Résumé : Carolyn était une jeune Américaine comme les autres. Mais ça, c’était avant. Avant la mort de ses parents. Avant qu’un mystérieux personnage, Père, ne la prenne sous son aile avec d’autres orphelins.
Depuis, Carolyn n’a pas eu tant d’occasions de sortir. Elle et sa fratrie d’adoption ont été élevés suivant les coutumes anciennes de Père. Ils ont étudié les livres de sa Bibliothèque et appris quelques-uns des secrets de sa puissance. Parfois, ils se sont demandé si leur tuteur intransigeant ne pourrait pas être Dieu lui-même.
Mais Père a disparu – peut-être même est-il mort – et il n’y a maintenant plus personne pour protéger la Bibliothèque des féroces combattants qui cherchent à s’en emparer.
Carolyn se prépare pour la bataille qui s’annonce. Le destin de l’univers est en jeu, mais Carolyn a tout prévu. Carolyn a un plan. Le seul problème, c’est qu’en s’acharnant à créer un nouveau dieu elle a oublié de préserver ce qui fait d’elle un être humain.
Edition : Denoël Lunes d’Encre (publié le 24/08/2017)
Traduction : Jean-Daniel Brèque
Mon Avis : Ce livre, cela fait quelques mois que j’en entends parler, que ce soit aussi bien dans les retours que j’ai vu passer du roman en VO, comme de la communication tournant autour de celui-ci qui me donnait envie de le fair entrer dans ma PAL. Il faut bien admettre que le résumé jouait beaucoup dans mon envie de découvrir ce récit, se révélant à la fois intrigant et accrocheur. Par conséquent quand on m’a proposé de le découvrir, j’avoue que je me suis facilement laisser tenter. A noter aussi la couverture, illustrée par Aurélien Police, que je trouve franchement magnifique.
Ce roman nous plonge dans un monde proche du nôtre où des enfants ont été élevés, suite à la mort de leurs parents, par Père dans La Bibliothèque. Sauf que voilà l’enseignement de Père n’est pas des plus orthodoxes, permettant de voir l’avenir, le passé, de faire revenir les morts, parler toutes les langues inimaginables même celle des animaux et surtout se révèle très brutal. Bien des années plus tard, Père a disparu et il est impossible d’accéder à la Bibliothèque, ce qui a le don de rendre nerveux ces « protégés » qui sont loin d’être devenu des enfants de coeur. Alors, je dois bien admettre qu’une fois la dernière page tournée j’ai passé un assez bon moment de lecture, ce livre proposant de nombreuses qualités, mais voilà quelques points ont quand même fait que ce récit n’a pas non plus complètement répondu à mes attentes. Il s’agit clairement d’un roman complètement barré, mais barré dans le bon sens, celui qui donne envie de tourner les pages pour en apprendre plus offrant de bonnes idées. Cela ne plaira peut-être pas à tout le monde, mais je reconnais l’ambition de l’auteur de vouloir offrir quelque-chose d’assez grandiose et explosif qui fait que, oui, je trouve qu’on en prend plein les « yeux » et que ça marche. On se laisse ainsi happer très rapidement par le récit bien rythmé en rebondissements et révélations et on se retrouve à tourner les pages facilement. La construction du récit, entre l’enquête pour comprendre ce qui arrive et des flashbacks, offre ce qu’il faut de mystère pour jouer avec le lecteur, mais aussi de complexité, même si j’y reviendrai.
L’un des gros point fort selon moi vient de l’univers qui nous est présenté. Il y a un côté assez jouissif à imaginer cette toile de fond qui nous est présenté où des bibliothécaires seraient aux commandes de l’univers. Certes, pas des bibliothécaires ordinaux, mais quand même le savoir reste dans les livres. D’imaginer un monde ou des forces sans communes mesures existent et sont cachées aux yeux de tous. Mais surtout plus on avance dans ce récit, plus cette fameuse bibliothèque et ce fameux Père sont loin d’être des « anges », où l’éducation repose plutôt grandement sur l’écoute et la discipline. Et franchement on peut aller très loin d’un point de vue discipline quand on sait ressusciter les morts. Vous allez me dire déjanté et je vous avouerai que oui et c’est d’ailleurs ce qui fait finalement sa grande force. Un univers très visuel où les limites sont poussées à l’extrême, mais que pourtant dans ces différentes lois repose sur une certaine logique ce qui le rend en grande partie cohérent même si parfois certains aspects m’ont paru tout de même un peu trop barré. La touche d’horreur qui vient s’installer au fil des pages vient apporter un effet saisissant et frissonnant au récit qui ne manque pas d’attrait et offre un vrai plus. L’auteur maîtrise d’ailleurs clairement bien ce côté glaçant et joue avec à la perfection que ce soit dans la description des actes de certains, mais aussi dans la présence même de certains personnages très troublants.
