Catégorie : Fantasy Page 36 of 69

Les Extraordinaires & Fantastiques Enquêtes de Sylvo Sylvain Détective Privé Tome 3, Confessions d’un Elfe Fumeur de Lotus – Raphaël Albert

confessions d'un elfe fumeur de lotusRésumé : À Panam, le Paris à la fois steampunk et fantasy imaginé par Raphaël Albert, Sylvo Sylvain, le fameux elfe détective privé, est en proie au spleen. Dans une fumerie de lotus, hébété, allongé sur une natte usée, de pipe en pipe, il se perd dans les souvenirs de son enfance…
La Grande Forêt des Elfes se déploie, cruelle et merveilleuse et, dans la fumée épaisse du lotus, l’existence féérique de son peuple reprend vie. L’avenir, croyait Sylvo à cette époque, était tracé comme la hampe d’une flèche : il serait le prochain champion de la Grande Forêt.
Mais le sort prendra une toute autre tournure. Face à son destin, Sylvo deviendra son pire ennemi…

Edition : Mnémos

 

Mon Avis : La sortie de ce troisième tome je l’attendais avec impatience depuis maintenant un peu plus de deux ans. Il faut dire que les deux premiers tomes m’avaient offert de très bons moments de lecture, pleins de rebondissements et de surprises avec des personnages hauts en couleurs et complexes (ma chronique Tome 1, Tome 2). J’avais donc hâte de savoir ce qu’allait proposer la suite, surtout qu’elle s’annonçait complètement différente. Donc, quand j’ai vu qu’il était disponible en avant première aux Imaginales, il a tout naturellement rapidement rejoint ma PAL. À noter aussi la couverture, illustrée par Aurélien Police, que je trouve vraiment magnifique avec son côté un peu éthérée.

Alors attention, comme je l’ai dit, ce troisième tome est complètement différent des deux précédents, point d’intrigue policière ou d’enquête, on laisse aussi de côté Panam et ses intrigues. En effet ce tome va se révéler beaucoup plus intimiste et va surtout nous permettre de découvrir le passé du héros principal, de savoir enfin ce qui l’a poussé à quitter sa forêt et aussi d’en apprendre plus sur sa fameuse relation avec Fraxinelle.  Donc ici pas vraiment d’action effrénée, ni de rythme trépidant, mais plutôt une histoire plus calme, plus personnelle, plus profonde, un kaléidoscope de souvenirs que nous livre le héros sur sa vie au travers de ses rêves opiacés présenté un peu comme un conte. Ce qui n’empêche pas ce tome de se révéler vraiment fascinant, magique et entrainant. Je me suis vraiment retrouvé emporter par la vie de Sylvo, que j’ai eu du mal à lâcher le livre, tournant les pages pour essayer de mieux le comprendre, le découvrir.

C’est surtout la capacité de l’auteur à nous immerger dans la vie de l’elfe que j’ai trouvé fascinante . On le découvre de la naissance, jusqu’au moment où il quitte la forêt découvrant ainsi les grands moments de sa vie, ses joies, ses pertes, ses amours, ses rencontres, tout ce qui a fait qu’il est Sylvo. Une certaine innocence se dégage de cette histoire qui, au fil des pages, va commencer à dévoiler les blessures et les faiblesses du héros, ses incertitudes, ses peurs, mais aussi ses convictions, ses plaisirs et ses envies ainsi que ce qui va l’amener à trahir et à se trahir lui-même. On découvre un héros profondément attaché à la forêt, à ses traditions et à sa survie dans un monde en perdition et qui va, pas les épreuves qu’il va rencontrer se mettre à douter. L’ensemble se révèle vraiment cohérent et possède une certaine magie et aussi une certaine mélancolie, surtout que le lecteur sait qu’à un moment tout va basculer. Le héros s’offre aussi quelques apartés sur sa vie qui se déroule devant ses yeux où on y retrouve un peu le cynisme désabusé du personnage qu’on a connu dans les deux premiers tomes se jugeant lui-même. L’auteur nous offre donc une histoire qui se révèle profondément humaine, pleine de sentiments et d’émotions, mais aussi de fêlures et de douleurs, un voyage initiatique dans le passé et la vie du héros dont le lecteur en sort à la fois emporté et sensibilisé.

Autres aspect vraiment fascinant c’est l’univers que tisse l’auteur, nous dévoilant le monde des elfes. Alors certes dans l’ensemble on retrouve ce qu’on connait déjà sur eux et leurs traditions, mais il arrive vraiment à rendre l’ensemble fascinant, logique et entrainant. On découvre ainsi un peuple profondément lié à la nature et à tout ce qui l’entoure, lié par la naissance, mais aussi par un aspect musical que j’ai trouvé vraiment original et intéressant. C’est une véritable ode à la nature, à sa beauté, à sa fraicheur et sa vitalité que nous offre l’auteur et dont le lecteur, s’il se laisse aller, se trouve touché, absorbé.  On découvre une forêt qui vie en autarcie mais qui, pour continuer à vivre en paix, doit payer un tribut tous les dix ans aux humains. Mais voilà on se rend compte aussi que les naissances diminuent au sein de la communauté, que les Humains empiètent un peu plus chaque jour et que la forêt perd doucement de son rythme face aux attaques. On se rend compte aussi que les Elfes ont des ennemis bien plus puissants que sont les ombres, même si je trouve qu’ils sont peut-être sous-utilisés ici. On apprend aussi que la haine entre les humains et les elfes est très présente et repose principalement sur des incompréhensions et une guerre ancienne. C’est ainsi avec fascination que l’auteur dévoile tout un peuple à travers sa vie, ses mœurs, ses traditions, ses mythes. Un univers à la fois mystérieux, féérique et magique qui m’a vraiment emporté tout au long du récit et qui m’a donné envie d’en découvrir plus, d’y habiter.

Concernant les personnages, je ne reviendrais pas sur Sylvo, auquel je me suis vraiment lié du début à la fin, qui se révèle dense et complexe. Concernant les personnages qui gravitent autour de lui, ils se révèlent eux aussi soignés et vraiment efficaces. Chaque personnage à son importance, influençant la vie du héros, lui offrant des moments de joie ou de peine et ayant une grande importance dans la façon dont il évolue et va évoluer. Mais surtout on en apprend plus sur des personnages qu’on a déjà soit croisé, soit entendu les noms, on découvre ainsi le lien entre le détective avec Pixel  ou encore Mélios, mais surtout Fraxinelle, protagoniste haut combien importante dans sa vie et dans sa déchéance. J’ai juste trouvé qu’il y avait par moment beaucoup de personnages, il était parfois légèrement difficile de s’y retrouver, mais rien de non plus vraiment gênant.

Puis arrive cette conclusion, cette terrible révélation que le lecteur attendait, cette action inavouable et inexcusable qu’a réalisé l’elfe et qu’on espérait pouvoir lui pardonner cette faiblesse, mais voilà l’auteur a bien fait les choses de telle sorte que même si on accroche énormément au personnage, on l’apprécie, cette faute est impardonnable et que, d’une certaine façon, il mérite son rejet. Au final il rend ainsi Sylvo humain, avec ses faiblesses, et c’est à lui de montrer qu’il mérite d’être pardonné par ses futurs actes, ce qui me donne encore plus envie de lire la suite.

