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Un Monde Idéal où C’est la Fin – J. Heska

un monde idéal ou c'est la finRésumé : Bienvenue dans un monde idéal!
Un monde idéal où la civilisation telle que nous la connaissons n’existe plus. Dérèglement du temps? Avènement de la magie ? Crise climatique irréversible? Épidémie mondiale de mort subite? Extra-terrestres maladroits? Invasion de poireaux découpeurs de cervelles? Crise de déprime globale? Robots hors de contrôle? Zombies entreprenants?
Découvrez 100 histoires drôles, émouvantes, tragiques ou absurdes qui mènent à notre perte!
Mais c’est quoi Un monde idéal ?

Edition : Éditions Seconde Chance

 

Mon Avis : Je dois bien avouer qu’avant de me lancer dans la lecture de ce livre je ne connaissais que peu de choses concernant cet auteur. J’avais bien vu passer quelques chroniques sur ces livres à droite à gauche, souvent positive, mais je ne me suis pas non plus trop pencher sur ses livres. Alors, quand on m’a proposé de découvrir ce recueil de nouvelles autour de la fin du monde, je me suis dit pourquoi pas, surtout que le résumé avait l’air vraiment intéressant et donnait envie d’en savoir plus sur ses innombrables récits apocalyptiques.

Et pourtant, autant le dire tout de suite, je n’ai pas accroché plus que cela à ce recueil de courts textes. Pourtant, il y a un certain potentiel qui se dégage de l’ensemble, déjà on ne peut pas imaginer une centaine de nouvelles sur la fin du monde sans avoir une imagination débordante, ce qui est clairement le cas de l’auteur. Entre science-fiction, fantastique ou encore fantasy l’auteur varie vraiment les genres et développe une variété d’intrigue vraiment conséquente, parfois classiques avec du voyage dans l’espace, un travail de conscience sur l’environnement ou par exemple sur les zombies ; et parfois originales comme ces légumes modifiés génétiquement qui se découvrent une conscience ou encore la domination des chats mignons. C’est une des force de ce recueil traiter d’un éventail de sujet assez large pour accrocher différents lecteurs. Dommage que le reste ne suit pas vraiment selon moi.

Certes, le format court, voir très court, apporte un véritable dynamisme à l’ensemble chaque nouvelle ne durant qu’une ou deux pages on tourne donc les pages rapidement découvrant ainsi chaque récits. Surtout l’auteur traite souvent de sujets d’actualités, de sujet que tout le monde a déjà entendu parler et connait à minima, mais le tout de façon souvent cynique et ironique. Mais comme souvent dans les nouvelles très courtes ce sont des textes à chute où la conclusion doit normalement venir secouer le lecteur, lui faire prendre conscience de certains aspects, de certains problèmes et, ici, doit amener une fin du monde souvent avec le sourire et c’est un des points qui fait que je n’ai pas complètement accroché à ce recueil. L’auteur cherche un peu trop la chute au détriment de son histoire, ce qui fait que parfois l’histoire en devient complètement incohérente, comme l’exemple de cette nouvelle ou Justin Bieber est informaticien créateur de la Matrice qui m’a laissé totalement de marbre. Ce genre de récits, qui cherchent à montrer les conséquences sans obligatoirement travailler la cause, marchent mieux, selon moi, en vidéo. J’attends plus de développement d’un livre ou d’une nouvelle.

Comme je l’ai dit le format court apporte, certes, une énergie intéressante, mais fait aussi que tout ce qui est autour comme le background, l’univers ou encore les personnages sont à peine esquissés voir complètement occultés et j’avoue je n’accroche pas, il me faut un minimum d’explication et de travail de fond pour que j’adhère à un texte. Il ne suffit pas de dire que la fin du monde vient de telle conséquence pour que j’accepte le tout sans broncher.  Je ne pense donc pas être le bon lecteur pour les nouvelles trop courtes où seule la chute compte. Ensuite, j’ai trouvé que certains textes m’ont paru manquer de logique comme par exemple cette nouvelle reprenant le principe de l’arche de Noé où on envoie 89000 personnes en cryogénisation dans l’espace sous la seule et unique surveillance d’une IA, le tout m’a paru improbable car avec plus de 80 000 personnes on peut effectuer des cycles de surveillance humain, surtout pour une mission aussi capitale.

J’ai aussi remarqué un aspect répétitif dans les fins des mondes malgré les variations d’idée, se faire tuer par des poireaux OGM qui ont pris conscience ou par des sacs à main qui ont pris conscience, la différence est infime. De plus certains textes m’ont paru douteux dans l’humour, comme cette nouvelle sur l’homosexualité. J’ai constaté aussi que parfois l’auteur donne l’impression de décider d’écrire sur un sujet d’actualité mais dans l’instant, sans véritable travail de recherche ce qui est parfois dommage. Voilà pourquoi je ressors de ma lecture avec ce sentiment très mitigé et cette impression de trop peu.

La plume de l’auteur colle parfaitement au type de récit présenté, se révélant percutante, ironique, cynique et nerveuse captant assez facilement le lecteur et l’entrainant dans ses histoires sans prise de tête. C’est d’ailleurs dommage, car la nouvelle qui m’a justement le plus accroché c’est la plus longue, celle qu’on retrouve quatre ou cinq fois au cours du livre avec l’idée de retour de la magie et des magiciens et  elle m’a happé justement car elle est développée. Au final je ne nie pas les qualités de ce recueil, certains textes m’ayant captivés, mais dans l’ensemble chaque nouvelle m’a paru bien trop courtes, vite lue et vite oubliée, voir elles manquaient de cohérence ou paraissent douteuses. Je ne suis peut-être pas le bon lecteur pour ce genre de récits.

En Résumé : Je ressors donc de ma lecture pas vraiment convaincu par ce recueil qui nous offre, certes, une centaine de nouvelles sur la fin du monde pleine d’imagination et le tout sous un format court qui offre un rythme rapide et entrainant, mais le tout manque clairement de profondeur pour vraiment m’accrocher. De plus l’auteur cherche à jouer plus sur la chute de l’histoire que sur le fond, ce qui fait que parfois certains textes m’ont parus clairement incohérents. Des récits tombent aussi parfois dans la caricature tandis qu’au fil de ma lecture un certain aspect répétitif dans les conclusions se faisait ressentir. Dommage car, vraiment, l’auteur a l’air d’avoir une imagination débordant et un style assez incisif. C’est simple l’histoire qui m’a le plus accroché c’est celle qui revient sur 4 ou 5 nouvelles. Je ne suis peut-être pas le lecteur adéquat pour ce genre de nouvelles.

