Au Service Surnaturel de sa Majesté Tome 2, Agent Double – Daniel O’Malley

Résumé : Quand, après des années de combats acharnés , deux organisations secrètes et rivales sont contraintes d’allier leurs forces, une seule personne semble en mesure de les aider à conclure cette paix nécessaire : Myfanwy Thomas, la très fantasque héroïne de The Rook.
D’un côté, la Checquy, organisation secrète chargée de combattre les forces surnaturelles qui menacent la Couronne britannique.
De l’autre, les Greffeurs, une société de peu recommandables alchimistes belges adeptes de manipulations génétiques en tous genres. Sans compter les mystérieux Antagonistes, qui tentent par tous les moyens de faire échouer les négociations.

Edition : Super 8

 

Mon Avis : Il y a un peu plus de deux ans maintenant je découvrais The Rook, le premier tome de cette série, qui proposait un récit de Fantasy Urbaine assez déjanté, efficace et sans temps mort, bien porté par le personnage de Myfanwy très charismatique et entraînant (ma chronique ici). Il était donc logique que je me laisse rapidement tenter par cette suite, tout en me demandant comment l’auteur allait gérer les questions en suspend du premier tome. Concernant l’illustration de la couverture elle est dans le même style que celle du premier tome et je la trouve très sympathique.

On plonge avec cette suite quelques temps après la fin du premier tome, qui avait vu les prémices de la paix entre la Checquy et les Greffeurs. Des pourparlers vont débuter entre les deux ennemis et une délégation diplomatique est envoyé à Londres par les Greffeurs. Sauf que voilà, des crimes étranges paraissent alors menacer cette tentative de rapprochement. On va se retrouver à suivre Odette une greffeuse, ainsi que Felicity un membre de la Checquy qui va devenir sa garde du corps. Je dois bien admettre que j’avais envie d’apprécier ce roman, j’avais envie de partir dans un délire sans temps morts comme le précédent, sauf que voilà même si je n’ai pas trouvé ce second tome mauvais, il est quand même pour moi clairement un ton en dessous du précédent. Pourtant on y retrouve toujours cette énergie communicative du premier tome qui fait qu’on se met à tourner les pages avec un minimum de plaisir et d’envie d’en apprendre plus. Le côté percutant et sans temps mort reste ainsi assez présent, le tout porté par un humour qui ne manque pas de se révéler efficace et apporte toujours un plus au récit. Il est aussi à noter que ce roman peut tout à fait se lire indépendamment du précédent, ce qui peut être un avantage, mais aussi un inconvénient, mais j’y reviendrai plus tard.

L’autre intérêt de ce récit vient aussi toujours de l’univers complètement barré que nous propose l’auteur. Imaginez une guerre entre les « magiciens » de la Checquy et les alchimistes scientifiques belges des Greffeurs, cela a le don de poser les base de ce délire. Et pourtant ça marche, on se laisse vraiment porter par l’imagination débordante qui nous est proposé par Daniel O’Malley. Que ce soit aussi bien dans les idées liées au surnaturel, avec les pouvoirs et les manifestations étranges, comme celle liées à la science des Greffeurs, avec les améliorations génétiques, physiques et autres. On sent une créativité et une inventivité franchement fascinante et sans limite. Le plus intéressant c’est que, oui c’est exubérant, mais ça ne donne jamais l’impression de trop en faire ou de justement paraître trop incohérent. Il arrive vraiment à rendre le tout cohérent. Le fait de suivre aussi des Greffeur permet ainsi d’offrir une vision plus « intime » de l’ennemi et d’éviter justement la vision unique de la Checquy. On se rend compte qu’ils ne sont pas obligatoirement des monstres cela s’avérant plus complexe qu’on peut l’imaginer. On peut aussi, bien entendu, y lire une dualité entre la science d’un côté et le « mystique » de l’autre, une réflexion certes pas obligatoirement d’une grande finesse, mais qui fonctionne quand même avec justement cette idée de rapprochement.

