Catégorie : Fantasy Page 34 of 69

Blood Song Tome 1, La Voix du Sang – Anthony Ryan

blood song t1 la voix du sangRésumé : Vaelin Al Sorna, héros légendaire du Royaume Unifié, accomplit son dernier voyage. Sur le navire qui l’emmène vers sa condamnation, il raconte à un jeune chroniqueur impérial les événements qui l’ont conduit à cette tragique conclusion.
Vaelin aurait dû succéder à son père, le célèbre Seigneur de Guerre, mais il était promis à un autre destin. Confronté dès l’enfance au quotidien rude d’un combattant de la Foi, il n’aura désormais pour seule famille que l’Ordre qui l’a recueilli dans ses rangs. C’est là, entre les maîtres sans pitié et les épreuves initiatiques mortelles, qu’il se liera à vie à ses frères d’armes, et à celle qu’il n’a pas le droit d’approcher. Devenu le fer de lance d’un royaume gouverné par le sang, Vaelin est redouté sur tous les champs de bataille. Mais c’est pourtant son humanité qui fera de lui à la fois un héros et un traître…

Edition : Bragelonne

 

Mon Avis : Comme tous les ans les éditions Bragelonne propose de nous faire découvrir leur grand coup de cœur de l’année. Depuis quelques années j’avoue faire de plus en plus attention avec cette appellation ; les dernières années s’étant révélées pas toujours au niveau que j’espérais et pourtant j’avais bon espoir avec la cuvée de cette année, présenté comme du Gemmell raconté dans le style du Nom du Vent. Cela a eu le don de m’intriguer. Par contre qui dit coup de cœur dit communication importante et là je me demande si l’éditeur n’en fait pas un peu trop, présentant l’auteur comme quelqu’un qui laissera certainement sa marque sur le genre de la Fantasy moderne. En tout cas je trouve la couverture, illustrée par Didier Graffet, sympathique même si l’aspect personnage à cape devient un peu redondant ces derniers temps.

Ce premier tome nous propose finalement de découvrir un roman de Fantasy assez classique dans sa construction, avec ce héros qui, par la force des choses, va rencontrer un chroniqueur et va alors lui raconter sa vie. On se retrouve alors avec avec une intrigue qui se révèle initiatique où il va se retrouver abandonner, enfant, par son père à l’Ordre qui va en faire un guerrier de la Foi. Le roman peut se diviser en deux grandes parties, la première sur l’apprentissage, l’amitié, la construction de soi, la découverte de la mort et l’appartenance à un groupe, la seconde où notre héros a évolué, gagné ses galons et va découvrir la guerre, les luttes de pouvoir, les trahisons, l’amour impossible et les manipulations ; l’auteur n’offre donc en soit rien de nouveau sous le soleil. Par contre j’ai trouvé intéressant que l’auteur ne se soit pas laissé tenter d’écrire un roman complet pour chaque partie. Il aurait pu nous faire un roman entier sur l’apprentissage du héros par exemple, même si cet aspect condensé à l’inconvénient de rendre certains passages moins marquants, comme par exemple le coup du camarade rival dont le lecteur ne ressent jamais cette compétition et cette jalousie, elle ne parait jamais exister ni être aboutie.

Pourtant l’ensemble se laisse lire facilement, cela a beau être classique il connait parfaitement les codes du genre pour les reproduire efficacement, offrant un récit entrainant, plutôt bien rythmé avec son lot d’action et efficace. On se retrouve à suivre les aventures de Vaelin Al Sorna avec plaisir et envie d’en apprendre plus. On peut très bien rester très classique et offrir quelque chose d’intéressant et de solide, c’est justement ce que propose l’auteur ici. Mais voilà, je regrette quand même qu’il ne soit pas un peu plus sortis des carcans traditionnels, car au final, à force de rester en terrain trop connu, il balise son histoire et pour quelqu’un qui lit régulièrement de la Fantasy il risque alors de trouver l’ensemble linéaire et sans véritable surprises. De la première à la dernière page aucune des tentatives d’offrir des coups de théâtres n’ont jamais complètement marché tant je voyais les choses arriver à l’amont. L’auteur se laisse aussi aller un peu trop, offrant par moment certaines longueurs inutiles, 50 voir 100 pages de moins aurait apporté un plus je pense, surtout vers la fin où on se retrouve dans du flashback de flashback parfois inutile. Mais rien de non plus bloquant,  compensé par une histoire fluide, épique, pleine d’aventures et de péripéties.

Concernant l’univers là non plus l’auteur ne révolutionne pas le genre avec un Royaume Unifié sous la coupe d’un Roi considéré comme juste et bon, ainsi qu’une foi qui repose sur six ordres allant du guerrier à l’inquisiteur en passant par le soigneur. Un univers qui se révèle solide, complexe et prenant que l’auteur développe de plus en plus au fil des pages et des rencontres que font le héros, le densifiant et dévoilant ensuite manipulations et conspirations. On se rendra très vite compte que de nombreux aspects restent mystérieux, que ce soit aussi bien sur le pouvoir que sur les Ordres, ce qui offre ainsi de nombreuses possibilités de développements à l’auteur, cherchant ainsi à jouer avec le lecteur. La magie que développe l’auteur se révèle elle aussi efficace, mais sans non plus sortir des aspects classiques de la Fantasy, cette voix du sang me faisant un peu penser à ce que proposait Elspeth Cooper avec son chant, quoique en beaucoup plus subtil chez Ryan ce qui est une bonne chose, évitant le syndrome du héros invincible. Je regrette par contre un ou deux points qui manquent de logiques, rien de bien méchant, mais qui m’a fait lever les yeux au ciel. Par exemple ce molosse, soit-disant présenté comme un pit-bull ne vivant que pour son maitre et personne d’autre sous peine de se faire bouffer un bras et qui au fil du récit finit en labrador que tout le monde peut papouiller, où bien un personnage ne voulant pas tuer un innocent qui se dresse devant lui lui coupe la main en lui criant de fuir sinon il va mourir (je dois revoir mon cours de biologie, mais il n’y a pas des artères dans la main), ou encore ce cheval qui attrape une gourde entre ses dents et incline la tête pour boire au goulot (???).

