Catégorie : Fantasy Page 23 of 69

Un Etranger en Olondre – Sofia Samatar

un etranger en olondreRésumé : Jevick est le fils du plus riche marchand de poivre de l’Archipel du Thé. Bercé toute sa vie par les légendes et les contes de la lointaine Olondre, un pays où les livres sont aussi communs qu’ils sont rares sur son île, il touche enfin, à la mort de son père, au bonheur de visiter cette contrée magique et remplie de bibliothèques afin d’y perpétuer le commerce familial.
Ses désirs semblent comblés jusqu’à ce que, au lendemain du rabelaisien Festival des Oiseaux, qui rythme la vie religieuse en Olondre il se découvre hanté par un ange.

Edition : Les Editions de l’Instant

 

Mon avis : Les éditions de l’instant sont une toute jeune maison d’édition qui, courant de l’année dernière, se sont lancés dans un crowfunding pour les aider à démarrer. Au vu des publications annoncées, dont ce livre de Sofia Samatar, j’avoue avoir décidé assez rapidement de participer au financement participatif dont en voici justement la première publication. Il est à noter que ce récit à gagner de nombreux pris dont le World fantasy Award 2014 ainsi que le British Fantasy Award. Concernant la couverture, je la trouve vraiment sympathique.

Jevik est le fils d’un riche marchand de poivre qui voit son père partir une fois par an vendre sa production en Olondre. Ce pays va au fil du temps le fasciner, encore plus après avoir travaillé auprès d’un percepteur venant de là-bas qui va lui faire découvrir la magie des mots. Son premier voyage va alors tout changer et il va se retrouver, sans le vouloir, au milieu d’un pays qui se déchire et devenir un enjeu principal. Je dois bien admettre qu’une fois la dernière page tournée, je vais avoir du mal à vraiment retranscrire mon ressenti concernant ce livre. J’ai passé un excellent moment de lecture et je me suis vraiment senti happé par cette histoire romanesque et l’évocation qui ressort de l’aspect poétique du récit. Je me suis retrouvé clairement fasciné par ce pays imaginaire, complètement inventé par l’auteur, ainsi que par les évocations et les réflexions qu’elle construit de façon ingénue et soignée ; le tout sur un rythme posé, permettant ainsi de développer l’histoire de façon fluide et efficace. Le soucis vient de pouvoir pleinement vous conseiller ce livre, car autant si le lecteur se laisse transporter par ce que construit l’auteur et la magie qui s’en dégage, il y a de grandes chances qu’il se laisse alors facilement emporter, autant je pourrai comprendre que si la magie n’opère pas, il s’ennuie avec ce récit. A chacun de voir ce qu’il en pense et ce qu’il attend de cette oeuvre.

Comme je l’ai dit, le premier point qui m’a fasciné c’est la construction de l’univers qui est mis en place ici par l’auteur. Outre le fait qu’on quitte le monde type médiéval qu’on retrouve régulièrement, pour un univers qui m’a paru plus oriental/africain, c’est surtout le fait que l’ensemble sort clairement de l’imagination débordante et fascinante de l’auteur. Je ne dis pas qu’elle a tout inventé, je me doute bien qu’elle a dû se baser parfois sur des éléments bien précis, mais je parle bien de la construction de du monde dans sa totalité qui offre ainsi un univers totalement fictif à la fois cohérent, hypnotique et d’une incroyable beauté dépaysant clairement le lecteur, même dans ces passages les plus troubles et les plus sombres. Mais c’est surtout dans la présentation d’Olondre que l’auteur se révèle clairement orignal, offrant ainsi deux visions de ce pays. Dans une première partie on découvre Olondre à travers les nombreux livres que lit Jevick, on aperçoit ainsi un pays plein d’aventures, de mystères, de beauté et de poésie comme peut le proposer l’art. Mais cette vision devient ainsi mise à mal par le premier voyage de notre héros qui va percuter de plein fouet la vérité. Cela n’enlève en rien la beauté d’Olondre mais lui offre alors plutôt un aspect plus réel, plus sauvage, loin du rêve d’enfant que visualisé Jevick, où les conflits se mélangent par exemple à l’intensité de la vie et la folie douce. C’est dans cette seconde partie qu’il gagne, je trouve, tout son intérêt, entre splendeur et faille et donne clairement envie de le visiter, de le découvrir. Le reste de l’univers est tout aussi captivant, que ce soit concernant les mythes, les traditions, les religions ou encore les aspects fantastiques, s’avèrent passionnant à découvrir et possédant une atmosphère vivante et des plus envoutante.

Sofia Samatar ne nous propose pas non plus qu’un simple voyage exotique, elle nous offre aussi de nombreuses lignes de réflexions et de nombreuses problématiques intéressantes, qui vont ainsi apporter un niveau de densité et de complexité supplémentaire au récit. Le premier point vient, d’une certaine façon, de la déclaration d’amour que fait l’auteur au monde des livres, leur importance que ce soit aussi bien dans sa capacité à faire rêver que dans sa capacité d’apprentissage. Sauf que voilà rien n’est aisé, une dualité se dégage, une dichotomie, que ce soit aussi bien dans le « rôle » de la littérature que dans l’ensemble des questions qui sont soulevées ici. Des livres qui peuvent être à la fois la délivrance et la condamnation, selon les différents points de vues et les différences culturelles. En effet, c’est aussi ce qui rend cette intrigue intéressante, la confrontation de notre héros face à de nombreuses différences aussi bien culturelles qu’au niveau du langage. D’ailleurs le langage prend une forme importante ici tant le héros s’enorgueilli de sa connaissance de la langue, mais va très vite se rendre que savoir communiquer ne vient pas obligatoirement que du « parlé ». L’auteur nous offre aussi une réflexion intéressante sur la religion, Olondre étant en pleine lutte de religion entre la nouvelle, qui bannit tout ce qui est mystique, et l’ancienne qui base sa croyance sur l’importance des anges. Un combat que notre héros va subir de plein fouet et en être la pièce centrale sans le vouloir. Autre point encore soulevé, la différence de civilisation entre Jeveck, qui vient de l’Archipel du Thé où tout repose sur la tradition orale, et Olondre ou l’écrit et les bibliothèques sont plus que présentes, malgré une tradition de conte encore bien présente. Ces différences, ces dualités ne sont pas sans rappeler, à mon avis, l’époque de la colonisation avec les nombreux changements qui sont survenues ainsi que les nombreuses incompréhensions et simplifications culturelles.

