Catégorie : Fantastique Page 14 of 24

Fugue en Ogre Mineur – Anthologie dirigée par Anne Fakhouri

fugue en ogre mineurRésumé : Où sont passés les ogres ?
Les forêts ont été déboisées. Les châteaux sont désormais hantés par les touristes. Les grottes par des joueurs de djembé…
C’est absolument faux. N’importe quel enfant vous le dira.
Certains ont squatté nos caves, y apparaissent et disparaissent. D’autres ont choisi de se lancer dans le prêt-à-porter grandes tailles. Les mauvaises langues disent qu’ils s’éclatent aux Etats-Unis. Quelques uns sont restés dans leur propre monde et envoient, de temps en temps, de terribles cauchemars à nos enfants.
Ils vivent à la frontière entre notre monde et le leur.

Edition : ActuSF

 

Mon Avis : Ce court recueil de nouvelles a un peu fini par hasard dans ma PAL. En effet à force de passer devant durant les festivals il m’a toujours intrigué et donné envie de le découvrir, sans que je ne franchisse jamais le pas. Il faut dire que la couverture, illustrée par Fabien Fernandez, ainsi que le sommaire composé uniquement d’auteurs féminins donnaient clairement envie d’en apprendre plus. Lors des dernières Imaginales j’ai donc fini par me laisser tenter et je l’ai fait rentrer dans ma bibliothèque. Le livre démarre sur une préface très intéressante nous expliquant que qui mieux qu’une femme peut parler d’un ogre ?, ainsi que les différentes facettes du monstre. Ce recueil est composé de cinq nouvelles.

L’Ogre de Ciment de Jeanne-A Debats : Cette nouvelle nous fait découvrir Yasmin qui, suit à un traumatisme violent, se retrouve à fuir à travers les souterrains de son quartier. Elle va alors croiser le chemin d’un ogre. Une nouvelle que j’ai trouvé réussie. Certes sur la forme elle se révèle classique et sans surprise, mais c’est sur le fond qu’elle arrive alors à surprendre en nous présentant deux personnages qui paraissent complètement opposés et qui pourtant ne le sont finalement peut-être pas tant que cela. Deux héros remplis de sentiments et d’émotions, solitaires, en pleine fuite en avant, qui dévoilent une vision d’un monde pas toujours rose et pourtant si réaliste où le monstre n’est pas toujours celui qu’on croit et où les hommes peuvent aussi être des ogres. Un texte à la fois poignant et efficace, à la plume entrainante, dont mon seul regret est peut-être une conclusion un peu trop convenue et pourtant logique.

La Chasse à L’Ogre de Stéphanie Gaillard : Cette nouvelle nous plonge dans le récit fait au roi Louis de la dernière chasse à l’ogre. On découvre ici un texte qui se révèle efficace et haletant, nous racontant de façon rythmé comment un groupe de chasseur a traqué et éliminé le dernier ogre. Un récit au rythme soutenu, rempli d’action et de rebondissements, qui se laisse lire avec plaisir mais qui, clairement, se révèle trop classique et sans véritables surprises. Même la tentative de réflexion sur le geste final par le héros manque de percutant. Attention le texte n’est pas mauvais, il se lit facilement et se révèle un agréable divertissement, mais il a du mal à véritablement marquer le lecteur selon moi. Je le rentre facilement dans les vite lu, apprécie et vite oublié.

Les Ogres font-ils de Bons Pères ? de Ida Mars : Cette nouvelle nous propose de découvrir un ogre qui part en chasse. On se rend alors compte qu’il ne chasse pas n’importe quel gibier, mais sa fille qui a décidé de s’enfuir. J’avoue que je ressors plutôt mitigé de ma lecture de cette nouvelle ; l’auteur prend le parti pris de mettre en avant l’humour et pourtant j’ai eu du mal à accrocher à ce type d’ironie que j’ai trouvé finalement mal amené, cherchant l’étonnement et la surprise du lecteur, mais qui est annoncé de façon trop brusque ce qui fait que l’ensemble tombe souvent à plat de mon côté. De plus le titre joue aussi dans le fait que certains rebondissements se révèlent trop faciles à deviner. Les idées sont pourtant bien là et ont du potentiel, mais je ne sais pas, j’ai trouvé que l’ensemble manquait un peu de liant. De plus certains des personnages m’ont paru sous-exploités, ce qui se révélait un peu confus. Un texte qui, selon moi, possède pas mal d’idées mais aurait peut-être mérité un traitement différent.

La Chair Choisie d’Audrey Guillotte : Cette nouvelle nous plonge dans la vie de Larve, jeune Ogresse, fille de Babau qui cherche à faire d’elle son héritière. Mais voilà elle se révèle loin d’être très futée. J’ai bien aimé ce texte, une certaine poésie se dégage le tout dans une ambiance qui se révèle sombre, violente et assez angoissante, mais le tout amené avec un certain humour noir qui ici a réussi à me happer. Une nouvelle dont, certes, on voit la conclusion arriver rapidement mais qui se révèle agréable, bien rythmé, nous dévoilant un univers où les ogres sont les maîtres et les humains sont en fait un troupeau. La relation entre Larve et Baubau, mélange de haine et d’amour, se révèle intéressante même si par moment un peu caricaturale. Surtout le danger ne vient pas toujours de là, ou de qui, l’on croit. Une découverte au final qui se révèle très sympathique.

Les Autres de Justine Niogret : Cette dernière nouvelle nous emmène dans le quotidien d’une jeune fille qui vit dans un orphelinat et se sent différente des autres. La force de cette nouvelle c’est son ambiance, qui monte lentement au fil des pages dans la noirceur, se révélant de plus en plus angoissante, pour finir dans une apothéose de violence et de sang que je vous laisse clairement découvrir. Une nouvelle très sombre qui remplit parfaitement le rôle recherché qui est de mettre mal à l’aise le lecteur, lui rappeler le côté monstrueux tout en tentant une réflexion, légère, sur le rejet des autres. Le problème vient qu’on retrouve ici un texte véritablement ouvert, sans véritables bases sur les personnages ou encore sur l’univers, ce qui est quand même frustrant à mon goût, car l’ensemble manque alors d’un peu de réponses.

