Résumé : Un bal secret au coeur de l’hiver, une violoniste dont les notes soulèvent le voile des apparences, une dresseuse d’automates dépassée par sa création : à travers ces douze textes ciselés, découvrez ou retrouvez l’univers envoûtant de Mélanie Fazi, auteure rare à la plume délicate, qui joue des mots émotions avec une justesse bouleversante.
Edition : Bragelonne
Mon Avis : Comme vous le savez, si vous suivez ce blog régulièrement, je suis tombé sous le charme de la plume de Mélanie Fazi dès ses premiers écrits, que ce soit à travers ses travaux de novelliste, avec les recueils Serpentine (chronique ici) et Notre Dame aux Écailles (chronique là), mais aussi avec son roman Arlis des Forains (chronique ici). C’est donc sans surprise que, quand j’ai appris qu’un nouveau recueil était publié, alliant différentes nouvelles déjà publiés dans des anthologies ou magazines et des inédits, je n’ai pas mis longtemps à le faire entrer dans ma PAL. Il faut aussi souligner l’illustration de couverture que je trouve vraiment magnifique et qui donne envie de le découvrir. Ce recueil comporte ainsi 12 textes, mais contrairement à mes habitudes je vais faire une chronique globale tant la cohérence des récits fait qu’il me parait difficile de parler de chaque texte séparément.
Une chose est sûre, j’ai de nouveau été rapidement emporté par les différents textes que nous propose l’auteur tout au long de ce recueil, au point d’avoir eu du mal à lâcher la lecture et même concernant les textes que j’avais déjà lu, que je redécouvrais avec plaisir, leur découvrant ainsi de nouvelles subtilités et de nouvelles possibilités. Ce qui fait la force de ces textes c’est qu’ils se révèlent complètement maîtrisés du début à la fin, tant par leur cohérence que par leur force et leur ambiance, et surtout ils arrivent à toucher, je trouve, le lecteur à travers les émotions et les sentiments qu’ils dégagent. On ne ressort jamais vraiment le même après chaque nouvelle. Mélanie Fazi nous plonge, je trouve, dans la source même du fantastique, ne cherchant pas obligatoirement les grands effets marquants, mais plus en y intégrant en douceur et parfois de façon insidieuse et étonnante un élément, souvent banal, qui va venir bouleverser l’ensemble et amener les personnages et le lecteur à se remettre en cause. Ce n’est d’ailleurs jamais cet aspect magique qui crée les changements, mais plus la réaction des héros qui se révèle importante et passionnante. Chacun va ainsi traiter ces évolutions à sa façon, va se retrouver changer que ce soit en bien ou en mal.
On se retrouve ainsi captiver avec fascination, féérie et magie par des récits, mélange à la fois de conte, de fantastique et de passages intimistes, qui oscillent entre sombre et lumière, entre regret et désir, entre amour et jalousie et qui se révèlent surtout justes, percutants et sensibles. C’est d’ailleurs cette sensibilité à fleur de peau, cette ambiguïté qui fait un peu la force des écrits de l’auteur, bien porté aussi par des personnages qui se révèlent travaillés, subtils, profondément humains, qui se dévoilent lentement pour mieux nous surprendre et dont on s’accroche assez facilement et rapidement que ce soit à travers leurs côtés positifs comme dans leurs zones d’ombres. Chaque personnage est unique et pourtant on arrive à s’y retrouver dans chacun d’eux, dans leurs façons de voir les choses, dans leurs sentiments ou encore dans leurs réactions. On est ainsi emporté dans un maelström d’émotions, souvent sombres, tristes, parfois même violentes, où la douleur est régulièrement présente, traitant de sujets qui se révèlent souvent d’actualité comme la famille, le couple, l’identité, le déchirement et d’autres encore, mais dont l’auteur n’oublie pas non plus l’espoir, ni une certaine tendresse qui s’en dégage. C’est d’ailleurs cette complexité, cet enchevêtrement réussi de disparités, de changement, qui offre des textes à la fois unique et marquant.
