Résumé : 1341, sur les traces de son passé, le Bâtard de Kosigan et sa compagnie s’enfoncent dans les profondeurs de l’Empire germanique au service d’un puissant seigneur du Rhin. Les mystères s’épaississent, mêlant complots, magie et religion, sur fond de chasse aux sorcières. Le chevalier devra naviguer avec prudence sur des eaux redoutables où l’Inquisition rôde et où il est parfois difficile de distinguer amis et ennemis. À quelques siècles d’intervalle, Kergaël de Kosigan tente d’élucider les interrogations soulevées par les écrits de son ancêtre. Mais remuer les secrets de l’Histoire s’avère périlleux et la vérité a toujours un prix.
Edition : Mnémos
Mon Avis : Il y a un peu plus de deux ans maintenant, je me suis lancé dans la découverte des aventures de ce Bâtard de Kosigan un peu sur un coup de tête. J’ai ainsi plongé dans un cycle dont les deux premiers tomes m’ont offert un bon moment de lecture, efficace et entraînant, avec son lot de mystères et de complots (ma chronique du Tome 1, Tome 2). D’ailleurs la fin du second tome, lassait quelques questions secondaires en suspend dont la suite devait nous dévoiler les réponses, que ce soit en partie sur le passé du Bâtard comme sur la ligne temporelle de 1899 et j’avais hâte de me plonger dans cette suite. Concernant la couverture, illustrée par Emile Denis, elle est dans la même lignée que les précédentes et s’avère sympathique.
Après l’indépendance de la Champagne, puis les prémices de la guerre de Cent ans, cette fois notre bâtard va aller visiter l’Empire Germanique, puisque lui et sa troupe ont été engagés par l’herzog Dagmar, le tout sur fond d’élection du nouvel empereur. Sauf que voilà, notre chevalier n’est pas là que pour simplement remplir sa mission et son compte en banque, il espère aussi en apprendre plus sur certains secrets qui le concerne. Plusieurs siècles plus tard, le descendant de Kosigan cherche toujours à en apprendre plus sur ses fameuses origines et aussi sur ce fameux passé ou la féérie est de mise, mais a complètement disparu depuis. Franchement, une fois la dernière page tournée je dois bien admettre que je continue à passer un bon moment avec les aventures trépidantes de ce héros, mais voilà pour autant ce tome m’a, d’une certaine façon, un petit peu plus frustré que les premiers. Alors clairement, on y retrouve les qualités et les défauts des autres tomes. L’auteur a ainsi toujours cette capacité à nous offrir une histoire et une intrigue qui se révèle fluide, sans temps, morts, terriblement efficace et entraînante. On a ainsi l’impression de plonger dans un récit très visuel, vivant, qui nous captive assez rapidement et dont on tourne les pages avec un minimum d’envie d’en apprendre plus. Surtout que, comme les deux premiers, le récit ne manque pas de rebondissements, le tout porté par une narration qui nous immerge assez finalement dans ce récit, toujours porté par un chapitrage assez court et percutant.
Concernant l’intrigue en elle-même, le récit est toujours scindé en deux avec une partie de l’histoire au 14ème siècle concernant le bâtard et une autre sur deniers jours du 19ème siècle, début du 20ème siècle avec son descendant. Cette dernière, dans les tomes précédents, m’avait laissé un peu perplexe, car même si elle n’était pas en soit mauvaise, elle n’apportait pas toujours grand chose à l’ensemble. Sauf que voilà, dans ce troisième tome, elle va prendre enfin de l’importance, la vérité va finalement commencer à se dévoiler, des organisation secrètes vont se révéler. Notre héros, Kergaël, va alors avoir fort à faire pour essayer de comprendre le passé et déterminer comment cet aspect mystique et magique a bien pu disparaitre de tous les livres d’Histoire et en quoi son ancêtre est impliqué dans tout cela. Les luttes de pouvoir dans l’ombre prennent donc une plus grande importance et j’ai ainsi beaucoup plus facilement accrocher à cette partie de l’intrigue qui se densifie et se complexifie de façon efficace, surprenante et captivante. On pourrait reprocher peut-être un ou deux hapitre qui tombent un peu dans le côté professoral et académique concernant l’histoire de la mainmise de la religion chrétienne, mais franchement rien de très dérangeant tant le voile de mystère se lève enfin et donne clairement envie d’en apprendre plus.
