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Dernières Nouvelles D’Œsthrénie – Anne-Sylvie Salzman

dernieres nouvelles d'oesthrenieRésumé : À travers six textes, six destins différents situés entre 1880 et la fin du 20ème siècle venez découvrir ce petit pays d’Europe qu’est l’Oesthrénie, plaque tournante des Balkans et pourtant invisible aux yeux de ceux qui le cherche. Anne-Sylvis Salzman l’a visité et nous dévoile ici une part de son histoire.

 

 

Edition : Dystopia

 

Mon Avis : Ce roman a un peu fini son chemine par hasard dans ma PAL. C’est bien simple je ne connaissais rien de l’auteur avant de me laisser tenter par ce livre qui est, au final, un recueil de nouvelles qui nous propose donc de découvrir différents héros et surtout ce pays qu’est l’Oesthrénie. Qu’est ce qui m’a fait craquer alors ? C’est bien simple, c’est la magnifique couverture, illustrée par Laurent Rivelaygue, qui a fait que ce livre a terminé dans ma PAL, lors des dernières Utopiales, malgré l’absence, comme toujours avec Dystopia, de résumé. D’ailleurs j’étais tellement intrigué qu’il a aussi rapidement terminé entre mes mains.

Comment ça, vous ne connaissez pas l’Oesthrénie ? Vous ne savez même pas situer cette région à part sur une carte ? Alors ce recueil est fait pour vous, qui souhaitez en apprendre plus sur ce petit pays bien mystérieux. Bien lancé par une préface intrigante à souhait, rédigé par Yves et Ada Rémy, laissez-vous donc porter par les six récit qui composent ce livre, qui vont dépeindre ainsi l’histoire, la vie d’un pays à la fois contemporain et un peu hors norme. L’ensemble se révèle ainsi vraiment dense, soigné et terriblement efficace nous plongeant avec plaisir dans cette nation à la fois si différente et pourtant si proche de nous. On sent que l’auteur a fortement travaillé son univers nous offrant ainsi un état à la fois magnifique, violent, sauvage, contemporain et surprenant, où la révolution et les guerres grondent régulièrement aux portes. L’ensemble est aussi magnifiquement porté par des descriptions très détaillées, minutieuses, qui offrent au lecteur un visuel assez marquant des lieux, des bâtiments, des personnages et autres. Rien n’est laissé au hasard. On passe ainsi au cours des récits d’une baronnie paysanne lumineuses, aux rues désertes angoissantes de la capitale, en passant par des montagnes menaçantes et meurtrières. On se retrouve véritablement emporté cet état qui oscille entre beauté, souffrance, désenchantement et mélancolie qui se dessine devant nos yeux, dont les affres de l’histoire ne vont pas non plus le laisser intact.

L’auteur n’oublie pas non plus de travailler avec précision un vernis de mythologie, de tradition, de religion et aussi social pour son pays, qui se révèle vraiment intéressant et surtout original, offrant aussi par moments de nombreuses réflexions que ce soit sur le nationalisme, la rébellion, la discordes liés aux différentes variations du cultes, sur la facilité des Hommes à faire la guerre ou bien encore sur le pouvoir et ses révolutions. Là-dessus l’auteur y ajoute une touche de mystère et de fantastique qui, je trouve, apporte un véritable plus à l’histoire, principalement au niveau de l’atmosphère qui s’en dégage. On oscille entre lieux interdits, brume mystérieuse ou encore apparition de fantômes, le tout sans jamais tomber dans la surenchère, gardant ainsi tout son côté énigmatique. On se retrouve ainsi à varier entre une ambiance angoissante, rassurante, fantastique, inquiétante que l’auteur arrive à transmettre en quelques mots à peine et qui joue facilement avec le lecteur pour mieux le surprendre. Avoir placé son pays dans les Balkans n’est pas non plus anodin tant les références sont nombreuses. En tout cas l’Oesthrénie n’est pas un pays qui laisse indifférent et qui donne surtout envie d’en apprendre plus.

Le côté humain n’est pas non plus mis de côté. On découvre ainsi six destins, si héros, différents que ce soit socialement ou par leurs visions, mais six destins qui se révèlent souvent tragiques. Des personnages ambigus qui ne savent pas où se situer, qui se cherche et cherche à donner le meilleur d’eux-mêmes. Que ce soit la jeune fille d’un baron, deux frères aux idées politiques différentes, un soldat d’un pays ennemi ou encore une jeune montagnarde, chaque personnages qu’on rencontre se révèle travaillé, dense et ne laisse pas indifférent par son côté terriblement humain, que ce soit en bien ou en mal, face à leurs doutes et leurs questionnements, mais aussi face aux choix qu’ils vont devoir faire. Des personnages qui se retrouvent ballottés face à des évènements qu’ils ne maîtrisent pas, mais qui vont ainsi d’une certaine façon bouleverser le pays. Les personnages secondaires viennent ajouter une couche à cette ambiance délétère, entre méfiance et surveillance ils se révèlent soit accueillants, soit fourbes dans un étant où la trahison peut être aisée.

Alors après autant le dire tout de suite, si la construction d’un pays complet, qui prend son temps, le tout de façon dense, riche et détaillée ne vous intéresse pas, où que vous préférez les récits d’aventures et d’action alors je pense que vous pouvez passer votre chemin. Pour les autres, si vous êtes intrigué, alors laissez-vous tenter par ce recueil, réussi et fascinant dont mon seul regret au final vient que tous les récits ne sont pas aussi addictifs et surtout que, pour moi, le premier texte place la barre très haut, ce qui fait que les suivants n’ont pas toujours eu la même efficacité, ni le même attrait. Mais rien de bien gênant non plus au final tant l’ensemble se révèle cohérent et fluide.

La plume de l’auteur se révèle magnifique, soignée, dense, efficace et nous entraine dans son monde avec facilité pour peux qu’on se laisse emporter. Un recueil qui demande tout de même une certaine concentration pour bien apprécier l’ensemble des textes. Au final un moment de lecture envoutant, riche, fascinant et même si tous les textes ne sont pas au même niveau j’ai passé un excellent moment  avec ce recueil qui nous fait découvrir l’Oesthrénie. Je lirai sans soucis d’autres textes de l’auteur.

