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Bardes et Sirènes – Anthologie 2014 des Imaginales dirigée par Sylvie Miller & Lionel Davoust

bardes et sirènesRésumé : Ensorceleuses précipitant les marins à leur perte, ou symboles d’un amour inaccessible, les sirènes fascinent autant que les abysses dont elles sont issues. Pour ces maîtresses du chant, la rencontre du barde est inévitable ; artisans des mots et de la musique, usés par la route et les tragédies, ils tissent eux même sur le cœur des hommes leurs propres enchantements… Toutes les nuances de la fantasy sont au rendez-vous de Bardes et Sirènes : des racines médiévales du genre à notre époque désenchantée, onze rencontres épiques, émouvantes, drôles ou cruelles vous attendent !

Edition : Mnémos

 

Mon Avis : Depuis 2011 environ j’ai l’habitude de craquer, assez facilement c’est vrai, pour l’anthologie des Imaginales. D’une cela me permet de faire le tour des auteurs présents (d’ailleurs dommage que tous les écrivains au sommaire ne soient pas toujours présents) et de deux elle permet de découvrir une variété de textes, souvent plaisants, sur un thème bien précis. Cette année le thème choisi m’a surpris, j’avoue, il s’agit de Bardes et Sirènes. J’avais donc hâte de découvrir ces différentes nouvelles. Comme l’année dernière cette lecture a bénéficié d’une LC avec Snow et Mariejuliet, aux emplois du temps de Ministres, mais qui c’est révélé très agréable avec de bonnes discussions. À noter que ce recueil comporte au sommaire 11 nouvelles, ainsi qu’un préface qui effectue un peu le bilan de l’anthologie depuis ses débuts ; un passage de flambeau pour les prochains anthologistes .

La Boite à Musique de Carina Rozenfeld : On se retrouve dans cette nouvelle à suivre un barde qui commence à se faire une réputation grâce principalement à sa boite à musique qui reproduit le chant d’une sirène. J’avoue que j’ai trouvé cette nouvelle assez sympathique, nous proposant un récit plutôt efficace et charmant, avec aussi quelques réflexions sur le besoin de l’homme de ne pas reconnaitre le bonheur là où il est, mais plutôt passer son temps à chercher la gloire et la reconnaissance. Dommage que l’ensemble soit peut-être un peu trop gentil, surtout pour la conclusion. Je trouve que cette nouvelle ouvre bien ce recueil, offrant un texte assez doux, agréable et calme.

Plaie Etoilée de Samantha Bailly : Ce texte nous fait découvrir un barde qui possède une drôle de plaie étoilée sur le front. Je suis plutôt mitigé sur ce texte, pourtant dans l’ensemble je l’ai apprécié, mais voilà pour moi il y avait énormément de potentiel que l’auteur ne fait finalement qu’esquisser, comme par exemple cette plaie sur le front ou encore les fameuses « histoires » misent en flacons, l’ensemble aurait pu apporter tellement plus que ça en est légèrement frustrant. Maintenant cela n’empêche pas ce texte de se révéler sympathique à lire, bien rythmé et quand même efficace, amenant le lecteur vers une conclusion certes sans surprise mais intéressante.

Tant que nous Demeurons Ensemble de Yann de Saint-Rat : Cette nouvelle se révèle assez intéressante sur certains points, nous faisant découvrir des sirènes guerrières qui kidnappent régulièrement des humains pour en faire des esclaves ou comme réserve de nourriture. J’avoue que l’idée de transformer les sirènes en monstre guerrier plutôt qu’en tentatrice par leurs charmes ou leurs voix m’a paru intéressant, faisant des humains du bétail apeuré, mais le reste se révèle très (trop) classique j’ai trouvé, avec une conclusion qu’on voit venir dès le début. Un texte tout de même agréable, mais qui, comme les précédents, a du mal à complètement m’emporter et à se dégager.

La Tête de Singe d’Estelle Faye : J’ai énormément apprécié cette nouvelle, sûrement selon moi une des meilleures du recueil, nous proposant de découvrir la fuite d’une jeune fille qui va faire face à de nombreux obstacles. La force du récit est, cette fois, de ne pas mettre le barde et la sirène au milieu de l’intrigue, mais comme simple élément d’évolution pour l’histoire. L’intrigue joue avec le lecteur, l’amenant vers des fausses pistes, des rencontres déroutantes, pour mieux rebondir et happer le lecteur. L’univers mis en place par son aspect mythologique est clairement dense et soigné, avec cette originalité sur les sirènes, et le tout est magnifiquement porté par une plume que j’ai trouvé superbe et sensuelle. Les personnages se révèlent intéressants et surprenants par bien des aspects. Certes l’ensemble reste, sur certains aspects, ouvert, mais je trouve que cela ajoute du charme au récit et à l’imagination. Une nouvelle réussie.

Au Bar des Sirènes de Frédéric Petitjean : J’avoue, je n’ai pas du tout accroché à ce texte. Il nous fait découvrir un barde solitaire dans un univers ou les êtres de légende disparaissent de plus en plus. Le début se révélait pourtant sympathique, proposant une vision du monde féérique pleine d’ironie et de perdition, mais l’ensemble se révèle très rapidement trop simpliste et surtout un peu trop guimauve et rose bonbon à mon goût. De plus j’avoue que certaines réactions de personnages m’ont paru des plus étonnantes et déroutantes. L’univers décrit par l’auteur m’a aussi paru un peu trop surfait, un peu trop cinéma hollywoodien je pense, ce qui n’est pas illogique vu que l’auteur a travaillé sur des séries américaines, mais qui ne m’a pas accroché plus que cela. Dommage.

La Mise en Pièces de Maïa Mazaurette : Comme souvent l’auteur nous propose une nouvelle qui se révèle efficace, entrainante, sanglante, sombre et pleine de surprises et de rebondissements. On suit ici un barde, amant d’une reine sanguinaire et décadente, qui lui conte une histoire sur les sirènes, mais qui est dans l’attente de quelque chose de bien particulier. La tension monte lentement au fil des pages, de l’attente du héros et des révélations qui se dévoilent, pour mieux captiver le lecteur, le dérouter, et même si la conclusion est devinable dans les grandes lignes ça ne l’empêche pas de se révéler percutante et surprenante. La caractérisation des personnages est bien réussie, qu’on les apprécie ou pas on tourne les pages avec envie de savoir ce qui va leurs arriver. Un texte que j’ai trouvé au final très réussi, bien porté par une plume vive et efficace.

