Catégorie : Fantastique Page 10 of 24

Les Groseilles de Novembre (Chronique de quelques détraquements dans la contrée des Kratts) – Andrus Kivirähk

les groseilles de novembreRésumé : Nous voici immergés dans la vie quotidienne d’un village au Moyen-Âge où tout pourrait sembler normal et où, très vite, plus rien ne l’est. Les seigneurs sont dupés par leurs serfs, des démons maraudent, des vaches magiques paissent sur les rivages, les morts reviennent, le diable tient ses comptes, une sorcière prépare ses filtres dans la forêt et, partout, chaque jour, les jeux de l’amour et du désir tirent les ficelles de la vie.

Edition : Le Tripode

 

Mon Avis : Le premier roman d’Andrus Kivirähk publié en France (mais qui finalement était loin d’être son premier) m’avait offert un excellent moment de lecture à travers une histoire détonante, pleine d’humour et de cynisme et offrant de nombreuses réflexions intelligentes (ma chronique ici). C’est donc sans surprise que, quand je me suis rendu compte qu’un nouveau roman de l’auteur était sorti, je l’ai fait rapidement rentrer dans ma PAL. Il faut aussi avouer que la couverture, illustrée par Denis Dubois, se révèle de nouveau, selon moi, magnifique nous offrant une vision de plus pittoresque et légère du Kratt.

Qu’est-ce qu’un Kratt alors me direz-vous? C’est bien simple il s’agit d’un objet créé de bric et de broc et auquel les Estoniens fournissent une âme négociée avec le diable. Déjanté? oui et c’est le but. C’est donc à la découverte d’un village d’Estonie, sous domination Allemande, que nous fait découvrir l’auteur, à la rencontre de ses habitants tous plus barrés les uns que les autres. Car oui de nouveau la grande force du récit vient de l’humour, souvent noir et cynique, qui nous est proposé tout au long de l’histoire. On ne peut pas s’empêcher de sourire, voir de rire devant les innombrables aventures et péripéties que vont rencontrer les membres de ce village que ce soit à travers leurs trahisons, leurs mensonges et leurs mauvaises actions. C’est loufoque, c’est timbré, et pourtant cela n’empêche pas au récit d’offrir une histoire qui s’avère cohérente et efficace qui, comme son précédent roman va offrir de nombreux aspects efficaces et offrir aussi de nombreuses réflexions bien menées et intelligentes.

L’auteur nous propose ainsi de nombreux axes réflexions sur la longue période qu’a connu l’Estonie sous le joug des Allemands, arrivant à la dédramatiser par l’humour et dévoilant de nouveau, comme dans son précédent roman, une critique mordante sur les nombreuses influences que cela a du avoir sur la population ; entre pertes et gains. Car comme chacun de ses récits il parait y avoir une morale à tirer de tout cela. Ici on se retrouve à se poser alors de nombreuses questions que ce soit sur ces villageois soumis et qui pourtant roulent leur maître régulièrement dans la farine, mais aussi sur la religion entre rites païens et influence de plus en plus grandissante de l’Église, sur l’amour et les relations hommes femmes, sur le sentiment que c’est souvent meilleur chez les autres, ou bien encore sur la façon dont la population de ce village oscille lentement entre l' »ancien » et le « nouveau » pour finalement se perdre et perdre aussi un peu de ce qu’il était, de son identité. Il y a donc au-delà de ce récit humoristique un véritable travail de fond cherchant à faire réfléchir le lecteur sur des aspects souvent très vastes et qui sont traités de façon souvent efficaces.

Ce qui est toujours intéressant, c’est de découvrir l’imagination débordante que propose l’auteur dans son univers qui paraît souvent sans limite, mélange de légende, de réalité et de magie et qui ne manque pas de surprendre et de captiver. Un univers à la fois complètement déjanté et pourtant solide et passionnant à découvrir. Un monde à la fois sombre, où la mort est familière, où les maladies et les épidémies sont bien présentes et pourtant qui donne envie de le découvrir plus en profondeur, d’en apprendre plus. Entre Kratts, sorts, sorcière et remède complètement loufoques tout donne à l’ensemble quelque chose d’attachant et de complexe. Concernant les personnages que l’on rencontre au fil des pages, on découvre un panel vraiment large de protagonistes tous à la fois appréciables et détestables dans leur façon d’avancer, de débattre ou de voir la vie. Ils sont ainsi loin de tout manichéisme et surtout la vie leur rappelle rapidement que de toute façon, bon ou mauvais, on peut tomber à tout instant. Des héros hauts en couleurs, au bagou plus que percutant et qui sont solides, cohérents et captivants à découvrir au fil de leurs différentes aventures, même s’il est un peu compliqué de s’attacher à eux tant ils sont nombreux, mais bon rien de non plus bien gênant.

Et pourtant j’avoue avoir moins accroché à ce roman qu’au précédent de l’auteur. Pour resituer le contexte il faut savoir que L’Homme qui Savait la Langue des Serpents a connu sa première publication en 2007 tandis que ce roman a été initialement publié en 2000, et cela se ressent clairement que ce soit dans la façon de présenter les choses, comme dans l’aspect percutant du récit comme dans l’équilibre de l’ensemble, on sent que l’auteur a gagné en maîtrise au fil des années. Je ne vais pas dire que ce roman est mauvais ou qu’il s’agit d’un brouillon, loin de là, car ce récit offre un bon moment de lecture avec de nombreux aspects intéressants, mais voilà je ne pouvais m’empêcher de le comparer à son précédent roman, tant il y a des similitudes, et c’est dommage. Si Les Groseilles de Novembre avait été publié avant je pense que je l’aurai un peu plus savourer, même si je le dis et je le répète il n’est pas mauvais et offre tout de même un bon moment de lecture. Je regrette aussi une conclusion qui m’a paru un peu trop barré à mon goût, même si, sans spoiler, elle possède un quelque chose de réfléchi et parfois un humour un tout petit peu limite à mon goût .

La plume de l’auteur se révèle toujours aussi efficace, pleine d’humour et d’ironie, plongeant facilement le lecteur dans cet univers loufoque et à l’imagination débordante qui donne envie d’y plonger et de le découvrir. Au final j’ai passé un bon moment de lecture avec ce roman qui confirme les qualités de l’auteur à offrir des récits remplis d’humour noir et intelligents. Je lirai sans soucis et avec plaisir d’autre de ses écrits.