Chaque texte possède ainsi sa propre voix, sa propre histoire, son propre corps, évitant ainsi de tomber dans la répétition, car même si on y retrouve régulièrement des grands thèmes récurrents, le traitement donné à chaque récit fait qu’on les redécouvre avec plaisir et intérêt à chaque fois. Rien n’est d’ailleurs clairement écrit dans ces récits, tout est à venir, à construire et on se laisse ainsi porter vers chaque conclusion qui se révèle réussie, à la fois mélancolique, percutante et passionnante. Chaque nouvelle possède aussi son propre cadre, son propre background qui ne manque pas d’émerveiller par ses nombreuses subtilités, mais aussi par l’imagination débordante et le mystère qui s’en dégage. On se retrouve emporté par la façon dont sont revisités les contes comme Swann le bien nommé, on se laisse fasciner par l’arrivée des éléments fantastiques, souvent acceptés, qui viennent y ajouter ce sentiment d’étrangeté, y intégrer ainsi cette ambiance envoutante, féérique et parfois même très sombre, mais qui pourtant colle toujours parfaitement à l’histoire et se révèle captivante. Des univers souvent très visuels et marquants, qui ne devraient pas laisser indifférent le lecteur.
La plume de l’auteur se révèle toujours aussi fascinante, délicate à la fois poétique, soignée, dense, remplie de sentiments et de mystères, happant le lecteur dès les premiers mots pour ne plus le lâcher, oscillant entre angoisse, amour et réalité, avec des personnages en plein changement, en plein doute, en pleine évolution, offrant ainsi douze textes d’une grande réussite qui, je le pense, méritent d’être découverts. Je me rends bien compte, au travers de cette chronique, qu’il est difficile de parler de ce recueil sans trop en dévoiler, et qu’il est aussi difficile d’y faire passer clairement mon ressenti sans m’embrouiller moi-même, mais en tout cas pour moi Mélanie Fazi fait partie des plus belles plumes du fantastique français, des plus touchantes, et il serait dommage de passer à côté.
En Résumé : J’ai passé un excellent moment de lecture avec ce recueil de 12 nouvelles de Mélanie Fazi qui a de nouveau réussi à me happer de la première à la dernière page avec des textes qui se révèlent sensibles, touchants, oscillant entre ombre et lumière, amour et douleur et où l’espoir n’est jamais non plus très loin. Le cadre de chaque nouvelle se révèle magnifique, envoutant, féérique qui se révèle subtil et intriguant avec son lot de surprises. L’auteur nous dépeint comme toujours des personnages qui sont profondément humains, avec leurs faiblesses et leurs forces, dont on s’attache assez facilement tant on peut s’identifier un minimum à eux. La plume de l’auteur est toujours aussi poétique, délicate, entrainante et dense, plongeant de façon rapide et efficace le lecteur dans des récits fantastiques dont il ne ressort jamais vraiment le même. Il est difficile de vraiment mettre en avant mon ressenti, mais en tout cas Mélanie Fazi fait clairement parti, selon moi, des plus belles plumes du fantastique français et mérite d’être découverte.
Ma Note : 8,5/10
Comment j’ai Cuisiné mon Père, ma Mère… et retrouvé l’amour – S.G. Browne
de BlackWolf
On 29 décembre 2014
dans Fantastique
Résumé : Andy vit en paria depuis sa résurrection spontanée après un accident de voiture. Ce nouveau zombie n’a pour morne horizon que le cellier familial, où il cuve les grands crus de son père, et ses réunions mensuelles aux Morts-Vivants Anonymes.
Mais lorsqu’un zombie solitaire l’initie aux bienfaits régénérateurs de la chair humaine, Andy décide de lutter pour ses droits civiques. Débute alors un voyage improbable qui le mènera de la morgue au rôle très médiatisé de porte-parole de la cause zombie, en passant par des séjours à la SPA reconvertie dans l’accueil de zombies fugueurs et aux plateaux d’Oprah Winfrey.
