Résumé : Ne vous laissez pas prendre au charme paisible de la campagne anglaise. Un pont ancien ou une trouée dans un bosquet peuvent être autant de passages pour l’Autre Pays, où règnent les fées.
À cheval entre notre monde et l’Autre Pays vivent les magiciens. Et les magiciennes, longtemps interdites d’exercice de la magie et néanmoins puissantes… à leur manière. Pour protéger leur liberté, les dames de Grâce Adieu usent avec délice d’une magie impertinente et amorale. Arborant leur air le plus sage, elles créent des ondes de choc sous la surface du réel et bouleversent l’ordre établi. Elles infligent de cuisantes leçons aux humains, modifient les perspectives et les paysages et maintiennent, selon des règles connues d’elles seules, la paix au royaume d’Angleterre.
Edition : Robert Laffont
Mon Avis : Je me suis lancé dans la lecture de ce recueil de nouvelles car, après la lecture de Jonathan Strange & Mr Norrell, qui se révélait certes lent, mais que je trouvais riche, tant dans l’univers que dans l’écriture (chronique ici), j’avais envie de découvrir ce que pouvait proposer d’autre l’auteur. A noter que ce recueil comporte huit nouvelles et qu’elles se situent toutes dans le même univers que son roman, une Angleterre victorienne, de la magie, des faes plus que rusée et menteurs. A noter aussi la couverture, illustrée par Charles Vess et Petra Borner qui se révèle sympathique, mais surtout les illustrations des nouvelles par Charles vess qui elles, je trouve, sont vraiment réussies et il aurait même été intéressant à mon avis d’en trouver plus. Je vais donc essayer de chroniquer chacun des huit contes.
Les Dames de Grâce Adieu : Voilà un conte vraiment intéressant qui traite de la magie, mais du point de vue des femmes, alors que tout le monde sait bien, qu’à cette époque, la magie est une affaire d’hommes uniquement. Une histoire qui ne manque pas de charme avec des personnages intéressants et où on retrouve avec plaisir Jonathan Strange. Les moeurs pas facile de l’époque ainsi que les discriminations servent parfaitement à construire le background de cette époque, mais je pense que, pour pleinement comprendre cette nouvelle, faut avoir lu le roman. Attention vous ne serez pas perdu si vous ne le lisez pas, juste qu’il vous manquera peut être une ou deux clés, de plus malgré tout le côté mystérieux et magique de cette nouvelle on n’a pas l’impression d’avoir de vraie conclusion.
Sur la Colline Gourmande : Bon j’avoue ce texte est celui qui m’a le moins accroché dans ce recueil, la faute tout d’abord à un style trop ampoulé et à une utilisation d’un langage qui ressemble à du vieux français, ce qui m’a paru surprenant et assez lourd. L’histoire en elle-même reste assez classique avec une dame en difficulté qui fait appel à un garçon-fée pour essayer de se sauver, mais elle manque clairement de surprise et se retrouve à mon goût assez linéaire et possède une conclusion vraiment ouverte qui peut facilement perturber. Après ça peut aussi venir de la traduction, car j’imagine que ce texte, dans le style, ne devait pas être aisé à traduire.
Mrs Mabb : Voilà une nouvelle vraiment intéressante, un conte vraiment surprenant sur deux amants séparés par une fée. Mrs Mabb va donc tout faire pour retrouver son promis malgré les réticences de certains. Un conte vraiment efficace plein de magie, mais aussi surtout de courage et d’abnégation de cette jeune anglaise que tout le monde prend pour une folle et qui recherche simplement à retrouver son bonheur perdu, et même si l’histoire se révèle un peu répétitif dans sa construction et ces péripéties, je me suis laissé emporter par l’histoire et par la plume toujours aussi simple et dense de l’auteur qui vient compléter parfaitement ce petit conte.
Le Duc de Wellington Egare son Cheval : Une très courte nouvelle qui reprend des personnages du roman de l’auteur pour les placer dans l’univers de Stardust de Neil Gaiman. Une histoire qui nous présente un village arrogant qui rejette toute autorité, lié à un passage menant à un monde féérique surprenant. Une histoire sur le destin et sa fatalité et le fait que finalement le futur n’est peut-être pas entre nos mains et que changer son avenir n’est pas toujours bon. Certes, cette histoire n’est pas des plus originale mais se révèle vraiment sympathique. Dommage que le format si court fait que l’histoire passe trop vite et offre un goût de trop peu.