Concernant les personnages, ils restent finalement assez classiques dans leurs constructions, avec par exemple Jevick, jeune adolescent qui va suivre un voyage initiatique et va évoluer par la force des choses et des rencontres qu’il va faire pour en devenir plus mature. C’est aussi un homme hanté par ce qu’il est, ce qu’il peut devenir et ce qu’il va accomplir. Mais voilà, malgré ce sentiment cela ne les empêchent pas de se révéler vraiment solides et accrocheurs dans leurs aventures, leurs changements, leurs péripéties. Ils ne manquent pas non plus de complexités, possédant aussi leurs forces et leurs faiblesses. C’est ainsi qu’on se retrouve emporté par la métamorphose du héros passant finalement du statut d’observateur à celui, d’une certaine façon, d’acteur. Mais surtout l’intérêt principal du récit vient que Jevick n’est pas un héros qui va, par lui-même, tout changer, il est plus la pièce centrale d’un bouleversement. D’ailleurs cela se ressent aussi clairement dans la conclusion, que j’ai trouvé clairement réussie, mais qui n’offre pas une fin claire et précise avec les gagnants d’un côté et les perdants de l’autre. Tout le monde est gagnant et perdant à la fois d’une certaine façon.

Malgré toutes les qualités que possède cette oeuvre j’ai trouvé tout de même certains points légèrement frustrants comme certaines tergiversations qui prenaient un peu trop d’ampleur, ou encore certaines fois l’auteur cherche un peu trop à en faire dans les descriptions selon moi. Au final rien de non plus trop gênant tant ce livre se révèle véritablement fluide, aérien et magnifique. Il faut dire que l’on sent bien l’amour des mots de l’auteur tant le récit parait maîtrisé, juste, sans chercher à trop en faire ou à plonger dans trop de fioritures. Dans tous les cas je lirai avec grand plaisir d’autres de ses écrits.

En Résumé : Un Etranger en Olondre m’a offert un excellent moment de lecture, proposant un récit qui va se révéler poétique, soigné et fascinant à découvrir. L’univers que construit l’auteur du début à la fin s’avère captivant à découvrir, permettant à l’auteur de jouer pleinement avec son imagination, nous happant rapidement dans son monde et nous dévoilant une Olondre envoutante et dépaysante, donnant envie clairement d’en apprendre plus. Mais l’auteur ne cherche pas non plus qu’à nous faire voyager, elle développe des problématiques et des réflexions intelligentes et bien menés que ce soit sur le langage, la religion ou encore cette ode à la littérature qu’elle propose. Au milieu de tout cela les personnages, qui certes se révèlent classiques dans leurs constructions, ne manquent pas de se révéler solides et entrainants dans leurs péripéties. Je regretterai peut-être juste quelques tergiversations un peu longues ou bien encore un sentiment que l’auteur veut un peu trop en faire, mais franchement rien de gênant tant j’ai été emporté par ce récit et cette plume maîtrisée, magique et envoutante. Maintenant à chacun de se faire son avis car autant je peux comprendre que comme moi, si on se laisse emporter par ce livre poétique, on peut se retrouver facilement happé, autant si l’alchimie ne marche pas je pense qu’on peut s’y ennuyer. En tout cas pour moi une excellente lecture et je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.

 

Ma Note : 8,5/10

Shattered Sea Book 3, Half a War – Joe Abercrombie

half a warRésumé : Princess Skara has seen all she loved made blood and ashes. She is left with only words. But the right words can be as deadly as any blade. She must conquer her fears and sharpen her wits to a lethal edge if she is to reclaim her birthright.
Only half a war is fought with swords
The deep-cunning Father Yarvi has walked a long road from crippled slave to king’s minister. He has made allies of old foes and stitched together an uneasy peace. But now the ruthless Grandmother Wexen has raised the greatest army since the elves made war on God, and put Bright Yilling at its head – a man who worships no god but Death.
Sometimes one must fight evil with evil
Some – like Thorn Bathu and the sword-bearer Raith – are born to fight, perhaps to die. Others – like Brand the smith and Koll the wood-carver – would rather stand in the light. But when Mother War spreads her iron wings, she may cast the whole Shattered Sea into darkness…

Edition : Harper Voyager

 

Mon Avis : Il y a un peu plus d’un an, je me lançais dans la lecture de ce cycle où l’auteur cherche à viser un public plus large, allant de l’adolescent, au jeune adulte voir même les lecteurs rompus au genre. Après un premier tome efficace, sombre et entrainant (ma chronique ici), un second tome tout aussi percutant et captivant et que j’ai trouvé légèrement mieux maîtrisé (ma chronique ) je me suis donc assez rapidement lancé dans ce troisième tome. A noter, une illustration de couverture que je trouve un peu moins réussie que celles des tomes précédents, mais qui a le bon ton de mettre directement dans l’ambiance.

De la même façon que les tomes précédents, on va ici découvrir un nouveau point de vue et, après Thorn et Yarvi, on va cette fois suivre le destin de Skara, jeune héritière du Throvenland qui va subir de plein fouet la guerre par la destruction de son pays. Comme toujours avec ce cycle, le récit va se révéler initiatique, transformer un personnage principal, souvent adolescent, vers l’âge adulte et de façon brutale, le confrontant à de nombreux choix qui ne se révèlent pas toujours facile. Ici Skara va ainsi être une des rares survivante de son pays qui vient de subir l’ire du Haut-Roi et qui va tenter de reconstruire son pays. On quitte donc une guerrière, Thorn dans le tome précédent, pour suivre une histoire qui va plus nous faire plonger dans les jeux de pouvoirs, les manipulations et tout ce que cela peut entrainer. L’auteur n’oublie pas non plus pour autant l’aspect guerrier du récit, faisant ainsi monter la tension au fil des pages, de cette terrible vengeance entamée dès le premier tome, qui a clairement changé les forces en place. Il nous propose aussi quelques scènes de batailles qui ne manquent pas de se révéler épiques et percutantes. L’histoire que va construire l’auteur va se révéler sombre, cynique, sans concessions pour l’ensemble des personnages où la guerre va amener son lot de rebondissements, de morts et de surprises. La conclusion ne manquera pas de se révéler captivante, incisive, offrant ainsi de nombreuses surprises et révélations étonnantes, offrant ainsi un final réussi même si j’ai trouvé que certains aspects sur GrandMother Wrexen ou bien encore sur le Haut Roi m’ont paru traité un chouïa trop rapidement.