 

Cette anthologie nous propose donc cinq nouvelles qui nous offrent cinq visions différentes et qui se révèle dans l’ensemble être au final une sympathique découverte. Ce qui est dommage c’est qu’il manque peut-être un texte qui se révèle porteur de l’ensemble, qui arrive clairement à se démarquer des autres et à marquer le lecteur. Cela ne m’a pas empêché non plus de passer un moment de lecture divertissant avec ce livre.

En Résumé : J’ai passé un agréable moment de lecture avec cette anthologie qui nous propose de revisiter à travers cinq nouvelles le mythe original de l’ogre, qu’il soit aussi bien métaphorique que réel ; l’ogre pouvant être à la fois le monstre connu et reconnu, mais aussi celui qui se cache en chacun de nous. Chaque texte propose ainsi une variation et une vision intéressante du mythe, entre angoisse, horreur et humour, et même si tous les textes ne m’ont pas accroché de la même façon, dans l’ensemble ce court recueil reste plutôt agréable à découvrir même s’il manque tout de même d’éléments percutants et marquants pour passer de lecture distrayante à bonne lecture.

 

Ma Note : 6,5/10

Marouflages – Sylvie Lainé

marouflagesRésumé : Sylvie Lainé se sert de la science-fiction pour décrire comment, avec brutalité ou avec bonheur, en jouant avec le mensonge ou avec notre propre vérité, nous inventons notre rapport à l’autre et notre propre vie.
À travers les trois nouvelles de ce recueil, elle nous rappelle que le chemin importe parfois plus que le but, qu’on peut vivre avec un amour perdu en apprenant simplement à marcher à la bonne cadence. Ses personnages nous enseignent de l’intérieur comment on construit ses vérités, couche après couche, comment s’enchaînent les conséquences… et à quoi peuvent conduire les meilleures résolutions.

Edition : Actu SF

 

Mon Avis : Je dois bien avouer que j’ai découvert la plume de Sylvie Lainé sur le tard, puisque le premier texte que j’ai lu de l’auteur fut la nouvelle publiée dans le recueil des Utopiales de l’année 2013 que j’avais considéré comme l’un des meilleurs du recueil. Au départ j’avais décidé de me lancer dans la découverte de nouveaux textes de l’auteur par ma lecture de L’Opéra de Shaya qui est entré dans ma PAL il y a quelques semaines, mais mon passage sur le stand ActuSF lors des dernières Imaginales a fait que je suis aussi repart avec ce recueil. Vu que j’ai un esprit cartésien et tordu qui aime faire les choses de façon chronologique j’ai donc décidé finalement de lire Marouflages. Ce court recueil comporte trois nouvelles.

Les Yeux d’Elsa : Cette histoire nous propose de plonger dans un monde futuriste ou les dauphins ont été modifiés génétiquement. Un échange apparait alors, si les dauphins ont besoin de l’aide des hommes ils devront alors en contrepartie travailler pendant une durée déterminée sur des chantiers qui se situent sur ou sous l’eau. Mais le contrat est bien entendu vicié. Charlie fait partie d’une équipe de secours de dauphins et sa vie va changer quand il va rencontrer Elsa. Sûrement la plus belle nouvelle de ce recueil, elle nous fait découvrir un amour impossible et obligatoirement tragique entre un homme et un dauphin, magnifiquement porté par la plume de l’auteur qui arrive à rendre cette relation étrange en quelque chose de touchant, fascinant et de poignant. Mais surtout on y retrouve une réflexion très intéressante sur la vision que chacun a de l’amour, de sa complexité et des concessions qu’il faut parfois faire pour réussir, Charlie fantasmant par exemple ici une relation parfaite se mettant des œillères dès les premières contrariétés et préférant fuir la réalité. Un amour doit être vécu dans les deux sens pour exister sous peine de s’étioler. Autre point que j’ai trouvé captivant c’est l’univers que construit l’auteur en toile de fond, un monde impitoyable qui nous fait réfléchir sur les conditions de travail et sur ce qu’est parfois prêt à faire l’Homme pour sa survie et son bien être, voir même pour conserver son travail. Au final une nouvelle clairement réussie et fascinante.

Le Prix du billet : Cette nouvelle nous fait découvrir Hera, prête à tout quitter pour rejoindre une communauté, qui va voir sa vision de l’avenir bouleverser par sa rencontre avec une jeune fille. Ce texte nous amène à réfléchir sur la position de chacun et surtout sur le besoin des autres pour exister et vivre, mais doit-on pour cela tout rejeter pour espérer une vie meilleure ? Nouvelle initialement publié dans le calendrier de l’avent de Reims, elle colle bien à la thématique de noël, avec cette remise en cause de soi, l’héroïne va alors se retrouver complètement chamboulée par une rencontre limite « magique » d’une personne aux visions complètement différentes. Hera se retrouve alors entre colère et soulagement et va se rendre compte que parfois le bonheur n’est pas là où on le croit. Mais voilà j’ai trouvé ce texte peut-être un peu court et surtout anecdotique, encore plus vu son positionnement dans le recueil après l’excellent Les Yeux d’Elsa, ce qui fait qu’il a eu un peu de mal à me marquer, même si je l’ai trouvé sympathique. Un texte vite lu, apprécié et tout de même vite oublié selon moi.

Fidèle à ton pas Balancé : Cette nouvelle nous plonge dans le quotidien d’un homme qui vient de rompe avec sa copine, Lou, et qui a du mal à s’en remettre se mettant alors à vivre la vie de son ex par procuration à travers des enregistrements de mouvements et de perceptions qu’elle a publiée sur le réseau. On se retrouve ici plongé dans une histoire de reconstruction, d’un homme qui a du mal à avancer, à évoluer, recherchant à ne retrouver que son ex sans se rendre compte de ce qui gravite autour de lui. C’est finalement à travers sa quête, condamnée d’avance, son besoin de changer pour retrouver ce qu’il a perdu, qu’il va finalement évoluer et se reconstruire effectuant des rencontres et des choix qui vont l’amener à retrouver la vie et le sourire, sans non plus oublier le passé. Un texte bien construit, que j’ai trouvé poétique et prenant, le tout magnifiquement porté par la plume superbe de l’auteur tout en nuance et en finesse. L’aspect technologique se révèle aussi intéressant par la réflexion qu’il apporte, montrant un besoin de s’identifier à d’autres, que ce soit humains ou animaux, à travers ses enregistrements qui permettent de ressentir au plus profond les mouvements. Un fort joli texte agréable, mais légèrement court peut-être.

