Catégorie : Fantasy Page 31 of 69

Le Bâtard de Kosigan Tome 1, L’Ombre du Pouvoir – Fabien Cerutti

batard de kosiganRésumé : Le chevalier assassin, Pierre Cordwain de Kosigan, dirige une compagnie de mercenaires d’élite triés sur le volet. Surnommé le « Bâtard », exilé d’une puissante lignée bourguignonne et pourchassé par les siens, il met ses hommes, ses pouvoirs et son art de la manipulation au service des plus grandes maisons d’Europe.
En ce mois de novembre 1339, sa présence en Champagne, dernier fief des princesses elfiques d’Aëlenwil, en inquiète plus d’un. De tournois officiels en actions diplomatiques, de la boue des bas fonds jusqu’au lit des princesses, chacun de ses actes semble servir un but précis.
À l’évidence, un plan de grande envergure se dissimule derrière ces manigances. Mais bien malin qui pourra déterminer lequel…

Edition : Mnémos

 

Mon Avis : Ce livre m’a longtemps tenté au moment de sa sortie sans que je craque pour autant. Les premiers échos que j’ai eu au fil des mois se révélant plus que positifs, j’ai donc décidé lors des dernières Imaginales, et après discussion avec l’auteur, de le faire entrer dans ma PAL. Il faut dire que le mélange de Fantasy et d’histoire de France proposé par le quatrième de couverture avait de quoi se révéler tentant. Ajouter à cela une couverture, illustrée par Emile Denis , qui met directement dans l’ambiance et une sortie prochaine de la suite j’ai donc décidé de sortir ce livre de ma bibliothèque pour me faire mon avis.

On se retrouve ainsi à plonger dans une histoire qui oscille entre Fantasy, Historique et, d’une certaine façon, Uchronie où l’on suit deux lignes d’intrigues bien distinctes, celle de Pierre Cordwain de Kosigan en 1399 qui se retrouve en plein milieu d’une lutte de pouvoir et qui va y jouer un rôle important, et celle de son descendant en 1899 qui cherche à en apprendre plus sur son ancêtre. La majorité du récit se repose principalement sur l’intrigue en 1339 et offre une histoire qui va rapidement se révéler sans temps morts, où la mort, l’action et les péripéties rodent à chaque coin pour essayer de faire tomber le héros, ce bâtard. Il faut dire qu’il est loin d’être aimé, voir même haï par de nombreuses personnes et son métier de mercenaire ne le met pas toujours dans de bonnes positions, le plaçant régulièrement au milieu d’intrigues politiques, de trahisons et de manipulations. Clairement, on est loin des intrigues denses, complexes, qui s’enchevêtrent pour mieux trahir et surprendre, on est plus dans des intrigues, certes à tiroir, mais qui reposent surtout sur l’action, le rebondissement, le tout à un rythme entrainant et efficace avec un chapitrage assez court, et cela marche parfaitement bien. On se retrouve ainsi emporté dès les premières pages par les nombreuses péripéties et les nombreuses aventures que va rencontrer notre héros. L’auteur maitrise franchement le rythme de son récit, jonglant entre révélations et action et offre ainsi une histoire sans temps morts, dont on tourne les pages avec plaisir et entrain pour connaitre la suite.

Il faut aussi dire que l’univers historique mis en place par l’auteur joue énormément dans la réussite du livre et se révèle être l’un des gros points forts selon moi. On sent bien du début à la fin que l’auteur connait parfaitement son sujet, nous proposant une époque réaliste, dense et intéressante sans jamais non plus tomber dans des descriptions à rallonges. On plonge ainsi avec plaisir dans une France moyenâgeuse, dans une période de tension, remplie de chevalier, de tournois, de lutte de pouvoir dans un pays encore en mutation et de violence. Un univers âpre, sauvage, de sueur et de sang qui accroche bien sans non plus aller dans la surenchère. Un côté léger se dégage aussi de cette période, principalement face à l’insouciance du héros, ce qui lui évite de se révéler aussi trop sombre et étouffant. Le petit plus vient des modifications qu’apporte l’auteur, y ajoutant une pointe de Fantasy avec la présence de peuples féeriques, de magies et de plein d’autres choses que je vous laisse découvrir et qui je trouve s’intègre parfaitement à l’histoire. La période de 1899 est elle plus ciblée sur le progrès technologique, les jeux de pouvoir se révèlent souvent plus masqués, plus sournoises et ne manque pas d’accrocher aussi. Au final j’ai trouvé ici un univers original, possédant de nombreuses bonnes idées et références, et qui donne envie d’en apprendre plus dans les prochains tomes, histoire de mieux comprendre certaines zones qui restent encore mystérieuses.

Concernant les personnage je dois bien admettre que le Bâtard de Kosigan se révèle être un héros entrainant, qui nous emporte avec facilité et de façon dépaysante dans les nombreuses péripéties qu’il va rencontrer. On découvre ainsi un personnage haut en couleurs, méthodique, qui aime l’argent, les manipulations et les femmes. Il dévoile aussi au fil du récit un passé moins joyeux, plus compliqué qui possède encore de nombreuses questions sans réponse et offre au héros une aura plus intimiste. J’ai juste deux remarques à faire, d’une le Bâtard, pour moi, tombe parfois un peu dans la caricature de « James Bond » beau gosse, tombeur de toutes les femmes, à la répartie toujours facile sauf que je suis loin d’être un grand fan de ce genre de héros et qui je trouve a du mal à coller à un mercenaire tel qu’il est présenté ici, ensuite l’auteur se consacre tellement à son héros que les autres protagonistes ont du mal à vraiment se dégager, se révélant simplement pour la plupart des faire-valoir pour l’intrigue là où, je pense, certains auraient mérité d’être plus développé. Après rien de non plus gênant ou bloquant et cela ne gâche en rien l’histoire.

