Résumé : Vous vous appelez Vincent Lamoul, vous descendez aux enfers. Si vous craignez que le pavage de bonnes intentions soit trop glissant, tapez 0. Sinon tapez 666.
Vous vous retrouvez devant un escalier en colimaçon. L’aventure vous tente : allez à la page 1. Vous avez peur des escaliers ou des enfers ou des bonnes intentions, ou des trois à la fois : prenez le bouquin sur la pile d’à côté. Vous voulez découvrir quel dieu a les boules, allez à la marche 6. Vous vous demandez pourquoi l’on engage des poulets dans les services secrets, allez à la marche 16. Vous voulez tout savoir des nains qui creusent, allez à la marche 26.
Survivrez-vous à l’enfer ? L’enfer vous résistera-t-il ? Vous le saurez si vous atteignez la dernière marche.
Edition : Griffe d’Encre
Mon Avis : Il y a quelques mois j’ai eu la chance de publier la 666ème chronique pour le challenge Je Lis des Nouvelles et des Novella, challenge mis en place par Lune. En plus de me retrouver ficher comme l’être démoniaque du challenge, j’ai aussi eu la chance de gagner ce court recueil qui nous propose de plonger en enfer. Bon j’avoue après avoir réceptionné ce livre je me suis retrouvé intrigué par ce quatrième de couverture, mais surtout un peu peur de ne pas accrocher à l’humour. En tout cas la couverture, illustrée par Zariel, me laisse, j’avoue, plutôt perplexe se révélant « gentille ».
Le thème de la transition d’un monde à un autre, souvent amené par la traversée d’un objet normal vers un monde magique, n’est pas nouveau et permet souvent de faire évoluer un personnage à travers des épreuves. Entre la traversée de miroir, de puits ou autre, ici l’auteur a décidé de se servir d’un simple escalier qui mènera le héros en enfer. Mais dans ce livre l’auteur a décidé de ne pas écrire un roman d’éclater son récit, chaque marche nous proposant de nous lancer dans une courte nouvelle. Lire les récits indépendamment est possible, mais ce serait dommage, car l’auteur procède par logique, cinq marches qui offre chacune une nouvelle sur un thème bien précis puis une sixième marche servant au héros de transition d’un thème vers un autre. On sent bien que l’auteur avait envie de construire quelque chose d’original, de nouveau et d’un minimum construit. Et pourtant je dois dire que je ne sors pas complètement emballé par ma lecture. J’ai vraiment eu du mal à complètement rentrer dans ce texte.
Le livre en soi est très court, il fait à peine un peu plus de 130 pages, donc caser 36 nouvelles dans 130 pages on se rend rapidement compte qu’il s’agit de nouvelles vraiment courtes qui, au grand maximum, vont faire deux voir trois pages. Certes cela permet à l’auteur de faire clairement varier le fond, l’ambiance et l’univers de tous ses textes, mais il a du mal à les rendre vraiment intéressants, se révélant souvent trop courts pour vraiment captiver le lecteur. De plus, comme le montre facilement le 4ème de couverture, l’axe principal de construction des histoires reste l’humour, souvent cynique et caustique, dont j’ai eu parfois du mal à apprécier, surtout quand il tombe facilement en-dessous de la ceinture ou encore sur des des jeux de mots que j’ai trouvé « lourds » (Vincent Lamoul, le nom du héros en est un exemple). Ce qui n’empêche pas certaines fulgurances, dévoilant les qualités de l’auteur, certaines des nouvelles se révélant drôle, efficace et nous offrant une critique acerbe et percutante. Mais voilà, elles sont trop peu présentes pour me happer, n’offrant ainsi que quelques coups d’éclats ici où là.
L’auteur décide aussi de se servir de ses 36 petites nouvelles pour faire passer un message au lecteur, chaque texte offrant une critique, un constat sur énormément d’aspects de notre société actuelle. Autant sur certains récits ça marche très bien, nous offrant quelque chose d’efficace, autant sur d’autres on a plus l’impression que l’auteur critique pour critiquer, ce qui tourne rapidement en rond et donne l’impression d’un râleur qui n’est jamais content de rien. Viens aussi un autre point surprenant, c’est la présence du personnage principal qu’on retrouve au final très peu, juste quelques lignes entre chaque vision et quelques pages sur le palier de transition. Cela limite fortement les accroches qu’on pourrait avoir avec lui, mais aussi empêche de vraiment avoir son ressenti sur les différentes scénettes qui se déroulent à chaque marche. Surtout que le personnage n’évolue jamais en fonction des visions qu’il a, il les traverse comme spectateur. Dommage, car c’est son point de vue qui aurait pu apporter un intérêt supplémentaire à chaque nouvelle. La conclusion possède un retournement de situation intéressant, mais une fois qu’on a compris la logique de l’auteur on la devine rapidement.
On pourrait croire que je n’ai jamais accroché, ce qui est faux, il y a un certain potentiel. Comme je l’ai dit il y a par moment certaines fulgurances qui démontrent toutes les qualités de l’auteur; certaines nouvelles qui ne manquent pas de marquer le lecteur et même le faire réfléchir. Le soucis vient de la forme, trop courte, qui empêche de développer les textes ce qui fait que souvent on n’a pas le temps de s’accrocher. La plume de l’auteur se révèle assez soignée, jouant beaucoup avec le lecteur et le style, mais j’ai eu l’impression que par moment il en faisait de trop ce qui rendait le tout ampoulé. Comme s’il se sentait coincé et qu’il ne pouvait pas se lâcher complètement à écrire comme il le voulait. Au final certes, je ressors déçu de ma lecture de ce court livre qui n’a pas réussi à complètement m’accrocher, mais il y a tout de même du potentiel qui donne envie, un de ces jours, de lire, pourquoi pas, d’autres écrits de l’auteur.
En résumé : J’avoue que je sors de ma lecture de ce livre avec un sentiment de déception. On se rend bien compte tout du long que l’auteur cherche à offrir quelque chose de divertissant et surtout d’original, principalement dans sa construction, offrant ainsi 36 petits textes regroupés par thème pour dévoiler l’enfer de notre monde. Mais voilà les nouvelles ne font qu’à peine deux pages ce qui fait que je n’ai jamais vraiment eu le temps d’accrocher aux différents récits, manquant d’ampleur, de percussion ou d’accroche. De plus n’ayant pas toujours accroché à l’humour de l’auteur, ça n’aide pas. Le héros de l’histoire a du mal à s’imposer ou se révéler attachant, ne se trouvant au final que trop peu présent. La conclusion se révèle sympathique, mais une fois les rouages compris on la devine facilement. Pourtant, on sent bien qu’il y a un certain potentiel derrière ce livre, mais je doute que le format ait été adapté. Je relirai peut-être un de ces jours une autre œuvre de Sébastien Gollut pour me faire un nouvel avis.
Ma Note : 4/10
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