 

Ce qui m’a marqué une fois la dernière page de ce recueil tourné, c’est la plume de l’auteur qui se révèle touchante et remplie d’émotion qu’elle arrive à partager au lecteur. En plus de nous proposer des textes où la technologie et l’imaginaire sont présents, elle nous offre aussi clairement des personnages qui se révèlent profondément humains et attachants que ce soit aussi bien dans leurs forces que dans leurs failles et leurs faiblesses, ce qui les rend attendrissant et fascinant ; on s’accroche à eux. Je trouve par contre dommage que la préface ne soit pas finalement une postface tant elle développe trop les textes qu’elle présente, ce qui peut légèrement gâcher le plaisir de la lecture et de la découverte. En tout cas je m’en vais de ce pas lire L’Opéra de Shaya qui m’attend dans ma PAL.

En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec ce recueil de nouvelle qui nous fait découvrir trois textes, pas tous au même niveaux, mais se révèlent tous profondément humains et touchants. Ce recueil mérite d’être découvert, selon moi, rien que pour Les Yeux d’Elsa qui se révèle être un texte magnifique et émouvant sur une relation impossible, tragique et improbable, même si au final il fait un peu d’ombre justement aux deux autres nouvelles. Au final ce recueil m’a aussi permis de découvrir la plume de Sylvie Lainé que j’ai trouvé clairement poétique et pleine de sentiments, mélangeant à la fois les aspects personnels avec des aspects technologiques et futuristes qui offrent aux lecteurs, premièrement, des réflexions vraiment intéressantes et passionnantes et deuxièmement des personnages terriblement attachants et poignants. Je m’en vais donc me lancer dans la lecture de L’Opéra de Shaya qui est dans ma PAL.

 

Ma Note : 7,5/10

 

Autres avis : Vert, Julien le Naufragé, Efelle, Shaya, …

Comtesse Bathory – Patrick McSpare

comtesse bathoryRésumé : Hongrie, octobre 1604.
Issue d’une glorieuse lignée princière, Erzébeth Bathory, la belle veuve du comte Nadasdy régit d’une main de fer ses domaines. Après des années de silence, Cadevrius Lecorpus réapparaît. Il ramène avec lui Anna, une fascinante sorcière dont Erzébeth tombe follement amoureuse. La magie démoniaque de l’obscurité s’abat bientôt sur la région et, jusqu’à la Cour de Vienne, on s’émeut de la disparition de nombreuses jeunes filles. Tandis que la comtesse s’abandonne aux terribles délices des rituels régénérateurs, cinq mercenaires d’élite sont chargés de confondre celle que l’on suspecte d’activités sataniques.

Edition : Eclipse

 

Mon Avis : De Patrick McSpare je n’ai lu que sa série qu’il a écrite en collaboration avec Olivier Peru : Les Hauts Conteurs, qui se révélait certes classique, mais terriblement efficace et entrainante, assez en tout cas pour me donner envie de découvrir d’autres écrits de l’auteur. Donc quand j’ai vu il y a quelques mois qu’il publiait un roman adulte fantastique sur la comtesse Bathory, proposant un résumé intrigant ainsi qu’une couverture, illustrée par Marc Simonetti, que je trouve vraiment réussie, il n’a donc pas mis longtemps avant de rejoindre ma bibliothèque.

Et pourtant une fois la dernière page tournée j’avoue que je suis déçu, ayant eu énormément de mal à vraiment accrocher à cette histoire. Il faut dire que dès le départ j’ai eu pas mal de difficultés à accrocher à la comtesse qui en est le personnage principal. Elle est historiquement considérée comme une noble intelligente à la poigne de fer, violente avec les personnes de basses extractions dès qu’elle est contrariée, mais sous la plume de l’auteur j’ai eu l’impression d’avoir une enfant gâtée, chouineuse dès que quelque chose ne lui va pas et qui utilise de la violence pour un tout ou un rien sans aucune logique ce qui fait qu’il était compliqué de s’attacher à elle. De plus l’héroïne se révèle très sombre, donc pour éviter de trop la détester, elle se révèle être en proie au doute ayant peur de la damnation éternelle. Bon, si on excepte le fait qu’elle soit une femme adultère, ce qui à l’époque, niveau damnation, devait quand même peser son poids, l’entendre dire après avoir déjà tuée deux jeunes filles pour boire leur sang et rester jeune, qu’elle a peur pour son âme car elle a autorisé la torture d’une jeune fille pour avoir encore plus de pouvoir, j’avoue l’argument tombe quand même à plat. Là où j’attendais plus de profondeur dans ce personnage je me suis retrouvé avec une caricature de la comtesse dont la transcription de son humanité par ses moments de doutes ne marche jamais vraiment la faute à des arguments creux.

Le problème vient aussi que tous les personnages manquent clairement de profondeurs et, outre le fait qu’ils soient très manichéens dans leurs actions et leurs évolutions, ils se révèlent aussi trop clichés à mon goût voir même ne servent à rien comme par exemple le Puritain. Entre Cadevrius le puissant sorcier qui cherche à faire venir l’Antéchrist, mais dont on ne sait pas trop pourquoi ni quel est son but et qui, finalement, ne sert que comme « méchant très très méchant », Anna la soit-disant puissante nécromancienne qui a autant de profondeur que l’épaisseur d’une feuille et qui ne sert clairement que pour des scènes de sexes, ou bien encore la bande de mercenaires qui cherche à faire tomber la Comtesse mais qui se révèlent un peu trop caricaturaux à mon goût et qui manquent clairement de logique et d’intelligence aucun personnage n’a vraiment réussi à me captiver.