En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec ce roman qui nous plonge de nouveau dans une Estonie passée et imaginaire qui se révèle déjanté et dont l’imagination foisonnante de l’auteur, qui oscille entre magie et moyen-âge, s’avère vraiment passionnante à découvrir. Mais ce roman n’oublie pas non plus de nous faire réfléchir, que ce soit sur les notions de changements liés à la chute du pays sous le giron des allemands qui va profondément bouleverser les traditions du pays, mais aussi sur d’autres aspects comme la religion, la notion d’amour, de mort voir la dualité du « passé » contre le « progrès ». On découvre aussi tout au long du roman un panel de personnages qui se révèlent hauts en couleurs, à la verve efficace et percutante et qui nous plongent dans des situations toutes les plus loufoques les unes des autres. Mais voilà il est difficile de ne pas comparer ce livre avec le prédécesseur de l’auteur publie en France et là, clairement, il est quand même un cran en dessous se révélant moins incisif et moins touchant. De plus j’avoue que la conclusion, sans se révéler mauvaise, ne m’a pas complètement convaincu pour autant et parfois l’humour m’a paru un peu limite. La plume de l’auteur se révèle toujours aussi efficace, entrainante et bourrée d’humour noir  et je lirai sans soucis d’autres de ses écrits.

 

Ma Note : 7,5/10

 

Autres avis : Philemont, …

Gretel and the Dark – Eliza Granville

gretel and the darkRésumé : Vienne, 1899. On amène au psychanalyste Josef Breuer une jeune fille maigre, presque morte, le crâne rasé. Le Dr Breuer baptise sa nouvelle patiente Lilie ; il ignore encore qu’il s’agira du cas le plus énigmatique de sa carrière. Lorsqu’elle revient à elle, l’inconnue soutient être une machine destinée à tuer le Monstre : Adi Wolf.
Quelque part en Allemagne, bien des années plus tard. Krysta est une petite fille orpheline de mère qui tyrannise ses gouvernantes et son père, médecin dans un étrange dispensaire. Quand celui-ci disparaît, elle reste seule au monde, sans rien ni personne pour la protéger contre l’enfer qui la rattrape. Elle devra alors plonger dans le souvenir des contes anciens que lui racontait sa nourrice…

Edition : Mirobole Editions

 

Mon Avis : Ce livre a rejoint ma PAL vraiment par hasard. J’ai commencé à en entendre parler pour la première fois en voyant apparaitre sur quelques blogs des avis qui se révélaient en majorité très positifs, de plus je dois bien avouer que je trouve le travail des éditions Mirobole vraiment réussi que ce soit concernant leurs choix de publications comme leurs maquettes. Par conséquent quand on m’a proposé de découvrir ce livre je me suis rapidement laissé tenter. En tout cas je trouve le visuel de couverture très accrocheur. À noter que j’ai légèrement modifié le résumé car je trouve qu’il peut jouer légèrement sur un des retournements important de l’histoire dont je parle dans ma chronique.

Ce récit nous propose de suivre deux lignes d’intrigues, une première qui se situe en 1899 à Vienne, où une jeune fille est retrouvée, presque morte et amnésique, après avoir été agressée et une seconde en Allemagne où on suit le destin de Krysta, véritable peste, qui a perdu sa mère et doit suivre son père, médecin, dans une nouvelle région. Cette double narration se révèle assez cryptique au début, en effet le lecteur a un peu de mal à comprendre le lien qui se lie entre les deux intrigues. Pour autant ce n’est pas une mauvaise chose, ça ne m’a pas empêché de me retrouver accroché à cette histoire qui se révèle sombre, empli de violence et d’horreur, mais happe rapidement le lecteur habitué, sans tomber dans la surenchère ou dans le trop morbide. C’est d’ailleurs une des forces du récit, il ne joue pas complètement sur le visuel, mais plus sur les non-dits, laissant ainsi à chacun le choix de pouvoir s’imaginer de lui-même les choses, de jouer par lui-même sur ses propres peurs. On a vraiment l’impression de rentrer dans un « cauchemar » où vient se mélanger de façon terriblement efficace psychologie, conte et histoire. Certes ce n’est pas la première fois qu’un auteur se sert d’un conte pour jouer sur la cruauté de la vie, mais là Eliza Granville nous offre aussi l’autre penchant du conte : certes comme la vie il peut se révéler cruel, certes comme la vie il peut être injuste, mais voilà les histoires et les récits peuvent aussi avoir une force que ce soit sur l’imagination, sur l’espoir, comme aussi sur nous-mêmes.

Mais voilà, la grande force du récit, celle qui a fait que j’ai quand même pris une petite claque (dans le bon sens du terme), ne m’attendant pas à cela, c’est le twist que nous propose l’auteur vers le milieu du récit. Certes tous les indices étaient présents pour permettre de le voir, au moins en partie, venir, et pourtant j’ai été surpris, car ce retournement de situation va apporter un côté « humain » au ressenti du lecteur, quittant ainsi l’aspect fiction et conte pour quelque chose de plus concret. C’est bien simple, on passe d’un roman qu’on aurait pu prendre pour un simple roman d’horreur, qu’on lit pour se divertir de façon un peu malsaine devant des effets visuels attendus, pour rendre finalement ce récit palpable, ambitieux et réaliste, le replaçant ainsi dans notre Histoire. On se retrouve alors à se lancer dans une véritable réflexion, que ce soit sur la folie de l’Homme, comme sa capacité à aller de plus en plus loin dans la cruauté et la bêtise sans aucune véritable raison, simplement parce-qu’il en a le pouvoir. La peur devient ainsi un peu plus malsaine, mais toujours sans tomber dans le glauque ou le gratuit, c’est vraiment le questionnement du lecteur vis-à-vis de lui-même et des autres qui rend le tout plus sombre. Alors je ne vais pas trop en parler pour éviter de trop en révéler, mais c’est clairement ce twist qui a fait, pour moi, la différence, à chacun de voir quel effet ce retournement de situation lui apportera.