La plume de l’auteur se révèle efficace, entrainante, vivante et happe le lecteur assez facilement dans son univers et ses machinations. Deux points m’ont par contre laissé perplexe, le premier vient de la construction du récit, l’intrigue de 1399 se révélant sans temps morts, là ou celle de 1899 prend plus de temps à se construire, le soucis vient qu’en mélangeant les deux on a l’impression d’avancer rapidement dans l’une et de stagner dans l’autre. Cela ne gêne pas la lecture mais offre par moment un faux rythme légèrement frustrant. Ensuite l’autre point qui m’a surpris c’est la facilité dont l’intrigue se déroule, notre héros ne rencontre jamais de véritable problèmes, son plan marchant trop à la perfection et reposant aussi sur quelques facilités liées aux capacités du héros. C’est dommage car niveau suspens on se retrouve a ne plus vraiment s’inquiéter pour lui et son équipe tant on se rend compte qu’il ne va rien leur arriver de fâcheux. Au final ça n’empêche ce récit de se révéler efficace et offrir un bon moment de lecture, dévoilant une conclusion plutôt réussie avec de nombreux points en attente qui donnent envie de lire la suite.

En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec ce roman qui nous propose de découvrir le Bâtard de Kosigan et son descendant dans deux intrigues qui paraissent s’entrecroiser. On plonge ainsi dans un récit rempli d’adrénaline, de rebondissements, d’action et de surprises qui happe facilement et rapidement le lecteur. L’univers développé tout au long du récit se révèle efficace, dense et complexe sans jamais non plus tomber dans des descriptions à rallonge et l’ajout de Fantasy à l’époque historique apporte un plus et se révèle original. Concernant les personnages, le Bâtard de Kosigan se révèle être un héros entrainant, efficace avec un passé sombre qui demande à en apprendre plus, mais je regratte qu’il tombe un peu dans la caricature du beau gosse tombeur de ses dames a qui tout réussi. Je trouve aussi qu’il prend trop de place dans le récit, ce qui fait que les autres personnages ont du mal à se sortir du simple rôle qui leur est attribué. La conclusion du récit se révèle réussi et laisse de nombreuses zones d’ombres en suspens ce qui appelle à lire la suite. Je regrette finalement que deux choses l’impression de faux-rythme qui apparait entre les deux intrigues principales et une impression de facilité dans l’intrigue de 1339 qui, à mon goût, se résout un peu trop facilement selon le plan établit et avec quelques légères facilités, mais rien de trop bloquant tant l’ensemble se révèle enlevé. La plume de l’auteur est entrainante, vivante et efficace et je lirai la suite sans soucis.

 

Ma Note : 7,5/10

 

Autres avis : Louve, joyeux-drille, Thalia, Dionysos, …

Une Aventure de Maître Li et Boeuf Numéro Dix Tome 3, Huit Honorables Magiciens – Barry Hughart

huit honorables magiciensRésumé : Alors que Main du Diable, le bourreau, est sur le point de battre le record de décollations successives réussies – mille soixante-dix, excusez du peu! –, et qu’il s’en vient sur le marché aux Primeurs de Pékin pour trancher le cou de Tou l’Hôtelier de Sixième Rang (condamné pour hérésie culinaire, mais ceci est une autre histoire), voilà que l’irruption d’un tch’i-mei – comprenez une goule vampire – le déconcentre. À la suite de cette catastrophe capitale, Maître Li et Bœuf Numéro Dix découvrent que le tch’i-mei venait de s’offrir un haut dignitaire chinois comme ultime repas. Les voilà, tous deux, lancés dans une enquête insensée et ô combien dangereuse, à la poursuite d’un tueur en série d’un genre très particulier.

Edition : Denoël Lunes D’Encre
Poche : Folio SF

 

Mon Avis : Après avoir dévoré le premier tome de ce cycle qui se révélait entraînant et pleine d’humour dans un univers fascinant (ma chronique ici), puis passé un bon moment avec le second tome qui, certes, perdait un peu de son attrait, mais se lisait toujours avec plaisir (ma chronique ), j’ai donc décidé de me lancer dans la lecture dur troisième et dernier tome des aventures de Maître Li et Bœuf Numéro Dix pour savoir ce qu’allait bien pouvoir nous proposer l’auteur. À noter la couverture, illustrée par Yayashin – Bruno Wagner, qui se révèle, je trouve, toujours aussi réussie et agréable.

On se retrouve donc rapidement plongé dès les premières pages dans la nouvelle enquête de nos deux héros, qui vont être obligés de résoudre le meurtre d’un personnage très important, ce qui va les conduire à devoir jouer avec des forces qui les dépassent considérablement. Je dois bien avouer qu’une fois la dernière page tournée, ce troisième tome, sans être celui de trop, m’a paru moins fascinant et moins maîtrisé que les précédents. Ce qui m’avait passionné dans le premier tome a du mal à se dégager ici et parallèlement l’auteur donne aussi l’impression d’avoir un peu de mal à se renouveler au fil des histoires. Alors dans l’ensemble ce n’est pas mauvais, ça se laisse lire et offre un divertissement agréable, mais voilà on sent clairement, de tome en tome, un essoufflement et quand on sait à la base que l’auteur souhaitait écrire 7 volumes, je ne suis pas sûr que j’aurai pu tenir jusque là.

Alors après, tout n’est pas mauvais non plus, loin de là. L’univers développé par l’auteur continue à se révéler toujours aussi passionnant, entraînant, cette sorte de vraie/fausse Chine qui offre au lecteur un décor qui se révèle chatoyant, remplie d’images et magnifique. On ressent toujours la passion qu’à l’auteur pour cette région, tout en l’adaptant, en la rendant légèrement différente, légèrement décalée, et lui offrant aussi de la magie, des divinités et de nombreux autres aspects qui rendent ainsi l’ensemble dense et réussi. On oscille ainsi entre tradition, mystères, légendes et jeux de pouvoir, le tout avec une bonne dose parfois d’extravagance, ce qui pourrait d’ailleurs peut-être en rebuter certains. Il s’agit d’un univers toujours aussi sombre, où la violence et la folie sont toujours présentes, mais contrairement au tome précédent ou l’humour contrebalançait ce côté parfois sanglant, lui offrant un aspect mordant et un décalage intéressant, ici l’alchimie à un peu de mal à fonctionner. L’auteur a du mal à trouver son souffle d’un point de vue humoristique, on y retrouve pourtant toujours des passages toujours aussi drôles et accrocheurs, mais parfois ça tombe à plat voir devient répétitif. C’est dommage.

