Catégorie : Fantastique Page 13 of 24

L’Evangile Cannibale – Fabien Clavel

l'evangile cannibaleRésumé : Aux Mûriers, l’ennui tue tout aussi sûrement que la vieillesse. Matt Cirois, 90 ans et des poussières, passe le temps qu’il lui reste à jouer les gâteux. Tout aurait pu continuer ainsi si Maglia, la doyenne de la maison de retraite, n’avait vu en rêve le fléau s’abattre sur le monde. Et quand, après quarante jours et quarante nuits de réclusion, les pensionnaires retrouvent la lumière et entrent en chaises roulantes dans un Paris dévasté, c’est pour s’apercevoir qu’ils sont devenus les proies de créatures encore moins vivantes qu’eux. Que la chasse commence…

Edition : Actu SF

 

Mon Avis : Comme depuis quelques années maintenant Plumeline s’est mis dans la tête, lors du festival des Imaginales, de me faire repartir avec un livre qu’elle a sélectionné avec son petit déambulateur ( 😀 ). Finalement cette année sous ses argumentations et recommandations je suis reparti avec deux livres dont cet Évangile Cannibale. Il faut aussi bien avouer qu’il ne pouvait que finir dans ma PAL, un mélange de zombies et de papys a le don de me questionner et je me demandais bien ce qu’allait pouvoir proposer l’auteur. À noter la couverture, illustrée par Diego Tripodi, qui se révèle sympathique et efficace.

Alors clairement ce livre ne révolutionnera pas le roman de zombies en général, nous proposant une infection qui parait lié à ce qu’il parait être un problème pharmaceutique et qui a amené le retour des morts-vivants. Non, là où l’auteur trouve l’originalité c’est plutôt dans la façon dont il présente les choses, pas de héros sur son cheval blanc, pas de sauveur baraqué, pas de groupe plein de vivacité, ici nos survivants sont tout simplement une bande de vieillard coincé dans une maison de retraite qui vont découvrir l’apocalypse. Imaginez alors des courses poursuite à 2 à l’heure entre un zombie qui se traine et un fauteuil roulant électrique, voilà l’idée qu’a trouvé l’auteur pour son récit et je dois bien avouer qu’elle accroche clairement se révélant efficace, percutante et surtout pleine de dérision.

L’auteur se met alors à construire son récit un peu en deux grandes parties avec une première qui pose l’histoire, les personnages et l’univers de cette maison de retraite, le tout de façon ironique, rempli d’humour noir et de cynisme, bien porté par les réparties incisives du narrateur et avec une petite dose de mystique. L’auteur manipule ici l’humour au Xème degré de façon captivante et on ne peut s’empêcher de sourire voir même de rire devant certains passages francs et sans concessions. Puis au fil des pages la tension commence à monter, nos héros quittent la maison de retraite pour rejoindre Paris et découvrir alors que les zombies ont pris le pouvoir, que la ville est cloisonnée. Ils se lancent alors dans une (lente) course-poursuite pour la survie qui se révèle sanglante, surprenante et terriblement efficace. On atteint d’ailleurs le paroxysme de l’horreur, de la folie et de l’angoisse suite à la rencontre avec Manon. On se rend compte alors que quel que soit l’âge des gens, quand la survie prime, que la folie apparait, alors le travail de groupe devient de plus en plus compliqué, chaotique et impossible. L’Homme est un loup pour l’Homme, même chez les anciens. Que ce soit la première ou la seconde partie j’ai été captivé du début à la fin par ce roman  sans temps morts, rempli de rebondissements le tout bien porté par un format assez court (un peu moins de 300 pages) proposant ainsi un rythme haletant.

Mais ce roman est aussi bien plus qu’un divertissement réussi et plein d’humour, il se révèle aussi intelligent, offrant de nombreux axes de réflexions comme par exemple sur la façon dont on traite nos anciens, le culte de la jeunesse et de la beauté, le consumérisme, la vie qu’on brûle par les deux bouts sans prendre le temps de se poser ou bien encore plus simplement la capacité de l’humanité à s’autodétruire. Un roman qui, une fois la dernière page tournée, s’est révélé beaucoup plus psychologique qu’il le laissait présager initialement. Alors certes l’ensemble cherche parfois un peu trop le percutant, balançant des idées sans complètement les développer et certains aspects manquent de complexité ou de densité, mais l’ensemble ne manque pas d’attrait et permet d’élever ce roman a plus qu’une simple histoire de survie.

L’une des grande réussite du roman vient aussi du narrateur, Matt Cirois, 90 ans en fauteuil roulant, qui au départ représente un peu le vieux râleur, jamais content et toujours à se plaindre, à insulter, mais un petit peu attachant par son côté bougon. Puis au fil des pages on se rend compte qu’il n’est finalement pas si fiable que cela, paranoïaque, la folie et le doute commencent alors à le prendre, mais aussi finalement à prendre le lecteur. Comment croire ce que raconte le héros quand il se met à raconter que n’importe qui conspire contre lui? qu’il se met à mentir? L’auteur arrive franchement à rendre ce personnage intéressant à suivre et à découvrir, on est loin de s’attacher à lui (sauf à aimer les personnages pourri jusqu’à la moelle) tant il se révèle cynique, salaud et psychopathe, mais il fascine clairement. Surtout il arrive à rendre cette folie palpable, angoissante et cohérente, montant lentement en tension au fil de la lecture.

 Le titre du livre n’est pas non plus anodin, l’auteur nous présente son récit comme un évangile, certes vicié au vu de ce que représente le narrateur, mais tout de même un évangile avec son messie et ses apôtres. D’ailleurs l’interview de l’auteur à la fin du roman permet aussi de découvrir énormément d’aspects que je n’avais pas obligatoirement vu dans la construction du roman. En tout cas le style se révèle efficace, jouant même parfois avec l’écriture ainsi qu’avec la vérité et le lecteur, pour mieux le surprendre. Au final un roman de zombies qui dépasse le simple divertissement mélangeant à la fois humour, sanglant et réflexion et qui m’a clairement donné envie de lire d’autres écrits de l’auteur. D’ailleurs je pense faire entrer Métro Z dans ma PAL, son roman jeunesse sur les zombies.

En Résumé : J’ai passé un très bon moment avec ce roman qui, certes, ne révolutionnera pas l’idée des zombies, mais se révèle original par son contexte, offrant un groupe de vieillard en survivant. L’ensemble ne manque ni d’humour ni de cynisme et n’oublie pas pour autant d’offrir un aspect angoissant, sanglant et violent avec une tension qui monte lentement au fil des pages. Le narrateur, grand-père acariâtre et râleur possède un petit côté attachant au début, puis très vite on découvre qu’il ment, qu’il cache des choses, que la folie le guette et le rend de plus en plus salaud ce qui le rend, certes beaucoup moins attachant, mais intéressant à suivre tant l’auteur arrive à le rendre crédible. Cela force aussi le lecteur à toujours remettre en cause ce qu’il dit, à essayer de démêler le vrai du faux ce qui apporte un véritable plus. Ce roman se révèle aussi être plus qu’un simple divertissement, l’auteur nous offre de nombreux points de réflexions, certes parfois un peu simplistes, mais qui se révèlent efficaces. L’auteur s’offre aussi un véritable exercice de style dans sa façon de raconter l’histoire que ce soit dans la présentation tel un évangile ou encore dans sa façon de jouer avec le lecteur. Au final un assez court roman, clairement efficace et entrainant, qui me donne envie de lire d’autres romans de l’auteur.

 

Ma Note : 8/10

 

Autres avis : Cornwall, boudicca, Sita, Tesrathilde, Nymeria, Radicale, Lune, etc…

 

zombies challenge

22/11/63 – Stephen King

22-11-63Résumé : Le 22 novembre 1963, le président Kennedy était assassiné à Dallas. À moins que…
Jake Epping, professeur d’anglais à Lisbon Falls, n’a pu refuser d’accéder à la requête d’un ami mourant : empêcher l’assassinat de Kennedy. Une fissure dans le temps va l’entraîner dans un fascinant voyage dans le passé, en 1958, l’époque d’Elvis et de JFK, des Plymouth Fury et des Everly Brothers, d’un taré solitaire nommé Lee Harvey Oswald et d’une jolie bibliothécaire qui deviendra le grand amour de Jake, un amour qui transgresse toutes les lois du temps.