En Résumé : J’ai passé un excellent moment de lecture avec ce recueil de nouvelles qui nous propose de découvrir ce petit pays fascinant qu’est l’Oesthrénie. Une région qu’on découvre au fil des pages, qui se révèle ambigue, à la fois lumineux et mystérieux, dévoilant ses nombreuses facettes au fil des histoires et le tout bien porté par des descriptions riches, soignées et détaillées. Elle n’oublie pas d’y ajouter un vernis intéressant que ce soit sur les mythes, les religions, le social ainsi qu’une petite touche de fantastique qui, je trouve, apporté un plus à l’ensemble offrant ainsi une ambiance légèrement dérangeante et offrant aussi de nombreuses réflexions construites et intéressantes. Le côté humain n’est pas non plus oublie, ce recueil nous proposant si destins, six héros qui se révèlent humains, avec leurs failles et leurs faiblesses. Si les histoires où l’univers prend une place importante à travers sa construction et son histoire ne vous accroche pas, passez votre chemin, pour les autres laissez-vous tenter par ce recueil réussi. Mon seul commentaire serait que tous les textes ne sont pas au même niveau, surtout suite au premier qui place la barre très haut je trouve. Mais bon rien de bloquant ou de dérangeant. La plume de l’auteur se révèle riche, soignée et efficace. Je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.

 

Ma Note : 8,5/10

Autres avis : Efelle, …

Interférences – Yoss

interferencesRésumé : Deux voisins bien différents : un grand pays, un petit pays. L’un est démocratique et développé. L’autre est gouverné par un Dictateur affable…
Trois événements incongrus viennent bousculer les relations déjà tendues de ces deux voisins-ennemis : une curieuseinterférence perturbant les émissions télévisées, un rayon étrange aux effets inattendus, et des cheminées s’élevant rageusement vers les cieux.
Le propos, jamais ouvertement politique, dessine un portrait au vitriol de la société cubaine. C’est truculent, hilarant, divertissant. Entre ce petit pays et son grand voisin, tout est prétexte à des interférences !

Edition : Rivière Blanche
Poche : Hélios

 

Mon Avis : J’ai découvert Yoss il y a quelques années lors de son passage aux Imaginales où il était venu présenter son recueil de nouvelles, Planète à Louer, qui a l’époque avait fini entre mes mains avec et qui m’avait offert un bon moment de lecture avec des textes marquants, efficaces et clairement engagés (retrouvez ma chronique ici). C’est donc sans surprises que lors de son passage aux Imaginales 2014 je suis reparti avec cet autre recueil de nouvelles qui profitait de cette occasion pour s’offrir sortie en format poche. À noter aussi la couverture que je trouve vraiment intrigante par son jeu d’images et de couleur. Ce livre comporte trois textes qui forment un « roman-novelliste », une interview de l’auteur menée par Sylvie Miller sa traductrice ainsi que deux textes bonus.

Ce qui m’avait marqué dans le précédent recueil que j’avais lu de Yoss c’était justement sa capacité à construire des textes qui se révélaient intelligents tout en y ajoutant une dose de Science-Fiction, d’intelligence et offrant un ensemble qui se révèle rythmé et engagé. On retrouve nettement cette tendance avec Interférences qui nous propose alors trois textes, liés entre eux, et traitant de  deux pays voisins, un grand pays qui se veut démocratique et un petit pays totalitaire, mais dirigé par un dictateur qui se veut guide de son peuple (toutes ressemblances avec les USA et Cuba n’est pas fortuite je vous rassure). Une fois le cadre posé l’auteur se met alors à nous décrire de façon passionnante la réaction de ces deux pays devant des phénomènes, souvent inexpliqués, qui vont profondément les bouleverser et surtout les révéler. On se retrouve alors avec une critique acerbe, souvent pleine d’ironie, de deux nations aux visions totalement opposés et qui, officiellement, ne peuvent pas s’entendre et font tout pour se pourri l’un l’autre.

Que ce soit dans le premier récit Les Interférences, où une télévision, dans le petit pays, se met à annoncer le futur où l’auteur se met alors, en plus de construire son univers barré et pourtant si réaliste, à traiter de la façon dont une dictature pourrait se servir d’une telle technologie pour asseoir sa légitimité et supériorité grâce, par exemple, à la revente d’informations connues à l’avance. Plus on avance plus le sujet devient grave et pourtant totalement délirant, arrivant à osciller avec les deux notions sans jamais tomber dans l’excès. On rigole tout en se posant des questions sur ce petit pays si fermé et contrôlé qui cherche une reconnaissance. Le second texte, Les Pièces, lui, nous propose de voir comment vont réagir le grand pays et le petit pays face à, ce qui parait être, un virus ou une invasion alien incontrôlée transformant une partie de la population en « objets ». De nouveau l’auteur pousse son sujet à son paroxysme et toujours dans l’humour noir, nous démontrant que le grand pays face à sa taille et son aspect démocratique plonge plus facilement dans l’angoisse de masse, le repli et la peur là où le petit pays lui risque de mieux s’en sortir tant il contrôle et censure son peuple. Il offre aussi par la même occasion une belle critique des armes à feux et des soins pour finir dans une conclusion totalement mystique et extravagante. La dernière nouvelle, Les Cheminées, va pousser la folie et l’incongru à son paroxysme en dévoilant une guerre d’égo, une compétition entre le grand pays et le petit pays pour savoir qui aura la plus grande cheminée du monde, soutenu par un peuple qui ne cherche qu’à voir qui est le meilleur sans chercher à comprendre les conséquences et qui aboutit à une conclusion absurde et pourtant tellement marquante. Ce texte offre aussi une critique assez efficace sur ce qui se passe depuis quelques années au niveau des gratte-ciel.