Concernant l’histoire là aussi je ne sors pas complètement convaincu, pas que l’intrigue soit complètement raté, loin de là, se reposant sur une légende des plus intéressante avec ce qui entoure ces huit magiciens, mais elle m’a paru légèrement brouillonne, comme si l’auteur cherchait plus à perdre le lecteur pour éviter qu’il puisse en deviner les pièges qu’à chercher à construire un récit. De plus l’accumulation de sous-intrigues, qui dans les épisodes précédents se révélaient fluide et cohérente, ici, donne l’impression de parfois faire du remplissage et certaines paraissent inutiles. Une centaine de pages en moins n’aurait, selon moi, rien changé à l’histoire et aurait même permis de la rendre plus tendue et plus fluide. Autre point qui se fait légèrement sentir c’est la capacité de l’auteur à utiliser des mêmes artifices pour faire avancer son intrigue, dans le premier tome c’était nouveau et efficace, dans le second on commençait à le ressentir mais cela gardait de son charme, dans le troisième cela perd clairement de son intérêt et on voit apparaître clairement les rouages. Ensuite le Deus Ex Machina de fin m’a paru un peu trop facile. C’est frustrant, car le fond de l’intrigue possède quelque chose de vraiment entraînant et par moment on retrouve ce côté happant qu’avait les tomes précédents.

Concernant les personnages on retrouve avec plaisir nos deux héros que sont Maître Li, le grand lettré aux multiples idées, connaissances et aussi aux nombreuses surprises et Bœuf Numéro Dix, héros plus « simple », moins complexe et torturé dans ses réflexions, mais qui ne manque pas de se révéler attachant par sa vision du monde et son côté défenseur. Mais voilà je regrette que finalement ces personnages n’évoluent pas énormément au fil des pages de ce tome, un peu comme si leurs aptitudes étaient figés depuis le premier tome et qu’il est impossible de les changer, des les faire douter, voir de simplement les découvrir dans d’autres panels. Peut-être que l’auteur gardait cela pour les suites qui ne verront jamais le jour, mais c’est légèrement frustrant, même si ça n’enlève en rien et le plaisir l’envie de suivre leurs péripéties. Les personnages secondaires ne manquent pas d’intérêt, même si j’avoue je les ai trouvés un peu terne parfois, rien de gênant, mais quand on a croisé, Nuage de Lotus, Fils de Lune et Tourment de L’Aube il est pas toujours facile de tenir la comparaison. Par contre j’ai trouvé dommage que le mystère entourant l’un des personnages soit si facile à deviner, seul les héros à la fin paraissent surpris de la découverte.

La plume de l’auteur se révèle toujours aussi riche, soignée, détaillée et limite poétique, nous emmenant dans un univers à la fois magique et mystérieux pour dénouer une légende qui ne manque pas d’attrait. On pourrait croire en lisant ma chronique que je n’ai pas aimé ce livre, c’est faux, il est plutôt sympathique et offre un divertissement agréable, le soucis vient des attentes que j’avais avec cette série après le premier tome et que je ne retrouve pas complètement ici. Au final j’ai plus l’impression que la série a  perdue en qualité au fil des tomes, c’est dommage, même si ce troisième volume se laisse tout de même lire.

En Résumé : J’avoue sortir de ma lecture avec un léger sentiment de déception, pas que ce livre soit mauvais, non, il se révèle sympathique et offre un agréable divertissement, mais voilà il ne répond pas forcément aux attentes que j’avais suite à ma lecture du premier tome. L’histoire n’est pas mauvaise mais m’a paru abuser inutilement de sous-intrigues pas toujours utiles, ce qui rallonge l’ensemble. On retrouve toujours avec plaisir nos héros, même si on commence à regretter qu’ils aient du mal à évoluer au fil des pages. J’ai aussi trouvé certaines révélations un peu trop faciles et le deux ex machina de fin trop simpliste. L’univers se révèle toujours aussi dense, soigné et captivant à découvrir, avec cette Chine Imaginaire magique et pleine de couleurs. La plume de l’auteur est toujours aussi soignée et travaillée. Au final tout se révèle ici être une question d’attente, pour moi ce troisième tome est le moins bon des aventures de nos héros, mais si j’avais commencé ma découverte par ce tome 3 pour finir avec le premier tome j’aurai peut-être été moins critique. Un troisième tome qui reste tout de même plutôt sympathique à lire et à découvrir.

 

Ma Note : 6/10

Liavek – Megan Lindholm & Steven Brust & Gregory Frost

liavekRésumé : Dans la majestueuse cité portuaire de Liavek, les habitants reçoivent une dose de « chance » chaque année, le jour de leur anniversaire. La plupart des gens ne peuvent utiliser ce pouvoir, seuls les sorciers ont appris à le manipuler, souvent à leur propre profit. Kaloo, une jeune orpheline, sent qu’elle pourrait apprivoiser et développer sa « chance », mais comment faire alors qu’elle ignore sa date de naissance ? Taraudée par cette question, elle consulte un mage pour tenter de lever le voile sur ses origines. Commence pour elle une quête initiatique qui l’emmènera sur des sentiers dangereux.Certains mystères devraient rester dans l’ombre…

Edition : ActuSF

 

Mon Avis : Ce recueil n’a pas fini dans ma PAL par hasard, il faut bien avouer que voir Robin Hobb (ou plutôt ici sous le nom de plume de Megan Lindholm) au sommaire a fait que j’ai rapidement été tenté par ce livre. Ajouter à cela un résumé intriguant ainsi qu’une couverture, illustrée par Yana Moskaluk, vraiment superbe et il a donc rejoint ma bibliothèque. Il s’agit ici d’un recueil de six nouvelles, avec même une nouvelle écrite à trois auteurs, avec comme point central la ville de Liavek. Les récits se révélant tous liés les uns avec les autres, formant ainsi une histoire globale, je ne vais pas parler de chaque texte, mais plutôt tenter une chronique globale.

Commençons déjà par poser le contexte. La préface vient ainsi nous expliquer ce qu’est Liavek, ville imaginée par Emma Bull et Will Sheterly, où à chaque date anniversaire on obtient une quantité de chance à « utiliser ». Certains arrivent même à la stocker et à s’en servir sur le long terme pour améliorer leurs vies. De nombreux auteurs connus ont ainsi, au fil des années, et à travers de nombreuses anthologies, écrits sur cette ville, la faisant par conséquent évoluer et pourtant j’avoue que c’est la première fois que je lis des Textes sur Liavek. ActuSF a d’ailleurs décidé de cibler les textes écrits par Robin Hobb/Megan Lindholm, et plus précisément ceux tournant autour de Dashif et Kaloo.

