Résumé : Ten years ago, the renegade demigod known as the Kinslayer returned. His armies of monsters issued from the pits of the earth, spearheaded by his brutal Yorughan soldiers. He won every battle, leaving burnt earth and corruption behind. Thrones toppled and cities fell as he drove all before him. And then he died. A handful of lucky heroes and some traitors amongst his own, and the great Kinslayer was no more.
Celestaine was one such hero and now she has tasked herself to correct the worst excesses of the Kinslayer and bring light back to her torn-up world. With two Yorughan companions she faces fanatics, war criminals and the monsters and minions the Kinslayer left behind as the fragile alliances of the war break down into feuding, greed and mistrust.
The Kinslayer may be gone, but he cast a long shadow she may never truly escape.
Mon Avis : J’ai découvert Adrian Tchaikovsky il y a peu, avec son roman Dans la Toile du Temps publié il y a un an maintenant en VF chez Denoël. J’avais passé un excellent moment de lecture avec ce livre, offrant un récit intelligent, efficace, prenant et il m’avait donné envie de découvrir plus de récits de l’auteur (ma chronique ici). Malgré le fait que j’ai dans ma PAL Guns of the Dawn de l’auteur, j’ai plutôt décidé de me laisser tenter par Redemption’s Blade, déjà dans un premier temps parce que, même s’il rentre dans un cycle, chaque roman est un one-shot, et ensuite le retour positif, même si tout ne l’avait pas accroché, qu’en avait fait Apophis m’avait convaincu de le lire. Concernant la couverture, illustrée par Tomasz Jedruszek, je la trouve très réussie.
Ce roman nous plonge dans un monde qui sort d’une énorme guerre qui a vu le Kinslayer, un demi-dieu maléfique qui cherchait à dominer le monde, perdre et mourir suite à la mission menée par un groupe de héros. Celestaine était l’une des personnes de ce groupe. Aujourd’hui le monde tente de se reconstruire difficilement, de retrouver la paix et la sérénité. Celestaine, elle, cherche maintenant d’une certaine façon à corriger les horreurs de cette guerre, à trouver une cause pour essayer de redonner espoir à un monde qui a tant souffert. Accompagné de deux compagnons Yorughan, peuple détesté pour avoir été du côté du Kinslayer, elle va ainsi se lancer dans une quête complexe pour sauver les Aethani. J’avoue l’intérêt premier que j’avais aussi de me lancer dans ce récit, était de plonger dans une Fantasy qui n’a pas pour point d’orgue une bataille entre le bien et le mal, mais plutôt ce qui se passe après la chute du « méchant ». Une fois la dernière page tournée, j’avoue avoir passé un très sympathique moment de lecture avec ce récit, qui offre de très bonnes choses, même si tout est loin d’être parfait.
Le premier gros point fort de ce roman vient clairement de l’univers que construit l’auteur, non pas dans sa représentation, finalement très classique avec ses différentes races, des héros et de la magie, mais plutôt dans cette vision de l’après. On se retrouve ainsi à plonger dans un monde sombre, à la découverte de peuples, de populations qui ont vécu une guerre sans pitié, qui sont brisés et doivent réapprendre à vivre, à trouver un nouvel équilibre, la paix suite aux horreurs qu’ils ont vécus, voir même tout simplement trouver une place dans ce monde. La fin de la guerre ne veut pas dire non plus que tout est terminé, certains ont encore l’esprit aux batailles et à la violence, certains voient aussi leurs réputations changer que ce soit en bien ou en mal et cherchent à en profiter. On est aussi dans un monde qui, même s’il est de nouveaux en « paix », des tensions sont toujours présentes en fonction des camps de chacun. Comment admettre que des « ennemis » puissent ne pas payer pour ce qui est arrivé. Surtout que dans cet univers le bien est quand même une question de point de vue et même si tout le monde admet que le Kinslayer était un monstre, c’est beaucoup plus compliqué pour ses armées qui n’ont pas toujours eu le choix. De plus, la guerre a eue une conséquence énorme, les dieux ont disparu, il faut aussi apprendre à évoluer sans eux, sans les « guides » qu’ils étaient. Au final on découvre ainsi un univers complexe, dense et soignée qui, à partir de bases classiques, construit vraiment une toile de fond captivante et qui donne envie d’en apprendre plus. Le fait de voir l’après, offre clairement une originalité bienvenue au récit. On sent aussi qu’il y a encore beaucoup à découvrir dans ce monde en pleine reconstruction, qui cherche sa voie.