Tant qu’il y Aura des Sirènes de Régis Goddyn : Cette nouvelle m’a un peu dérouté par certains aspects et, j’avoue, au final j’en ressors avec un sentiment mitigé même si plutôt positif. En fait j’ai trouvé que les idées sont là avec ce concept de nous présenter les sirènes comme en voie d’extinction dans un monde futuriste qui se délétère, mais voilà la présentation, sur trois lignes temporelles, m’a paru par moment trop brusques, manquant parfois de logique et le style ainsi que la narration m’ont paru par moment un peu trop hachés pour complètement m’accrocher. Au final un texte pas mauvais, plein de potentiel, mélange des genres, avec de bonnes idées et des réflexions intéressantes sur l’écologie, mais qui sur la forme m’a parue un peu trop bancal pour complètement me happer.

Le Chant des Autres de Mélanie Fazi : L’auteur, comme à son habitude, nous propose ici un texte que j’ai trouvé excellent et magnifique. Une nouvelle clairement originale, principalement par sa représentation du barde et de la sirène qui se révèle franchement surprenante, accrocheuse et passionnante dans un univers de fantasy urbaine qui se révèle passionnant et très intéressant à découvrir avec ses règles et ses limitations. Surtout une nouvelle poignante, touchante portée par des personnages qui se révèlent profondément humains avec leurs joies et leurs souffrances, souvent remplis de colère et de douleurs, qui doivent faire des choix. J’ai de nouveau été emporté par la plume poétique, pleine de finesse et sensible de l’auteur. Elle rentre clairement dans les meilleures nouvelles du recueil.

Le Chant du Solstice de Pierre Bordage : On retrouve ici une nouvelle que j’ai trouvé très intéressante, où on découvre un barde en manque d’inspiration, qui doit pourtant effectuer le grand chant du solstice. Mais tout va changer pour lui quand les villageois vont capturer une sirène. Un texte simple et qui se révèle efficace avec son lot de rebondissements et de retournements de situation qui font qu’on tourne les pages pour découvrir la suite même si dans l’ensemble il se révèle assez linéaire. La plume de l’auteur se révèle entrainante et efficace et les personnages offrent leur lots de surprises. Par contre, ce qui dessert un peu cette nouvelle c’est son positionnement dans l’anthologie, elle aurait gagné à être plus vers le début selon moi, et aussi, peut-être, un léger manque de profondeur dans l’ensemble.

Ci-gît mon Cœur d’Anne Fakhouri : Une nouvelle que j’ai trouvé réussie, qui nous propose de découvrir un barde qui par « chevalerie » va se retrouver à aider une sirène dont il est tombé amoureux. Mais tout n’est pas toujours ce que l’on croit. L’ensemble se révèle très bien rythmé, haletant, qui se lit assez facilement, rapidement et avec plaisir, qui happe doucement le lecteur au fil des pages pour lui donner l’envie d’en savoir plus aboutissant alors à une conclusion qui risque d’en surprendre plus d’un tant j’ai trouvé que la révélation finale était inattendue, décalée, cruelle et surtout terriblement efficace. L’ensemble se révèle maîtrisé et bien porté par une plume rythmée et haletante et où les personnages ne sont pas toujours ce qu’ils paraissent être.

Le Guetteur de Nuages de Thomas Geha : Cette nouvelle nous plonge dans un univers où les nuages sont des ennemis envahisseurs et où un barde utilise son chant pour les faire disparaitre. Mais un jour un nuage différent et beaucoup plus résistant apparait. Un texte qui m’a paru intéressant, vif et entrainant à travers cette possibilité, en méditation, de pénétrer dans les nuages et alors les faire résonner grâce au chant pour les dissoudre. L’idée de la sirène se révèle clairement originales et surprenante. Le texte possède aussi une certaine musicalité qui m’a bien accroché, ainsi qu’une légère dose d’ironie avec ce passage sur la sagesse des anciens et la fougue des plus jeunes. Là où j’ai un peu décroché c’est dans la conclusion, l’auteur ayant pris le parti pris d’offrir une sorte de happy-end, c’est un choix, mais je me dis qu’au vu du récit un final peut être un peu nuancé aurait apporté un plus à l’ensemble. Au final un texte agréable et efficace qui se lit bien.

 

Je dois bien avouer que j’ai trouvée cette cuvée 2014 un peu en dessous que celle des années précédentes. Il y a bien quelques textes qui sortent du lot mais les autres se révèlent soit simplement sympathiques sans être vraiment marquants, soit ne m’ont pas complètement accroché. Il faut aussi dire que le sujet était peut-être un peu particulier, pas obligatoirement le premier qu’on pense en parlant Imaginaire. Alors attention la lecture de ce recueil se révèle tout de même agréable et m’a aussi permis de découvrir de nouvelles plumes, juste que dans l’ensemble je l’ai trouvé un petit peu moins accrocheuse que les années précédentes.

En Résumé : J’avoue que j’avais hâte de voir ce que la cuvée 2014 allait bien proposer avec ce sujet sur Bardes et Sirènes, mais voilà, une fois la dernière nouvelle terminée je dois bien avouer que je l’ai trouvé légèrement en-dessous des années précédentes. Alors attention l’anthologie ne se révèle pas mauvaise pour autant et se révèle agréable à lire, avec quand même la présence de quelques textes qui sortent franchement du lot, mais le reste se révèle soit juste sympathique sans non plus être très marquant, soit ne m’ont pas complètement accroché malgré la variation d’idées sur le sujet. Cela vient peut-être aussi justement du choix du sujet. Cela ne m’empêchera de faire entrer dans ma PAL l’anthologie l’année prochaine.

 

Ma Note : 6,5/10

 

Les avis de mes collègues de LC : Snow, Marijuliet.

Décade de L’Imaginaire 2014

decade de l'imaginaire 2014Edition : L’Atalante

 

 

 

 

 

Mon avis : Comme proposé l’an dernier (Ma chronique de la Décade 2013 ici) les éditions L’Atlante ont décidé de renouveler leur opération de décade de l’imaginaire. Il y a quelques semaines l’opération proposait donc ainsi de découvrir huit nouvelles gratuites d’auteurs différents et, après avoir mis en avant en 2013 l’imaginaire européen, cette année ce sont les femmes qui ont été misent à l’honneur.