Une fois la dernière page tournée, je dois bien avouer que l’ensemble des textes réunis dans ce livre se révèle sympathique à lire, divertissant, bien porté par des intrigues pleines de manipulations et de mensonges et qui surtout offrent leurs lots de surprises et de rebondissements. Pourtant l’ensemble manque quand même de force et de puissance pour se révéler n’être plus qu’un simple divertissement efficace et, aussi, tous les textes ne sont pas au même niveau. Je prends comme exemple Un Acte de Contrition de Steven Brust, première nouvelle qui ouvre le recueil, qui a eu du mal à totalement me convaincre malgré une intrigue solide, mais qui se révèle trop simple, les réponses arrivant trop rapidement et l’auteur s’amusant inutilement à complexifier la résolution pour pas grand-chose.  Par la suite l’ensemble commence à s’équilibrer, il faut bien avouer, en partie grâce à Robin Hobb qui, comme à son habitude, vient y apporter une bonne dose d’humanité et d’émotion qui manquait un peu justement à ce premier texte. L’intérêt de ce recueil vient aussi que chaque nouvelle arrive à se lire indépendamment tout en formant ensemble une histoire, certes classique, mais agréable.

On se laisse ainsi prendre au jeu des autres récits qui, vont ainsi nous faire découvrir Liavek, la ville obscure, qui se dévoile lentement au fil des pages, nous proposant un univers solide, efficace, bien porté par des jeux de pouvoirs et de manipulations, où nos héros vont se retrouver entrainer au fil des histoires et amener à bouleverser de nombreuses choses. La ville en elle-même possède aussi du charme et un aspect culturel des plus soigné, donnant presque envie de se promener dans ses rues et de gouter ce fameux ragout. On en apprend aussi plus sur ce fameux concept de chance, qu’on peut utiliser comme on utilise la magie, encore faut-il savoir comment faire et être doué pour cela, qui ne manque pas d’intérêt et donne envie d’en apprendre plus. Surtout quand l’auteur nous propose une héroïne qui ne connait pas sa date de naissance. Après j’avoue, j’attendais peut-être aussi plus de profondeur de l’univers, comme je le dis il n’est pas mauvais, se révèle solide, mais voilà reste toujours en fond des histoires alors qu’il aurait pu prendre une place plus importante ; Liavek étant une ville à la fois fascinante et pleine de zones d’ombres.

Concernant les personnages ils se révèlent être l’un des points les plus intéressants du récits. Que ce soit Kaloo la jeune orpheline qui évite de tomber dans les clichés, possédant un caractère fort et qui sait ce qu’elle désire et est prête a beaucoup pour l’obtenir, ou bien encore Dashif homme de main froid et méthodique, bras caché et armé du pouvoir, qui réalise les pires besognes ; il va pourtant croiser de nombreux obstacles, voir sa vie bouleverser et ainsi se dévoiler au fil des pages. Les personnages secondaires ne sont pas non plus en reste, possédant un minimum de densité pour nous accrocher comme par exemple les parents adoptifs de Kaloo. Mais surtout ce qui se révèle efficace, ce sont leurs relations, qui vont évoluer et changer au fil des pages, des années et des rencontres, offrant un travail intéressant sur les émotions et aussi, légèrement, sur la notion de famille et d’amour. Alors après j’avoue que certains personnages manquent un peu de consistance, principalement dans la dernière nouvelle, j’aurai par exemple aimé en savoir plus sur Jolesha ou encore Brajii qui possèdent du potentiel, mais qui ne parait jamais exploité.

Les différentes plumes des auteurs arrivent finalement à se marier efficacement, chacun apportant sa petite touche, pour nous offrir une trame de fond cohérente, sympathique et entrainante. Après on ne va pas le cacher ce recueil ne révolutionne en rien la Fantasy, l’ensemble se révélant dans les grandes lignes convenus et parfois sur certains aspects un peu simpliste, mais l’ensemble se laisse lire facilement et donne même envie d’en apprendre plus sur cette ville qu’est Livaek. Qui sait peut-être un jour à travers la publication d’un autre recueil.

En Résumé : J’ai passé un sympathique moment de lecture avec ce recueil de six nouvelles, liées entre elles, qui vont nous faire plonger dans la mystérieuse ville de Liavek avec sa magie qui donne envie d’en apprendre plus et ses luttes de pouvoirs. Au milieu de tout cela on va découvrir Dashif et Kaloo deux personnages intéressants au caractères fort et engagé qui vont se dévoiler peu à peu au fil des textes et voir leur vie bouleverser par les évènements. Un des points intéressants du récit est de proposer à travers six textes qui peuvent se lire indépendamment, mais qui ensemble une trame de fond plus dense et cohérente du début à la fin. Des personnages humains qui ne manquent pas de se révéler attachants. Alors après tous les textes ne sont pas au même niveau, certains manquant parfois de complexité, et l’ensemble n’a rien non plus de révolutionnaire proposant une Fantasy classique, mais remplissant pleinement son rôle de divertissement et se révèle agréable. En espérant pouvoir retourner un jour dans Liavek et en apprendre un peu plus sur cette ville qui reste encore très énigmatique.

 

Ma Note : 7/10

 

Autres avis : Vert, Ptitetrolle, Boudicca, karline05, …

Les Annales du Disque-Monde Tome 5, Sourcellerie – Terry Pratchett

sourcellerieRésumé : La magie, c’est de la bouillie pour les chats. Voici la sourcellerie, la puissance thaumaturgique de l’Aube des Temps ! Elle pénètre le Disque-Monde par l’entremise du huitième fils d’un mage (défroqué, oui !).
Disons-le tout net : casse-cou.
Faudra-t-il compter sur Rincevent pour sauver les meubles ? Il a plus d’un tour dans son sac percé. Il a aussi une équipe de choc, avec le pusillanine Bagage ? tellement humain ! ? et le subtil bibliothécaire de l’université des mages – tellement simiesque !
Avec Nijel le Destructeur, jeune héros par correspondance, et Conina, la fille du plus célèbre Barbare, par qui tombent les coeurs et les coups. Et, en prime, un séjour inoubliable dans la cité d’Al Khali, sous la houlette du Sériph Créosote.