Concernant les personnages l’auteur tente de nous offrir des personnages qui se révèlent complexes, soignés avec un minimum de profondeur et d’intensité pour que le lecteur s’attache à eux. Concernant le héros et ses amis cela fonctionne plutôt bien, on s’intéresse à eux, à leurs souffrances, leurs envies, leurs passés trouble qui se révèle. J’ai juste quelques regrets concernant le héros, l’auteur cherchant à en faire, comme c’est à la mode depuis Robin Hobb, un assassin torturé par ses actes. Le problème c’est que ça ne prend jamais, il ne suffit pas de dire de temps en temps « mon dieu je suis un monstre, un assassin » pour arriver à m’émouvoir, surtout quand il n’y a jamais un minimum d’acte de rébellion ou d’envie de changer. On pourra me dire qu’il est figé dans les préceptes de sa foi ce qui l’empêche de réagir, mais non je ne suis pas d’accord car il va régulièrement, pour d’autres aspects, à l’encontre des règles. De plus l’auteur a beau tenté de faire le maximum pour le rendre fascinant, je ne sais pas trop, il m’a paru manquer de charisme. Il n’arrive pas à atteindre cet attachement que j’ai pour des héros comme Fitz ou Kvothe, principalement dans sa façon de commander qui parait trop simpliste. Ce qui n’empêche pas de suivre ses aventures avec plaisir. Concernant les personnages secondaires il y en a énormément et même si dans l’ensemble ils se révèlent efficaces, parfois ils manquent de profondeur, je pense par exemple à la princesse, dont on cherche à en faire une manipulatrice, mais qui manque de profondeur pour y croire.

La plume de l’auteur se révèle fluide, efficace et un minimum entrainante, offrant ainsi une histoire divertissante. La conclusion, malgré la nouvelle utilisation d’une ficelle un peu trop classique de la Fantasy, se révèle intéressante et soulève assez de questions pour me donner envie de découvrir la suite. Au final ce roman est un roman de Fantasy solide mais qui reste très classique dans sa construction et son déroulement, ce qui fait qu’il est loin d’être la claque annoncée ou LE roman marquant de la Fantasy moderne. Cela ne l’empêche pas d’offrir un divertissement efficace qui peut permettre au jeune lecteur de se lancer dans la Fantasy et aux habitués, pourquoi pas, de passer un agréable moment de lecture. Je lirai le second tome avec plaisir pour savoir ce que va offrir l’auteur par la suite.

En Résumé : J’ai passé un moment de lecture sympathique avec ce livre. L’histoire ne révolutionne pas le genre de la Fantasy, se révélant très classique, mais l’auteur arrive à la rendre solide et efficace malgré une certaine linéarité et un certain manque de véritable surprise pour les habitués du genre. Je regrette par contre certaines longueurs, surtout vers la fin, où Anthony Ryan se lance dans des flashback de flashback inutiles selon moi. L’univers développé par l’auteur se révèle intéressant et ne manque pas de charme, possédant ses secrets, ses trahisons et ses luttes de pouvoir malgré quelques petites incohérences. On découvre pas mal de personnages au fil des pages, le héros et ses compagnons se révèlent complexes, soigné et entrainants, même si je trouve que Vaelin manque un peu de charisme et son aspect torturé m’a paru mal géré. La plume de l’auteur se révèle fluide et efficace dévoilant une conclusion, certes qui apporte de nouveaux aspects classiques, mais qui ne manque pas de charme. Alors clairement ce livre est loin d’être le coup de cœur ou la claque de la Fantasy moderne, mais il est agréable à lire, divertissant et je lirai la suite avec plaisir.

 

Ma Note : 7/10

 

Autres avis : Flo, Lady K, Plumeline, Phooka, …

Au-Delà de L’Oraison Tome 2, La Chute des Etoiles – Samantha Bailly

la chute des etoilesRésumé : Le royaume de Rouge-Terre est sur le point d’être envahi. L’armée d’Hélderion est en marche, implacable, avec une seule directive : tout raser sur son passage. Noony, impuissante, ne peut que constater la démesure de son dirigeant, prêt au sacrifice de ses soldats pour exterminer les « impies ».
Aileen a, elle aussi, pu entrevoir la folie de cet homme. Elle décide alors de se battre aux côtés des résistants et de participer à l’opération chute des étoiles. L’engagement est pris, elle fera tout pour les aider à gagner leur liberté.
A des milliers de kilomètres l’une de l’autre, les deux sœurs continuent leur combat désespéré pour un monde plus tolérant et plus juste.
Pourtant, l’annonce du nom de la promise du futur Astracan pourrait bien tout changer.

Edition : Mille Saisons

 

Mon Avis : Il m’a fallu un peu plus de deux ans pour pouvoir me lancer dans la lecture de la suite d’Oraison. Pourtant le premier tome m’avait offert une lecture agréable et divertissante avec une intrigue complexe et des personnages intéressants (ma chronique ici), mais voilà, suite à plusieurs changements chez l’éditeur Mille Saisons et un basculement de Oraison chez un autre éditeur, ce second tome a alors disparu de la circulation. Pour terminer ce diptyque j’aurai pu me laisser tenter par l’intégrale publiée chez Bragelonne, mais je suis têtu j’ai préféré attendre et ainsi voir si je pouvais me procurer ce volume. Il m’a donc fallu attendre plusieurs mois avant de faire rentrer cette suite dans ma PAL. Je trouve par contre la couverture, illustrée par Miya, moins jolie que celle du premier tome, moins fluide dans ses traits.

Replonger dans le récit fut finalement facile, malgré deux ans d’écart entre ma lecture du premier tome et de celui-ci. L’histoire s’est rapidement rappelée à moi, le tout grâce à des rappels efficaces et bien placés, et je me suis retrouvé rapidement happé par ce roman. L’intrigue continue à s’étoffer et, après les révélations du premier tome, des masques sont tombés, des vérités sont apparues et des combats vont devoir être menés. Un second tome qui nous offre une intrigue solide, avec son lot de révélations, de trahisons et de rebondissements. J’avoue que sur l’ensemble ce second tome se lit plutôt facilement, on tourne les pages avec un minimum d’envies même si je reprocherai une certaine linéarité dans le récit. Le soucis vient par contre que, devant les indices qu’amène l’auteur, la conclusion perd justement de ses effets de surprises, car là où l’auteur cherche à mettre des coups de théâtre, je les avais devinés depuis un bon moment déjà. Je pense principalement à ce qui touche le secret sur l’Ioden ou encore l’utilité de l’Oraison. Rien de non plus très bloquant, car dans l’ensemble le récit se révèle assez vif et enlevé pour ne pas trop être dérangé durant la lecture par ces aspects.

