Blackwing Tome 1, La Marque du Corbeau – Ed McDonald

Résumé : Sous son ciel brisé, la Désolation est une vaste étendue de terre ravagée, née quand la Machine, l’arme la plus puissante du monde, fut utilisée contre les immortels Rois des profondeurs. Au cœur de ce désert, grouillant de magie corrompue et de spectres malveillants, les Rois et leurs armées attendent leur heure…
Pour Ryhalt Galharrow, la Désolation n’a pas de secrets. Chasseur de primes aguerri, il est chargé de retrouver une femme aux pouvoirs mystérieux, qui semble avoir mis au jour un inquiétant secret. Jadis, cette femme et lui se connaissaient bien. Voilà qu’ils se redécouvrent au milieu d’une conspiration qui menace de détruire tout ce qui leur est cher, et qui pourrait mettre un terme à la trêve fragile de la Machine…

Edition : Bragelonne

 

Mon Avis : Blackwing est une série dont j’entends des échos depuis sa publication en VO courant de l’été 2017. Que ce soit entre les excellents retours que j’ai vu passé sur les blogs anglais que je suis régulièrement, l’excellente note sur goodreads, mais aussi les articles sur des blogs français qui ont bravé le pas et l’ont lu en Anglais. Tous ces excellents retours m’ont ainsi donné envie de découvrir ce roman, même si bien entendu c’est toujours à prendre avec des pincettes, n’ayant pas toujours le même avis que la majorité. Ajouter à cela un résumé plutôt accrocheur ainsi qu’une couverture VF, illustrée par Mikaël Bourgouin, que je trouve très jolie, il a donc terminé rapidement dans ma bibliothèque.

Ce roman nous fait suivre le chasseur de prime et membre de l’Aile Noire, Ryhalt Galharrow, qui survit depuis des années dans un monde que l’on pourrait qualifier d’une certaine façon de post-apocalyptique. En effet suite à une terrible bataille entre les Sans-Noms et les Rois des Profondeurs qui a abouti à l’utilisation de la Machine, cela a abouti à l’apparition de la Désolation un lieu sans aucune loi et empli de magie. Sauf que voilà les Rois qu’on pensait en train de lécher leurs blessures ont l’air de bouger à nouveau et Ryhalt va recevoir une nouvelle mission de son maître. Les ennuis peuvent commencer. J’avoue en me lançant dans cette lecture et aux vues des retours que j’avais vu passé, j’avais un minimum d’attente concernant ce livre. Je dois bien admettre que, dans l’ensemble, il s’en sort très bien, m’ayant offert un très bon moment de lecture, même si certains points m’ont paru un peu frustrants. Déjà, j’avoue, j’ai eu un peu de mal avec les deux ou trois premiers chapitres. Pas que l’ensemble soit mauvais, mais j’ai clairement eu l’impression que l’auteur voulait se « débarrasser » d’une partie de son background, ce qui donne l’impression d’avoir trop d’informations à assimiler en peu de pages et amène au fait que j’ai eu du mal à entrer dans le récit. Heureusement, par la suite je vais peu à peu entrer dans le récit qui va alors offrir une intrigue efficace, solide et qui ne manque pas de rebondissements et de surprises. Ed McDonald va ainsi nous proposer une Fantasy sombre, efficace, avec son lot de manipulations et de révélations, de rebondissements, ce qui a fait que je me suis retrouvé à tourner les pages facilement avec l’envie d’en apprendre plus.

Concernant l’univers, on a un peu l’impression de plonger dans une Fantasy un peu post-apocalyptique. La Grande Machine a détruit un parti du monde qui a été remplacée par la Désolation, un endroit avec ses propres règles, ses propres lois physiques et temporelles, dans lequel vit les agents des Rois des Profondeurs. à la lisière de ce monde vivent les hommes qui se reposent sur la machine de Nall pour les protéger. Voilà un peu les grandes lignes de cette toile de fond et franchement il y a quelque-chose de très solide et d’intéressant dans ce que construit l’auteur. Certes du point de vue post-apo il y a un petit côté classique dans l’ensemble, mais c’est principalement dans les détails que ce monde gagne en intérêt et pousse le lecteur à en découvrir plus. Rien qu’au niveau de l’imagination on sent que Ed McDonald a longtemps travaillé son récit et principalement son aspect bestiaire. On découvre ainsi de nombreux monstres, de nombreuses « mutations » à la fois fascinantes, déroutantes et angoissantes. Que ce soit dans son aspect plus fantasy comme dans l’aspect politique, technologique ou encore dans son côté social le « mix » des genres fonctionne bien.