Là-dessus l’auteur offre aussi des réflexions très intéressantes à travers les différents personnages que l’on croise et principalement dans la notion de « position » de chacun dans ce monde. Comment chacun se situe dans cet univers en transition, comment vivre l’après guerre et trouver une place qui nous satisfait. Comment passer du héros au simple citoyen, ou à l’inverse du vaincu retrouver une vie normale. Cela se ressent déjà avec Célestaine qui, finalement, après avoir aidé à vaincre le Kinslayer se cherche une place, une quête qui la fera continuer à avancer, mais aussi d’une certaine façon une rédemption. La notion de bien et de mal est aussi clairement au coeur de ce récit et on se rend rapidement compte qu’elle dépend clairement du point de vue de chacun. Il y a aussi une réflexion sur l’héroïsme, cette mise sur un piédestal avec les conséquences que cela peut avoir. Cela se ressent tout du long avec par exemple aussi le passage sur le libérateur ou encore the Undefeated, dont on se rend rapidement compte que cette notion est beaucoup plus complexe que l’on peut le croire et peut amener de nombreuses conséquences. L’aspect religion, dieux, est aussi traité de façon un minimum complexe et intéressante ; où comment vivre quand les dieux qui ont toujours marchés à côté de l’humanité ont disparu, le vide que cela crée et les conséquences et les souffrances que cela amène. Il y a aussi un autre aspect intéressant, c’est comment vivre après de tels évènements, comment, dans un monde en pleure et en ruine, tenter d’être en paix avec les autres, principalement avec le point de vue deux Yorughan qui sont haïs de tous, mais qui ont pourtant eu un rôle important dans la chute du Kinslayer. Ainsi, derrière un récit d’aventures l’auteur vient brasser de nombreux sujets de façon intéressante.
Concernant les personnages, il y a clairement du potentiel, mais au final les personnages ne m’ont pas tous impacté de la même façon. Ainsi, étonnamment, je me suis retrouvé frustré par l’héroïne Célestaine. Certes dans sa quête, dans les troubles et les émotions qui la déchire, son besoin de trouver une quête et de s’y accrocher, d’y chercher une rédemption, elle ne manque pas d’attrait, mais d’un autre côté son côté amorphe, son incapacité à agir, l’impression qu’elle ne fait qu’attendre que les choses se passent, elle a du mal à clairement s’imposer dans ce récit. Certes elle est désabusée, elle est une héroïne de guerre qui a vécu et vu des choses horribles, mais voilà elle m’a paru trop souvent passive et attentiste plus par besoin scénaristique que logique. Finalement, elle ne paraît être qu’un point d’ancrage de personnages plus intéressant comme le duo Catt et Fisher qui viennent apporter un décalage au récit avec une pointe d’humour, les deux Yorughan et d’autres encore comme le Libérateur ou encore le Barde. C’est vraiment dans les personnages qui gravitent autour d’elle qu’on se laisse porter par leurs aventures et qu’on accroche à eux. Je suis quand même un peu frustré que Nedlam et Heno, les Yorughan, ne soient pas plus développés encore, il y avait clairement le potentiel pour offrir plus, même si rien de bien gênant non plus. J’ai, par contre, trouvé très intéressant le traitement de la relation de ces derniers avec Celestaine et principalement le lien qu’elle lie avec Heno et les conséquences que cela amène.