Le soucis c’est qu’à l’inverse, l’intrigue qui tourne autour du 14ème siècle de son côté perd un peu de ce qui faisait de son attrait dans les tomes précédents. En effet, comme tout bon vase communiquant, vu que le roman ne peut pas doubler son nombre de pages, quand une intrigue prend de plus en plus d’ampleur, l’autre voit son volume obligatoirement diminuer. A moins de trouver un juste milieu parfait, cela se ressent obligatoirement ce qui a pour conséquence ici, je trouve, de donner l’impression que l’intrigue du bâtard en Empire Germanique est, tout d’abord, une introduction et ensuite elle est traitée un chouïa rapidement. En effet il faut savoir que ce troisième tome appelle obligatoirement à lire le quatrième pour les deux intrigues, contrairement aux précédents qui voyaient le Chevalier de Kosigan et sa troupe de mercenaires à minima terminé leurs missions, même si certains fils rouges secondaires restaient ouverts. Attention je ne dis pas que cette partie de l’intrigue est mauvaise, non elle a de nombreux attraits et offre quelques mystères, mais voilà elle perd un peu de son énergie et surtout là où elle prenait le temps de se construire à chaque fois dans les deux premiers tomes, donne ici l’impression d’aller un peu vite pour compenser. C’est légèrement frustrant, même si on se laisse quand même porté par les aventures de nos héros.
Concernant l’univers il continue à se révéler solide et intéressant, avec ce mélange d’Histoire et de féérie. Cette idée que des êtres fantastiques auraient existé et auraient influencé notre Histoire avant d’être complètement effacé ne manque pas d’attrait. Surtout que Fabien Cerutti arrive à lier les deux avec facilité, sans jamais donner l’impression de complètement différer de l’Histoire. Un vrai travail d’orfèvre qui sonne juste et offre une image de fond captivante. Cette fois-ci on se penche un peu sur les sorcières et surtout sur le rôle de l’Inquisition et de son importance dans la chasse aux sorcières, avec tout ce que cela peut soulever comme réflexions. On découvre aussi un peu l’Empire Germanique, ses jeux de pouvoirs et son importance. Alors comme je l’ai dit, vu que l’intrigue sur le Bâtard est plus « courte » il est un peu tôt pour juger de ce qu’apporte ces deux éléments, mais en tout cas pour le moment ils sont plutôt bien introduits et soulèvent des questions qui demandent des réponses. Concernant les personnages, ils sont toujours aussi intéressants et efficaces à suivre. Le bâtard, même s’il a toujours ce côté tiré un peu des films d’espion de tombeur avec son lot de femme fatale, va devoir se surpasser, car sa mission est loin d’être gagnée et elle risque même de lui en couter beaucoup. Son descendant, Kergaël, même si par moments certaines transitions paraissent un peu facile, continue à nous captiver par une certaine fougue, une certaine folie. Les personnages secondaires ne sont pas non plus en reste et je ne doute pas que certains d’être eux devraient prendre de l’ampleur par la suite. L’ensemble est aussi porté par des dialogues énergiques et qui ne manquent pas non plus d’humour bienvenue qui offre un équilibre avec ce côté sombre historique.
Concernant la conclusion, et principalement le cliffhanger, elle est à la fois, pour moi, un point fort et un point, je ne dirai pas faible, mais peut-être frustrant. C’est bien simple le tome trois et quatre, qui va sortir prochainement, forment un tout. Par conséquent oui conclure sur une telle ouverture, pour peu qu’on se soit laissé porter par le récit, donne obligatoirement envie de lire la suite. Mais voilà, d’un autre côté on a l’impression d’un récit coupé en deux. Alors je deviens peut-être vieux, mais pour moi, de plus en plus, ce genre de fin me laisse perplexe. Je ne parle pas obligatoirement de cette série, dont d’ailleurs je trouve que justement Fabien Cerruti s’en sort plutôt bien en proposant quelque-chose d’intéressant avant de conclure, mais plutôt d’un effet que je vois de plus en plus dans des romans. Un peu comme si tout le récit était basé et construit simplement sur ce fameux cliffhanger, ce qui marche sûrement pour d’autres lecteurs, mais moi me laisse perplexe. De plus c’est un peu compliqué car il faut différencier le cliffhanger qui vient clôturer un tome d’une certaine façon logique et celui qui donne plus l’impression de dire « bah désolé j’ai pas pu finir mon récit, donc tiens, après une belle introduction, je te coupe dans ce moment Argh! pour te faire revenir » et tout dépend clairement de ce qui a été proposé avant. Je vais arrêter de digresser, cette réflexion s’avérant plus général et, comme je l’ai dit, ne concernant pas obligatoirement ce tome du bâtard qui propose plus que ce simple suspens, mais voilà comme dernièrement j’en lis de plus en plus, je me suis permis de faire un point, car cela peut jouer sur mon ressenti. Dans tous les cas, ce troisième tome s’avère sympathique à lire, bien porté par une plume vivante, efficace et entraînante et je lirai la suite avec plaisir pour enfin connaître la conclusion à certaines questions.