 

Ma Note : 4,5/10

 

Autres avis : Luna, melcouettes, samlor, Melisende, etc…

Vampires à Contre-Emploi – Anthologie dirigée par Jeanne-A Debats

vampires a contre-emploiRésumé : Onze auteurs, que rien dans leur oeuvre ne destinait à rencontrer le vampire, franchissent le pas et nous livrent leur version du vampire moderne, du vampire trans, post ou même méta humain. Ugo Bellagamba, Simon Bréan, Philippe Curval, Olivier Gechter, Thomas Geha, Raphaël Granier de Cassagnac, Marianne Leconte, Christian Léourier, Olivier Paquet, Timothée Rey et Christian Vilà.

Edition : Mnémos

 

Mon Avis : Fin 2013 j’ai décidé de participer pour la première fois aux rencontres de l’imaginaire de Sèvres et cette année étant la dixième édition du festival, une anthologie a été publiée pour célébrer cet anniversaire. Je me suis d’ailleurs rapidement laissé tenter par ce livre car, il faut bien l’avouer, les noms des auteurs qui composent le sommaire m’ont vraiment donné envie de le lire. Concernant la couverture, illustrée par Nicolas Fructus, je la trouve accrocheuse par son aspect justement à contre-emploi. Par contre juste un petit point perturbant dû à l’éditeur je pense, c’est le mélange des noms entre Xavier Dollo et Thomas Geha qui peut être déroutant. On retrouve donc ainsi onze textes qui visitent ou revisitent le mythe du vampire.

Pire que le Vent de Philippe Curval : La nouvelle qui introduit ce recueil nous plonge dans un univers futuriste dont l’intrigue débute par la disparition assez « violente » d’hommes et de femmes. Une nouvelle qui possède de bonnes idées avec cette idée de vampire sur l’aspect financier qui « pompent » l’argent, mais voilà je n’ai pas vraiment accroché à l’ensemble. Le tout m’a paru haché, un peu brusque dans son évolution avec des révélations qui tombent pile poil aux bons moments et des indics parfois un peu trop caricaturaux. De plus j’ai trouvé parfois les dialogues un peu trop simpliste. Dommage, je pense que cette histoire y gagnerait à être traitée de façon plus longue.

Quelques Moments dans la vie d’un homme d’affaires de Christian Léourier : Cette nouvelle nous plonge de façon intéressante dans le monde des affaires et de la finance. Une histoire qui se révèle vraiment efficace et prenante où l’auteur joue avec le lecteur pour essayer de déterminer qui est un véritable vampire, le tout dans un univers d’agent et de succès qui colle parfaitement à l’intrigue développée. Une lutte de pouvoir et aussi d’orgueil, qui prend des chemins différents de ce que l’on voit habituellement dans les récits de vampires et qui m’a captivé. Le tout bien porté par une plume efficace.

Trou Noir contre Vampire d’Olivier Paquet : Nouvelle variation sur le thème des vampires, avec cette fois un vampire qu’on peut considérer comme social. Un monstre qui a besoin de pirater vos comptes sur les réseaux sociaux et absorber vos « amis » pour vivre. Un texte vraiment intéressant qui vient aussi offrir une critique sociale sur ce besoin d’amis virtuels pour se sentir exister, voir même pour simplement vivre une vie par procuration. Je regrette juste un point technique ou le héros arrive à bloquer un piratage Facebook en déconnectant le PC. Le réseau social reposant sur des serveurs et non sur son propre PC cela me parait compliqué. En tout cas dans l’ensemble une bonne nouvelle, efficace avec son lot de surprises et qui rappelle aussi que parfois profiter de la vraie vie a ses avantages.

Femme Fatale de Marianne Leconte : Cette nouvelle plonge le lecteur dans un road trip dans les rues de Paris avec une héroïne en chasse d’une nouvelle proie avec sa moto comme seule compagne. Une plongée dans les nuits parisiennes qui se révèle vraiment sympathique, poétique, mais qui manque tout de même d’un peu de dynamisme à mon goût ce qui est dommage pour une ballade à plein gaz. La conclusion par contre offre son lot de surprise se révélant efficace et percutante.

Les ravageurs de Christian Vilà : On retrouve ici une variation plus classique du mythe du vampire, même s’il possède ses divergences que je vous laisse découvrir ne voulant pas spoiler. Une nouvelle lente, bien écrite où on retrouve dans le personnage du vampire cette violence, cette destruction et ce besoin de sang avec aussi ce côté un peu sensuel, fantasmé et érotique du personnage. Une nouvelle vraiment agréable à lire même si, j’avoue, elle se révèle un peu sans surprisse malgré cet intéressante variation sur le jeu de pouvoir entre les deux personnages principaux.

Les Miroirs de l’Éternité de Simon Bréan : Une nouvelle vraiment intéressante où on retrouve une société de vampire organisée, avec même son propre pôle de scientifique, jusqu’au jour où une nouvelle force inconnue va remettre en cause la race des Vampires, mais va surtout les forcer à découvrir qui ils sont. Une nouvelle, prenante, captivante avec un côté classique entouré de bonnes idées et qui possède sont lot de rebondissements et de retournements de situations efficaces. Un mélange de SF et de fantastique qui m’a accroché avec des personnages entrainants et complexes.

Icare Hermétique de Ugo Bellagamba : L’auteur nous plonge à travers cette nouvelle sur Mercure où les vampires sont en fait des humains contraints aux travaux forcés et qui ont été modifiés pour survivre sur cette planète. Une des meilleures nouvelles du récit selon moi, à la construction efficace et surprenante qui nous offre pas mal de réflexion sur une société auto-destructrice, mais aussi sur la liberté de chacun et qui va amener un geste final magnifique, pourtant inutile et tellement fort. Une nouvelle portée aussi par une plume vraiment passionnante et soignée et le tout dans une ambiance vraiment prenante.

S’il te plaît, désenzyme moi un inMouton de Timothée Rey : Cette nouvelle nous plonge dans les transmissions d’une IA dont la mission de transport spatial a dégénéré. Ce texte fait aussi parti de mes préférés, déjà par sa construction, le héros ne parlant qu’en alexandrin ce qui est assez remarquable, mais aussi dans le développement de l’histoire et de l’univers qui se révèle vraiment original, séduisant et plein de surprises. Un texte rythmé qui revisite le vampire de façon vraiment intéressante. Mais voilà, un léger point a un peu dérangé ma lecture, ce sont les notes en bas de pages, il y en a beaucoup trop à mon goût ce qui casse le rythme du récit. Mais bon rien de non plus bloquant ou dérangeant.