Concernant la plume de l’auteur j’avoue qu’il nous offre ici une autre facette de son écriture avec un récit beaucoup plus posé, plus poétique, humain et enchanteur avec ses personnages ambigus et ses zones d’ombres, tout en plongeant le lecteur dans un univers à la fois féérique et sublime. Au final un tome, certes différent, à un rythme plus lent et plus posé, mais qui se révèle fascinant, nostalgique et entrainant nous dévoilant le passé tant attendu de Sylvo. Je lirai le quatrième et dernier tome avec grand plaisir pour retrouve aussi Panam et tout ce qui reste en suspend.

Résumé : J’ai passé un excellent moment de lecture avec ce roman qui se révèle différent des précédents, l’aspect enquêtes laissant la place à une histoire plus intimiste et mélancolique, dévoilant la vie de Sylvo de sa naissance jusqu’au moment de sa fuite de la forêt. L’histoire se déroule donc à un rythme plus lent, mais se révèle vraiment attachante, poignante et empreinte d’émotion où on découvre un héros avec ses forces et ses faiblesses, jusqu’à cette conclusion où il commet la faute impardonnable qui l’a poussé à l’exil. l’univers construit par l’auteur se révèle vraiment riche, luxuriant et fascinant, offrant une véritable ode à la nature, tout en nous dévoilant une société elfique, certes par certains aspects classique, mais vraiment solide, complexe et soignée. Concernant les personnages qui gravitent autour de Sylvo ils se révèlent vraiment intéressants, attachants et travaillés et on en découvre plus sur Pixel, Mélios et Fraxinelle ; même si par moment on s’y perd un peu devant tous ses protagonistes. La plume de l’auteur s’adapte au récit, se révélant conteuse, pleine de poésie et de richesse et happe le lecteur pour ne plus le lâcher. Je lirai la suite avec grand plaisir.

 

Ma Note : 8,5/10

Porcelaine, Légende du Tigre et de la Tisseuse – Estelle Faye

porcelaineRésumé : Chine, vers l’an 200.
Xiao Chen est un comédien errant, jeté sur les routes par un dieu vengeur. Un masque à forme humaine dissimule son faciès de tigre, tandis que son coeur est de porcelaine fêlée. Son voyage va durer plus de mille ans.
Au cours de son périple, il rencontrera Li Mei, une jeune tisseuse, la Belle qui verra en lui plus qu’une Bête. Celle qui, sans doute, saura lui rendre son coeur de chair. Cependant Brume de Rivière, fille-fée jalouse et manipulatrice, intrigue dans l’ombre contre leur bonheur.
Pendant presque quinze siècles, rivalités et amour s’entrecroisent, tisant une histoire de passion, de tendresse et de sacrifice, sur fond de magie et de théâtre.

Edition : Les Moutons Électriques

 

Mon Avis : Au moment de sa sortie ce livre m’intéressait fortement, déjà par son aspect conte chinois qui se révélait très tentant, mais aussi par sa couverture, illustrée par Amandine Labarre, que je trouve magnifique et tout en finesse. Pourtant j’ai bien failli ne jamais me lancer dans sa lecture, en effet les retours sur le roman jeunesse de l’auteur, La Dernière Lame, se révélaient plutôt mitigé et m’avait à l’époque bloqué. Vu que depuis plusieurs personnes m’ont plus que fortement conseillé de lire Porcelaine, et vu les différents retours, j’ai décidé de l’emprunter à la Marmotte pour ainsi me faire mon propre avis.

Finalement je suis bien content de m’être lancé dans la lecture de ce roman. L’auteur nous offre ici une histoire en trois actes qui reprend clairement le style des contes chinois. Dès les premières pages je me suis alors retrouvé emporté par la vie de Xiao Chen sur près de 15 siècles, même si le roman finalement ne se concentre que sur le 3ème et le 18ème. Une vie mouvementée pleine de surprises, de péripéties, d’aventures, d’émotion et d’art où il va passer de fils aimé et délaissé, à adolescent rejeté à la tête de Tigre pour finalement trouver sur les routes amis et amour. Et pourtant l’histoire en elle-même n’a rien de non plus révolutionnaire, et même se révèle assez linéaire, mais voilà ce roman a réussi, pas tant en révolutionnant le fond, mais en travaillant sur la forme, pour m’offrir quelque chose qui possède un je ne sais quoi de magique et de féérique. Pour peu qu’on s’intéresse aux contes, aux fées et aux mystères alors on se laisse totalement emporter par ce récit qui mélange de façon vraiment efficace et la réussite en vient justement à l’équilibre des genres, des mythes et des personnages que l’auteur met en place.

Concernant l’univers, ce n’est pas un secret, l’auteur nous plonge en Chine, mais dans une chine mouvante, médiévale, qui évolue en fonction des différents empereurs et des différents changements structurels qui se dessinent en toile de fond. La magie, les dieux et l’envoutement s’étiole au fil des siècles pour laisser place à l’humanité, au concret, au tangible et la Chine monte doucement en puissance. L’ensemble se révèle vraiment magnifique, à travers les descriptions de l’auteur pourtant courtes, arrivant à offrir une atmosphère, une ambiance et un paysage vivant, vibrant, sublime et éclatant. On a vraiment l’impression de se retrouver au milieu de ce pays en plein changement et on n’a pas du tout envie de la quitter. L’auteur offre aussi une réflexion vraiment intéressante sur l’art, et plus principalement sur le théâtre, qui est littéralement la vie de Xiao Chen lui offrant le souffle et le frisson dont il a besoin. L’auteur joue aussi sur les masques, ceux magiques qui transforment le héros en tigre, comme ceux humains face aux différents personnages que l’on peut être. Qui est vraiment Xiao? même lui le cherche. L’auteur nous fait aussi réfléchir sur les petites mains de Chine, ce travailleurs et travailleuses de l’ombre mis en avant par Li Mei la couturière, ou bien encore sur ce besoin d’immortalité qui n’apporte pas toujours ce que l’on souhaite.

Concernant les personnages j’avoue ils se révèlent vraiment saisissants et passionnants mais m’ont aussi, par moment, d’une certaine façon, un peu dérangé. Je m’explique. L’auteur arrive clairement à nous dessiner des héros qui se révèlent attachants, possédant des émotions et qui font des choix intéressants et cohérents avec l’histoire et l’évolution de leurs vies, mais parfois ils se révèlent tellement apathique, à accepter tout ce qui leur arrive sans jamais vraiment broncher qu’on a, de temps en temps, envie de les secouer. Oh rien de gênant, j’ai apprécié chacun des personnages principaux, ils m’ont touchés, mais voilà parfois c’était tout de même légèrement frustrants. Alors, après, je sais bien que je lisais une histoire basée sur les contes, que c’est un peu souvent le cas avec ce genre de personnages, que ça rentre dans leurs codes. Concernant les personnages secondaires ils ne manquent pas d’attraits non plus et se révèlent intéressants. L’auteur a décidé de limiter son nombre de protagonistes, ce qui est une bonne chose et évite de trop se disperser je trouve.