Edition : L’Atalante
Poche : Pocket

 

Mon Avis : Après pas mal de lectures qui se sont révélées soit assez denses, soit qui m’ont laissé perplexe, j’avais clairement envie d’un roman détente. À partir de là, quoi de mieux que de retourner dans l’univers loufoque de Terry Pratchett et s’offrir un bon petit divertissement. Justement le cinquième tome des Annales du Disque-Monde m’attendait dans ma PAL. Je dois bien avouer que les quatre premiers tomes ne m’ont pas déçu un seul instant, m’ayant bien fait marrer, je me lançais donc avec grand plaisir dans la lecture de ce Sourcellerie. Alors, petit rappel, il n’est pas obligatoire de lire ce cycle dans l’ordre, la majorité des romans, sauf exceptions, peuvent se lire indépendamment, mon esprit est juste un peu trop carré pour le comprendre. Concernant la couverture, toujours illustrée par Marc Simonetti, elle se révèle toujours aussi réussie, explosive et pleine d’humour.

On retrouve ici un héros déjà bien connu du cycle, et pas des moindres, puisqu’il s’agit du plus trouillard et le moins débrouillard de tout le disque : Rincevent. Et notre pauvre héros ne va pas avoir la vie facile, car la Sourcellerie est de retour. La plus puissante des magies, qui peut rivaliser avec les dieux, et va ramener les guerres thaumaturgiques avec toutes les conséquences horribles que cela peut signifier. Notre héros va alors braver froidement cette menace de la meilleure des manières, en s’enfuyant comme il sait si bien le faire. Une chose est sûre avec un roman du cycle, c’est que dès les premières pages on est emporté, happé, par cette avalanche d’aventures, d’action, de péripéties et d’humour ,qu’on a ainsi du mal à lâcher le livre. On se retrouve à tourner les pages dans l’attente d’en apprendre plus, de savoir à quel moment tout va basculer et on le fait avec envie et le sourire aux lèvres. Surtout que l’ensemble, malgré tous les genres qu’il propose, arrive à conserver un équilibre et une cohérence qui font qu’il ne perd jamais le lecteur bien porté aussi par de nombreux rebondissements et retournements de situations maîtrisées ainsi que quelques surprises de taille. En un mot comme en cent c’est toujours un véritable plaisir de retrouver les épopées et les délires du Disque-Monde.

Surtout qu’on va découvrir au fil des pages de nouveaux personnages bien trempés, entraînants, intéressants et toujours aussi loufoques. Outre Rincevent qui a toujours le don de se retrouver dans les pires situations possibles, on découvre ici Conina, la fille d’un célèbre Barbare, qui possède la violence et les quêtes dans le sang, mais qui rêve de devenir coiffeuse, Nijel barbare depuis trois jours qui a tout appris dans un livre ou encore Sériph calife despotique qui n’est finalement qu’un esthète amoureux de la poésie. Chacun apporte un aspect décalé à cette histoire, qui tend de plus en plus au fil de la lecture vers l’apocalypse. Ajouter à cela deux protagonistes habituels que sont le Bagage et l’inconditionnelle Mort, qui sont toujours aussi fascinants, et on obtient là une belle brochette de vainqueur qui ne manque pas de se révéler attachant. Surtout qu’ils sont loin d’être idiots et offrent même des réflexions vraiment intéressante sur la quête de pouvoir ou encore la position de la femme ou de la descendance. Mon seul regret vient de Thune qui m’a paru mal exploité, principalement dans sa dualité et les Chevaliers de l’Apocalypse qui, je ne sais pas trop pourquoi, m’ont trop rappelé ceux de De Bons Présages, mais rien de non plus bloquant ou frustrant.

L’univers du Disque-Monde se révèle toujours aussi intéressant et fascinant à retrouver. Il faut dire qu’il donne clairement l’impression de se renouveler en grande partie à chaque tome. Certes on y retrouve des lieux connus, comme des phares pour aiguiller le lecteur, mais à chaque nouvelle aventure il nous dévoile de nouvelles régions. Cette fois il nous propose de nous faire voyager et de nous faire découvrir Al Khali, capitale du Klatch, ville un peu miroir de Ankh-Morpork, qui se révèle vraiment captivante à découvrir, du moins du peu que l’auteur nous dévoile, que ce soit dans les lieux comme dans la culture. Autre point intéressant, les informations qui nous sont proposées dans ce tome concernant la Magie, cette puissance cachée qui se dévoile avec la Sourcellerie et toutes les conséquences que cela peut avoir pour le disque-monde en entier. On en apprend ainsi un peu plus sur son histoire et ce qui a amené la magie à être finalement devenu quelque chose d’un peu pépère. Finalement un univers qui dévoile toujours plus au fil des tomes et qui donne envie d’en apprendre toujours plus.

Je regretterai finalement que deux petites choses qui font que ce tome est légèrement moins bon que le précédent, un certain essoufflement vers le milieu de l’intrigue, beaucoup de fuite en avant et d’explosions, mais encore peu de réponses et l’auteur donne l’impression de traîner un peu, de tirer sur la corde histoire de nous garder le plus longtemps possible, ainsi que cette impression, déjà ressenti dans certains des autres aventures, d’une conclusion qui s’étire un peu trop, partant dans tous les sens et multipliant parfois trop les points de vues. Rien de non plus bloquant ou frustrant, n’empêchant pas ce livre de se révéler plus que plaisant, mais qui se ressent un peu tout de même.

La plume de l’auteur se révèle toujours aussi entraînante, efficace, créant avec facilité, cohérence et envie son propre univers loufoque qui déride sans soucis le lecteur. Surtout qu’il ne tombe jamais dans l’absurde, certes il possède sa propre logique souvent barré, qu’il est le seul a complètement maîtriser, mais il parait ne jamais se contredire, même vis-à-vis des autres tomes, ce qui offre ainsi des assises de plus en plus solide à un monde qui ne demande qu’à être de nouveau visité. Au final j’ai passé un bon moment de lecture avec ce nouvel opus des Annales du Disque-Monde et je lirai la suite sans soucis.