Edition : Albin Michel
Poche : Le Livre de Poche

 

Mon Avis : Il y a quelques années j’étais un grand admirateur des romans de Stephen King, à chaque nouvelle sortie je faisais le maximum pour me le procurer au plus vite. J’adorais frissonner ou voyager avec ses romans. Puis peu à peu je me suis moins reconnu dans certains de ses écrits, j’avoue même avoir été déçu par des romans comme Dreamcatcher ou encore Cellulaire. Cela ne voulait pas dire que j’allais arrêter de le lire, j’étais juste moins impatient de me lancer dans ses romans, même si Dome avait réussi a me surprendre agréablement, malgré quelques longueurs. C’est donc sans surprise que ce roman a un peu trainé dans ma PAL, il a fallu attendre que j’apprenne la sortie prochaine en poche (le 1er Octobre) pour me rappeler de le découvrir.

L’auteur décide ici de visiter l’Histoire, ou plutôt de la revisiter, à travers la possibilité pour notre héros de remonter dans le temps. J’avoue que dès les premières pages j’ai eu l’impression de retrouver un peu du meilleur de l’auteur, j’ai été touché par les personnages et intéressé par l’histoire qui est racontée. L’auteur se base sur une idée claire et accessible avec ce trou de vert temporel qui ramène infailliblement à la même date du 9 septembre 1958. Il pose alors des règles simples, mais efficaces, concernant le voyage dans le temps comme par exemple celle qui veut que le passé ne se laisse pas modifier et qu’il va tout faire pour empêcher cela. L’ensemble se met alors à fonctionner de façon vraiment fascinante dès les premières pages. Je me suis rapidement trouvé happé par Jake qui va se lancer dans cette quête incroyable de vouloir modifier le passé pour rendre meilleur l’avenir. Mais peut-on vraiment y arriver ? Surtout est-ce que changer le passé améliorera vraiment les choses ? Entre thriller, fantastique et histoire d’amour, l’auteur nous plonge alors dans une intrigue qui se révèle assez entrainante, dont on tourne les pages avec envie d’en apprendre plus, apportant son lot de révélations, de réflexions et de rebondissements.

L’auteur s’amuse alors à nous plonger dans la fin des années 50, début des années 60, et nous présente cette époque tout d’abord avec mélancolie. Cette période où chacun connaissait ses voisins, où internet et le téléphone portable n’existait pas, où les grandes soirées étaient les bals locaux, où les prix étaient au plus bas, où on sortait de chez soi sans fermer la porte à clé et où les aller plus loin que 30 minutes de chez soi était limite une aventure. Puis peu à peu il nous rappelle que cette époque n’était pas non plus qu’un paradis, qu’à cette époque le racisme et le sexisme étaient fortement présents, la médecine, la technologie et la science n’avaient pas encore le niveau d’aujourd’hui de plus l’époque possède ses conflits mondiaux qui font frémir des nations entières. On sent aussi les prémices des soucis de notre époque, principalement à Dallas avec la pauvreté ou encore sa trop forte densité. Il est clair l’auteur s’est fortement documenté sur cette période, le moindre détail est expliqué et c’est là que je retrouve certains des défaut de l’auteur. Son univers est dense, fascinant, mais il en fait pas moment beaucoup trop, certes je peux comprendre qu’il ait effectué un énorme travail de fond, mais voilà parfois il exagère. Par contre quel plaisir de revenir dans des lieux en lien très fort avec d’autres roman de l’auteur comme par exemple Derry dans le Maine, ville fictive qui a déjà été le centre de différentes intrigues de l’auteur dont Ça.

J’ai, par contre, été complètement accroché par les personnages qui sont, selon moi, l’un des gros points forts du récit. On s’identifie finalement assez rapidement au narrateur, personnage lambda, qui se retrouve embarquer dans une aventure qu’il ne parait pas maîtrisé et qui l’effraie. Obligé de vivre plusieurs années dans le passé il va alors devoir découvrir une nouvelle vie. La relation amoureuse qu’il construit au fil de la lecture se révèle efficace et m’a véritablement touché tant elle parait sincère et réaliste avec ses hauts et ses bas, le tout malgré toutes ses impossibilités. Chacun des personnages possède une véritable profondeur et chacun va alors devoir faire des choix, devoir avancer en fonction de ses convictions et de ses doutes. Alors parfois, c’est vrai, l’auteur offre quelques facilités, des personnages acceptant des situations parfois limites improbables, mais rien de dérangeant tant ils se révèlent travaillés et soignés.

 Puis au fil des pages j’avoue, j’ai commencé à me lasser, à décrocher légèrement, comme je l’ai dis certains des défauts que je retrouvais dans d’autres romans de l’auteur se retrouvent de nouveau ici. Il se met à broder, il devient de plus en plus bavard voir même à en vouloir en faire de trop, ce qui donne  par moment une impression de longueur et de lourdeur. Je pense par exemple à toutes les scènes où il espionne Lee Oswald qui m’ont paru tourné en rond ou bien ce fameux passé qui se bat pour ne pas se laisser modifier qui donne une impression, à force, de toujours vouloir en ajouter pour ne jamais conclure. C’est bien simple il y a des moments où je me suis retrouvé à lire limite en diagonale, pas que ce soit mal écrit, juste parce-que je commençais à m’ennuyer, principalement vers le milieu du livre. Il a fallu attendre la dernière partie pour que je sois de nouveau happé et heureusement que je n’ai pas lâché, car j’ai trouvé la conclusion vraiment réussie principalement par cette mélancolie qu’elle dégage et que je vous laisse découvrir. C’est dommage, car le roman aurait perdu, je dirais, minimum 200 pages il aurait été, selon moi, beaucoup plus abouti et meilleur. À croire qu’avec le temps Stephen King a du mal à lâcher la plume.

La plume de l’auteur se révèle soignée, simple, fluide et surtout offre au lecteur une histoire, certes longue par moments, mais qui ne manque pas non plus d’idées et de réflexions. Il ne manque pas non plus de se révéler intelligent et réussi à aboutir à une conclusion sur ce voyage dans le temps, certes devinable, mais qui m’a paru réussi et prenante. Par contre je me demande vraiment si en 1958, ou même en 2011, on arrive encore à appeler sa compagne ma pépette. Finalement, une fois la dernière page tournée j’ai eu du  mal à définir mon ressenti vis-à-vis de ce livre, il y a des points vraiment intéressants, mais les passages qui traînent en longueur m’ont vraiment dérangés. On est donc loin du meilleur de Stephen King, mais ce 22/11/63 offre tout de même une lecture qui se révèle plutôt sympathique.

En Résumé : J’espérais avec ce roman renouer avec le meilleur de l’auteur, j’y ai même cru avec les premières pages qui ont rapidement réussi à me happer, offrant une histoire de voyage dans le temps pleine de réflexions et d’idées intéressantes, basant le tout sur des règles simples mais efficaces. Puis finalement au fil des pages j’ai commencé à décrocher légèrement, l’auteur rentrant beaucoup trop dans les détails, selon moi, offrant des répétitions voir même retardant de trop sa conclusion en jouant avec excès sur cette idée que le temps se défend pour pas qu’on ne le modifie. J’ai trouvé cela dommage, car on sent bien que l’auteur s’est fortement renseigné, nous offrant une période de 1958 à 1963 vraiment fascinante et soignée. De plus les personnages m’ont vraiment accroché et cette fameuse histoire d’amour a même réussi à me toucher. Je pense que ce livre, avec facilement 200 pages de moins, aurait été plus abouti et réussi. Il a fallu en effet attendre la dernière partie pour que je sois de nouveau captivé par les aventures de Jake qui offrent une conclusion vraiment efficace et poignante. Au final ce n’est pas le meilleur roman de l’auteur, mais je l’ai trouvé tout de même plutôt sympathique avec ses qualités et ses défauts.