La Cure d’Olivier Gechter : Cette nouvelle nous plonge dans un vaisseau spatial qui a pour mission d’envoyer des hommes coloniser une planète. Un voyage éprouvant et mortel à cause des radiations dans l’espace. Une très bonne idée que ce texte qui nous propose de voir le vampire sous un autre de ses aspects, son sang immortel. Un texte qui offre aussi d’effleurer des réflexions concernant les préjugés et le rejet et qui joue de façon intelligente sur le pouvoir et la domination. Je regrette juste que la conclusion repose sur un Deus Ex Machina un peu facile qui contente tout le monde, mais rien de bien grave, car on a là un texte simple et efficace qui ne cherche pas à révolutionner le tout, mais qui se lit facilement.

La Vampire et Elle de Thomas Geha : Un texte court, qui nous dévoile un monde futuriste, un enfer, où on retrouve une héroïne et un vampire. Une nouvelle choc à l’ambiance vraiment sombre, qui se révèle déroutante par son univers, par ses personnages dont on ne connait rien et qui pourtant m’a plutôt bien accroché par son côté destructeur et survivant, même si clairement j’aurai aimé en savoir plus me sentant parfois un peu désorienté et frustré.  Comme si, aussi, je n’avais pas toutes les clés.

Beaucoup y Ont Cru de Raphaël Granier de Cassagnac : Cette nouvelle clôture de façon efficace ce recueil, déjà parce qu’elle prend à contrepied les textes précédents en nous proposant trois adolescents, un vampire, une sorcière et un loup-garou qui profitent de la nuit qui cachent bien leurs jeux. Un texte qui se révèle fun, plein d’humour et d’ironie, le tout se révélant rythmé et efficace. Dommage que l’ensemble soit au final assez linéaire et dont on devine la conclusion rapidement. Un texte plutôt sympathique qui termine cette anthologie avec le sourire.

En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec cette anthologie qui propose différentes nouvelles sur le vampire dans ses variations les plus larges. Alors, bien entendu, certains textes sortent du lot et un ou deux m’ont paru un peu en dessous, mais dans l’ensemble les onze textes se révèlent plaisant à découvrir se révélant souvent efficaces, rythmés et offrant pas mal de surprises et parfois même des idées vraiment originales. Je suis content d’avoir découvert cette anthologie qui m’a aussi donnée envie de découvrir certains des auteurs présents dans le sommaire.

Ma Note : 7,5/10

Bifrost n°72 – Spécial Ray Bradbury

bifrost 72 ray bradburyEdition : Le Bélial’

 

 

 

 

 

Mon Avis : Depuis quelques mois je me suis lancé dans la lecture des différents Bifrost qui traînaient dans ma bibliothèque. Je continue donc avec ce numéro 72 qui est consacré à un auteur connu et reconnu, Ray Bradbury auteur prolifique, dans le milieu de l’Imaginaire pour des œuvres telles que Fahrenheit 451, L’Homme Illustré, Les Chroniques Martiennes, mais qui a aussi publié de nombreux écrits dans différents genres. Un auteur que j’ai pas mal lu durant mon adolescence et dont il serait intéressant que je me replonge dans son œuvre avec un regard aujourd’hui différent. À noter aussi la très belle couverture illustrée par Adrien Police. Ce magazine contient trois nouvelles de Ray Bradbury, ainsi que deux autres textes, de Christian Léourier et de Jean-Philippe Depotte.

Le Cercueil de Ray Bradbury : Voilà une nouvelle qui va plonger le lecteur dans une rivalité fraternelle entre l’ainé riche, malade et proche de la mort qui construit sa dernière invention et le plus jeune sans emploi qui vit au crochet de son frère et qui va chercher à voler le dernier travail de son frère pour enfin pourvoir profiter de sa vie. Une jalousie dévoilée de façon cynique et efficace par l’auteur, qui se révèle sympathique malgré son côté tout de même très prévisible. Rien d’exceptionnel, mais un texte qui se lit bien et divertit.

Le Réveil des Hommes blancs de Christian Léourier : La meilleure nouvelle du magazine, selon moi, qui nous plonge dans l’univers habituel de l’auteur celui de Lanmeur. Un texte qui nous fait découvrir une planète qui a été abandonnée et redécouverte par les hommes de Lanmeur, qui vont alors chercher à la coloniser. Mais la planète a-t-elle vraiment été abandonnée? On se retrouve vraiment happé par ce texte efficace et attachant qui nous présente une planète vraiment intéressante. Un récit qui, comme à son habitude avec l’auteur, se révèle vraiment humain montrant l’Homme dans ses plus grandes qualités, mais aussi dans ses pires défauts. Après tout l’Homme restera toujours égal à lui-même. Un texte sur la tolérance, le respect et l’acceptation des autres. Mais surtout un univers toujours aussi riche et fascinant à découvrir au fil des pages, le tout présenté à travers une plume dense et poétique. Cette nouvelle a d’ailleurs gagné le Prix des lecteurs de Bifrost 2013, catégorie nouvelle francophone et elle est disponible gratuitement en ebook jusqu’au 21 février.

Un Petit Voyage de Ray Bradbury : De nouveau une courte nouvelle de Bradbury nous présentant une vielle femme, fervente croyante, qui croit acheter un ticket pour rejoindre une fusée et rencontrer Dieu. Je n’ai pas vraiment accroché à ce texte qui me parait le plus faible du magazine. On y retrouve bien le côté cynique déjà présent dans la première nouvelle, mais l’ensemble n’a pas réussi à me convaincre et surtout se révèle extrêmement prévisible même dans sa chute. Je pense que ce texte est aussi un texte d’époque qui devait plus toucher son lecteur au moment où l’espace se révéler beaucoup plus mystérieux que maintenant, ce qui permettait sûrement de mieux comprendre la fascination de cette vieille dame et donc de plus facilement s’accrocher à elle.

