Résumé : Ditto, quatorze ans, tient lieu de guide à des excursionnistes venus des plaines. Un jour, lors de l’attaque d’un monstre des cimes, il se découvre un don pour déclencher avalanches, coulées et crues. Un don puissant. Or les écouleurs sont craints et haïs par les montagnards. Bientôt, Ditto se retrouve dans la peau d’un paria et contraint à la fuite. En compagnie d’amis inattendus , il va demander son aide à la Lorlaïe, la nymphe du grand glacier. Mais le marché que lui propose cette dernière lui paraît inacceptable…
Edition : Les Moutons Électriques
Mon Avis : Je continue ma découverte des romans publiés lors de cette rentrée littéraire des Indés de l’Imaginaire. Après le roman sorti chez ActuSF, c’est cette fois vers les Moutons Électriques que je me tourne et ce livre, Le Dompteur D’Avalanches, de Margot Delorme qui voit ici son premier roman être édité. Bon j’avoue, ce qui m’a convaincu de me lancer dans la lecture de ce roman c’est la notion de Fantasy alpestre, je me demandais ce que cela allait donner, et aussi, je suis faible, la référence à Miyazaki qui est pour l’un des créateurs les plus imaginatifs et les plus poétiques en film anime. La couverture, toujours illustrée par Melchior Ascaride pour les Moutons, est franchement superbe, je trouve, et donne envie de plonger dans cette histoire.
Pour autant, malgré mes attentes, je dois bien admettre que je ne suis finalement jamais rentré dans ce roman qui n’a jamais répondu à ce que je pouvais espérer. J’ai eu l’impression d’avoir entre les mains une Fantasy très, voir trop, classique, usant et abusant des stéréotypes, dont la seule particularité est finalement de se situer en montagne. On se retrouve ainsi à suivre le jeune Ditto qui, poursuivi par un dragon de glaces, va voir sa vie sauvée par une avalanche et va même s’en sortir indemne. Durant la nuit, sa Marmotte de compagnie va lui apprendre qu’il est finalement un écouleur, et qu’il doit fuir. Devant l’incongruité de cette scène, vu que l’animal n’avait encore jamais parlé avant, il préfère se rendormir. Je le comprends, ayant une Marmotte à la maison, la nuit aussi j’ai du mal à l’écouter, mais pour une fois il aurait dû le faire et fuir. Surtout que le lendemain, notre cher Ditto décide de voir si c’est la vérité et de tester ses pouvoir sur un tas de farine devant sa grand-mère qui, le héros va nous l’apprendre rapidement, ne le porte pas dans son cœur. Attention, il ne l’a pas fait discrètement dans un coin et s’est fait surprendre, non, non, il s’est servi d’un pouvoir que tout son village considère comme maudit directement devant sa grand-mère. Sa situation déjà très précaire au village s’assombrit directement et il n’a donc d’autres choix que de devoir fuir avec sa Marmotte. En chemin il va faire des rencontres et se lancer dans une quête qui va le changer. En gros, pour résumé, c’est du très très classique, avec la quête initiatique, les pouvoirs, la différence, mais surtout, et aussi, je ne l’avais pas obligatoirement vu venir car présenté nulle part par l’éditeur, c’est selon moi du jeunesse.