L’univers et l’ambiance que pose l’auteur tout au long du récit se révèle terriblement efficace, à la fois sombre, dérangeante avec son lot d’effroi qui ne manqueront pas de faire frissonner le lecteur sans non plus trop étouffer. L’aspect historique se révèle aussi solide et soigné et je vous le laisse le découvrir pour, de nouveau, éviter de trop vous spoiler. La grande réussite de ce qui est construit ici vient, comme je l’ai dit du mélange conte, réalité, qui apporte ainsi de nombreuses voies possibles aux différentes intrigues, jouant facilement sur l’imagination du lecteur, le tout mâtiné d’un travail sur la psychologie et la philosophie qui ajoutent des aspects vraiment intéressants à l’ensemble et offre par la même occasion quelques débats intéressants. Les personnages se révèlent vraiment soignés et travaillés, possédant une profondeur et une caractérisation que j’ai trouvé abouti. Certes on a parfois du mal à s’attacher à certains des héros, par leurs réactions et leurs façons d’agir, mais très vite on les comprend ; ils ont parfois des raisons de se comporter comme ils le font, certes pas toujours bonnes, mais au moins on peut les appréhender. Mais surtout ils évoluent au fil des pages, ils ne restent pas figés et vont devoir avancer malgré les souffrances, les horreurs et les violences qu’ils vont rencontrer. Les personnages principaux se révèlent ainsi profondément humains et nous touchent, certains, selon moi, ne pouvant laisser indifférent le lecteur, là où d’autres personnages secondaires nous offrent d’effrayant croque-mitaine.

Puis les lignes d’intrigues commencent à se resserrer, les différentes questions trouvent leurs réponses et certaines hypothèses que je m’étais faites s’effondrent pour en ouvrir d’autres, aboutissant ainsi à une conclusion que j’ai trouvé réussi, passionnante et qui offre un point final réfléchi et une lueur d’espoir. Une sorte de rayon de soleil bienvenue dans un récit très sombre et qui nous rappelle aussi le besoin de la mémoire sans non plus tomber dans l’excès. Alors après certains pourraient regretter une démarrage un peu long et nébuleux, ou encore que le récit de Krysta parait trop « adulte » pour son âge, mais franchement pour moi ce ne fut que des détails tant j’ai été pris par ce roman. Par contre, comme je l’ai dit, l’avis de chacun dépendra de votre réaction face au twist. L’ensemble est porté par une plume qui se révèle dense, soignée et qui plonge facilement le lecteur dans l’ambiance angoissante et dérangeant de son récit, sachant jouer avec le lecteur pour mieux le surprendre, tout en cherchant à offrir des réflexions intéressantes. En tout cas je lirai avec grand plaisir d’autres écrit d’Eliza Granville tant celui-ci m’a passionné. Je ne peux que vous conseiller de découvrir ce roman, même s’il n’est pas à mettre entre toutes les mains comme vous vous en doutez.

En Résumé : J’ai passé un excellent moment de lecture avec ce récit qui nous propose deux lignes de narrations dont il est, au départ, difficile de comprendre en quoi elles sont liées, mais offrant des intrigues sombres, angoissante et réussi sans non plus tomber dans le gratuit. Puis arrive le twist, celui qui fait passer ce récit du simple roman d’horreur à quelque chose de plus marquant, de plus concret, ramenant le tout dans l’Histoire. C’est ce retournement qui offre, je trouve, une nouvelle grandeur au récit, le rendant encore plus passionnant, nous offrant ainsi de nombreuses réflexions, tout en continuant à nous entrainer dans une ambiance dérangeante et effrayante des plus captivante, le tout sans jamais non plus trop tomber dans le « graphique » ou le sanglant, mais jouant clairement sur les non-dits plus que sur le visuel. L’univers que construit l’auteur est efficace, plein d’imagination, jouant entre conte et réalité, offrant ainsi de nombreuses voies et de nombreuses hypothèses, et en y ajoutant une touche de psychologie ouvrant au débat. Puis les lignes d’intrigues commencent à se resserrer, aboutissant à une conclusion que j’ai trouvé réussi, y amenant un léger rayon de soleil et nous rappelant que les contes peuvent être cruels, mais peuvent aussi offrir une force et une mémoire. Alors on pourrait regretter un démarrage qui prend un peu son temps ou encore sur le récit de Krystal une narration trop adulte pour un récit d’enfant, mais ses défaut ont très vite été balayé par le fait que j’ai été emporté par cette histoire, porté par une plume dense, soignée et immersive.  Je lirai sans soucis et avec plaisir d’autres écrit de l’auteur. Un roman que je ne peux que conseiller, dont le twist est la clé, même s’il n’est pas non plus, à mettre entre toutes les mains de par son côté horreur et son ambiance inquiétante et obscure.

 

Ma Note : 9/10

 

Autres avis : Lune, Cornwall, Mylene, Cajou, …

Piégés – Anne Fakhouri

piegesRésumé : Samuel et Darius apprennent que leur amie Joanna est retenue prisonnière dans une pension privée. Ils décident alors d’intégrer l’établissement, un étrange château coupé du monde, et y ressentent la présence de fantômes inquiétants…
Quelques mois après Hantés, les deux héros, liés par leurs pouvoirs et l’amitié, sont confrontés dans un lieu oppressant à une horde de fantômes.

Edition : Rageot

 

Mon Avis : Si vous suivez ce blog régulièrement ce n’est donc  pas une surprise si ce roman a rapidement terminé entre mes mains. En effet depuis ma découverte du Clairvoyage je suis devenu un inconditionnel des écrits d’Anne Fakhouri qui ne m’ont jamais déçus. Autre point qui a joué en faveur de ce Piégés, il s’agit de la suite de Hantés, roman jeunesse qui m’avait offert un bon moment de lecture (ma chronique ici) à travers une histoire haletante et intelligente de fantômes et dont la suite ne pouvait que rapidement rejoindre ma PAL. Concernant la couverture je la trouve assez réussie, nous plongeant directement dans l’ambiance.