L’univers que nous offre l’auteur est l’un des gros points forts du roman, dévoilant un monde cohérent, solide et efficace. Alors certes, il ne révolutionnera pas la Fantasy, mais ça ne l’empêche pas de se révéler immersif, bien porté par des descriptions de lieux, mais aussi de cultures, qui se révèlent clairement colorés, fascinants et parfois magiques. Ce second tome nous permet aussi d’en apprendre beaucoup plus sur ces fameux impies de Rouge-Terre ainsi que leur importance dans l’ensemble. Un monde qui se révèle aussi sombre, violent et même cruel. Mais c’est surtout le travail sur la religion qui se révèle le plus captivant, tout ce que met en place l’auteur sur l’Astracisme, que ce soit par son importance et son influence de façon globale et aussi dans la vie de certains personnages, mais aussi par son besoin de pouvoir et de conquêtes qui n’est pas anodin. Une religion qui dévoile ses secrets au fil des pages et qui nous offre une réflexion plutôt efficace sur l’importance de celle-ci, mais aussi sur ses fondements qui ne sont pas toujours ce que l’on peut croire. On y retrouve aussi quelques idées, certes un peu simplistes, mais intéressante sur le pouvoir et tout ce qui pousse l’Homme à le conserver au maximum.

Concernant les personnages j’avoue que je suis un peu mitigé, même si dans l’ensemble ils se révèlent plutôt efficaces et entrainants j’ai trouvé que l’auteur avait parfois un peu de mal à les caractériser. Concernant les personnages principaux ils se révèlent plutôt réussis, évoluant au fil des pages et des épreuves qu’ils subissent, devant faire face à des choix qui se révèlent loin d’être faciles, mais pourtant cruciaux. Et pourtant j’ai trouvé que certains passages, voir certains actes manquaient clairement de cohérence et de logique, comme si l’auteur voulait obligatoirement amener telle scène sans chercher à bien l’intégrer dans le récit. De plus j’ai eu un peu de mal avec le personnage de Aileen, ou plutôt avec sa capacité à surmonter toutes les épreuves qu’elle subit avec une facilité limite déconcertante, là où elle devrait limite s’effondrer psychologiquement. De plus au cours de ce tome ce sont principalement ses alliés qui la font souffrir et pourtant jamais elle ne les renie. Ça m’a paru légèrement incohérent. Concernant les personnages secondaires, ils ont parfois eu du mal à complètement m’accrocher, se révélant un peu trop figés et par moments caricaturaux. De plus, parfois, dès qu’un personnage secondaire se révélait inutile ou bien va bloquer l’intrigue il meurt, obligatoirement, il n’a pas d’autres choix. Ce n’est en rien dérangeant, mais un peu répétitif.

Alors après ce roman possède aussi clairement quelques facilités un peu grossières permettant de faire avancer l’intrigue de la façon dont le souhaite l’auteur et qui manquent parfois de logique, surtout sur la fin. Concernant la conclusion, sans se révéler mauvaise loin de là, elle m’a semblé un peu trop facile dans certains aspects de son déroulement, ainsi que dans la capacité des personnages à accepter certaines choses. De plus j’ai trouvé qu’elle traînait un peu en longueur et le tout dernier chapitre, celui de l’épilogue, possède tout de même une belle et grosse incohérence, ce qui est dommage. Alors attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, ce second tome se révèle sympathique et offre un agréable divertissement, entrainant, mais on sent bien qu’il s’agit ici d’un premier roman.

La plume de l’auteur se révèle vraiment fluide, efficace et agréable à suivre tout du long, principalement par les lieux et les décors qu’elle construit et le rythme efficace qu’elle insuffle, par contre j’ai trouvé que certains dialogues se révélaient trop hachés et offrant même parfois une impression d’être surjoués. Rien de bien gênant non plus. Par contre, je tiens à rappeler que j’ai lu l’édition Mille Saisons pour me faire mon avis, l’auteur ayant retravaillé son texte avant de le rééditer chez Bragelonne. Au final j’ai trouvé ce cycle très sympathique et je lirai d’autres écrits de l’auteur sans soucis, surtout que j’ai cru comprendre qu’elle voulait revenir dans le même univers.

En Résumé : J’ai passé un moment de lecture agréable et sympathique avec ce second tome qui vient clôturer ce cycle. L’intrigue se révèle efficace, solide et entrainante, même si je l’ai trouvé légèrement linéaire et parfois sans surprises tant l’auteur amène trop d’indices. L’univers construit par l’auteur se révèle un des gros points forts du roman, se révèlent dense, soigné et complexe, dévoilant des décors magnifiques. Le travail sur la religion se révèle complexe et passionnant. Concernant les personnages je les ai trouvé plutôt intéressants même si certains m’ont parus légèrement incohérents ou bien acceptent un peu trop facilement les choses. Concernant les personnages secondaires ils remplissent bien leurs rôles, mais tombent parfois un peu dans la caricature. Je trouve par contre dommage certaines facilités, une incohérence un peu grosse ainsi que parfois, au cours du récit, certaines simplicités. La plume de l’auteur se révèle entrainante, efficace et agréable. Au final un diptyque avec ses qualités et ses défauts, dont on sent qu’il s’agit d’un premier roman, mais que j’ai trouvé très divertissant et sympathique ; je lirai d’autres écrits de l’auteur sans soucis.

 

Ma Note : 7/10

 

Autres avis : Flo, Lanyla, Ptitetrolle, Selvegem, …

Osama – Lavie Tidhar

osamaRésumé : Dans un monde proche du nôtre, mais où le terrorisme international n’existe pas, nous découvrons Joe, un détective privé tiré des films noirs des années 60. Il est engagé pour retrouver Mike Longshott, un obscur auteur de romans pulp, ayant pour personnage principal un certain Osama Bin Laden. Dans ses romans, l’auteur dépeint un monde proche de celui de Joe, mais où Bin Laden est bien réel… un monde comme le nôtre. Afin de mener à bien sa mission, Joe parcourt la planète et découvre les Réfugiés. Il plonge alors dans un univers où la frontière entre son existence et la nôtre disparaît, et les secrets qu’il y découvre risquent bien de le tuer…

Edition : Eclipse

 

Mon Avis : Je me suis laissé tenter par ce roman la faute à tout son aspect intrigant ; que ce soit à travers son résumé ambigu, déroutant qui annonçait clairement une histoire dans le style de ce qu’a pu proposer Philip K. Dick dans Le Maître du Haut Château, mais aussi par sa couverture, illustrée par Pedro Marques, que j’ai trouvé vraiment sobre, attirante et efficace. Il a donc rapidement rejoint ma PAL avec clairement l’envie de découvrir ce que pouvait bien proposer l’auteur. Attention par contre au risque de spoiler.