Concernant la magie liée à ce monde, plus principalement celle de notre écouleur, je me suis rapidement retrouvé réservé. En effet, maîtriser cette magie ne signifie pas simplement contrôler les avalanches, c’est en fait contrôler tout ce qui s’écoule, donc tout ce qui est flux, donc en gros contrôler l’univers car, à moins que les propriétés physiques de ce monde diffère des nôtres, tout est littéralement en mouvement. Donc en gros Ditto est un peu ce que j’appelle le « Super Sayan » le mec potentiellement surpuissant et invincible. J’avoue ce genre de récit, depuis Pug de Feist, j’ai un peu du mal. Ou bien alors c’est bien amené que ce soit dans l’évolution du pouvoir et des contraintes que cela amène. Ici, justement, c’est tout l’inverse et tout paraît clairement trop facile et sans challenge, notre héros parait ainsi n’avoir aucune contrainte, aucune limite, mais surtout au bout de trois chapitres on se rend très rapidement compte qu’il maîtrise son don avec une rapidité déconcertante. Au bout de deux jours il peut par exemple contrôler des torrents d’eau ou encore maîtriser l’air, ce qui finalement a le don de me déconnecter et de me faire lever les yeux au ciel de frustration. C’est dommage, avec un peu plus de nuances, je trouve que cela aurait été meilleur et plus prenant qu’un gamin surdoué dont la seule faiblesse est simplement qu’il ne pousse jamais ses réflexions.
En ce qui concerne l’univers, là aussi je suis sorti finalement déçu, car au final la Fantasy alpestre présentée n’est finalement qu’une fantasy qui se passe en montagne. Les montagnes n’ont ainsi d’intérêt que d’amener une toile de fond au récit, il n’y a jamais eu ainsi ce petit déclic, cet aspect qui m’aurait franchement emporté dans ce monde imaginaire. Il faut dire que j’ai trouvé que l’ensemble est aussi un peu plombée par une envie de trop en faire. Chaque scène, chaque action, chaque mouvement, passe ainsi par une surabondance de détails qui m’ont paru alourdir par moment l’ensemble. On le ressent surtout dans la première moitié, mais cela n’aide pas à se laisser pleinement captiver je trouve. Ajouter à cela de nombreuses notes de bas de pages pas toujours pertinentes et je n’ai jamais ressenti de côté poétique. Ensuite j’avoue, l’autre argument qui m’avait convaincu de lire ce roman, c’est la comparaison avec Miyazaki et autant le dire tout suite, pour ma part, ça n’a jamais été le cas, loin de là. Ce n’est ni la faute de l’autrice, ni la faute du roman, c’est, je pense, l’éditeur qui voulait créer une accroche, mais pour ma part on est très loin de la poésie du réalisateur. C’est dommage, car forcément cela influe sur mon ressenti. Après je comprends d’où leur est venu l’idée, Margot Delorme propose un bestiaire assez « riche », mais pour autant il n’apporte pas grand-chose au récit ne servant finalement qu’à apporter des péripéties. Un nouvel animal, on le « poutre », on l’oublie et on passe au suivant. Il manque ainsi cette étrangeté, la magie et la poésie du moment, ce travail en profondeur sur le bestiaire que je pouvais attendre. Il ne suffit pas ainsi de créer plein d’animaux différents pour les rendre vivants et envoutants. On notera par contre les nombreuses références et clins d’œil à différents romans de fantasy qui apportent quelques sourires au lecteur.
Concernant les personnages ils ne sont pas mauvais, loin de là, dans leurs constructions il y a un petit côté attachant, mais voilà ils m’ont paru soit trop classiques, soit parfois un peu trop improbables pour complètement me marquer. Ainsi que ce soit Ditto, la Marmotte Fureteur ou bien encore Etincelle le second compagnon de notre héros, ils m’ont paru finalement assez linéaires dans leurs évolutions, dans leurs constructions, leurs doutes. Ditto donnant même, je trouve, cette impression d’être l’un de ces nombreux adolescents vus et revus en Fantasy. Les deux animaux eux, alignent les choix douteux un peu comme s’ils voulaient envoyer régulièrement le héros se battre et parfois avec des justifications un peu minces. Je suis par contre un peu plus circonspect concernant le professeur Barazon qui est un peu le personnage mystérieux du roman, mais qui pour ma part n’a jamais clairement réussi à m’accrocher se révélant finalement très bancal dans toute sa personnalité, sans que ça ne dérange jamais personne. Pourtant, un mec, complètement équipé, qui poursuit un gamin en montagne, je me poserai des questions. Concernant les personnages secondaires, je suis un peu déçu du personnage de Lorlaïe qui tombe facilement dans la caricature de l’être mystique sans aucune finesse alors qu’elle a besoin du héros.