 

Ma Note : 6,5/10

L’Education de Stony Mayhall – Daryl Gregory

l'education de stony mayhallRésumé : Stony a trois sœurs : Alice, Chelsea, Junie. Et sa mère Wanda, qui l’aime plus que tout. Sans oublier Kwang, son copain de toujours, persuadé que Stony possède un superpouvoir. Parce que Stony est insensible aux flèches que son ami lui plante dans le ventre histoire de rigoler… Il faut dire que Stony ne respire pas. Ne mange pas vraiment. Ne dort jamais. Et pourtant il grandit. Stony ignore ce qu’il est. Il n’a pas pris la mesure de son réel pouvoir. Ça viendra. Reste une interrogation : y en a-t-il d’autres comme lui ? La réponse à cette question emportera tout dans son sillage…

Edition : Le Bélial’

 

Mon Avis : De l’auteur j’ai lu il y a quelques mois une nouvelle, Dead Horse Point publiée dans le Bifrost n°74, qui m’avait accrochée par son aspect poignant, humain et aussi par son sujet, traité de façon intelligente et efficace. Donc quand la maison d’édition Le Bélial’ a annoncé qu’il sortirait un roman de l’auteur, qui plus est travaillant la thématique du zombie, je savais que ce livre allait rapidement finir dans ma PAL. Quand Libfly a proposé de le découvrir j’ai tenté ma chance. Je remercie donc Libfly et les éditions Le Bélial’ de m’avoir permis de lire ce roman dans le cade de la voie des Indés 2014. Je préviens d’avance il y a risque de légers spoilers.

On va commencer par poser ce roman, oui il s’agit bien d’un roman de zombie, mais il se révèle complètement différent de ce qui se fait d’habitude. L’auteur a ici décidé de se servir du monstre pour proposer un récit qui se révèle intelligent, parfois philosophique et qui servira à faire réfléchir le lecteur, à apporter un regard neuf sur certains aspects de notre société. Il détourne donc ainsi clairement le symbole habituel des zombies pour offrir au lecteur quelque chose d’original. Par conséquent si vous êtes à la recherche de romans où les zombies sont des êtres simplistes et où le sang coule à flot, passez votre chemin, même si c’est vrai l’auteur ne vous oublie pas pour autant offrant quelques scènes pleines d’adrénalines, des survivants guerriers et même pourquoi pas une petite apocalypse. Posons maintenant le récit, l’invasion des zombies a eu lieu vers la fin des années 60. Elle a été rapidement jugulée par le gouvernement mais aussi par l’apparition de milices populaires. En Iowa une mère et ses trois filles vont alors accueillir un bébé dont elles ont retrouvé la mère décédée en rentrant chez elles. Très vite elles vont se rendre compte que ce bébé est un mort vivant. Il va se révéler différent, pouvant grandir au fil des ans, parler et même penser.

L’idée vraiment originale du récit et sur laquelle repose toute la construction de l’histoire vient de la façon dont sont imaginés les zombies. Ici on ne sait pas vraiment ce qui en est la cause, on sait juste qu’une fièvre les prend pendant 24 à 48h les poussant à mordre chaque personne qu’ils croisent, puis elle retombe et ils retrouvent alors leurs esprits. Ils se rapprochent alors  de l’homme sauf qu’ils sont  morts et contagieux par la morsure. L’auteur va alors construire son intrigue en cinq grandes parties. La première partie est construite de façon classique, c’est celle qui dévoile l’enfance de Stony, son évolution. Alors certes classique mais pourtant c’est la pierre angulaire du récit, elle permet clairement de poser les personnages, de voir justement son éducation, la façon dont on lui fait voir le monde, dont on le protège dans une famille ou il n’est entouré que de femmes. C’est cette partie fondamentale qui va amener à mieux comprendre le personnage par la suite, que ce soit dans ses envies ou ses réactions. Mais c’est aussi une partie qui nous fait réfléchir, sur la différence, l’acceptation des autres. Stony est différent, « malade », il serait rejeté pour ce qu’il est alors qu’au fond de lui il se sent humain. Une réflexion sur la tolérance efficace et bien amenée, justement par ses différents personnages et leurs façons de voir les choses. C’est clairement là qu’on s’attache aux différents protagonistes, des personnages vraiment forts, charismatiques, émouvants qui m’ont touché. L’auteur prend aussi le temps de construire les bases de son univers pour la suite.

Les deuxième et troisième parties vont alors se révéler plus sombres,  mais aussi beaucoup plus ouvertes. Stony découvre qu’il n’est pas seul, des milliers de zombies comme lui vivent à travers le monde, ils se cachent à cause de leur différence, de ce que le passé a montré d’eux, la communication et l’image qu’on montre d’eux les transformant en monstre voir bien pire. Ils sont incompris. L’auteur élève alors sa réflexion : à travers ces deux parties il va se retrouver a traiter aussi bien du racisme, de la maladie que de l’immigration, se servant du monstre comme un symbole pour la philosophie qu’il travaille au fil des pages. Mais surtout Stony évolue, il se rend compte que le monde est beaucoup plus vaste, beaucoup plus complexe et beaucoup plus politisé qu’il le croyait. Même chez les morts-vivants il y a des clans et des visions complètement différentes de l’avenir. C’est un peu l’âge de la perte des illusion. La quatrième partie se révèle plus oppressante et traite davantage des zombies comme terroristes, voir comme ennemis. Il existe des prisons cachées, des camps où ils sont enfermés, étudiés et même torturés. De nouveau l’auteur fait écho à travers son texte à notre société, l’histoire l’ayant bien montré. Alors c’est vrai cette partie se révèle peut-être un peu caricaturale, mais ne manque pas de se révéler percutante.

La dernière partie retombe un peu dans le classique, on va dire, les rêves sont brisés, l’humanisme que cherchait Stony et son besoin de discuter, d’argumenter, de démontrer qu’ils ne sont pas ce que l’on croit a percuté un mur. On se retrouve alors dans des passages plus violents, plus sombres et sauvages. C’est le passage où Stony sait ce qu’il a perdu, ce qu’il doit réaliser et va tout faire pour  réussir. Une dernière partie mélancolique aussi qui se laisse porter au fil des pages, malgré une conclusion évidente. Au final si on s’élève un peu, ce récit est celui de la vie d’un homme, ou plutôt d’un zombie humain, de son enfance joyeuse et crédule jusqu’à la vision d’un homme qui a vécu sa vie et se retourne pour découvrir le chemin parcouru et ce qu’il lui reste à faire.

L’Éducation de Stony Mayhall est donc un roman original, principalement par l’humanisation du zombie qu’il nous propose, l’élevant ainsi à un rang différent du monstre qu’on connait, mais aussi par les nombreux axes de réflexion et la critique sociale qu’il propose, aussi bien sur la vision qu’on a des autres que sur les gouvernements, sur la différence, ou bien encore sur les religions et la foi. Alors parfois certaines réflexions sont, certes, un peu caricaturales, certains aspects un peu simplistes, mais dans l’ensemble j’ai trouvé qu’elles remplissaient parfaitement leur rôle. Autre point intéressant c’est l’aura de mystère que s’amuse à laisser planer l’auteur tout au long du récit, qui forme je trouve un contrepoint intéressant aux différentes explications scientifiques qu’il propose, même si j’ai trouvé que sur certains points il en faisait un peu trop d’un point de vue surnaturel, me frustrant un peu et lui offrant quelques deus ex machina faciles.