Ce livre nous propose donc l’histoire de Joe, détective privé, qui est commandité par une jeune et belle inconnue pour retrouver l’auteur de romans de gare sur le personnage de Oussama Ben Laden. Car oui Joe ne vit pas dans notre monde, dans son monde le terrorisme n’existe pas et des êtres comme Oussama ne sont que des personnages de fiction. Le monde de Joe a finalement évolué différemment du nôtre, surtout après la seconde guerre mondiale. Il donne ainsi l’impression d’être figé dans un vieux policier, la technologie se révélant vieillotte, mais il a aussi vécu l’après-guerre différemment. Les conflits mondiaux ont été gérés de façon différentes et l’ensemble de la planète parait d’une certaine façon plus équitable, un peu mieux géré. Mais voilà la quête de Joe va finalement se révéler plus profonde qu’on le croit, plus intime, elle va le forcer à découvrir des secrets qui aurait dû rester cachés et surtout à se découvrir lui-même.

L’auteur nous plonge alors clairement dans un récit trouble, énigmatique où le lecteur est loin de voyager de façon classique, l’intrigue n’étant ici qu’une façon de porter le lecteur par la réflexion et les aspects cachés. Il ne cherche pas à lui construire quelque chose de linéaire, mais à travers les chemins détournés empruntés par le héros et les non-dits il offre un roman étrange, subtile, fascinant par certains aspects, déroutants par d’autres, mais qui surtout ne laisse pas indifférent. Car oui, autant le dire tout de suite, si vous recherchez un roman avec introduction, développement, conclusion, le tout balisé et avec de l’action, alors passez plutôt votre chemin, par contre si les histoires où la fiction et la réalité se mélangent, où les réponses n’en sont pas et apportent encore plus de questions, où l’ensemble possède un côté perturbant et déroutant et où finalement l’histoire sert plus à pousser le lecteur à la réflexion, alors laissez-vous tenter et faites-vous un avis avec ce Osama.

Le voyage du héros va l’amener à aller à Paris, Londres, New York ou encore Kaboul, mais très vite on va se rendre compte qu’on plonge dans un voyage surréaliste, déroutant rempli de questions sans réponses, et où on rencontre des indistincts, des êtres qui ne sont pas figés, qui peuvent apparaitre et disparaitre sans aucune logique. Des êtres qui fuient quelque chose, qui cherchent à se cacher. Qu’est-ce qui est vrai et qu’est-ce qui ne l’est pas? La réalité qu’on connait déborderait-elle sur celle de Joe où est-ce l’inverse? On a vraiment l’impression alors de suivre Joe à travers les décors et la construction d’une histoire imaginaire, d’un cinéma fictif, labyrinthe, ou le héros se serait alors téléporté ou enfermé. Mais voilà l’important ne vient pas de la vision global, de l’ensemble, mais plus des détails qu’on trouve au fil des pages qui, pour peu qu’on les cherche, viennent déstabiliser et surprendre, ou bien aussi des questionnements efficaces du héros qui ne laissent pas indifférent.

En effet l’auteur cherche aussi à pousser le lecteur à se poser la question du terrorisme, mais du terrorisme dans son ensemble, ce qui a poussé à son existence, à cette sorte de folie folie, mais aussi aux réponses parfois disproportionnées qui sont fournies. Pour cela il a donc imaginé un monde différent, qui nous questionne alors clairement sur les choix qui ont été fait depuis plusieurs décennies et se demande si, en faisant autrement, les choses auraient été meilleures? De plus comment définir le terrorisme, peut-on vraiment le limiter à un homme quand il parait reposer sur certaines idées? Il n’oublie pas pour autant la violence et l’horreur du terrorisme à travers des scènes parfois sombres, froides, sanglantes et cliniques.

Il nous pousse aussi à la réflexion sur la façon dont on affronte ce terrorisme, comment on l’assimile cette violence et cette souffrance ; l’auteur le montrant alors clairement, on ne peut pas. Tout devient alors fiction dans laquelle chacun se jette pour rendre le tout acceptable et cohérent pour soi. Car au final qui est Joe, ou plutôt qu’est-il? la réponse n’est jamais vraiment donné, il pourrait être n’importe qui, aussi bien une victime, qu’un destructeur, mais une chose est sûre il fuit la réalité et la vérité. Il ne l’accepte pas, la rejette, se construisant une vie de cinéma. Cinéma qui a son importance dans l’ensemble du livre. L’auteur construit alors un vrai trouble identitaire à la fois fascinant et perturbant, donnant l’impression de se perdre dans les méandres de l’esprit du héros.

La comparaison avec Philip K. Dick n’est pas anodine, les ressemblances entre Osama et Le Maître du Haut Château se révèlent assez visible avec ce monde parallèle qui se retrouve chambouler par des écrits d’un possible autre monde, le nôtre, mais là ou Dick prenait la seconde guerre mondiale, Lavie lui décide de prendre comme point d’ancrage la catastrophe du 11 septembre. Par contre, contrairement à Dick qui construisait un récit à plusieurs voix, ici on ne suit que Joe et personne d’autres ce qui permet clairement de limiter les variations, ne se consacrant qu’à une seule vision ce offre la possibilité de condenser le tout et éviter de se perdre devant trop de possibilités. Mais voilà à force de trop vouloir faire du Philp K. Dick j’ai trouvé que le récit perdait un peu de sa fascination au fil des pages, se révélant par certains aspects tellement proches du Maître du Haut Château que certaines révélations y perdaient de sa surprise et se révélait un peu linéaire.

Par contre, contrairement à Dick qui construisait ses récits sur une plume souvent très simpliste, mettant clairement plus en avant l’idée que le style, ici l’auteur offre une plume plus poétique, envoutante, que ce soit dans la construction de son univers comme dans le développement de son personnage Joe, caricature d’un détective des années 50 qui colle parfaitement à ce héros obnubilé par sa quête pour faire plaisir à une jolie femme. L’auteur se permet aussi clairement de se servir de l’ironie, comme par exemple cette conférence en plein New York regroupant des fans de Oussama, le héros des romans, que seul la littérature pouvait imaginer ; les gens se retrouvant alors à essayer de comprendre le personnage, ce qui le motive, les aspects politiques, loin de tout jugement, avec ses fans et ses détracteurs. On y voit alors clairement l’aspect manipulation, Oussama devenant alors un pantin dont on cherche à découvrir la clé que cacherait un auteur. Mais qu’en est-il dans la réalité?