En Résumé : J’ai passé un agréable moment avec ce troisième tome des aventures du Bâtard de Kosigan. On plonge ainsi toujours dans cette double intrigue qui voit cette fois-ci celle de Kergaël de Kosigan, au début du 20 ème siècle, prendre de l’ampleur et un peu damer le pion à l’intrigue du Chevalier. Elle se dévoile enfin et contrairement aux tomes précédents où je trouvais qu’elle n’apportait pas toujours énormément, devient ici plus captivante, malgré un ou deux chapitres au ton un peu trop académique. Mais cela a pour effet aussi d’éclipser un peu le fil rouge du Bâtard que j’ai trouvé un peu moins dense, un peu moins rythmé, légèrement introductif et traité sur certains points un peu rapidement, ce qui est légèrement frustrant. L’univers continue à s’avérer solide et efficace, nous amenant cette fois en plein Empire Germanique avec en toile de fond la montée de l’inquisition et toutes les questions que cela peut soulever. Les personnages sont toujours bien présents, avec ce bâtard, que je trouve toujours un peu trop James Bond tombeur de ces dames, entouré de femmes fatales mais qui va devoir faire très attention sous peine de perdre beaucoup. Kergaël de son côté s’avère tout aussi énergique et prenant. Un troisième tome bien porté par un chapitrage court et une narration fluide et vivante qui fait qu’on se laisse facilement porter jusqu’à cette conclusion cliffhanger. En effet le troisième et quatrième tome ne forment qu’une histoire, ce qui peut s’avérer un peu frustrant, surtout que j’ai l’impression qu’il s’agit d’un procédé à la mode dernièrement, même si ici cela m’a moins dérangé que pour d’autres romans. Maintenant cela n’enlève rien aux qualités de ce tome, mais lui donne peut-être une légère impression de tome d’introduction. Le tout est porté par une plume vivante et entraînante qui fait qu’on plonge avec plaisir dans les aventures de nos héros et je lirai la suite avec un minimum de plaisir et d’envie d’avoir enfin des réponses aux questions qu’on se pose.
Ma Note : 7/10
Autres avis : Dionysos, l’Ours Inculte, Célindanaé, Dup,
lutin82
Ce n’est pas la première fois que je lis des critiques plutôt positives. Je compte donc me lancer un jour ou ‘autre dans cette aventure.
En revanche, par rapport à ce que tu en dis, et le plaisir de lecture qui ressort de ta critique, je trouve que la note est un poil sévère. Ou est-ce juste cette narration avec un 4° tome obligatoire qui l’explique ?
BlackWolf
Alors c’est peut-être pas obligatoirement pas très clair dans ma chronique. Les deux premiers tomes sont très sympas à lire. Le troisième je l’ai trouvé un tout petit peu moins fun car, oui, il appelle un quatrième tome. Mais ce qui me dérange ce n’est pas le suspens de la conclusion, mais plus le fait que découper un récit qui parait « trop » imbriqué implique aussi une sorte de cassure dans le rythme. Là j’ai essayé de le mettre en avant que l’intrigue du 14ème siècle est un peu moins prenante car simplement introductive. Celle du 19ème compense en partie car elle est plus prenante, mais voilà elle ne compense qu’en partie et cela m’a paru légèrement frustrant.
Je ne sais pas si je me fais bien comprendre dans mon explication.
Dionysos
C’est vrai que l’intrigue du XIVe est moins dense, du coup. Je ne m’attendais pas à un rythme cassé net en fin de volume, mais ça ne m’a pas gêné pour autant.
J’espère que tu vas pouvoir enchaîner vite avec le 4 début 2018 pour ne pas rester sur ta faim. 🙂
BlackWolf
Va falloir attendre le sImaginales je crois, il ne sortirait pas avant Mai 2018, mais oui il finira dans ma PAL. J’aime bien ce petit cycle de Fantasy avec mélange d’histoire et d’uchronie malgré ces défauts, il y a un côté détente et entraînant qui me plait bien. Je ne vais donc pas manquer la suite.
Rose
Comme je n’ai lu que le premier, je retiens qu’il vaut mieux de toute façon que j’attende le 4 pour avancer dans la série (et probablement relire le premier que j’avais trouvé assez dense) !
BlackWolf
Cela me parait une bonne idée, même si de mon côté la relecture du premier n’était pas obligatoirement nécessaire.