Résumé : As the city rebuilds from the onslaught of sorcery that nearly destroyed it, the great Houses of Paris, ruled by Fallen angels, still contest one another for control over the capital.
House Silverspires was once the most powerful, but just as it sought to rise again, an ancient evil brought it low. Phillippe, an immortal who escaped the carnage, has a singular goal—to resurrect someone he lost. But the cost of such magic might be more than he can bear.
In House Hawthorn, Madeleine the alchemist has had her addiction to angel essence savagely broken. Struggling to live on, she is forced on a perilous diplomatic mission to the underwater dragon kingdom—and finds herself in the midst of intrigues that have already caused one previous emissary to mysteriously disappear….
As the Houses seek a peace more devastating than war, those caught between new fears and old hatreds must find strength—or fall prey to a magic that seeks to bind all to its will.
Edition : Gollancz
Mon Avis : Il y a quelques mois, je me suis lancé dans la lecture de ce cycle de Fantasy Urbaine se situant dans un Paris en ruine, dirigé par des anges déchus. Le premier tome m’avait ainsi offert un excellent moment de lecture, proposant un récit efficace et un univers que je trouvais très original et accrocheur (ma chronique ici). Il était donc logique que je me laisse rapidement tenter par cette suite, espérant y retrouver le même plaisir de lecture et de voir ce qu’allait proposer ce second tome. Concernant la couverture, je la trouve très sympathique avec ces épines et qui, finalement, colle bien au récit. Chaque tome peut, je trouve, être lu indépendamment, mais il serait quand même dommage de ne pas les lire dans l’ordre.
Après un premier tome centré sur la maison Silverspires (la maison aux Flèches d’Argent en VF), ce second tome va principalement se concentrer à la Maison Hawthorn (la maison Aubépines en VF). Madeleine, qui a survécu à la chute de la maison Silverspires pour retomber sous le joug de son ancienne maison, va être envoyée en mission diplomatique auprès des dragons pour tenter de lier une alliance avec la maison Hawthorn. Pendant ce temps Philippe, de son côté, ère dans la ville cherchant par tous les moyens à ressusciter Isabelle. Sauf que voilà les jeux de pouvoirs et de haine entre les maisons et aussi au sein des Dragons vont faire que rien ne va se passer comme prévu. Une fois la dernière page tournée, je dois bien admettre que j’ai à nouveau passé un très bon moment de lecture avec ce roman. L’autrice construit à nouveau son récit de façon méthodique, maîtrisée, mettant lentement en places les différents éléments, la tension montant ainsi progressivement au fil des pages pour nous happer. Je me suis ainsi retrouvé à tourner les pages très facilement avec l’envie d’en apprendre plus, de savoir les secrets qui se cachent derrières toutes ces manipulations. C’est à nouveau un écheveau complexe que construit l’autrice dans ce roman, où chaque pièce à son importance, dévoilant ainsi lentement un puzzle qui ne manque pas d’offrir des surprises, des révélations et des rebondissements. Certes le rythme lent pourrait en bloquer certains, mais je trouve que ce serait dommage, car ce rythme joue vraiment sur l’ambiance que cherche à mettre en place Aliette de Bodard, et il colle aussi parfaitement à cet aspect jeux de pouvoir et de manipulation.
Concernant l’univers qui est construit, il continue à être l’un des gros points forts du récit. Certes le côté un peu découverte s’estompe obligatoirement, mais le fait que ce second tome, à travers de nouveaux personnages et de nouvelles rencontres, agrandit cet univers. Cela permet clairement d’offrir au lecteur quelque-chose de différent. En effet avec ce tome on découvre déjà, dans un premier temps, la maison Hawthorn, mais il va aussi nous plonger dans le royaume des Dragons et aussi nous faire découvrir un peu plus le peuple qui gravite autour de ces maisons et lieux de pouvoirs et qui en subit les conséquences. On va ainsi découvrir le côté un peu sombre de ces guerres d’Anges, une population qui se retrouve perdue au milieu, qui en souffre et qui a vraiment du mal à joindre les deux bouts. Des gens loin de ces jeux de pouvoir qui se retrouvent pourtant impacté par ceux-ci et qui n’ont d’autres choix que de subir et tenter de survivre. On en apprend aussi plus sur ces fameux dragons, leur royaume, leurs différends, et surtout la façon dont eux aussi ils ont été impacté par la guerre.
Un univers qui continue ainsi à se densifier au fil des pages, à se complexifier le tout porté par l’imagination de l’autrice qui s’avère entraînante et qui surtout propose quelque-chose cohérent et plausible. Le fait de placer ce récit à Paris colle toujours parfaitement, je trouve, au récit et je découvre toujours avec plaisir cette capitale en ruine, ce qui ne l’empêche pas pour autant d’offrir chaleur, magie, et aussi aspect sombre et violent. La ville ne donne jamais l’impression d’être une simple toile de fond, mais plus d’être, d’une certaine façon, un personnage à part entière du récit. Les différentes magies présentes continuent elles aussi à se densifier et à se dévoiler. Le mélange entre les cultures annamites et occidentales permet d’offrir un véritable plus à l’ensemble et une certaine originalité à l’univers je trouve. Comme avec la trilogie fantasy de Ken Liu, cela permet d’offrir aussi quelque-chose de différent, qui change, selon moi, de ce qu’on peut lire d’habitude et qui présente par la même occasion une diversité toujours bienvenue.