Alors, après il y a quand même quelques points qui m’ont légèrement dérangés. Je pense par exemple à la troisième partie dont j’ai trouvé qu’elle manquait un peu de rythme et tournait parfois, sur certains passages, en longueur. Rien de bloquant ou ennuyeux, juste une légère différence de tempo entre les deux premières parties beaucoup plus vives et vivantes par rapport à la dernière. Ce qui est marrant c’est que, par contradiction, une fois la dernière page tournée j’aurai aimé rester encore dans cet univers, surtout qu’il y a matière à le faire je pense. Ensuite je trouve aussi que certains passages se révèlent parfois légèrement confus. Enfin, concernant la fin je l’ai trouvée sympathique ; je sais que c’est un conte, mais voilà vu la façon dont la fin se présentait j’attendais peut-être autre chose qu’un happy-end. Que de petites remarques qui sont vite balayés tant j’ai finalement été emporté par ce roman du début à la fin.

Il faut aussi dire que la plume de l’auteur se révèle vraiment soignée, poétique et magique ; elle nous transporte véritablement dans cette histoire et m’a complètement touché. Finalement je trouve que Porcelaine porte bien son nom, offrant un fragile équilibre réussi, délicat, ensorcelant et tout en finesse, entre différents thèmes et qui dévoile toute sa beauté au fil des pages que le lecteur tourne avec grand plaisir. Amoureux des contes laissez-vous tenter vous ne devriez pas être déçu, les autres tentez votre chance et vous y trouver une très belle histoire dans un univers coloré et vivant. Je lirai sans soucis d’autres romans de l’auteur.

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce roman présenté en forme de conte asiatique qui nous plonge dans le destin fascinant, à la fois tragique et émouvant, de Xiao Chen. L’histoire, en trois actes, se révèle entrainante, alternant de façon vraiment efficace aventures, magie et émotions pour le plus grand plaisir des lecteurs. L’univers, développé sur près de 15 siècles offre une vision d’une Chine changeante et pleine de surprises, où la magie s’efface peu à peu au profit du concret et des hommes. Les personnages sont vraiment attachants et entrainants, même si parfois je leur reproche d’être trop attentistes, ce qui donne envie de les secouer. Je regrette juste que la troisième partie manque un peu de rythme et se révèle un peu répétitive, mais par contradiction j’aurai aimé resté plus longtemps dans cet univers, surtout qu’il y a matière pour. Concernant la conclusion en forme de léger « Happy-end », elle se révèle sympathique, mais je l’aurai préféré plus mélancolique je pense. Rien de bien bloquant ou dérangeant de toute façon. Dans tous les cas la plume de l’auteur se révèle vraiment poétique, fluide et entrainante emportant le lecteur dans cette histoire pleine de féérie et de beauté. Je lirai sans soucis d’autres récits de l’auteur.

 

Ma Note : 8,5/10

 

Autres avis : Anassete, Cornwall, Vert, Minidou, joyeux-drille, sylphe, etc…

La Campagne des Ombres Livre 1, Les Mille Noms – Django Wexler

la campagnes des ombres 1 les mille nomsRésumé : Sous le terrible soleil du désert, la province de Khandar s’est révoltée, emportée par le fanatisme d’une secte mystérieuse. La garnison impériale a été balayée et les survivants démoralisés se sont réfugiés dans un bastion aux portes du désert en attendant les renforts.
Mais derrière cette révolte, une force antique manipule les événements et seuls le courage et la loyauté de deux soldats semblent encore pouvoir s’y opposer.

Edition : Eclipse

 

Mon Avis : Depuis quelques temps je m’intéresse à la Fantasy à arme à feu qui commence à se développer de plus en plus, ce qui apporte, je trouve, quelque chose d’un peu différent. La preuve en est avec la maison d’édition Eclipse qui a sorti il y a quelques mois La Promesse du Sang, le premier tome du cycle Poudremages, et qui vient de publier il y a peu ce livre, Les Mille Noms. Donc quand j’ai vu que Babelio proposait, lors de son dernier Masse Critique, de découvrir ce livre j’ai décidé de tenter ma chance et j’ai eu la chance d’être sélectionné. Je remercie donc Babelio et Eclipse pour m’avoir fait découvrir ce roman. À noter la belle couverture illustrée par Steve Stone. Juste un point concernant cette édition, en effet j’ai repéré pas mal de fautes voir même des erreurs de noms par moment dans des dialogues, dommage.

Je dois bien avouer que j’ai eu, sur les cent premières pages, un peu de mal à vraiment rentrer dans le récit, par tant par sa complexité ou qu’il soit mauvais, loin de là, mais j’ai trouvé cette partie est un peu confuse. On apprend que la ville d’Ashe-Katarion est tombée aux mains d’extrémistes religieux soutenue par l’armée locale, que l’armée coloniale en poste, composée des rebuts militaires, a fui et qu’un nouveau colonel arrive avec un bataillon pour reprendre les choses en mains. Le fait qu’une bataille soit déjà passé a joué sur ma confusion je pense, j’ai plus l’habitude de me lancer dans des récits ou la bataille est un peu le but final du roman et non la conséquence. Mais une fois les éléments mis en place je n’ai pas pu lâcher ce roman de Fantasy guerrière qui se révèle vraiment haletant et terriblement efficace.

Car oui malgré ce démarrage un peu lent et déroutant, le reste du roman va se révéler au final rythmé, mais surtout fluide et cohérent, l’auteur alignant de façon vraiment captivante les passages d’action, de bataille et de stratégie, qui se révèlent aussi très didactiques sans non plus se révéler lourds ou ennuyeux, avec les passages plus personnels où il nous fait découvrir ses personnages principaux. On se retrouve alors à suivre avec grand plaisir cette armée composée de vétérans rejetés et de bleus ayant à peine été formé dans la reconquête de cette ville et bien plus. Car oui, ce roman n’est pas qu’une simple guerre, le colonel n’étant pas venu simplement pour remettre un prince sur son trône, un complot plus profond se dessinant lentement au fil des pages sur ces fameux Mille Noms. D’ailleurs c’est justement l’un des points qui fait que je considère ce roman un peu au-dessus des Poudremages, l’auteur a limité ses intrigues et surtout elles vont à peu près dans la même direction là où Brian McClellan se révélait un peu confus dans la façon de gérer ses intrigues, ce qui cassait le rythme et qui occasionnait aussi le fait que certaines intrigues se révélaient un peu bancales.

Vu qu’on suit ici une compagnie militaire on se retrouve vraiment au cœur de l’action et des affrontements, et on sent que l’auteur maîtrise parfaitement cet aspect du point de vue tactique, à travers les formations des bataillons et les régiments, mais tout en arrivant à garder le côté épique, sanglant et mortel de ce genre d’escarmouches. Le lecteur se retrouve vraiment emporter par ces combats, limite on sentirait la poudre, la sueur, le sang, la violence, le désespoir et l’envie, le tout porté par des descriptions et des explications vraiment prenantes. On sent bien que dans ce genre d’affrontements n’importe qui peut mourir sous les balles et que fuir n’apporte rien. Maintenant suivre l’intrigue du point de vue des militaires fait aussi que le lecteur est peut au fait de cette fameuse recherche des Mille Noms, ce qui peut parfois se révéler un peu frustrant, attendant trop que le Colonel lâche une ou deux brides d’informations ici où là. Mais rien de bien non plus gênant, cela permet à l’auteur de garder quelques révélations dans sa manche pour offrir un final haletant ou la magie vient aussi prendre plus d’ampleur.