Le Pacha de Jean-Philippe Depotte : J’avoue je possède deux livres de l’auteur qui sont dans ma PAL et que je n’ai pas encore lu, honte à moi. Je profite donc ainsi de cette nouvelle pour découvrir sa plume. On retrouve ici une nouvelle, mélange de conte et de théâtre, qui nous présente un maître et son valet partant en mission pour l’Empreur. Un récit fortement tinté d’aspect historique cohérent et efficace ou vient se mélanger le mystère. L’univers mis en place sombre, violent et magique est vraiment intéressant. Le tout se révèle bien mené, avec des rebondissements efficaces et dialogues réussi, mais la fin, prévisible et avec quelques légères incohérences selon moi, empêche ce récit d’être excellent. Ça reste tout de même un bon texte qui me donne envie de découvrir d’autres récits de l’auteur.

La Grande Roue de Ray Bradbury : Sûrement ici la meilleure nouvelle de Ray Bradbury publiée dans ce magazine. En grande partie, il faut bien l’admettre, par l’ambiance un peu sombre, angoissante et pleine de frissons avec cette fête foraine, cette grande roue mystérieuse et cette pointe de fantastique, qui fait que j’ai clairement accroché à cette histoire. Cette ambiance m’a même rappelé certains romans d’horreur de mon adolescence. Un texte efficace et prenant ou deux enfants vont tenter d’aider une vieille dame qui vient de perdre son enfant de ne pas se faire dépouiller. Certes la chute reste prévisible mais l’ensemble est vraiment captivant et parfaitement maîtrisé pour plaire au lecteur.

 

Concernant le reste du magazine on retrouve un article sur le mythe des hommes-poisson que j’ai trouvé un peu léger même s’il permet de découvrir un manga et un roman sur ce thème qui ont l’air vraiment intéressant. On retrouve aussi un dossier vraiment complet sur Ray Bradbury que j’ai trouvé vraiment passionnant et m’a permis de découvrir un auteur encore plus hétéroclite que je le pensais. Enfin toujours un article scientifique, cette fois sur les exoplanètes, qui se révèle captivant. Dans l’ensemble, même si j’ai trouvé que deux des nouvelles de Bradbury étaient un peu anecdotiques, on a là un bon magazine qui m’a donné envie de replonger dans la bibliographie de l’auteur de Chroniques Martiennes. À noter que le Bifrost 73 spécial Lovecraft est déjà dans ma PAL.

Ma Note : 8/10 (Note ne reposant que sur les nouvelles)

Utopiales 2013, Anthologie – Collectif

utopiales 2013Résumé : 14 nouvelles,14 univers qui se télescopent.
Et si les nuages possédaient une forme d’intelligence ? Que faire lorsqu’on découvre un satellite artificiel qui a la texture d’une grosse grenade ? Comment agir lorsque l’on est un vampire en mission dans l’espace ?
L’anthologie officielle des Utopiales 2013 réunit, cette année encore, auteurs étrangers et francophones, pour défricher les possibles et explorer le futur. Pour être, en somme, au coeur même de notre vocation : la science-fiction.

Edition : Actu SF

 

Mon Avis : Comme l’année dernière je me suis rendu aux Utopiales et j’en suis reparti avec l’anthologie du festival. Il faut dire que le sommaire d’auteurs présent se révélait vraiment intéressant et donner envie de découvrir ce recueil. Ajouter à cela une couverture, reprenant l’illustration du festival de Vincent Callebaut, qui se révèle magnifique et vous comprendrez que ce livre ait rapidement rejoint ma bibliothèque. À noter qu’on retrouve ici 14 nouvelles.

Dougal Désincarné de William Gibson : L’auteur nous offre ici une courte nouvelle qui revisite le mythe du fantôme, offrant quelques idées vraiment intéressantes comme par exemple l’apparition du fantôme après une overdose, mais qui, à mon goût, peine à décoller, n’arrivant jamais à me marquer, à m’attacher ou à me surprendre. La nouvelle, au final, ne se révèle pas mauvaise non plus, mais elle rentre dans les textes qui sont vite lus et vite oubliés ce qui est dommage car il y avait un certain potentiel, principalement dans la banalité de la vie de spectre que retranscrit l’auteur, ainsi que par le jeu d’identité entre corps et esprit.

Trois Relations de la Fin de L’Écrivain de Jean-Louis Trudel : L’auteur nous propose à travers cette nouvelle un univers où écrire est devenu une banalité, sans impact, ni revendication, tout le monde pouvant s’implanter le logiciel adéquat. Jusqu’au jour où le héros va découvrir une phrase écrite sur sa nouvelle chemise. Clairement les idées sont là, mais comme le texte du dessus cette nouvelle a eu du mal à complètement m’emporter, mais pas pour les mêmes raisons. Ici j’ai eu l’impression que l’histoire manquait de liant, passant d’une scène à l’autre de façon brusque comme si l’auteur manquait de place et, de plus, j’ai trouvé la conclusion plutôt moyenne. Une nouvelle sympathique sans plus au final.

Les Fleurs de ma Mère de Andreas Eschbach : Cette nouvelle nous propose de plonger dans le quotidien d’un jeune handicapé mental qui est effrayé de voir les fleurs, que sa maman lui avait demandé de surveiller, mourir. Ce qu’il ne comprend pas, et qu’on découvre petit à petit en toile de fond, c’est qu’un scientifique a libéré un poison qui tue la flore entière. Un texte nous dévoilant une idée de fond certes classique, mais qui va se révéler poignante et m’a emportée, principalement grâce à son personnage principal attachant qui vit un peu dans son monde, mais aussi par ses réactions face aux problèmes qui se révèlent pleines d’émotions et de mélancolie. Un très joli texte.

Nöel en Enfer de Orson Scott Card : Cette nouvelle nous plonge dans la vie d’un homme qui vient de mourir et découvre que pour rentrer au paradis ou en enfer il faut remplir certaines conditions. Il va donc errer, jusqu’à sa rencontre avec le Père Noël. Autant le dire tout de suite je n’ai jamais accroché à ce texte, l’auteur cherche à nous offrir une critique sur l’humanité et sa façon de vivre, mais le tout dégouline trop de cet aspect religieux et de bons sentiments pour vraiment m’accrocher et encore moins me convaincre. Pourtant on sent bien que l’auteur veut faire de cette fable une mise en avant des bonnes actions, principalement vis-à-vis des enfants. Mais voilà entre accumulation de guimauve et de clichés, l’auteur prouve qu’il est meilleur auteur de SF que de fable de Noël. Dommage.