L’intrigue ne manque pas non plus d’attrait, principalement dans l’idée de paix entre les deux camps qui ne donne jamais l’impression de tomber trop dans la facilité. On ressent ainsi clairement les décennies de haine entre les deux camps qui sont loin d’être effacés par ce début de paix. Alors certes, parfois ça manque de finesse, mais on ressent toujours une tension et un travail intéressant sur cet aspect. Concernant l’intrigue et les Antagonistes, l’idée de base est intéressante. Je n’en dévoilerai pas trop pour éviter de trop spoiler, mais voilà j’ai ressenti une certaine nonchalance dans sa construction qui fait qu’on a du mal à se laisser porter par elle. Il faut dire, et là on entre dans la première grosse critique que je ferai à ce roman, c’est qu’il fait quand même près de 900 pages. Attention le nombre de pages dans un roman, pour moi, n’est pas obligatoirement un critère. J’ai lu de très bons récit d’une centaine de pages et d’autres de plus de 1000 pages, mais il faut à chaque fois réussi à ne pas se perdre. Là, Daniel O’Malley montre clairement, pour moi, qu’il n’arrive pas à tenir ses 900 pages avec cette simple intrigue. Il donne ainsi parfois l’impression de partir dans tous les sens ou de ne pas savoir quand s’arrêter, ce qui offre certaines longueurs voir lourdeurs. Ensuite, comme je l’ai dit ce second tome peut se lire, si vous le souhaitez, indépendamment du premier, mais cela est possible car l’auteur ne fait pas de simples rappels, il offre parfois des chapitres complets de données qu’on connaissait du tome précédent et qu’on avait déjà vu. Certes il le présente d’un point de vue différent, donc pas le même ressenti, mais franchement ça ne méritait pas par moment d’être autant développé. J’ai aussi trouvé que la sous-intrigue entre Myfanwy et un élément surnaturel incontrôlable n’apportait rien au récit. On a l’impression d’une nouvelle que l’auteur a cherché à intégrer dans son livre sans véritable rapport avec le récit.

Concernant les personnages je me suis aussi retrouvé un peu moins emballé que le tome précédent. Déjà il faut savoir que la narration change, on ne suit plus ici Myfanwy, mais Odile et Felicity. Ce n’est pas une mauvaise idée, le premier tome avait fait le tour de son héroïne et apporter du sang neuf peut toujours être intéressant même si c’est risqué. C’est d’ailleurs en partie le cas, que ce soit dans les nouveaux points de vues apportés, mais aussi dans les différentes visions et approches que ces nouvelles héroïnes apportent. On se laisse alors un minimum porté par l’apport de cette nouveauté. Les héroïnes s’avèrent aussi plutôt soignés, offrant un minimum de profondeur et de complexité, ce qui fait qu’on s’intéresse à eux, à leurs évolutions. Mais voilà le principal défaut est tout simple, c’est qu’en ayant lu le premier tome, je ne peux m’empêcher la comparaison avec son héroïne et c’est là que le bat blesse, car ils sont quand même moins entraînants, prenants et percutants. Odile dans sa capacité de réaction léthargique m’a aussi parfois donné envie de la secouer. Pire, Myfanwy devenant un personnage secondaire, elle apparait limite parfois antipathique sans qu’on comprenne vraiment pourquoi. Attention, je ne dis pas pour autant qu’Odile et Felicity sont de mauvais personnages, ils souffrent juste de la comparaison qui fait que je les ai trouvés moins intéressants. Concernant les personnages secondaires certains sont intéressants, d’autres m’ont paru manquer de profondeur, comme ces fameux Antagonistes qui auraient mérité peut-être un travail un peu plus dense pour vraiment comprendre leurs motivations.