Malgré toutes les qualités que possède ce roman, certains passages m’ont quand même dérangé, je pense par exemple aux longues ellipses temporelles entre chaque parties. Autant certaines passaient très bien, c’était fluide autant d’autres m’ont paru hachées, il fallait un peu de temps pour se recentrer sur les personnages qui avaient énormément évolués. Ensuite je reste perplexe sur la conclusion, en soi elle n’est pas mauvaise, et se révèle plutôt efficace, mais je ne comprends pas pourquoi l’auteur a décidé de s’offrir une sorte de happy-end là où il n’y en avait pas forcément besoin. C’est un choix de l’auteur que je trouve légèrement dommage même si je le comprends. Au final rien de complètement dérangeant, cela n’enlève rien à la qualité du roman.

La plume de l’auteur se révèle efficace, entrainante et il montre clairement qu’il joue avec le lecteur variant parfois son style, passant de la troisième personne, à la première ou bien encore en le faisant participer à la construction du récit. J’avoue, j’ai aimé la façon d’écrire de l’auteur qui cherche à varier sa façon de présenter les choses, même si je comprends que cela puisse dérouter. Il cherche aussi à apporter une touche de légèreté et d’ironie à l’ensemble qui, la plupart du temps, marche plutôt bien avec quelques jeux de mots et des blagues, même si parfois ça tombe un peu plat. Mais bon l’humour dépend aussi de chacun. Au final ce roman fut une belle surprise et j’ai passé un bon moment de lecture. Je lirai sans souci d’autres écrits de l’auteur.

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce roman qui nous présente le zombie de façon vraiment intéressante, offrant une intrigue efficace, soignée et qui nous fait clairement réfléchir sur de nombreux sujets, principalement sur l’acceptation des autres, la façon dont on les perçoit et dont les média nous les font voir.  Une chronique sociale et acerbe aussi sur notre gouvernement, la façon dont il peut traiter les personnes différentes des normes. Si vous cherchez un livre de zombie sanglant et sauvage, passez votre chemin. Le personnage de Stony se révèle vraiment attachant, bien construit, fascinant et complexe, se révélant l’un des gros points forts du récit. La plume de l’auteur est entrainante, efficace et on sent bien qu’il s’amuse avec le lecteur faisant varier sa façon d’écrire. Il teinte aussi au fil des pages son histoire d’ironie et d’humour noir plutôt efficace même si parfois certains passages tombent un peu à plat. Je regrette juste que certaines ellipses temporelles hachent le récit, perdant le lecteur pendant quelques pages et aussi une conclusion, certes pas mauvaise, mais avec un happy-end qui me parait exagéré ici. Au final ce livre reste un très bon récit et je lirai sans soucis d’autres écrits de Daryl Gregory.

 

Ma Note : 8/10

Under my hat : Tales from the Cauldron – Anthology by Jonathan Strahan

under my hatRésumé : Neil Gaiman, Holly Black, Diana Peterfreund, Margo Lanagan, Peter S. Beagle, and Garth Nix are just a few of the authors who have toiled over their cauldrons and conjured up bewitching new creations inspired by and celebrating the might and mystery of the witch. Assembled by one of the most well-regarded anthologists in the science fiction/fantasy world, this rich, intelligent collection will enchant readers of all ages.

Edition : Hot Key Books

 

Mon Avis : Je me suis laissé tenter par ce recueil de nouvelles, je dois bien l’avouer, principalement pour sa couverture, colorée et pleine d’humour, qui a fait que je me suis retrouvé à feuilleter ce livre. Je dois bien avouer aussi que certains des noms d’auteurs présents au sommaire m’ont donné envie de faire entrer ce livre dans ma PAL. Concernant le sujet de cette anthologie, comme vous vous en doutez, il s’agit des sorcières, pas obligatoirement le sujet qui me fascine le plus, mais de temps en temps une bonne petite histoire de sorcellerie c’est toujours agréable. À noter que ce recueil contient 18 nouvelles d’auteurs différents.

Stray Magic de Diana Peterfreund : Cette nouvelle va nous faire découvrir une sorcière qui n’a pas vraiment conscience d’en être une et qui s’occupe de chiens abandonnés. Elle va alors croiser un animal bien spécial. Un texte que j’ai trouvé gentil, fluide, cherchant à toucher le lecteur sur la cause des animaux abandonnés, principalement en donnant voix à ce chien de façon efficace et en jouant sur les émotions. Mais voilà dans l’ensemble le texte reste peut-être un peu trop mielleux, avec sa conclusion clairement happy end, ce qui fait qu’il a du mal a se révéler plus qu’un simple divertissement agréable pour petits et grands. De plus j’ai eu l’impression qu’il s’agit d’une introduction à une histoire plus longue.

Payment Due de Frances Hardinge : Cette nouvelle nous fait découvrir une jeune sorcière qui va tenter de récupérer ses affaires qui lui ont été volées. Le texte se révèle être du pur divertissement, ne cherchant que le côté fun et entrainant, avec une légère dose d’humour. L’ensemble se révèle alors efficace et on tourne les pages avec un minimum de plaisir, même si la fin est prévisible. L’aspect magie est bien traité par l’auteur, avec un tour de passe-passe assez marrant, mais voilà comme le texte précédent il lui manque un petit truc, un peu plus de profondeur, pour vraiment se révéler marquant. Je le classe dans le vite lu, sympathique et vite oublié.

A Handful oh Ashes de Garth Nix : Cette nouvelle nous fait découvrir une école de sorcellerie où, aussi bien les servantes que les enfants de familles riches, peuvent devenir sorcières. Mais la découverte d’un ancien règlement magique va tout bouleverser. J’ai bien aimé ce texte qui nous offre un univers solide, travaillé et nous propose une histoire vraiment efficace. Alors certes on tombe un peu dans l’école de sorcier à la Harry Potter, le tout mâtiné d’un soupçon d’école victorienne, mais l’auteur arrive à nous offrir des héroïnes vraiment attachantes et entrainantes, ainsi qu’un background dense pour emporter le lecteur. L’ensemble aurait peut-être par contre gagné à être un peu plus long, principalement dans les retournements de situations, mais rien de bien gênant.

Little Gods de Holly Black : Cette nouvelle nous plonge avec une jeune adolescente qui a rejoint un groupe de sorcier. Plusieurs de ces groupes vont se retrouver une nuit bien spéciale, pour fêter leurs pouvoirs. L’auteur décide de traiter à travers son récit de différents aspects tel que les relations, la force de l’amitié, la religion voir encore la quête identitaire de l’héroïne. L’ensemble se révèle très bien écrit et fluide, mais voilà j’ai trouvé que sur les thématiques l’auteur ne rentrait jamais vraiment dedans, ne faisant que les effleurer pour aboutir à une conclusion un peu facile. Ce n’est pas mauvais, mais loin d’être transcendant et aurait sûrement mérité un traitement plus long. Puis j’ai eu l’impression que ça touchait plus un public Américain.

Barrio Girls de Charles de Lint : Cette nouvelle nous plonge dans le quotidien de deux meilleures amies, deux jeunes filles de caïd de gang, qui se prennent pour des vampires jusqu’au jour où une sorcière va tuer un être qui leur est cher. Ce texte est construit un peu comme un conte avec des personnages, une situation grave, l’apprentissage, on règle la situation et on termine le tout avec une morale qui reste toujours un peu ambigu. Mais là l’auteur a décidé de l’adapter d’un point de vue contemporain avec des gangs et autre. Le problème c’est que l’ensemble reste trop simpliste et l’ensemble un peu trop gentil pour entièrement m’accrocher ou me fasciner.

Felidis de Tanith Lee : Cette nouvelle nous fait découvrir un homme qui, lors de son voyage, va croiser le chemin d’une sorcière-chat et va se rapprocher d’elle. Ce récit se révèle être construit de façon très classique d’un point de vue Fantasy, mais l’ensemble m’a fasciné par l’imagination débordante de l’auteur ainsi que par sa plume qui a réussi à m’emporter à travers son histoire. La magie se révèle déroutante et repose sur un twist vraiment intéressant qui ouvre sur un univers plus grand. Je regrette juste que les personnages soient un peu froid, principalement par leurs facilités à accepter certaines situations, mais rien de dramatique ou de gênant.