Après, j’ai aussi trouvé que la narration est finalement très répétitive et linéaire dans l’évolution des péripéties. J’ai aussi trouvé une ou deux facilités frustrantes, quelques simplicités ici ou là ainsi que des Deus Ex Machina qui m’ont fait parfois lever les yeux au ciel. Concernant la conclusion, elle se termine sur un cliffhanger et là c’est frustrant, car jamais cette notion de cycle n’a été à un moment mise en avant. De plus je ne sais pas si la suite est prévue, car j’ai lu une interview de l’autrice déclarant qu’elle écrivait un tout autre roman, ou alors elle préfère attendre et reprendre l’écriture de la suite à tête reposée. A voir. L’ensemble est porté par une plume simple, mais pour autant je dois bien admettre que je ressors de ma lecture plutôt déçu. Non pas que le roman soit mauvais, je ne le pense pas, car il a l’air d’avoir trouvé un public, mais pour ma part il n’a jamais répondu aux attentes que je pouvais avoir. La faute vient en partie que je n’ai jamais vu sur le site de l’éditeur que ce roman est un récit jeunesse, j’aurais eu alors d’autres attentes. Ensuite, le souci vient du fait que les récits de Fantsy très classique ont de plus en plus de mal à me convaincre, surtout quand ils manquent de complexité et reprennent un peu trop des ficelles éculées. Au final, je n’étais tout simplement pas le bon lecteur de ce roman et, si suite il y a, je ne devrais pas me laisser tenter.
En Résumé : Concernant ce roman je dois bien admettre que je n’ai jamais réussi à rentrer dedans, ne répondant jamais aux attentes que je pouvais. Je pense que c’est en partie la faute aussi à un soucis de présentation, en effet ce roman est, je trouve, un récit jeunesse, hors jamais cela n’a été mis en avant par l’éditeur. De plus, pour moi, le gros soucis de ce roman vient finalement qu’il s’agit d’une Fantasy très classiques aux ficelles déjà vues et revues pour ceux qui sont habitués du genre. On découvre ainsi un héros au pouvoir qui, présenté dans le récit, paraît surpuissant et qu’il maîtrise limite avec une facilité et une rapidité déconcertante. Depuis Pug de Feist je ne suis plus très fan de ce genre de héros, ou alors il faut que ce soit très bien amené, avec un minimum de gradation et d’évolution. J’avais ausi des attentes concernant l’idée de Fantasy alpestre, mais finalement les montagnes ne servent que de toile de fond sans jamais apporter plus, un peu plombé, il est vrai, par l’envie de l’autrice de trop en faire dans les descriptions. A noter aussi la référence de l’éditeur à Miyazaki, qui m’avait attiré, mais qui m’a paru exagérée tant je n’ai jamais retrouvé ici la poésie et l »envoutement que peut proposer le réalisateur. En ce qui concerne les personnages, ils m’ont paru assez rapidement, soit très classiques, soit un peu improbables dans leurs actes et leurs façon de gérer leurs besoins ou leurs envies. J’ai aussi regretté plusieurs facilités, quelques passages trop simplistes, un ou deux deus ex machina ainsi que de nombreuses notes de bas de pages qui ne paraissent pas apporter toujours grand chose. A noter aussi que ce récit termine sur un cliffhanger, que la notion de cycle n’a jamais été mise en avant nulle part, et que rien ne parait laisser croire qu’un second tome sortira. La plume est simple, mais au final je sui ressorti plutôt déçu de ma lecture. Je ne pense pas que le roman soit mauvais, il a l’air de trouver son public, mais je n’en étais pas le lecteur cible et, de plus, si éditorialement les choses avaient été un peu plus claires, je pense que j’aurai réfléchi avant de me laisser tenter.