Au final Osama est un roman étrange, clairement différent, mais qui ne laissera pas indifférent tant il permet, pour peu qu’on rentre dans cet univers troublant où l’intrigue dévoilée n’est pas le point important, mais plutôt ce qui est caché, de réfléchir. Mais voilà au fil des pages l’ensemble à tout de même légèrement perdu de son attrait, donnant un peu l’impression de tourner en rond. De plus la conclusion a le soucis d’en faire soit trop peu, soit pas assez. Je m’explique. Elle cherche à apporter énormément d’informations, tout en évitant de trop fournir de réponses pour laisser le lecteur faire sa propre analyse, mais voilà, malgré un travail intéressant sur le choix, je me suis senti frustré par cette conclusion. Soit il apportait quelques réponses, soit il ne cherchait pas à apporter toutes ces explications. Mais bon rien de non plus dérangeant tant il se dégage quelque chose de fascinant et d’intrigant avec ce roman, même si ces défauts l’empêche de se révéler excellent récit.

En Résumé : Osama est un roman déroutant, déboussolant, qui au final m’a fait passer un bon moment de lecture, mais qui, clairement, ne devrait pas plaire à tout le monde. Ici l’auteur reprend un peu le principe de l’uchronie que Dick se servait dans Le Maître du Haut Château, c’est-à-dire un récit qui ne repose pas sur l’intrigue, qui en soit importe peu, mais sur tout ce qu’il y a autour. L’auteur pousse alors le lecteur à la réflexion sur énormément de sujet que ce soit sur le terrorisme ou encore l’identitaire. J’ai trouvé l’ensemble vraiment efficace et prenant le tout porté aussi par une ambiance de polar noir réussi et avec une ironie mordante. La plume de l’auteur se révèle assez poétique et porte de façon fascinante le récit à travers ses chemins tortueux et ses non-dits. Je lui reproche juste de perdre un peu de son intérêt vers la fin et d’offrir une conclusion frustrant qui en fait trop et pas assez. Je lirai d’autres récits de l’auteur.

 

Ma Note : 8/10

Les Cours des Feys Tome 1, La Septième Cour – Mike Shevdon

les cours des feys 1 la septieme courRésumé : Niall Petersen, simple usager du métro londonien, se retrouve malgré lui au cœur du jeu mortel que se livrent les Feyres, des êtres surnaturels qui peuplaient l’Angleterre d’autrefois. Plongeant dans un monde étrange, un monde de légendes oubliées et de rituels mystiques, Niall devra découvrir les secrets les mieux gardés de la couronne pour préserver sa ville. Mais la Septième Cour, autrefois bannie, a placé ses pions, et à moins que Niall ne parvienne à recréer l’un des rituels mystiques les plus complexes qui soit, ils étendront leurs sombres pouvoirs sur les autres cours et mettront en esclavage l’humanité.

Edition : Eclipse

 

Mon Avis : Je me suis laissé tenter par ce livre un peu sur un coup de tête et, principalement, parce que je trouvais la couverture, illustrée par John Coulthart, attirante par son aspect sobre et efficace. Puis, je ne le cache pas, j’aime beaucoup les récits de Fantasy Urbaine et celui proposé par le résumé du quatrième de couverture donnait clairement envie de le découvrir, avec de bonnes idées, même s’il ne paraissait pas non plus révolutionner le genre. J’ai donc décidé de tenter ma chance et de faire entrer ce livre dans ma bibliothèque pour me faire mon avis.

Comme je l’ai annoncé, ce roman ne révolutionne clairement en rien le genre de la Fantasy Urbaine avec un héros à la vie normale qui, suite à un incident, ici une crise cardiaque dans le métro, va se retrouver embringuer dans une histoire improbable avec des forces mystérieuses qui le dépasse, le tout à Londres. Présenté comme cela on pense directement à des auteurs comme Neil Gaiman avec son Neverwhere ou bien Le Dernier apprenti Sorcier de Ben Aaronovitch ou encore, une série dont j’attends d’ailleurs la suite chez l’éditeur, Matthew Swift de KateGriffin, ce qui n’a clairement rien de gênant ; on peut faire de bonnes histoires, voir des récits très solides, avec du déjà-vu. Le problème c’est qu’ici, pour moi, l’auteur n’a jamais vraiment réussi à me captiver ni à me happer. Je ne vais pas dire que c’est mauvais, loin de là, il a de bonnes idées et de bons passages, mais l’ensemble  m’a paru terne et surtout bancal par rapport, justement, aux autres séries que j’ai cités. Pourtant le récit se révèle plutôt entrainant, chaque chapitre apportant son lot d’action, de rebondissements et de retournements de situations et, même si l’ensemble est plutôt linéaire et qu’on n’évite pas certaines révélations convenues, l’ensemble aurait pu offrir une histoire agréable, mais pourtant cela ne fonctionne pas pour ma part.

Un des soucis que j’ai noté viens de l’univers qui nous est présenté. Concernant les Feys, rien à dire, il construit quelque chose d’efficace et de solide, même s’il n’a rien d’original, nous proposant plusieurs types de Feys, avec plusieurs cours et une guerre intestine qui a mené au bannissement de la septième cour. L’idée de mélanger les Feys avec les humains est efficace et bien amené par l’aspect renouvellement de la population intéressante. L’auteur a aussi eu l’idée de construire son intrigue sur une cérémonie historique qui est toujours en place depuis 600 ans, ce qui ajoute clairement un aspect folklorique à l’ensemble. Le problème c’est que ça s’arrête là. Pourtant on parle de Londres. Comme je l’ai déjà dis dans d’autres chroniques, une ville comme Londres offre énormément de possibilités, soit poétiques comme peut le proposer Gaiman, soit magiques, musicales et historiques comme peut le proposer Aaronovitch. Mais voilà Mike Shevdon n’arrive jamais à proposer l’un ou l’autre. Il donne plus l’impression d’être guide touristique, alignant les noms de rues, les métros et les monuments sans jamais leur apporter ni âme, ni intérêt. La ville ne donne l’impression que d’être qu’un décor car il en faut un, c’est dommage tant Londres possède un tel potentiel.

Concernant les personnages j’avoue que là aussi je ressors plutôt mitigé. Le personnage principal m’a paru manquer clairement de mordant et de charisme. C’est le genre de héros à qui l’on ouvre tout un nouveau monde, à qui on apprend qu’il est le fils d’un ou d’une Fey et qui accepte le tout sans jamais véritablement broncher, fuir, se plaindre. Ce qui est inquiétant surtout c’est qu’il ne se pose jamais de questions, ni ne pousse les réflexions à leur maximum, c’est perturbant je trouve. Surtout que dans son aspect contemporain il parait un minimum soigné et complexe, que ce soit dans sa vie ou bien au niveau de sa famille, c’est dommage. Autre point qui m’a dérangé, comme je l’ai dit, il apprend donc qu’il est à moitié fey, et bien environ 1,5 jours et à peine 200 pages plus loin il a appris (tout seul bien entendu) à se servir et à contrôler une grande partie de ses pouvoirs comme ça en claquant des doigts ; trop facile. J’avoue avoir préféré le personnage de Merle qui cultive un aspect mystérieux assez intéressant même si les révélations la concernant manque quand même de surprise et de mordant. Je n’ai par contre pas vraiment accroché à la romance, elle est logique, mais elle possède la finesse d’un éléphant dans un magasin de porcelaine, l’auteur la faisant évoluer trop brusquement et trop rapidement, ainsi que certain passage un peu trop caricaturaux qui tendent vers le « je veux être ton ami ».