Les personnages sont eux aussi un des points forts du récit se révélant clairement complexes, soignés et captivants à suivre et à découvrir. J’avoue j’avais un peu peur d’être proche d’Asmodée, qui était un peu l’antagoniste du premier tome. J’avais un peur de tomber dans un aspect un peu binaire avec lui dans le rôle du méchant, très méchant. Pourtant, Aliette de Bodard a réussi à rendre ce personnage finalement plus dense, loin de ce que je pensais, ayant ces propres raisons, ces propres obligations, ayant été obligé de faire ses choix. Attention il n’est pas « angélique » pour autant, c’est d’ailleurs la grande force du personnage car oui il est pourri, violent, égoïste, mais d’une certaine façon on commence à le comprendre et on se rend compte qu’il y a bien plus que ce que l’on croit. Madeleine elle aussi évolue dans ce tome, déchirée entre ses peurs, ses convictions, ses envies et ses engagements, elle va devoir prendre des décisions. Philippe, même s’il est un peu moins présent, reste toujours intéressant à suivre et à découvrir, coincé dans une sorte de quête de rédemptions cherchant à ressusciter Isabelle. Ce tome nous permet aussi de découvrir de nouveaux personnages comme par exemple Thuan, que j’avais déjà croisé dans la nouvelle Children of Thorns, Children of Water, mais aussi Berith et Françoise qui viennent clairement apporter de la nouveauté et des réponses, mais aussi plus de questions. On pourrait parfois regretter un côté un peu « froid » des personnages, mais franchement rien de très bloquant tant ils sont bien construits et intrigants.
Ce second tome évite surtout de tomber dans la redite du premier tome je trouve, offrant ainsi une construction différente, mais aussi une approche différente. Là où le premier tome montrait les bases et le côté figé de cet univers, ce second tome amène du changement, une transition, une évolution et une ouverture intéressante et bien amenée. La conclusion de ce tome ne manque d’ailleurs pas de tension et de surprises qui rendent aussi le final haletant et entraînant. Le récit offre quelques réflexions très intéressantes que ce soit sur l’ouverture, la tolérance, la façon dont on regarde les autres et dont on les accepte ou bien encore sur la notion de pouvoir et de classes. Alors après, j’avoue, un ou deux points m’ont tout de même laissé un peu circonspect. Le premier vient d’une petite facilité, je trouve, que je ne spoilerai pas mais qui repose sur la rencontre entre Asmodée et Berith et ce qu’elle amène. Ensuite je trouve que le personnage de Madeleine, malgré son intérêt, est parfois un peu répétitive dans ses « plaintes ». Enfin un point qui n’a rien a voir avec la qualité du livre, mais j’avoue je suis encore un peu frustré de ne pas en apprendre plus sur ce Paris décadent, ces magies, ces dragons et ces anges déchus. La plume d’Aliette de Bodard est agréable, soignée et efficace qui a réussi à me happer rapidement pour ne plus me lâcher. Je ne sais pas si un jour une suite sera publiée (je crois qu’il s’agit d’un diptyque à la base), mais si c’est le cas je la lirai avec plaisir.
En Résumé : J’ai à nouveau passer un très bon moment de lecture avec le second tome de cette trilogie. C’est avec plaisir que je me suis replongé dans ce Paris en ruine au milieu des guerres des maisons d’anges déchus, entre manipulation jeux d’influences et de pouvoir ou encore trahison l’autrice construit au fil des pages un puzzle efficace et captivant. Certes le tout est porté sur un rythme lent, ce qui pourrait en bloquer certains, mais cela colle parfaitement au récit qui est construit. L’univers est toujours aussi fascinant à découvrir et qui s’agrandit dans ce second tome, que ce soit à travers la découverte du peuple qui subit les guerres des Maisons ou encore à travers le Royaume des Dragons qui est loin d’être idyllique. Le mélange entre cultures ammanite et occidentales apporte un vrai plus et une diversité très intéressante. Concernant les personnages ils s’avèrent vraiment denses, complexes et intrigants, évitant de tomber dans le côté binaire et manichéen. On les découvre et on suit leurs aventures avec plaisir, même si par moment, je trouve que Madeleine en fait un peu trop. La conclusion s’avère haletante et percutante. Je regretterai par contre une certaine facilité concernant la scène de la rencontre entre Asmodée et Berith, mais je ne dirai rien pour ne pas spoiler. La plume d’Aliette de Bodard est toujours aussi agréable, soignée et entrainante. Au final une très bonne suite et si jamais d’autres textes sont écrits dans cet univers je les lirai avec plaisir.
Ma Note : 8/10
Autres avis : Xapur, …
Zina
Je l’ai commencé hier 🙂
BlackWolf
Je te souhaite une bonne lecture alors.
Emmanuel
Tout à fait d’accord. 😉