On retrouve donc nos deux héros, Samuel et Darius, quelques mois après les aventures de Hantés, qui commencent à développer leurs dons au fil de leurs rencontres, jusqu’au jour où ils apprennent que Joanna, la petite amie de Darius, se retrouve enfermée dans un orphelinat et qu’une menace pèse sur elle. Ils vont alors tout tenter pour l’aider? Ce qui est souvent intéressant avec une suite, c’est qu’elle peut se passer des aspects trop introductifs pour clairement se lancer dans le sujet, mais là la grande réussite de ce Piégés et d’arriver à happer dès la première page le lecteur qui connait déjà les héros, tout en ne perdant pas ceux qui les découvriraient à travers ce récit. En effet on peut très bien lire ce livre sans avoir lu le premier, même si ce serait dommage, manquant ainsi certains aspects. On se retrouve alors happé dans un récit qui va se révéler haletant et sans temps morts, nous plongeant dans une sombre affaire qui n’oublie pas non plus de se révéler intelligente, remontant jusqu’à la seconde guerre mondiale, nous nous proposant des réflexions sur de nombreux sujets comme la spoliation des juifs à l’époque ou encore, j’ai trouvé, sur l’adolescence. On est ainsi captivé de la première à la dernière page, ne sachant pas ou va nous mener l’auteur, mais avec l’envie d’en apprendre plus et de découvrir ce qui va arriver à nos héros.

L’univers développé au fil du récit continue à se densifier et vient apporter surtout un début logique et des règles, que ce soit aussi bien sur les dons que possèdent Samuel et Darius, qui prennent de l’ampleur à travers leurs expériences, comme sur les fantômes. Le premier tome servait ainsi de découverte, d’introduction, ce second tome permet plutôt de fixer un cadre à l’ensemble, mais, comme je l’ai déjà dit, sans jamais non plus trop à chercher à complexifier l’ensemble pour éviter de perdre le lecteur qui découvrirait le tout en route. Le fantastique vient ainsi se coller de façon cohérente et efficace sur l’histoire et offre ainsi des nouveautés qui se révèlent claires et de nouvelles possibilités, que ce soit à travers ce roman comme par la suite, si jamais d’autres romans sont prévus. À ce monde ésotérique des plus entrainant vient aussi s’y ajouter un internat qui offre sont lot de stress et d’angoisse, et un aspect historique juste ce qu’il faut de soigné pour offrir un univers complexe et efficace.

Concernant les personnages ils se révèlent toujours aussi intéressants à découvrir et à suivre aux travers de leurs aventures, même si j’ai trouvé qu’ils stagnaient un peu niveau profondeur, ce qui sans trop déranger ma lecture m’a paru légèrement dommage. On découvre par contre de nouveaux protagonistes qui viennent compenser cette légère frustration et ainsi apporter énormément de rebondissements et d’émotions à l’ensemble. Chacun des personnages, mis à part peut-être un ou deux mais c’est souhaité,  arrive ainsi à nous toucher à sa façon, se révélant souvent juste dans sa construction, dans ses réflexions et dans sa façon de réagir. J’ai par contre eu un peu de mal avec le cœur d’artichaut d’un des héros, mais rien de non plus trop bloquant.

Puis arrive la conclusion où tout s’accélère, où les révélations viennent s’accumuler et où les nombreux rebondissements viennent nous surprendre, une conclusion explosive qui se révèle clairement efficace dont mon seul regret et que j’ai eu une légère impression de trop de révélations en trop peu de pages. Je sais qu’un roman jeunesse est formaté au niveau des pages, mais là quelques pages supplémentaires auraient, selon moi, permis à l’ensemble de se révéler encore un peu plus fluide. Je regrette aussi certains passages qui m’ont paru être traité de façon légèrement trop rapide et quelques erreurs. Mais bon au final rien de véritablement dérangeant tant l’ensemble m’a paru efficace et m’a offert un bon moment de lecture.  La plume de l’auteur se révèle entrainante, efficace et rythmée happant le lecteur pour ne plus vraiment le lâcher à travers une histoire rythmé. La révélation finale vient ainsi nous rappeler de façon attendue mais efficace qu’une suite et possible, que je lirai avec grand plaisir si jamais elle était publiée.

En Résumé : J’ai de nouveau passé un bon moment de lecture avec ce nouveau roman d’Anne Fakhouri, suite de Hantés, qui nous offre une histoire efficace, haletante et sans temps morts, sans non plus oublier de poser une intrigue intelligente et captivante. L’univers développé tout au long du récit continue à se densifier et offre ainsi de nouvelles révélations et de nouvelles règles, que ce soit aussi bien sur les dons des héros que sur les fantômes rencontrés, auquel s’ajoute aussi une légère pointe historique des plus intéressante. Nos deux héros principaux se révèlent toujours aussi intéressants à découvrir à travers leurs péripéties, même si j’ai trouvé dommage une légère stagnation au niveau de leur profondeur par rapport au premier tome. Les nouveaux personnages rencontré apportent une certaine nouveauté et se révèlent soignés. Je regrette par contre une conclusion peut-être un peu trop chargé en révélation, quelques erreurs dommageables et certains aspects un peu trop faciles ou devinables, voir traité de façon rapide, mais rien de non plus gênant tant j’ai été happé dès la première par ce récit et par la plume de l’auteur qui se révèle toujours aussi efficace et entrainante. La toute dernière révélation laisse présager une suite que je lirai avec plaisir.

 

Ma Note : 8/10

 

Autres avis : Dup,

Evariste – Olivier Gechter

evaristeRésumé : Monter une entreprise, de nos jours, n’est pas chose facile. Encore moins lorsque c’est une start-up spécialisée dans la recherche d’employés dotés de pouvoirs paranormaux. Pourtant, c’est ce que tente Evariste Cosson qui doit fournir de nouvelles têtes à des entreprises triées sur le volet et dont les besoins sont très particuliers. Autant dire que ses pérégrinations parisiennes ne sont pas de tout repos, entre ceux qui le croient fou, ceux qui refusent de lui parler et ceux qui ne conviennent pas, il ne sait plus où donner de la tête. Il se lance alors dans une vaste enquête qui le mène aux quatre coins de Paris et de sa banlieue afin d’honorer ses contrats.

Edition : Asgard
Poche : Helios

 

Mon avis : Je dois bien avouer que cela fait un petit moment que j’ai envie de découvrir ce livre ; il faut dire que l’auteur m’avait agréablement surpris avec sa nouvelle publiée dans l’anthologie Vampire à Contre-Emploi (ma chronique ici) et donner envie de découvrir ses autres textes. Ajouter à cela un quatrième de couverture des plus décalé et efficace ce roman ne pouvait, qu’un jour ou l’autre, finir dans ma PAL, ce qui a été le cas il y a quelques mois. Il a pourtant fallu attendre que je déménage pour Paris pour que finalement je fasse sortir ce livre de ma bibliothèque. Concernant la couverture, illustrée par Geoffrey Soudant, j’avoue ne pas avoir été complètement convaincu, même si elle possède un petit quelque-chose.