Edition : Mirobole Editions
Poche : Folio SF
Mon Avis : Ce livre j’en entends parlé depuis un long moment déjà, c’est bien simple depuis sa sortie qui remonte a plus d’un an maintenant. Pourtant, je ne sais pas trop pourquoi, il n’a jamais réussi à terminer dans ma PAL, la faute peut-être à un titre à rallonge qui me laisse toujours songeur et la peur de trop tomber dans une romance. Il a fallu attendre de nombreux avis, plus que positifs, pour que je décide à le faire entrer dans ma bibliothèque. À noter aussi l’aspect esthétique du livre, qu’on retrouve sur tous les livres de chez Mirobole et qui, j’avoue, se révèle réussi, à travers une couverture souvent assez simple aux premiers abords et qui pourtant offre bien plus et plonge clairement dans le récit.
On se retrouve ainsi à suivre Andy, héros rejeté et détesté par quasiment tout le monde pour la simple raison qu’il est un zombie. Il passe ainsi ses journées enfermé dans la cave de ses parents, qui ne le supportent plus vraiment dans son nouvel état, et a pour seul loisir une thérapie de groupe avec d’autres zombies. L’intérêt du roman vient ici principalement du fait que l’auteur a décidé de mettre comme narrateur principal un zombie : Andy. Un peu comme c’était le cas dans L’Education de Stony Mayhall cela permet ainsi d’être au plus proche du héros, de mieux le comprendre et ainsi de mieux imaginer ce qu’il traverse, ce qu’il ressent et ce qu’il vit. Sauf qu’ici les classiques du roman de zombies sont complètement bouleversés, loin du monstre mangeur d’homme, devenant presque humain. Alors certes on n’est pas du tout dans le roman d’action, bourré d’adrénaline et de morsure, mais plus dans un roman qui cherche à dévoiler et apporter un message, mais tout de même avec une bonne touche d’horreur et aussi d’humour. Car oui l’humour noir et le cynisme sont une des grandes réussites du récit, de nombreuses scènes m’ont fait sourire, voir réussi à me faire rire. Attention on est pas dans de l’humour potache, qui cherche à faire « mourir de rire » son lecteur, mais plus dans un humour plutôt discret, qui vient ici apaiser le côté sombre et parfois sanglant du récit ; qui vient apporter une touche de détente dans un roman intelligent.
Car oui, le second point fort du récit vient dans le message que cherche à faire passer l’auteur, un message de tolérance sur le rejet des autres. Les zombies étant devenu la nouvelle minorité qu’on peut haïr librement, vu qu’en plus ils sont morts qui s’en plaindra et qui s’en souciera, le quotidien de notre héros se révèle ainsi rempli de brimade, de haine et de violence, simplement parce qu’il est différent et que, d’une certaine façon, il effraie les vivants et devient ainsi un défouloir pour tous les maux qui existent. Mais c’est aussi plus que cela, il s’agit d’une véritable critique sociale sur ce qui pousse les gens à entrer dans des moules qui sont prédéfinies, même si cela les rend déprimés et qu’ils doivent suivre des thérapies pas toujours adéquates, ainsi qu’une critique acerbe des médias qui font et défont la vérité au bon vouloir des audiences. Un véritable travail est aussi fait sur le mal-être des personnages, qui ne se sentent ni compris, ni acceptés. Une philosophie diffuse, au fil des pages, qui se révèle vraiment soignée et réfléchie. Concernant l’univers que développe l’auteur autour des zombies il se révèle assez sympathique, démarrant de façon classique pour mieux arriver à nous surprendre au cours de la lecture et de l’évolution des héros. Après je regrette peut-être juste quelques libertés que l’auteur s’offre dans la représentation du zombie ainsi qu’un manque, parfois, de réponses, mais rien de non plus trop dérangeant ou bloquant.