En ce qui concerne l’univers il ne manque pas d’intérêt et se révèle vraiment solide. L’auteur nous plonge dans une région aride qui fait penser à certains pays arabe, comme l’Égypte par exemple. L’auteur construit deux peuples aux modes de gouvernements différents et aux religions complexes, mais dont on ne sait pour le moment que peu de choses. Ce tome se consacre tout de même principalement aux Khandariens, même si certaines informations sont lâchées au niveau de complots qui traîneraient au niveau du pouvoir de Vordanai. Concernant la magie elle se révèle vraiment intéressante, avec cette possibilité de se lier à ce qui est considéré comme des démons pour accroitre ses facultés, mais sans aucune possibilité de retour. On la découvre lentement au fil des pages ce qui permet de bien l’assimiler, de bien la comprendre et ainsi d’apporter énormément à la conclusion permettant ainsi de ne pas tomber dans le « too much » où l’élément qui arrive parfaitement au bon moment. Ce premier tome laisse encore pas mal de points, justement concernant cette magie ou Voltarai, en suspens ce qui donne vraiment envie d’en apprendre plus.

Concernant les personnages ils se révèlent vraiment intéressant à découvrir, principalement les personnages féminins, bien construits, complexes et qui évitent de tomber dans les extrêmes. On sent bien que l’auteur a décidé de nous offrir des héros travaillés, soignés et attachants qui se dévoilent de façon vraiment efficaces au fil des pages. Entre Marcus le Capitaine empli d’honneur qui cherche à faire son boulot de la meilleure des façons, Winter le soldat qui cherche à cacher qui il est et qui va se retrouver à monter en grade un peu contre son gré ou encore Janus le Colonel (inspiré de Napoléon) lunatique qui vient reconquérir cette ville rebelle, mais qui joue avec le lecteur ne dévoilant qu’une partie de la vérité, ils ne manquent clairement pas d’attraits et se révèlent même charismatiques. Même les personnages secondaires se révèlent vraiment intéressants à découvrir. Surtout l’auteur nous offre aussi de découvrir des personnages de l’autre camp ce qui leur évite de simplement se révéler être les « méchant très méchants », ayant au final un véritable enjeu politique et où tout n’est pas blanc ou noir. Mon seul regret et que certains protagonistes ont cet air de « déjà-vu », rien de gênant en soi mais, qui les empêche un peu de pleinement se développer.

Après tout n’est pas non plus parfait dans ce premier tome. Par exemple l’auteur abuse parfois légèrement trop des dialogues, soit pour appuyer une idée déjà comprise, soit pour gagner du temps par une discussion de remplissage et ainsi essayer de jouer un peu plus sur l’effet de surprise. Rien de bien gênant sur l’ensemble du roman, mais parfois un tout petit peu ennuyeux. Ensuite, le hasard fait une ou deux fois un peu trop bien les choses et arrange les efforts de nos héros, même si rien de non plus trop « gros » ou trop improbable qui pourrait gâcher l’ensemble. Enfin, l’aspect militaire est parfois un peu caricaturé, principalement le sergent Davis, bourreau de Winter qui tombe dans le militaire violent gratuitement. Mais dans l’ensemble ce ne sont que des petits points qui ne m’ont jamais complètement dérangé ou bloqué dans la lecture de ce premier tome.

La plume de l’auteur se révèle vraiment visuelle, entrainante et efficace nous plongeant vraiment dans cet aspect guerrier avec de grandes batailles aux stratégies décrites de façon fluide et captivante. Par conséquent si vous n’êtes pas intéressé, justement, par cet aspect tactique vous risquez de n’accrocher que moyennement à ce livre. Au final on a ici un bon premier tome de fantasy de Guerre qui se révèle rapidement prenant, malgré un démarrage légèrement confus, qui se révèle bien maîtrisé et captivant. Je lirai la suite sans soucis pour savoir ce que va nous proposer l’auteur dans les prochains tomes.

En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec le premier tome de cette série qui nous offre une histoire, certes qui parait un peu classique avec deux peuples en guerre, mais qui se révèle vraiment accrocheuse, tout en offrant des conspirations à plus grandes échelles qui se dévoilent lentement au fil des pages. On sent que l’auteur apprécie la stratégie militaire nous offrant un travail tactique détaillé, tout en conservant l’aspect épique et sanglant de batailles ; on a vraiment l’impression d’y être. L’univers construit par l’auteur se révèle vraiment solide et efficace et propose une magie intéressante qui demande à en apprendre plus. Les personnages sont vraiment attachants, soignés, denses et on suit avec plaisir leurs aventures, même si certains donnent une impression de « déjà-vu ». La plume de l’auteur se révèle vraiment simple, entrainante et efficace. Après tout n’est pas non plus parfait l’auteur abusant parfois légèrement de dialogues, ou bien s’offrant quelques facilités et quelques hasards bien placé, ou encore quelques aspects un peu caricaturaux, principalement sur l’armée, mais dans l’ensemble rien de complètement gênant tant j’ai bien accroché à ce premier tome et je lirai la suite avec grand plaisir.

 

Ma Note : 8/10

The Rithmatist, Book 1 – Brandon Sanderson

the rithmatist 1Résumé : A killer is on the loose…
Joel is fascinated by the art of Rithmatics – with its lines of power and ability to bring chalk drawings to life – but only a few have the gift and he is not one of them. When Rithmatic students from Joel’s school start disappearing, he is keen to investigate. Since he’s not a Rithmatist, Joel seems to be safe – but others are dying. Can he find the killer before the killer realizes just what a threat Joel really is?

Edition : Orion Children’s Books

 

Mon Avis : Si vous suivez mon blog régulièrement vous savez que j’ai à peu près tout lu de Brandon Sanderson en roman adulte, d’ailleurs j’ai même la suite de The Way of Kings qui m’attend dans ma PAL VO. Mais voilà je n’avais encore jamais vraiment tenté l’auteur dans ses histoires plus jeunesses, et même si Alcatraz me tente toujours pas mal, c’est finalement The Rithmatist, la nouvelle série jeunesse de l’auteur qui a atterri dans ma bibliothèque. Il faut dire aussi que l’illustration de couverture, avec sa bordure doré un peu Steampunk, donnent vraiment envie de le découvrir.