On va donc se retrouver à suivre Evariste Cosson, jeune cadre dynamique, qui a décidé de monter sa propre entreprise de consulting, mais dans un domaine bien particulier : le Paranormal. Quand une cliente l’appelle pour lui permettre d’embaucher des voyants pour son entreprise, il ne sait pas encore qu’il va plonger dans les ennuis jusqu’au cou. Et une chose est certaine c’est que le lecteur se retrouve lui aussi rapidement plongé dans les aventures explosives du héros tant elles se révèlent rythmées, efficaces et sans temps morts, avec son lot de rebondissements et de retournements de situations parfaitement bien maîtrisés pour ne jamais ennuyer ou trop en faire. L’intrigue développée au fil des pages ne révolutionnera certes pas le genre, mais se révèle solide, fluide et entrainante, où le fantastique vient s’insérer de façon tellement cohérente qu’on pourrait limite croire que la magie existe vraiment dans notre monde. Ajouter à cela un sens de la répartie et de l’ironie qui se révèle des plus truculents qui vient rehausser encore un peu le tout et on obtient ainsi un ensemble plus que réussi et passionnant.

L’univers développé au fil des pages est, selon moi, l’une des grandes forces du récit. La capacité à insérer la magie et le mystique dans le récit de façon décalé et surtout terriblement pragmatique se révèle fascinante et bourrée d’humour. On est loin des magiciens mystérieux avec leurs artefacts et leurs formules, effectuant des sorts sans réfléchir, ici elle devient limite une « science » avec ses limites, ses recherches, sa quantification ou encore ses améliorations technologiques. J’ai d’ailleurs maintenant, moi aussi, envie d’apprendre à voler avec des Armoires. C’est cet aspect rationnel et logique, complètement intégré et accepté dans l’histoire qui fait aussi qu’on se laisse facilement emporter sans jamais être surpris ou dérangé, tout en se révélant dense, complexe et plein de bonnes idées. Ajouter à cela une critique acerbe sur le monde du travail et la société qui vie a cent à l’heure ainsi qu’un cadre de vie parisien avec toutes ces incongruités que ce soit concernant les transports, la façon de vivre ou encore un aspect terriblement égoïste que l’auteur dépeint avec un décalage qui montre clairement que même si la ville est loin d’être parfaite elle possède son charme. Au final un univers qui pose des bases plus qu’intéressantes et captivantes et qui donne envie d’en apprendre plus.

Concernant les personnages il faut bien admettre que l’auteur nous offre un panel qui se révèle rapidement haut en couleur et charismatique. On s’accroche finalement assez rapidement à eux que ce soit dans leurs différentes façon de voir et d’appréhender ce monde, que ce soit par l’aspect mystique ou non, mais aussi par leur côté très terre à terre, tentant des négociations financières les plus aboutis parfois dans les moments les plus pourris. Ils sont d’ailleurs parfaitement porté par des dialogues qui se révèle percutant et font régulièrement mouches. Alors après on pourra regretter un ou deux personnages qui tombent parfois un peu dans la caricatures, mais rien de non plus dérangeant ou bloquant tant chacun d’eux arrivent à apporter quelque chose d’efficace et de parfois surprenant au récit.

Je n’ai finalement que deux regrets concernant ce roman, enfin un lié à l’histoire et un autre à l’édition en fait. Concernant le récit j’ai ressenti un léger essoufflement vers la fin, l’ensemble me paraissant s’étirer légèrement trop avant d’offrir cette conclusion explosive et haletante, loin de perdre ou d’ennuyer le lecteur mais qui se ressent légèrement. Concernant l’édition, je ne suis pas u puriste du genre, mais là j’ai vu passer quelques coquilles et quelques soucis de typo qui se remarquent. Alors ça ne joue en rien sur l’histoire, mais c’est parfois dérangeant quand il manque un lettre à un mot par exemple.

La plume de l’auteur se révèle fluide, efficace et entrainante, construisant devant nos yeux un monde fantastique qui se révèle attrayant avec ses propres règles complexes et le tout bourré d’humour et d’ironie. La conclusion se suffit à elle-même mais une suite reste plus que possible et si jamais elle devait être publiée je la lirai avec grand plaisir tant j’ai apprécié cet Evariste. En tout cas maintenant je me laisserai bien tenter par un autres de ses écrits : Le Baron Noir.

En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec ce roman qui nous plonge dans une histoire fantastique mélange de société de consulting, de magie et d’humour qui se révèle détonnant, mené tambour battant et sans temps morts, offrant une intrigue, certes sans surprise, mais qui se révèle solide et efficace. L’univers développé au fil des pages est une des grandes réussites du récit, nous offrant un aspect magique et mystérieux cohérent et logique tout en se révélant complexe, possédant ses propres règles. Un univers qui donne envie d’en apprendre plus. Concernant les personnages ils se révèlent tous haut en couleurs, charismatique et nous entrainent facilement dans leurs aventures, même si parfois certains tombent légèrement dans la caricature. Rien de non plus trop gênant. Je regrette juste deux choses, un léger essoufflement vers la fin, juste avant la conclusion, ainsi qu’une édition qui aurait mérité un relecture pour éviter quelques coquilles un peu trop visibles. La plume de l’auteur se révèle fluide, entrainante, efficace et si un jour il décide de publier une suite je la lirai avec plaisir.