Au final ces trois textes se révèlent savoureux que ce soit dans la dérision efficace qu’il propose au fil des pages, mais aussi dans la critique acerbe, et pourtant si réaliste, qui est à peine voilée que ce soit aussi bien au niveau de Cuba (le petit pays) qu’au niveau des USA (le grand pays) qui est loin, lui aussi, d’être parfait. Surtout on sent bien que l’auteur aime son pays, que malgré ses nombreux points critiquables et ses défauts il est loin d’être l’enfer, que ce soit par la vision de la population qui nous est présenté, ou encore par cet accent de nostalgie que j’ai trouvé qui se dégageait des différents textes. Trois nouvelles intelligentes, traitées avec finesse, fantaisie et que j’ai lu avec grand plaisir. Si l’auteur veut revenir dans cet univers c’est avec plaisir que je me laisserai tenter.

Concernant le reste des livres la suite nous propose une interview de l’auteur qui nous permet d’en apprendre plus sur lui, que ce soit dans ses influences comme dans sa façon, ainsi que celle de Cuba, de voir la SF, mais aussi sur la perception de ses textes dans son pays (Interférences n’étant pas publié à Cuba). Un échange entre Yoss et Sylvie Miller qui se révèle vraiment intéressant à découvrir. Vient ensuite deux nouvelles bonus, la première Ils Étaient Venus permettant à l’auteur de revisiter le principe du premier contact, toujours avec un certain humour, mais qui m’a paru un peu long et plutôt anecdotique dans ce livre. La seconde Seppuku nous propose un texte à l’ambiance asiatique, et plus précisément sur les samouraïs, dont je reconnais les attraits stylistiques, on sent que l’auteur à travailler sa plume, mais qui m’a paru légèrement brouillonne et surtout dénote totalement avec le reste des écrits du livre. Au final un petit livre qui m’a offert une bonne lecture et me donne envie d’en apprendre encore plus sur les autres textes de l’auteur.

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce petit livre qui nous propose trois nouvelles imbriqués les une dans les autres et proposant une critique acerbe, efficace et pleine d’humour sur la situation entre un petit pays et un grand pays qui n’est pas sans rappelé Cuba et les USA. Rien que pour ces trois nouvelles ce texte mérite d’être découvert où se dévoile un petit pays loin de la dictature et la tyrannie qu’on connait et où le grands pays et loin d’être le paradis. On sent d’ailleurs une certaine nostalgie et un certain amour de l’auteur pour sa nation malgré ses innombrables défauts. Le recueil nous fait aussi découvrir une interview de Yoss menée par Sylvie Miller et qui se révèle vraiment intéressante ainsi que deux nouvelles considérées comme « bonus » qui se révèlent sympa mais un cran en-dessous des trois premiers récits. Au final un recueil qui mérite d’être découvert et je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.

 

Ma Note : 8/10

Incubes – Anthony Holay

incubesRésumé : Ce couple, qui vient tout juste de perdre leur enfant, décide d’aller passer une semaine isolés du monde dans un charmant chalet de montagne.
Tandis que la femme fait son deuil tant bien que mal, lui aperçoit des formes qui rôdent autour de la maison en pleine nuit.
Un huis-clos térrifiant qui confronte l’Homme à ces ombres incertaines que la nuit fait danser devant ses yeux…
Une novella d’horreur qui ravira les amateurs du genre.

Edition : House Made Of Dawn

 

Mon Avis : Cela fait bien longtemps que je ne me suis plus laissé tenter par des textes qui lorgnent du côté de l’angoissant. Quand on m’a proposé de découvrir cette nouvelle, j’avoue m’être facilement laissé tenter par un quatrième de couverture qui se révélait accrocheur ainsi que par une illustration de couverture que je trouvais plutôt réussi. Avant de me lancer dans la lecture de ce texte je dois avouer que je ne connaissais rien concernant l’auteur, d’ailleurs je crois qu’il s’agit même d’un de ses premiers écrits publié.

Je dois bien admettre, une fois ma lecture terminée, que pour un premier texte il y a clairement du potentiel. Il connait ses classiques de l’horreur et sait les réutiliser, plongeant alors le lecteur dans ce huit-clos sombre, perdu en plein milieu de cette montagne avec ce couple en pleine reconstruction. La tension monte crescendo au fil des pages pour happer le lecteur dans un récit où l’irrationnel se retrouve à se mélanger à la réalité, où horreur et l’angoisse se mettent alors à gagner lentement le lecteur. L’auteur arrive vraiment à retranscrire cette ambiance sombre et glaçante, nous plongeant dans la douce folie qui se met à prendre le narrateur, qui va alors tout faire pour tenter de s’en sortir, sans non plus plonger dans l’accumulation ou le gore gratuit. C’est vraiment le point fort de cette nouvelle, ce malaise qui est distillé lentement au cours de la lecture, même si c’est vrai l’ensemble reste tout de même assez linéaire et sans véritable surprise pour peu qu’on ait un minimum de bagage dans ce genre de littérature. Cela n’empêche pas l’ensemble de se révéler un minimum prenant.

Malgré cet aspect horrifique vraiment captivant et passionnant je trouve par contre que l’ensemble pêche par certains autres aspects. En effet j’ai trouvé qu’il se consacrait trop à son aspect horrifique, à faire monter la tension et à essayer de surprendre le lecteur au point qu’il en oublie un peu le reste, ce qui est quand même dommage. Pour moi une nouvelle horrifique se construit par palier, des passages angoissants qui vont faire frissonner le lecteur, mais aussi des passages plus calmes qui offrent un peu de répit permettant de développer et densifier l’ensemble, que ce soit aussi bien l’univers que les personnages. Ici l’auteur oublie clairement ces passages plus explicatifs, plus calmes, plus constructeurs, ce qui fait que les personnages manquent clairement de consistances pour accrocher le lecteur. L’ensemble parait manquer surtout par moments de cohérence, justement parce que l’auteur ne cherche pas toujours à y apporter des clarifications ce qui est frustrant. Quelques pages de plus pour épaissir les héros, les rendre plus humains et permettre de mieux comprendre quelques actes auraient vraiment permis à l’ensemble d’être beaucoup plus efficace.