Car oui, un des autres soucis du récit vient aussi des rebondissements qui reposent un peu trop sur le manque d’intelligence flagrant des protagonistes. Je pense justement à cette bande de mercenaire qui possède des bons plans pour capturer la comtesse, mais se font avoir comme des bleus. Cela vient, je pense, du fait que l’auteur a l’habitude d’écrire du jeunesse donc un personnage fondamentalement « bon » ne peut faire des choses mauvaises sauf cas extrême. Donc quand on se lance dans un guet-apens ou en face ils sont le double on ne cherche donc pas à éliminer l’escorte, ou à minima une partie, pour asseoir sa domination et prendre l’ascendant qu’on a pas faute à l’infériorité numérique, non, on leur demande simplement de se mettre sur le côté en attendant bien gentiment qu’on kidnappe leur comtesse tout en espérant qu’ils ne tenteront rien pour l’empêcher au moindre soucis. Mouais. Donc si je n’accroche pas vraiment aux personnages et que les rebondissements manquent clairement de finesse, j’avoue j’ai eu un peu de mal à vraiment rentrer dans l’intrigue qui, elle aussi, se révèle un peu simpliste et linéaire à mon goût. Dommage pourtant car le côté aventure est bien présent est plutôt efficace.

Concernant l’univers fantastique que cherche à mettre en place l’auteur, en soit, il n’est pas mauvais, mais n’a rien non plus d’exceptionnel et tombe parfois un peu dans la caricature. On se retrouve surtout dans une dualité classique entre les partisans de Dieu, et ceux du diable, avec tous les clichés du genre allant de la messe noire avec le sang au crucifix purificateur qui empêche la magie des satanistes, mais voilà l’ensemble manque tout de même de finesse et il faut par moment ne pas trop demander d’explications et savoir accepter. La tension et l’ambiance angoissée qu’il cherche à faire monter au fil des pages a eu du mal à prendre avec moi, le tout tournant simplement autour du gore et du sexe, mais qui ne suffisent pas à vraiment créer ce climat oppressant. L’auteur cherche aussi à densifier son intrigue en y mettant un peu de politique, la Comtesse de Bathory étant une des rares femmes de l’époque à avoir gouverner sa région, il y avait donc normalement de quoi faire et pourtant là encore l’auteur ne fait que rester en surface et donne l’impression que tout l’aspect géopolitique ne sert à pas grand chose tant aucun des personnages n’a l’air d’y avoir une influence. Cet aspect ne parait donc au final ne rien apporter à l’histoire mis à part montrer que l’auteur s’est renseigné sur le sujet. C’est dommage.

Pourtant tout n’a pas non plus été mauvais dans ma lecture, il est clair que l’auteur sait apporter du rythme à son récit et sait décrire des scènes d’action vivantes et un minimum entrainantes. De plus j’ai été surpris par une révélation et je me suis même retrouvé emporter par le récit qui devient plus fluide à partir de ce moment-là, dommage qu’elle n’arrive qu’aux alentours de la page 250 sur un roman de 370 pages. Par contre au moment de la conclusion l’auteur cherche trop a en faire et une des révélations finale dévoilée à la Comtesse sur le véritable pouvoir de Cadevrius se révèle tellement tordue qu’elle contredit près de la moitié du roman sans apporter aucune preuve et les explications avancées deviennent obsolètes deux lignes plus tard. Cela donne l’impression que l’auteur lui-même s’embrouille ce qui est dommage car je rentrais enfin complètement dans le récit. La conclusion m’a aussi parue un peu trop lourde, l’auteur cherchant à apporter son lot de révélations, mais voilà trop de révélations tuent les révélations et au bout d’un moment cela manque de cohérence.

La plume de l’auteur se révèle vraiment simple et énergique, mais je trouve qu’elle en fait un peu trop au niveau des dialogues, cherchant à y apposer un vernis d’époque qui ne marche pas vraiment et offrant même par moments certaines constructions de phrases qui ne sonnent pas toujours très bien à la lecture. Dans l’ensemble je ressors plutôt déçu de cette lecture, il y a de bonnes idées et l’auteur sait construire un récit énergique, mais l’ensemble manque de finesse se révélant trop simpliste, manichéen et binaire ce qui fait que je n’ai pas accroché. Dommage.

En Résumé : Je ressors plutôt déçu, je l’avoue, de ma lecture. L’histoire pourtant se révélait prometteuse mais l’ensemble manque, selon moi, clairement de profondeur et de densité, l’auteur ne restant souvent qu’à la surface des choses. Les rebondissements manquent aussi clairement de cohérences et de logiques. L’ambiance fantastique que cherche à mettre en place l’auteur se révèle un peu trop clichée et surtout repose sur ces scènes sanglantes et de sexe qui ont du mal à vraiment rendre l’ensemble angoissant. Quant à l’aspect historique, il est à peine esquissé et a du mal à s’intégrer au récit. Les personnages, outre leurs manichéismes et leurs simplicités, ne m’ont jamais accrochés ; la Comtesse Bathory me faisant plus penser à une enfant gâtée qu’autre chose, les mercenaires manquant d’intelligences et certains personnages donnent même l’impression de ne servir à rien. Il m’a fallu attendre les 2/3 du roman pour que je sois un minimum happé dans le récit qui devient enfin fluide même si la conclusion repose sur une explication trop brouillonne qui se contredit tout le deux lignes et sur une accumulation un peu trop importante de révélations finales. La plume de l’auteur se révèle pourtant simple et efficace mais en fais trop dans les dialogues. Au final je ne pense pas être le bon lecteur pour ce roman ayant du mal à vraiment se révéler adulte et surtout manquant clairement de profondeur à mon goût.

 

Ma Note : 4/10

 

Autres avis : Phooka, Dup, Nessa, Thalia, Louve, …

L’Homme qui Savait la Langue des Serpents – Andrus Kivirähk

l'homme qui savait la langue des serpentsRésumé : Voici l’histoire du dernier des hommes qui parlait la langue des serpents, de sa sœur qui tomba amoureuse d’un ours, de sa mère qui rôtissait compulsivement des élans, de son grand-père qui guerroyait sans jambes, d’une paysanne qui rêvait d’un loup-garou, d’un vieil homme qui chassait les vents, d’une salamandre qui volait dans les airs, d’australopithèques qui élevaient des poux géants, d’un poisson titanesque las de ce monde et de chevaliers teutons épouvantés par tout ce qui précède… Peuplé de personnages étonnants, empreint de réalisme magique et d’un souffle inspiré des sagas scandinaves, un roman à l’humour et à l’imagination délirants.