La grande force de l’auteur, est qui se ressent un peu plus dans ce cycle selon moi, c’est sa capacité à brosser des personnages qui ne laissent pas indifférents, se révélant charismatiques et accrocheurs. Surtout que dans ce dernier tome rien ne va être aisé pour eux. Ils vont ainsi connaitre des pertes, des souffrances, des joies, parfois éphémères parfois non, mais surtout vont devoir faire face à des choix qui vont les changer, les bouleverser, aux conséquences parfois sanglantes. C’est d’ailleurs, je trouve, un des points intéressants de l’histoire, de voir l’évolution des héros que l’on a côtoyé mais d’un oeil différent. Cela se ressent principalement avec Yarvi qui va peu à peu se laisser emporter par son besoin de vengeance au point limite de s’y perdre. Skara, malgré une première prise de contact un peu passive, plus par le besoin de l’auteur de maintenir ces nombreuses lignes d’intrigues intacts, ce qui fait qu’elle a un peu de mal à s’imposer dans les premiers chapitres, va finalement, au fil des pages, se révéler une héroïne intéressante. De nouveau l’auteur nous propose ainsi une héroïne complexe, avec ses forces et ses faiblesses, qui va devoir grandir trop vite et devoir se battre avec ses mots pour s’imposer au milieu des loups et faire ce qui lui parait le plus juste. Comme toujours les personnages secondaires qui gravitent autour se révèlent eux aussi intéressants à découvrir, proposant des protagonistes soignés dont on retrouve les aventures avec plaisir, même si c’est parfois légèrement frustrant de voir en retrait certains personnages importants des tomes précédents. Dans tous les cas des personnages ambigus qui évoluent de façon intéressantes, pas toujours comme on l’attendait et qui ne manquent pas parfois de surprendre et nous happent facilement dans leurs intrigues.

Concernant l’univers, ce tome étant le dernier du cycle, il vient donc y apporter son lot de réponses, principalement concernant les Elfes dont on entend parler depuis le premier tome. En effet toutes les grandes questions que l’on se posait sur eux, leurs importances, leurs influences, trouvent ici leurs réponses, même si certains points restent encore ouvert sur leurs disparitions. Qui sait, peut-être pourquoi pas à travers un nouveau récit dans ce monde. On voyage par contre peut-être un peu moins que dans les précédents romans, mais cela n’empêche pas l’ensemble de se révéler toujours solide et efficace, typé vikings dans les régions comme dans les coutumes. J’ai bien apprécié l’idée de pouvoir séparer en deux entre le roi du royaume qui doit parler pour la guerre et du ministre qui doit parler pour la paix, même si cela n’est clairement pas toujours le cas. On en apprend aussi plus sur la magie, ces conséquences, sa puissance et aussi son coût. Dans tous les cas un univers qui donne envie d’en apprendre et où je retournerai avec plaisir si l’auteur décide d’y revenir.

Par contre j’ai constaté une ou deux longueurs, principalement vers le milieu du récit où l’auteur tente de tirer un peu l’intrigue, mais rien de non plus trop dérangeant ainsi que, comme je l’ai dit, deux ou trois points qui m’ont paru traité rapidement sur la fin ainsi qu’une certaine linéarité. La plume de l’auteur se révèle clairement entrainante, efficace et percutante, bien porté aussi par un sens du dialogues et de l’action qui fait qu’on tourne les pages facilement. Au final un troisième tome réussi, dans la lignée des tomes précédents, qui m’a offert un bon moment de lecture, épique et efficace.

A noter que ce troisième tome a été publié en VF par Bragelone sous le titre La Mer Éclatée Tome 3, La Moitié d’une Guerre.

En Résumé : J’ai de nouveau passé un bon moment de lecture avec le troisième tome de ce cycle qui vient clore l’histoire de façon efficace et entrainante. On suit avec plaisir Skara, nouveau personnage principal du récit, même si elle a un peu de mal à s’imposer dans les premières pages tant l’intrigue de fond est présente. Cela ne l’empêche pas au fil des pages et à travers son évolution de se révéler intéressante et surtout d’offrir un regard différend sur des personnages qu’on a déjà croisé. C’est d’ailleurs la grande force du récit, la caractérisation des différents protagonistes. L’intrigue monte ainsi en tension au fil des pages, entre jeux politiques et manipulations, avec de scènes de batailles épiques et percutante pour aboutir à une conclusion réussie avec son lot de surprises, même si certains points auraient, selon moi, mérité plus de développement. L’univers se dévoile aussi enfin, principalement sur les zones d’ombres que sont les Elfes et donne toujours autant envie d’en apprendre plus. Je regretterai peut-être quelques longueurs, principalement vers le milieu ou encore une certaine linéarité, mais rien de non plus trop bloquant. La plume de l’auteur se révèle toujours aussi efficace et percutante bien porté par des dialogues toujours aussi savoureux.

 

Ma Note : 7,5/10

Le Livre de l’Enigme Tome 1, Source des Tempêtes – Nathalie Dau

le livre de l'enigme 1 source des tempetesRésumé : Les ténèbres ont un cœur de lumière.
Je l’ai su quand j’ai vu l’enfant dans la tempête. J’ai entraperçu l’azur de sa magie étrange et intense, mon univers s’est métamorphosé. Moi qui me sentais si seul, si désespéré, j’ai découvert soudain pourquoi j’étais venu au monde : pour protéger celui qu’on m’a donné pour frère. Un frère pas tout à fait humain, pas tout à fait possible. Le protéger des autres et de lui-même : des décisions qu’il voudrait prendre afin de résoudre sa maudite Énigme. Car ce petit est doué pour se mettre – nous mettre – en péril ! Mais j’ai la faiblesse de croire que je suis plus têtu que lui.

Edition : Les Moutons Electriques

 

Mon Avis : Si vous suivez ce blog depuis le début, vous savez donc que je suis un grand fan des écrits de Nathalie Dau qui ont toujours réussi à me captiver aisément, offrant des récits poétiques et intelligents. C’est donc sans surprise que son dernier roman a rapidement terminé sa course entre mes mains. Je vais par contre préciser un peu les choses concernant ce cycle. Le premier tome a déjà été publié, il y a quelques années, dans une maison d’édition qui a maintenant disparu. Je l’avais d’ailleurs lu à l’époque et m’était retrouvé frustré de me dire que je n’aurai peut-être pas la suite, heureusement, les Moutons Electriques ont décidé de relancer ce cycle. Alors maintenant la question que certains doivent se poser, y a-t-il une différence entre l’ancienne édition et celle-là? Franchement oui, il y a 13 chapitres et près de 200 pages en plus. Attention pas 13 chapitres en plus disséminés, mais bien 13 chapitres qui viennent prolonger la fin de l’ancienne édition, donc si vous l’avez lu à l’époque et vouliez attendre directement la suite je ne peux que vous conseillez de lire cette nouvelle édition, car sinon vous risquez de manquer d’éléments.

