Résumé : L’empire d’Al-Rassan a fait de ses conquérants asharites, venus des sables du désert, un peuple d’artistes et de savants ; l’assassinat du dernier calife a entraîné son éclatement en cités-États rivales. Seul peut-être le roi Almalik de Cartada saura lui rendre sa puissance et son unité, avec le soutien du légendaire Ammar ibn Khairan, poète, diplomate et soldat.
Car une autre menace pèse sur l’Al-Rassan, celle des royaumes jaddites du Nord, divisés, certes, mais avides de reconquérir le pays dont ils s’estiment dépossédés. Rodrigo Belmonte est le plus prestigieux de leurs chefs de guerre.
C’est dans l’exquise cité de Ragosa que se rencontreront Ammar et Rodrigo, pour un temps exilés au service du même monarque. Entre eux, la figure exceptionnelle de Jehane bet Ishake, fille du peuple Kindath et brillant médecin.
Edition : L’Atalante
Poche : J’ai Lu
Mon Avis : Pour situer un peu ma lecture de ce livre, il faut savoir qu’il s’agit en fait d’une relecture d’un roman que j’avais lu plus jeune et qui, à l’époque, m’avait vraiment fasciné, m’offrant un excellent moment de lecture. Je profite donc, comme je l’ai annoncé, du mois spécial avec l’auteur sur le blog de Book en Stock, pour sortir une nouvelle fois de ma bibliothèque ce livre et voir ainsi si mon avis a, depuis le temps, changé ou pas. A noter la couverture, illustrée par Gess, que je trouve très jolie et qui met directement dans l’ambiance de cette Fantasy historique.
Suite à la mort du dernier Khalife, l’Esperagne se retrouve déchirée entre différents royaumes, différents peuples, différentes religions, où de nombreux monarques avides de pouvoir cherchent à s’étendre. Plusieurs destins vont ainsi être amenés à s’entrecroiser face aux évènements terribles qui vont bouleverser cette contrée. L’auteur nous propose ici un roman de Fantasy Historique, par là j’entends un récit dans un pays totalement imaginaire, mais dont, si on s’y penche un peu, on ne manquera pas d’y trouver des ressemblances avec l’histoire de l’Espagne, principalement de la fin de l’Al Andalous. Et je dois bien avouer que j’ai de nouveau été complètement happé par cette histoire, il faut dire aussi que, tant la complexité de l’intrigue, sa fluidité, que sa densité, font qu’on ne s’ennuie jamais vraiment une minute et on tourne les pages avec grand plaisir et envie d’en apprendre plus. L’auteur nous dessine ainsi des jeux d’intrigues et de pouvoirs où chacun met en place ses pions, ses machinations et ses trahisons et où nos trois héros, idéaliste d’une Esperagne révolue, vont devoir faire des choix, des concessions voir même parfois pire. On est ainsi littéralement captivé par la grandeur et la déchéance de ce pays, par la force de ce que construit Guy Gavriel Kay et par l’intensité qui s’en dégage et qui monte au fil des pages pour aboutir à une conclusion que j’ai trouvé des plus déchirante. L’auteur oscille parfaitement entre émotion, action, tension, machination, et maitrise parfaitement son récit pour ne jamais ennuyer ou se perdre.
Concernant l’univers, comme je l’ai dit, on se situe dans une Espagne imaginaire, l’Esperagne, qui possède quelque chose de fascinant, une certaine beauté, toujours bien porté par le travail de description de l’auteur, qui donne envie de visiter ses différentes régions, d’en apprendre plus ; que ce soit d’un point de vue de l’architecture, de la culture, de la poésie qui est un élément très présent et de l’art en général, mais aussi dans leurs différences comme dans leurs ressemblances. Car oui, ce qui finalement va rendre cet univers si intéressant à découvrir c’est principalement grâce à une certaine complexité qui s’en dégage, ce qui fait que chaque peuple, chaque lieu est finalement différent, que ce soit dans leurs religions, leurs visions des choses ce qui permet d’offrir une diversité intéressante, même si on se rend très vite compte que sur le fond, malgré ce qui les opposent parfois jusqu’à la guerre, ils ne sont pas non plus si différents de cela. Un univers qui ne manque pas non plus de nous faire réfléchir, tant certains aspects possèdent encore des échos à notre époque actuelle. Entre guerre sainte, beauté perdue et la fin d’une époque, l’ensemble possède aussi une certaine mélancolie, un sentiment de certitude et de perte qui se dessine au fil du récit et dont on ne souhaite pas tant on a envie d’y rester un peu plus longtemps. L’aspect fantastique, ici présent, se révèle très discret, évitant la sur-utilisation de magie, de bestiaires féériques ou autres pour n’offrir quelques aspects très légers, comme par exemple ce petit don de vision ou cette double lune, ce qui permet ainsi d’ancrer ce récit dans une certaine réalité sans non plus perdre le lecteur de Fantasy.
