Résumé : Professor Vellitt Boe teaches at the prestigious Ulthar Women’s College, in the heart of the Dreamlands. When one of her most gifted students elopes with a dreamer from the waking world, Vellitt must retrieve her.
But the journey sends her across a world ruled by capricious gods and populated by the creatures of dreams and nightmares—and into her own mysterious past, where some secrets were never meant to surface…
Edition : Tor
Mon Avis : J’ai découvert Kij Johnson il y a plusieurs mois maintenant, à travers la découverte de sa novella Un Pont sur la Brume, qui m’avait offert un excellent moment de lecture à travers un récit captivant, envoutant et plein d’imagination. J’avais alors dans la foulée craqué pour cette novella en VO, reprenant les canons de l’univers de Lovecraft et annonçant un voyage intrigant, mais qui a depuis un peu trainé dans ma PAL. Étant un peu actuellement dans des lectures à fortes thématiques Lovecraftienne, il était donc logique que je fasse sortir cette lecture de ma PAL et lui laisse une chance. Concernant la couverture, illustrée par Victo Ngai, je la trouve superbe.
Ce roman nous emmène dès la première page dans le Ulthar Women’s College où vient de disparaitre Clarie Jurat, l’une des plus brillantes élèves du collège, mais aussi la fille d’un des membres influent de l’établissement, ce qui pourrait avoir de graves conséquences. Surtout que la retrouver s’annonce compliqué, elle a décidé de partir, par amour, avec un homme du monde éveillé. Vellit Boe, professeure du collège, décide alors de se lancer dans un voyage périlleux pour la retrouver et la ramener. Une fois la dernière page tournée, je dois bien admettre que j’ai passé un excellent moment de lecture avec ce court roman efficace et ensorcelant, troublant et étrange, tout en cherchant à nous faire réfléchir. Le voyage de Vellit Boe, même s’il peut paraitre classique aux premiers abords, va ainsi se révéler beaucoup plus complexe et compliqué que ce que l’on pense, que ce soit dans son intrigue, son personnage, comme ses thématiques. Le roman est ainsi aussi bien un récit d’aventures, qu’une quête pour sauver ce monde, mais aussi un travail intimiste sur la vie, le passé, l’avenir ou bien encore un vrai travail de fond sur la position de la femme dans la société. C’est vraiment ce brassage de ses différents aspects qui rendent, selon moi, ce récit marquant et puissant, surtout que l’autrice le fait avec une finesse qui s’avère réussie et bienvenue et qui rend aussi l’ensemble fluide. Les différents aspects sont ainsi entremêlés de façon réussis, formant un ensemble cohérent, trouvant un équilibre et une justesse de ton qui ne m’a pas laissé indifférent. C’est vraiment une histoire qui, pour ma part, brasse énormément de choses et de réflexions, où chaque lecteur devrait s’y retrouver de façon différente je pense.
L’univers que construit l’autrice repose, comme vous devez vous en douter, sur les canons Lovecraftien et plus principalement sur La Quête onirique de Kadath l’inconnue. Je trouve que Kij Johnson s’en sort parfaitement bien dans la réutilisation des mythes et légendes du maître de Providence, tout en y ajoutant sa touche personnelle et en offrant même des nuances nouvelles et originales. Il y a, je trouve, un vrai travail de l’autrice sur l’esthétisme et l’aspect poétique et envoutant du monde qu’elle construit, tout en gardant ce côté sombre, violent et sauvage. On s’imagine ainsi voyager au côté de Vellitt Boe, tout en sachant qu’il pourrait aussi s’agir du dernier voyage tant il se révèle risqué. On se prend alors un peu pour un explorateur qui, à travers les yeux de l’héroïne, découvre de nouveaux lieux, de nouveaux paysages, de nouvelles villes et contrées, des merveilles, avec tout ce que cela occasionne obligatoirement de danger, de rencontres étranges, voir d’horreurs. On découvre ainsi un monde où tout est logique, tout repose sur une cohérence, où les dieux se lancent dans des batailles et des luttes de pouvoir, qui ne se soucient peu des gens, pouvant détruire et faire souffrir sans se soucier des conséquences. Mais surtout on découvre aussi un monde avec sa magie, sa beauté, ses différents « peuples », ses différentes haines et ses différents combats. On découvre aussi une société où les inégalités sont criantes, où la position de la femme dans celle-ci est archaïque, se révélant juste bonne à se marier et qui, pourtant, à travers le regard de l’héroïne et ses expériences, va offrir énormément de réflexions et une complexité supplémentaire.
Concernant les personnages du roman, on découvre ici une héroïne différente de ce qu’on peut croiser dans les autres romans. En effet Vellitt Boe n’est pas une fringante jeune fille qui part à la quête de sa vie et de sa voie, mais plutôt d’une femme de 55 ans qui a déjà vécu une partie de sa vie et qui, à travers ce voyage, va justement nous offrir une vision différente. En effet à travers ses différentes rencontres, ses différentes histoires d’amour qu’elle va par la force des choses croiser à nouveau, son regard sur elle-même ainsi que son évolution, elle va ainsi faire un point sur son histoire, se rendre qu’il est possible d’avoir vécu et de continuer à vivre, à exister. Ce n’est pas parce qu’on prend de l’âge que pour autant des choses nous deviennent interdite, ce n’est pas parce-que notre corps ne répond plus obligatoirement comme avant qu’on ne peut pas vivre d’aventures. On découvre aussi une héroïne complexe, forte, qui a été forgée par ses aventures, ses rencontres, les horreurs de son monde, mais qui continue à avancer, à prendre du plaisir, à voyager et d’une certaine façon à aimer la vie. C’est d’ailleurs le fait qu’elle ait déjà vécue qui va l’amener à offrir une vision différente et aussi très intéressante. Les personnages secondaires qui gravitent autour d’elle sont, certes, moins dense et moins complexes, mais cela ne les empêche pas de se révéler intrigants. C’est principalement dans leurs interactions avec l’héroïne, les souvenirs qu’ils soulèvent, les réflexions qu’ils amènent de façon intelligente qui les rendent intéressants. Eux aussi, d’une certaine façon, ont vieillit, évoluer dans ce monde.
