes, avec de nombreuses illustrations et explications, et le tout en couleur. Au final autant un beau livre, qu’une histoire à découvrir.

Suite à l’utilisation de plus en plus importante de fer par les humains, et à de nombreuses batailles les fées ont été obligées de quitter la Terre pour se cacher. Une sorte de guérilla c’est alors mis en place. Sauf que voilà aujourd’hui les fées ont décidé de changer, se sont adaptées aux nouvelles technologies et ont décidé de revenir pour aider une humanité de plus en plus exsangue et autodestructrice. Oui, j’avoue, dernièrement je lis pas mal d’histoire sur les fées, sauf que voilà le principal intérêt de ce roman vient que l’auteur a décidé de proposer une vision complètement différente de ces êtres. Souvent quand on en parle on se base sur des notions assez binaire, les fées représentent la nature, l’environnement, le respect de la terre et l’Homme l’aspect égoïste, destructeur, qui ne réfléchit pas plus loin que sa vie trop courte, laissant plus de dégâts qu’autre chose. Sauf que voilà ici, certes l’Homme reste cette machine à polluer, on ne peut pas transformer une réalité en une utopie, mais les fées, elles, vont se révéler différentes. Mélange d’ancien et de nouveauté.

Outre le fait qu’elles soient plus nuancées, parfois aussi plus sauvages et violentes, ce qui a aussi déjà été traité dans d’autres écrits, elles se révèlent surtout originales dans cette idée qu’elles se sont adaptées à notre évolution, à nos nouvelles technologies. Ce sont d’ailleurs, d’une certaine façon, notre capacité à évoluer et notre science qui leur ont permis de survivre et d’avancer. Sara Doke évite ainsi une bataille rangée entre Nature et Science, pour plutôt tenter de lier les deux, nous montrer que la science peut apporter à la nature et inversement, ce qui je trouve offre un message intéressant, complexe et surtout intelligent à découvrir. Certes au fond le message reste le même, et il serait très intéressant qu’il commence à être compris : il faut penser à notre avenir à long voir très long terme, notre planète n’est pas inépuisable. Il faut donc commencer à en prendre soin, mais aussi prendre soin de l’ensemble de notre population tout en ne rejetant pas non plus nos évolutions et nos avancées scientifiques, mais en s’en servant simplement de façon maîtrisée et intelligente. Il ne faut pas attendre la fin, car pas sûr que les fées soient vraiment là pour nous aider ou qu’elles en aient l’envie.

Mais outre ce message, l’auteur nous offre aussi, et c’est l’un des poins forts du livre, des textes poétiques, distillant de la magie au fil des écrits et des récits. On découvre ainsi des histoires denses, soignées, complexes et passionnantes, construisant son histoire et son message tout du long. On est ainsi plus dans un récit qui se savoure lentement, délicatement où le rythme lent vient porter le lecteur à savourer ce voyage d’une grande finesse et d’une grande beauté. Un peu comme un voyage dépaysant qu’il faut apprécier à sa juste valeur sans trop aller trop vite. On se retrouve aussi à alterner entre le récit et l’encyclopédie, pour en découvrir plus sur les personnages et aussi découvrir les illustrations qui la compose. Ce Techno Faerie se révèle être aussi un mélange des genres aussi bien littéraires que remplie d’idées, de révélations et de surprises qui font que, pour peu qu’on se laisse entrainer, on se retrouve à tourner les pages facilement et avec plaisir. Il est sûr que si vous ne trouvez aucun intérêt dans les faes ou encore si vous cherchez un récit nerveux et sans temps morts, ce recueil ne risque pas d’être fait pour vous. A chacun de voir.

Concernant les différents personnages que l’on croise, qu’ils soient humains ou fées, l’auteur arrive facilement à les rendre attachants, touchants, sensibles avec leurs forces et leurs failles, leurs envies et leurs souffrances. Chacun vient ainsi apporter sa pierre à l’édifice dans ce changement, cette évolution de notre planète, de notre façon de penser. Alors après j’avoue que, concernant Arthur Passeur, qui est un personnage essentiel dans ce récit, il m’a paru par moment un peu lisse, principalement dans sa seconde partie, mais bon rien de non plus dérangeant, loin de là. Des personnages qui vont alors se retrouver à faire des choix, à accepter des choix parfois difficiles, et qui vont devoir faire face. Chacun d’entre eux donne envie ainsi d’en apprendre plus, d’en découvrir plus que ce soit sur cette « nouvelle » humanité comme sur le monde Sidhe.