Concernant le style de l’auteur il se révèle simple, plutôt entrainant et épuré même si on sent clairement qu’il doit encore être travaillé, principalement sur certains passages où il en fait un peu trop comme certaines métaphores légèrement pompeuses ou certaines expressions qui passent mal à l’oreille. Un meilleur travail d’édition aurait peut-être permis une meilleure fluidité dans l’écriture. Autre point qui m’a légèrement dérouté c’est que l’auteur ne donne pas l’impression de s’être vraiment imprégné de son personnage, il y a un certain décalage entre ce qu’il écrit dans sa narration en forme de journal, principalement sur la relation entre sa femme et lui, et le traumatisme qu’ils ont l’air d’avoir vécu. Au final une nouvelle comme je l’ai dit avec du potentiel, qui arrive à captiver par son ambiance et son aspect horrifique, mais qui aurait mérité plus de pages et d’être plus travaillé sur la forme pour vraiment captiver.

En résumé : Je ressors donc de ma lecture avec un léger sentiment mitigé. Il y a clairement du potentiel dans cette nouvelle, principalement dans la mise en place de cette ambiance assez angoissante et horrifique, ainsi que dans la capacité de l’auteur à faire monter la tension au fil des pages. Le problème c’est que, pour moi, une nouvelle dans le genre de l’horreur doit être un peu plus que de simples passages angoissants. Ici il manque clairement une certaine densité, que ce soit dans l’univers comme dans les personnages, ce qui est dommage et offre même certaines fois une impression d’incohérence. Alors on se laisse tout de même porter par ce texte, par son côté efficace, malgré un aspect, c’est vrai, linéaire et prévisible pour peu qu’on s’y connaisse, mais voilà il manque de la profondeur pour qu’il passe un cran au-dessus. Le style de l’auteur se révèle simple, entrainant même si on le sent encore jeune cherchant à trop en faire, principalement par des métaphores un peu guindés ou des phrases qui passent mal à l’oreille. L’auteur a en tout cas piqué assez ma curiosité pour me laisser, pourquoi pas, tenter par ses prochains textes.

 

Ma Note : 6/10

Zombies et Autres Infectés – Anthologie dirigée par Emmanuel Beiramar

zombiesRésumé : Ils sortent de leur tombe, se relèvent après un accident mortel. Les zombies sont dans les rues. Ils cognent à votre porte pour vous dévorer.
Un virus a transformé vos voisins en créatures enragées ou décérébrées. Si vous les croisez, prudence : certaines sont susceptibles de vous ignorer, mais d’autres pourraient vous arracher les entrailles.
Barricadez-vous. Ne répondez à aucun appel. Méfiez-vous de vos proches : ils pourraient convoiter vos biens ou, pire, avoir rejoint leurs rangs. Priez pour que vos réserves tiennent jusqu’à l’arrivée – peu probable – des secours.
En attendant, jetez-vous ces dix-sept nouvelles. Peut-être y trouverez-vous des idées pour survivre à cette apocalypse… ou devenir un meilleur mort-vivant.

Edition : Griffe d’Encre

 

Mon Avis : Si vous suivez mon blog régulièrement, vous devez savoir que j’apprécie énormément de lire un bon livre sur les zombies. Il est donc tout à fait logique que cette anthologie, complètement consacré à ce genre, se retrouve dans ma PAL. Surtout que ce recueil offrait un sommaire assez varié, mélange d’auteurs plus ou moins connus, et aussi, il faut bien avouer, une superbe couverture illustrée par Zariel ; de quoi me faire craquer facilement. À noter que ce recueil comporte 17 nouvelles.

Un Beau Mariage de Frédérique Lorient : Cette nouvelle nous entraine à la découverte d’une jeune fille qui décide de se marier et dont son père veut lui offrir un beau mariage, malgré le fait que le monde soit infecté de zombies. J’ai eu du mal à complètement accrocher à cette nouvelle, pas qu’elle soit mauvaise, mais elle est loin de laisser un souvenir impérissable. L’auteur cherche pourtant à offrir une histoire pleine de second degré sur une communauté qui veut retrouver une vie normale et propose une conclusion avec son coup de théâtre, mais voilà j’ai trouvé l’ensemble trop moyen et trop gentil pour me convaincre totalement.

Freaks de Cualli Carnago : L’auteur a décidé de construire sa nouvelle un peu comme un film d’horreur américain, type teen movie, avec comme toile de fond un campus américain. On se retrouve alors à suivre deux personnages. Une nouvelle que j’ai trouvé très réussi, que ce soit à travers son rythme soutenu et efficace, comme dans sa construction à la fois fun, ironique et pleine d’action tout en n’oubliant pas non plus de poser des réflexions, certes classiques, mais intéressante et percutante sur l’adolescence et la mal-être qui l’entoure. Surtout le récit propose une conclusion que j’ai trouvé savoureuse et qui se laisse savourer et que je vous laisse découvrir.

Outlaw de Frédéric Czilinder : Cette nouvelle décide de traiter les zombies comme élément de distraction. En effet le monde a su finalement contenir l’invasion et a décidé de garder certains spécimens, les plus malléables, pour divertir les foules dans un parc d’attraction. Une nouvelle que j’ai trouvé fluide, entrainante et efficace, alignant de façon prenante les rebondissements et retournements de situations, même si l’ensemble se révèle linéaire et construit de façon classique. L’auteur décide de traiter l’ensemble un peu comme un western et du point de vue du zombie, ce qui apporte clairement un plus à l’ensemble. Un texte réussi et efficace.

Mille Canines de Sarah Dunkel : J’ai franchement accroché à cette nouvelle qui nous plonge dans la lente et inexorable folie de l’héroïne, face à l’horreur de ce monde qui s’est effondré face aux zombies et qui est pourtant vu par les autres comme une héroïne par ses actes et ses actions. Un texte court que j’ai trouvé poignant et fascinant grâce à la profondeur du personnage, ses émotions, mais aussi par ce parallèle entre ce qu’elle ressent et ce que les autres voient d’elle. Au final qui est vraiment le monstre? La plume de l’auteur se révèle immersive, étouffante, angoissante, réaliste et offre une conclusion cohérente et pleine de surprises.

