Résumé : Lorsque Makepeace, shérif de la ville nouvelle d’Evangeline, dans le Grand Nord, aperçoit un avion en perdition, le doute n’est plus permis : ailleurs, la vie continue comme avant. Makepeace prend alors la route et traverse un monde post-apocalyptique pour tenter de trouver âme qui vive. L’heure n’est plus à la prudence : de toute évidence, Makepeace n’a rien à perdre.
Edition : Plon
Poche : 10/18
Mon avis : En dehors de lire les derniers romans publiés pour la rentrée de L’imaginaire chez les indés, je prends aussi le temps de sortir des roman qui sont allés s’enterrer depuis un long moment dans ma PAL. Ainsi donc j’ai décidé cette fois de laisser sa chance à ce livre, Au Nord du Monde, qui traîne dans ma PAL et m’appelle depuis bien près de quatre ans maintenant. Pourtant à l’époque j’avais très envie de le lire. Je crois que c’était Lelf ou Jae-Lou qui m’avaient énormément donné envie de le découvrir à travers leurs chroniques, mais voilà ma PAL possédant une vie propre qui s’avère particulièrement compliqué à comprendre il a pris son temps avant de se rappeler à moi. Puis, comme souvent lorsque j’ai beaucoup d’attente pour un roman, je préfère qu’elles retombent un peu pour éviter toute désillusion. Concernant la couverture, je la trouve sympathique et, finalement, nous place directement dans l’ambiance du roman.
Ce récit nous plonge ainsi dans un futur lointain, post-apocalyptique, dans une petite ville de ce qui parait être la Sibérie. Quasiment tout le monde est mort ou parti, seul Makepeace, shérif de la ville, continue à tenter de survivre dans le coin. Un jour elle va pourtant apercevoir un avion qui va lui redonner l’espoir. Elle va alors décider de prendre la route, retrouvant l’espoir que le monde ne s’est peut-être pas totalement effondré. Je suis finalement bien content d’avoir fait sortir ce livre de ma PAL, car même si ce n’est pas obligatoirement la claque que plusieurs lecteurs ont l’air d’avoir eu, il m’a tout de même offert un très bon moment de lecture. On est pourtant dans un roman post-apocalyptique finalement assez classique, avec un petit air de La Route de McCarthy, pour autant Marcel Theroux arrive à donner à son récit une identité propre, une profondeur différente qui vont rapidement le rendre original, prenant et intéressant à découvrir. L’intrigue est porté par un rythme lent, d’une certain façon envoûtant devant les paysages qui défilent, la blancheur et la froideur des paysages, mais est aussi parfaitement maîtrisé pour tenir le lecteur en haleine avec des révélations et des surprises bien dosées et percutantes. On se retrouve ainsi à tourner les pages facilement avec l’envie d’en apprendre plus, tout en réfléchissant sur les nombreuses questions et problématiques soulevées par le récit.
Le premier gros point fort de ce livre vient de son univers, de cette toile de fond qui parait se situer en Sibérie et qui offre à la fois un univers rude, glacial, sauvage, mais aussi dépayse clairement le lecteur en l’emmenant à travers des paysages qui ne manquent pas de captiver, de fasciner. Un univers à la fois sans pitié, violent, mais qui pour autant donne envie de s’y perdre devant le côté majestueux, imposant, parfois magnifique, des décors que l’on croise. La toile de fond devient ainsi limite un personnage à part entière, venant même faire en partie écho à ce qu’est devenu ce futur, ce côté brutal, sombre, mais qui pour autant cache un certain attrait, un certain éclat. On plonge ainsi dans un mélange froid et, d’une certaine façon, de « cow-boy », qui happe assez rapidement et facilement. Concernant la catastrophe, l’auteur joue avec peu d’explications laissant d’une certaine façon un flou qui a pour intérêt, je trouve, de pousser le lecteur à se questionner, à, d’une certaine façon aussi, se remettre en cause sur ce qui a pu pousser notre civilisation à s’effondrer. Il y a bien des indices ici ou là, mais rien n’est clairement défini et chacun se fera ainsi par conséquent sa propre conclusion. En ce qui concerne l’Humanité, ce qu’elle est devenue, son évolution, on est dans un aspect finalement très classique, avec des Hommes qui continuent à se leurrer dans des croyances d’un ancien monde perdu, retombant dans les travers de la violence, de l’esclavage et de la domination pour survivre et, pourquoi pas, reconstruire le monde qu »ils ont perdu. Pour autant même si cela reste classique, cela ne l’empêche de s’avérer solide et efficace, amenant une certaine tension, une intensité à l’intrigue. Vivre dans ce futur n’est pas chose aisée et, finalement, seuls les plus forts peuvent s’en sortir.