Edition : Attila Tripode

 

Mon Avis : J’avoue, je suis complètement passé à côté de ce livre au moment de sa sortie, c’est simple je ne l’ai même pas vu en librairie. Il a fallu attendre que je commence à voir apparaitre quelques chroniques élogieuses sur le net ainsi que plusieurs nominations à différents prix pour que je me penche dessus. Et je n’ai pas mis longtemps à le faire rentrer dans ma PAL, convaincu par un résumé complètement barré qui m’a tout de suite accroché et une couverture, illustrée par Denis Dubois, que je trouve superbe.

Finalement, je suis bien content de m’être laissé tenter par ce livre, sinon j’aurai eu l’impression d’être passé à côté d’un excellent roman, même si maintenant il va m’être difficile de faire une chronique tant ce livre est un OLNI. Imaginez une Estonie imaginaire où on apprend à connaitre Leemet, dernier homme à savoir parler aux serpents et à vivre selon des anciennes traditions, qui décide de raconter son passé. À travers ce conte l’auteur va brasser énormément de sujets et de réflexions de façon cohérente et en rendant l’ensemble franchement passionnant et instructif.

On découvre ici l’aspect initiatique du jeune Leemet qui se retrouve coincé entre deux mondes, l’un passéiste et l’autre soit disant moderne ; deux mondes complètement différents aux traditions et aux valeurs souvent opposées, mais aussi parfois très proches. On cherche à obliger le héro à faire un choix mais, au fil des ans, il se rend compte que les deux ont leurs avantages et leurs contraintes et il ne comprend pas bien d’ailleurs pourquoi il devrait choisir. L’auteur nous offre ainsi ici une réflexion intelligente et acerbe sur une époque où la religion chrétienne tentait d’uniformiser les peuples et de faire disparaitre les mythes païens soit par la force, soit par la ruse et le rêve. Mais c ‘est aussi un texte fascinant de façon plus large sur l’évolution du monde et la façon dont les peuples l’acceptent ou pas, et qui ne peut que nous toucher encore aujourd’hui où on continue à vouloir nous uniformiser, à parfois nous imposer une doctrine de pensée et de vie. Mais c’est aussi une quête identitaire du jeune héros qui cherche à se définir et à se construire face à toutes ces influences, oscillant entre tradition et modernisme et qui aimerait bien simplement vivre sa vie comme il l’entend et non pas comme on lui dit de le faire.

Ce roman, en plus d’une critique acerbe et réaliste de l’humanité et sa façon d’évoluer, est aussi d’une certaine façon un rappel sur la nature et la forêt et ce qu’elle peut apporter, loin aussi de l’extrémisme que peut proposer certains, ne nous demandant pas de ressortir le pagne, oublier notre vie et aller nous rouler sous les arbres. En effet l’auteur propose plutôt une réflexion sur l’importance de la nature, que certes tous les hommes vont d’une certaine façon violenter, que ce soit les traditionalistes, qui défrichent la forêt pour de la lumière ou abattent les arbres pour les bûchers ou la cuisson de la viande, mais aussi les hommes modernes qui brûlent la forêt pour y faire pousser des semences et construire des cabanes, alors qu’il faudrait d’une certaine façon la respecter, n’y prendre que le nécessaire et parfois oublier le superflu. On est loin de l’écolo extrême, mais plus près du réfléchi qui ouvre des perspectives et un débat sur l’importance de la faune et de la flore.

L’auteur développe aussi au fil des pages un travail intelligent sur le langage, principalement avec cette langue des serpents dont Leemet est le dernier dépositaire. Celle-ci va donc s’éteindre avec lui. Ce n’est pas sans rappeler ce qu’on retrouve énormément actuellement avec les débats qu’on peut voir sur la disparition de nombreuses langues ou bien l’uniformisation de l’utilisation de l’Anglais comme langue « mondiale ». Mais de nouveau c’est une réflexion attrayante qu’il propose, il n’est pas contre le fait que beaucoup parlent la même langue, il montre simplement que toutes les langues ont leur importance et qu’il serait dommage de les oublier et de voir des générations de gens ne plus pouvoir communiquer avec les autres car plus personne ne les comprend. La postface, qui permet clairement de mieux comprendre certains points du roman, montre aussi que l’Estonien a failli disparaitre sous le joug Russe.

Autre aspect, plus poétique mais tout aussi envoûtant :  le travail sur ce monde à la fois contemporain et imaginaire, avec toutes ces intrusions du fantastique, comme la possibilité de parler aux serpents ou bien encore cette salamandre volante, véritable arme de guerre, ainsi que ce sage qui capte les vents et les place dans un sac. Tout cet aspect ajoute quelque chose de féérique et de magique au récit, accentuant encore un peu plus l’aspect conte. Une dimension fantastique prenante, bien amenée, et cohérente, qui colle parfaitement à ce monde en pleine mutation et transition.

L’auteur n’oublie pas non plus pour autant son récit qui se révèle prenant à découvrir et auquel le point de vue du héro confère une dimension épique. Comment ne pas accrocher à Leemet dont on va suivre la vie de la naissance à la fin, à travers ses différentes rencontres, que ce soit aussi bien avec les animaux qu’avec les hommes? Un mélange qui va se révéler à la fois curieux, tendre et intrigant par tout son aspect apprentissage de la vie, du monde, de la nature et de la sexualité qui nous fait rencontrer un enfant et un adolescent curieux mais changeant, qui ne comprend pas encore tout et qui va sombrer doucement au fil des pages dans un monde adulte sombre, violent, pessimiste comme s’il avait perdu ses rêves et ses illusions de jeunesse et que la vie le ramenait toujours vers la souffrance à travers des pertes tristes, touchantes et des choix qui auront des conséquences pas toujours heureuses. Avec Leemet on passe à travers toutes les émotions que ce soit la joie, la peine, l’amour (traité de façon très spécifique et efficace), le besoin de transmettre son savoir ou encore la violence, l’agressivité et le rejet. Les différents personnages qui gravitent autour du héros se révèlent captivants, que ce soit par leurs bêtises ou leurs convictions. Mais surtout ce qui fascine c’est la façon dont l’auteur présente les personnages, ils sont tous d’une certaine façon un peu barrés ce qui leur ajoute une touche d’humour et d’intérêt. On est donc happé par Leemet qui, finalement, découvre avec mélancolie qu’il est, d’une certaine façon, le dernier.