Chaney de Julie Conseil : Cette nouvelle nous propose de traiter le thème du zombie avec une bonne dose d’humour. L’ensemble se révèle par conséquent clairement divertissant, nous proposant de découvrir une troupe de zombies assez différente de ce qu’on peut bien imaginer. Le texte se lit facilement, avec le sourire aux lèvres et le tout bien rythmé, construit un peu comme une fable pour petits et grands, un peu dans la tradition cartoon, et porté par une plume fluide. Un petit bonbon sucré aux milieux de nouvelles plus sombres, même si niveau zombies cela reste très (voir trop) gentil.

De Mortuis de Laurent Pendarias : Cette nouvelle nous propose de découvrir le siège de Pise, survenu en 1500, à travers plusieurs lettres envoyées qui vont dévoiler une vérité que personne ne connait tout en mettant en avant le philosophe Niccolo Machiavelli. J’avoue j’ai eu du mal à complètement accrocher à ce texte, je ne sais pas si c’est la construction de la narration avec ces lettres qui m’a rebuté, ou bien l’ensemble qui se révèle trop simpliste et linéaire, en tout cas ce texte est loin de m’avoir marqué. Dommage.

Du Debriefing Zombiesque en 7 Étapes de Fabien Clavel : Cette nouvelle décide de traiter du zombie d’un point de vue psychologique, mais le tout avec humour noir. En effet on suit ici un zombie qui se retrouve suivre plusieurs étapes de travail, avec un groupe de différents corps de métier, allant du psychologue au préfet, pour tenter de se réintégrer dans la société. À travers son regard on va alors découvrir un pays qui se délite lentement au fil des rencontres, suite à une catastrophe dont le gouvernement cherche au maximum à se dédouaner. Un texte que j’ai trouvé intelligent, mordant et ironique, où le zombie n’est pas clairement la cause des soucis, mais plus une façon de voir l’Humanité s’entredéchirer face à son aspect égoïste et cherchant à sauver ses propres avantages et qui offre une conclusion percutante.

Ces Jours qui se suivent … de Nassim Ben Allal : Cette nouvelle nous plonge dans le quotidien d’une petite famille où tout parait tranquille. Mais les choses sont parfois trompeuses. Une excellente nouvelle, qui joue clairement avec le lecteur pour mieux tenter de le surprendre au fil des pages. Alors bien entendu tous les retournements de situation que propose l’auteur ne marchent pas de la même façon, mais dans l’ensemble il offre un texte qui se révèle réussi, efficace et dont on tourne les pages avec plaisir et envie d’en apprendre plus. Le personnage principal possède quelque chose d’attachant et le tout est porté par un style entrainant.

L’Étiquette de Mathilde Gervaisot : Cette nouvelle nous plonge dans un monde où les zombies ont été jugulés et où certains ont même pu reprendre une vie normale, mais sous traitement et surveillance. En fait ici l’auteur traite principalement de la différence, et plus précisément de la différence vis-à-vis de la maladie. On y retrouve donc les aspects classiques de la vie face au virus, du rejet des autres, mais l’ensemble m’a paru manquer de force pour complètement toucher le lecteur. Pourtant, le personnage de Nora, contaminée, se révèle intéressante et un minimum attachante mais il manque un petit truc dans son lien avec les autres pour complètement accrocher. Un texte qui aurait peut-être mérité un peu plus de pages pour mieux développer certains aspects. Une nouvelle qui n’est, au final, pas mauvaise, bien porté par une plume simple et efficace, mais qui possède tout de même quelques défauts qui l’empêche de happer le lecteur.

Ceux Qu’on Caillasse de Vanessa Terral : Il est difficile de faire un court résumé de cette nouvelle sans trop en dévoiler, je vous laisse donc la découvrir, mais j’avoue en être ressorti assez perplexe. L’auteur démarre son texte pourtant de façon classique, nous dévoilant un héros qui tente de survivre dans ce monde post-apocalyptique rempli de zombies, puis au fur et à mesure on plonge dans un mélange de fantastique et de mystique se concluant dans un grand renouveau, jugement dernier, qui m’a laissé dubitatif et qui a fait que j’ai peu à peu décroché. Je pense ne pas être le public adéquat pour cette nouvelle. Tant pis.

Accro d’Alexandre Rathel : Cette nouvelle nous plonge dans le quotidien d’une jeune femme qui est devenue accro à l’élimination de zombies et qui cherche à en sortir, pour cela elle va alors décider de se lancer dans une thérapie de groupe. J’avoue que l’idée de départ est très intéressante et originale, l’auteur nous offre alors une histoire qui se révèle bien écrite et efficace, mais j’ai trouvé que certains points auraient mérité plus de développements. L’auteur donne l’impression de garder trop d’informations pour les révéler seulement à la fin, ce qui offre parfois certaines petites incohérences. Cela n’empêche pas ce texte d’offrir un moment de lecture très sympathique et à découvrir selon moi.

Catharsis 2.0 de Guillaume Guike Lemaître : À travers cette nouvelle l’auteur chercher à nous faire réfléchir, comme l’annonce clairement le titre, sur les pulsions humaines ainsi que  le désir un peu pervers d’admirer l’interdit et l’horreur, le tout avec des zombies et une arène qui fait penser à de la télé réalité. Le problème c’est que je ne suis jamais rentré dans ce texte, l’auteur cherche à poser sa réflexion de façon rapide et principalement en poussant l’horreur à son paroxysme pour choquer le lecteur, comme s’il cherchait à trop en faire, offrant au final un ensemble un peu irréaliste et pas du tout attachant ou captivant selon moi. Dommage.