Witch Work de Neil Gaiman : J’avoue je suis un grand fan de Neil Gaiman, il a décidé ici d’offrir au lecteur un poème qui se révèle sympathique, agréable et se lit facilement. Pourtant, j’avoue, mais c’est personnel, je suis un peu déçu j’attendais plus de l’auteur.

The Education of a Witch d’Ellen Klages : Cette nouvelle nous fait découvrir une enfant, dont la vie va changer prochainement suite à la naissance d’un petit frère ou d’une petite sœur et qui va alors se découvrir une fascination pour les sorcières après le visionnage du film La Belle au Bois Dormant et plus précisément par sa découverte de Maléfique. Un excellent texte, principalement par son aspect glaçant, faisant monter lentement la tension au fil des pages à travers le personnage de cet enfant qui va découvrir la jalousie et va alors se rendre compte que le monde n’est pas tel qu’elle l’imagine. Un texte fantastique qui m’a happé aussi bien justement par son personnage principal attachant et par cette sourde ambiance glaçante qui s’insinue lentement pour aboutir à une conclusion efficace.

The Threefold World d’Ellen Kushner : Cette nouvelle nous plonge dans la vie d’un étudiant, Finlandais, fasciné par les légendes grecques et rejetant tout le folklore de son pays. Une rencontre surprenante et le voyage onirique qui va s’en suivre va alors lui faire changer d’avis. J’ai adoré ce texte, il se révèle simple dans sa construction, mais l’auteur arrive clairement à nous happer, principalement dans cette mythologie nordique, Finlandaise, qui dévoile l’origine de tout et qu’elle construit efficacement. La plume de l’auteur se révèle vraiment poétique et magique. Elle m’a donné envie d’en apprendre plus, justement sur cette mythologie.

The Witch in The Wood de Delia Sherman : Cette nouvelle nous fait découvrir une sorcière qui n’a jamais quitté de sa vie la forêt et qui un jour, en chassant un cerf, va se rendre compte qu’elle a en fait touché un homme bloqué dans une malédiction. Son grand amour. J’avoue que le récit est en soit pas mauvais, nous offrant une magie de la nature intéressante ainsi que des magiciens intéressants entre ombre et lumière. L’ensemble ne manque pas non plus de rebondissements. Mais voilà j’ai trouvé l’aspect romantique un peu trop facile à mon goût tout comme le retournement de situation à la fin.

Which Witch de Patricia A. McKillip : Cette nouvelle nous plonge dans une Fantasy Urbaine où un groupe de rock, et accessoirement de sorciers et sorcières, va devoir lutter avec leurs familiers contre une sombre menace. Autant le dire tout de suite je n’ai jamais accroché à ce texte, la plume m’a paru beaucoup trop simple avec un sens du détail dans les tenues vestimentaires des personnages qui ne m’a jamais accroché. L’histoire en soit ne se limite qu’à une bataille avec quelques renvois émotionnels vers les héros, mais je n’ai jamais réussi à rentrer dedans. Dommage, cela vient peut-être de moi, j’attendais peut être autre chose.

The Carved Forest de Tim Pratt : Cette nouvelle nous propose de suivre un grand frère qui cherche à récupérer sa jeune sœur qui a fui la maison, étant incomprise par ses parents, pour être formé par la Sorcière de la ville. J’avoue que le récit démarrait bien, se révélant prenant par cette sorcière au pouvoir fascinant à la fois bénéfique, gardant un œil sur tous les habitants de cette ville, mais pouvant se révéler très sombre car pouvant faire disparaitre une personne de la mémoire des gens. Puis tout bascule et on tombe clairement dans le préchi précha où le grand frère va alors ouvrir les yeux de la sorcière sur ce qu’elle fait est mal et où la jeune sœur devra donc attendre 18 ans avant de faire choix car avant on manque clairement de maturité pour faire un choix. Mouais. Pas mon truc désolé. Dommage, car il y avait du potentiel.

Burning Castles de M. Rickert : Cette nouvelle est compliqué à définir sans trop en révéler, on va dire qu’elle traite de la désillusion d’une fille qui découvre que ses rêves d’enfants se sont éteints et que le lien qui l’unissait avec sa mère a changé. J’avoue je ressors perplexe de ma lecture, l’auteur cherche clairement à jouer avec le lecteur, entre fantastique et réalité, mélangeant les deux sans jamais non plus définir clairement l’existence de l’irrationnel. L’héroïne principale a un côté touchant, mais la conclusion ne m’a pas accroché, trop percutante peut-être.

The Stone Witch de Isobelle Carmody : Cette nouvelle nous fait découvrir une femme qui déteste les enfants, mais va se retrouver à devoir en surveiller un lors d’un voyage en avion. Juste avant le crash de l’engin elles vont se retrouver toutes les deux dans un autre univers. Un texte que j’ai trouvé sympathique, construit de façon efficace et offrant aux héros une quête, certes sur certains aspects classiques, mais qui se révèle entrainante et passionnante, où chacune va devoir se dévoiler à l’autre. Je reproche juste peut-être certaine transition un peu facile, principalement dans la relation de l’héroïne avec l’enfant ainsi qu’une conclusion un peu gentillette.

Andersen’s Witch de Jane Yolen :  Cette nouvelle se révèle être un hommage à Hans Christian Andersen, l’utilisant ainsi comme héros dans le conte que l’auteur nous offre ici. On sent d’ailleurs qu’elle connait bien ses classiques, car elle offre un texte que j’ai trouvé très réussi et passionnant. Si on aime les contes d’Andersen on devrait clairement s’y retrouver par ce mélange de construction jeunesse, mais accompagné d’une morale qui se laisse découvrir à tout âge, le tout à travers une écriture fluide et entrainante.

B is for Bigfoot de Jim Butcher : Une nouvelle qui se situe dans l’univers de Dresden ça fait toujours plaisir, surtout que là notre grand magicien va devoir protéger le fils d’un Bigfoot. Un texte qui se révèle vraiment efficace, entrainant avec toujours cette patte humoristique et pleine d’action. Les personnages se révèlent efficace et Irwin devrait toucher le lecteur qui pourra se reconnaitre un peu dans ce personnage, solitaire à l’école, qui lit régulièrement de la SF dans son coin et souffre-douleur de certains camarades. Certes ce n’est pas le meilleur texte de l’auteur et certaines réflexions sont un peu simplistes, mais dans l’ensemble il m’a bien accroché.

Great-Grandmother in the Cellar de Peter S. Beagle : Cette nouvelle nous présente un jeune garçon qui, suite au mauvais sort jeter par un autre sorcier sur sa sœur, va tout tenter pour la sauver, comme appeler sa arrière grand-mère décédé. Une excellente nouvelle, principalement par l’ambiance qu’elle met en place, assez sombre et mystérieuse, principalement concernant tout ce qui entoure le personnage de l’arrière grand-mère et sa vision contradictoire. L’ensemble reste certes très linéaire, mais le duel final se révèle très efficace, avec son lot d’action et de tension.

Crow and Caper, Caper and Crow de Margo Lanagan : Et on termine ce recueil avec cet excellent texte qui nous propose de découvrir une sorcière très ancienne qui va travers la planète pour aller rencontrer et bénir le bébé de son fil qui vient de naitre. La nouvelle se révèle fascinante par le sentiment de puissance qu’elle met en place, ainsi que par le background qu’elle travaille sur cette sorcière. Elle nous offre aussi un travail assez intéressant sur le parallèle entre l’ancienne magie et la technologie. Les personnages se révèlent vraiment intéressants et j’avoue que ce texte m’a clairement donné envie d’en découvrir plus sur l’auteur.