En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec ce cinquième tome du cycle des annales du Disque-Monde, qui nous propose une nouvelle aventure pleine de péripéties, d’action et d’humour avec l’apparition de la Sourcellerie, la plus grande magie qui existe, et toutes les conséquences que cela inclue. On retrouve avec plaisir Rincevent, toujours aussi fascinant et couard qui nous offre de bonnes tranches de rigolades accompagnées d’anciens personnages comme de nouveaux qui se révèlent intéressant. L’univers présenté au fil des tomes continue à se densifier pour notre plus grand plaisir et à dévoiler des lieux et des cultures toujours aussi captivantes et entraînantes. Seuls Thune et les Chevaliers de l’Apocalypse m’ont paru en retrait. Surtout l’auteur n’oublie pas d’y glisser quelques axes de réflexions qui ne manquent pas de piquer le lecteur. Je regretterai juste quelques légères longueurs vers le milieu du livre et une fin qui en fait peut-être un peu trop, accumulant les points de vues. La plume se révèle toujours aussi entraînante, fluide et efficace. Je lirai sans soucis et avec plaisir d’autres récits du Disque-Monde.

 

Ma Note : 7,5/10

La Musique du Silence – Patrick Rothfuss

la musique du silenceRésumé : Rares sont ceux qui connaissent l’existence du Sous-Monde, une toile brisée d’anciennes galeries et de pièces laissées à l’abandon qui s’étend dans les profondeurs de l’Université.
Protégée par ce labyrinthe sinueux, confortablement installée au cœur même de ces lieux désolés, vit une étrange jeune femme.
Le silence et les ténèbres semblent être ses seuls compagnons sur le chemin qu’elle se fraie dans cet univers souterrain. À moins qu’elle ne perçoive autre chose. Comme une complainte des oubliés, mêlant douceur et amertume à son existence…
Son nom est Auri. Et sa vie est peuplée de mystères.
Parmi les nombreuses rencontres de Kvothe, la plus attachante est sans nul doute celle d’Auri. Cette jeune femme, au caractère à la fois sauvage, enfantin et précieux, reste voilée de mystère. Le regard qu’elle porte sur le monde semble percevoir bien plus que celui du commun des mortels. Bientôt elle reverra Kvothe et il faudra lui offrir un présent. Il est temps de se mettre en quête.

Edition : Bragelonne

 

Mon Avis : Patrick Rothfuss fait partie des auteurs dont j’attends chaque nouveau livre avec impatience. Son premier livre Le Nom du Vent m’avait fasciné par son histoire de Fantasy dense, complexe et portée par un héros charismatique (ma chronique ici). La suite, La Peur du Sage, avait confirmé tout le bien que je pensais de ce cycle (chronique Partie 1 et Partie 2), dont j’attends d’ailleurs le troisième et dernier tome avec impatience. Quand j’ai vu que l’auteur publiait une Novella dans le même univers, qui plus est sur Auri, un des personnages secondaires que j’apprécie le plus, je n’ai alors pas mis longtemps à la faire entrer dans ma bibliothèque. À noter de nouveau une magnifique couverture et des images parsemées au fil des pages, toujours illustrée par Marc Simonetti, ainsi qu’une très belle édition avec couverture reliée.

Alors on va commencer par quelques précautions car, comme l’auteur le dit en introduction, si vous cherchez à découvrir l’univers Chronique du Tueur de Roi ne commencez pas par ce livre. Ce serait une erreur. Il faut au moins avoir lu Le Nom du Vent, voir même La Peur du Sage, avant pour mieux comprendre et appréhender cette histoire. Ensuite si vous cherchez Kvothe vous allez être déçu, on ne fait vraiment que suivre Auri, aucun autre personnage n’apparaît. Enfin si vous cherchez un livre qui bouge, alors il vaut mieux éviter ce livre. Vous êtes prévenu.

Alors que nous raconte ce livre ? C’est bien simple il nous fait plonger dans une tranche de la vie d’Auri, à la recherche d’un cadeau, dans le sous-monde, pour Kvothe qu’elle doit retrouver dans sept jours. Pas de grande histoire, ni de quête, ni de voyage initiatique ou autre. Par conséquent pas vraiment de tension, ni d’action avec plein de rebondissements, simplement la plongée dans la vie, pas toujours facile, de cette jeune fille étrange. Il apparait alors quelque chose de fascinant, pour peu qu’on s’intéresse à Auri et qu’on se laisse emporter, à la suivre à travers ses journées. Elle possède une vision du monde complètement différente de la nôtre, pour elle tout à une logique qui lui est propre et chaque élément, chaque objet, possède son propre esprit, sa propre âme qui varie en fonction de l’évolution du temps ; un peu comme un être humain. Elle se retrouve donc entouré d’objets qui sont, d’une certaine façon, sa famille qu’elle essaie de rendre heureux jours après jours. On est alors fasciné par la vision que nous offre Auri de son monde, de cette légère folie douce qui se dégage d’elle, rendant ses journées à la fois magiques ou tristes, et fait que finalement elle se révèle à part.

Pour peu qu’on l’apprécie, on se retrouve alors à découvrir une héroïne qui est, d’une certaine façon, marquée par la vie, qui nous fait découvrir son monde et dont, finalement, on s’attache assez facilement. On en apprend ainsi plus sur ses émotions, ses sentiments, porté par un travail plutôt efficace et captivant de l’auteur. On sent d’ailleurs bien qu’il l’apprécie énormément, une aura de tendresse se dégage ainsi de cette histoire, mais sans non plus, je trouve, tomber dans une caricature ou un portrait trop parfait de l’héroïne. Une Auri humaine, pleine de failles et de passions, qui ne manque pas non plus de nous offrir quelques mystères et quelques vérités. Le soucis, je trouve, c’est que le côté brisé de l’héroïne reste très magique, touchant et romanesque, alors qu’il ne faut pas oublier qu’elle est un peu « folle ». Un peu comme si l’auteur ne voulait en garder que les aspects les plus féériques des ses troubles tout en oubliant les aspects les plus sombres. Rien de non plus bloquant, mais un peu frustrant je trouve, surtout après ma lecture de La Fille qui se Noie qui offrait une héroïne beaucoup plus saisissante et sans artifices, capable de se faire du mal si elle perd le contrôle.

