Résumé : Lancelot est le plus grand des chevaliers de la Table ronde mais aussi celui dont le destin est le plus tragique lorsqu’il trahit Arthur, son roi, en tombant amoureux de Guenièvre.
Loyal, pur et traître, il ne cesse de nous interroger depuis des siècles, se réinventant à chaque époque.
Neuf auteurs confirmés de l’imaginaire se sont emparés de sa figure pour lui inventer de nouvelles aventures, donnant un éclairage nouveau à ce personnage résolument moderne. Neuf éclats de son âme. Et un peu de la nôtre.
Edition : Actu SF
Mon Avis : Comme d’habitude, à chaque fois que je participe à un festival, je repars sous le bras avec l’anthologie associée, si elle existe. Zone Franche n’a pas manqué à la règle et l’anthologie a donc rejoint ma PAL. Il faut dire aussi que le sujet se révélait vraiment intéressant sur le personnage de Lancelot, un des héros les plus complexes du cycle arthurien selon moi et mes petites connaissances sur le sujet. Il faut aussi ajouter à cela une couverture, illustrée par Ryohei Hase, qui se révèle vraiment magnifique. Au final beaucoup d’arguments qui ont fait que ce livre est rapidement entré ma bibliothèque. À noter que ce livre est composé de neuf nouvelles.
Le Donjon Noir de Nathalie Dau : Cette nouvelle ouvre de façon vraiment intéressante et efficace ce recueil, déjà par son intrigue qui reprend un peu dans sa globalité la complexité du chevalier dans le cycle arthurien principalement par sa relation avec Guenièvre, mais aussi par la façon dont l’auteur traite du sujet. En effet elle met en avant l’influence importante du monde d’en dessous sur les humains qui, d’une certaine façon à travers des manipulations et trahisons, joue avec les hommes, et met en avant aussi que la relation ambigue entre Lancelot et la Reine est peut-être beaucoup plus complexe qu’on le croit. L’ensemble offre ainsi une nouvelle Fantasy comme sait si bien l’offrir l’auteur à travers une plume efficace, poétique et soignée.
Lancelot-Dragon de Fabien Clavel : L’auteur nous offre ici une nouvelle plus théologique avec l’aspect chrétien de la quête du Graal confrontés avec des mythes plus païens qui remettent en cause la forme même de ce Graal et le but de sa conquête. On retrouve ainsi ici un Lancelot, rejeté, banni par les siens qui cherche à disparaitre et à oublier, mais qui se retrouve justement poursuivi par cette quête qui le hante. Un mélange complexe de rédemption et de souffrance qui va pousser notre héros dans ses ultimes retranchements, dans ses plus sombres folies et le pousser ainsi à voir ses plus grandes forces, mais surtout ses plus grandes faiblesses. Un récit vraiment efficace et intéressant.
Le Meilleur d’Entre Eux de Lionel Davoust : Cette nouvelle nous présente un Lancelot de retour chez lui, les mains vide de sa quête du Graal en Palestine. Pour ce texte l’auteur a décidé de mettre en avant la quête même, loin du mythe qu’on connait, nous présentant quelque chose de beaucoup plus humain où Arthur et ses chevaliers s’en servent simplement pour amener l’espoir dans le cœur de la population qui vit une période sombre entre épidémies et guerres. On est donc loin du mythe chrétien avec toute sa mythologie et ses influences magiques et mystiques. Mais voilà le tout s’étiole devant le peu de résultats obtenus, le peuple commence a déprimer et à râler ; il manque un point important à toute légende et Lancelot sait lequel. Une nouvelle vraiment accrocheuse par la façon dont l’auteur traite au final de la foi et de ce qu’elle peut pousser à faire, mais aussi de son utilité dans la manipulation pour l’unification de tous face aux désagréments du destin, offrant ainsi une réflexion vraiment intéressante sur le pouvoir de la conviction et de la spiritualité, mais remettant aussi Lancelot au centre même du mythe. Un texte que j’ai trouvé réussi et captivant.