La Main Tendue de Norman Spinrad : Avec cette nouvelle, l’humanité va découvrir qu’elle n’est pas seule dans l’univers. Un contact qui va lui faire ouvrir les yeux sur sa folie destructrice et qui va amener les Hommes à changer de vie radicalement. Un texte présenté de façon original à travers des extraits de journaux, de transmissions et d’interview qui se trouve bien porté par un style acerbe et percutant nous offrant des axes de réflexion intéressants sur nous et notre façon d’évoluer. Puis arrive les dernières pages et là, désolé, le soufflé s’effondre. Je suis peut être devenu pessimiste, mais les conclusions où on se prend tous dans les bras en se faisant des poutous et où tout fini en rose bonbon car tout le monde aime et aide tout le monde, oui, je n’accroche pas du tout.

Grenade au Bord du Ciel de Sylvie Lainé : Avec ce texte l’auteur nous plonge à la découverte d’un astéroïde, sorte d’attrape-rêve, qui va transformer les émotions et les ambitions des gens qui entrent en contact avec son cœur. Une nouvelle que j’ai trouvé très réussie, sûrement une des meilleurs de l’anthologie, qui est parfaitement portée par une plume soignée et magique ainsi que par des personnages cohérents et efficaces.  On y trouve aussi des idées vraiment originales comme cette réflexion sur la cupidité percutante. Cela me donne envie d’en découvrir plus sur les écrits de l’auteur.

Vert Dur de Stéphane Beauverger : Imaginez un avenir où le féminisme et l’écologie deviennent liés, ce qui a pour conséquence de provoquer de profond changements dans la façon de gérer aussi bien les pays que les entreprises. Une inversion des rôles dans un monde qui cherche la neutralité qui se révèle vraiment intéressant et pousse le lecteur à réfléchir. Surtout que tout n’est pas non plus ce que l’on croit aux premiers abords. Le style de l’auteur est vraiment plaisant, dommage que la conclusion se soit révélé, à mon goût, en demi-teinte, mais rien de gênant. Une nouvelle vraiment agréable.

Comment je suis Devenu un Biotech de Lucas Moreno : Une nouvelle qui va nous faire découvrir la naissance et l’évolution d’une Intelligence Artificielle. Une IA qui va très vite chercher à améliorer la condition humaine. Un texte plein de bonnes idées, avec cette phase ascendante technologique qui va remettre en cause totalement l’humanité et pousser les IA à s’adapter de façon vraiment intéressante et surprenante. La plume de Lucas Moreno se révèle vraiment dense et intelligente et le tout donne bien envie de découvrir plus de textes d’un auteur que je ne connaissais pas vraiment.

Dans les Mines de Mars de Jean-Pierre Andrevon : Cette nouvelle est un texte écrit dans les années 70 par l’auteur, qu’il a repris et réécris pour cette anthologie. Au final je n’ai que très moyennement accroché à cette nouvelle, les messages que cherche à faire passer l’auteur sont forts et clairs, mais voilà malgré le travail d’actualisation le tout parait démodé, que ce soit dans la construction du récit, le style, l’aventure, l’action ou encore même les rebondissements. De plus la conclusion qui se veut surprenante se trouve être devinée au bout de quelques pages ce qui est frustrant. Si j’avais lu ce texte comme un texte écrit dans les années 70 mon avis aurait peut-être été différent, m’amusant du côté suranné, mais là, présenté comme un texte de 2013, je n’ai pas plus accroché que cela.

J’ai eu Trente Ans de Thierry Di Rollo : L’auteur nous propose ici une courte nouvelle qui nous fait suivre comme personnage principal un nanti qui ne fait rien de ses journées à part regarder un monde virtuel. Un texte court qui se révèle sombre, noir et qui vaut le coup d’être lu pour sa conclusion vraiment percutante et pleine de surprises. Mon seul regret et que l’auteur se laisse un peu trop aller dans les descriptions technologiques, ce qui plombe un peu le rythme de son récit.

Trois Futurs de Ian McDonald : A travers trois textes l’auteur nous construit ici une nouvelle vraiment réussie et prenante, sur des avenirs possibles, mais surtout sur la capacité des hommes à réagir et à se rebeller selon les situations. Des récits vraiment contemporains, qui mettent en avant, peut être même parfois de façon trop prononcée, la force de la technologie, d’internet et des réseaux de communications dans l’embrasement des foules et leur façon à gérer les informations. Dans tous les cas des textes qui font réfléchir. L’auteur arrive toujours aussi bien à mélanger les aspects technologiques à des futurs vraiment cohérents et fascinants à découvrir.

La Femme aux Abeilles de Thomas Day : Encore une très bonne nouvelle où l’on suit une jeune femme picte qui voit passer chez elle des mercenaires. Une rencontre qui ne va pas se révéler sans soucis. Un texte choc, sombre, sanglant, percutant mais qui n’oublie pas non plus de nous offrir des personnages forts et charismatiques aux relations souvent ambigus et surprenantes. Un récit qui ne m’a pas laissé indifférent. Le tout est peut-être un peu trop froid, ce qui empêche parfois de pleinement appréhender les émotions, mais rien de bien gênant.

Nimbus de Peter Watts : Une courte nouvelle qui nous dévoile un avenir où les nuages ont pris vie et les catastrophes qui étaient naturelles s’abattent maintenant sur la terre pour éliminer. Un texte vraiment intéressant avec une idée de départ originale, mais qui, selon moi, aurait mérité d’être plus développé. En effet il m’a paru bien trop court pour complètement appréhender l’ensemble des conséquences de cette évolution, mais aussi pour s’attacher aux personnages et vraiment être ému par cette conclusion. Un texte tout de même agréable à lire et à découvrir.

La Fontaine aux Serpents de Jeanne-A Debats : Il s’agit de la plus longue des nouvelles de ce recueil, qui nous replonge dans l’histoire du vampire Navarre qu’on retrouve avec plaisir se révélant toujours aussi charismatique, sans gêne et efficace. Cette fois-ci on le retrouve dans l’espace, dans un futur apocalyptique. Comme à son habitude l’auteur cherche à surprendre et à bousculer le lecteur dans ses convictions, soit par le sexe et sa diversité ou encore par ses idées, comme la naissance, qui ne laissent jamais indifférent et poussent à la réflexion. Mais voilà j’ai trouvé que parfois le tout partait un peu trop dans tous les sens, surtout au début, ce qui fait que j’ai eu un peu de mal à rentrer complètement dans l’histoire. Il faut aussi ajouter un bond temporel, suite à sa dernière aventure, qui a faussé un peu mes repères. Une bonne nouvelle, toujours aussi cynique et percutante, mais un cran en dessous, pour moi, de ce que j’ai lu précédemment sur Navarre.