Maintenant qu’on a fait le tour on va peut-être parler de l’histoire. Les mages bleus ont été exterminés. Seul survivant, Kéral Asulen, dernier mage bleu sur lequel repose une ancienne prophétie, va se retrouver châtié et exilé. On suit ainsi l’histoire de Cerdric fils de Kéral, qui ne sait rien de son père et inversement, et de Nérasia qui n’a jamais voulu de lui. Annoncé comme cela on pourrait se dire que le récit se révèle très classique en Fantasy, proposant prophétie et élu, sauf que non, ne fuyez pas, c’est bien loin d’être le cas et l’auteur arrive à dépasser ce sentiment pour nous le faire oublier. En effet Cerdric n’est pas l’enfant de la prophétie, car même s’il a été conçu pour l’être ce n’est pas le cas il est réfractaire. C’est, selon moi, le point le plus original de l’intrigue. On ne se retrouve donc pas avec un héros élu, mais plus avec un personnage rejeté, voire abandonné car, sans rien faire, il ne répond pas aux attentes qu’on avait mises en lui, alors que lui tout ce qu’il recherche c’est être aimé, apprécié, de ne pas être seul.

On plonge alors dans un récit plein d’émotions et de sentiments, où la quête initiatique de notre héros va ainsi se révéler extrêmement touchante et poignante. Je me suis retrouvé happé par la vie de Cerdric, ses souffrances, ses plaisirs, ses découvertes, ses haines, ses peurs, ses forces. C’est d’ailleurs la grande force du récit, je trouve, sa capacité à nous immerger dans ce personnage sensible, à fleur de peau, qui ne manque pas de profondément affecter le lecteur, de suivre cet enfant qui grandit en quête d’amour alors qu’il est plongé au milieu de jeux de pouvoir qu’il ne comprend pas et dont il est à la fois l’objet et l’instrument. On a souvent comparé Nathalie Dau à Robin Hobb et je dois bien avouer que dans Cerdric j’y retrouve justement un peu de Fitz. Attention je ne parle pas d’un personnage copié sur l’autre, loin de là, chacun ayant son existence et son caractère propre. Je dis juste que je me retrouve autant attaché à Cerdric que je le suis avec Fitz.  Après, j’avoue, il a par contre aussi récupéré un défaut de Fitz, celui de pousser le lecteur à avoir envie de le secouer tant parfois il se morfond de trop ou fait de mauvais choix, même si parfois on le comprend. En tout cas rien de non plus trop gênant.

Les personnages autour ne sont pas non plus en reste, ils se révèlent eux aussi passionnants à découvrir, loin de tout manichéisme et surtout se révélant profondément humains. Chaque relation, chaque choix, chaque trahison, chaque mensonge, se retrouve ainsi posséder son explication, son histoire, reposant sur les ambitions, les envies et les souffrances de chacun. Cela fait que le personnage, qu’il soit aimé ou détesté, d’une certaine façon on se retrouve à comprendre pourquoi il fait ce qu’il fait. Ce sont finalement leurs imperfections qui les rendent si prenants et efficaces. Des protagonistes complexes, denses, travaillés dont on découvre la vie et l’histoire lentement, au fil du récit et qui happent facilement le lecteur, ce qui fait qu’on tourne les pages avec grand plaisir, histoire d’en apprendre plus sur eux. Que ce soit Nérasia, trahie pour une prophétie qui se sent avilie, Kéral qui a tout perdu et qui a peur de perdre encore plus, Ardégyl monarque à la personnalité complexe ou encore Ceredawn puissant et fragile, chacun d’entre eux se révèle excellent et nuancé.

L’histoire se révèle ainsi, on pourrait dire, séparé en deux grandes parties, la première qui est la quête initiatique de Cerdric de l’enfance vers l’âge adulte avec, comme je l’ai dit, toutes ses victoires et ses chutes, ses reconnaissances et ses haines, puis une seconde partie qui, elle, permet de développer tout ce qui tourne autour de la prophétie et des influences qu’elle peut avoir et peut créer. Une chose est sûre j’ai trouvé l’ensemble fluide, maîtrisé et captivant. L’auteur ne cherche pas à construire une fantasy épique ou portée par un rythme percutant, elle préfère prendre le temps de construire le tout, de le développer et de le soigner, mais le tout sans jamais tomber dans des longueurs ou des lourdeurs. Certes, si vous recherchez l’action et la tension passez votre chemin, car même si l’auteur offre quelques scènes mouvementées ce n’est pas le cœur du récit. Elle cherche plus à offrir une histoire intimiste, poétique, ambigüe, magique proposant aussi son lot de découvertes, de voyages et de dépaysement, et cela marche à la perfection. Alors après, j’avoue, un ou deux passages m’ont paru de trop, mais cela s’oublie très rapidement devant la fluidité et la densité de l’œuvre que j’ai eu du mal à lâcher avant la fin.

L’univers développé tout du long s’avère aussi fascinant à découvrir. Que ce soit aussi bien la magie, l’influence et la puissance qu’elle peut avoir, les jeux politiques et les manipulations des uns et des autres, ou encore dans les découvertes de personnages féeriques et mystiques, l’ensemble est plus que convaincant et donne clairement envie d’en apprendre plus. La mythologie que construit l’auteur, avec cette prophétie et l’importance qu’elle a, certes ne révolutionne pas le genre, mais l’auteur la rend attrayante, offrant de nombreuses questions au lecteur qui devraient trouver leurs réponses par la suite. J’ai aussi remarqué une certaine dualité dans cet univers, avec le monde des « hommes » qui parait plus froid, plus ordonné et plus austère, là où le monde mystique offre ainsi plus de sensualité, de liberté, de fascination, ce qui n’empêche pas pour autant chacun des mondes d’avoir leurs bons et leurs mauvais côtés. L’auteur se sert aussi de son univers pour traiter de la différence, que ce soit par exemple d’un point de vue de peuples, avec les Rives qui sont devenus un peuple esclave et objet, ou bien encore de la sexualité, même si parfois certains points m’ont légèrement déroutés, mais devraient trouver leurs réponses par la suite. Un univers qui s’avère sombre, possédant une violence sourde qui s’en dégage, mais qui nous dévoile aussi, à travers des descriptions magnifiques, des passages lumineux et superbes. Dans tous les cas un monde profond et plein d’imagination, qui donne envie d’en apprendre et d’en découvrir plus.