Quand Arriva la Fin du Monde en Fin de Matinée d’Anne Larue : Cette nouvelle nous fait découvrir Jacqueline qui se retrouve seule sur terre suite à la fin du monde, avec pour seule compagnie un livre ; le journal de Virginia Woolf. Un très joli texte, simple dans son idée, qui nous fait découvrir une héroïne pragmatique au possible, qui ne panique pas face à la disparition des autres et se lance dans un programme de survie établi. Il se dégage quelque chose de poétique dans les journées qui défilent pour cette vieille dame, quelque chose de magique qui fait qu’on ne s’ennuie pas, le tout teinté d’humour et d’ironie face à la répartie de ce personnage au regard cynique. Ici l’apocalypse est à peine expliqué, mais ce n’est pas le plus important, car on se retrouve à suivre avec plaisir la nouvelle vie de Jacqueline et voir comment elle avance et évolue. On y retrouve aussi une réflexion plutôt intéressante sur l’humanité, sa grandeur, sa décadence mais aussi sur finalement sa petite place dans l’univers ainsi que sur les énergies, sur la communication, notre façon de vivre ou encore sur le pouvoir des livres, mais l’ensemble aurait peut-être pu être un peu plus poussé selon moi, ce qui est légèrement dommage. Au final une bonne petite nouvelle, agréable et efficace.

Le Miroir d’Électre de Jeanne-A Debats : Une nouvelle très intéressante qui décide de revisiter complètement le mythe d’Electre, déjà en le traitant de façon contemporaine, mais aussi finalement en offrant de jouer sur le destin. On se retrouve donc à suivre le quotidien de Violette, jeune fille, bibliothécaire à mi-temps, qui va régulièrement voir un psychanalyste la faute à un don étrange qui l’oblige presque à vivre recluse. Sa vie va changer après sa rencontre avec Adam. Une histoire que j’ai trouvé efficace, qui se lit bien, on se laisse entrainer par le destin et la vie de cette jeune fille, qui donne l’impression d’être déconnecté de tout, entre amour, famille et trahison. La plume de l’auteur se révèle fluide et entrainante ce qui fait qu’on tourne les pages facilement. Mais l’ensemble se révèle très dense et très riche en clin d’œil et référence, peut-être justement un peu trop dense car je ne suis pas sûr de toutes les avoir comprises. Cela n’empêche pas ce texte de se révéler agréable et d’offrir une variation intéressante sur le destin.

Burgundia Remanence de Danielle Martinigol : Une courte nouvelle qui nous plonge dans un univers futuriste où un couple passe leur voyage de noce dans une planète musée et découvre alors le vin; ainsi que le viticulteur Renay, ce qui va changer leur vie. Un texte sans prétention qui offre pour intérêt premier de traiter du vin, qui joue ici le rôle de perturbateur et d’ouverture vers un meilleur, le tout dans un univers de SF. Un récit qui parle aussi de l’obsolescence et de la façon dont on traite parfois ce qu’on prend pour des outils. Le soucis c’est que l’ensemble est trop rapide, se révèle assez linéaire et j’ai trouvé la conclusion convenue. Cela reste un texte plutôt sympathique qui rentre dans les vite lu, apprécié et vite oublié.

Homéostasie de Laurence Suhner : Cette nouvelle nous fait découvrir un monde futuriste où une neige noire tombe régulièrement sur Terre sans qu’on ne comprenne vraiment pourquoi. Ana, qui possède des pouvoir psy, va être embauché par un groupe de scientifique pour une mission capitale. Un texte qui se révèle très sombre, froid que ce soit dans son ambiance comme dans la présentation de son héroïne qui est cynique et totalement désabusé. Le monde en pleine agonie que nous dévoile l’auteur se révèle assez angoissant et pousse à réfléchir. On se laisse porter par le récit pour savoir où il nous emmène jusqu’à aboutir à cette conclusion inéluctable même si facilement devinable. Dans l’ensemble un texte très sympathique qui aurait quand même, selon moi, mérité d’être peut-être un peu densifié sur certains aspects un peu trop rapidement traité.

Vers les Airs de Camille Brissot : Cette nouvelle est un peu le prologue de Dresseur de Fantômes, le roman de l’auteur (que j’ai lu et chroniqué ici), elle nous fait ainsi découvrir, à travers la quête d’un homme à la recherche de son amour perdu, une planète en pleine apocalypse, confronté à elle-même dévoilant aussi bien le pire que le meilleur même si l’auteur reste un peu gentillette. Un textes où les émotions affluent et que j’ai trouvé plutôt agréable à lire et sympathique, même si l’ensemble est traité un peu trop rapidement à mon goût ce qui l’empêche de se révéler complètement poignant et dense, surtout sur la relation entre les deux héros. Quelques pages de plus auraient peut-être été un plus.

Du Rififi Entre les Oreilles d’Anne Fakhouri : Nouvelle précédemment lue dans l’anthologie des Imaginales 2013 Elfes et Assassins. Une seconde lecture n’a rien enlevé à ce texte bourré d’humour et terriblement efficace. Ma chronique de l’époque ici.

Horizon de Carina Rozenfeld : Ce texte se révèle être un peu la suite du roman Le Mystère Olphite (que j’ai lu et chroniqué ici), où dans un univers futuriste des hommes, les Olphites justement, seront capables de communiquer avec des météorites et les piloter. Deux météorites vont d’ailleurs prochainement se rejoindre, une colonisée qui va se séparer d’une partie de sa population pour coloniser la seconde, et ainsi voyager dans différentes directions de l’espace. Une nouvelle qui nous propose un univers riche, chatoyant et surtout original dans cette façon de communiquer avec les astéroïdes, de les imaginer comme être doué de conscience. Mais voilà deux choses me dérangent, première ce texte me fait penser plutôt à une introduction, l’auteur donnant l’impression qu’elle va revenir dans cet univers vu le cliffangher, et aussi, effet jeunesse probable, une trop grosse dose d’optimiste dans l’ensemble, mais pour ce point-là cela vient surtout de moi je pense. Une nouvelle toute de même agréable qui se lit facilement et qui donne envie de lire la suite, si jamais suite il y a.

Aknaktak de Sylvie Denis : Comme la nouvelle proposée l’an dernier de l’auteur, Aknaktak se situe dans l’univers de Haute École, et comme l’année dernière j’ai eu un peu de mal à rentrer dans le récit qui nous plonge directement dans l’action et dans la trahison dont on a du mal à comprendre les tenants et les aboutissants. Mais contrairement au texte de 2013, celui-ci au fil des pages va finalement prendre son envol et se révéler plutôt indépendant ce qui fait que j’ai plus apprécié ce récit. En effet plus j’avançais dans le texte plus je me suis laissé porter par cette histoire de vengeance et de découverte d’une nouvelle population. L’ensemble se révèle fluide et efficace. Deux points m’ont quand même dérangé, premièrement j’ai eu du mal à m’attacher aux personnages justement, je pense, parce qu’il me manquait le background pour clairement les comprendre, deuxièmement l’ensemble n’est en fait qu’une introduction qui appelle clairement une suite. En tout cas Haute-Ecole est dans ma PAL, j’espère donc mieux comprendre les nouvelles quand je le lirai.