Il faut dire que cette lutte que l’on découvre en toile de fond entre les Sans-Noms et les Rois des Profondeurs ne manque pas d’attrait et de mystères, ce qui apporte un vrai plus à l’intérêt du lecteur. Ces êtres, limite divins, qui n’ont pas l’air de ses soucier des hommes les considérant même comme des pièces à utiliser dans leurs luttes tout cela ne manque pas d’attrait, de réflexions et d’intérêt. On découvre ainsi comment les Hommes survivent dans une certaine peur du lendemain, même si avec la paix elle se tasse. Le système de magie, sans non plus se révéler révolutionnaire, est lui aussi un minimum intéressant à découvrir, reposant sur cette notion de lumière, de Phos que je vous laisse découvrir. L’ensemble reste très classique pour l’instant, mais colle parfaitement au récit. Concernant le côté technologie, vient ici se mélanger épée et armes à feu, mais aussi tout un aspect technologique avancé avec des machines, des néons et autres qui viennent principalement des Sans-Noms. Au final tout cet univers ressemble à un patchwork d’idées et d’influences différentes piochées à droite et à gauche, mais la grande force de l’auteur est d’arriver à combiner l’ensemble, y apporter sa petite touche personnelle et ainsi de construire quelque-chose de solide, d’équilibré, de cohérent et qui s’avère plus dense que ce que l’on pourrait croire.

Autre aspect qui fait qu’on se retrouve assez vite emporté par ce récit, c’est qu’on est clairement dans une intrigue qui ne manque pas d’offrir action, rebondissements, trahisons et batailles le tout sans véritables temps morts et de façon percutante et plutôt réussie. On est ainsi assez rapidement happé par l’ensemble qui associe ainsi efficacement tension, construction de l’univers, de l’intrigue et des personnages tout en restant affuté et entraînant. Concernant les personnages, j’avoue, je suis peut-être un peu plus mesuré. Trois personnages se dégagent clairement du récit Ryhalt, Ezabeth et Nen qui sont franchement très intéressants à découvrir que ce soit dans leurs blessures, dans leurs constructions, leurs émotions et leurs visions de ce monde, évitant de tomber dans le manichéisme, offrant une force au récit et s’avérant charismatiques. Ce qui est un peu dommage c’est que les autres personnages soient un peu trop plat, ce qui, certes, ne dérange pas trop le récit dans sa construction et son énergie, mais m’a légèrement frustré.

Maintenant un point m’a tout de même légèrement frustré concernant Ryhalt. Comme je l’ai dit c’est un personnage intéressant, c’est un bon héros à suivre et découvrir, il a ce côté sombre, désabusé, cynique qui est à la mode en ce moment, mais qui fonctionne plutôt bien s’il n’en faisait pas, parfois, des tonnes. J’ai trouvé que l’auteur ne trouvait pas le juste milieu avec lui et par moment il en fait tellement dans son côté aigri, blasé, sachant que tout va mal finir, qu’il ne peut en être autrement, que voilà ça devenait par moment lassant. C’est le genre de gars avec une vision tellement sombre, tellement dépressive, qu’au bout d’un moment on évite sinon on va avoir envie de le secouer. Je ne dis pas qu’il a tort, vu l’univers où il vit, mais voilà cela a un côté lassant je trouve. Alors ça se calme dans le dernier quart, la vision du héros changeant légèrement, et cela se ressent beaucoup moins faisant un peu oublier ce point.