La plume de l’auteur se révèle toujours aussi poétique, travaillée, soignée, dense, travaillant chaque passage de son récit pour happer le lecteur et le plonger dans un univers et une histoire fluide et passionnante. Au final un premier tome qui m’a offert un excellent moment de lecture et dont j’attends maintenant la suite avec impatience.

En Résumé : J’ai passé un excellent moment de lecture avec ce roman qui nous offre une histoire qui certes, au premier abord peut paraitre classique avec cette idée de prophétie, mais dont l’auteur arrive à se servir et s’affranchir en grande partie pour nous happer et nous le faire oublier. Une histoire touchante, humaine avec des héros complexes, travaillés, profonds dont, qu’on les apprécie ou pas, on comprend les motivations, les besoins et les envies. Je regretterai peut-être que Cerdric donne parfois envie de le secouer tant une ou deux fois il se morfond de trop ou fait le mauvais choix de façon tellement impulsive, mais rien de bloquant tant le héros se révèle à fleur de peau et captive le lecteur. L’univers n’est pas non plus en reste, mélange de loi, de magie et de féérie qui donne clairement envie de le découvrir, d’en apprendre plus, bien porté par des descriptions magnifiques. Un univers sombre, « adulte », qui nous offre aussi quelques réflexions intéressantes. La plume de l’auteur se révèle poétique, soignée, travaillée et nous happe facilement dans son récit. Alors après si vous cherchez un début de cycle énergique et bourré d’action passez votre chemin, cette Fantasy se révèle plus intimiste et humaine, au tempo lent et attirant. J’attends maintenant la suite avec impatience.

 

Ma Note : 9/10

En Revenir aux Fées – Nathalie Dau

en revenir aux feesRésumé : La Terre, futur proche.
À force de mépris, l’humanité a provoqué l’Échec. La technologie a régressé. La Nature a grandement souffert. L’air et le sol sont si pollués que les gens vivent confinés, mal nourris.
De leur côté du monde, les fées s’interrogent. Faut-il agir pour sauver ce qui peut l’être, ou doit-on achever de purger la planète de ceux qui l’ont défigurée ?
Follette plaide en faveur des ingénieurs, des rêveurs et des artistes – surtout son cher Julian, dont les rimes et les récits lui ont permis de subsister.
Mais seule une très ancienne divinité, défigée après cinq mille ans, a vraiment le pouvoir de trancher la question.

Edition : Mythologica

 

Mon Avis : Nathalie Dau fait partie des auteurs dont je suis les publications avec plaisir, m’offrant ainsi régulièrement des textes que je trouve touchants, magiques et entrainants, mélange des genres de l’imaginaire, ne laissant pas non plus de côté l’aspect réflexion. Il était donc logique que ce recueil de textes finisse rapidement dans ma PAL. A noter aussi une couverture que je trouve sympathique, collant plutôt bien au récit. Ce livre est finalement, comme le dit l’éditeur, un roman mosaïque de plusieurs textes (nouvelles et poèmes) qui vont ainsi former une histoire globale, je vais donc construire ma chronique plus sur l’ensemble que sur chaque texte.

On plonge ainsi dans un futur où le monde a connu le grand Echec, a été obligé de s’enfermer tant l’air est devenu irrespirable et l’environnement a été détruit. Le monde féérique a quasiment disparu, seuls quelques membres continuent à visiter les Hommes. Sauf que voilà des évènements vont venir tout basculer, annonçant de grands changements. L’intrigue que construit Nathalie Dau au fil des récits nous présente ainsi un univers sombre, post-apocalyptique, où l’humanité a trop tiré sur la corde de la technologie, de la consommation sans se soucier de la planète et de ses limites au point de sombrer et de tout perdre. On découvre aussi un monde à deux vitesses, où les plus aisés s’en sortent ainsi beaucoup mieux que les autres, où le silence et l’apathie sont de mise. Un futur , certes classique, mais qui se révèle solide et efficace gardant assez de mystères pour que chacun se fasse son propre avis. Un monde qui finalement vient aussi nous poser des questions sur notre avenir et ce qu’on est en train d’accepter, de ce qu’on est prêt à laisser faire. L’auteur vient alors compenser cette noirceur par sa mythologie qui se révèle plus lumineuse, plus magique, mélange de faits qui vont changer ce monde en perdition et d’histoires qui vont émerveiller et réveiller le lecteur. On se retrouve ainsi emporté, enchanté par toute l’imagination que développé l’auteur au fil des pages, qui, sans non plus révolutionner l’aspect féérique et les légendes, offre un ensemble qui se révèle assurément réussi, entrainant, efficace et enchanteur. L’ensemble est aussi bien porté par des descriptions denses, poétiques et marquantes, que ce soit dans le côté sombre de notre terre en souffrance, comme dans l’aspect féérique superbe. Un univers foisonnant qui donne ainsi envie d’en apprendre plus, bien porté justement par cette dualité troublante.

Mais ce que construit l’auteur ici est un récit d’espoir, de magie, car malgré l’aspect post-apocalyptique, le message qui se diffuse au fil des pages essaie plutôt de réenchanter et de faire revivre ce monde. L’espoir qu’une autre voie est possible qui ne soit pas obligatoirement totalement destructrice mais qui repose sur une harmonie. Une voie de partage, de réflexion et de beauté. Un message qui se révèle aussi ambigu, qui va chercher à nous faire réfléchir, à nous faire réagir, notre avenir ne pouvant reposer sur un deus ex machina, mais plus finalement sur chacun d’entre nous, sur nos actes. On se laisse ainsi happer assez facilement par la mosaïque que construit l’auteur autour des personnages de Follette et de Julian, des artistes amoureux du mots, du plaisir et de la joie. Des personnages, avec leurs sentiments et leurs émotions, qui vont devoir ainsi faire des choix, pas toujours faciles pour aller au bout de leurs convictions, qui vont devoir se battre et se faire entendre pour offrir une nouvelle chance à la Terre. La narration par alternance entre nouvelles et poésie se révèle, selon moi, très intéressante, offrant ainsi un certain rythme à l’ensemble et une certaine élégance. Chaque légende contée, chaque mythe travaillé vient ainsi apporte une pierre supplémentaire à tout l’aspect mythologie qui est développé et vient dépayser le lecteur de façon captivante.