On en apprend aussi plus sur le sous-monde, ce lieu assez mystérieux dont on entend déjà parler avec Kvothe, qui se révèle finalement être un endroit assez fascinant, enchevêtrement de salles et de pièces toutes, d’une certaine façon, plus magique les unes que les autres. Un labyrinthe qui donne envie d’être découvert. Une certaine poésie se dégage d’ailleurs de ces lieux, alternant aspects lumineux et d’autres plus sombres, mélanges d’égouts, de pièces oubliés et de lieux maudits. Je regrette peut-être juste que finalement ce Sous-Monde soit peut-être un peu trop gentillet, je me souvenais de quelque chose de plus sombre et peut-être plus sauvage dans les Chroniques du Tueur de Roi. Mais bon rien de bien gênant non plus.

Alors après il ne faut pas non plus se leurrer, on est loin d’avoir le meilleur de Rothfuss entre les mains. L’auteur avait clairement envie d’écrire cette histoire. On sent bien, comme je l’ai dit, qu’elle possède quelque chose de particulier pour lui et même si, pour moi, elle s’est révélée plaisante à lire, elle n’arrive pas non plus à offrir plus que cela : un divertissement léger. Un peu comme une petite douceur pour faire patienter le lecteur avant la sortie du troisième tome de son cycle. Le soucis c’est que l’histoire aurait pu, je pense, y gagner déjà en nous en apprenant plus sur le passé d’Auri, qui est toujours aussi nébuleux, vu que cette Novella nous propose simplement de la suivre au jour le jour.  Ensuite il y avait la place pour offrir quelques surprises et rebondissements.

La plume de l’auteur se révèle vraiment intéressante, s’offrant le tour de force de nous offrir un récit sans un seul dialogue sans jamais non plus ennuyer. Une plume qui change complètement de ce qu’il proposait dans ses autres récits, cherchant plus un aspect poétique, féérique et même s’il est encore loin de ce que peut proposer certains auteurs dans ce domaine comme Neil Gaiman, il s’en sort bien arrivant un minimum à emporter le lecteur dans cette histoire étrange. Au final un texte qui se révèle sympathique, pas le plus fascinant ni, selon moi, le meilleur de l’auteur, mais qui possède tout de même un certain charme et une certaine magie . Après à vous de voir si vous vous reconnaissez dans ce que je viens de chroniquer et si vous voulez mettre 20€ dans un livre de 160 pages. Maintenant reste plus qu’à attendre la publication du troisième tome des aventures de Kvothe qui pourrait sortir en 2016.

En Résumé : J’ai passé un sympathique moment de lecture avec cette novella qui nous fait découvrir Auri, personnage secondaires des Chroniques du Tueur de Roi. Un texte étrange, nous faisant découvrir une tranche de vie sur 7 jour de l’héroïne. Se dévoile au fil du récit sa vision du monde, complètement différente de la nôtre, ainsi que son comportement assez protecteur vis-à-vis de ce qui l’entoure et qui possède une certaine féerie et une certaine magie. Par contre si vous cherchez des rebondissements ou de l’action, passez votre chemin. On découvre au fil des pages une jeune fille, marquée par la vie, qui se révèle un minimum attachante et accroche le lecteur, même si je trouve que l’auteur la protège peut-être un peu de trop, surtout concernant sa « folie » dont il ne parait garder que les aspects les plus magiques. Le sous-monde gagne ici en profondeur, offrant un lieu labyrinthique assez intéressant à arpenter. Après ce livre est loin de se révéler être le meilleur de Rothfuss, lui offrant plus de développer un peu un personnage qu’il affectionne, offrant un divertissement agréable mais loin de ce qu’il peut proposer dans son cycle. La plume est complètement différente de ses autres écrits, se décalant ver le poétique, et même s’il n’atteint pas le niveau de certains auteurs il s’en sort honorablement bien. Au final je ne suis pas déçu de ma lecture, même si je m’attendais à mieux, en tout cas de quoi patienter en attendant la publication du troisième tome des aventures de Kvothe.

 

Ma Note : 7/10

American Fays – Anne Fakhouri & Xavier Dollo

american faysRésumé : Ce Chicago de 1925 a tout du chaudron prêt à exploser ! Entre les Leprechauns mouillés dans la fabrication de faux billets et les gangs qui s’activent en coulisses pour s’emparer des marchés de l’alcool et des speakeasies, autant dire qu’il y a de l’orage dans l’air. Et tandis qu’Al Capone tente de retrouver son influence sur la ville, voilà que des Drys, farouches partisans de la Prohibition, sont atrocement assassinés.
Scarface devient, aux yeux des autorités, le suspect idéal. Furieux et persuadé que les Fays sont dans le coup, il charge une bande de chasseurs de Fays, les No Ears Four, de débusquer les véritables coupables.
Pour Old Odd et son équipe, les ennuis ne font que commencer. Contraints de plonger dans les entrailles d’une ville corrompue et en proie aux guerres des gangs, les quatre nettoyeurs ont intérêt à se serrer les coudes s’ils veulent survivre à la tempête qui s’annonce. Car, quand la Fayrie est impliquée, mieux vaut ne pas trop traîner dans l’œil du cyclone !

Edition : Critic

 

Mon Avis : Depuis quelques années je dois bien admettre que je suis devenu un inconditionnel des écrits que ce soit d’Anne Fakhouri ou de Xavier Dollo. Par conséquent quand j’ai appris que ces deux auteurs allaient s’associer, qui plus est pour travailler dans l’univers de l’excellente nouvelle d’Anne Fakhouri, Du Rififi Entre les Oreilles, publiée dans l’anthologie des Imaginales Elfes et Assassins (ma chronique ici), je ne pouvais que trépigner d’impatience et d’envie. C’est donc sans surprise qu’une fois ce livre dans ma PAL, il n’y a pas traîné longtemps et a rapidement terminé sa course entre mes mains. Arrêtons-nous quand même pour parler de l’objet en lui-même qui se révèle superbe avec sa couverture rigide, dos toilé, ainsi que la magnifique illustration de Xavier Collette qui colle d’ailleurs magnifiquement bien avec le récit. Un objet collector.

