Résumé : Tous les dons ne sont pas une bénédiction.
Chaque matin, Melanie attend dans sa cellule qu’on l’emmène en cours. Quand on vient la chercher, le sergent Parks garde son arme braquée sur elle pendant que deux gardes la sanglent sur le fauteuil roulant. Elle dit en plaisantant qu’elle ne les mordra pas. Mais ça ne les fait pas rire.
Melanie est une petite fille très particulière…
Edition : L’Atalante
Mon Avis : Ce livre me tente depuis la première fois que j’en ai entendu parler, lors de son annonce de sa publication chez l’Atalante. Il faut dire que les différentes informations glanées à droite à gauche, ainsi que la communication faite par l’éditeur donnait clairement envie de le découvrir. À force de m’en entendre parler, Marmotte a donc décidé de me l’offrir lors des dernières Utopiales. Depuis sa sortie les quelques chroniques que j’ai vu passer et que j’ai vite fait survolé confirmait l’attente que j’avais mis dans ce livre. Il y a quelques jours je me lançais donc, confiant, dans sa lecture.
On part donc ainsi à la découverte, dès les premières pages, de Mélanie jeune fille de 10 ans qui parait vivre une vie normale, allant même à l’école. Sauf que voilà elle est enfermée dans une geôle et ce sont des militaires armés qui l’emmènent, attachée à une chaise, en cours. Pourquoi? Comment? C’est ce qu’on découvre justement au fil de l’histoire je vais donc éviter de trop en dire pour ne pas spoiler. Mais voilà une fois la dernière page tournée je dois bien avouer qu’un léger sentiment de déception me reste. Pas que le livre soit mauvais, il se révèle plutôt agréable et sympathique, mais je pense qu’au vu de ce que j’en avais entendu, et des retours que j’en avais eu, je m’attendais à quelque chose de plus profond, plus dense qu’un simple page turner avec, certes, des axes de réflexions intéressants.
Pourtant l’histoire démarrait bien, avec cette ambiance de huis clos sombre et angoissante qui monte lentement, cette salle de classe où les élèves sont attachés et transporter sous surveillance. Notre moralité et obligatoirement touché et on se pose de nombreuses questions, il faut dire que l’utilisation d’enfants y joue beaucoup, mais ça marche, et même si on découvre assez vite la cause on continue à se retrouver happer par l’histoire ; le besoin de comprendre cette situation. On se retrouve aussi à réfléchir pas mal sur l’étique scientifique, sur notre humanisme, à se demander comment on réagirait face à cela. La première partie est d’ailleurs, pour moi, sûrement la meilleure du livre, offrant un vrai travail original, oppressant et une véritable envie d’en apprendre plus sur Mélanie et ce qui la rend si spéciale. On découvre aussi un monde post-apocalyptique où l’humanité s’est en grande partie effondrée face à l’apparition des affams, des zombies, qui ont obligé les populations à se retrancher dans des camps fortifiés. L’univers gagne ainsi en profondeur au fur et à mesure de la lecture et ajoute une touche à l’ensemble. On sent aussi que l’auteur s’est renseigné un minimum concernant l’aspect scientifique, même si parfois il tombe un peu dans l’aspect inventaire. Puis, comme tout bon soufflé qui démarre trop bien, l’ensemble retombe un peu dès l’attaque de la base pour tomber limite dans un cliché des romans de zombies avec cette échappée d’un point A vers un point B.
Après il faut faire attention, cliché ne veut pas dire pour autant mauvais, cette fuite en avant au milieu d’infestés se révèle solide, efficace avec son lot de scène remplies d’adrénaline, d’actions, de rebondissements et de surprises. On ne s’ennuie ainsi jamais vraiment dans cette seconde partie explosive, mais voilà tout le travail en huis-clos et les réflexions menées auparavant perdent de leurs intensités et l’histoire tombe même parfois un peu dans la facilité. Surtout c’est une légère impression de stagner que j’ai ressenti, mis à part fuir, le reste ne parait pas vraiment avancer et les axes philosophiques paraissent par conséquent figer dans des argumentations binaires. Il faut dire aussi que les personnages ne font pas grand-chose non plus pour aider. Franchement, mis à part la petite Mélanie, qui se révèle vraiment soignée, dense, humaine et qui nous touche par sa vision du monde, les découvertes qu’elle fait et surtout sa façon de les assimiler et de voir le monde, les autres se révèlent être des caricatures. On se retrouve donc ainsi avec Caldwell la scientifique, froide, folle de pouvoir et de reconnaissance qui ne pense qu’à son projet de vaccin et prête à tout pour obtenir des résultats, on a aussi le sergent Parks qui est l’archétype du militaire sa cervelle mais qui connait le manuel du petit soldat par cœur, on a aussi un militaire tendre qui a connu une vie dure, nous offrant d’ailleurs une des réflexions les moins aboutis sur l’alcoolisme, mais qui au lieu de s’appeler Gallagher aurait dû s’appeler Boulet tant il aligne les conneries et on a Justineau, la prof psychologue au grand cœur qui s’est attaché à ses élèves, mais qui cache un lourd secret.