En Résumé : Ce qu’on peut dire, une fois la dernière page de ce recueil tournée, c’est que l’ensemble des textes se révèle très variés, allant du récit jeunesse au plus adulte, de la Fantasy au fantastique, ce qui permet à un panel large de lecteur de se laisser tenter. Le soucis vient que comme le panel est large, tous les textes ne marquent donc pas le lecteur de la même façon, en effet on se retrouve a osciller facilement entre le très bon et certains qui n’ont jamais réussi à me captiver. Malgré cet aspect j’avoue avoir passé tout de même un agréable moment de lecture avec ce livre qui propose de découvrir 18 nouvelles différentes sur le thème des sorcières. Il m’a d’ailleurs aussi permis de découvrir des auteurs que je ne connaissais pas forcément et dont je lirai d’autres textes sans soucis.

 

Ma Note : 6,5/10

Zombies et Autres Infectés – Anthologie dirigée par Emmanuel Beiramar

zombiesRésumé : Ils sortent de leur tombe, se relèvent après un accident mortel. Les zombies sont dans les rues. Ils cognent à votre porte pour vous dévorer.
Un virus a transformé vos voisins en créatures enragées ou décérébrées. Si vous les croisez, prudence : certaines sont susceptibles de vous ignorer, mais d’autres pourraient vous arracher les entrailles.
Barricadez-vous. Ne répondez à aucun appel. Méfiez-vous de vos proches : ils pourraient convoiter vos biens ou, pire, avoir rejoint leurs rangs. Priez pour que vos réserves tiennent jusqu’à l’arrivée – peu probable – des secours.
En attendant, jetez-vous ces dix-sept nouvelles. Peut-être y trouverez-vous des idées pour survivre à cette apocalypse… ou devenir un meilleur mort-vivant.

Edition : Griffe d’Encre

 

Mon Avis : Si vous suivez mon blog régulièrement, vous devez savoir que j’apprécie énormément de lire un bon livre sur les zombies. Il est donc tout à fait logique que cette anthologie, complètement consacré à ce genre, se retrouve dans ma PAL. Surtout que ce recueil offrait un sommaire assez varié, mélange d’auteurs plus ou moins connus, et aussi, il faut bien avouer, une superbe couverture illustrée par Zariel ; de quoi me faire craquer facilement. À noter que ce recueil comporte 17 nouvelles.

Un Beau Mariage de Frédérique Lorient : Cette nouvelle nous entraine à la découverte d’une jeune fille qui décide de se marier et dont son père veut lui offrir un beau mariage, malgré le fait que le monde soit infecté de zombies. J’ai eu du mal à complètement accrocher à cette nouvelle, pas qu’elle soit mauvaise, mais elle est loin de laisser un souvenir impérissable. L’auteur cherche pourtant à offrir une histoire pleine de second degré sur une communauté qui veut retrouver une vie normale et propose une conclusion avec son coup de théâtre, mais voilà j’ai trouvé l’ensemble trop moyen et trop gentil pour me convaincre totalement.

Freaks de Cualli Carnago : L’auteur a décidé de construire sa nouvelle un peu comme un film d’horreur américain, type teen movie, avec comme toile de fond un campus américain. On se retrouve alors à suivre deux personnages. Une nouvelle que j’ai trouvé très réussi, que ce soit à travers son rythme soutenu et efficace, comme dans sa construction à la fois fun, ironique et pleine d’action tout en n’oubliant pas non plus de poser des réflexions, certes classiques, mais intéressante et percutante sur l’adolescence et la mal-être qui l’entoure. Surtout le récit propose une conclusion que j’ai trouvé savoureuse et qui se laisse savourer et que je vous laisse découvrir.

Outlaw de Frédéric Czilinder : Cette nouvelle décide de traiter les zombies comme élément de distraction. En effet le monde a su finalement contenir l’invasion et a décidé de garder certains spécimens, les plus malléables, pour divertir les foules dans un parc d’attraction. Une nouvelle que j’ai trouvé fluide, entrainante et efficace, alignant de façon prenante les rebondissements et retournements de situations, même si l’ensemble se révèle linéaire et construit de façon classique. L’auteur décide de traiter l’ensemble un peu comme un western et du point de vue du zombie, ce qui apporte clairement un plus à l’ensemble. Un texte réussi et efficace.

Mille Canines de Sarah Dunkel : J’ai franchement accroché à cette nouvelle qui nous plonge dans la lente et inexorable folie de l’héroïne, face à l’horreur de ce monde qui s’est effondré face aux zombies et qui est pourtant vu par les autres comme une héroïne par ses actes et ses actions. Un texte court que j’ai trouvé poignant et fascinant grâce à la profondeur du personnage, ses émotions, mais aussi par ce parallèle entre ce qu’elle ressent et ce que les autres voient d’elle. Au final qui est vraiment le monstre? La plume de l’auteur se révèle immersive, étouffante, angoissante, réaliste et offre une conclusion cohérente et pleine de surprises.

Chaney de Julie Conseil : Cette nouvelle nous propose de traiter le thème du zombie avec une bonne dose d’humour. L’ensemble se révèle par conséquent clairement divertissant, nous proposant de découvrir une troupe de zombies assez différente de ce qu’on peut bien imaginer. Le texte se lit facilement, avec le sourire aux lèvres et le tout bien rythmé, construit un peu comme une fable pour petits et grands, un peu dans la tradition cartoon, et porté par une plume fluide. Un petit bonbon sucré aux milieux de nouvelles plus sombres, même si niveau zombies cela reste très (voir trop) gentil.

De Mortuis de Laurent Pendarias : Cette nouvelle nous propose de découvrir le siège de Pise, survenu en 1500, à travers plusieurs lettres envoyées qui vont dévoiler une vérité que personne ne connait tout en mettant en avant le philosophe Niccolo Machiavelli. J’avoue j’ai eu du mal à complètement accrocher à ce texte, je ne sais pas si c’est la construction de la narration avec ces lettres qui m’a rebuté, ou bien l’ensemble qui se révèle trop simpliste et linéaire, en tout cas ce texte est loin de m’avoir marqué. Dommage.

Du Debriefing Zombiesque en 7 Étapes de Fabien Clavel : Cette nouvelle décide de traiter du zombie d’un point de vue psychologique, mais le tout avec humour noir. En effet on suit ici un zombie qui se retrouve suivre plusieurs étapes de travail, avec un groupe de différents corps de métier, allant du psychologue au préfet, pour tenter de se réintégrer dans la société. À travers son regard on va alors découvrir un pays qui se délite lentement au fil des rencontres, suite à une catastrophe dont le gouvernement cherche au maximum à se dédouaner. Un texte que j’ai trouvé intelligent, mordant et ironique, où le zombie n’est pas clairement la cause des soucis, mais plus une façon de voir l’Humanité s’entredéchirer face à son aspect égoïste et cherchant à sauver ses propres avantages et qui offre une conclusion percutante.

Ces Jours qui se suivent … de Nassim Ben Allal : Cette nouvelle nous plonge dans le quotidien d’une petite famille où tout parait tranquille. Mais les choses sont parfois trompeuses. Une excellente nouvelle, qui joue clairement avec le lecteur pour mieux tenter de le surprendre au fil des pages. Alors bien entendu tous les retournements de situation que propose l’auteur ne marchent pas de la même façon, mais dans l’ensemble il offre un texte qui se révèle réussi, efficace et dont on tourne les pages avec plaisir et envie d’en apprendre plus. Le personnage principal possède quelque chose d’attachant et le tout est porté par un style entrainant.

L’Étiquette de Mathilde Gervaisot : Cette nouvelle nous plonge dans un monde où les zombies ont été jugulés et où certains ont même pu reprendre une vie normale, mais sous traitement et surveillance. En fait ici l’auteur traite principalement de la différence, et plus précisément de la différence vis-à-vis de la maladie. On y retrouve donc les aspects classiques de la vie face au virus, du rejet des autres, mais l’ensemble m’a paru manquer de force pour complètement toucher le lecteur. Pourtant, le personnage de Nora, contaminée, se révèle intéressante et un minimum attachante mais il manque un petit truc dans son lien avec les autres pour complètement accrocher. Un texte qui aurait peut-être mérité un peu plus de pages pour mieux développer certains aspects. Une nouvelle qui n’est, au final, pas mauvaise, bien porté par une plume simple et efficace, mais qui possède tout de même quelques défauts qui l’empêche de happer le lecteur.