Le point qui m’a finalement le plus dérangé vient clairement de la construction du récit, et là je pense que tout n’est pas obligatoirement la faute de l’auteur. Déjà le premier aspect qui surprend ce sont les dialogues, l’auteur en est un très grand fan, le soucis c’est qu’une bonne partie des conversations se révèlent plutôt plates, donnent l’impression d’une discussion avec un gamin qui a découvert le mot « pourquoi » et tournent à la répétition au point qu’un passage qu’on pensait clos réouvre une conversation inutile le chapitre suivant. Ensuite, l’auteur ne parait pas connaitre l’ellipse temporel, à minima pour rendre plus vif son roman. Je veux dire par là que, de la première à la dernière page, on suit sans discontinuité le héros ; qu’il mange, qu’il se douche, qu’il change ses vêtements on ne le lâche pas d’une semelle. J’ai trouvé que cela alourdissait le tout, qu’on veuille le montrer comme un type lambda je comprends, mais à ce point là cela en devenait frustrant. À croire que l’auteur s’est mis dans la tête que la norme fait qu’un roman doit faire plus de 500 pages et donc il faut remplir. Et c’est sur ce point que la faute n’en incombe pas qu’à l’auteur, pour moi il manque un véritable travail en profondeur d’édition. Enfin ce n’est que mon avis, mais vu que la série à l’air de connaitre du succès, 4 tome publiés à ce jour en VO, c’est que ça doit plaire.

La plume de l’auteur se révèle pourtant énergique, malgré quelques métaphores hasardeuses, et l’ensemble possédait assez de potentiel pour, certes ne pas révolutionner le genre, mais offrir une bonne histoire ; pourtant je n’ai jamais réussi à complètement rentrer dedans. Je ne lirai sûrement pas la suite, malgré le fait que j’ai un peu regardé les résumés des autres livres et qu’ils ont l’air assez tentants.  Au final un premier tome très moyen.

En résumé : Au final je ressors que très moyennement convaincu par ce premier tome de Fantasy Urbaine. L’histoire, sans renouveler le genre, se révélait plutôt sympathique avec quelques bonnes idées comme celle de construire son intrigue sur une cérémonie vielle de 600 ans, mais voilà l’ensemble se révèle trop bancal. L’univers concernant les Feys et efficace, mais l’utilisation de Londres tourne plus vers le guide touristique que le poétique ou le magique comme peuvent le proposer d’autres récit du même genre. Concernant les personnages j’ai eu du mal à complètement accrocher à Nial qui accepte trop facilement les choses et maitrise son pouvoir beaucoup trop rapidement, mais j’ai bien aimé Merle. Par contre la romance manque clairement de finesse. Les principaux aspects qui m’ont finalement dérangé ce sont les dialogues que j’ai trouvé ternes et clairement répétitifs, ainsi que le fait que l’auteur suit sans discontinuité son héros, sans aucune ellipse temporelles, ce qui crée clairement des longueurs. Un gros travail d’édition aurait pu être fait. La plume se révèle pourtant efficace. Finalement, malgré le potentiel qu’avait ce premier tome, je l’ai trouvé moyen et même anecdotique au vu d’autres récit de Fantasy Urbaine. Je ne pense pas lire la suite (il existe 4 tomes en VO).

 

Ma Note : 5,5/10

Temeraire, Book 1 – Naomi Novik

temeraireRésumé : When HMS Reliant captures a French frigate and seizes the precious cargo, an unhatched dragon egg, fate sweeps Captain Will Laurence from his seafaring life into an uncertain future – and an unexpected kinship with a most extraordinary creature.
Thrust into the rarified world of the Aerial Corps as master of the dragon Temeraire, he will face a crash course in the daring tactics of airborne battle. For as France’s own dragon-borne forces rally to breach British soil in Bonaparte’s boldest gambit, Laurence and Temeraire must soar into their own baptism of fire.

Edition : Harper Voyager

 

Mon Avis : Je continue de lire en VO, tranquillement, à mon rythme, et cette fois j’ai décidé de me laisser tenter par le premier tome des aventures de Téméraire. Je dois avouer que ce livre traînait depuis un petit moment dans ma PAL, c’est simple depuis quasiment la venue de l’auteur aux Imaginales de 2013, j’ai donc décidé de l’en sortir il y a quelques semaines pour me faire un avis. Surtout qu’il faut bien avouer, l’idée de voir la présence de dragon en pleine guerre Napoléonienne a quelque chose d’intrigant et de fascinant je trouve. À noter aussi la très belle illustration de couverture, comme souvent avec ses éditions blanches.

Pourtant au final je dois bien avouer que je ne ressors pas complètement conquis par ce livre, loin de là, même si dans l’ensemble la lecture s’est révélé plutôt positive avec des idées vraiment intéressantes. La première partie du roman se révèle même plutôt efficace, nous présentant Laurence, capitaine Anglais d’un navire, suite à l’abordage d’un navire Français va se retrouver avec comme butin un œuf de dragon qui, le jour de son éclosion, va le choisir comme maitre. L’auteur évite clairement certains des aspects classiques de la lecture jeunesse avec un héros non pas adolescent, mais considéré comme mature et ayant de l’expérience. Normalement on évite donc le côté initiatique, mais voilà la suite va démontrer qu’on tombe dans d’autres poncifs du genre. En effet par la suite nos héros vont se retrouver envoyer dans une académie pour apprendre les manœuvres militaires et autre et vont par la force de leur amitié, et de celle qu’ils vont nouer au fil des pages, se retrouver à évoluer. Dans l’ensemble cela reste du déjà vu et revu, même si l’auteur s’en sort plutôt bien offrant quand même quelque chose d’attrayant et d’un minimum entrainant. Mais j’avoue j’attendais peut-être un peu plus.