J’ai ainsi passé un excellent moment avec cette novella, que ce soit aussi bien dans la beauté et le côté fantastique du voyage vécu, comme aussi dans les réflexions qu’il soulève ou encore dans l’héroïne qu’il nous présente. La conclusion ne manque ainsi pas de se révéler efficace et percutante dans ce qu’elle amène, les conséquences et aussi dans l’ouverture qu’elle propose. Alors après, je pourrai peut-être regretter un petit goût de trop peu tant j’aurai aimé plonger encore plus longtemps dans ce monde, mais quand on en est à parler de ce genre de défauts c’est qu’on chipote un peu. La plume de l’autrice s’avère clairement soignée, envoûtant et entrainante et a réussi à me captiver dès la première page de son récit. Je vais continuer avec plaisir à découvrir d’autres écrits de Kij Johnson.
Il est à noter que ce roman va être publié en VF aux édition Le Bélial’ le 15 févier 2018 sous le titre La Quête onirique de Vellitt Boe (que je ferai peut-être aussi entrer dans ma bibliothèque pour le travail d’illustrations).
En Résumé : J’ai passé un excellent moment de lecture avec cette novella qui nous offre un voyage qui va s’avérer dépaysant et fascinant, porté par une héroïne charismatique et des thématiques qui ne laissent pas indifférent. Entre récit d’aventure, quête pour sauver le monde et récit intimiste et intelligent, l’auteur brasse de nombreux aspects dans son récit le tout avec justesse et finesse qui rendent l’ensemble efficace, entraînant et captivant. Kij Johnson reprend efficacement dans son univers les canons Lovecraftien, tout en y apportant sa touche personnle ainsi qu’une ou deux originalités. On y découvre ainsi un monde merveilleux, à l’esthétisme poétique et envoutant tout en oubliant pas de se révéler dangereux, violent et sombre. Un univers qui donne envie d’en apprendre plus. Mais le gros point fort vient de l’héroïne, Vellitt Boe, professeure de 55 ans qui part dans ce long voyage et qui offre un point de vue intéressant et efficace. On est loin de la jeune et fringante jeune fille qui part en quête, on découvre ainsi une personne qui a déjà vécue une partie de sa vie, qui va faire le point et nous offrir une réflexion et position intéressante sur la vie, l’âge, l’amour et autres. Les personnages secondaires ne sont pas non plus en reste, offrant leur pierre à l’édifice que construit l’auteur. La conclusion s’avère intéressante dans ce qu’elle soulève, ses réflexions et son ouverture. Alors après, je regretterai peut-être un petit goût de trop peu, mais je chipote tant j’ai été emporté par ce livre le tout porté par une plume soignée, envoutante et entraînante. Je lirai d’autres écrits de Kij Johnson avec plaisir.
Ma Note : 9/10
lutin82
J’avais très envie de la lire te j’ai même failli l’acheter, mais quand j’ai vu que Le Bélial la publierait en 2018, j’ai opté pour le finaliste du prix Hugo : Tom Lavalla et la Balade de Black Tom…. qui sera lui aussi publié en 2018 au Bélial! LOL
Je suis enchantée de ton avis, c’est prometteur!
BlackWolf
J’espère qu’il te plaira autant qu’à moi en tout cas.
Concernant le La Ballade de Black Tom de Victor Lavalle je l’ai lu aussi, je devrais d’ailleurs proposer une chronique fin de semaine prochaine je pense(si tout va bien).
Tesra
ça me parle énormément. Je vais en Angleterre la semaine prochaine, je reviendrai peut-être avec (de toutes façons je ferai un tour en librairies).
BlackWolf
Si jamais tu repars avec, j’espère que ta lecture sera aussi plaisante que la mienne en tout cas.
Bon voyage et profit bien de l’Angleterre, on est allé quelques jours à Londres pour Noël de notre côté.
Emmanuel
Ah ! Bien content que ça t’ait plu ! 🙂
BlackWolf
Oui, il est top content de la découverte. Maintenant il ne me reste plus qu’à faire entrer d’autres livres de l’auteur dans ma PAL. J’hésite entre son recueil de nouvelles ou Fox Women pour ma prochaine acquisition.
L'ours inculte
Ah oui ça a l’air très bon, je guettais des avis après avoir adoré Un pont sur la brume, je vais tenter le coup.
Merci.
BlackWolf
De rien, j’espère que ce petit livre te plaira autant qu’à moi.
Vert
Merci pour cet avis, je pense que je vais craquer pour la VF (illustrée en plus !)
BlackWolf
Yep, surtout illustrée par Nicolas Fructus à ce que je viens de voir il y a quelques jours 🙂