Concernant la conclusion, je reste là aussi assez circonspect je l’avoue. Je ne dirai pas qu’elle est mauvaise, mais elle m’a parue précipitée ce qui est étrange pour un roman qui a autant pris son temps. Comme si l’auteur après avoir écrit près de 850 pages c’est dit « Tiens je n’ai pas fait de conclusion, bah pas de soucis en un chapitre c’est bouclé avec un bon Deus Ex Machina ». C’est dommage car elle est pourtant percutante et ne manque pas d’attrait. La plume de l’auteur est toujours aussi efficace, entraînante et pleine d’humour, proposant des dialogues qui ne manquent pas de piquants ce qui fait qu’on se laisse tout de même porter par ce récit. Au final comme je l’ai dit ce second tome m’a paru un ton en dessous du précédent et, même s’il reste sympathique à découvrir, il aurait pour moi mérité un travail d’édition un peu plus conséquent. Je dirai qu’avec 200 pages de moins ce roman aurait été encore plus efficace. Je ne sais pas si l’auteur a prévu d’écrire un troisième tome, mais si c’est le cas je me laisserai quand même tenter pour voir ce qu’il proposera.

En Résumé : Je sors de ma lecture de ce second tome de cette série avec un sentiment de lecture plutôt mitigé, l’ayant clairement trouvé un ton en dessous du tome précédent. Pourtant, on y retrouve cette énergique que l’auteur communique dans son récit avec un côté percutant qui fait qu’on se laisse un minimum porté. L’univers est toujours aussi intéressant à découvrir par son côté complètement barré et plein d’humour. La guerre entre le surnaturel de la Checquy et le côté scientifique des greffeurs continue à évoluer, le tout toujours bien porté par l’imagination débordante de l’auteur. Mais voilà le premier gros soucis de ce roman vient de sa longueur. Le roman fait près de 900 pages et l’auteur donne l’impression, selon moi, de ne pas justement les tenir, trainant en longueur, offrant des sous-intrigues pas toujours utiles ou faisant des rappels au premier tome beaucoup trop conséquent à mon goût. Je pense que 200 pages de moins auraient fait du bien à ce livre. Concernant les personnages, on change ici de narration quittant Myfanwy pour Odile et Felicity, sauf que voilà la comparaison est inévitable et ces nouvelles héroïnes m’ont paru un peu moins attachantes et intéressantes. Concernant les personnages secondaires il y en a de très intéressants, mais je suis un peu frustré du traitement des Antagonistes qui aurait mérité plus de profondeur. Concernant la conclusion elle m’a parue un peu trop précipité, ce qui est dommage reposant alors sur un Deus Ex Machina un peu facile. Ce second tome reste tout de même un minimum sympathique à lire, bien porté par une plume efficace, pleine d’humour et entraînante. Si jamais un troisième tome devait être publié je pense que je me laisserai tenter en espérant que l’auteur corrige ces quelques défauts.

 

Ma Note : 6/10 

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  1. J’aime bien cette dualité que j’ai croisée dans d’autres oeuvres (Jonathan Strange & Mr Norrell de Susanna Clarke et la saga des Wildenstern d’Oisin McGann). C’est dommage qu’il n’arrive pas à tenir son intrigue ; peu importe le nombre de pages, comme tu le signales. Des chapitres entiers d’informations ? C’est un peu aberrant, hum. Même si l’auteur pense continuer cette série pour l’instant, il reste encore dans la promotion de ce tome 2.

    • C’est un peu mon ressenti parfois l’auteur écrit par exemple deux chapitres qui ne sont pas mauvais, mais n’apportent rien de vraiment neuf à l’intrigue car on l’avait déjà développé dans le premier tome. Alors certes on change de point de vue (on a la vision des Greffeurs et non pas celui de la Checquy) mais voilà pour moi ça reste de la redite et ça aurait pu être condensé pour simplement accentuer la différence d’approche de chaque clan.

  2. Ah mince ! j’avais adoré le 1er et j’avais hâte de retrouver Myfanwy :/

  3. Dommage que tu n’ait pas apprécié plus que ça 🙁
    Pour moi c’est un autre coup de cœur, j’espère vraiment que l’auteur nous fera un troisième tome !

    • Il en fait trop à mon goût, mais je comprends que ça plaise. Je lirai la suite si l’auteur décide d’écrire un troisième tome, en espérant y retrouver ce qui m’avait plus dans le premier.

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