En résumé : De nouveau l’Atalante nous propose une très belle initiative avec cette décade qui surtout nous permet de découvrir huit nouvelles, certes pas toutes au même niveau, mais qui dans l’ensemble se révèlent sympathique et agréable à découvrir. Cela permet aussi de mettre en avant plusieurs auteurs et me donne envie, pour certains dont j’ai quelques romans qui trainent dans ma PAL, à les découvrir plus en avant ou de lire leurs derniers écrits.

 

Ma Note : 7/10

 

Autres avis : Vert, …

L’Opéra de Shaya – Sylvie Lainé

l'opera de shayaRésumé : So-Ann, née dans un vaisseau spatial, a du mal à s’habituer aux coutumes étranges et contraignantes des mondes où se sont établis les humains. Alors quand elle entend parler de Shaya, cette planète où la faune et la flore sont en totale empathie avec ses visiteurs, elle n’hésite pas une seule seconde. Mais en vérité, qui s’adapte à qui ? Quels mystères se cachent dans ce monde qui semble idéal ?
L’Opéra de Shaya est un space opera envoûtant et magique, accompagné de trois autres nouvelles tout aussi fortes et sensibles.

Edition : ActuSF

Mon Avis : Sortant tout juste de ma lecture de Marouflages, autre recueil de nouvelles de Sylvie Lainé, qui m’a fait passer un bon moment de lecture offrant des textes souvent humains, poignants et remplis d’émotions (chronique ici), je me suis rapidement décidé de découvrir le dernier recueil en date de l’auteur. Il faut aussi dire que la couverture, illustrée par Gilles Francescano, est vraiment superbe et donne envie de lire ce livre. À noter que ce recueil comporte une préface de Jean-Marc Ligny, quatre nouvelles ainsi qu’une interview de l’auteur.

L’Opéra de Shaya : Cette nouvelle, qui tend finalement plus vers la novella, nous plonge dans le quotidien So-ann qui est née dans l’espace et qui est à la recherche de la planète qui lui correspond, mais elle a du mal à s’intégrer face aux différentes lois et normes qui s’imposent à elle à chaque fois. Un jour elle va entendre parler de Shaya, planète qui s’adapte à l’arrivant et non l’inverse. Ce texte démarre de façon conventionnelle sur le thème du space-opéra avec des réflexions classiques mais solides sur le rapport à l’autre, mais c’est une fois sur Shaya qu’il prend clairement son envol. En effet le texte va se révéler alors passionnant à travers cette planète, que ce soit aussi-bien au niveau de cette flore et de cette faune qui s’adapte à l’ADN de l’héroïne, mais aussi à travers les habitants de la planète, leurs cultures, leurs traditions et leurs visions de la vie. Shaya se révèle tout d’abord, à travers les yeux de So-ann, fascinante et merveilleuse, un paradis, mais petit à petit l’auteur  va agrandir le spectre de sa vision et très vite on va se rendre d’un décalage, que quelque chose n’est pas tout à fait normal. La tension et le doute vont alors se glisser insidieusement au fil des pages et faire monter la tension pour offrir un final surprenant (et pourtant si logique), émouvant et poignant que je vous laisse découvrir. L’auteur nous offre ici des axes de réflexions captivants et réfléchis sur la possibilité ou non à deux cultures différentes, d’une de se comprendre, de deux de s’accepter et comme à son habitude elle le fait à travers des personnages attachants et touchants, mais qui ne possèdent pas obligatoirement le même prisme, ni la même vision de la vie venant d’idéologies différentes. Un texte magnifique, qui vaut à lui seul, selon moi, la lecture de ce recueil.

Grenade au Bord du Ciel : J’ai déjà lu ce texte, qui était initialement publié dans le recueil Utopiales 2013. Cette nouvelle lecture n’a modifié en rien mon appréciation de l’époque que vous pouvez retrouver ici.

Petits Arrangements Intra-galactiques : Cette nouvelle nous fait suivre un convoyeur spatial qui, lors d’une livraison de myrtille, tombe en panne ce qui l’oblige à rejoindre la planète la plus proche en attendant les secours. L’auteur décide de traiter cette découverte d’une nouvelle planète par l’humour, nous plongeant dans un univers chatoyant et absurde avec une faune et une flore complètement décalée. Notre héros va alors devoir donner le maximum de lui-même pour survivre. J’avoue cette nouvelle m’a fait sourire, mais c’est un récit que j’ai trouvé gentillet et qui sur l’ensemble du recueil me parait juste anecdotique et très courte. Elle reste plutôt sympathique à lire.

Un Amour de Sable : Cette nouvelle revient aussi sur la rencontre avec l’autre, mais de nouveau sur un angle complètement différent, en effet cette fois l’autre c’est un sable multicolore tout ce qu’il y a de plus basique. Ici la grande force du récit et de clairement jouer sur deux cultures, deux êtres différents qui sont totalement opposés et n’ont pas la compréhension ni le niveau nécessaire pour voir l’existence de l’autre, mais aussi le fait que l’auteur arrive à donner une voix différente à chaque entité, les hommes et le sable, le tout avec de l’humour et qui aboutit peu à peu à une conclusion glaçante, qui repose justement sur cette absence de capacité à communiquer et à se comprendre. Un très joli texte, réfléchi et efficace qui montre aussi que l’analyse scientifique ne fait pas toujours tout dans la découverte.

 

J’ai de nouveau trouvé la plume de l’auteur très poétique et surtout terriblement efficace pour attacher le lecteur à ses personnages ou pour lui offrir de nombreux axes de réflexions. J’ai aussi trouvé que ce recueil était plus scientifique que le précédent, les personnages restent très présents et importants, mais ne sont ici pas toujours le moteur du texte malgré qu’ils soient toujours attachants. Au final un excellent recueil qui mérite d’être découvert, il ne me reste plus qu’à me procurer les autres recueils qui me manquent.

En Résumé : J’ai passé de nouveau un très bon moment de lecture avec ce recueil de quatre nouvelles qui nous font réfléchir de façon passionnante sur le regard sur l’autre, les différences de cultures et leurs acceptations, mais aussi sur la communication et le langage. L’Opéra de Shaya est le gros morceau de ce livre, mais, rien que pour ce texte il mérite vraiment d’être découvert tant, malgré un démarrage assez classique, j’ai été touché par cette histoire, ses idées et ses personnages. Concernant les autres textes même si un m’a paru anecdotique les deux autres se révèlent efficaces et intelligents. Le style de l’auteur est toujours aussi poétique, soigné et brillante,  proposant des personnages attachants. Un recueil à découvrir selon moi. Il ne me reste plus qu’à faire entrer dans ma bibliothèque les autres recueils de l’auteur.