 

Au final je dois bien avouer que je ressors un peu moins enthousiasmé par cette anthologie que celle de 2012. Il y a bien quelques textes qui arrivent à sortir du lot, mais la plupart oscille entre le bon moment de lecture et les textes qui ne m’ont pas accroché. Dommage, car le sommaire, avec tous ses jolis noms, laissait présager de bonnes choses. Cette anthologie de Utopiales reste toute de même sympathique à découvrir.

En Résumé : Je ressors de ma lecture de cette anthologie des Utopiales 2013 avec le sentiment d’avoir moins accroché que celle de l’année dernière. La faute à des nouvelles beaucoup trop hétéroclites, allant de celles qui ne m’ont pas accrochées aux nouvelles vraiment passionnantes et fascinantes. Au final l’anthologie reste tout de même sympathique à lire, mais voilà au vu des noms présents dans le sommaire et des attentes que j’avais après ma découverte de l’anthologie 2012, je m’attendais à mieux de ce recueil. Cela m’empêchera sûrement pas de lire le recueil de l’année prochaine.

 

Ma Note : 6,5/10

Autres avis : Vert, …

 

chalengeChallenge JLNN 25ème lecture

La Petite Déesse – Ian McDonald

la petite deesseRésumé : En 2004, Ian McDonald publiait en Angleterre un roman d’une ambition peu commune dans le paysage de la science-fiction contemporaine, Le Fleuve des dieux, un livre monstre de plus de 600 pages, aux multiples intrigues situées dans une Inde de 2047 balkanisée et en proie à une sécheresse sans précédent. Le prix de la British Science Fiction Association a récompensé ce roman qui s’est aussitôt imposé comme le Blade Runner du début de XXIe siècle. Son édition française a reçu le Grand Prix de l’Imaginaire.
En 2009, Ian McDonald a rassemblé sous le titre La Petite Déesse les sept nouvelles et courts romans qu’il avait écrits sur cette même Inde du futur. On y découvre, souvent par le biais du regard d’enfants, un sous-continent où les hommes sont quatre fois plus nombreux que les femmes, où se côtoient puissants, gens d’une extrême pauvreté, intelligences artificielles et stars virtuelles, tous confrontés à des menaces d’un genre nouveau.

Edition : Denoël Lunes D’Encre

 

Mon Avis : Ian McDonald fait partie des auteurs dont je ressors toujours fasciné et conquis par ma lecture de ses différents écrits. Le Fleuve des Dieux est pour moi, à l’heure actuelle, le plus grand roman de l’auteur nous offrant une magnifique fresque d’une Inde en perdition devant lutter contre son histoire, mais aussi contre son avenir. Ce recueil nous propose justement de replonger dans l’univers fascinant de ce roman à travers sept nouvelles. Ce livre n’a donc pas mis longtemps pour rentrer dans ma PAL, puis il faut aussi ajouter la magnifique couverture, illustrée par Machu, qui donne clairement envie de le découvrir.

Sanjiv et Robot-Wallah : On suit à travers cette nouvelle Sanjiv, jeune garçon fasciné par les robots et qui va trouver son heure de gloire en devenant l’aide de camp d’un groupe d’adolescent conducteur de mecha en pleine guerre. Un texte qui traite de façon efficace et pertinente les rêves et les envies de chacun, tout en ramenant tout le monde sur terre une fois la campagne terminée. Comment continuer à avancer quand on a été un adolescent adulé et fasciné par les autres, quand on a connu une vie pleine de frénésie due à la manipulation de ces machines et à la guerre? Un texte qui traite, aussi d’une certaine façon, des enfants guerrier, surtout dans une époque où on manipule les robots de chez soi et où, le plus souvent, ce sont les jeunes qui maîtrisent ce genre de technologie. La grande force du récit est de traiter de la guerre de façon différente, à travers Sanjiv qui n’en voit jamais l’horreur, mais que le côté glamour et classieux, ce qui le pousse limite à tout abandonner en espérant y profiter et sortir grandi et adulé. Le réveil est parfois difficile. L’auteur traite aussi ici de l’Inde, de son impossibilité à se construire ensemble qui amène la guerre, mais aussi de ce mélange de tradition obsolète et de nouvelles technologies qui fausse la vision des jeunes.

Kyle Fait la Connaissance du Fleuve : Cette nouvelle traite de ce qu’on peut considérer comme un choc des cultures, Kyle étant un enfant occidental qui accompagne son père pour la reconstruction du pays et il va rencontrer Salim un enfant local. L’auteur arrive dans ce texte à vraiment bien retranscrire, à travers les yeux d’enfant, cette haine et cette violence qui retombe sur ses étrangers, mais aussi l’impossibilité à eux de s’intégrer vivant dans une zone de cantonnement pour raison de sécurité et aussi par fierté. C’est d’ailleurs ce qui va pousser Kyle à sortir pour découvrir le monde que propose Salim. Il va alors découvrir une Inde exotique et fascinante avec ses traditions, ses cultures, ses façons de vivre et le tout avec en point d’orgue la découverte du fleuve. J’avoue, ce texte m’a paru un peu en dessous des autres, l’auteur me donnant l’impression de se focaliser sur la beauté d’une Inde qu’il construit et oubliant légèrement, sur la fin, ses personnages et ses intrigues. C’est certes magnifique, mais je suis ressorti de ma lecture légèrement frustré de ne pas avoir eu plus.

L’Assassin-Poussière : On retrouve avec ce texte une nouvelle réussie et vraiment efficace qui nous plonge dans les jeux d’intrigues de deux grandes familles indiennes qui contrôlent le commerce de l’eau et qui cherchent à en prendre le pouvoir. La construction du récit est vraiment intéressante, un peu construite comme un mythe, un conte où l’héroïne, façonnée comme une arme par sa famille, va se retrouver à tout perdre puis trouver un nouvel espoir. La relation entre l’héroïne et son ennemi se révèle vraiment ambigu et bien amenée et m’a fait penser un peu au mille et une nuits. Un conte qui va se révéler tragique et cruel dans sa conclusion, certes qu’on devine rapidement, mais qui n’empêche pas d’être fascinante, haletante et qui possède aussi son lot de surprises. Un récit qui se révèle aussi plein d’émotions et de sentiments et qui permet aussi d’en apprendre plus au lecteur sur les neutres, ces personnages qui ne sont ni homme ni femme. De plus l’auteur, à travers ce texte, nous fait réfléchir, d’une certaine façon sur l’environnement, rappelant ainsi que l’eau est une denrée primordiale.