Je ferai aussi un ou deux autres reproches supplémentaires au récit, le premier vient d’un léger sentiment de longueur à un moment, avec cette mission concernant le frère qui m’a paru ne pas apporter grand-chose au récit mis à part le rallonger l’histoire. Elle n’est pas en soit mauvaise, mais on a rapidement l’impression d’une mission que je dirai de « remplissage », se révélant un peu trop détachée de l’intrigue. Le second aspect vient d’une conclusion qui, certes, a d’énormes surprises et rebondissements et s’avère affuté et entraînante, mais que j’avais vu venir à, on va dire, 85% ce qui limite un peu l’impact de certaines révélations. Au final ces quelques points soulevés ne sont en rien des éléments bloquants et ne gâche en rien les qualités du récit qui restent très présentes et qui ont fait que je me suis laissé porté celui-ci. La plume de l’auteur est simple, efficace, entraînante construisant un récit à l’ambiance sombre, sanglante, violente et qui s’avère efficace. Au final, même si ce récit n’a pas non plus été la claque que certains ont eu, cela ne m’a pas empêché de passer un très bon moment avec et je lirai la suite avec plaisir. Suite qui devrait d’ailleurs sortir en VO en juin de cette année si j’ai bien lu, en espérant voir la VF rapidement.

En Résumé : Au final j’ai passé un bon voir un très bon moment de lecture, même si cela n’a pas été non plus l’excellent moment que certains retours laissaient présager. Ed McDonald nous offre ici un roman de Fantasy qu’on pourrait qualifier aussi de post-apocalytique qui, malgré deux ou trois premiers chapitres avec un peu trop d’informations, va se révéler rapidement prenant, entraînant et plutôt efficace. Le gros point fort du récit vient clairement de l’univers qui est construit, de ce patchwork d’idées, d’influences prises à droite à gauche mais auxquelles l’auteur vient apporter sa touche personnelle, mixer le tout, et rendre ainsi l’ensemble réussi, intéressant et surtout cohérent. Que ce soit dans son ambiance sombre, sanglante, son bestiaire à la fois intrigant et angoissant ou bien encore dans cette idée de fond sur la guerre entre les immortels que sont les Sans-Noms et les Rois des Profondeurs il y a un truc qui se dégage de ce monde et qui donne envie d’en apprendre plus. Concernant les personnages, trois se détachent, Ryhalt, Ezabeth et Nen, se révélant intéressants à suivre, à découvrir et à voir avancer, même si c’est vrai parfois on a un peu trop envie de secouer Ryhalt par son côté limite un peu trop dépressif. Concernant les autres protagonistes, j’ai trouvé qu’ils manquaient de profondeur ce qui est un peu dommage. Je regretterai aussi quelques longueurs vers le milieu, avec principalement la mission concernant le frère, ainsi qu’une conclusion, qui, même si elle ne manqua pas d’attrait et s’avère percutante et épique, m’a paru en grande partie devinable rapidement. Le tout est porté par une plume simple, efficace et entraînante, et dans l’ensemble, même si tout n’est pas parfait, j’ai passé un très bon moment avec ce premier tome. Je lirai la suite sans soucis.

 

Ma Note : 7,5/10

 

Autres avis : Apophis, Xapur, Ours Inculte, Boudicca, Althea, …

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  1. Il faudra que je le tente à l’occasion.

  2. Même réserve que toi sur le héros blasé un peu too much, ça m’a détaché du truc, mais sinon très bonne lecture

    • J’ai trouvé aussi cet aspect parfois un peu lourd, c’est clairement un soucis de dosage car le personnage un peu moins cynique et désabusé l’aurait rendu plus accrocheur je trouve.

  3. Eh bien ! tu m’as convaincue et je l’ajoute à ma wishlist ; on verra bien si je le croise au bon moment 😉

    • Après les bons moments ça se crée, non? ^^
      En tout cas si tu le lis j’espère qu’il te plaira autant qu’à moi.

  4. Je le note pour les Imaginales alors 🙂

  5. On le voit pas mal passer celui-ci en ce moment, il est assez tentant.

    • Pour ma part je ne dirai pas que c’est LE roman de l’année, mais il reste très intéressant à découvrir je trouve.

  6. Yes encore un bon avis sur le bébé. Je me le suis procuré récemment notamment grâce aux retours très positifs de Apo et Boudicca. Une nouvelle belle critique de ta part me fait dire que mon achat ne fut pas vain 😀
    Belle critique !

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