Alors après j’avoue tout de même que certains points m’ont tout de même dérangés dans ma lecture. Certaines nouvelles avaient déjà été publiées dans des précédents recueils, jusque là rien de gênant, mais j’ai trouvé qu’un ou deux ici avaient du mal à s’intégrer dans la mosaïque qui est construite comme par exemple la réécriture de Lancelot qui parait un peu à part dans le livre. Ensuite, certains textes, malgré la beauté et l’intérêt qui s’en dégage, m’ont paru jouer légèrement trop sur la simplicité des retournements de situations et une certaine notion binaire un peu facile entre la technologie et la nature, ce qui m’a légèrement frustré et aurait mérité un peu plus de complexité. Enfin un point sûrement plus personnel, j’ai trouvé que certains personnages auraient mérité d’être plus développé tant ils possèdent un fort potentiel, mais là rien de bloquant ou de dérangeant.

La plume de l’auteur se révèle toujours aussi soignée, poétique, captivante et entrainante, pleine de mystères et de magie qui viennent éblouir le lecteur et l’immerger dans ces histoires. Certains textes sortent ainsi clairement du lot, comme par exemple cette histoire d’amour impossible entre un être féérique de la nuit et un du jour qui a clairement réussi à me toucher. Au final un livre de toute beauté qui, malgré quelques légers défauts, nous propose des récits enchanteurs, mystérieux et sensibles où vient se mélanger de nombreuses émotions allant de l’espoir à la mélancolie et qui devraient en toucher plus d’un.

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce roman mosaïque qui nous propose plusieurs récits et poèmes qui viennent former ainsi une intrigue plus complexe nous dévoilant un monde post-apocalyptique qui suite au grand Echec voit sa population cloitrée sous peine de mourir par la pollution. Un univers mélange de sombre et de lumière, entre ce monde en plein effondrement et cet univers féérique qui vient illuminer l’ensemble par bribes de magie, de mystère et de beauté. L’auteur vient aussi nous offrir une réflexion, classique, mais bien menée et intéressante, sur la façon dont nous gérons la Terre et nos ressources, et vient ainsi ici apporter une lueur d’espoir, une autre voie même si pour cela les personnages devront faire des choix. Alors après certains point m’ont dérangé, un certain aspect binaire qui se dégage, quelques simplicités, ou encore l’impression que certaines nouvelles, précédemment publiées, ont un peu de mal à s’intégrer à l’ensemble, mais rien de non plus bloquant. La plume de l’auteur se révèle toujours aussi soignée, poétique et entrainante, nous plongeant dans un univers féérique et superbe, offrant d’une certaine façon espoir et réenchantement.

 

Ma Note: 8/10

 

CRAAA

Challenge CRAAA 11ème lecture

La Stratégie des As – Damien Snyers

la strategie des asRésumé : Pour vivre, certains choisissent la facilité. Un boulot peinard, un quotidien pépère. Humains, elfes, demis… Tous les mêmes. Mais très peu pour moi. Alors quand on m’a proposé ce contrat juteux, je n’avais aucune raison de refuser. Même si je me doutais que ce n’était pas qu’une simple pierre précieuse à dérober. Même si le montant de la récompense était plus que louche. Même si le bracelet qu’on m’a gentiment offert de force risque bien de m’éparpiller dans toute la ville. Comme un bleu, j’ai sauté à pieds joints dans le piège. L’amour du risque, je vous dis. Enfin… c’est pas tout ça, mais j’ai une vie à sauver. La mienne.

Edition : Actu SF

 

Mon Avis : J’avoue que j’ai été tenté par ce livre dès la toute première fois que j’en ai entendu parler lors de sa promotion par l’éditeur sur les réseaux sociaux. Le premier point qui m’a attiré est, bien entendu comme souvent, la couverture, illustrée par Dogan Oztel, que je trouve superbe. Ensuite, le résumé avait de quoi se révéler accrocheur et enfin un roman vendu comme mélangeant Fantasy et Steampunk ne pouvait que me tenter.

On se retrouve ainsi ici à suivre un groupe « d’arnaqueurs » composé de notre héros, James, un elfe à la répartie percutante, Jorg le troll et Elise la demi-elfe. Nos compagnons vont être embauchés par un riche et mystérieux client pour retrouver le rein d’Isis qui appartient à un couple tout aussi riche et mystérieux. Seul problème, s’ils ne ramènent pas le bijou, James explosera au sens le plus littéral du terme. Certes l’intrigue est, il ne faut pas le nier, classique annoncé comme cela ; celle du vol impossible à réaliser et que, pourtant, l’on va tenter, ici pour sauver sa peau. Pourtant, cela n’empêche pas l’auteur de plutôt bien s’en sortir, nous offrant ainsi un récit qui va se révéler efficace, rythmé, sans temps morts et s’avère plaisant à en découvrir et à en suivre les aventures. Je me suis retrouvé par conséquent assez facilement happé par notre héros, ainsi que par les péripéties qu’il va rencontrer, le tout bien porté par une narration à la première personne maîtrisée, ce qui le rend directement attachant. L’auteur maîtrise bien son sujet, offrant ainsi de nombreux rebondissements et retournements de situations, pour ainsi pousser le lecteur à continuer sa lecture. Il faut dire que l’ensemble se révèle concis, qui ne se soucie pas du superflu, avec peu de personnages et une ligne d’intrigue qui va a l’essentielle ce qui a pour effet de lui offrir un tempo entrainant dont on tourne les pages facilement.

