Résumé : L’humanité a colonisé le système solaire (Mars, la Lune rebaptisée Luna, la Ceinture d’astéroïdes et au-delà), mais les étoiles restent toujours hors de sa portée.
Jim Holden est second sur un transport de glace qui effectue la navette entre les anneaux de Saturne et les stations installées dans la Ceinture. Quand son équipage et lui croisent la route du Scopuli, un appareil à l’abandon, ils se retrouvent en possession d’un secret qu’ils auraient souhaité ne jamais connaître. Un secret pour lequel certains sont prêts à tuer, et à une échelle impensable pour Jim et son équipage. La guerre dans tout le système solaire devient inévitable, à moins qu’il ne découvre qui a abandonné ce vaisseau, et pourquoi.
L’inspecteur Miller recherche une jeune femme. Elle n’est qu’une personne parmi des milliards, mais ses parents ont les moyens, et l’argent peut beaucoup. Quand l’enquête le mène au Scopuli et à Holden, devenu sympathisant des rebelles, Miller comprend que cette jeune femme est peut-être la réponse à tout.
Holden et Miller doivent désormais jouer la partie en finesse, entre le gouvernement de la Terre, les révolutionnaires des Planètes extérieures et certaines firmes aux visées obscures. Leurs chances sont minces mais au coeur de la Ceinture les règles sont différentes, et un petit vaisseau peut changer le destin de l’univers.
Edition : Actes Sud
Poche : Babel
Mon Avis : Ce roman, il traîne depuis un petit moment déjà dans ma PAL. Pourtant, les nombreux retours que j’ai lu sur ce cycle se révèlent dans l’ensemble plutôt positifs et une série TV en a même été produite. Sauf que voilà vu la taille du roman, ainsi que la grandeur du cycle, j’ai eu un peu peur de me lancer (surtout que l’un des auteurs de ce livre écrit a quatre mains est connu pour avoir du mal à voir ses séries achevées en France). Sauf que voilà, j’avais envie d’un peu de Space-Opera et j’ai donc décidé d’offrir une chance à ce livre. The Expanse est ainsi un cycle prévu en 9 tomes (5 déjà publiés à ce jour en VO et 2 en VF et le troisième normalement annoncé à la rentrée si je ne me trompe pas) écrit sous pseudo par Daniel Abraham (connu pour ses romans de Fantasy) et Ty Franck assistant de George R.R. Martin. Concernant l’illustration de la couverture, elle est, je trouve, plutôt classique.
Une fois la dernière page tournée, si je devais résumer ma lecture, je dirai plutôt sympa, mais pas non plus complètement emballé. Je classerai ce livre dans ces lectures détentes, qu’on lit pour ne pas trop se prendre la tête, qui se découvrent assez rapidement bien porté par un rythme efficace, mais sans non plus se révéler des plus originales ou donnant envie de se jeter sur la suite. Pourtant, les nombreux rebondissements et retournements de situation font que le lecteur se retrouve à tourner les pages avec un minimum d’envie et de plaisir d’en apprendre plus. Le mélange entre policier et SF fonctionne plutôt bien, même si le démarrage, tout de même assez confus, fait que les deux ont un peu de mal à se lier. La tension distillée tout le long se révèle plutôt efficace et un minimum entraînante, amenant révélations, actions, scènes nerveuses et réponses de façon plutôt maîtrisé pour ne jamais perdre ou ennuyer le lecteur. Mais voilà, pourtant quelques points frustrants ont fait que ce roman n’a jamais non plus complètement réussi à me convaincre.
Déjà commençons par ce qui est je trouve le point fort du récit, il s’agit de son univers. Les auteurs ont décidé de nous offrir un monde loin de ce qu’on peut retrouver souvent depuis quelques temps dans les Space-Opera avec des voyages supraluminiques et un extension de l’Homme au-delà de notre Univers. Non ici seul deux planètes sont colonisées, la Terre et Mars, avec entre les deux une ceinture de station dépendante d’une ou de l’autre planète pour l’air, l’eau ou encore la nourriture. On y retrouve ainsi un aspect politique intéressant, avec de nombreux désaccords que ce soit entre Mars et la Terre comme au niveau de la Ceinture, chacun cherchant son indépendance et une sorte de liberté, même si parfois c’est peut-être un peu simpliste. Les tensions sont présentes et aussi une forme de racisme s’est mis en place, principalement entre ceux qui viennent d’une planète et ceux qui ont toujours vécus sur des stations à la gravité différente. C’est d’ailleurs une réflexion intéressante, comment un tel rejet a pu apparaître au fil des années. Il y a ainsi une vraie question de fond sur l’acceptation de l’autre. La vie est aussi devenue une prise de risque tant les technologies sont devenues puissantes et un simple « caillou » peut amener à la fin d’une planète, surtout que les frictions entre ces trois grands axes sont à son paroxysme et que les évènements qui arrivent ne vont pas aider. On plonge ainsi dans un univers de space-opera qui ne manque pas de cohérence et de logique. L’aspect technologique sans se révéler révolutionnaire est solide et efficace, proposant ainsi quelques batailles épiques et flamboyantes. Autre point intéressant, sans non plus trop spoiler, la façon dont est traitée cette idée de contact alien, la façon dont elle va être utilisée et ce qu’elle apporte comme rebondissements. Au final il a certes un petit air de déjà-vu, mais qui donne envie d’en apprendre plus.