 

Ma Note : 8/10

 

Autres avis : Mariejuliet, Vert, Lorkhan, Tiger Lilly, Jeanne-A Debats, …

Marouflages – Sylvie Lainé

marouflagesRésumé : Sylvie Lainé se sert de la science-fiction pour décrire comment, avec brutalité ou avec bonheur, en jouant avec le mensonge ou avec notre propre vérité, nous inventons notre rapport à l’autre et notre propre vie.
À travers les trois nouvelles de ce recueil, elle nous rappelle que le chemin importe parfois plus que le but, qu’on peut vivre avec un amour perdu en apprenant simplement à marcher à la bonne cadence. Ses personnages nous enseignent de l’intérieur comment on construit ses vérités, couche après couche, comment s’enchaînent les conséquences… et à quoi peuvent conduire les meilleures résolutions.

Edition : Actu SF

 

Mon Avis : Je dois bien avouer que j’ai découvert la plume de Sylvie Lainé sur le tard, puisque le premier texte que j’ai lu de l’auteur fut la nouvelle publiée dans le recueil des Utopiales de l’année 2013 que j’avais considéré comme l’un des meilleurs du recueil. Au départ j’avais décidé de me lancer dans la découverte de nouveaux textes de l’auteur par ma lecture de L’Opéra de Shaya qui est entré dans ma PAL il y a quelques semaines, mais mon passage sur le stand ActuSF lors des dernières Imaginales a fait que je suis aussi repart avec ce recueil. Vu que j’ai un esprit cartésien et tordu qui aime faire les choses de façon chronologique j’ai donc décidé finalement de lire Marouflages. Ce court recueil comporte trois nouvelles.

Les Yeux d’Elsa : Cette histoire nous propose de plonger dans un monde futuriste ou les dauphins ont été modifiés génétiquement. Un échange apparait alors, si les dauphins ont besoin de l’aide des hommes ils devront alors en contrepartie travailler pendant une durée déterminée sur des chantiers qui se situent sur ou sous l’eau. Mais le contrat est bien entendu vicié. Charlie fait partie d’une équipe de secours de dauphins et sa vie va changer quand il va rencontrer Elsa. Sûrement la plus belle nouvelle de ce recueil, elle nous fait découvrir un amour impossible et obligatoirement tragique entre un homme et un dauphin, magnifiquement porté par la plume de l’auteur qui arrive à rendre cette relation étrange en quelque chose de touchant, fascinant et de poignant. Mais surtout on y retrouve une réflexion très intéressante sur la vision que chacun a de l’amour, de sa complexité et des concessions qu’il faut parfois faire pour réussir, Charlie fantasmant par exemple ici une relation parfaite se mettant des œillères dès les premières contrariétés et préférant fuir la réalité. Un amour doit être vécu dans les deux sens pour exister sous peine de s’étioler. Autre point que j’ai trouvé captivant c’est l’univers que construit l’auteur en toile de fond, un monde impitoyable qui nous fait réfléchir sur les conditions de travail et sur ce qu’est parfois prêt à faire l’Homme pour sa survie et son bien être, voir même pour conserver son travail. Au final une nouvelle clairement réussie et fascinante.

Le Prix du billet : Cette nouvelle nous fait découvrir Hera, prête à tout quitter pour rejoindre une communauté, qui va voir sa vision de l’avenir bouleverser par sa rencontre avec une jeune fille. Ce texte nous amène à réfléchir sur la position de chacun et surtout sur le besoin des autres pour exister et vivre, mais doit-on pour cela tout rejeter pour espérer une vie meilleure ? Nouvelle initialement publié dans le calendrier de l’avent de Reims, elle colle bien à la thématique de noël, avec cette remise en cause de soi, l’héroïne va alors se retrouver complètement chamboulée par une rencontre limite « magique » d’une personne aux visions complètement différentes. Hera se retrouve alors entre colère et soulagement et va se rendre compte que parfois le bonheur n’est pas là où on le croit. Mais voilà j’ai trouvé ce texte peut-être un peu court et surtout anecdotique, encore plus vu son positionnement dans le recueil après l’excellent Les Yeux d’Elsa, ce qui fait qu’il a eu un peu de mal à me marquer, même si je l’ai trouvé sympathique. Un texte vite lu, apprécié et tout de même vite oublié selon moi.

Fidèle à ton pas Balancé : Cette nouvelle nous plonge dans le quotidien d’un homme qui vient de rompe avec sa copine, Lou, et qui a du mal à s’en remettre se mettant alors à vivre la vie de son ex par procuration à travers des enregistrements de mouvements et de perceptions qu’elle a publiée sur le réseau. On se retrouve ici plongé dans une histoire de reconstruction, d’un homme qui a du mal à avancer, à évoluer, recherchant à ne retrouver que son ex sans se rendre compte de ce qui gravite autour de lui. C’est finalement à travers sa quête, condamnée d’avance, son besoin de changer pour retrouver ce qu’il a perdu, qu’il va finalement évoluer et se reconstruire effectuant des rencontres et des choix qui vont l’amener à retrouver la vie et le sourire, sans non plus oublier le passé. Un texte bien construit, que j’ai trouvé poétique et prenant, le tout magnifiquement porté par la plume superbe de l’auteur tout en nuance et en finesse. L’aspect technologique se révèle aussi intéressant par la réflexion qu’il apporte, montrant un besoin de s’identifier à d’autres, que ce soit humains ou animaux, à travers ses enregistrements qui permettent de ressentir au plus profond les mouvements. Un fort joli texte agréable, mais légèrement court peut-être.

 

Ce qui m’a marqué une fois la dernière page de ce recueil tourné, c’est la plume de l’auteur qui se révèle touchante et remplie d’émotion qu’elle arrive à partager au lecteur. En plus de nous proposer des textes où la technologie et l’imaginaire sont présents, elle nous offre aussi clairement des personnages qui se révèlent profondément humains et attachants que ce soit aussi bien dans leurs forces que dans leurs failles et leurs faiblesses, ce qui les rend attendrissant et fascinant ; on s’accroche à eux. Je trouve par contre dommage que la préface ne soit pas finalement une postface tant elle développe trop les textes qu’elle présente, ce qui peut légèrement gâcher le plaisir de la lecture et de la découverte. En tout cas je m’en vais de ce pas lire L’Opéra de Shaya qui m’attend dans ma PAL.