La mythologie présentée ne manque pas non plus d’attrait dans sa complexité et dans sa construction avec ce voile de mystères qui se lève doucement, tout en sachant jouer avec nous. Alors je ne vais pas trop en révéler pour ne pas spoiler mais tout ce qui tourne autour de père, de son rôles dans le monde, de ses ennemis, de la façon dont il a obtenu sa place s’avèrent très intéressant et dense, restant d’ailleurs par certains aspects assez mystérieux pour nous hameçonner et donner envie d’en apprendre plus. J’ai vu passer certains retours faisant un parallèle entre cet univers et l’aspect Comics et j’avoue que je suis plutôt d’accord, principalement par son côté grandiose, qui en met plein les yeux et un peu sans limite, ce qui, finalement, fonctionne très bien. Je regretterai pour autant un gros point concernant cet univers, c’est qu’il répond un peu trop aux besoins et envies de l’auteur. Ce que je veux dire par là c’est que, sur la fin surtout, l’univers vient s’adapter un peu trop facilement et parfaitement à toutes les révélations, ce qui rend certains passages un peu trop improbables et offre un peu trop de Deus Ex Machina à mon goût. Un peu de hasard ne fait jamais de mal, car là cela donne l’impression que l’auteur fait tout pour construire la fin qu’il a en tête et non pas la laisser se glisser d’elle même dans les limites de son récit et son monde. Bon après rien de non plus trop bloquant et qui peut rentrer dans ce côté complètement barré, j’ai peut-être un peu trop l’esprit cartésien aussi.
Concernant les personnages le récit nous fait découvrir là-aussi des héros qui sortent de l’ordinaire avec les différents enfants élevés par Père qui possèdent un côté Freaks franchement intéressant. Alors bien sûr, on ne peut pas se pencher sur tous, il y en a quand même douze, mais ils ont tous ce petit côté atypique et unique qui les rendent différents et accrocheurs. Ceux qui sortent du lot sont Carolyn, David, Margaret et Michael qui sont aussi d’une certaine façon les plus présents. Aux premiers abords ils ont tous l’air tarés, mais on se rend rapidement compte qu’en fait ils sont plus complexes que cela. Ils ne sont finalement que les créations de Père qui était loin d’être le meilleur éducateur qui soit. Chacun possède ainsi son lot de souffrance et d’horreur qui l’a façonné pour devenir ces adultes complètement décalés, violents, sauvages et limite sans morale. Ils sont ainsi devenus ce que l’éducation a fait d’eux, mais aussi à cause de leurs pouvoirs. Plus on a de pouvoir, moins on parait s’inquiéter et s’intéresser aux autres. On ne s’attache pas obligatoirement à eux, ils choquent même parfois, mais on ne peut nier le charisme qu’ils ont et l’envie d’en apprendre plus. Le décalage aussi entre les personnages et la réalité, vu qu’ils ne sont jamais sortis de chez Père, offre un second degré parfois assez drôle comme ce guerrier en gilet pare balles et en tutu qui détonne, mais colle tellement à ce que construit l’auteur. Il y a d’ailleurs assez de potentiel dans chacun des enfants pour écrire une histoire sur chacun je trouve. J’ai eu par contre un peu plus de mal avec Steve qui doit être là pour montrer « notre monde » mais qui m’a paru un peu morne et manquant de saveur. Pourtant il va avoir un rôle important, mais voilà j’avais plus, d’une certaine façon envie, de le secouer que de le suivre. J’ai un peu plus accroché à Erwin, le militaire devenu agent secret, mais il s’intègre aussi parfaitement dans l’univers construit.