Mr Simonelli ou le Veuf Fée : Sûrement l’un des meilleurs textes de ce recueil écrit sous forme de journal et qui va dévoiler la vérité sur un homme qui a été manipulé du début à la fin et dont tout le monde pense du mal face à toutes les actions qu’il a menée. Très vite on va se rendre compte que Mr Simonelli n’est pas le menteur que tout le monde croit, il a mené un combat contre un veuf-fée avec les armes qu’il pouvait. Un texte vraiment intéressant sur la vision des actes de chacun, surtout sur la vision des autres. Un conte qui possède un certain charme et vient remettre en avant le véritable monde de fées qui n’est en rien fantastique et magnifique. Je regretterai juste quelques simplicités surtout sur la conclusion du veuf fée.
Tom Brightwind ou Comment un Pont Féerique fut Construit à Thoresby : Cette fois encore un conte qui nous montre que les bonnes actions des fées n’ont pas toujours de bons côtés et cachent toujours des intentions pas toujours nobles. Un texte assez incisif sur un personnage sournois, Tom Brightwind, mais qui se révèle vraiment passionnant à découvrir. Chaque action aura son bon et son mauvais côté. Même si la conclusion se révèle sans surprises on se laisse emporter par cette histoire pleine de magie et de rebondissements.
Grotesques et Frettes : Une histoire de vengeance entre deux reines qui se disputent le pouvoir, la Reine d’Ecosse cherchant à conquérir le trône de la Reine d’Angleterre en essayant de se servir de Beth, sa geôlière, qui serait une magicienne. Bon j’ai dû passer à côté de ce texte, car il ne m’a pas marqué plus que cela, pourtant il n’est pas si mauvais et est bien construit, mais je ne sais pas, je ne me suis pas complètement accroché que ce soit aux personnages comme à l’histoire en elle-même.
John Uskglass et le Charbonnier du Comté de Cumbria : Un texte intéressant qui montre qu’il ne suffit pas d’être un des magiciens les plus puissants pour tout dominer et qu’il suffit parfois d’un petit Charbonnier pour retrouver un peu d’humilité. On retrouve avec plaisir John Uskglass qui se retrouve en mauvaise posture dans ce conte efficace et sympathique qui ne manque pas de magie et de surprise. Alors certes la morale du plus faible qui tient tête au plus fort reste très classique dans les contes, mais elle est bien travaillée et présentée j’ai trouvé.
Le style de l’auteur est toujours aussi dense, riche et efficace et, il faut bien l’avouer, si vous l’avez trouvé ennuyeux ou trop bavard dans le roman de Jonathan Strange & Mr Norrell il y a peu de chance que vous accrochiez au style du recueil. En effet on retrouve toujours ce côté très descriptif mais aussi ses nombreuses notes de bas de pages qui, personnellement, ne m’ont pas dérangées, apportant un plus à tout ce monde et cette magie, mais qui risque d’en déranger plus d’un. Au final ce recueil peut être un bon test pour découvrir les textes de l’auteur plutôt que se jeter directement sur le roman. En tout cas un recueil de nouvelles sympathiques même si certaines se sont révélées un cran en dessous.
En Résumé : J’ai passé un moment de lecture vraiment sympathique avec ce recueil de huit nouvelles qui nous replonge avec un certain plaisir dans cette Angleterre pleine de magie, de mystères et de féeries, mais aussi plein de sournoiseries. Alors, bien sûr, toutes ces nouvelles ne sont pas au même niveau, avec deux que j’ai trouvé vraiment un ton en dessous mais j’ai retrouvé avec plaisir les éléments qui faisaient la réussite de Norell & Strange tel que cet univers Victorien voir par moment gothique qui se révèle toujours aussi plaisant avec des personnages possèdant ce caractère anglais si imperturbable et efficace et le tout porté par un style riche, dense et rempli de détails. D’ailleurs si vous n’avez pas accroché au style dans le roman je ne pense pas que vous y accrochiez plus dans ce recueil de nouvelles même si le côté court enlève ce que certains percevaient comme des longueurs.
Ma Note : 7/10
Ma première lecture dans le JLNN
Vert
J’avoue avoir trouvé Jonathan Strange et Mr. Norell assez barbant, mais c’est plus dû à la frustration d’avaler les pages sans qu’il ne se passe jamais rien qu’autre chose. L’ambiance, j’aimais
bien à la base.
Du coup je me dis qu’en nouvelles, ça pourrait valoir le coup !
stellade
Je crois que j’avais accroché sur deux nouvelles.
J’avais bien aimé les dessins!
Plume
Je ne crois pas que je retenterai cet auteur, j’ai trop souffert avec Norell ! Je l’ai fini et j’ai apprécié mais j’ai trop peiné sur les lenteurs 🙂