 

Ma Note : 8/10

 

Autres avis : Vert, Ly, …

Notre-Dame des Loups – Adrien Tomas

notre dames des loupsRésumé : 1868, aux confins de l’Amérique, les Veneurs, une petite troupe d’hommes et de femmes sans foi ni loi, aux munitions forgées d’argent, l’âme froide comme l’acier, parcourent les immensités de l’Ouest sauvage.
Ils s’enfoncent, la peur au ventre mais déterminés, dans les gigantesques forêts que seuls les Indiens et les pionniers arpentent. Ils connaissent leur mission : elle pue le sang et la mort. Elle a le son des chairs qui se déchirent et des os qui rompent, des incantations vaudou, des balles qui sifflent et des molosses qui aboient. Au loin, les premiers hurlements se font entendre. La chasse commence… Une chasse qui doit réussir quel qu’en soit le prix. Une chasse pour abattre leur plus terrible ennemie : Notre-Dame des Loups…

Edition : Mnémos

 

Mon Avis : Après avoir lu les deux premiers romans de l’auteur, La Geste du Sixième Royaume (chronique ici) et La Maison des Mages (chronique ), qui m’avaient offerts de très bons moments de lecture avec une Fantasy solide et plus qu’efficace, j’avoue avoir attendu un peu avant de faire entrer ce Notre-Dame des Loups dans ma PAL, Adrien Tomas ayant décidé de changer complètement d’ambiance pour se plonger dans le mythe du loup-garou qui n’est pas obligatoirement celui qui m’accroche le plus. J’ai donc décidé d’attendre les premiers retours et, constatant qu’ils se révélaient tous globalement positifs, j’ai donc fait rapidement rentrer ce livre dans ma PAL. Concernant la couverture je la trouve en demi-teinte, je ne sais pas pourquoi je n’accroche pas complètement au rendu, même si elle se révèle efficace.

L’histoire se révèle finalement assez simple, on suit une chasse bien particulière, celle des Veneurs, dont la proie et l’un des derniers grands loup-garou qui a fuit l’Europe pour venir se réfugier dans le nouveau monde : l’Amérique. Annoncé comme cela j’avoue que cela avait de quoi me tenter, n’étant pas non plus sans me rappeler Bloodsilver de Wayne Barrow, mais qui traitait plus de la migration des vampires. Pourtant, je dois bien avouer qu’une fois la dernière page tournée j’ai eu du mal à rentrer franchement dans ce roman. Il n’est pas complètement mauvais, mais de nombreux aspects ont fait que je me déconnectais régulièrement du récit, ne me sentant jamais complètement captivé. Commençons déjà par une des grosses qualités du roman, qu’on ne peut pas lui retirer, c’est son côté divertissant et sans temps morts, ce qui lui offre ainsi un rythme soutenu et efficace du début à la fin, offrant au lecteur de nombreuses surprises et nombreux rebondissements. On se retrouve ainsi à tourner les pages avec un minimum de facilité et l’envie d’en apprendre plus sur cette traque. Ajouter à cela une narration assez singulière et qui accroche bien, du moins au début, offrant ainsi à chaque paragraphe un nouveau narrateur différent, multipliant ainsi les points de vues, mais aussi les ressentis, les émotions et les idéologies ce qui permet d’offrir normalement plus de complexité.

L’univers n’est, en soit, pas mauvais, se révélant plutôt solide, l’auteur donnant même l’impression de s’offrir quelques nouvelles variations sur le mythe du loup-garou qui ne manquent pas d’intérêt et apporte ainsi un plus et une certaine originalité tout en se révélant cohérentes et bien amenées. Certes certaines idées brident parfois un peu trop le récit, mais rien de non plus trop gênant dans l’ensemble. Là où je me suis retrouvé plutôt mitigé c’est dans l’utilisation du nouveau monde, l’Amérique, pour décor de cette histoire. Franchement, mise à part la présence de colt, d’indiens et que c’est annoncé clairement dans le résumé et le récit, l’histoire aurait pu se passer dans un tout autre pays que cela n’aurait pas changé grand chose. Dommage pourtant, car les Etats-Unis comme image de fond aurait pu apporter, je pense, un peu plus à l’intrigue que ce soit dans le fond comme dans la forme. Je me suis donc ainsi retrouvé avec une impression amer d’un pays limite caricatural, comme si l’auteur, pris par le temps, avait limité ses recherches à quelques films de western au cinéma.

Concernant les personnages je dois bien avouer que là aussi je suis plutôt resté sur ma faim. Certains sortent vraiment un peu du lot, tandis que d’autres tombent dans la caricature et la simplicité ce qui, je trouve les desserts énormément. J’ai bien accroché à l’allemand, Würm, veneur de métier, forcé par le destin et sa famille, qui est venu effectuer sa dernière traque, ou encore Evangeline et sa meute, qui se révèle une héroïne originale dans sa construction, ses envies et qui se révèle pleine de surprise, même si un point me reste en travers, qui est cette idée qu’elle gère des chiens depuis plus de 10 ans et qu’elle est incapable de reconnaitre et de savoir quoi faire face à une chienne qui va mettre bas, j’avoue qu’il va falloir m’expliquer. Je reste par contre très circonspect devant le chef de la chasse, Jack, le salaud de base qui cache forcément un terrible secret, dont le seul argument durant tout le récit est de pointer un flingue sous le nez prêt à le décharger. Vous voulez discuter un avis, il menace, vous cherchez à argumenter, il menace, vous le contredisez, il vous menace et vous tire dessus alors que vous êtes cinq contre un, et tout le monde le suit malgré aussi une capacité à avoir des plans foireux. L’autre personnage auquel j’ai eu du mal à accrocher c’est l’indienne, Tauntok, qui, elle aussi, se révèle une caricature et manque clairement de charisme. Dommage.

Alors oui, je le sais bien , le but du récit n’est pas de nous offrir une intrigue profonde et intelligente, mais plus d’être considéré comme une traque furieuse dans une forêt glaciale, cherchant à mettre clairement en avant action, course poursuite et fusillade, mettant ainsi la réflexion du lecteur au repos pour lui offrir un récit court, nerveux et explosif. Mais voilà mon cerveau n’a jamais réussi à justement se déconnecter devant de nombreux points qui m’ont paru soit mal amenés, soit parfois improbables. De plus la narration multiple devient vite répétitive dans sa construction, perdant ainsi un peu de son côté surprenant. Peut-être qu’un peu plus de pages et de développement aurait permis de densifier l’ensemble. Arrive alors la conclusion, qui, j’avoue, ne manque pas de révélations et de surprises et aurait clairement pu se révéler excellente si la toute dernière révélation ne m’avait pas laissé perplexe, se révélant, pour moi de par mes connaissances, légèrement improbable et un peu facile, même si rien non plus de complètement bloquant. La plume de l’auteur dans tous les cas se révèlent efficace, entrainante, et rythmé, offrant un récit sous tension permanente. Dommage que j’ai jamais réussi à complètement être happé, car le récit ne manque pas de qualités, mais j’en ressors mitigé. Cela ne m’empêchera pas non plus de lire d’autres écrits de l’auteur sans soucis.