Alors après, j’avoue, tous les textes ne m’ont pas paru au même niveaux, certains se révélant clairement bouleversants et fascinants, là où d’autres, comme par exemple celui qui propose une référence à la fête de l’hiver, ne se sont avérés que de simples divertissements. Franchement rien de non plus trop dérangeant tant les dix textes forment dans l’ensemble un tout cohérent et entrainant et offre un très bon moment de lecture. Il faut dire aussi que la plume de l’auteur y joue aussi un rôle essentiel se révélant maîtrisée, soignée poétique, captivante et envoutante, nous plongeant avec facilité dans cet univers dont on ne demande qu’à plonger dedans. Je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce recueil de dix nouvelles qui viennent former un récit global complexe. L’auteur nous offre ainsi une intrigue vraiment intéressante sur le retour des faes dans le monde des Hommes, évitant aussi la dualité qu’on retrouve régulièrement entre les deux peuples. En effet à travers ses récit on se rend compte qu’elle ne rejette pas la technologie au profit de la nature, elle cherche un compromis, une réflexion sur notre façon de voir la nature et de nous servir de la technologie. Un message qui passe très bien et qu’il faudrait enfin entendre. Autre point fort du récit c’est l’aspect poétique, soignée et magique qui s’en dégage ce qui fait que je me suis retrouvé à tourner les pages facilement et avec grand plaisir. Les personnages qui gravitent autour de ce récit s’avèrent attachants, captivant, avec leurs forces et leurs faiblesses, devant faire face à des choix, des évolutions. Alors après tous les textes ne sont pas obligatoirement au même niveau, certains marquant plus que d’autres, mais rien de non plus trop gênant tant j’ai été happé. Il faut dire aussi que la plume de l’auteur y jour pour beaucoup se révélant  maîtrisée, dense, travaillée et captivante. Je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.

 

Ma Note : 8/10

 

Autres avis : Zina, julien le naufragé, Tesrathilde, Melisende, …

CRAAA

Challenge CRAAA 14ème lecture

Cookie Monster – Vernor Vinge

cookie monsterRésumé : Non, vraiment, la vie de Dixie Mae n’a pas toujours été rose… Mais grâce à LotsaTech, et au boulot qu’elle vient de décrocher au service clients de ce géant high-tech, les choses vont changer. Telle était du moins sa conviction jusqu’à ce que lui parvienne l’email d’un mystérieux expéditeur, message qui contient quantité de détails intimes liés à son enfance et connus d’elle seule…

Edition : Le Bélial’

 

Mon Avis : Je termine donc ma découverte de la nouvelle collection Une Heure Lumière de la maison d’édition Le Bélial’ avec ce petit livre, Cookie Monster de Vernor Vinge. J’avoue qu’avant de plonger dans ce texte, je n’avais rien lu de l’auteur, même si j’en ai beaucoup entendu parler et qu’on m’a déjà conseillé quelques-uns de ses romans, titillant ainsi mon envie de le découvrir. Cette novella va donc me permettre de me faire un premier avis sur les écrits de l’auteur. A noter, encore une fois, une magnifique couverture illustrée par Aurélien Police.

J’avoue par contre une fois la dernière page tournée avoir un peu de mal à vraiment chroniquer ce livre. Pas qu’il soit mauvais loin de là, juste que parce qu’il joue tout du long avec le lecteur, tout ce que je pourrai dire risquerait de gâcher votre lecture. Je vais donc en quelques lignes, vous offrir un retour le plus vague possible, puis après développer mon ressenti avec risque de gâcher certains effets de surprise, vous êtes prévenu. Ce Cookie Monster se révèle donc être une novella que j’ai trouvé clairement efficace dans le message qu’il propose, ains que les nombreuses réflexion qu’elle va soulever. Le tout est ainsi présenté à la sauce Hard SF, certes proposant parfois des concepts qui peuvent se révéler hermétiques pour les non scientifiques, mais qui au final se laisse découvrir avec plaisir tant la complexité de l’intrigue mise en place se révèle intéressante, efficace avec son lot de révélations, et que l’auteur arrive à rendre son texte tout de même intéressant pour tout le monde. Le tout est ainsi porté par des protagonistes entrainants. Voilà ce que je peux dire de façon globale.