En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec ce recueil de nouvelle qui nous fait découvrir trois textes, pas tous au même niveaux, mais se révèlent tous profondément humains et touchants. Ce recueil mérite d’être découvert, selon moi, rien que pour Les Yeux d’Elsa qui se révèle être un texte magnifique et émouvant sur une relation impossible, tragique et improbable, même si au final il fait un peu d’ombre justement aux deux autres nouvelles. Au final ce recueil m’a aussi permis de découvrir la plume de Sylvie Lainé que j’ai trouvé clairement poétique et pleine de sentiments, mélangeant à la fois les aspects personnels avec des aspects technologiques et futuristes qui offrent aux lecteurs, premièrement, des réflexions vraiment intéressantes et passionnantes et deuxièmement des personnages terriblement attachants et poignants. Je m’en vais donc me lancer dans la lecture de L’Opéra de Shaya qui est dans ma PAL.

 

Ma Note : 7,5/10

 

Autres avis : Vert, Julien le Naufragé, Efelle, Shaya, …

Fiction n°19

fiction 19Edition : Les Indés de L’Imaginaire

 

 

 

 

 

Mon Avis : Après avoir sorti les Bifrost qui traînaient dans ma bibliothèque (et il en reste encore, ainsi que d’autres magazines), j’ai décidé aussi de découvrir la nouvelle formule de Fiction. J’ai donc rapidement fait rentrer dans ma PAL le n°18, mais aussi, il y a peu, le n°19. Comme je suis quelqu’un de logique j’ai donc, bien entendu, commencé par lire le dernier numéro, le n°19. Il faut dire que le sommaire me tentait vraiment avec deux entretiens croisés, un entre Anne Fakhouri & Ian McDonald et un autre entre Fabrice Colin & Serge Lehman, des articles ainsi que près de 200 pages de nouvelles. À noter la magnifique couverture illustrée par Aurélien Police que je trouve accrocheuse.

Le Bout du Chemin de Robert Silverberg : J’ai fais l’impasse sur cette nouvelle. Étant donné qu’elle est présente dans le recueil Dernières Nouvelles de Majipoor que je veux lire, j’ai donc préféré la découvrir à ce moment-là. D’ailleurs je trouve dommage qu’une nouvelle d’un recueil qui vient de sortir se retrouve dans le magazine même si j’en comprends le côté marketing.

Chienne de Robert Darvel : J’avoue, je n’ai pas accroché à cette nouvelle. J’en comprends bien le message que cherche à faire passer l’auteur, montrant l’évolution d’une société qui tend vers une sexualisation extrême, comme on a pu le voir avec Britney ou encore Miley, une transformation qui tendrait vers le néant et le vide d’une simple image éphémère. Problème, l’auteur le dit lui-même le puritain l’indiffère et a de la tendresse pour l’explicite, il cherche donc à secouer le lecteur, à pourquoi pas le choquer par des scènes crues et c’est là que le texte n’a pas marché avec moi, car il ne m’a ni choqué ni même fait vibrer. Par conséquent le message en perd de son intérêt, a eu du mal à passer et je n’y ai vu plus qu’une simple débauche qui m’a laissé indifférent. Au final, pour apprécier ce texte, je pense que tout va dépendre comment le lecteur se positionne vis-à-vis du ton utilisé.

Avec le Temps de Kate Wilhelm : Cette nouvelle est la plus longue du recueil et je l’ai trouvé agréable et plutôt sympathique. Elle nous plonge auprès d’une équipe de journaliste menant une enquête sur une famille recluse, qui a bâti sa fortune sur des intuitions un peu trop parfaites. L’intrigue se révèle intéressante, bien mené avec des rebondissements et des retournements de situations efficaces et maîtrisés, même si globalement l’histoire reste tout de même assez linéaire. Le récit possède pas mal d’idées originales, comme cette narcolepsie bien particulière, ou cette folie qui vient toucher cette famille. Mais voilà selon moi cette histoire mériterait d’être plus développé, pourquoi pas dans un roman, ce qui permettrait d’éviter certains raccourcis facile, certains aspects un peu trop simpliste, mais aussi offrir des personnages un peu plus consistants, car il est parfois difficile de comprendre les choix ou l’acharnement de certains.

Adjudication Positive de James Morrow : Cette nouvelle nous emmène aux côtés dans une patrouille intergalactique de la vertu, venue corriger une anomalie aux États-Unis, en pleine période esclavagiste des années 1800. Rien ne va se passer comme prévu. J’ai trouvé le texte vraiment divertissant, satirique et ironique par le parallèle entre ce peuple alien vertueux et une humanité qui est loin de toujours l’être avec nombreuses failles, ce qui amène des dialogues plutôt cocasses le tout porté par un style assez efficace. Un texte qui ne cherche qu’à divertir et qui remplit son rôle de façon efficace même si, finalement, il rentre dans les vite lu, vite oublié.

Code 666 de Michael Reaves : Cette nouvelle nous propose une histoire fantastique où un chauffeur d’ambulance va voir sa vie chamboulée après avoir été percutée par un chauffard ivre. Un texte qui trait de la mort, de fantômes et de la vie après la mort, faisant monter doucement la tension au fil des pages, le tout agrémenté de quelques frissons, malgré parfois des passages un peu confus. Un texte que j’ai trouvé au final très sympathique bien porté par une plume efficace, même si la conclusion m’a parue un peu convenue et un peu trop rapide malgré quelques bonnes idées.

Petites Villes de Felicity Shoulders : Cette nouvelle nous fait découvrir le destin de deux personnages : une jeune fille ne mesurant qu’une vingtaine de centimètres, née après la fin de la seconde guerre mondiale et qui ne peut vivre sa vie, cachée par sa mère pour la protéger d’un monde qui a prendrait pour un monstre ; ainsi que celui d’un fabricant de jouet qui cherche sa place dans un monde moderne et en pleine évolution, le tout sous forme de conte. Le monde que nous dévoile l’auteur se révèle vraiment captivant et d’une certaine façon féérique et bien retranscrit par des descriptions efficaces. L’histoire se laisse lire facilement, un peu comme un bonbon doux qu’on savoure. Je regrette juste que les personnages manquent de profondeur et que certains aspects, qui auraient pu densifier l’histoire, restent à l’état d’ébauche.