Le Vœu d’Oubli de Armand Cabasson : Je ne connaissais pas l’auteur avant de lire ce texte. Une nouvelle qui nous présente un Lancelot qui, ayant décidé de tout oublier pour éviter toute tentation et toute trahison, vagabonde dans le monde entier, offrant son épée pour continuer à avancer, mais qui doit respecter certaines règle pour ne jamais se souvenir sous peine de grands malheurs. Mais comment faire quand tout joue pour l’obliger à se rappeler. Ce texte nous présente Lancelot sous son personnage épique et guerrier qui cherche à lutter contre ses désirs et finalement contre lui-même, mais on ne peut jamais vraiment remporter ce genre de combat, tout du moins jamais seul. L’auteur nous offre d’ailleurs une scène de combats vraiment magistrale et entrainante. Un texte que j’ai trouvé au final très sympathique mais frustrant car, je trouve, qu’il aurait mérité d’être plus développé.
Je Crois que Chevalerie y Sera de Anne Fakhouri : L’auteur a décidé de mélanger, à travers cette nouvelle, le cycle arthurien à son propre univers déjà développer dans Le Clairvoyage. On se retrouve ainsi à suivre ici Gauvain à la recherche de Lancelot qui a disparu et qui va se retrouver confronter à de nombreux périples et de nombreuses rencontres déroutantes. On trouve ici un texte qui se révèle vraiment dense, complexe et que j’ai trouvé vraiment réussi. Une nouvelle qui nous propose en premier lieu de découvrir, à travers Gauvain et ses rencontres, Lancelot par la façon dont chacun le voit, mais aussi dont lui se voit. Une quête identitaire par le prisme du regard d’autrui, où on ne voit d’ailleurs jamais vraiment le chevalier, qui va dévoiler un héros torturé, adulé et aimé des autres mais qui au fond de lui cache de sombres secrets et de sombres pulsions. Mais c’est aussi un texte sur l’imagination, qui démontre que finalement le mythe et la chevalerie existent par le rêve des uns et des autres, principalement de celui des enfants dans toutes leur innocence et leur folie. Un texte profond, surprenant et qui possède aussi ses pointes d’humours fantasques.
La Tête qui Crachait des Dragons de Thomas Geha : Cette nouvelle propose un texte mélange de Fantasy et d’onirisme dans un monde où les dragons ont envahi le pays et où le seul espoir est de retrouver Lancelot. Un Lancelot en-dehors des réalités depuis ses lourdes pertes, qui s’auto-détruit dans des transes et qui ne va peut-être pas se révéler le héros que tout le monde attendait. Un texte efficace, prenant, sans temps-morts et rempli de rebondissements, mais qui offre aussi une réflexion intéressante sur la folie ainsi que sur le pouvoir de l’esprit, mais qui aurait sûrement mérité, selon moi, une conclusion un peu plus longue peut-être. Je me suis senti légèrement frustré devant ses quelques lignes d’explications finales, même si elles remplissent parfaitement leurs rôles.
Les Gens des Pierres de Franck Ferric : La postface met en avant que l’auteur nous offre ici une variation du poème The Lady of Shalott, où l’héroïne est obligée de vivre recluse dans une tour sans possibilité de voir la réalité, excepté à travers un miroir placé dans sa chambre, sous peine de le détruire. Je ne connaissais pas du tout ce poème ce qui a peut-être influencé ma vision de ce texte car J’avoue j’ai eu un peu de mal à complètement accrocher. Il n’est pas mauvais, principalement sur le travail sur les chevaliers de Camelot épuisés, aigris et jaloux qui essaient de maintenir debout un château qui tombe en ruine et de trouver l’espoir. Leurs visions de la vie va se retrouver alors complètement bouleverser le jour où Taliesin va leur rendre visite. Là où j’ai moins accroché c’est l’imbrication de la Dame de Shalott dans tous cela, les deux histoire ayant, selon moi, du mal à vraiment se rejoindre malgré une fin pleine d’espoir de rédemption. Comme si l’auteur racontait deux histoire différentes et pouf elles se rejoignent à la fin comme par enchantement. Dommage j’ai l’impression d’être un peu passé à côté.