L’univers que nous développe l’auteur se révèle intriguant à découvrir. Cette ville de Nowy-Krakow n’est pas sans rappeler, selon moi, celle développé par le Panam de Raphaël Albert, principalement dans l’ambiance, où vient se mélanger fantasy, êtres féérique et Steampunk. Elle offre ainsi une image de fond très intéressante au récit, mélange à la fois de magie et de mystère, où l’auteur se permet même d’en dévoiler plus comme par exemple Paris, dont l’évolution de la ville de lumière donne envie d’en découvrir plus. Sauf que voilà, c’est peut être aussi le soucis que je reproche à cet univers contrairement au Panam, il manque parfois quand même de profondeur, comme si on nous en traçait les contours pour mieux nous appâter tout en gardant de nombreux développements encore sous le coude pour d’autres écrits. Pourtant il y a de nombreuses bonnes idées, que ce soit sur les mages, ou encore le rein d’Isis en lui-même qui parait être plus que ce qu’il laisse penser. Cela ne rend pas cet univers mauvais, loin de là, il laisse juste, une fois la dernière page tournée, un sentiment de frustration. Le côté Steampunk se révèle, lui, plus qu’efficace et donne envie d’en apprendre plus, se présentant par petites touches, sans chercher à s’imposer ou à trop en faire. Il n’en est ainsi pas le cœur du récit, mais offre quelque chose d’agréable et de séduisant à visualiser et à imaginer. L’auteur n’oublie pas non plus de nous offrir quelques réflexions sur notre société, de façon sobre, sans chercher à s’imposer ou à forcer le lecteur, même si parfois, c’est vrai, le message parait trop simpliste, mais rien de non plus bloquant.

Concernant les personnages, comme je l’ai dit je me suis rapidement attaché à James, cet Elfe plein de vie et d’énergie et à la gouaille incisive qui nous entraine facilement et rapidement dans son histoire et ses épreuves. Un héros complexe, rusé au passé trouble et qui s’avère aussi assez charismatique pour s’imposer comme un protagoniste dont on a envie de retrouver. Le reste de sa bande se révèle tout aussi intéressant à découvrir, que ce soit Jorg le Troll à la fois un personnage tout en force et en puissance, mais qui se révèle aussi fin et intelligent, ou encore Elise, mi-elfe et mi-humaine mais rejetée de partout, qui présente une héroïne qui ne se laisse pas facilement marcher sur les pieds, avec des rêves, même si je lui reproche de parfois tomber un peu dans la caricature. Mais c’est surtout le groupe dans son ensemble, la cohésion et l’amitié qui s’en dégage qui finalement ressort le mieux selon moi. Les autres personnages qui gravitent autour remplissent parfaitement leurs rôles, apportant révélations et coup de théâtre pour faire avancer l’intrigue. Mon seul regret vient du fait que même si les personnages sont vivants et efficaces, j’ai trouvé qu’ils manquaient un peu de densité et de complexité, un peu comme l’univers, comme si l’auteur avait peur de trop en dire alors qu’il y a pourtant de quoi faire.

Sauf que voilà, ce qui fait la force du récit, en devient aussi un de ses principaux défauts, certes l’ensemble se lit facilement et sans temps morts tant l’auteur offre un récit court, concis et percutant, mais voilà cela occasionne un autre effet rendant l’ensemble un peu trop linéaire et sans véritable grande surprise, à mon goût, auquel vient s’ajouter quelques simplicité et une ou deux facilités. Ainsi le fait de vouloir rendre l’ensemble ultra dynamique dans un roman court et qui va a l’essentiel m’a donné l’impression d’un petit manque de complexité là où le lecteur friand de récit rapide et percutant pourrait moins le ressentir. Attention cela ne gâche en rien l’aspect très sympathique, page-turner et amusant du récit, mais plutôt me fait dire qu’avec un peu plus de densité sur l’ensemble l’histoire aurait pu me le rendre encore meilleur. La plume de l’auteur se révèle simple, vive, entrainante et efficace, portant facilement le lecteur à travers une lecture fun et agréable, qui offre un moment de détente agréable, qui sait, entre deux lectures plus denses. A noter aussi en fin de roman une nouvelle concernant Milla qui permet de développer plus ce personnage à bien lire en complément du roman sous peine de se sentir frustré. Je lirai en tout cas d’autres écrits de l’auteur.

En Résumé : J’ai passé un sympathique moment de lecture avec ce roman qui nous offre une histoire de « voleurs » qui, certes, ne révolutionne pas le genre dans son intrigue, mais se révèle entrainante, efficace, sans temps morts et solide. Le récit est concis et va direct à l’essentiel ce qui, finalement, happe assez facilement le lecteur et lui fait tourner les pages avec l’envie d’en apprendre plus. L’univers, mélange de Fantasy et de Steampunk, se révèle intéressant à découvrir et donne envie d’en apprendre plus, même si je lui reproche un petit manque de densité, comme si l’auteur en gardait trop sous le coude pour d’autres écrits. Les personnages principaux se révèle attachants et prenants, s’avérant intéressant à découvrir dans leurs rêves et leurs envies. Mon seul regret concernant les protagonistes vient, selon moi, qu’ils auraient mérité d’être un peu plus travaillés, principalement les héros secondaires. Au final c’est d’ailleurs un peu ce qui ressort de ma lecture, la qualité de page-turner du roman et son côté concis et direct en devient aussi un défaut, pour moi, manquant ainsi de complexité et se révélant même un peu linéaire. Cela n’empêche pas l’ensemble de se révéler divertissant, mais aurait pu offrir plus. La plume de l’auteur se révèle ainsi simple, vive, captivante et je lirai avec plaisir d’autres écrits de l’auteur, que ce soit dans cet univers ou non.

 

Ma Note : 7/10

 

Autres avis : Igguk, Doris, Amarüel, Joyeux-Drille, …

Le Roi Sombre – Oren Miller

le roi sombreRésumé : « Maintenant, il faut souhaiter qu’il meure vite. »
Mais les souhaits, par pur esprit de contradiction, se réalisent rarement et Ed ne meurt pas. Condamné à l’isolement à vie dans la pire des prisons spatiales pour un crime qu’il n’a pas commis, le jeune homme agonise lentement et avec beaucoup d’application.
Alors que débute sa vingt et unième année d’incarcération, une chose tout à fait improbable et imprévue se produit : Ed s’évade du seul endroit dont on ne s’évade pas.
Pour une seule raison. Pour une seule destinée. La vengeance.
Cependant, il est un fait incontestable qu’aucune entreprise de haine, ou d’amour, ne se déroule jamais comme on le désire. Une espèce de grain de sable vient toujours enrailler les machinations les plus complexes, surtout quand elle est semée par des créatures plus insolites les unes que les autres.