En Résumé : Je ressors finalement plutôt mitigé de ma lecture, le roman n’est en soit pas mauvais et remplit plutôt bien le rôle de divertissement tendu et sans temps morts, mais voilà de nombreux points m’ont soit laissé perplexe, soit paru un peu trop simplistes, soit se révélaient improbables. L’idée de départ est intéressante avec cette migration des loups-garous vers l’Amérique et offrant des rebondissements et des retournements de situation efficaces. L’univers n’est pas mauvais offrant même quelques aspects originaux, je regrette juste que le background sur les États-Unis soit finalement si peu utilisé, ne servant que vaguement d’image de fond. J’ai trouvé les personnages mitigés, entre ceux qui m’ont accrochés par leur construction et leur nombreux mystères et ceux qui m’ont laissé de marbre tombant un peu trop dans la caricature et la simplicité. La conclusion par contre m’a bien plu, offrant de nombreuses surprises, même si la dernière révélation, au vu de mes connaissances, est légèrement improbable. Je dirais que quelques pages de plus aurait par contre permit de densifier l’ensemble, mais en contrepartie aurait peut-être baissé le rythme. La plume de l’auteur se révèle énergique, efficace et entrainante. En tout cas cela ne m’empêchera pas de lire d’autres écrits de l’auteur.

 

Ma Note : 6/10

 

Autres avis : Ptitetrolle, Lune, Boudicca, Ptitelfe, Aranae, karline05, Xapur, Zina, joyeux-drille, …

Les Chambres Inquiètes – Lisa Tuttle

les chambres inquietesRésumé : Recueil composé de 14 nouvelles de Lis Tuttle, sélectionnées et traduites par Nathalie Serval.

 

Edition : Dystopia

 

 

Mon Avis : J’ai découvert Lisa Tuttle il y a plus d’un an avec la parution d’un recueil de six de ses nouvelles, toujours aux éditions Dystopia, qui m’avait rapidement happé à travers ses écrits, mélange de réalité et de fantastique ou l’angoisse n’est jamais très loin, tout en se révélant réfléchi (ma chronique ici). Par conséquent quand j’ai appris qu’un nouveau recueil de textes de l’auteur était publié je n’ai pas mis longtemps à le faire rentrer dans ma PAL. À noter de nouveau une couverture, illustrée par Stépahne Perger, qui se révèle magnifique. Ce livre est ainsi composé de 14 nouvelles.

Un Nid D’insectes : Ellen décide d’aller se réfugier quelques jours chez sa tante suite à l’infidélité de son mari, espérant s’y ressourcer. Elle y découvre alors une maison au bord de la ruine et une vieille femme malade, elle va alors tout tenter pour aider sa tante. Un texte assez classique dans sa construction, devenant lentement de plus en plus angoissant au fil des pages, où la réalité dérape dans la dernière partie pour mieux tenter de surprendre. Je trouve juste dommage que l’auteur donne trop d’indices, ce qui fait que j’avais deviné la conclusion, mais rien de non plus trop bloquant tant elle se révèle marquante, voir perturbante et risque de ne pas laisser indifférent.

Sans Regrets : Cette nouvelle nous fait découvrir Miranda, poétesse connue et reconnue, obligée de revenir enseigner dans sa ville natale pour des raisons financières. Le passé va alors la rattraper. Un texte peut-être moins percutant et moins angoissant que le précédent, mais qui se révèle réussi soulevant de nombreuses questions que ce soit, comme souvent avec l’auteur, sur la possibilité de mélanger vie de famille et vie professionnelle, mais aussi plus globalement sur la position de la femme dans la société. Un travail de fond efficace et intéressant, même si la forme n’est pas non plus oublié pour autant avec un univers fantastique réussi et des personnages attachants.

En Pièces Détachées : On découvre à travers cette nouvelle une jeune femme qui n’arrive pas à trouver l’amour, mais qui, après chaque fin de relation, retrouve dans son lit un bout de son ancien amant. Elle va alors décider de les collectionner. Une nouvelle qui se révèle cynique et pleine d’humour noir sur la quête pour chacun de la moitié parfaite à tous les égards. On plonge ainsi avec plaisir dans cette lente folie qui s’installe chez l’héroïne, qui se retrouve ainsi à expérimenter pour essayer de mieux comprendre ce qui lui arrive et d’obtenir le corps parfait. Un texte à la fois surprenant, drôle angoissant et qui offre une conclusion des plus frappante.

La Tombe de Jamie : Cette nouvelle nous fait découvrir une mère qui ne vit que pour son fils et a du mal à être séparé de lui. Sauf que son fils va trouver une nouvelle lubie qui va l’éloigner un peu plus d’elle : creuser. Ce qu’il va découvrir va alors les changer tous les deux. Un texte très intimiste, offrant une réflexion sur la maternité et plus précisément sur l’amour étouffant d’une mère vers son fils, sur la liberté de l’un par rapport à l’autre le tout au milieu d’une famille séparée. Comme toujours l’auteur sait jouer avec le lecteur pour glisser peu à peu dans une histoire angoissante, où le fantastique apparait pour mieux nous surprendre dans un final assez surprenant. J’ai par contre eu un peu de mal à vraiment m’associer à l’héroïne, mais je ne saurais trop dire pourquoi.

Lézard du Désir : Une femme se retrouve dans un monde parallèle où le sexe, plus précisément la dominance, ne se fait pas d’un point de vue biologique, mais avec un lézard. Un texte qui parait aux premiers abords principalement très sombre et violent, mais qui finalement nous offre une réflexion intelligente sur notre société et plus précisément sur ses fameux « avantages » lié aux organes sexuels, pour nous faire comprendre que finalement homme ou femme on est tous les mêmes dans le meilleur, comme dans le pire. Une nouvelle efficace et réussie.

Vol pour Byzance : On suite une jeune auteur qui est invité à une convention dans un bourg perdu au Texas. Elle va alors se rendre compte que ce voyage est un piège pour elle. Un texte étrange, qui nous offre de nombreux axes de réflexions que ce soit d’un point de vue identitaire, mais aussi au niveau de la création, mettant en avant qu’il faut peut-être rester soi-même pour ne pas perdre cette muse qui est au plus profond de soi. Un texte efficace, mais je ne sais pas trop, j’ai trouvé que le traitement avec cet aspect stressant qui se dessine au fil des pages le dessert un peu. Rien de non plus dérangeant.