Ce qui est toujours intéressant quand on plonge dans un nouveau roman, ou un nouveau cycle, de Sanderson c’est qu’on sait qu’il y a de grandes chances qu’on va découvrir un univers complètement nouveau. L’imagination de l’auteur est tellement foisonnante qu’on se demande bien ce qu’il va bien pouvoir nous proposer par la suite. Avec The Rithmatist c’est de nouveau le cas, puisqu’il vient construire un univers vraiment dense, prenant et intrigant, mais  aussi surtout un système de magie vraiment original, complexe et efficace. Il est parti de simples dessins à la craie sur le sol pour en faire une véritable magie. Alors bien sûr je schématise, c’est plus compliqué que cela, et l’ensemble possède de vraies règles, principalement géométriques avec des cercles de défense, des traits d’attaques et autres monstres dessinés qui peuvent prendre vie en 2D, mais on retrouve ici quelque chose de fun, travaillé et vraiment intéressant. Concernant le monde construit autour, il est à la fois proche du nôtre par son histoire comme par exemple avec le roi Georges 3, et pourtant si différent principalement par sa géographie et le fait que les états américains soient des îles avec ses propres influences. Surtout que l’auteur ne laisse rien au hasard, tout se révèle créatif, cohérent, dense et parfaitement expliqué ce qui est l’un des gros point fort de ce récit.

L’intrigue que développe l’auteur n’a, par contre, rien de révolutionnaire, une histoire de disparition d’étudiants dont notre héros va se retrouver l’assistant du professeur chargé d’une partie de l’enquête, mais elle se révèle tout de même assez sympathique et solide pour se révéler divertissante et tout de même un minimum entrainante. On y retrouve aussi clairement les différents aspects qu’on retrouve régulièrement dans la littérature jeunesse que sont par exemple l’entrée dans l’âge adulte et la prise de décision, la découverte de l’amitié, le héros un peu différent, la loyauté ou bien encore l’obstination pour réussir et l’auteur s’en sort plutôt bien sans non plus révolutionner le genre.

Mais voilà malgré sa solidité j’ai trouvé que l’intrigue manquait tout de même un peu de rythme. L’auteur est tellement fasciné par la création de son univers et tout ce qu’il y a autour qu’il en oublie parfois que, selon moi, une histoire doit avoir, surtout en jeunesse, des effets de surprises et des rebondissements qui continuent à étayer l’esprit et l’envie du lecteur. Attention l’histoire n’est pas non plus plate ou morne, mais je l’ai trouvé un peu molle par rapport à mes attentes. Heureusement la conclusion rattrape un peu cela en nous offrant une fin plus haletante et énergique avec pas mal de révélations intéressantes qui ouvrent sur une suite qui donne envie. Autre aspect qui m’a légèrement dérangé, et dont on fait toujours la comparaison dès qu’on parle de magie et d’apprentissage, ce sont les ressemblances avec Harry Potter. Il y a une école de magie, des amis qui vont braver les interdits pour aider notre héros à dévoiler la vérité, un professeur bienveillant, un autre présenté comme malveillant. Certes l’auteur met en avant ses aspects de façon cohérente et efficace mais on ne peut pas s’empêcher la comparaison, sans que non plus ce soit trop flagrant pour choquer.

Concernant les personnages ils remplissent parfaitement leurs rôles, je trouve, et on suit facilement et avec grand plaisir leurs aventures. Joel se révèle un héros complexe et intéressant à découvrir, avec ses forces et ses faiblesses, de plus là où il diffère peut-être des autres romans jeunesse du genre c’est qu’il n’est pas magicien, il n’a pas été « choisi », ce qui offre une variation intéressante au héros. Maintenant le problème de Joel c’est qu’il est fasciné par les Rhitmatist, il ne parle que de cela, tout le temps ce qui fait qu’en tant que lecteur on a un peu de mal à le découvrir, et vu qu’on a  que son point de vue en tant que narrateur c’est parfois légèrement frustrant. Autre point qui m’a surpris c’est que notre héros est un peu loin de l’ado de base, il a un logement avec sa mère dans l’école, n’est jamais sorti même pas pour aller prendre une glace et n’a aucune autre passion que la magie, ça manque un peu de complexité et de folie tout de même. Sa relation avec Melody m’a bien accroché, à la fois différents, elle par sa nonchalance et sa légère folie, face à lui plus pragmatique et réfléchi, j’ai trouvé ce décalage intéressant. Concernant les personnages secondaires ils ne sont pas mauvais et remplissent parfaitement leurs rôles même si pour le moment ils ont du mal à sortir de leurs carcans. Mais bon là rien de vraiment gênant.

La plume de l’auteur se révèle vraiment fluide, entrainante et énergique ce qui permet de compenser un peu le léger manque de rythme dont j’ai parlé, et fait que le lecteur continue à tourner les pages avec un minimum d’envie. Comme à son habitude il arrive à construire un univers fascinant et réussi qui devrait en plaire à plus d’un. Au final un premier tome qui possède ses qualités et ses défauts et qui se révèle tout de même accrocheur pour donner envie de lire la suite, mais si l’auteur avait un peu plus travaillé son intrigue d’un point de vue action l’ensemble aurait pu passer du simple premier tome sympathique d’introduction à un bon premier tome.

En Résumé : J’ai passé un moment de lecture plutôt sympathique avec ce roman jeunesse qui offre une intrigue, certes classique, mais plutôt solide et efficace dont le principal reproche est, je trouve, que je l’ai trouvé un peu molle, surtout pour un jeunesse, ce qui ne l’empêche pas d’offrir une conclusion haletante et intrigante. L’univers construit par l’auteur est le gros point fort de ce livre, l’auteur démontrant une nouvelle fois sa capacité d’imagination, proposant une magie originale, innovante et complexe ainsi qu’un monde, à la fois proche et différent du nôtre, qui donne véritablement envie d’en apprendre plus. Les personnages se révèlent plutôt agréables, même si certains aspects m’ont laissés perplexe. Un des défaut et que, comme souvent dès qu’on parle de magie et d’école, la ressemblance avec Harry Potter se fait parfois ressentir. La plume de l’auteur se révèle vraiment entrainante, fluide et efficace. Un premier tome où, au final, l’auteur prend peut-être un peu trop son temps pour construire son univers par rapport à l’intrigue, avec tout de même assez d’aspects intéressants pour me donner envie de lire la suite, mais pas assez pour faire passer ce lire de divertissement agréable à bon livre jeunesse ce qui est un peu dommage car il y avait la place pour. À voir ce que va proposer la suite.

Ma Note : 6,5/10

Lancelot – Zone Franche L’Anthologie

lancelotRésumé : Lancelot est le plus grand des chevaliers de la Table ronde mais aussi celui dont le destin est le plus tragique lorsqu’il trahit Arthur, son roi, en tombant amoureux de Guenièvre.
Loyal, pur et traître, il ne cesse de nous interroger depuis des siècles, se réinventant à chaque époque.
Neuf auteurs confirmés de l’imaginaire se sont emparés de sa figure pour lui inventer de nouvelles aventures, donnant un éclairage nouveau à ce personnage résolument moderne. Neuf éclats de son âme. Et un peu de la nôtre.

Edition : Actu SF

 

Mon Avis : Comme d’habitude, à chaque fois que je participe à un festival, je repars sous le bras avec l’anthologie associée, si elle existe. Zone Franche n’a pas manqué à la règle et l’anthologie a donc rejoint ma PAL. Il faut dire aussi que le sujet se révélait vraiment intéressant sur le personnage de Lancelot, un des héros les plus complexes du cycle arthurien selon moi et mes petites connaissances sur le sujet. Il faut aussi ajouter à cela une couverture, illustrée par Ryohei Hase, qui se révèle vraiment magnifique. Au final beaucoup d’arguments qui ont fait que ce livre est rapidement entré ma bibliothèque. À noter que ce livre est composé de neuf nouvelles.