Concernant les personnages je dois bien avouer que là je suis plutôt circonspect. Je ne dirai pas qu’ils soient complètement mauvais, juste qu’ils m’ont paru tellement extrême et tellement figé dans leurs idées que je n’ai jamais réussi à complètement accrocher aux héros, ce qui joue ainsi fortement sur le ressort émotionnel. On a ainsi d’un côté Holden personnage optimiste au possible, manichéen dans sa vision du monde qui pense que l’Homme prendra toujours la bonne décision s’il découvre la vérité et de l’autre Miller flic désabusé, divorcé avec une légère tendance à la bouteille, pragmatique au possible qui pense que l’Homme est incapable de faire le bon choix et qu’il suivra toujours la meilleure offre. Clairement on est dans l’archétype et je ne le nie pas, il tombe même parfois dans la caricature et les grosses ficelles.
Holden est ainsi le personnage qui m’a le plus frustré, le mec qui balance deux informations qui ont amené à la plus grande guerre jamais connue, avec des milliers de morts, mais qui vient te faire une crise »d’ado » dès qu’un personnage abat de sang-froid pour sauver sa vie. Je ne dis pas qu’il n’a pas le droit d’avoir des principes, loin de là et je sais qu’il est parfois difficile d’évoluer, juste que là ce n’est plus pour moi un principe mais limite un commandement. C’est à croire qu’il n’a jamais vécu avant. Miller est plus nuancé, j’ai plus accroché au personnage, dans sa vision peut-être plus ambigüe, même si lui aussi en fait parfois un peu trop et a du mal à quitter certains stéréotypes. Après, les deux apportent un débat pas inintéressant concernant l’utilisation de la vérité, mais il tombe un peu trop dans la simplicité, manquant d’argument percutant et tournant un peu en rond. Concernant les personnages secondaires, ils ne sont pas mauvais, mais eux aussi tombent facilement dans certains stéréotypes voir même parfois trop cliché comme par exemple Dresden qui est franchement le cliché ambulant du méchant riche et scientifique qui parle de trop.
Alors qu’est ce qui m’a dérangé dans ce récit, outre Holden, le premier point vient pour moi des longueurs. Ce récit aurait pu être allégée facilement de 150 à 200 pages, tant l’ensemble aurait, je pense, gagné en intensité et en fluidité. Certes l’ensemble se lit tout de même bien, mais les auteurs vont trop dans le détail, ce qui fait que, parfois, bah on a l’impression que le récit prend trop son temps. Le récit abuse aussi un peu trop de coïncidence chanceuse, comme par exemple le collègue de Miller qui pile-poil peut amener l’info qu’il faut au moment qu’il faut. It’s magic ! Ensuite certaines scènes m’ont clairement paru inutiles, voir peu compréhensibles comme par exemple la scène de la fusillade sur Eros dont je n’en comprends pas encore l’intérêt et qui parait juste là pour mettre quelques explosions. La plume se révèle simple, efficace, malgré parfois certaines lourdeurs ici ou là, alternant de façon réussie scènes d’actions et scènes plus de réflexion. Au final ce livre offre un mélange de Space-Opera classique et de policier, qui se lit sans déplaisir, mais qui n’a rien de marquant. La suite ne fait donc pas parti de mes priorités, même si un jour je pourrai, pourquoi pas, me laisser tenter.
En Résumé : Au final ce premier tome de ce cycle de Space-Opera m’a offert un moment de lecture assez divertissant, mais qui est loin de se révéler marquant ou franchement original pour me donner envie de lire la suite, surtout que ce tome possède, d’une certaine façon sa propre conclusion. Certes le récit se révèle plutôt efficace, alternant efficacement scènes d’actions, d’enquête et de réflexion le tout sur un rythme un minimum entraînant. L’univers, sans se révéler non plus révolutionnaire, est un point fort du récit, évitant de surfer sur la vague de la grande expansion pour nous offrir une humanité cloisonnée dans le système solaire avec un aspect politique qui ne manque ni d’intérêt ni de frictions. L’aspect technologie remplis parfaitement son rôle et offre quelques scènes épiques. Là où j’ai commencé à bloquer c’est concernant les personnages, ils se révèlent stéréotypés et plongent même dans une certaine caricature, mais Holden touche le gros lot tant il est tellement figé dans des principes qu’il contredit qu’il m’a lassé. Les personnages secondaires ne sont pas mauvais, même si certains font clichés. Autres points qui m’ont frustrés, j’ai trouvé le roman trop long de 150-200 pages allant trop dans le détail, mais aussi l’abus de coïncidence chanceuse ou bien encore des scènes qui m’ont paru mal amenés ou n’ayant pas de but véritable. La plume des auteurs se révèle fluide, efficace et percutante malgré quelques lourdeurs. Au final un livre divertissant, pop-corn, mais dont je ne me jetterai pas sur le tome 2.
Ma Note : 6/10
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