La plume de l’auteur colle parfaitement à l’histoire et au narrateur se révélant à la fois enfantine et sauvage tout en étant réfléchie, fluide et entrainante, happant le lecteur par un humour acerbe et une plongée dans son univers. J’aurai juste un léger regret, une petite impression de longueur vers le milieu, je me suis demandé si l’auteur n’allait pas faire tourner en rond son histoire avant qu’il me surprenne et relance le tout. Au final j’ai passé un excellent moment avec ce livre qui nous fait plonger dans une Estonie en pleine mutation et qui nous fait réfléchir sur la bêtise humaine, que ce soit par la non-remise en cause d’un modernisme pas toujours réfléchi, comme l’idéalisation d’un passé qui n’a jamais existé. Un livre qui nous montre aussi que chacun s’adapte au changement à sa manière par l’oubli, le combat, la folie ou encore l’acceptation sans limite. Un roman à découvrir selon moi et qui plus est, malgré sa densité d’idées, il se révèle facile d’accès.

En Résumé : J’ai passé un excellent moment avec ce livre qui, en plus de nous proposer une intrigue à la fois initiatique, épique et sauvage, nous offre aussi énormément de réflexions très intéressantes sur l’évolution de l’homme et son acceptation, le langage, la nature ou encore sur la bêtise humaine. Ce monde imaginaire peuplé de fantastique se révèle à la fois intrigant et passionnant et les personnages qu’on découvre au fil des pages sont soignés, efficaces, attachants et complètement barrés. Lemmet, héros à la fois attendrissant et dur, ne manque pas d’interpeller, offrant une vision du monde intéressante. La plume de l’auteur colle de façon efficace à l’histoire, se révélant enfantine, sauvage et réfléchie et nous plonge avec facilité dans cette histoire. J’aurai juste comme léger reproche, un léger sentiment de longueur vers le milieu du livre, vite effacé par la suite. Un roman à découvrir selon moi. À noter aussi la postface qui permet de mieux appréhender l’histoire surtout vis-à-vis de certains points qui sont propres à l’Estonie.

 

Ma Note : 9/10

 

Autres avis : joyeux-drille, nymeria, Readingintherain, …

Dresseur de Fantômes – Camille Brissot

dresseur de fantomesRésumé : Le monde avait été redessiné par une série de catastrophes climatiques, les courants marins et les vents modifiés. Les anciennes cartes devenues obsolètes, les aventuriers pouvaient renaître… Pendant des années, Théophras et Valentine ont parcouru le monde pour le compte de riches employeurs, à la recherche de trésors et de pièces rares. Jusqu’au jour où Valentine est empoisonnée par le mystérieux Collectionneur, son meilleur client. Réduite à l’état de fantôme, elle devient invisible aux yeux de tous… sauf de Théophras. Aidés par le capitaine Peck, propriétaire du plus grand bateau à aubes du monde, et par la troupe du célèbre AeroCircus, flottille hétéroclite de ballons et de dirigeables, les deux amants se lancent aux trousses de l’assassin de Valentine. D’une quête de vérité à la vengeance, il n’y a qu’un pas.
Le franchiront-ils ?

Edition : L’Atalante

 

Mon Avis : J’avoue ce livre est rentré dans ma PAL un peu par hasard. Lors d’une de mes visites en librairie je suis tombé devant la couverture, illustrée par Philippe Jozelon, que j’ai trouvé attirante malgré le fait que je trouve le visage du personnage un peu trop présent au premier plan. Après lecture du quatrième de couverture, qui laissait entendre une histoire de vengeance avec fantômes et un monde post-apocalyptique complètement changé et redessiné, j’ai rapidement été intrigué et tenté. J’ai eu alors la chance de me faire offrir ce livre par la Marmotte. Il m’intriguait d’ailleurs tellement que je l’ai rapidement fait sortir de ma PAL pour le lire.

Pourtant, une fois la dernière page tournée j’avoue que je ressors avec un sentiment plutôt mitigé. Pas que le livre soit mauvais je trouve, juste que la façon dont l’auteur le traite ne correspondait pas vraiment à toutes mes attentes. L’histoire en soi reste classique, mais ne manque pas de charme avec cette jeune aventurière tuée qui se retrouve en fantôme et rejoint son mari pour tenter de se venger. Les deux premiers chapitres mettent clairement dans l’ambiance, et l’ensemble se lit au final assez facilement tant les différentes aventures et péripéties, ainsi que les rencontres que font les héros se révèlent un minimum attrayante et bien menés.

Mais voilà si je me base sur l’histoire seule elle se révèle clairement sans surprise et surtout avance parfois un peu trop facilement. Mis à part peut-être une révélation que je n’ai pas vue du tout venir, et une belle révélation je l’avoue, l’ensemble se révèle très linéaire et on devine très rapidement la conclusion. Autre aspect qui m’a dérangé c’est que l’auteur se consacre principalement et la majorité du temps sur ses personnages ce qui fait qu’il m’a paru manquer des clés pour vraiment appréhender ce monde dans sa globalité. Je pense que c’est un choix de l’auteur et les lecteurs qui cherchent une histoire un peu intimiste devrait s’y retrouver, mais ceux qui comme moi veulent aussi un minimum de background et de densité de fond risquent de se sentir frustrés.

Comme je le dis, les personnages sont un des points les plus intéressants de ce roman, l’auteur mettant clairement en avant ce couple séparé par la mort, qui fait un peu penser au film Ghost, mais aussi leurs liens d’amitié forts. On s’attache assez facilement à eux à travers leurs souffrances et toutes les conséquences qu’impose le fait que Valentine soit un fantôme, que ce soit aussi bien pour Théophras qui se retrouve à vivre un amour clairement impossible sans aucune possibilité de sentir ou de toucher sa femme, mais aussi pour elle qui voit le monde évoluer autour d’elle et sent bien qu’elle ne possèdera plus jamais rien dans ce monde éthéré qui est maintenant le sien ; même si une ou deux fois l’auteur tombe un peu trop dans le sentimental. Les différents personnages secondaires que rencontrent les héros se révèlent assez intéressants même si, court roman oblige, je trouve qu’ils se dévoilent un peu trop rapidement et manquent parfois d’un peu de profondeur alors qu’il y avait matière à faire plus. Quelques personnages sortent quand même du lot, je pense à Tom ou Peck, tandis qu’un sentiment de trop peu se fait ressentir avec des personnages comme Wicapi Wacan ou encore certains du cirque ce que j’ai trouvé dommage. Par contre ils se révèlent tous assez manichéens, avec les gentils d’un côté, les méchants de l’autre.