Le Donjon Noir de Nathalie Dau : Cette nouvelle ouvre de façon vraiment intéressante et efficace ce recueil, déjà par son intrigue qui reprend un peu dans sa globalité la complexité du chevalier dans le cycle arthurien principalement par sa relation avec Guenièvre, mais aussi par la façon dont l’auteur traite du sujet. En effet elle met en avant l’influence importante du monde d’en dessous sur les humains qui, d’une certaine façon à travers des manipulations et trahisons, joue avec les hommes, et met en avant aussi que la relation ambigue entre Lancelot et la Reine est peut-être beaucoup plus complexe qu’on le croit. L’ensemble offre ainsi une nouvelle Fantasy comme sait si bien l’offrir l’auteur à travers une plume efficace, poétique et soignée.

Lancelot-Dragon de Fabien Clavel : L’auteur nous offre ici une nouvelle plus théologique avec l’aspect chrétien de la quête du Graal confrontés avec des mythes plus païens qui remettent en cause la forme même de ce Graal et le but de sa conquête. On retrouve ainsi ici un Lancelot, rejeté, banni par les siens qui cherche à disparaitre et à oublier, mais qui se retrouve justement poursuivi par cette quête qui le hante. Un mélange complexe de rédemption et de souffrance qui va pousser notre héros dans ses ultimes retranchements, dans ses plus sombres folies et le pousser ainsi à voir ses plus grandes forces, mais surtout ses plus grandes faiblesses. Un récit vraiment efficace et intéressant.

Le Meilleur d’Entre Eux de Lionel Davoust : Cette nouvelle nous présente un Lancelot de retour chez lui, les mains vide de sa quête du Graal en Palestine. Pour ce texte l’auteur a décidé de mettre en avant la quête même, loin du mythe qu’on connait, nous présentant quelque chose de beaucoup plus humain où Arthur et ses chevaliers s’en servent simplement pour amener l’espoir dans le cœur de la population qui vit une période sombre entre épidémies et guerres. On est donc loin du mythe chrétien avec toute sa mythologie et ses influences magiques et mystiques. Mais voilà le tout s’étiole devant le peu de résultats obtenus, le peuple commence a déprimer et à râler ; il manque un point important à toute légende et Lancelot sait lequel. Une nouvelle vraiment accrocheuse par la façon dont l’auteur traite au final de la foi et de ce qu’elle peut pousser à faire, mais aussi de son utilité dans la manipulation pour l’unification de tous face aux désagréments du destin, offrant ainsi une réflexion vraiment intéressante sur le pouvoir de la conviction et de la spiritualité, mais remettant aussi Lancelot au centre même du mythe. Un texte que j’ai trouvé réussi et captivant.

Le Vœu d’Oubli de Armand Cabasson : Je ne connaissais pas l’auteur avant de lire ce texte. Une nouvelle qui nous présente un Lancelot qui, ayant décidé de tout oublier pour éviter toute tentation et toute trahison, vagabonde dans le monde entier, offrant son épée pour continuer à avancer, mais qui doit respecter certaines règle pour ne jamais se souvenir sous peine de grands malheurs. Mais comment faire quand tout joue pour l’obliger à se rappeler. Ce texte nous présente Lancelot sous son personnage épique et guerrier qui cherche à lutter contre ses désirs et finalement contre lui-même, mais on ne peut jamais vraiment remporter ce genre de combat, tout du moins jamais seul. L’auteur nous offre d’ailleurs une scène de combats vraiment magistrale et entrainante. Un texte que j’ai trouvé au final très sympathique mais frustrant car, je trouve, qu’il aurait mérité d’être plus développé.

Je Crois que Chevalerie y Sera de Anne Fakhouri : L’auteur a décidé de mélanger, à travers cette nouvelle, le cycle arthurien à son propre univers déjà développer dans Le Clairvoyage. On se retrouve ainsi à suivre ici Gauvain à la recherche de Lancelot qui a disparu et qui va se retrouver confronter à de nombreux périples et de nombreuses rencontres déroutantes. On trouve ici un texte qui se révèle vraiment dense, complexe et que j’ai trouvé vraiment réussi. Une nouvelle qui nous propose en premier lieu de découvrir, à travers Gauvain et ses rencontres, Lancelot par la façon dont chacun le voit, mais aussi dont lui se voit. Une quête identitaire par le prisme du regard d’autrui, où on ne voit d’ailleurs jamais vraiment le chevalier, qui va dévoiler un héros torturé, adulé et aimé des autres mais qui au fond de lui cache de sombres secrets et de sombres pulsions. Mais c’est aussi un texte sur l’imagination, qui démontre que finalement le mythe et la chevalerie existent par le rêve des uns et des autres, principalement de celui des enfants dans toutes leur innocence et leur folie. Un texte profond, surprenant et qui possède aussi ses pointes d’humours fantasques.

La Tête qui Crachait des Dragons de Thomas Geha : Cette nouvelle propose un texte mélange de Fantasy et d’onirisme dans un monde où les dragons ont envahi le pays et où le seul espoir est de retrouver Lancelot. Un Lancelot en-dehors des réalités depuis ses lourdes pertes, qui s’auto-détruit dans des transes et qui ne va peut-être pas se révéler le héros que tout le monde attendait. Un texte efficace, prenant, sans temps-morts et rempli de rebondissements, mais qui offre aussi une réflexion intéressante sur la folie ainsi que sur le pouvoir de l’esprit, mais qui aurait sûrement mérité, selon moi, une conclusion un peu plus longue peut-être. Je me suis senti légèrement frustré devant ses quelques lignes d’explications finales, même si elles remplissent parfaitement leurs rôles.

Les Gens des Pierres de Franck Ferric : La postface met en avant que l’auteur nous offre ici une variation du poème The Lady of Shalott, où l’héroïne est obligée de vivre recluse dans une tour sans possibilité de voir la réalité, excepté à travers un miroir placé dans sa chambre, sous peine de le détruire. Je ne connaissais pas du tout ce poème ce qui a peut-être influencé ma vision de ce texte car J’avoue j’ai eu un peu de mal à complètement accrocher. Il n’est pas mauvais, principalement sur le travail sur les chevaliers de Camelot épuisés,  aigris et jaloux qui essaient de maintenir debout un château qui tombe en ruine et de trouver l’espoir. Leurs visions de la vie va se retrouver alors complètement bouleverser le jour où Taliesin va leur rendre visite. Là où j’ai moins accroché c’est l’imbrication de la Dame de Shalott dans tous cela, les deux histoire ayant, selon moi, du mal à vraiment se rejoindre malgré une fin pleine d’espoir de rédemption. Comme si l’auteur racontait deux histoire différentes et pouf elles se rejoignent à la fin comme par enchantement. Dommage j’ai l’impression d’être un peu passé à côté.