Ceux Qu’on Caillasse de Vanessa Terral : Il est difficile de faire un court résumé de cette nouvelle sans trop en dévoiler, je vous laisse donc la découvrir, mais j’avoue en être ressorti assez perplexe. L’auteur démarre son texte pourtant de façon classique, nous dévoilant un héros qui tente de survivre dans ce monde post-apocalyptique rempli de zombies, puis au fur et à mesure on plonge dans un mélange de fantastique et de mystique se concluant dans un grand renouveau, jugement dernier, qui m’a laissé dubitatif et qui a fait que j’ai peu à peu décroché. Je pense ne pas être le public adéquat pour cette nouvelle. Tant pis.

Accro d’Alexandre Rathel : Cette nouvelle nous plonge dans le quotidien d’une jeune femme qui est devenue accro à l’élimination de zombies et qui cherche à en sortir, pour cela elle va alors décider de se lancer dans une thérapie de groupe. J’avoue que l’idée de départ est très intéressante et originale, l’auteur nous offre alors une histoire qui se révèle bien écrite et efficace, mais j’ai trouvé que certains points auraient mérité plus de développements. L’auteur donne l’impression de garder trop d’informations pour les révéler seulement à la fin, ce qui offre parfois certaines petites incohérences. Cela n’empêche pas ce texte d’offrir un moment de lecture très sympathique et à découvrir selon moi.

Catharsis 2.0 de Guillaume Guike Lemaître : À travers cette nouvelle l’auteur chercher à nous faire réfléchir, comme l’annonce clairement le titre, sur les pulsions humaines ainsi que  le désir un peu pervers d’admirer l’interdit et l’horreur, le tout avec des zombies et une arène qui fait penser à de la télé réalité. Le problème c’est que je ne suis jamais rentré dans ce texte, l’auteur cherche à poser sa réflexion de façon rapide et principalement en poussant l’horreur à son paroxysme pour choquer le lecteur, comme s’il cherchait à trop en faire, offrant au final un ensemble un peu irréaliste et pas du tout attachant ou captivant selon moi. Dommage.

Le Jugement de Gabriel Vidal : Cette nouvelle se révèle plus légère que les précédentes, nous proposant de découvrir un procès où une famille cherche à faire déshériter un des leurs qui est devenu un zombie intelligent. Le problème c’est que rien dans la loi ne prend en compte ce cas de figure. Alors sur le fond cette nouvelle pleine d’humour et de mordant à quelque chose d’intéressant, mais sur la forme je l’ai trouvé un peu bancal. Déjà il faut clairement accepter l’idée que certains zombies se révèlent intelligents sans aucune véritable explication et qu’ensuite le système judiciaire, malgré l’apocalypse, n’ait pas évolué d’un iota dans sa reconstruction. En fait je pense que c’est cela qui m’a gêné, il me manque un background un peu plus travaillé. Au final une nouvelle en demi-teinte qui possède tout de même des passages intéressants.

Zombie, Zombie, Zombie… Boom ! de Li-Cam : Cette nouvelle nous plonge dans le quotidien de ce qui parait être le dernier survivant sur terre, entouré de zombies. Un texte qui reprend un peu l’idée qu’avait offert Stephen King avec Cellulaire, où les humains étaient contaminé par leur téléphone, mais en le faisant évoluer pour le plaquer à notre époque avec une contamination par écran. On y retrouve alors clairement une critique sur notre société actuelle toujours plongée dans un écran que ce soit smartphone, tablette, ordi, TV ou autres, nous transformant en des monstres sans cervelle qui avalent les images sans jamais y réfléchir. L’ensemble manque peut-être de finesse, mais se révèle tout de même efficace et entrainant. Je regrette peut-être une fin un peu trop étrange et ouverte.

Darach de Valentin Vergès : Cette nouvelle nous propose un zombie d’un nouveau genre, le zombie écologique puisqu’ici les monstres sont crées par des arbres pour se défendre des attaques incessantes des hommes. On retrouve un texte qui offre une ambiance très sombre, bien porté par des descriptions efficaces, morbides et sanglantes ce qui offre à l’ensemble du récit un aspect visuel terriblement efficace et prenant. Mais voilà cet aspect visuel prend le pas sur les réflexions que cherche à mettre en avant l’auteur, ce qui fait qu’on tourne plus les pages pour le côté malsain que pour le reste, ce qui est quand même un peu dommage, même si rien de complètement gênant non plus.

Jusqu’à ce que la Mort de Benoît Giuseppin : Cette nouvelle se révèle très classique dans sa construction de récit de zombies, avec un univers infecté où tente de survivre le héros, mais la particularité vient du fait que le héros possède un jumeau siamois qui est devenu un zombie. L’ensemble aurait pu se révéler efficace et entrainant si seulement j’avais accroché au principe de base du frère sain accroché au frère contaminé. Je ne sais pas, il me parait impossible que l’un puisse avoir été contaminé sans que l’autre le soit, je me trompe peut-être, mais ça m’a bloqué tout du long. Dommage car j’ai trouvé que l’histoire, sans ce point bloquant, se révélait intéressante et bien écrite avec pas mal de bonnes surprises.

Moi, Zombie de Jean-Pierre Andrevon : Cette nouvelle propose de traiter le zombie de nouveau de façon humoristique, l’auteur ayant récupéré une expression bien connu, que je vous laisse découvrir, pour construire son récit. L’ensemble se révèle plutôt sympathique, avec quelques petites scénettes qui font sourire, mais se révèle au final, j’ai trouvé, très gentil. Un peu une conclusion en douceur pour ce dernier texte de l’anthologie, même si j’avoue j’attendais mieux.

En résumé : Au final cette anthologie a décidé de traiter, à travers ces 17 textes, des zombies de façon très large allant du zombie lent et grognant, au zombie intelligent, pouvant communiquer avec les autres et vivre, en passant par l’humour, ce qui offre donc une grande variété de textes. Cela permet clairement de viser large au niveau lectorat, mais fait aussi que tous les textes ne m’ont pas touché de la même façon, certains m’ont même laissé froid tandis que d’autre m’ont marqué. Dans l’ensemble on obtient quand même un recueil qui se révèle sympathique et divertissant à lire ; qui pourrait même permettre de faire un premier pas dans les différents mondes du zombie pour ceux qui cherchent à les découvrir.

 

Ma Note : 7/10

Je suis ton Ombre – Morgane Caussarieu

je suis ton ombreRésumé : Le Temple, petit village du Sud-Ouest, ses plages, ses blockhaus, son unique bistro, son école où la violence est le seul remède à l’ennui.
Poil de Carotte y vit seul avec son père handicapé. Gamin perturbé aux penchants sadiques et souffre-douleur de ses camarades de classe, sa vie bascule lorsqu’il se rend dans une ferme calcinée en lisière de forêt.
Des fantômes y rôdent, paraît-il.
Mais en lieu et place de revenants, il découvre un étrange manuscrit rédigé par des jumeaux, il y a trois cents ans. Leur vie sauvage et heureuse à La Nouvelle-Orléans tourne au cauchemar lorsqu’un sulfureux marquis les prend à son service.
Plus Poil de Carotte avance dans sa lecture, plus des événements étranges surviennent : un chat noir qui parle, une voix qui lui chuchote la nuit à l’oreille, un enfant au teint trop pâle et aux lèvres trop rouges… Et s’il avait réveillé des forces aussi malsaines qu’attirantes ?