Concernant l’univers, c’est un peu le point qui m’a le plus dérangé. On y retrouve énormément d’idées qui paraissent intéressantes et intrigantes, à travers ce monde complètement chamboulé suite à ces modifications électromagnétiques, mais voilà elles ne restent que surfaites. On a l’impression que l’auteur se sert de son univers comme d’une simple image de fond sans jamais vraiment le travailler ou bien expliquer certains points dont on ne sait rien du début à la fin. C’est dommage car visuellement il y a énormément de potentiel et surtout un univers dont on sent que l’auteur maîtrise pas mal de classiques, offrant ainsi un vernis très rétro-futuriste qui fait parfois penser à Jules Verne, tout en offrant un aspect social parfois assez misérable, un peu comme le proposait certains auteurs Anglais, et le tout teinté de Nouvelle-Orléans avec des Bateaux à roues à aubes. L’auteur nous fait clairement vraiment voyager de la France à Haïti ou encore l’Allemagne en passant par l’Amérique. Et c’est ce que je trouve qui me frustre le plus, comme si l’auteur avait plein d’idées et plein d’envies mais qu’elle ne les développait jamais à fond. Après, cela vient aussi de moi, j’aime les univers un minimum denses, expliqués et cohérents. Concernant l’aspect fantôme je trouve l’évolution trop rapide, passant facilement de l’ectoplasme qui ne peut rien faire à la revenante avec de nombreux pouvoirs servant un peu trop l’intrigue.

La plume de l’auteur se révèle, je trouve, touchante par son travail sur les personnages et leurs sentiments, mais voilà dans son aspect poétique elle s’embrouille parfois légèrement dans ses explications, comme par exemple ses rails de train qui se sont adaptés aux modifications géographiques dont on ne comprend pas si c’est le rail qui a bougé de lui-même, ou si c’est l’Homme qui a adapté son trajet. Alors rien de bien gênant non plus, car je trouve qu’il y a une certaine qualité dans le style de l’auteur qui, je pense, devrait toucher plus d’un lecteur, mais une ou deux fois cela m’a fait tiquer. Au final je suis plutôt mitigé sur le livre qui me parait clairement posséder énormément de potentiel, mais dont mes attentes n’ont été qu’en parti comblé, l’auteur préférant jouer sur l’émotion là où j’attendais aussi quelque chose de plus dense avec un véritable univers construit et des réflexions un peu plus poussées.

En Résumé : Finalement, j’avoue que je ressors avec une impression mitigé de ma lecture de ce roman. L’auteur nous offre une histoire de vengeance dans un monde post-apocalyptique qui, aux premiers abords parait intéressant, le tout avec énormément de potentiel et l’ensemble se lit d’ailleurs assez facilement, mais j’ai trouvé que ça manquait de profondeur sur certains aspects. L’auteur, en fait, met clairement l’accent sur les personnages et leurs interactions aux dépend parfois du reste, ce qui fait que les héros, même s’ils sont assez manichéens et parfois tombent un peu dans le sentimentalisme, se révèlent attachants et vraiment entrainants, en proie aux doutes et aux souffrances. Mais voilà l’univers que dessine l’auteur, selon moi, en pâti alors qu’il avait un potentiel énorme. C’est un choix que l’auteur a fait et que je comprends, mais qui ne correspondait finalement pas à mes attentes de lecture de ce court roman. La plume de l’auteur ne manque pas de charme, se révélant par certains aspects poétiques, même si par moment elle manque un peu d’explications ce qui peut embrouiller le lecteur. Un roman dont je ressors au final avec un sentiment partagé, qui devrait plaire aux lecteurs qui cherchent quelque chose d’intimiste, de sensible et centré sur les personnages là où, moi, j’espérais quelque chose de plus complet.

 

Ma Note : 5/10

Bloodsilver – Wayne Barrow

bloodsilverRésumé : 1691 : un bateau transportant de mystérieux passagers aborde la côte est du continent nord-américain. Les vampires viennent de débarquer de la vieille Europe. Ils forment bientôt le Convoi, longue colonne de chariots recouverts de plaques de plomb, et se lancent à la conquête de l’Ouest, anticipant le trajet du chemin de fer dans une lente et implacable progression…
1692 : à Salem, une poignée d’hommes impitoyables fonde la confrérie des Chasseurs, bien décidés à stopper l’avancée du Convoi et à en découdre avec les créatures des ténèbres.
De Fort Alamo aux territoires sioux, de Wounded Knee à Silver City, les hommes du Nouveau Monde, Billy the Kid, les frères Dalton ou encore Doc Holliday mêlent le sang à l’argent, luttant sans merci contre les vampires, ou formant avec eux d’improbables alliances…

Edition : Mnémos
Poche : Folio SF

 

Mon Avis : Ce roman avait commencé à me tenter au moment de sa sortie, ce qui remonte à quelques années déjà, mais n’a jamais au final rejoint ma PAL, d’une parce que à l’époque je lisais beaucoup moins d’histoires de vampires et de deux mon budget livre n’était pas le même. Il a donc logiquement disparu de ma vue. Il a fallu attendre les Imaginales 2013 pour que ce livre se rappelle à moi et que je décide de le faire rentrer dans ma bibliothèque. Vu que les Imaginales 2014 approchent, pour rester dans le thème,  j’ai donc décidé de me faire un avis sur ce livre. Concernant la couverture, illustrée par Didier Graffet, elle possède un côté sauvage et western qui colle finalement bien au récit. À noter que Wayne Barow est un pseudonyme derrière lequel se cache deux auteurs français, Xavier Mauméjean et Johan Héliot.