Concernant les personnages, le fait d’être au plus près d’Andy, qui est le narrateur du récit, fait qu’on s’attache assez facilement à lui dès le début, avec ses problèmes, son besoin d’être apprécié et aimé et sa recherche d’une vie normale ; il arrive vraiment à nous toucher. On découvre aussi avec lui de nombreux autres zombies, principalement ceux de son groupe de thérapie, qui vont ainsi lui offrir de nombreuses aventures, mais aussi des nombreuses situations des plus déroutantes et cocasses. Mais voilà la narration à la première personne a aussi son inconvénient, on s’accroche moins facilement aux autres personnages rencontrés, surtout quand il y en a plusieurs et c’est vraiment dommage, car j’ai ainsi eu du mal à vraiment m’émouvoir à ce qui peut arriver à certains des amis d’Andy, un peu comme si, consacré qu’à lui, j’avais un peu de mal à m’intéresser aux autres. De plus les personnages secondaires manquent aussi, parfois, d’un peu de consistance. Alors attention rien de non plus perturbant, ou qui peut freiner la lecture, tant ils arrivent par leur énergie à nous donner envie d’en lire plus.
Pourtant tout n’est pas non plus parfait dans ce roman, autant le premier tiers m’a passionné par son aspect original, plein d’humour et de mordant, le troisième tiers m’a lui happé par ses aventures, ses rebondissements et ses surprises, autant l’entre-deux m’a paru moins entrainant, perdant un peu de sa saveur, me donnant un peu l’impression que l’auteur tourne en rond autant dans ses réflexions que dans ses aventures. Cela n’empêche pas cette seconde partie de se laisser lire, mais j’ai trouvé qu’elle n’avait pas la même force que les autres, peut-être que quelques pages en moins aurait pu apporter un plus. Autre point qui s’est fait ressentir, l’auteur s’offre quelques répétitions qui, au bout d’un moment, perdent de leur intérêt, principalement dans l’humour comme par exemple cette phrase qui revient régulièrement « Si vous n’avez jamais … , alors vous ne pouvez pas comprendre » qui, à force de la lire, devient lassante je trouve.
La plume de l’auteur se révèle simple, efficace et entrainante ce qui fait qu’on tourne les pages avec envie d’en apprendre plus, nous plongeant ainsi dans un récit possédant une bonne dose d’humour et d’horreur et qui surtout fait réfléchir sur notre société. Au final j’ai passé un bon moment de lecture avec ce roman, certes avec quelques défauts, mais qui m’a donné envie de lire les prochaines aventures d’Andy dans Le Jour où les zombies ont dévoré le Père Noël.
En Résumé : J’ai donc passé un bon moment de lecture avec ce roman qui nous plonge dans l’univers d’Andy, zombie de son état, qui doit faire face au rejet et à la haine des autres. L’auteur nous offre ainsi une véritable critique sociale soignée et réfléchie sur l’acceptation des autres et sur notre société, le tout sur fond d’horreur, et avec une dose d’humour qui évite ainsi de trop sombrer dans le noir et le déprimant, offrant ainsi une légèreté bienvenue. L’univers zombies se révèle assez efficace, même si je reproche certaines libertés que se prend parfois l’auteur, mais rien de bien gênant. Concernant les personnages on s’attache très rapidement à Andy, à son calvaire et sa mélancolie qu’il traine, mais j’ai eu un peu plus de mal à vraiment m’attacher aux autres protagonistes qui offrent, certes, de nombreuses aventures, mais dont la narration à la première personne tend parfois un voile sur leurs émotions selon moi. Mon seul regret concernant ce récit vient d’un essoufflement vers le milieu, l’auteur donnant l’impression de tourner un peu en rond avant de se relancer dans une troisième partie efficace. La plume de l’auteur se révèle simple, efficace et entrainante. Je lirai en tout cas la suite des aventures d’Andy avec plaisir.
Ma Note : 7,5/10
Autres avis : Cornwall, Lelf, Mariejuliet, Jae-Lou, Dup, Zina, Joyeux-drille, …