Un Beau Parti : J’avoue, j’ai eu un peu peur en me lançant dans les premières pages de cette nouvelle, le héros se révélant être un playboy assez arrogant et un peu caricatural, je me demandais bien où aller nous plonger l’auteur. Puis finalement, au fil des pages, je me suis laissé emporter par cette critique acerbe sur la recherche de l’amour du personnage principal dans une Inde où, avec les dernières technologies et leurs traditions de privilégier les garçons aux filles, il y a quatre fois plus d’hommes que de femmes. L’auteur nous offre ici ainsi une nouvelle cynique sur le monde de l’amour qui passe par des agences ou encore des conseils qui viennent par exemple d’IA, soit disant mieux au fait des choses de l’amour. D’ailleurs que se passe-t-il quand des IA viennent conseiller des gens? Je vous laisse le découvrir mais, la fin, d’une certaine façon tragique et mélancolique, se révèle vraiment réaliste, passionnante et nous renvoie finalement à nous-même.

La Petite Déesse : Cette nouvelle à gagner le Grand Prix de L’Imaginaire 2013 et je dois dire qu’elle le mérite amplement. Sûrement pour moi la meilleur nouvelle du récit, et rien que pour elle ce recueil mérite d’être lu. On va se retrouver plonger dans le quotidien d’une jeune fille qui respecte les 32 critères de perfection et qui va, après une épreuve sanglante, être considérée comme la réincarnation de la déesse. Jusqu’au jour ou tout bascule et elle doit replonger dans l’anonymat. Un texte vraiment poignant qui nous dévoile la gloire, la chute et la rédemption de cette héroïne qui n’a jamais rien demandé, mais aussi de sa folie, entretenue par toutes les traditions qui ont fait d’elle un être unique, seul et adulé et qui une fois libérée la force à ne devenir qu’un fardeau pour ses parents. Un personnage fort, charismatique, perdue dans la multitude de personnage qu’on la force à être et qui accroche le lecteur à travers sa vie compliquée. Un texte qui vaut aussi beaucoup pour tout le travail que met en avant l’auteur sur cette culture, toujours d’actualité vis-à-vis de cette enfant déesse, tout en y apportant ces éléments technologiques comme les IA. Toujours ce mélange entre tradition et avenir qui ne fait pas toujours bon ménage. On en apprend aussi un peu plus sur les interdictions des aei de niveau 3 et la bataille qui s’en suivra, qu’on retrouve au cœur du Fleuve des Dieux, et qui se révèle vraiment intéressant. Une conclusion réussie et pleine d’espoir vient parfaitement clôturer cette histoire.

L’Épouse du Djinn : Avec ce texte l’auteur nous plonge dans une histoire d’amour un peu particulière entre une humaine, danseuse, et une intelligence artificielle acteur principal des négociations sur l’eau qui ravage le pays. Mais voilà comment un tel amour peut survivre entre un être de chair et un être virtuel et surtout quand les lois font que les aei supérieure à un certain niveau sont considérées comme hors la loi. Ajoutez à cela tous les aspects humains d’une relation dont la jalousie et vous obtenez une nouvelle vraiment vivante, pleine d’énergie et de frustration sur un couple et un amour impossible. L’univers développé par l’auteur se révèle toujours aussi magnifique et dense. Mais voilà je regrette que finalement, devant tout ce que met en avant l’auteur dans ce texte, il se soit simplement consacré à cette histoire d’amour sans jamais vraiment développer les aspects politiques de cette lutte pour l’eau et les conséquences que cela amène. Dommage même si le texte reste vraiment sympathique.

Vishnu au Cirque des Chats : On suit dans cette nouvelle Vishnu, qui propose de découvrir aux gens dans la rue son cirque des chats, ce qui lui sert de prétexte pour ainsi raconter sa vie. Le lecteur va alors plonger dans la vie d’un brahmane, être modifié génétiquement à la longévité exceptionnel, mais dont le corps évolue plus lentement. Cette nouvelle se tient au final sur deux niveaux, le premier plus personnel se basant sur la vie du héros qui a été façonné sans son consentement par des généticiens et qui se révèle être incompris et considéré soit comme un dieu soit comme un démon. On se retrouve d’une certaine façon à la fois fasciné et horrifié par la vie de cet homme dont l’esprit vieillit deux fois plus vite que son corps ce qui l’empêche pleinement de se découvrir. Le second niveau de lecture correspond au 50 années de l’évolution de l’Inde que l’auteur retrace au fur et à mesure de l’histoire du héros. Une histoire, une culture et une technologie toujours aussi profondément lié, mais toujours aussi antagoniste qui offre, d’une certaine façon, un point de vue beaucoup plus large des tenants et des aboutissant du roman le Fleuve des Dieux. Un texte vraiment réussi, mais qui aurait mérité d’être plus longuement développé à mon goût, surtout vis-à-vis de certains choix du héros et de certains rebondissements ne servant qu’à faire avancer l’intrigue.

 

Ce qui me fascine toujours dans les textes de l’auteur c’est le travail effectué pour créer son univer que ce soit sur l’environnement, le mystique, la technologie, les luttes de pouvoir etc… on sent bien que l’auteur ne laisse rien au hasard, mais surtout rend le tout cohérent et, d’une certaine façon, fascinant. On se laisse vraiment plonger dans cette Inde futuriste en plein essor, un pays qui, à travers ses luttes de caste, s’est morcelé et cherche à se reconstruire. L’auteur possède une grande connaissance de cette région et, oui, il faut parfois s’accrocher un peu, mais au final quelle réussite. Chaque texte nous propose de découvrir des personnages vraiment intéressants, travaillés et soignés avec régulièrement des enfants mis en avant, montrant ainsi l’adaptation de générations entre passé et avenir. Par contre, comme Le Fleuve des Dieux, des expressions indiennes parsèment les écrits de l’auteur, moi je trouve cela accrocheur et permet ainsi une immersion totale dans le texte, mais peut en rebuter certains. En tout cas un excellent recueil qui permet de prolonger le plaisir et de replonger dans l’univers du roman, mais qui peut aussi permettre à ceux qui ne connaissent pas l’auteur de le découvrir.