Edition : Homme Sans Nom

 

Mon Avis : J’ai croisé ce livre ainsi que son auteur lors ce qu’il fût ma toute première visite au salon du livre de Paris, il y a quelques mois de cela. Il s’agissait alors de la sortie du moment mise en avant par la maison d’édition. Après, je dois bien l’admettre, j’ai plus craqué sur ce livre plus par la promotion de l’auteur qui a réussi à très bien le vendre avec humour et panache que par la couverture, illustrée par Émile Denis, qui sans être mauvaise ne me parait pas non plus marquante. Comme souvent, par la suite il a un peu stagné dans ma PAL avant de me décider de me lancer en ce début d’année histoire de me faire mon avis.

Ce récit, c’est bien simple, il s’agit d’une reprise de l’histoire du comte de Monte-Cristo de Dumas, le tout réécrit par l’auteur et situé dans un monde SF futuriste. On suit ainsi le destin d’Ed, élève brillant, qui a tout pour réussir et qui va se retrouver emprisonner pour terrorisme à IF une prison haute sécurité. Là il va faire une rencontre qui va lui ouvrir les yeux le changer. Au final, je dois bien avouer que cette réécriture, sans non plus se révéler le livre le plus marquant qu’il soit, se lit bien, facilement et se révèle très sympathique à découvrir. Il faut dire que l’auteur possède quelques atouts qui fonctionnent à la perfection, un sens du rythme qui se révèle plutôt bien maîtrisé et un humour noir et cynique qui colle plutôt bien avec l’histoire et l’intrigue. On se retrouve ainsi facilement emporter par les aventures et la quête de vengeance de notre héros même si, il ne faut pas se le cacher, elle se révèle assez balisé. Le récit se déroule ainsi de façon tendu et assez percutant pour ne pas ennuyer le lecteur, l’auteur offrant ainsi de nombreux rebondissements maîtrisés et des personnages un minimum charismatique et incisifs pour être clairement plaisant. De plus, elle arrive aussi à offrir quelques scènes touchantes et marquantes qui offrent un plus à l’ensemble, comme celle de la petite fille.

L’univers mis en place par l’auteur possède un parallèle assez surprenant, paraissant solide et apportant une image de fond au récit assez intéressante et pourtant se révélant d’une certaine façon frustrant car il n’apporte finalement pas quelque chose de plus dans cette réécriture, alors que cela aurait pu être le gros point novateur du livre. Après, cela ne l’empêche pas d’être sympathique à découvrir, que ce soit dans son aspect politique et social, avec cette guerre de fond entre les planètes et les stations spatiales. L’auteur offre aussi quelques remarques et quelques réflexions pertinentes qui permet au lecteur de réfléchir, un peu comme par exemple sur le terrorisme et la réaction de certains ou encore sur l’aspect légal. Les intrigues de pouvoir et de justice ne manquent pas non plus d’attrait, apportant un petit plus à l’ensemble, sans non plus se révéler non plus des plus complexes. Les descriptions rendent le monde développé très visuel et intéressant à découvrir. Au final un univers divertissant qui offre un cadre consistant à la vengeance de notre héros, mais qui aurait pu apporter plus.

Les personnages sont un peu le point fort du roman, en effet Oren Miller nous dépeint des héros qui se révèlent clairement percutants, charismatiques et intéressants à découvrir. Il faut dire que l’ensemble est bien porté par des dialogues qui se révèlent truculents et incisifs. Ed et Jatalan sortent d’ailleurs facilement du lot. Chacun d’entre eux, que ce soit notre héros en quête de vengeance ou son équipe, offre ainsi un panel de héros plein de sentiments, attachants, et dont on suit les aventures pour en apprendre plus même si parfois ils manquent tout de même d’un peu de profondeur. Dommage que les personnages un peu plus secondaires, comme principalement les « ennemis », ne sont pas au même niveau se révélant par moment un peu trop caricaturaux dans leurs envies et dans leurs quêtes. Mais bon rien de non plus trop bloquant ou dérangeant, remplissant tout de même bien leurs rôles.

Là où par contre ce récit m’a paru légèrement frustrant c’est premièrement concernant le Deus Ex Machina que l’auteur offre à notre héros en prison au moment de son évasion qui parait trop facile et offre un peu trop, selon moi, « d’aptitudes » à notre héros. Ensuite, si on connait un peu l’histoire de Dumas, on sait parfaitement comment l’ensemble va tourner, pourquoi alors rendre l’ensemble parfois un peu trop linéaire et maîtrisé dans les manipulations du héros, plus de difficultés aurait apporté un plus selon moi. Enfin le dernier point qui m’a légèrement dérangé vient de certaines passages qui m’ont paru un peu trop traités rapidement amenant certaines lignes de sous-intrigues à manquer de profondeur comme par exemple celle du juge, mais là rien de non plus trop dérangeant tant l’ensemble se révèle tout de même divertissant.

La plume de l’auteur se révèle vivante, entrainante et pleine d’humour, plongeant finalement assez facilement le lecteur dans son histoire, offrant une réécriture du récit du Comte de Monte-Cristo efficace et divertissante. Certes tout n’est pas non plus parfait, mais pour un premier roman il possède assez de points positifs pour se révéler sympathique et me donner envie de découvrir d’autres écrits de l’auteur.

En Résumé : J’ai passé un moment de lecture assez sympathique avec ce roman qui nous propose une réécriture du Comte de Monte-Cristo qui , sans non plus se révéler exceptionnelle, offre un divertissement efficace. L’intrigue est porté par un rythme vif et entrainant et par un humour et un cynisme qui offre un plus à l’ensemble avec quelques moments forts. L’univers se révèle solide, que ce soit dans ses intrigues politiques ou dans son aspect social, mais voilà parait ne rien apporter de plus dans cette réécriture, même si ce n’est en rien bloquant ou frustrant. Les personnages principaux ne manquent pas de charismes et d’attraits, se révélant ainsi attachants, bien porté par leurs envies et leurs émotions, même si parfois j’ai trouvé qu’ils manquaient un peu de profondeur. Domage que les personnages plus secondaires soit parfois un peu caricaturaux. Je regretterai par contre un Deus Ex Machina un peu trop facile, un certain manque de difficulté dans la quête du héros qui se ressent encore plus, je trouve, quand l’on connait l’histoire de Dumas et enfin certains passages traités un peu trop rapidement. La plume de l’auteur se révèle vivante, entrainante et pleine d’humour, plongeant ainsi assez facilement le lecteur dans son récit. Au final un roman divertissant avec ses qualités et ses défauts, qui se révèle agréable à découvrir. Je lirai d’autres écrits de l’auteur sans soucis.

 

Ma Note : 6,5/10

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