Le Jugement de Gabriel Vidal : Cette nouvelle se révèle plus légère que les précédentes, nous proposant de découvrir un procès où une famille cherche à faire déshériter un des leurs qui est devenu un zombie intelligent. Le problème c’est que rien dans la loi ne prend en compte ce cas de figure. Alors sur le fond cette nouvelle pleine d’humour et de mordant à quelque chose d’intéressant, mais sur la forme je l’ai trouvé un peu bancal. Déjà il faut clairement accepter l’idée que certains zombies se révèlent intelligents sans aucune véritable explication et qu’ensuite le système judiciaire, malgré l’apocalypse, n’ait pas évolué d’un iota dans sa reconstruction. En fait je pense que c’est cela qui m’a gêné, il me manque un background un peu plus travaillé. Au final une nouvelle en demi-teinte qui possède tout de même des passages intéressants.

Zombie, Zombie, Zombie… Boom ! de Li-Cam : Cette nouvelle nous plonge dans le quotidien de ce qui parait être le dernier survivant sur terre, entouré de zombies. Un texte qui reprend un peu l’idée qu’avait offert Stephen King avec Cellulaire, où les humains étaient contaminé par leur téléphone, mais en le faisant évoluer pour le plaquer à notre époque avec une contamination par écran. On y retrouve alors clairement une critique sur notre société actuelle toujours plongée dans un écran que ce soit smartphone, tablette, ordi, TV ou autres, nous transformant en des monstres sans cervelle qui avalent les images sans jamais y réfléchir. L’ensemble manque peut-être de finesse, mais se révèle tout de même efficace et entrainant. Je regrette peut-être une fin un peu trop étrange et ouverte.

Darach de Valentin Vergès : Cette nouvelle nous propose un zombie d’un nouveau genre, le zombie écologique puisqu’ici les monstres sont crées par des arbres pour se défendre des attaques incessantes des hommes. On retrouve un texte qui offre une ambiance très sombre, bien porté par des descriptions efficaces, morbides et sanglantes ce qui offre à l’ensemble du récit un aspect visuel terriblement efficace et prenant. Mais voilà cet aspect visuel prend le pas sur les réflexions que cherche à mettre en avant l’auteur, ce qui fait qu’on tourne plus les pages pour le côté malsain que pour le reste, ce qui est quand même un peu dommage, même si rien de complètement gênant non plus.

Jusqu’à ce que la Mort de Benoît Giuseppin : Cette nouvelle se révèle très classique dans sa construction de récit de zombies, avec un univers infecté où tente de survivre le héros, mais la particularité vient du fait que le héros possède un jumeau siamois qui est devenu un zombie. L’ensemble aurait pu se révéler efficace et entrainant si seulement j’avais accroché au principe de base du frère sain accroché au frère contaminé. Je ne sais pas, il me parait impossible que l’un puisse avoir été contaminé sans que l’autre le soit, je me trompe peut-être, mais ça m’a bloqué tout du long. Dommage car j’ai trouvé que l’histoire, sans ce point bloquant, se révélait intéressante et bien écrite avec pas mal de bonnes surprises.

Moi, Zombie de Jean-Pierre Andrevon : Cette nouvelle propose de traiter le zombie de nouveau de façon humoristique, l’auteur ayant récupéré une expression bien connu, que je vous laisse découvrir, pour construire son récit. L’ensemble se révèle plutôt sympathique, avec quelques petites scénettes qui font sourire, mais se révèle au final, j’ai trouvé, très gentil. Un peu une conclusion en douceur pour ce dernier texte de l’anthologie, même si j’avoue j’attendais mieux.

En résumé : Au final cette anthologie a décidé de traiter, à travers ces 17 textes, des zombies de façon très large allant du zombie lent et grognant, au zombie intelligent, pouvant communiquer avec les autres et vivre, en passant par l’humour, ce qui offre donc une grande variété de textes. Cela permet clairement de viser large au niveau lectorat, mais fait aussi que tous les textes ne m’ont pas touché de la même façon, certains m’ont même laissé froid tandis que d’autre m’ont marqué. Dans l’ensemble on obtient quand même un recueil qui se révèle sympathique et divertissant à lire ; qui pourrait même permettre de faire un premier pas dans les différents mondes du zombie pour ceux qui cherchent à les découvrir.

 

Ma Note : 7/10

Galaxie(s) n°25

galaxies 25Edition : Galaxies

 

 

 

 

 

Mon Avis : Je continue ma découverte des revues consacrées à l’imaginaire et, après avoir bien entamé les Bifrost et débuter la nouvelle édition de Fiction, je me lance cette fois dans les Galaxie(s). J’avoue que ce magazine je ne le connais pas vraiment, malgré le fait d’en avoir entendu parler à droite à gauche. J’ai donc décidé de faire rentrer quelques numéros dans ma PAL pour pouvoir me faire un avis plus complet. À noter que ce numéro fête aussi les 60 ans de Galaxie (toutes éditions confondues) et offre un dossier consacré à Pierre Stolze dont j’avoue ne connaitre que sa rubrique dans Bifrost. Ce numéro comporte cinq nouvelles d’auteurs différents.

L’Enfant qui S’avance vers Nous de Gulzar Joby : Je ne connaissais pas l’auteur avant de lire cette nouvelle, ce fût donc une première découverte. J’avoue, une fois le récit terminé je suis loin d’être convaincu. L’auteur nous propose ici pourtant de traiter d’un sujet intéressant qu’est la mère porteuse, dans un futur où la scission des classes sociales atteint un haut niveau et où les technologies ont énormément évolué et se révèlent limite invasives. clairement les idées sont là que ce soit sur l’exploitation des pauvres, de la recherche de l’enfant parfait, l’ingérence des parents, ou encore de la surutilisation de technologies le tout dans un monde qui parait post-apocalyptique. Dommage que le reste ne suit pas, l’auteur nous proposant des personnages tellement froids et peu consistants qu’on ne s’accroche jamais vraiment à eux, certaines scènes n’apportent rien à l’histoire, le style de l’auteur m’a paru manqué de force et d’intérêt, novice, se cherchant encore et voulant trop en faire et le chapitre de conclusion, pour moi, est de trop. J’ai l’impression d’être passé à côté, dommage.