Pour rentrer un peu plus dans l’intrigue, l’auteur nous propose ainsi une réflexion intelligente et soignée sur la singularité à travers la quête de l’héroïne, Dixie Mae, qui telle une Alice ou encore une Dorothée du magicien d’Oz part à la recherche de la vérité suite à la réception d’un mail étrange. L’auteur joue alors de façon sournoise avec le lecteur entre concepts scientifiques, références littéraires de science-fiction et  jeux de pistes et de dupes pour mieux le surprendre, faisant légèrement monter la tension et l’intérêt au fil des pages histoire d’offrir une révélation finale ouverte et que j’ai trouvé efficace. Le tout est bien porté par un rythme efficace, alternant révélations et explications. C’est surtout sur les réflexions soulevés tout du long que l’auteur, je trouve, captive assez facilement. On ne peut rester indifférent, selon moi, sur les notions d’unicité, d’humanité, de transhumanisme ou encore  de potentialité informatique et même une fois le livre posé on continue à se poser des questions. Le tout se révèle entrainant et bien mené, offrant ainsi une lecture plus que réussie et agréable.

Concernant les personnages, ils ne manquent pas non plus d’attraits, car même si  l’important vient de ce qu’ils vont soulever dans leurs quêtes, cela ne les empêche pas de se révéler efficaces, comme par exemple Dixie Mae qui s’avère être une héroïne pleine de contradictions, forte et charismatique dans sa quête et son côté unique ce qui va les rendre un minimum attachants dans leurs péripéties. Dommage par contre que certains personnages secondaires se révèlent un peu caricaturaux. L’auteur nous offre aussi des aspects intéressant comme le rôle de Victor, certes peut-être un peu prévisible mais efficace, ou encore celui des « jumelles » que je vous laisse découvrir, et le tout porté par des dialogues rythmés, même si parfois légèrement répétitifs. Leur quête, construite de façon « conte pour enfant » un peu barré, colle parfaitement au récit que cherche à construire l’auteur et l’image de fond, qu’on pourrait considérer comme minimaliste, va finalement se révéler avoir une grande importances dans les dernières pages où toutes les pièces se mettent en place.

Le seul point qui pourrait se révéler  bloquant, selon moi du récit, vient du style de l’auteur. Je vais essayer de m’expliquer. Ce n’est pas, on va dire, mal écrit, c’est juste que l’auteur ne considère pas, j’ai trouvé, le style comme un élément à part entière d’un récit, il sert ainsi juste à faire avancer le récit. Cela donne comme ressenti tout du moins pour ce texte, d’une écriture austère. Un peu comme un scientifique qui écrirait une étude, où l’important n’est pas obligatoirement la forme, mais le fond. Cela pourrait, je pense, en bloquer peut-être certains et m’a parfois aussi frustré, comme par exemple un léger abus des répétitions, mais bon rien de non plus bloquant. Au final une novella  réussie, intelligente, qui je pense mérite d’être découverte pour peur que la Hard Science ne rebute pas et que le sujet intéresse. Je me laisserai bien tenter par certains de ces romans.

En résumé : Cookie Monster offre ainsi un bon moment de lecture à travers une intrigue soignée et intelligente qui, sans trop en dévoiler pour éviter de vous gâcher les surprises, joue avec le lecteur pour mieux le surprendre et le faire réfléchir. En effet l’un des gros points forts du récit, vient des réflexions qu’il va soulever, aussi bien sur soi-même que sur la technologie. Alors certes il s’agit d’un récit Hard Science avec ces concepts scientifiques parfois obscurs pour ceux qui n’en ont jamais entendu parler (étant scientifique de formation, j’apprécie ce genre de lectures), mais cela n’empêche pas d’en comprendre l’ensemble. Les personnages se révèlent eux aussi intéressants à découvrir et un minimum attachants, nous entrainant facilement dans leurs péripéties, même si certains protagonistes secondaires s’avèrent parfois un peu caricaturaux. Le seul point qui pourrait, je trouve, se révéler bloquant concernant ce texte vient du style, l’auteur montre clairement que le fond importe plus que la forme ce qui rend sa plume parfois austère et même légèrement répétitives, même si rien de non plus bloquant. J’ai en tout cas bien envie de découvrir d’autres des écrits de Vernor Vinge.

 

Ma Note : 8/10

 

Autres avis : L’Ours Inculte, Gloubik, …

CRAAA

Challenge CRAAA 13ème lecture

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