Ma note : 3,5/10
Autres avis : Célindanaé, Fantasy à la Carte, …
Apophis
Bon. J’avais déjà Dionysos qui m’inventait du « Water Opera », mais si tu t’y mets aussi avec ta « Fantasy alpestre », moi je ne vais plus m’en sortir 😀
Sinon, c’est tellement rare de te voir attribuer des notes aussi basses que ce roman ne doit vraiment, mais alors vraiment pas être pour moi. Et je suis tout à fait d’accord avec toi, le flou dans la présentation (public visé, cycle potentiel, etc) n’est pas pertinent du tout de la part de l’éditeur.
BlackWolf
Oh, moi je n’invente rien c’est l’éditeur qui présente le roman en tant que Fantasy Alpestre. J’imaginais l’idée comme le pendant de la Fantasy Urbaine ou les villes deviennent quasiment un personnage du roman. Sauf qu’ici le soucis c’est que les montagnes n’ont finalement d’intérêt que comme paysage et n’apportent pas grand-choses d’autre.
Non, franchement je doute fortement que ce livre soit pour toi, car même si on enlève le flou éditorial, c’est beaucoup trop classique sans arriver à trouver sa voie propre.
Herbefol
Une vraie fantasy alpestre ce serait plutôt la bd Le génie des alpages de F’murr. 🙂
Apophis
Ou la nouvelle « L’embarcadère des étoiles » du cycle des épées de Fritz Leiber.
BlackWolf
@Herbefol @Apophis. Fritz Leiber ça fait un moment que je me dis que je dois les lire, par contre concernant Le Génie des Alpage je ne connaissais. Merci des conseils.
L'ours inculte
Hé ben c’est pas brillant pour toi, cette rentrée des indés. Plus qu’un essai !
BlackWolf
Ça arrive, je pense que je n’étais pas le bon public pour cette rentrée des Indés. Maintenant oui, il reste encore un essai.
Boudicca
Avis encore une fois partagée, même si j’ai été un peu plus sensible que toi au décor. Pour le reste, on est sur la même longueur d’onde. Il n’y a que Les mondes-miroirs qui m’ait vraiment convaincu pour cette rentrée du coup :-s
BlackWolf
justement, les mondes-miroirs n’a pas encore rejoint ma PAL. J’avais un peu peur, n’ayant encore rien lu de cet univers de me sentir un peu perdu, j’attendais donc les premiers retours.
Justine
D’accord avec tout ce que tu as dit et j’ajouterais même deux autres points qui personnellement m’ont beaucoup perturbés. D’abord la « langue » des personnages avec des phrases types « salut mon poto » ou « ça baigne tout roule ». On a l’impression d’une tentative d’humour dans un contexte qui, comme tu l’as dit, est très très classique. L’autre point ce sont les références à la pop culture (ce qui rejoint finalement le premier point) le « J’aime l’odeur du Nabalm au petit matin » aurait pu être très sympathique si notre héros n’était pas en train de fuir pour sa vie… J’avais l’impression que le style se voulait comique dans un univers qui ne l’est pas ce qui créé un décalage et donne une impression de roman ado mal fichu.
J’ai fureté sur le net pour voir si les gens pensaient comme moi, du coup je vais rester un peu dans le coin, j’aime bien ici 🙂 Chouette découverte.
A bientôt
BlackWolf
Déjà merci d’être passé par ici et d’avoir laissé un commentaire. C’est vrai que le style se veut léger et un peu humoristique ce qui, pour moi, montre aussi que ce roman se voulait jeunesse, évitant ainsi de paraitre trop sombre. Après comme je dis dans ma chronique, je pense que ce roman a « mal » été vendu par l’éditeur, visant un public trop large je pense. Je peux me tromper, il arrive à trouver son public même chez des grands lecteur d’imaginaire, mais c’est l’impression que j’ai.
Pas de soucis, tu peux t’installer dans le coin il y a de la place ^^