Lance de Jeanne-A Debats : Avec cette nouvelle on revient dans le plus contemporain, en 1937 pour être précis. Navarre le vampire (déjà présent dans Métaphysique du Vampire et d’autres nouvelles) part en mission pour aller réveiller Lancelot pour qu’il tue un Dragon avec la Sainte Lance. On retrouve avec plaisir notre vampire à la sexualité débridé dans une histoire toujours aussi efficace, pleine d’action, de rebondissement et de surprises l’ensemble toujours aussi bien porté par des dialogues percutants et des personnages hauts en couleur. Mais surtout l’auteur nous offre une réflexion intéressante sur la chevalerie et la perception qu’on en a, Lancelot se révélant aux premiers abords un être magnifique, empli d’honneur, mais qui au fil des pages va se révéler complètement différents, hors du temps et bourré de principes, souvent sectaires, d’une époque révolue et qui n’auraient jamais dû ressortir. Au final le héros, le chevalier, n’est pas toujours qui l’on croit ni celui dont on a besoin. L’ensemble est toujours présenté sur un ton drôle, décalé et cynique qui fait qu’on se laisse toujours aussi facilement emporter par cette aventure.

Pourquoi dans les Grands Bois, Aimé-je à M’égarer de karim Berrouka : De nouveau cette nouvelle plonge Lancelot dans un univers contemporain récent et, comme la nouvelle précédente, l’auteur situe le chevalier dans son propre univers d’enquêteurs déjà présenté dans le roman Fées, weed & guillotines. L’équipe de la BCE va enquêter  après un massacre en forêt bretonne et vont y trouver un ermite qui se trouve être Lancelot, à la recherche de tranquillité dans son immortalité, que vient déranger fréquemment Gauvain qui cherche à se venger. De nouveau sur le ton de l’humour, j’ai trouvé cette nouvelle sympathique, même si elle ne m’a pas complètement convaincue la faute, selon moi, au déséquilibre entre les enquêteurs déjanté aux profils si différents et Lancelot. Le chevalier se révèle être limite que secondaire, sauf dans ce duel de conclusion plein de gouaille avec Gauvin qui se révèle complètement délirant et efficace. En tout cas les personnages, ainsi que l’humour de l’auteur et le ton léger m’ont donné envie de lire son roman pour découvrir ses héros dans une histoire qui leur est propre.

 

Lancelot est un personnage vraiment complexe dans sa façon d’être appréhendé par chacune à la fois noble et traitre, aimé et déteste, héroïque et fourbe, un héros aux multiples visages dont les neufs textes de cette anthologie nous proposent une variation à chaque fois différente et finalement nous présente un protagoniste souvent simplement humain. Des nouvelles qui, dans l’ensemble, même si elles ne m’ont pas toutes accrochées de la même façon et avec la même intensité, se révèlent intéressantes et m’ont offert un bon moment de lecture et de découverte aussi sur le cycle arthurien.

En résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec cette anthologie qui nous propose neuf textes différents sur Lancelot, un personnage haut combien complexe et compliqué. Qu’il se retrouve dans un univers d’époque où un univers contemporain, dans l’ensemble ces neufs nouvelles se sont révélées vraiment intéressantes et efficaces même si elles ne m’ont pas toutes accrochées de la même façon. Entre humour, fantasy, onirisme ou magie chaque texte apporte sa propre pierre à la légende ainsi qu’au personnage et mérite d’être découvert pour peu qu’on s’intéresse à Lancelot. Je suis content d’avoir pu découvrir cette anthologie qui m’a aussi permis de découvrir des auteurs dont je n’avais encore lu aucun texte.

Ma Note : 8/10

Morwenna – Jo Walton

morwennaRésumé : Morwenna Phelps, qui préfère qu’on l’appelle Mori, est placée par son père dans l’école privée d’Arlinghurst, où elle se remet du terrible accident qui l’a laissée handicapée et l’a privée à jamais de sa sœur jumelle, Morganna. Là, Mori pourrait dépérir, mais elle découvre le pouvoir des livres de science-fiction. Delany, Zelazny, Le Guin et Silverberg peuplent ses journées, la passionnent.
Un jour, elle reçoit par la poste une photo qui la bouleverse, où sa silhouette a été brûlée. Que peut faire une adolescente de seize ans quand son pire ennemi, potentiellement mortel, est une sorcière, sa propre mère qui plus est? Elle peut chercher dans les livres le courage de combattre.

Edition : Denoël Lunes d’Encre

 

Mon Avis : Ce livre fait clairement parti des romans dont j’attendais impatiemment la sortie cette année. Il faut dire qu’il a beaucoup fait parler de lui au moment de sa sortie en VO au point de se voir récompenser par le prix Hugo, Nebula et le British Fantasy Award. Alors, bien entendu, les distinctions ne reflètent pas toujours le niveau du livre et dépendent des années ainsi que du lecteur, Blitz en est la preuve de mon côté, mais voilà rien que le quatrième de couverture a réussi à me convaincre par son aspect magique et humain. Je n’ai donc pas attendu longtemps, une fois le récit publié en France, pour le faire entrer dans ma PAL et me lancer dans sa lecture. À noter aussi une illustration de couverture qui, je trouve, donne envie par son aspect un peu féérique et qui colle parfaitement au récit.

Une fois la dernière page tournée, j’avoue, j’ai été vraiment emporté et touché par ce récit. Mais déjà mettons au point certaines choses, si vous cherchez dans ce roman de l’action, du rythme ou bien une histoire de fantasy avec quête, gobelins, nains et autres passez votre chemin, ce n’est aucunement le but de ce livre. L’auteur cherche plus ici quelque chose d’intime, à dévoiler, à faire découvrir. On suit une tranche de vie, mélange de conte de fées et de souffrance, d’une jeune adolescente blessée de façon physique et psychologique, qui a perdu sa sœur jumelle suite à un accident et obligée d’aller vivre avec un père inconnu après avoir fuie une mère sorcière et un peu folle. Donc au final pas de véritable intrigue dans le sens premier du terme, mais simplement l’évolution de cette héroïne qui cherche à se construire et à se reconstruire, un roman profond aux nombreux points qui m’ont conquis et font que ce récit se révèle comme une très belle révélation de lecture.

Déjà le premier point qui ne pouvait que m’accrocher c’est l’amour de l’héroïne pour la lecture et les livres sous toutes ses formes, aussi bien par l’achat en librairie ou en prêt à la bibliothèque, et plus principalement sur la littérature de l’Imaginaire, même si elle laisse sa chance à tout type de livre. Lire est une véritable passion pour Morwenna et ça se ressent, elle arrive à retransmettre cet amour au fil des pages et surtout m’a clairement donné envie de relire certaines des œuvres qu’elle cite tout au long du roman, principalement à travers ses mots simples ses avis énergiques et exaltés. Elle arrive vraiment à parler au lecteur et à donner envie de plonger ou replonger dans ces récits. En tant que lecteur de ce genre de romans depuis mon adolescence je ne pouvais que me reconnaitre et me sentir captivé. Mais surtout la lecture a aussi une importance capitale pour elle, car elle lui permet premièrement de s’évader, mais aussi de support pour avancer dans sa vie aussi bien personnelle que ses relations avec autrui. Elle se sert de ses différentes lectures pour se définir elle-même et aussi développer son esprit sur tout ce qui l’entoure.