En Résumé : J’ai passé un excellent moment avec ce livre qui nous propose à travers sept nouvelles de replonger dans l’univers du Fleuve des Dieux et de cette Inde futuriste. On plonge avec plaisir dans des textes toujours aussi denses, soignés et palpitants qui se suivent chronologiquement et permettent ainsi de découvrir, à travers des personnages travaillés et accrocheurs, l’histoire d’une Inde qui a du mal à vivre son statu de puissance. Entre castes, environnement, tradition et technologie on se retrouve dans un univers qui mélange les genres de façon cohérente et surtout fascinante, nous offrant une peinture de ce pays à la fois tragique et magnifique. Ces textes viennent surtout compléter tout le travail qui a été effectué par Le Fleuve des Dieux et permet aussi, parfois, de mieux le comprendre, de mieux en discerner les tenants et les aboutissants, d’y apporter de nouveaux éléments dans cette fresque. Alors certes, un ou deux textes m’ont paru légèrement en dessous des autres, mais franchement rien de gênant tant l’ensemble me confirme que Ian McDonald fait partie des grands de la SF.

 

Ma Note : 8,5/10

 

chalengeChallenge JLNN 24ème lecture

Bifrost n°71 – Spécial Michel Pagel

bifrost 71Edition : Le Bélial’

 

 

 

 

 

Mon Avis : Je continue ma lecture des différents Bifrost qui se promènent dans ma PAL depuis quelques temps, avec cette fois ce numéro consacré à Michel Pagel auteur français dont j’avoue ne pas avoir encore lu un seul écrit. Il faut bien un début à tout, surtout que le dossier est en soi assez complet permettant ainsi de se faire un avis sur l’auteur. En tout cas je dois dire que la couverture, illustrée par David Lecossu, est vraiment magnifique. Ce 71ème Bifrost est composé de trois nouvelles d’auteurs différents.

Cosplay de Michel Pagel : À travers cette nouvelle l’auteur nous propose de plonger dans un monde futuriste où la télé réalité, ainsi que le Cosplay, sont poussés à son paroxysme. Un univers où chaque personne se choisit un personnage à vivre toute sa vie et où les plus proches de leurs rôles sont élus par le public. Un texte qui se révèle glaçant et qui happe rapidement et facilement le lecteur dans cette histoire, mais qui fait aussi réfléchir le lecteur sur la popularité ainsi que sur le paraitre que chacun cherche à renvoyer. On suit la trajectoire diamétralement opposée de deux personnages qui nous offrent une vision complètement différente de ce monde et des besoins de chacun. Les personnages se révèlent travaillés avec une plongée dans la vision qu’ils montrent aux caméras, mais aussi leur ressenti intérieur qu’ils se doivent de cacher. Un style qui se trouve être vraiment simple, efficace et entrainant. Les jeux de pouvoir se révèlent eux aussi passionnants. Mon seul problème, qui m’a empêché de trouver cette lecture excellente, je n’ai jamais, de mon point de vue personnel, complètement accroché à l’univers. Un monde où on a tous la tête d’un « personnage » m’a paru trop improbable. Ajouter que j’ai trouvé les héros cosplay un peu vieillots (Zorro, Barbie, Ken, Superman, Spirou, …) il manquait des héros plus récents.

Le Choix du Quêteur de Thierry Di Rollo : Cette nouvelle nous plonge dans un univers futuriste où un second dans un vaisseau spatial menace sous la folie de tout faire exploser. Une nouvelle qui m’a bien accroché et dont je ne vais pas trop en révéler pour ne pas gâcher le plaisir de la lecture, ce qui serait dommage. Une histoire qui se révèle dans une première partie vraiment efficace, technologiquement accrocheuse et bien porté par des personnages qui nous dévoilent les conséquences du mal de l’espace. Entre folie et raison dur de déterminer qui a véritablement raison de qui a tort. Dans la seconde partie on rentre dans un processus plus émotionnel avec la découverte de la vérité sur ces holums et surtout un personnage, qui prend de l’ampleur et nous dévoile un monde assez aseptisé. Mais c’est surtout ce message sur les holums qui se révèle intéressant, avec cette question de leur existence et leur devenir. Une bonne nouvelle mais qui se révèle être un peu trop linéaire et qui surtout est peut-être légèrement trop longue sur la fin à mon goût.

L’Homme de Paul McAuley : Cette nouvelle nous plonge dans la vie de Ziyi, une femme qui a quitté la Terre pour vivre dans un nouveau monde colonisé, fuyant ainsi une crise mondiale destructrice. Elle se retrouve à survivre en fouillant une plage à la recherche d’artefact, jusqu’au jour où un homme, nu, vient frapper à sa porte. C’est cette rencontre qui fait la force du texte, une rencontre forte, pleine d’émotion et de sentiment, mais qui va surtout nous dévoiler une humanité qui se révèle toujours aussi égoïste, avare et insensible qui ne cherche qu’à détruire plutôt qu’à se découvrir et à partager. Une rencontre pleine de non-dits sur la force de l’amitié et de la simplicité. Viens aussi me mystère que porte cet inconnu dont on ne sait rien et qui va se dévoiler au fur et à mesure des pages. Un inconnu aux valeurs simples et intéressantes, qui vit sa vie comme elle vient, n’ayant peut-être pas non plus le choix. Le tout est bien porté par un style efficace et soigné. La conclusion se révèle enlevé et entrainante. Avant ce texte je ne connaissais pas l’auteur, mais je lirai sans soucis d’autres textes de lui.

 

Concernant le reste du magazine, une introduction vraiment intéressante nous offre une vision de la littérature du genre pas toujours resplendissante, mais qui laisse présager, pourquoi pas, de bonnes choses dans l’avenir. Comme je l’ai dit le dossier sur Michel Pagel est vraiment intéressant. Les conseils pour survivre à un contact alien se révèlent plein d’humour et l’interview de la libraire de L’Antre Monde est vraiment intéressante. Au final un bon Bifrost que j’ai trouvé aussi un peu plus équilibré que celui sur George R.R. Martin, les chroniques prenant un peu moins de place. Il me reste encore à lire le dernier magazine sorti, celui consacré à Ray Bradbury.

 

Ma Note : 8/10 (Note ne reposant que les nouvelles)

 

chalengeChallenge JLNN 23ème lecture

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