Maintenant le point qui m’a un peu frustré concernant ce roman, là où le récit aurait pu être encore meilleur selon moi, c’est au niveau de son intrigue. Alors attention, oui il y a des passages épiques, oui il y a des aventures et on se retrouve un minimum dépaysé par le voyage de nos héros, mais voilà c’est clairement très linéaire et surtout trop répétitif. Franchement je ne sais pas si l’auteur cherchait à se moquer d’un tropz du genre, mais le côté on avance, problématique qui est quand même régulièrement la même, celle des héros coincés voir emprisonnés, résolution de cette problématique, on avance à nouveau et cela se répète, m’a paru plus desservir le roman qu’autre chose. On a ainsi l’impression de scénettes répétitives collées les unes après les autres. Alors certes, ça ne m’a pas empêché tout de même de me laisser porter par ce que le récit développe autour, mais c’est quand même dommage et un peu frustrant, car le récit aurait pu être encore meilleur, je trouve, avec plus de variations dans la construction de son fil rouge. La conclusion ne manque pas, par contre, de se révéler épique et intéressante. Concernant la plume de l’auteur elle est simple, efficace et entraînante, réussissant à me plonger facilement dans son histoire et à me faire tourner les pages avec un minimum d’envie d’en apprendre plus. Je lirai sans soucis d’autres de ses écrits.
En Résumé : J’ai passé un très sympathique moment de lecture avec ce roman qui nous propose de plonger dans une Fantasy après l’ultime bataille entre le bien et le mal. L’univers est ainsi l’un des gros points forts de ce récit, cette vision de l’après-guerre, des conséquences que cette dernière a eu, la découverte de peuples et de populations brisés, qui doivent reconstruire et se reconstruire, trouver leurs places. C’est un monde complexe et intrigant que construit l’auteur, qui ne manque pas de rapidement captiver et aussi d’amener de nombreuses réflexions. Ainsi que ce soit sur la notion d’héroïsme, de bien et de mal, de reconnaissance, d’acceptation, de religion, mais aussi sur des sujets plus intimes comme la rédemption, la reconnaissance, le récit brasse de nombreux sujets de façon efficace, soigné et qui ne laissent pas indifférent, montrant clairement qu’une fois la dernière bataille achevée tout ne se termine pas de façon heureuse. Concernant les personnages, j’avoue avoir eu un peu de mal avec l’héroïne principal Celestaine. Certes elle est intéressante dans sa construction profonde, ses envies, ses émotions, mais voilà elle m’a paru trop attentiste, passive et plus par besoin scénaristique qu’autre chose. Heureusement autour d’elle vient graviter de nombreux autres personnages qui ne manquent pas d’attraits. Je regretterai par contre avec ce roman, une intrigue un peu trop linéaire et répétitive dans sa construction ce qui est quand même un peu frustrant et empêché à l’histoire, tout du moins pour moi, d’être encore plus marquante. La plume de l’auteur est simple, efficace et entraînante et je lirai avec plaisir d’autres de ses écrits.
Ma Note : 7/10
Autres avis : Apophis, …
Xapur
Faut que je le sorte de ma PAL, lui, et sa suite (qui n’est pas du même auteur, d’ailleurs).
Apophis
La suite n’est pas DU TOUT du même niveau. Tchaikovsky a voulu lancer un univers partagé à la Wild Cards, mais clairement, Justina Robson n’était pas à la hauteur de la tâche. J’ai dû tenir 10 % de son bouquin, de mémoire, et encore, en me forçant.
BlackWolf
Je le tenterai quand même, histoire de me faire mon avis même si ton retour gâche un peu mon enthousiasme j’avoue.
Xapur
Ouch, dommage. D’ailleurs je ne trouve pas mention de tomes suivants, le projet a peut-être fait long feu.
BlackWolf
J’espère qu’il te plaira autant qu’à moi en tout cas.
Apophis
(merci pour le lien)
Nous sommes d’accord (y compris sur Catt et Fisher, qui sont pour moi les deux meilleurs personnages du roman, et sur la couverture qui est effectivement splendide) ! Merci pour cette excellente analyse 🙂
BlackWolf
Merci pour ton commentaire.
Catt et Fisher m’ont un peu fait pensé à un duo qu’on retrouve dans le cycle Malazéen vu que j’ai lu le T2 il y a peu, je pense à Mappo et Icarium pas tant dans l’humour que dans le décalage entre les deux compagnons.
Lutin82
j’aime beaucoup l’auteur, masi là, je ne suis pas plus tentée que cela…..
BlackWolf
C’est clairement différent de ce qu’il fait d’habitude c’est sûr.