Et in Arcadia ego de Estelle Faye : Je n’avais encore jamais lu une de ses nouvelles et je dois dire que je ressors encore une fois conquis. L’auteur possède toujours cette plume vivante et magnifique qui fait qu’on se retrouve emporté dans son univers magique. L’histoire qu’elle nous raconte ici c’est le récit d’un jeune homme, perdu au milieu d’une guerre qu’il ne comprend pas, ancien joueur de MMORPG qui va se reconnecter à son jeu et y retrouver un but et la beauté d’un monde inconnu. On retrouve ici un véritable appel au voyage, à la liberté et à l’imagination où chacun tente, à travers son imagination à rêver et rendre sa vie un peu meilleure. Un texte touchant et efficace même si la fin est facilement devinable. En tout cas Estelle Faye prouve qu’elle est une des plumes de l’imaginaire français qui monte et dont je lirai d’autres textes avec grand plaisir.

Lun’ D’Argent de Steven Utley : Cette nouvelle nous propose de mélanger passé et futur grâce à la possibilité de voyager dans le temps. Un scientifique, qui croit aux extra-terrestre, décide donc de se payer un voyage avec sa fortune pour découvrir l’ère Paléozoïque. Un texte où les personnages se révèlent vraiment intéressants, avec leurs failles, leurs forces, ainsi que les combats qu’il mène envers eux-mêmes et face aux autres mais qui surtout se révèlent attachants. L’auteur ouvre aussi à la réflexion avec  question de l’influence de races aliens dans l’évolution de l’homme par ce scientifique marginal, mais qui pourtant possède de solide théories, face au rejet de sa profession devant ce qu’ils considèrent comme un rêve de gosse. J’ai, par contre, trouvé la fin trop abrupte, certes elle ouvre sur l’espoir et le soutien, mais ne répond finalement qu’à peu de questions, comme si l’auteur avait prévu d’écrire une suite.

La Tête aux Souhaits de Jeffrey Ford : Ce texte nous plonge au milieu d’une Amérique des années 30, on suite un coroner appelé pour examiner le corps d’une femme flottant dans une rivière, un étrange sourire aux lèvres. L’univers développé par l’auteur se révèle vraiment vivant, vibrant et efficace, ajoutant une certaine tension à l’ensemble. Le personnage se révèle vraiment dense et riche, ancien militaire, revenu de la première guerre mondiale un pied en moins, une prothèse en porcelaine et hanté par des douleurs fantômes, qui tente d’avancer et de survivre. Le tout est mâtiné d’un folklore assez troublant, original et convaincant qui rappelle que parfois tous les souhaits ne sont pas bons à faire. Une nouvelle réussie selon moi.

Il y eut un Soir, Il y eut un Matin de Sonia Quémener : J’avoue que je ressors de cette nouvelle avec un sentiment plus que mitigé, je pense que l’auteur a voulu trop en faire mélangeant trop d’idées et de concepts, rendant l’ensemble de son texte brouillon. On suit ici une famille qui décide d’aller vivre dans un univers figé au quatrième jour de la création, car oui les premières explorations temporelles ont montré que l’univers a finalement été crée de façon biblique. L’auteur nous propose ici clairement un texte acerbe sur la surutilisation de la technologie, la science, la religion et aussi sur les différents contrats qu’un homme peut signer avec ses nombreuses clauses et chartes souvent traitres. Le soucis c’est que l’auteur essaie de mettre trop de chose à mon goût oscillant entre le texte de SF divertissant, tout en y ajoutant un peu de folie et aussi un peu de hard science avec du Planck et de la théorie des cordes. De plus, pour vraiment rentrer dans le texte faut accepter que l’auteur jette aux orties la théorie de l’évolution comme ça. Au final un texte que j’ai trouvé désordonné avec des personnages un peu stéréotypés par moments ainsi que certaines révélations convenues, mais qui m’a tout de même fait sourire par moment.

 

Concernant le reste du magazine, il se révèle efficace et passionnant avec deux interviews croisés, une entre Anne Fakhouri & Ian McDonald sur l’Irlande, la magie, la littérature ou encore le rock et une, peut-être plus classique, entre Fabrice Colin & Serge Lehman, sur le processus de création ou encore la dépression. Les articles de fond ne manquent pas d’attrait se révélant soignés et documentés avec en sujet le gulf-futurism, l’hyper espace et le temps détourné. De L’autre Côté du Miroir propose plusieurs photographies que j’ai trouvé réussies de plusieurs héros tournés un peu Steampunk. Par contre je n’ai pas vraiment accroché aux différents strip de BD qui parsèment le magazine, ce n’est pas mon truc je pense. Au final un magazine que je trouve réussi, aussi bien sur le fond que sur la forme, et qui propose des nouvelles, certes pas toutes aux mêmes niveaux, avec du bon et du moins bon, mais qui, dans l’ensemble, se laissent lire et se révèlent plaisantes.

Ma Note : 7/10 (Note ne reposant que sur les nouvelles)

Bloodsilver – Wayne Barrow

bloodsilverRésumé : 1691 : un bateau transportant de mystérieux passagers aborde la côte est du continent nord-américain. Les vampires viennent de débarquer de la vieille Europe. Ils forment bientôt le Convoi, longue colonne de chariots recouverts de plaques de plomb, et se lancent à la conquête de l’Ouest, anticipant le trajet du chemin de fer dans une lente et implacable progression…
1692 : à Salem, une poignée d’hommes impitoyables fonde la confrérie des Chasseurs, bien décidés à stopper l’avancée du Convoi et à en découdre avec les créatures des ténèbres.
De Fort Alamo aux territoires sioux, de Wounded Knee à Silver City, les hommes du Nouveau Monde, Billy the Kid, les frères Dalton ou encore Doc Holliday mêlent le sang à l’argent, luttant sans merci contre les vampires, ou formant avec eux d’improbables alliances…

Edition : Mnémos
Poche : Folio SF

 

Mon Avis : Ce roman avait commencé à me tenter au moment de sa sortie, ce qui remonte à quelques années déjà, mais n’a jamais au final rejoint ma PAL, d’une parce que à l’époque je lisais beaucoup moins d’histoires de vampires et de deux mon budget livre n’était pas le même. Il a donc logiquement disparu de ma vue. Il a fallu attendre les Imaginales 2013 pour que ce livre se rappelle à moi et que je décide de le faire rentrer dans ma bibliothèque. Vu que les Imaginales 2014 approchent, pour rester dans le thème,  j’ai donc décidé de me faire un avis sur ce livre. Concernant la couverture, illustrée par Didier Graffet, elle possède un côté sauvage et western qui colle finalement bien au récit. À noter que Wayne Barow est un pseudonyme derrière lequel se cache deux auteurs français, Xavier Mauméjean et Johan Héliot.