Concernant les personnages il s’agit là, selon moi, d’un des gros points forts du roman et, je ne peux le nier, le trio des personnages principaux ne m’a pas laissé indifférent tant ils arrivent à s’imposer et ont réussi de nouveau à me toucher dans cette relecture. Il faut dire que Guy Gavriel Kay nous offre des héros qui se révèlent clairement charismatiques, fascinants, prenants et surtout profondément humains, évitant du début à la fin de se révéler manichéen pour finalement s’avérer posséder chacun leurs convictions, leurs doutes, leurs fidélités, leurs faiblesses et leurs forces. On découvre ainsi Jehane, médecin de renom et fille d’un médecin encore plus reconnu, intelligente, courageuse, indépendante qui va se retrouver emportée dans une guerre qu’elle ne comprend pas, oscillant entre deux idéologies, mais aussi Rodrigo Belmonte, Capitaine de renom Jaddite qui n’a jamais été vaincu, intelligent, homme d’honneur envers son pays, qui va voir certaines de ces convictions misent à mal et enfin Ammar Ibn Khairan, assassin, soldat et poète, stratège de génie, mais qui cherche à obtenir un monde meilleur et plus juste là ou la guerre, la haine et la violence se dévoilent de plus en plus. Il est difficile de parler d’eux sans trop en dévoiler, mais en tout cas ce sont vraiment des personnages qui m’ont marqué et m’ont passionné dans leurs aventures, dans leurs relations et dans leurs évolutions. Les personnages secondaires ne sont pas non plus en reste, de nombreux sortant véritablement du lot comme par exemple Alvar soldate Jaddite de la compagnie de Rodrigo, ou encore justement la femme de Rodrigo qui se révèle être une héroïne qui, on peut le dire, sait ce qu’elle veut et ne se laisse pas marcher sur les pieds.
Alors après on pourrait peut-être regretter certaines ficelles que l’auteur utilise un peu trop grossièrement pour faire avancer son intrigue, ou bien un démarrage qui, parfois, prend un peu son temps, mais franchement je n’ai rien ressenti de tel tant je me suis de nouveau retrouvé emporter par la relecture de ce roman. La plume de l’auteur se révèle toujours aussi dense, soignée, d’une certaine façon mélancolique, se situant au plus près des émotions pour mieux nous accrocher. En tout cas Les Lions d’Al-Rassan fait partie, selon moi, des très grands romans de Fantasy, dont je conseille régulièrement la lecture et, qui plus est, est en un seul volume. Maintenant à chacun de voir, en tout cas il faut maintenant que je sors de ma PAL Les Chevaux Célestes qui m’attend.
En Résumé : J’ai passé un excellent moment de lecture (ou plutôt de relecture) avec ce roman qui nous propose de découvrir au fil des pages, une histoire complexe et entrainante de machinations, jeux de pouvoir, manipulations dans une Esperagne déchirée entre religions et avidités de différents monarques. Un récit fort, touchant, réfléchi, dont l’intensité monte au fil des pages pour aboutir à une conclusion déchirante. L’univers développé tout du long se révèle dense et intéressant à découvrir, bien porté par des descriptions qui se révèlent superbes. L’aspect Fantastique se révèle ici très discret ce qui permet d’ancrer un peu plus ce récit dans une réalité proche de la nôtre. Les personnages sont vraiment fascinant, charismatiques, attachants, profondément humains et forts, loin de tout manichéisme. Le trio de personnages principaux m’a vraiment marqué et fait vibrer, par leurs différences et leurs ressemblances, mais aussi par les idées qu’ils soulèvent. Alors on pourrait regretter certaines ficelles un peu grosses pour faire avancer l’intrigue ou un démarrage qui prend un chouïa son temps, mais franchement je n’ai rien ressenti de tel tant je me suis retrouvé happé et emporté par cet excellent récit. La plume de l’auteur se révèle toujours aussi dense, soignée, mélancolique. Les Lions d’Al-Rassan fait partie des très bon romans de Fantasy que je conseille vraiment de découvrir, maintenant à vous de voir.
Ma Note : 9/10
Autres avis : Petitetrolle, Vert, Acr0, …
Jean
Un chef d’oeuvre !
BlackWolf
Je confirme 🙂
c'era una volta
Un roman qui m’a été très chaudement recommandé. Ton avis est soigné et détaillé et regorge d’informations qui me donnent encore plus envie de découvrir ce titre et cet auteur.
Merci
BlackWolf
Surtout que Guy Gavriel Kay fait parti , pour moi, des auteurs qui méritent vraiment d’être découvert, au moins pour se faire un avis.
Vert
Je l’avais beaucoup aimé ce roman, faudra que je lise d’autres romans de cet auteur un jour.
BlackWolf
Moi j’ai encore les Chevaux Célestes dans ma PAL, puis qui sait plus tard encore je me referai bien La Tapisserie de Fionavar.
Acr0
Je me souviens avoir passé un bon moment. J’ai trouvé qu’il était particulièrement bien construit, tant historiquement parlant (fictif créé à partir du réel) que sur les personnages.
(et merci pour le sourire… en redécouvrant mon propre avis où il y a plus long de synopsis que de commentaire ahah)
BlackWolf
Content qu’il t’ai plu, et pas de soucis pour la chronique si j’ai pu aider 😛