L’autre Chambre : Un homme retourne dans l’ancienne maison de son grand-père où, plus jeune, il avait découvert une chambre secrète mystérieuse. Un texte finalement assez classique que ce soit dans sa réflexion et aussi dans sa capacité à jouer avec le fantastique. Il n’est pas mauvais et possède de bonnes idées, mais est loin de m’avoir marqué autant que certains autres ici.

Oiseaux de Lune : On plonge ici dans un récit étrange où on découvre une jeune femme dont le mari s’éloigne d’elle depuis son voyage vers la lune et qui ont une jeune fille malade. Une histoire déroutante, dont j’ai du mal à comprendre totalement les tenants et les aboutissants avec cette fascination pour le satellite lunaire, mais qui a pourtant réussi à me captiver par son ambiance poétique et mélancolique.

Propriété Commune : Cette nouvelle nous plonge au milieu d’un couple en pleine séparation et qui se déchire pour leur chien. Un texte qui se révèle terriblement cynique, à l’humour noir, grinçant, qui se révèle saisissant et qui ne manque pas de faire réfléchir et de se poser des questions sur l’importance du couple et plus principalement de ce qui se retrouve lié au couple. Comme souvent la conclusion se révèle percutante et m’a surpris. Un texte réussi malgré son côté très sombre et des personnages assez froids.

Une Amie en Détresse : Dans cette nouvelle on suit Cecily qui va à l’aéroport chercher sa mère et se lie d’amitié avec une autre jeune femme qui n’est pas sans lui rappeler une connaissance de jeunesse. Un texte beaucoup moins sombre que les précédents, mais qui ne manque pas de se révéler passionnant et intrigant. L’auteur nous plonge ainsi dans un récit où l’imaginaire est moins tranché, plus nuancé, traitant d’amitié imaginaire et du besoin d’être rassuré, d’être soutenu et d’être un minimum aimé surtout dans des périodes de grandes détresses.

L’autre Mère : Cette nouvelle nous fait découvrir une femme, peintre et mère de deux enfants, qui va voir sa vie bouleverser après avoir entraperçu une femme en blanc dans la forêt en face de chez elle. De nouveau l’auteur traite ici de la capacité à mélanger vie privée et vie professionnelle, à travers une famille séparée en nous offrant un texte surprenant, montant lentement en tension, la folie se glissant lentement au fil des pages chez l’héroïne, pour aboutir à une conclusion des plus surprenante, effrayante et saisissante comme sait si bien l’offrir l’auteur.

Les Mains de Mr. Elphinstone : Eustacia va voir sa vie bouleverser après sa rencontre avec le médium Mr. Elphinstone. L’auteur traite ici de la folie et de la différence, mais à travers une époque plus 19ème siècle. On se rend compte ainsi que selon la façon dont on en vient à présenter les choses, on n’a pas toujours le même ressenti, oscillant entre émerveillement et rejet. Pourtant j’ai eu un peu de mal à accrocher à ce texte, je voyais les choses arriver beaucoup trop rapidement, même si la fin se révèle efficace nous faisant réfléchir sur la façon dont on nie ce que l’on ne comprend pas.

La Plaie : Cette nouvelle nous fait découvrir Olin qui a du mal à se remettre de sa séparation avec sa femme Dove jusqu’au jour où il se lie d’amitié avec Seth. Il s’agit ici d’un des textes les plus étrange et les plus surprenant du recueil, proposant au lecteur de nombreuses surprises et de nombreux rebondissements percutants tout en nous offrant une réflexion terriblement efficace ; de nouveau sur l’aspect social lié à notre sexe, mais aussi tordre le cou à de nombreux préjudices et idée reçues de façon efficace et percutante. Peut-être l’une des meilleures nouvelles du recueil par son côté étrange et intelligent.

Le Nid : On suit ici deux sœurs qui décident de s’acheter une maison et vivre ensemble après le décès de leur mère. Un texte qui vient ici conclure parfaitement ce recueil, nous offrant une lente montée en tension entre une sœur trop protectrice et une autre qui se révèle insouciante, cherchant à vivre pleinement sa vie, même si ça risque de la faire souffrir. Une réflexion réussie sur la famille, l’amour entre sœurs et le tout avec sa dose de fantastique qui s’insinue lentement au fil du récit offrant ainsi une tension de plus en plus angoissante et stressante aboutissant à une conclusion efficace.

 

Comme avec son précédent recueil, la grande force de Lisa Tuttle est de nous offrir des situations normales qui plongent peu à peu dans une ambiance malsaine, flirtant facilement avec l’horreur et l’effroi sans non plus tomber dans la surenchère ou dans le trop visuel , mais travaillant plus dans la subtilité. Ce sont clairement des nouvelles d’ambiance et elles se révèlent réussis tout en nous faisant réfléchir sur de nombreux sujets, souvent intimes, comme par exemple l’amitié, la famille, l’amour, ou encore la maternité et tout ce qu’elle occasionne comme changements dans une vie. Je regrette peut-être quelques personnages qui m’ont paru un peu trop froids et détachés, mais rien de non plus dérangeant. Le tout est par contre porté par une plume efficace, jouant facilement avec le lecteur pour mieux le surprendre et le happer. Je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur. On notera aussi la cohérence de la construction de ce recueil.

En Résumé : J’ai de nouveau passé un très bon moment de lecture avec ce nouveau recueil de nouvelles de Lisa Tuttle. Comme à son habitude elle nous offre des textes qui démarrent de façon très banales pour mieux flirter au fil des pages avec l’angoissant et l’effroyable, sans non plus tomber dans la surenchère. Mais surtout l’auteur n’oublie pas de nous offrir des récits qui font réfléchir le lecteur avec des thématiques soignées et bien amenées, souvent intimes et qui touchent n’importe quel lecteur. Alors c’est vrai, certaines nouvelles m’ont moins marqués que d’autres et certains personnages m’ont paru trop froid pour vraiment s’attacher à eux, mais rien de très bloquant tant l’ensemble se révèle efficace. La plume de l’auteur se révèle efficace, entrainante et soignée et je lirai sans soucis d’autres écrits.

 

Ma Note : 8/10

 

Autres avis : Vert, Lelf, Lune, Efelle, …

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