J’avoue aussi que je me suis lancé dans la lecture de ce livre sans aucun retour ni avis de l’extérieur que ce soit sur internet ou autre, donc première surprise, ce que je pensais être un roman est en fait un recueil de nouvelles. En effet les auteurs ont décidé de se servir de l’arrivée de vampires sur le continent américain en 1691 pour réécrire l’histoire des États-Unis et ainsi offrir au lecteur une certaine uchronie qui s’étend sur plus de deux siècles. Autre surprise, si vous vous attendiez à une histoire  de vampires pur et dur passez votre chemin, en effet ils ne servent ici que de façon latente pour vraiment mettre en avant l’évolution du pays d’une nation sauvage vers une des plus grandes nation, ce qui peut légèrement frustrer le lecteur à la recherche de trash lié aux suceurs de sang, surtout après la lecture du quatrième de couverture. Mais voilà une fois l’ensemble de ses surprises assimilées je me suis retrouvé à me plonger avec envie et plaisir dans ces différentes courtes histoires.

Car en effet au fur et à mesure de la lecture de cette fresque chronologique j’y ai trouvé quelque chose de vraiment fascinant et intéressant, pour peu qu’on connaisse un minimum l’histoire des États-Unis, à voir évoluer ce pays passant d’un aspect western qui se révèle sauvage, sanglant avec aussi la conquête de l’ouest, évoluant un aspect considéré comme plus civilisé avec le temps et les années. Passer d’un pays complètement désuni à quelque chose de plus cohérent, cette mutation se faisant dans les cris, le pleurs et le sang. On y retrouve aussi au fil des pages plusieurs personnages importants de l’époque, allant de Marc Twain au Dalton en passant Billy the Kid ou encore Jesse James, mais aussi des évènements tout aussi marquants pour le pays comme Fort alamo, le massacre de Wound Knee ou encore la mystérieuse maison Winchester. On sent bien que les auteurs se sont fortement documentés et ont effectué un travail vraiment dense et saisissant pour plonger le lecteur dans ces différentes histoires, ces différentes rencontres, ces différentes époques. On se retrouve happé. La reprise des faits réels tout en modifiant certains aspects, y apportant leurs propres idées, collent à cette uchronie de façon vraiment efficace. Dommage que parfois les auteurs oublient complètement les vampires pour se consacrer qu’à cette fresque western.

L’autre aspect aussi intéressant c’est qu’on se retrouve avec un roman clairement western avec tout ce qu’il faut pour se laisser entrainer entre aventures, courses poursuites et fusillades, le tout bien rythmé. On y retrouve clairement au fil des pages ce sentiment de liberté, de folie et de violence qui découle de cette époque où la loi dépendait principalement du plus fort vu que chaque état, chaque ville faisait comme il voulait. La présence des Brooke (le nom des vampires) n’est pas non plus qu’anecdotique, on y retrouve clairement le vampire sauvage qui se nourrit de sang humain poussant les Américains à se défendre en premier lieu avant de changer. Les différentes rencontres qu’ils vont faire vont se révéler vraiment intéressantes, même si je trouve qu’ils restent trop dans l’ombre, on ne sait au final pas grand-chose d’eux. On retrouve aussi dans ces différents textes pas mal d’axes de réflexions vraiment attrayants que ce soit par l’évolution des gens, qui après avoir encensé les chasseurs de vampires se mettent à la rejeter devant la puissance, à la fois par la menace et aussi par leurs fortunes, des vampires, mais aussi par ce fameux convoi des vampires (La Famille) qui sillonnent le pays pour y trouver un endroit où vivre. Les différents personnages rencontrés offrent  des portraits à la fois riches et variés, allant du faible au fort, du lâche au téméraire, de l’érudit ou fou ; des personnages à la fois complexes et soignés qui vont devoir s’adapter ou disparaitre. J’ai trouvé aussi que la conclusion, en forme de cycle avec l’introduction, se révélait percutante.

Malgré cela il y a tout de même quelques points qui m’ont dérangé. Les auteurs nous proposent, comme je l’ai dit, une uchronie, puisque l’arrivée des vampires sur le continent va bouleverser énormément de choses jusqu’à la guerre de l’indépendance, et pourtant la vie des personnages historiques n’a pas tant changé que cela dans l’ensemble. Mis à part Mark Twain qui subit quelques variations notables on a l’impression que les autres connaissent quasiment la même destinée, ce que j’ai trouvé légèrement dommage. Ensuite, il faut bien l’admettre, vers la fin, j’ai ressenti un certain essoufflement, sentant bien où voulez nous mener les auteurs. Rien de bien méchant non plus, mais voilà je me suis retrouvé à moins accrocher à un ou deux textes. Après, dernier point mais qui se retrouve souvent dans les recueils de nouvelles, certains textes sortent plus facilement du lot et marquent plus que d’autres qui ne sont qu’anecdotiques.

La plume des auteurs se révèle vraiment soignée, dense et efficace plongeant pleinement le lecteur dans l’histoire et l’époque par des descriptions précises et entrainantes et aussi avec des personnages humains et plus que convaincants. J’ai donc passé un plutôt bon moment de lecture avec ce livre qui, certes, au début  m’a surpris mais s’est révélé au final dans l’ensemble captivant et intrigant.

En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec ce livre qui, certes m’a dérouté au début, m’attendant à un roman sur des vampires et me retrouvant avec des nouvelles où les vampires ne sont que secondaires se consacrant plus à une fresque uchronique sur la naissance des États-Unis, mais qui finalement offre un travail vraiment intéressant et fascinant. Le côté western apporte aussi vraiment un plus, offrant une ambiance sauvage, violente où le mot liberté dépend de chacun et où, justement, la présence des vampires vient accentuer tout cela. Dommage que parfois justement les auteurs oublient un peu les suceurs de sang. Pour peu qu’on s’intéresse à cette période de l’Amérique on se retrouve emporté par cette réécriture de l’histoire dont mon seul regret et que, sur certains aspects, reste quand même trop proche de l’histoire. Le background ainsi que les différents personnages, qu’il soit fictifs ou ayant existé, se révèlent vraiment denses, travaillé, humains et soignés. Une histoire qui nous dévoile que les convictions du début ne sont pas celles de la fin, où l’humanité peut aimer ce qu’elle a rejeté et inversement. Le style des auteurs se révèle vraiment efficace et entrainant. Après comme à chaque recueil de nouvelles certains textes arrivent à happer plus le lecteur que d’autres, mais dans l’ensemble je ne me suis pas ennuyé, même si j’ai ressenti une très légère lassitude sur la fin.

 

Ma Note : 7,5/10

 

Autres avis : kactuss, julien le naufragé, Spocky, Olya, Sayaelis, etc…

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