On peut très bien avoir des personnages archétypaux et qui pourtant fonctionnent très bien et attache le lecteur, sauf qu’ici j’ai eu l’impression que l’auteur avait du mal avec les différentes relations, les différents échanges, nous offrant même parfois des scènes qui répondent plus à un cahier des charges cinématographiques que littéraire. Je prend pour exemple cette scène ou Justineau révèle son secret, franchement au ciné avec les violons et le clair de lune ça marchera du tonnerre, là dans le récit ça donne l’impression d’être balancé entre la soupe et la salade histoire de meubler quelques pages de plus, n’apportant pas grand-chose. On évitera aussi de parler de la romance, sauf si l’auteur cherchait à faire dans le glauque ou là, vu les transitions offertes, l’auteur a réussi son coup. Non parce que passer du mec qui nous sort son côté romantique, s’annonçant sous le charme d’une des héroïnes pour, deux lignes plus tard, nous annoncer qu’il l’a mater faire pipi et que là il est trop crevé pour se masturber ; comment dire là ce n’est plus du pragmatisme désolé. Pour les soldats on évitera de cherche leurs logiques et le côté tactique qui parfois déraille un peu.
Alors oui, tout n’est pas non plus mauvais, loin de là, certains passages nous happent vraiment, mais voilà régulièrement des scènes qui, soit donnent plus l’impression forcé de vouloir densifier un personnage, soit tombent dans la facilité font que j’ai levé les yeux au ciel, me déconnectant un peu à chaque fois du récit. Après il ne faut pas le nier, rien que pour la vision proposer par Mélanie, sa façon d’évoluer et d’avancer, cette capacité à nous faire voir le monde de façon différente et simple, élève clairement le niveau. La conclusion se révèle aussi réussi, même si elle n’a pas eu non plus l’effet surprenant qu’elle devait avoir vu que je m’y attendais, mais en tout cas clôture ce récit de façon percutante et réussie.
La plume de l’auteur ne manque pas de se révéler efficace, entrainante, nous plongeant assez facilement dans son ambiance sombre et oppressante, dommage que parfois les dialogues tombent un peu trop dans le « parlé », principalement avec le sergent Parks. Certes c’est pour montrer qu’il n’a pas la même culture linguistique que les scientifiques, mais la façon dont il parle, désolé, m’a paru faire cliché. Au final Celle qui a tous les Dons se révèle, malgré un démarrage fort, un livre tout de même sympathique à lire, mais qui ne révolutionnera pas non plus le genre selon moi. Je pense aussi que mon ressenti vient aussi du fait que j’avais des attentes complètements différentes par rapport à ce livre.
En Résumé : J’ai passé un sympathique moment de lecture avec ce roman, même s’il est loin d’avoir pleinement remplis les attentes que j’avais en le commençant. Pourtant tout démarrait bien, avec un huis-clos qui nous faisait réfléchir et touchait à notre moral pour nous obliger à nous poser de nombreuses questions. Puis l’ensemble devient alors un simple récit classique de fuite en avant dans un monde post-apocalyptique rempli de zombies, n’apportant rien de nouveau excepté peut-être une petite touche d’humanité. Car oui ce qui selon moi porte l’ensemble du récit c’est la petite Mélanie personnage à la fois attachant et travaillée qui nous offre une vision du monde simple efficace. Dommage qu’elle soit finalement entourée de personnages par moments un peu trop clichés ; pas mauvais non plus, mais loin de marquer, surtout devant certains passages assez déroutants et mal amenés. L’univers se révèle solide, efficace et bien porté par un minimum de recherche sur les passages scientifiques, même si parfois il tombe dans l’inventaire. On sent bien par contre que l’ensemble est prêt pour le cinéma avec les scènes qu’il faut au bon moment, dommage que cela ait parfois du mal à prendre ici. La conclusion se révèle efficace et devrait en surprendre plus d’un, tout dépend de ce que vous avez déjà lu ou pas. La plume de l’auteur est simple entrainante et efficace. Je pense que j’avais trop d’attente avec ce livre, j’espérais autre chose qu’un page turner explosif.
Ma Note : 6,5/10
Cornwall
Je suis entièrement d’accord avec toi, sur le caractère stéréotypé des personnages. On sent à la lecture que le livre est très scénarisé et est dès à présent adaptable facilement pour un film. L’auteur a donc volontairement, c’est sans doute un tort, choisi de construire des personnages auxquels les gens vont pouvoir s’identifier facilement, avec des traits de caractères qui peuvent s’avérer grossier et convenu.
BlackWolf
Oui c’est tout à fait cela, bon après comme tu le dis c’est un choix, et au vu du succès du livre pas un mauvais choix, mais moi j’ai été perturbé durant ma lecture.
totorosworld
perso j’ai beaucoup aimé, les personnages sont certes peu originaux mais le point de vue de Melanie apporte un vrai plus je trouve 🙂
BlackWolf
C’est pas un mauvais livre, loin de là, mais on me l’a tellement vendu comme un récit différent alors que finalement ce n’est pas le cas.