Les personnages sont un autre gros point fort du roman, principalement le narrateur Makepeace, qui devient rapidement un personnage captivant, attachant, humain et très intéressant dans les questions qu’il vient soulever, mais aussi dans la vision qu’il nous offre de notre monde. En effet il s’agit clairement d’une personne solitaire, un peu devenue un ours dans sa grotte, qui va de voir se forcer à renouer avec ce qui reste de la civilisation, à poursuivre un faible espoir. Mais surtout ce qui est intéressant ce sont les différentes réflexions qu’elle fait sur son époque, le passé, la vision du monde qu’elle a qui paraissent un peu bourrus, un peu franches, tranchées, sans concessions, mais qui, d’une certaine façon, ne manquent pas de nous pousser à la réflexion. On peut ne pas être d’accord avec ses idées, mais on comprend ce qui la pousse à les ressentir dans un avenir à bout de souffle. Pour autant Makepeace n’a pas pour autant laissé tomber, elle continue à espérer, à rêver d’un monde meilleur, que ce soit dans sa quête de retrouver quelqu’un de vivant, comme aussi parfois à travers de petites ambitions comme sauver le maximum de livres qui pourraient servir à d’autres un jour. Sa quête va ainsi la mener à faire des rencontres, à découvrir une humanité qui finalement a sombré dans une sorte de cruauté, de domination. Sans trop en dévoiler pour ne pas spoiler, chaque rencontre va se révéler d’une certaine façon marquante, déroutante, permettre aussi bien d’agrandir la vision qu’on a de ce monde, son évolution, mais aussi va changer Makepeace, bien porté par des personnages secondaires solides et efficaces.
Après l’autre point très intéressant du récit vient des nombreuses réflexions que vient soulever l’auteur. Alors, bien entendu, on y retrouve les aspects habituels de ce genre de récit qui viennent nous faire réfléchir sur notre société, sur l’avenir que l’on veut pour nous, de la façon dont nous voyons le monde, dont nous le traitons et des conséquences que cela peut avoir. Il y a aussi la vision franche et sincère de Makepeacce sur son monde et sur ce qui l’a amené à devenir ainsi, qui va nous faire réfléchir sur nous-même, sur finalement la capacité de l’Homme à s’enfermer dans ses travers, revenir à ses instincts les plus primaires devant l’adversité, et pour autant arriver à y trouver un certain espoir. Car finalement, même si l’ensemble peut paraître sombre, il transparait toujours tout du long cette trace d’optimisme, cette possibilité de voir le monde changer, les Hommes changer, de s’adapter et non pas imposer,de profiter et non pas se soumettre. D’autres thématiques intéressantes sont aussi soulevées, comme par exemple la vision que l’on a des autres, la façon dont nous pouvons les traiter face à la catastrophe. Alors après, c’est vrai, il y a un petit côté linéaire dans le récit, parfois un sentiment de déjà-vu transparait aussi et certaines révélations, principalement sur la fin, sont assez prévisibles, mais voilà pas de quoi trop impacter cette lecture que j’ai trouvée très bonne, bien porté aussi par une plume prenante, simple et incisive. Finalement j’ai bien fait de sortir ce roman de ma PAL.
En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce récit qui va nous faire partager le voyage de Makepeace, dans un futur lointain et post-apocalyptique. L’univers est l’un des gros points forts de ce récit, principalement dans cette toile de fond qui défile et qui fait qu’il en devient presque un personnage à part entière du livre. Un monde froid, glacial, sauvage, violent, mais qui ne manque pas aussi de dépayser, se révéler impressionnant, captivant, majestueux. Un univers qui répond aussi, d’une certaine façon, aux thématiques complexes soulevées par le récit avec cette âpreté de la vie. L’intérêt de ce monde post-apo vient du fait que l’auteur ne parle jamais clairement de la catastrophe, jouant ainsi avec le lecteur, amenant quelques indices flous ici ou là, poussant finalement chacun à se questionner. Comme souvent dans ce genre de récit, l’humnaité s’est, d’une certaine façon, repliée sur elle-même, retombant dans une certaine sauvagerie, une violence, une domination, tout en restant ancré dans des croyances, des envies qui n’ont plus lieu d’être finalement. Le personnage de Makepeace, et les rencontres qu’elle va faire, est le second point fort de ce roman dévoilant quelqu’un de touchant, d’attachant, d’humain, qui à une vision brusque et sans concession de son monde, de ce qui l’a amené au point ou il en est. C’est aussi un roman qui soulève de nombreuses réflexions intéressantes et bien amenées sur notre société, la façon dont nous voyons et traitons notre planète, mais aussi les autres et d’autres encore. Alors après, il y a bien un petit côté linéaire au récit, une ou deux fois un léger sentiment de déjà-vu qui transparait, ainsi que quelques révélations prévisibles, mais rien qui n’est venu gâcher ma lecture. La plume est simple, incisive et efficace et je suis bien content d’avoir sorti ce roman de ma PAL tant il m’a offert un très bon moment.
Ma Note : 8/10
Autres avis : Vert, Cornwall, Lorhkan, Nathalie, Lune, Rose, Baroona, …
Mariejuliet
Ahhh bien contente qu’il t’ai plu 🙂
J’ai eu peu, en lisant le nom de la collection, j’ai cru que c’était ta note. Je ne voyais pas comment ça pouvait être possible!
BlackWolf
Non je ne suis pas encore à mettre des notes bizarres pour attirer les lecteurs ^^
Vert
J’avais bien aimé aussi ce roman. J’avais prévu de lire d’autres romans de cet auteur, faudra que je m’y mette un jour !
BlackWolf
J’avoue, il faudra aussi que je me penche sur ses autres bouquins. Mais il y a tellement à lire qu’on s’y perd.