Concernant l’univers, l’aspect historique se révèle assez riche et surtout très travaillé, on sent bien que Naomi Novik a effectué énormément de recherches et n’a rien laissé au hasard. Elle nous plonge directement en plein milieu de cette guerre d’envergure avec facilité. Il faut par contre savoir faire preuve de recul, le roman étant conté du point de vue Anglais il ne faut pas se sentir offusqué par de se faire traiter, en tant que français, de « frog » et autre joyeuseté. Le fait que les dragons soient utilisés dans des combats aériens apporte son lot de batailles et de stratégies, avec parfois même un équipage complet, qui se révèlent entrainantes et clairement efficaces. Concernant les dragons en eux-même l’auteur a développer son bestiaire de façon séduisante, chaque dragon ayant ses propres caractéristiques, ainsi que ses propres forces et faiblesses. De plus l’annexe à la fin du récit apporte un intérêt supplémentaire, développant mieux certains aspects. Mais voilà deux soucis m’ont sauté aux yeux dans ce qui est proposé dans ce roman. Le premier vient de leur régime alimentaire, l’auteur en parlant tellement régulièrement qu’au bout d’un moment je me suis quand même demandé si elle avait des notions d’agriculture, car vu ce que mange un dragon et vu l’époque je pense que l’Angleterre doit découvrir la famine tant il parait impossible qu’il reste un seul animal vu leurs appétits. Ensuite on nous les présente comme des êtres intelligents et extrêmement puissants, là me vient donc la grande question, pourquoi participer aux guerres intestines des humains quand on pourrait clairement les dominer ou vivre en paix dans son coin. L’auteur nous présente bien un lien émotionnel entre chaque dragon et son cavalier mais l’ensemble manque de cohérence.

Concernant les personnages par contre je dois bien avouer qu’il s’agit, selon moi, de l’un des points faible du roman, ils m’ont paru manquer d’intérêt et de consistance pour vraiment m’accrocher. J’ai par exemple trouvé le personnage principal, Laurence, froid, légèrement arrogant et antipathique. Excepté les passages avec Téméraire qui se révèlent intéressants, avec cette relation limite père-fils pleine de sentiments, il m’a donné l’impression de prendre régulièrement de haut tous les autres protagonistes, comme s’il se sentait supérieur. Alors certes l’époque ainsi que le fait qu’il soit Capitaine et vient de la Bourgeoisie influe sûrement, mais voilà pour un héros qui a gravi tous les échelons sur un  bateau ça me parait légèrement improbable ou en tout cas trop poussé. De plus il m’a paru s’enfoncer dans des principes de gentleman trop exacerbé justement par rapport au milieu militaire où il est. Concernant Téméraire il se révèle plutôt intéressant, extrêmement intelligent mais légèrement plombé par sa capacité d’analyse un peu trop simpliste. Concernant les autres personnages ils manquent de profondeurs pour qu’on s’intéresse à eux, servant plus à faire évoluer nos héros pour le moment. Je ne doute pas qu’ils devraient gagner en richesse par la suite.

Ce qui m’a le plus dérangé au niveau de ce premier tome c’est que finalement c’est un tome d’introduction et qu’il parait n’avoir aucun véritable but excepté poser des bases. Je m’explique. On sait que c’est la guerre, il va donc y avoir des batailles comme je l’ai dit, mais voilà pendant les 3/4 du livre il ne se passe rien, la guerre est vécue de loin. Il faut attendre les 70 dernières pages pour commencer à sentir qu’il se passe quelque chose et se retrouver captivé. L’auteur cherche bien à compenser ce manque d’action par quelques mésaventures, comme cette histoire de dragon maltraité, mais c’est traité de façon trop simpliste pour vraiment me faire frémir. Cela n’empêche pas l’ensemble de bien se lire, mais je n’ai jamais été complètement happé. Concernant justement la bataille finale, deux aspects m’ont contrarié. Le premier vient de l’arme secrète qu’ont découvert les Français pour envahir l’Angleterre, celle qui doit surprendre le lecteur, le problème c’est que je me demandais depuis le premier quart du livre pourquoi personne n’y avait pensé donc niveau surprise on repassera. Ensuite vient le Deus Ex Machina beaucoup trop facile qui permet à l’auteur de clôturer son livre comme elle l’entend. Surtout qu’en plus je le voyais venir gros comme une maison.

La plume de l’auteur se révèle assez fluide, efficace et surtout détaillée, que ce soit du point de vue historique comme son travail sur les dragons. Elle se révèle plaisante à lire et joue facilement sur le fait qu’on tourne les pages avec un minimum d’envie. Maintenant voilà j’avoue que je ressors finalement un peu mitigé de ma lecture, il y a de bonnes idées, des aspects intéressants, mais dans l’ensemble ce premier tome fait trop tome d’introduction et j’ai eu beaucoup de mal à pleinement accrocher à certains points. Je lirai peut-être la suite, me doutant qu’ils seront obligatoirement plus rythmés, mais ce n’est pas une priorité.

En Résumé : Je ressors donc de ma lecture avec un sentiment mitigé, le livrese lit pourtant assez bien, mais il n’a jamais réussi à vraiment ma happer non plus. L’histoire se consacre trop, je trouve, sur l’apprentissage ce qui donne l’impression qu’il n’y a pas de véritable but à ce premier tome mis à part poser l’univers. Il faut attendre les 70 dernières pages pour que cela bouge enfin. L’univers développé par l’auteur se révèle plutôt efficace, bien renseigné et surtout le travail sur les dragons se révèle dense même si certains points m’ont laissé plus que perplexe. Concernant les personnages ils n’ont jamais vraiment réussi à m’accrocher, entre Laurence qui m’a paru limite antipathique et Téméraire qui parait intéressant mais manque de finesse, l’ensemble m’a paru un peu bancal. Concernant la conclusion je l’ai trouvé clairement sans surprise et le Deus Ex Machina beaucoup trop simple, par contre j’ai trouvé vraiment intéressant les batailles aériennes et toutes les stratégies que cela implique. Concernant la plume de l’auteur elle se révèle fluide et efficace. Au final un premier tome qui ne m’a pas complètement convaincu, même s’il possède de bonnes idées. Je lirai peut-être la suite mais elle ne rentre pas dans mes priorités de lecture.

 

Ma Note : 6/10

 

Autres avis : joyeux-drille, Sia, Mandy 88, Walpurgis, Vert, …

Fugue en Ogre Mineur – Anthologie dirigée par Anne Fakhouri

fugue en ogre mineurRésumé : Où sont passés les ogres ?
Les forêts ont été déboisées. Les châteaux sont désormais hantés par les touristes. Les grottes par des joueurs de djembé…
C’est absolument faux. N’importe quel enfant vous le dira.
Certains ont squatté nos caves, y apparaissent et disparaissent. D’autres ont choisi de se lancer dans le prêt-à-porter grandes tailles. Les mauvaises langues disent qu’ils s’éclatent aux Etats-Unis. Quelques uns sont restés dans leur propre monde et envoient, de temps en temps, de terribles cauchemars à nos enfants.
Ils vivent à la frontière entre notre monde et le leur.