L’Erreur de Rosa Montero : Tout comme la nouvelle précédente je ne connaissais rien de l’auteur avant de me lancer dans la lecture de ce texte. On retrouve ici une nouvelle à chute, cherchant à emmener le lecteur vers une conclusion qui doit normalement le surprendre, le tout dans un univers futuriste totalement automatisé, où les machines ont pris une importance démesurée. Mais que se passe-t-il quand un soucis apparait? Une nouvelle que j’ai trouvé agréable et divertissante, mais qui a du mal à être plus que cela. Il faut dire que la conclusion, malgré quelques axes de réflexions classiques et efficaces, n’a justement pas vraiment rempli son rôle de me surprendre. De plus, il ne faut pas le nier, cette nouvelle en soit n’a rien de révolutionnaire, une impression de déjà-vu m’est resté tout le long de ma lecture. Cela ne l’empêche pas d’être plutôt bien écrite et efficace à découvrir. Je la classe dans la fameux, vite lu, bien apprécié, vite oublié.

Mono no Aware de Ken Liu : J’ai découvert mon premier texte de Ken Liu dans le dernier Bifrost, consacré à Poul Anderson, qui m’a offert un bon moment de lecture. J’avais donc hâte de savoir ce qu’allait bien proposer l’auteur ici. Cette nouvelle nous plonge dans un avenir où une météorite va bientôt percuter la terre et où la population cherche à fuir. Je n’en dévoile pas plus sous peine de trop spoiler, mais pour moi il s’agit du meilleur texte du recueil par son aspect poignant, humain, porté par des personnages désabusés, plein d’espoirs et d’envies d’un futur meilleur tout en cherchant à ne pas oublier le passé. L’auteur nous offre aussi un avenir très contemporain où, malgré toutes les évolutions technologiques, l’Homme restera toujours fidèle à lui-même ce qui est en total contradiction avec la nationalité japonaise du héros; qui recherche la cohésion au point de tout perdre. La fin a beau être logique, elle a réussi à me toucher. Je regrette juste par contre l’aspect un peu caricatural lié à la nationalité du héros, comme si le japon se limitait au Go, à ses kanjis et ses mangas. Mais rien de non plus trop dérangeant. Un très joli texte.

Vaisseau Sœur d’Aliette De Bodard : J’ai lu plusieurs écrits de l’auteur et pour le moment j’avoue que je n’ai jamais été déçu. J’attends d’ailleurs la suite du cycle Les Chroniques Aztèques depuis plusieurs mois maintenant avec impatience. Cette nouvelle nous plonge au milieu d’une famille où un frère et une sœur s’entredéchirent depuis la naissance de cette dernière dont l’accouchement a affaibli leur mère. Sauf que sa sœur n’est pas n’importe qui, elle est l’IA d’un vaisseau spatial avec tout ce que cela implique. Une nouvelle que j’ai trouvé réussi, touchante, sur les éléments de la famille, les bouleversements qu’elle peut connaitre avec l’arrivée d’un nouvel élément. L’ensemble gagne aussi en profondeur et en intérêt avec le background que construit l’auteur, que ce soit aussi bien dans cet avenir futuriste où les IA sont misent au monde naturellement mais aussi dans tout cet aspect culturel et traditionnel qui vient du Vietnam. Un texte profond, entrainant, avec une conclusion efficace.

Taï Chi Chuan à Tchernobyl-sur-Moselle  de Pierre Stolze : Cette nouvelle est la première que je découvre de l’auteur et, j’avoue, je l’ai trouvé très sympathique. L’auteur place son récit à Thionville, ville que je connais bien, dans un futur proche suite à une catastrophe nucléaire qui a vidé les lieux. Pourtant quelque chose détruit les technologies envoyées là-bas. Mis à part la catastrophe qui m’a paru basé sur des aspects un peu facile, même si se basant sur des faits concrets, le reste m’a paru efficace. Ce récit offre au lecteur une réflexion intéressante sur notre monde, l’environnement et les risques qu’il encourt même certains aspects m’ont paru simple, comme celle sur les scientifiques. Un texte nerveux, qui se lit rapidement et se révèle vraiment divertissant avec une conclusion qui offre de l’espoir pour l’avenir même si ce n’est pas gagné. Les personnages se révèlent intrigant et leurs développements réussis. J’ai bien envie de découvrir d’autres écrits de l’auteur maintenant.

 

Le reste du magazine nous propose un long entretien avec Pierre Stolze qui s’est révélé très intéressant, même si je n’ai pas toujours le même point de vue que lui, et qui m’a donné envie de découvrir un peu plus sa bibliographie, même si je pense que certains de ses écrits me paraissent trop barrés pour moi à première vue. Le principe du Projet équateur, travail de l’auteur sur la vision qu’il a de son passé et de son avenir d’écrivain, est intriguant et prenant. On retrouve un article, peut-être un peu court, sur les 60 ans de Galaxie (toutes formules confondues), un article pour nous faire découvrir ou redécouvrir Noëlle Roger, ainsi que le traditionnel cahier critique qu’on retrouve dans tous les magazines. Au final une première plongée intéressante dans cette revue, il ne me reste plus qu’à découvrir les autres qui attendent dans ma PAL.

 

Ma Note : 7/10 (Note ne reposant que sur les nouvelles)

Bifrost n°75 – Spécial Poul Anderson

bifrost 75 poul andersonEdition : Le Bélial’

 

 

 

 

 

Mon Avis : Cet été je continue ma lecture de différents magazines avec ma plongée dans le dernier Bifrost en date, consacré à Poul Anderson. Alors je l’avoue, honte à moi, j’ai depuis plusieurs mois deux livres de l’auteur qui traînent dans ma PAL et que je n’ai toujours pas ouvert. D’où l’intérêt finalement de ce Bifrost qui pourrait me donner envie justement de les sortir et les découvrir. Concernant la couverture, illustrée par Philippe Caza, je la trouve très réussie. À noter que ce magazine comporte quatre nouvelles, deux de Poul Anderson, une de Jean-Marc Ligny et une de Ken Liu.