Concernant la conclusion, on ne peut pas nier qu’elle va offrir son lot d’action ainsi qu’un côté explosif et sans temps morts dans une première partie, avant de prendre un peu plus le temps de lever les voiles d’ombres. Elle est, je trouve, bien construite d’un point de vue rythme et révélations, ce qui fait qu’on se laisse facilement porter. Pourtant, on va entrer dans le gros soucis de ce récit pour moi. J’avais deviné la fin bien en amont. C’est frustrant. C’est bien simple je vais séparer la conclusion en deux grosses révélations, la première je l’avais deviné environ au quart du récit, la seconde entre le premier tiers et la moitié du livre. Alors parfois connaître la fin n’est pas, en soit, un soucis, mais pour un roman qui repose justement sur le mystère, c’est dommage d’avoir vu les choses venir. Bon après j’ai vu pas mal de retours qui disaient justement avoir été surpris par cette fin, donc j’ai peut-être simplement l’esprit tout aussi tordu que l’auteur. Par contre, autre point qui m’a aussi légèrement frustré, c’est certaines scènes qui paraissent un peu trop déconnectés du récit, comme si l’auteur avait envie de rallonger son récit. Concernant le style, il y a un côté simple, efficace et entraînant qui fait qu’on se laisse captiver, mais j’ai aussi trouvé que par moment l’auteur tombe trop dans le familier et ça ne fonctionne pas toujours. Au final j’ai tout de même passé un bon moment de lecture avec ce livre qui ne manque pas d’idées, je suis juste un peu déçu d’avoir trouver la fin. Je lirai avec plaisir d’autres de ses écrits, surtout s’il compte revenir dans cet univers.
En résumé : J’avoue, j’ai passé un bon moment de lecture avec ce roman, même si certains aspects m’ont légèrement frustré. L’auteur nous plonge dans un récit complètement barré avec des bibliothécaires contrôlant l’univers. Père a disparu, l’accès à la Bibliothèque est devenue impossible et ses disciples deviennent nerveux et enquête pour essayer de le retrouver. C’est déjanté, sans limites, percutant et bien rythmé ce qui fait qu’on se laisse porter par ce récit. L’univers est l’un des gros point forts de ce livre proposant une mythologie très prenante et pleine de mystères, qui se dévoile efficacement entre révélation, second degré et folie. Il donne clairement envie d’en apprendre plus, même si je trouve que sur la fin il s’adapte un peu trop aux besoins de l’auteur devenant parfois improbable et reposant sur quelques Deus Ex Machina faciles. Les personnages ne manquent pas non plus d’attrait, mélange de folie et de charisme, et plus on avance dans le récit plus on comprend ce qui leur est arrivé, leurs failles, leurs souffrances. Je ne vais pas dire qu’on s’attache et qu’ils nous touchent, mais on les comprend et ils se révèlent assez charismatiques pour nous captiver. Seul Steve, qui pourtant a son importance dans le récit, m’a un peu laissé de marbre. La conclusion s’avère explosive, rythmée, avec de nombreux rebondissements et le voile qui se lève sur les différents mystères présenté, mais voilà je l’avais deviné bien en amont. C’est simple sur les deux grosses révélations j’avais trouvé la première au premier quarte du livre et l’autre entre le premier tiers du livre et la moitié ce qui est frustrant pour un roman qui repose justement sur ses mystères. J’ai aussi trouvé que certaines scènes étaient un peu trop déconnectées du récit ce qui offre quelques longueurs. La plume de l’auteur est simple, efficace et entraînante même si parfois l’auteur en fait un peu trop sur le côté familier ce qui peut s’avérer un peu lourd. Au final ça reste un bon livre, détonnant avec de bonnes idées, dont mon seul regret et d’avoir deviné la fin, mais cela ne m’empêchera de lire d’autres écrits de l’auteur.
Ma Note : 7/10
Autres avis : Apophis, Samuel Ziterman, Cuné, …
Elmdora
Oh j’adore le titre, et ce que tu en dis est vraiment tentateur. Du coup, je le note ! Merci pour la découverte 🙂
BlackWolf
De rien. J’espère en tout cas que le livre te plaira, bonne lecture !