J’avoue aussi que je me suis lancé dans la lecture de ce livre sans aucun retour ni avis de l’extérieur que ce soit sur internet ou autre, donc première surprise, ce que je pensais être un roman est en fait un recueil de nouvelles. En effet les auteurs ont décidé de se servir de l’arrivée de vampires sur le continent américain en 1691 pour réécrire l’histoire des États-Unis et ainsi offrir au lecteur une certaine uchronie qui s’étend sur plus de deux siècles. Autre surprise, si vous vous attendiez à une histoire  de vampires pur et dur passez votre chemin, en effet ils ne servent ici que de façon latente pour vraiment mettre en avant l’évolution du pays d’une nation sauvage vers une des plus grandes nation, ce qui peut légèrement frustrer le lecteur à la recherche de trash lié aux suceurs de sang, surtout après la lecture du quatrième de couverture. Mais voilà une fois l’ensemble de ses surprises assimilées je me suis retrouvé à me plonger avec envie et plaisir dans ces différentes courtes histoires.

Car en effet au fur et à mesure de la lecture de cette fresque chronologique j’y ai trouvé quelque chose de vraiment fascinant et intéressant, pour peu qu’on connaisse un minimum l’histoire des États-Unis, à voir évoluer ce pays passant d’un aspect western qui se révèle sauvage, sanglant avec aussi la conquête de l’ouest, évoluant un aspect considéré comme plus civilisé avec le temps et les années. Passer d’un pays complètement désuni à quelque chose de plus cohérent, cette mutation se faisant dans les cris, le pleurs et le sang. On y retrouve aussi au fil des pages plusieurs personnages importants de l’époque, allant de Marc Twain au Dalton en passant Billy the Kid ou encore Jesse James, mais aussi des évènements tout aussi marquants pour le pays comme Fort alamo, le massacre de Wound Knee ou encore la mystérieuse maison Winchester. On sent bien que les auteurs se sont fortement documentés et ont effectué un travail vraiment dense et saisissant pour plonger le lecteur dans ces différentes histoires, ces différentes rencontres, ces différentes époques. On se retrouve happé. La reprise des faits réels tout en modifiant certains aspects, y apportant leurs propres idées, collent à cette uchronie de façon vraiment efficace. Dommage que parfois les auteurs oublient complètement les vampires pour se consacrer qu’à cette fresque western.

L’autre aspect aussi intéressant c’est qu’on se retrouve avec un roman clairement western avec tout ce qu’il faut pour se laisser entrainer entre aventures, courses poursuites et fusillades, le tout bien rythmé. On y retrouve clairement au fil des pages ce sentiment de liberté, de folie et de violence qui découle de cette époque où la loi dépendait principalement du plus fort vu que chaque état, chaque ville faisait comme il voulait. La présence des Brooke (le nom des vampires) n’est pas non plus qu’anecdotique, on y retrouve clairement le vampire sauvage qui se nourrit de sang humain poussant les Américains à se défendre en premier lieu avant de changer. Les différentes rencontres qu’ils vont faire vont se révéler vraiment intéressantes, même si je trouve qu’ils restent trop dans l’ombre, on ne sait au final pas grand-chose d’eux. On retrouve aussi dans ces différents textes pas mal d’axes de réflexions vraiment attrayants que ce soit par l’évolution des gens, qui après avoir encensé les chasseurs de vampires se mettent à la rejeter devant la puissance, à la fois par la menace et aussi par leurs fortunes, des vampires, mais aussi par ce fameux convoi des vampires (La Famille) qui sillonnent le pays pour y trouver un endroit où vivre. Les différents personnages rencontrés offrent  des portraits à la fois riches et variés, allant du faible au fort, du lâche au téméraire, de l’érudit ou fou ; des personnages à la fois complexes et soignés qui vont devoir s’adapter ou disparaitre. J’ai trouvé aussi que la conclusion, en forme de cycle avec l’introduction, se révélait percutante.

Malgré cela il y a tout de même quelques points qui m’ont dérangé. Les auteurs nous proposent, comme je l’ai dit, une uchronie, puisque l’arrivée des vampires sur le continent va bouleverser énormément de choses jusqu’à la guerre de l’indépendance, et pourtant la vie des personnages historiques n’a pas tant changé que cela dans l’ensemble. Mis à part Mark Twain qui subit quelques variations notables on a l’impression que les autres connaissent quasiment la même destinée, ce que j’ai trouvé légèrement dommage. Ensuite, il faut bien l’admettre, vers la fin, j’ai ressenti un certain essoufflement, sentant bien où voulez nous mener les auteurs. Rien de bien méchant non plus, mais voilà je me suis retrouvé à moins accrocher à un ou deux textes. Après, dernier point mais qui se retrouve souvent dans les recueils de nouvelles, certains textes sortent plus facilement du lot et marquent plus que d’autres qui ne sont qu’anecdotiques.

La plume des auteurs se révèle vraiment soignée, dense et efficace plongeant pleinement le lecteur dans l’histoire et l’époque par des descriptions précises et entrainantes et aussi avec des personnages humains et plus que convaincants. J’ai donc passé un plutôt bon moment de lecture avec ce livre qui, certes, au début  m’a surpris mais s’est révélé au final dans l’ensemble captivant et intrigant.

En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec ce livre qui, certes m’a dérouté au début, m’attendant à un roman sur des vampires et me retrouvant avec des nouvelles où les vampires ne sont que secondaires se consacrant plus à une fresque uchronique sur la naissance des États-Unis, mais qui finalement offre un travail vraiment intéressant et fascinant. Le côté western apporte aussi vraiment un plus, offrant une ambiance sauvage, violente où le mot liberté dépend de chacun et où, justement, la présence des vampires vient accentuer tout cela. Dommage que parfois justement les auteurs oublient un peu les suceurs de sang. Pour peu qu’on s’intéresse à cette période de l’Amérique on se retrouve emporté par cette réécriture de l’histoire dont mon seul regret et que, sur certains aspects, reste quand même trop proche de l’histoire. Le background ainsi que les différents personnages, qu’il soit fictifs ou ayant existé, se révèlent vraiment denses, travaillé, humains et soignés. Une histoire qui nous dévoile que les convictions du début ne sont pas celles de la fin, où l’humanité peut aimer ce qu’elle a rejeté et inversement. Le style des auteurs se révèle vraiment efficace et entrainant. Après comme à chaque recueil de nouvelles certains textes arrivent à happer plus le lecteur que d’autres, mais dans l’ensemble je ne me suis pas ennuyé, même si j’ai ressenti une très légère lassitude sur la fin.

 

Ma Note : 7,5/10

 

Autres avis : kactuss, julien le naufragé, Spocky, Olya, Sayaelis, etc…

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