Edition : ActuSF

 

Mon Avis : Ce court recueil de nouvelles a un peu fini par hasard dans ma PAL. En effet à force de passer devant durant les festivals il m’a toujours intrigué et donné envie de le découvrir, sans que je ne franchisse jamais le pas. Il faut dire que la couverture, illustrée par Fabien Fernandez, ainsi que le sommaire composé uniquement d’auteurs féminins donnaient clairement envie d’en apprendre plus. Lors des dernières Imaginales j’ai donc fini par me laisser tenter et je l’ai fait rentrer dans ma bibliothèque. Le livre démarre sur une préface très intéressante nous expliquant que qui mieux qu’une femme peut parler d’un ogre ?, ainsi que les différentes facettes du monstre. Ce recueil est composé de cinq nouvelles.

L’Ogre de Ciment de Jeanne-A Debats : Cette nouvelle nous fait découvrir Yasmin qui, suit à un traumatisme violent, se retrouve à fuir à travers les souterrains de son quartier. Elle va alors croiser le chemin d’un ogre. Une nouvelle que j’ai trouvé réussie. Certes sur la forme elle se révèle classique et sans surprise, mais c’est sur le fond qu’elle arrive alors à surprendre en nous présentant deux personnages qui paraissent complètement opposés et qui pourtant ne le sont finalement peut-être pas tant que cela. Deux héros remplis de sentiments et d’émotions, solitaires, en pleine fuite en avant, qui dévoilent une vision d’un monde pas toujours rose et pourtant si réaliste où le monstre n’est pas toujours celui qu’on croit et où les hommes peuvent aussi être des ogres. Un texte à la fois poignant et efficace, à la plume entrainante, dont mon seul regret est peut-être une conclusion un peu trop convenue et pourtant logique.

La Chasse à L’Ogre de Stéphanie Gaillard : Cette nouvelle nous plonge dans le récit fait au roi Louis de la dernière chasse à l’ogre. On découvre ici un texte qui se révèle efficace et haletant, nous racontant de façon rythmé comment un groupe de chasseur a traqué et éliminé le dernier ogre. Un récit au rythme soutenu, rempli d’action et de rebondissements, qui se laisse lire avec plaisir mais qui, clairement, se révèle trop classique et sans véritables surprises. Même la tentative de réflexion sur le geste final par le héros manque de percutant. Attention le texte n’est pas mauvais, il se lit facilement et se révèle un agréable divertissement, mais il a du mal à véritablement marquer le lecteur selon moi. Je le rentre facilement dans les vite lu, apprécie et vite oublié.

Les Ogres font-ils de Bons Pères ? de Ida Mars : Cette nouvelle nous propose de découvrir un ogre qui part en chasse. On se rend alors compte qu’il ne chasse pas n’importe quel gibier, mais sa fille qui a décidé de s’enfuir. J’avoue que je ressors plutôt mitigé de ma lecture de cette nouvelle ; l’auteur prend le parti pris de mettre en avant l’humour et pourtant j’ai eu du mal à accrocher à ce type d’ironie que j’ai trouvé finalement mal amené, cherchant l’étonnement et la surprise du lecteur, mais qui est annoncé de façon trop brusque ce qui fait que l’ensemble tombe souvent à plat de mon côté. De plus le titre joue aussi dans le fait que certains rebondissements se révèlent trop faciles à deviner. Les idées sont pourtant bien là et ont du potentiel, mais je ne sais pas, j’ai trouvé que l’ensemble manquait un peu de liant. De plus certains des personnages m’ont paru sous-exploités, ce qui se révélait un peu confus. Un texte qui, selon moi, possède pas mal d’idées mais aurait peut-être mérité un traitement différent.

La Chair Choisie d’Audrey Guillotte : Cette nouvelle nous plonge dans la vie de Larve, jeune Ogresse, fille de Babau qui cherche à faire d’elle son héritière. Mais voilà elle se révèle loin d’être très futée. J’ai bien aimé ce texte, une certaine poésie se dégage le tout dans une ambiance qui se révèle sombre, violente et assez angoissante, mais le tout amené avec un certain humour noir qui ici a réussi à me happer. Une nouvelle dont, certes, on voit la conclusion arriver rapidement mais qui se révèle agréable, bien rythmé, nous dévoilant un univers où les ogres sont les maîtres et les humains sont en fait un troupeau. La relation entre Larve et Baubau, mélange de haine et d’amour, se révèle intéressante même si par moment un peu caricaturale. Surtout le danger ne vient pas toujours de là, ou de qui, l’on croit. Une découverte au final qui se révèle très sympathique.

Les Autres de Justine Niogret : Cette dernière nouvelle nous emmène dans le quotidien d’une jeune fille qui vit dans un orphelinat et se sent différente des autres. La force de cette nouvelle c’est son ambiance, qui monte lentement au fil des pages dans la noirceur, se révélant de plus en plus angoissante, pour finir dans une apothéose de violence et de sang que je vous laisse clairement découvrir. Une nouvelle très sombre qui remplit parfaitement le rôle recherché qui est de mettre mal à l’aise le lecteur, lui rappeler le côté monstrueux tout en tentant une réflexion, légère, sur le rejet des autres. Le problème vient qu’on retrouve ici un texte véritablement ouvert, sans véritables bases sur les personnages ou encore sur l’univers, ce qui est quand même frustrant à mon goût, car l’ensemble manque alors d’un peu de réponses.

 

Cette anthologie nous propose donc cinq nouvelles qui nous offrent cinq visions différentes et qui se révèle dans l’ensemble être au final une sympathique découverte. Ce qui est dommage c’est qu’il manque peut-être un texte qui se révèle porteur de l’ensemble, qui arrive clairement à se démarquer des autres et à marquer le lecteur. Cela ne m’a pas empêché non plus de passer un moment de lecture divertissant avec ce livre.

En Résumé : J’ai passé un agréable moment de lecture avec cette anthologie qui nous propose de revisiter à travers cinq nouvelles le mythe original de l’ogre, qu’il soit aussi bien métaphorique que réel ; l’ogre pouvant être à la fois le monstre connu et reconnu, mais aussi celui qui se cache en chacun de nous. Chaque texte propose ainsi une variation et une vision intéressante du mythe, entre angoisse, horreur et humour, et même si tous les textes ne m’ont pas accroché de la même façon, dans l’ensemble ce court recueil reste plutôt agréable à découvrir même s’il manque tout de même d’éléments percutants et marquants pour passer de lecture distrayante à bonne lecture.

 

Ma Note : 6,5/10

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