Lance de Jeanne-A Debats : Avec cette nouvelle on revient dans le plus contemporain, en 1937 pour être précis. Navarre le vampire (déjà présent dans Métaphysique du Vampire et d’autres nouvelles) part en mission pour aller réveiller Lancelot pour qu’il tue un Dragon avec la Sainte Lance. On retrouve avec plaisir notre vampire à la sexualité débridé dans une histoire toujours aussi efficace, pleine d’action, de rebondissement et de surprises l’ensemble toujours aussi bien porté par des dialogues percutants et des personnages hauts en couleur. Mais surtout l’auteur nous offre une réflexion intéressante sur la chevalerie et la perception qu’on en a, Lancelot se révélant aux premiers abords un être magnifique, empli d’honneur, mais qui au fil des pages va se révéler complètement différents, hors du temps et bourré de principes, souvent sectaires, d’une époque révolue et qui n’auraient jamais dû ressortir. Au final le héros, le chevalier, n’est pas toujours qui l’on croit ni celui dont on a besoin. L’ensemble est toujours présenté sur un ton drôle, décalé et cynique qui fait qu’on se laisse toujours aussi facilement emporter par cette aventure.
Pourquoi dans les Grands Bois, Aimé-je à M’égarer de karim Berrouka : De nouveau cette nouvelle plonge Lancelot dans un univers contemporain récent et, comme la nouvelle précédente, l’auteur situe le chevalier dans son propre univers d’enquêteurs déjà présenté dans le roman Fées, weed & guillotines. L’équipe de la BCE va enquêter après un massacre en forêt bretonne et vont y trouver un ermite qui se trouve être Lancelot, à la recherche de tranquillité dans son immortalité, que vient déranger fréquemment Gauvain qui cherche à se venger. De nouveau sur le ton de l’humour, j’ai trouvé cette nouvelle sympathique, même si elle ne m’a pas complètement convaincue la faute, selon moi, au déséquilibre entre les enquêteurs déjanté aux profils si différents et Lancelot. Le chevalier se révèle être limite que secondaire, sauf dans ce duel de conclusion plein de gouaille avec Gauvin qui se révèle complètement délirant et efficace. En tout cas les personnages, ainsi que l’humour de l’auteur et le ton léger m’ont donné envie de lire son roman pour découvrir ses héros dans une histoire qui leur est propre.
Lancelot est un personnage vraiment complexe dans sa façon d’être appréhendé par chacune à la fois noble et traitre, aimé et déteste, héroïque et fourbe, un héros aux multiples visages dont les neufs textes de cette anthologie nous proposent une variation à chaque fois différente et finalement nous présente un protagoniste souvent simplement humain. Des nouvelles qui, dans l’ensemble, même si elles ne m’ont pas toutes accrochées de la même façon et avec la même intensité, se révèlent intéressantes et m’ont offert un bon moment de lecture et de découverte aussi sur le cycle arthurien.
En résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec cette anthologie qui nous propose neuf textes différents sur Lancelot, un personnage haut combien complexe et compliqué. Qu’il se retrouve dans un univers d’époque où un univers contemporain, dans l’ensemble ces neufs nouvelles se sont révélées vraiment intéressantes et efficaces même si elles ne m’ont pas toutes accrochées de la même façon. Entre humour, fantasy, onirisme ou magie chaque texte apporte sa propre pierre à la légende ainsi qu’au personnage et mérite d’être découvert pour peu qu’on s’intéresse à Lancelot. Je suis content d’avoir pu découvrir cette anthologie qui m’a aussi permis de découvrir des auteurs dont je n’avais encore lu aucun texte.
Ma Note : 8/10
Vert
Je l’ai acheté aussi, c’est bon de savoir que va y avoir de chouettes choses à lire dedans ^^
BlackWolf
Oui, j’espère que les nouvelles te plairont. Bonne lecture.