Edition : Mnémos

 

Mon Avis : J’avoue que j’attendais le nouveau roman de Morgane Caussarieu avec une certaine impatience. En effet, après ma lecture de son premier roman, Dans les Veines, que j’avais trouvé efficace, sombre, sanglant et entrainant, remettant clairement au goût du jour de façon réussie les vampires sanguinaires et violents (retrouver ma chronique ici), j’avais hâte de voir ce qu’elle allait bien pourvoir proposer par la suite. J’ai donc rapidement fait rentrer ce livre dans ma PAL lors des dernières Imaginales. À noter une illustration de couverture qui se révèle intrigante et sobre. Petite surprise pour ma part, au vu du résumé je m’attendais à un récit n’ayant aucun lien avec son précédent roman, ce qui n’est pas le cas les deux histoires étant liées, mais pouvant se lire indépendamment l’une de l’autre.

Pourtant, j’avoue, j’ai eu un peu de mal à rentrer dans ce récit. Il m’a bien fallu patienter une petite cinquantaine de pages, et la découverte du manuscrit, pour clairement me sentir happer. Le début sert principalement à présenter Poil de Carotte, gamin rempli de haine, à la vie pas toujours facile, souffre-douleur des caïds de sa classe. Il y a pourtant de quoi accrocher un minimum le lecteur, mais l’auteur enrobe le tout d’un langage que j’ai trouvé souvent trop familier et surtout une accumulation d’insultes par page qui, à force, me frustrait plus qu’autre chose. Heureusement, comme je l’ai dit, par la suite l’ensemble s’améliore fortement, imbriquant deux histoires, celle de Poil de Carotte qui cherche à changer sa vie, et celle de jumeaux il y a 300 ans à la Nouvelle-Orléans. Le récit devient alors clairement immersif, le lecteur se retrouvant emporter par lente plongée en abysse qui se dévoile au fil des pages, où les personnages vont alors montrer le pire d’eux-mêmes.

C’est d’ailleurs cette ambiance sombre, glauque, porté se désir un peu pervers d’en apprendre plus malgré les horreurs dévoilées qui font qu’on se retrouve emporté. Le besoin de savoir, de comprendre, alors qu’on sait qu’on s’enfonce un peu plus à chaque page vers une fin qui ne laissera pas indifférent. L’auteur va loin, très loin et ce n’est clairement pas un roman à mettre entre toutes les mains, mais elle réussit le tour de force de ne jamais tomber dans le graveleux ni le gratuit, dosant ses effets de styles et les présentations de ses horreurs pour, certes, choquer le lecteur, mais sans jamais le perdre non plus. Contrairement à son premier roman la violence y est d’ailleurs moins graphique et visuelle, jouant plus sur les non-dits ce qui, je trouve, percute plus le lecteur.  Donc, mis à part cette fameuse première partie, on sent bien que l’auteur maîtrise clairement son récit de bout en bout, sachant jouer avec les fils qu’elle met en place pour mieux captiver.

Comme je l’avais déjà dit pour son précédent livre, l’auteur connait ses classiques concernant les vampires sur le bout des doigts, pour encore mieux les réutiliser, les rendre cohérents et terriblement efficaces encore à travers ce roman. On ne peut d’ailleurs s’empêcher la comparaison avec Anne Rice, mais Morgane Caussarieu s’en éloigne rapidement, car là où l’américaine construisait des récits sombre, mais emprunt de sensualité et d’une certaine poésie, elle construit elle quelque chose de plus incisif et saisissant. Mais voilà l’auteur ne fais pas que reprendre des classiques, elle y apporte aussi sa propre vision de ce monde et aussi sa propre mythologie que je vous laisse découvrir et qui se révèle efficace et donne envie de savoir comment elle va la développer dans ses prochains romans. Cette fois on quitte la ville de Bordeaux pour se retrouver dans un petit village, ce qui lui permet aussi de développer un autre type vision du monde, celui rural où la solitude est différente, où les rêves ne sont pas les mêmes. Limite un village perdu, abandonné dans tous les sens du terme.

Les personnages qui sont esquissés au fil des pages se révèlent très intéressants à découvrir. Une chose est sûre c’est qu’ils sont loin de tout manichéisme et de toute caricature, chaque personnage révélant une profondeur, souvent sombre, mais toujours captivante d’une certaine façon. Surtout qu’ici l’auteur traite d’un sujet bien particulier, l’enfance. Mais pas l’enfance heureuse, pleine de rêve, non, plutôt celle qui se retrouve abandonnée, perdue, soit par la famille, le système ou autres. Une enfance où les cauchemars ont justement remplacés les rêves, où le besoin d’être apprécié, vu et reconnu surpasse tout, même si pour cela on doit devenir un monstre pour se faire repérer. Comme je l’ai dit j’ai eu un peu de mal au début avec Poil de Carotte, trop condensé, trop trash peut-être aussi en si peu de pages, mais voilà au fil de ma lecture j’ai commencé à m’intéresser à lui, au parallèle qui l’unit aux jumeaux et ce qui fait qu’il bascule. Concernant les autres personnages ils sont tous complexes et efficaces, mais j’ai retrouvé le même problème que dans son précédent roman, on ne s’attache jamais émotionnellement à eux au point que quand il leur arrive quelque chose, je n’ai ressenti aucune véritable empathie. C’est clairement un choix de l’auteur qui se comprend, mais que je trouve toujours légèrement dommage.

Après il reste un ou deux points qui m’ont légèrement dérangé même si ce n’est au final pas grand-chose. Les gamins que l’auteur nous présente sont tous en classe de CM2, donc entre 10 et 12 ans, hors ils me paraissent parfois un peu jeune pour les propose tenus, les divertissements et les idées tenues dans leurs envies et autres. Je ne dis pas que c’est impossible qu’à cet age on puisse se révéler si désabusé et sombre, les informations montrent que c’est possible, juste qu’accumuler autant d’enfants, avec envies et les horreurs qui leur passent par la tête, ça fait un peu beaucoup ; peut-être trop condensé. D’ailleurs on se demande presque si Le Temple, le village qui sert de background, n’est pas un concentré de misère humaine, de souffrance et de violence. L’auteur en a peut-être un peu trop fait dans l’ensemble, même si rien de dérangeant non plus.

La plume de l’auteur se révèle toujours aussi entrainante, incisive, visuelle et efficace plongeant le lecteur facilement dans cette histoire angoissante, à la tension qui monte lentement au fil des pages. La conclusion se révèle clairement prenante et offre des perspectives intéressantes pour peu qu’elle décide d’écrire une suite. À noter aussi le travail intéressant de style entre les deux histoires qui s’entremêlent, l’auteur s’adaptant de façon logique et réussie à chaque époque. Au final je dois bien avouer que j’ai passé un très bon moment de lecture avec ce nouveau roman de Morgane Caussarieu que j’ai trouvé un peu plus réussi que le précédent, mieux géré sur la longueur. L’auteur se pose clairement comme une plume à surveiller dans le fantastique et l’horreur. Je lirai sans soucis d’autres de ses écrits.

En résumé : Malgré un démarrage un peu compliqué, j’ai passé au final un bon moment de lecture avec ce roman qui offre une intrigue qui a réussi à me happer après une cinquantaine de pages pour ne plus me lâcher, plongeant lentement ces personnages dans une abyme de plus en plus sombre et angoissante de façon efficace, pour peu qu’on apprécie ce genre de récits d’horreur. L’auteur connait parfaitement bien les classique sur les vampires, et sait les réutiliser de façon clairement captivante et prenante , tout en y a joutant sa propre vision et sa propre mythologie. Les personnages sont loin de tout manichéisme et de toute caricature, se révélant complexe et intéressant, permettant à l’auteur de visiter le monde de l’enfance et de ses cauchemars. Je reproche juste un manque d’empathie, choix de l’auteur, mais qui fait que quand il arrive quelque chose aux héros on a du mal à se sentir touché. La plume se révèle toujours aussi incisive, visuelle et entrainante, plongeant avec facilité le lecteur dans ce récit. Au final Morgane Caussarieu tout le bien que je pensais suite à son premier roman et se pose comme une auteur à suivre. Je lirai ses autres romans sans soucis.

 

Ma Note : 8/10

 

Autres avis : Cornwall, karline05, Louve, joyeux-drille, …

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