American Fays nous plonge donc au milieu des années 20, à Chicago en pleine prohibition. Al Capone, obligé de se mettre au vert quelques temps, voit son influence baisser doucement sur la ville. C’est alors que des meurtres mystérieux et sanglants cherchent à le faire accuser. Il décide donc d’envoyer les No Ears Fours enquêter sur ces crimes et prouver son innocence. C’est donc une intrigue tournée vers le polar qui nous est proposé ici et, une chose est sûre, elle se révèle très réussie. Dès la première page on se retrouve véritablement emporté par les nombreuses aventures et péripéties que vont rencontrer nos héros. Le rythme est toujours tendu avec son lot d’action, de rebondissements, de surprises, où rien ne va se révéler facile. Le lecteur se retrouve à tourner les pages facilement et avec plaisir dans l’attente de la prochaine révélation. Surtout que les auteurs sont loin de nous offrir une intrigue toute tracée, multipliant les sous-intrigues, les zones d’ombres et les fausses pistes, permettant ainsi de jouer avec le lecteur, le tout de façon cohérente et réussie, gardant ainsi le meilleur pour la fin qui se révèle explosive. Une histoire que j’ai trouvée parfaitement maîtrisée du début à la fin, qui se lit facilement tant elle se révèle fluide et entrainante et qui ne manque pas de faire sourire nous offrant un humour efficace, plein d’ironie et percutant.

L’univers est une des grandes réussites du récit, nous replongeant dans un Chicago des années 20 plus vrai que nature et terriblement visuel, bien porté par des descriptions réussies. Tout rappel les films de gangsters de l’époque, jusqu’au moindre détail et on sent bien que les auteurs se sont clairement documentés sur le sujet. Une des grandes forces est aussi de ne pas tomber dans l’idéalisation de cette époque, en effet il n’est pas sans rappeler que cette période de prohibition fut aussi celle d’une forte intolérance, de rejet voir même de haine. On se retrouve donc ici avec une ville ambigüe, avec ses aspects fascinants, mais aussi ses zones d’ombres, son racisme, sa morale ambigu, son pouvoir au-dessus des lois ou bien encore la position de la femme qui est loin d’être idyllique. Un univers dense, cohérent et terriblement efficace, ne tombant jamais dans la caricature, évitant de trop en faire pour finalement mieux capter le lecteur, sachant lui dévoiler sa beauté et sa noirceur. Autre aspect intéressant ce sont les fays qui ont une grande importance dans ce monde. Liés à l’Histoire des États-Unis et à l’arrivée du Mayflower, elles ne sont pas ici par hasard et se révèlent clairement captivantes. On retrouve tout un panel de personnage féériques qui se glisse parfaitement dans celui des humains. Elles permettent aussi de mieux exacerber certaines réflexions, certaines idées de façon intéressante comme celle de l’utilisation des personnes considérées comme différentes en tant qu’outils. Ajouter à cela un vernis de Jazz qui apporte une petite touche musicale plus que bienvenue, quelques références intrigantes comme ce clin d’œil envers Lasser Détective des Dieux ou encore vers les contes et on se retrouve ainsi avec un univers captivant, palpable et qui donne envie d’être découvert.

Concernant les personnages ils se révèlent vraiment entrainants et passionnants à découvrir au fil des pages. Que ce soit Old Odd, chef de bande, ancien, qui ne cherche finalement qu’à pouvoir, d’une certaine façon, profiter pleinement de ses vieux jours, Jack l’assassin mystérieux et énigmatique mais qui cache bien son jeu et se révèle glaçant à souhait, mais aussi Bulldog gros bras un peu simplet qui se révèle plus profond que prévu et aussi touchant, ou bien encore Bix au destin tragique, lui qui voulait être jazzman mais qui est blanc, et se retrouve coincé à travailler pour la pègre, chacun des membres des No Ears Fours se révèlent humains loin de tout manichéisme avec leurs envies, leurs parts sombres et leurs émotions. Les personnages secondaires ne sont pas non plus en reste avec une mention spéciale pour Jude qui ne cherche qu’à être heureuse et aimée dans une époque ou les femmes n’ont pas obligatoirement beaucoup de droits. Entre trahisons, amour, amitié et mensonges chaque personnage va devoir faire des choix. Le tout est porté par une gouaille qui apporte un véritable plus.

J’avais un peu peur de l’écriture à quatre mains, mais finalement la plume des auteurs n’est en rien dénaturé s’associant parfaitement pour se révéler entrainante, efficace et percutante bien porté par des personnages hauts en couleurs et des dialogues percutants et plein de mordants. Au final je ferai juste une petite remarque c’est concernant la conclusion qui, je trouve, s’essouffle légèrement devant le fait que de nombreux personnages apparaissent dans les dernières pages pour redistribuer les cartes et surtout ralentir encore les révélations finales. Rien de gênant tant l’ensemble est captivant et qu’on s’y plait dans cet univers, mais tout de même un chouïa frustrant. Au final cet American Fays est un excellent roman de Fantasy Urbaine, sans temps morts, avec une histoire complexe et dense et je reviendrai avec plaisir retrouver les No Ears Four si jamais les auteurs comptent un jour écrire une suite.

En Résumé : J’ai passé un excellent moment de lecture avec ce roman qui offre une histoire très polar se révélant dense, entrainante au rythme tendu et sans temps morts. Le lecteur se retrouve à tourner les pages avec plaisir et envie tant l’ensemble est maîtrisé, offrant son lot de surprises et de retournements de situations. Je ferai juste une petite remarque concernant la conclusion qui, je trouve, utilise un peu trop l’apparition de personnages surprises, ralentissant ainsi les révélations, mais rien de non plus trop gênant et qui ne l’empêche pas de se révéler explosive. L’univers ne manque pas d’attrait se révélant clairement réussi, nous offrant un Chicago des années 20  entre ombre et lumière, loin de tout idéal et qui donne envie d’être découvert avec ses nombreuses références, la présence des fays, ou encore ce léger vernis Jazz qui lui offre ainsi une petite touche musicale. Un univers qui n’oublie pas non plus de mettre en avant de nombreuses réflexions intéressantes. Les personnages sont entrainants, denses et attachants, bien porté aussi par une gouaille des plus mordante. Le style à quatre mains se révèle être efficace et percutant, nous plongeant facilement das cette histoire. Un excellent roman de Fantasy Urbaine et je retrouverai avec plaisir les No Ears Fours si jamais les auteurs décident d’écrire une suite.

 

Ma Note : 8/10

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