Tout Voyage S’arrête  de Poul Anderson : Pour un premier texte que je découvre de l’auteur je l’ai trouvé très intéressant, nous plongeant à la découverte d’un homme, télépathe, qui se croit seul sur terre. L’auteur nous propose alors une vision de l’humanité vraiment cynique et entrainante à travers ce personnage qui doit survivre en entendant les pensées des autres qui ne sont pas toujours roses. On découvre surtout un héros incompris, solitaire qui cherche à avancer comme il peut dans ce monde, espérant y trouver son bonheur. Et justement son bonheur il va peut-être le trouver. Un texte que j’ai trouvé plutôt réussi, reflet d’une société complexe aux nombreux secrets, mais donc certains points m’ont quand même dérangé. Je pense à cette romance sans surprise, un peu facile, malgré c’est vrai une réflexion intéressante sur leur fusion, ou encore à certains passages surprenants comme ce prêtre à l’esprit parfait et calme, mais là je suis peut-être trop cynique de mon côté. De plus le texte a un peu vieilli, mais là rien de dérangeant. Une belle entrée en matière de l’auteur.

Real Life 3.0 de Jean-Marc Ligny : Concernant cette nouvelle je dois bien avouer que j’ai trouvé l’auteur pas complètement inspiré et le récit un peu bancal. Le texte en soit n’est pas mauvais, partant sur le postulat des google glass qui ont défrayé la chronique il y a peu, et imaginant un futur on ne vivrait plus que par cela, faussant ainsi obligatoirement notre vision du monde. Le héros va alors se retrouver à bêta-test la version 3.0, qui va se révéler complètement différente de ce qu’il attendait. Les idées sont là nous amenant à se poser des questions sur notre vision du monde à travers le prisme de la technologie, ce qu’elle nous apporte, nous éloignant finalement un peu de la nature, des autres et de notre planète. Mais voilà j’ai trouvé que l’ensemble ne restait qu’en surface, la romance lancée par l’auteur manque d’attrait et surtout l’ensemble à du mal à complètement marquer le lecteur. Le texte n’est pas mauvais non plus, mais il reste un simple divertissement vite lu, vite oublié là où il y aurait pu avoir plus je pense.

Faits pour être Ensemble de Ken Liu : Il s’agit pour moi du premier texte que je lis de l’auteur, malgré le fait que je possède quelques nouvelles de lui dans d’autres magazines qui attendent d’être lus. Je dois bien avouer que ce récit m’a donné clairement envie de les découvrir. Cette nouvelle nous plonge dans un monde futuriste ou Centilion (mélange de google (logique me direz-vous vu le nom de la société imaginaire), facebook et siri) gère complètement la vie des gens. On découvre Sai, accro à cette technologie, comme la majorité de la population, et sa voisine Jenny qui, elle, la rejette. Alors clairement, l’auteur ne révolutionne pas le genre, on retrouve même un petit air de 1984 remis au goût du jour dans ce texte, mais l’ensemble a très bien fonctionné avec moi. Certes certaines réflexions sur Centilion sont un peu faciles, comme celle du clivage qui aurait mérité plus de développement selon moi, mais elles m’ont marqué et surtout évite l’aspect diabolisation. La rencontre finale se révèle aussi prenante, nous montrant comment laisse parfois des pans complets de notre vie gérés par la technologie. Mon seul regret vient de la conclusion, l’auteur a fait un choix pour terminer son récit et j’avoue j’ai que moyennement accroché, peut-être un peu trop facile et légèrement en contradiction avec ce qu’il construit. Cela n’empêche pas ce texte de se révéler très efficace.

In Memoriam de Poul Anderson : Second texte de l’auteur et c’est sûrement celui que j’ai préféré et aussi, pour moi, le meilleur texte de ce magazine. L’auteur nous offre ici une nouvelle sur la fin de l’humanité et de la Terre. Le parallèle fait dans la présentation avec la nouvelle d’Andrevon est logique, même si je trouve que le deux ne traite pas le sujet de la même façon, Andrevon s’intéressant à la fin de l’Homme et comment la nature retrouve ses droits, là où ici Anderson, lui, traite clairement de la fin de notre univers, construisant grâce à une imagination fertile et passionnante une évolution possible de la vie sur terre sur les prochains milliards d’années jusqu’à l’effondrement du soleil. Un texte à la fois magnifique par les possibilités qu’il dévoile, porté par des descriptions fascinantes, mais aussi oppressant, nous rappelant à quel point notre place n’est qu’infime dans cet univers que ce soit par notre taille ou par notre temps sur la planète. Le tout est bien porté par une plume entrainante et soignée. Il ne me reste plus qu’à sortir les livres de l’auteur de ma PAL.

 

Concernant le reste du magazine j’ai trouvé la préface à la fois sombre et réfléchie sur la SF, la vision de notre monde et pourquoi pas une SF qui apporterait des idées de solution. On y retrouve aussi comme d’habitude le cahier des critiques à la fois de livres et de magazine. Je n’ai que moyennement accroché au dossier de Maitre Doc’Stolze, m’attendant à quelque chose d’autre sur le roman feuilleton qu’un simple comparatif entre deux livres. Paroles de libraire m’a donné envie de visiter la librairie Galaxys-Bis à Strasbourg. Puis vient le dossier consacré à Poul Anderson que j’ai trouvé très complet, détaillé et prenant, dévoilant un auteur complexe aux idées qui lui ont valu d’être pendant un temps rejeté par les éditions françaises. Le cahier scientifique sur Godzilla est toujours aussi captivant à découvrir. Au final un Bifrost efficace qui a pleinement rempli son rôle de me donner envie de découvrir la bibliographie de Poul Anderson ; Le Bélial’ annonce d’ailleurs plusieurs publications dans les mois à venir.

 

Ma Note : 7,5/10 (Note ne reposant que sur les nouvelles)

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