Ce roman nous offre aussi une belle leçon d’acceptation, que ce soit des pensées et idéologies différentes, mais aussi des autres, de tous les autres. Cela se ressent premièrement par son travail tout en finesse et en émotion de son héroïne ouverte d’esprit et de cœur qui vit dans un monde ou tout est jugé, apprécié et validé selon des normes implicites comme l’argent, l’apparence ou la position sociale. Mori en est la preuve, galloise au milieu d’anglais, obligée de marcher avec une canne suite à son accident, elle va découvrir le rejet des autres et pourtant cela ne l’empêche pas de vivre, de rencontrer des gens et d’être aimée. Mais c’est aussi une leçon d’acceptation pour le lecteur qui doit accepter Morwena avec toutes ses différences et aussi le fait qu’elle voit des fées. Vrai ou pas? Destin ou fée? c’est au lecteur de faire son propre choix, de ne pas la juger et finalement de se rendre compte que ce sont ses différences et ses souffrances qui font la grande force de cette adolescente, qui font aussi qu’elle est unique et profondément humaine.

Morwenna est d’ailleurs au final une des grandes réussites de ce récit, comment ne pas s’accrocher, une fois sa différence acceptée, à cette petite fille à la fois fragile et forte, sincère, qui doit gérer seule son adolescence, son entrée dans la vie d’adulte et qui doit aussi surmonter le deuil de sa sœur. On ressent à travers ses écrits ses moments de doutes, de plaisir, de joie, de souffrance mais aussi de changements, que ce soit vis-à-vis de sa vie de tous les jours, des relations familiales, de la sexualité ou encore des amitiés, qu’elle essaie de surmonter, à sa façon, par la lecture en premier lieu et quand la lecture lui fait défaut par la magie qu’elle semble manipuler. Il faut dire que rien n’est fait, non plus, pour l’aider, son entourage n’étant pas vraiment présent pour la soutenir comme il devrait avec une mère a moitié folle et sorcière, un père qu’elle découvre alors qu’il l’a abandonné à la naissance et une famille qui l’a élevée mais qu’elle ne peut quasiment pas voir. Tout est aussi toujours remis en question, elle doute comme toute adolescente qui grandit pour devenir adulte. L’auteur a vraiment réussi a offrir un personnage riche en émotion et en sentiments, avec une touche de candeur devant les changements et les évolutions qui s’opèrent. Une héroïne véritablement humaine et remplie de tristesse face à la mort de sa jumelle dont, pudique, on n’en apprendra que le minimum, et qui pourtant ne l’empêche pas de continuer à avancer, à aimer la vie et tout ce qu’elle peut lui apporter même si rien n’est acquis et rien n’est facile.

Le cadre et l’environnement choisi par l’auteur n’est pas non plus anodin , déjà par le choix de faire son héroïne une jeune fille Galloise ; le Pays de Galles faisant partei des contrées où il est logique de rencontrer des fées, mais aussi état plus rustique et ouvert, le tout en opposition avec l’Angleterre où les fées ignorent et sont ignorées, où il est obligatoire de respecter certaines conventions. La grande force de cet univers est aussi de pouvoir faire entrer le surnaturel de façon vraiment logique et cohérente à travers le regard de son héroïne, que l’on y croit ou pas elle rend l’ensemble vrai et magique. D’ailleurs l’auteur nous offre une vision du mystérieux qui est, d’une certaine façon, mélancolique et différent, hantant les anciens bâtiments et lieux industriels que la nature reconquiert doucement, n’ayant pas de véritable forme, ni de noms, se révélant parfois affaiblis, loin de la splendeur que certains imaginent. Il propose de réaliser des souhaits mais d’une façon totalement aléatoire et sans jugement, un peu comme l’idée qu’on se fait de l’effet papillon ; effectuer une petite action comme lâcher une feuille dans une marre pouvant amener de lourdes conséquences. Mais voilà magie ou hasard c’est au lecteur de décider. Le choix de l’époque se révèle aussi important, la fin des années 70 et le début des années 80, début de nombreux changements de société et d’évolution qui colle justement bien aux changements de Mori.

L’aspect qui m’a, par contre, dérouté dans ce roman vient de son style. Présenter comme un journal intime j’avoue qu’il tendait plus vers une accumulation de faits avec pas mal de petites répétitions ici ou là. J’avais un peu de mal à complètement accrocher à la façon dont présentait l’héroïne les choses. C’est plus une accroche jouant sur les non-dits et les aspects cachés que quelque chose de direct, il force ainsi le lecteur à faire ses propres choix sur pas mal de points et à se faire ses propres idées. Il m’a fallu un léger temps d’adaptation, mais une fois le tout assimilé je ne pouvais plus lâcher ce livre. J’avoue aussi avoir trouvé la conclusion un peu trop flamboyante, comme si l’auteur avait cherché à trop en faire. Je ne nie pas la symbolique, dont je pense en avoir pleinement compris le sens, mais elle m’a semblé un peu trop déconnecté, principalement dans les actions et les connaissances de Morwenna, par rapport à ce qui avait été présenté précédemment. Mais franchement ce ne sont là que des broutilles tant je me suis retrouvé emporté par ce roman, poignant, féérique, véritable déclaration d’amour à la littérature et qui fait vraiment réfléchir. Si les littératures intimistes, humaines, sans action et pleines de réflexions vous tentent alors lancez-vous dans ce livre il risque de vous plaire.

Vous pouvez retrouver la liste des livres cités dans ce roman sur le blog de Lorhkan ici.

En Résumé : J’ai passé un excellent moment de lecture avec ce roman qui m’a offert de découvrir une tranche de vie à travers le journal intime de Morwenna. Ici pas d’intrigue ou d’action, simplement la vie d’une jeune fille qui croit voir les fées et qui doit avancer après la mort de sa sœur jumelle, retrouvant un père jamais connu après avoir fuie sa mère à moitié folle et sorcière. Ce récit est une véritable histoire d’amour à la littérature, et principalement à la littérature de l’imaginaire, mais offre aussi un véritable hommage à la différence et à l’acceptation des autres. L’héroïne se révèle véritablement attachante, étant meurtrie et qui pourtant, à travers ses livres et sa « foi » en les fées, va se construire et se reconstruire vers sa vie d’adulte. L’environnement mis en avant par l’auteur colle parfaitement au récit. L’auteur arrive aussi vraiment à faire entrer le surnaturel dans le réel de façon vraiment logique et cohérente et surtout propose au lecteur le choix de croire ou non dans la capacité de Mori de voir les fées et de faire de la magie. J’avoue j’ai tout de même été perturbé au début par le style, très factuel et qui joue beaucoup sur les non-dits, poussant le lecteur à faire ses propres décisions, mais une fois dans l’histoire je n’ai alors plus lâché ce livre tournant les pages avec plaisir. La conclusion se révèle aussi un peu trop flamboyante selon moi même si j’en ai pleinement compris la symbolique. Mais bon ce ne sont que des broutilles tant j’ai été captivé par Morwenna. Si ce genre de récit vous plait, c’est un roman à découvrir.

 

Ma Note : 9/10

 

Autres avis : Lorhkan, Lune, Efelle, A.C. de Haenne, …

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